Ma mère me racontait souvent cette histoire. Disons quelle avait tendance à être plus proche de Dieu que sa famille en elle même. Elle me disait donc du haut de sa douce voix cristalline :

Notre chenille donc a toujours faim et même dans son sommeil elle crie : " J’ai faim ! ". Mais la faim ne lui vole pas seulement son sommeil, elle lui fait perdre également tout contact avec ses frères et sœurs chenilles qui elles, un beau jour, ont été rassasiées. Et comme toute chenille qui se respecte, elles se sont enveloppées dans un cocon pour se transformer en papillon et s’élever dans les airs. Mais pas notre chenille qui a toujours faim.

La faim l’empêche de se concentrer sur autre chose que son estomac. Elle ne voit pas la transformation de ses frères et sœurs chenilles. Elle n’en aurait probablement rien su, si un soir, pour calmer sa faim insatiable, elle n’avait pas tenté d’attraper ce qu’elle croyait être une chips. Mais sous ses yeux ébahis, la chips s’est envolée car c’était en fait un papillon d’un beau jaune doré. En la voyant, le papillon, vexé qu’elle ait pu le confondre avec une chips, s’exclame :

" - Quoi ? Tu es encore là, toi ? Toutes les autres chenilles se sont depuis longtemps transformées en magnifiques papillons et se sont envolés ! Mais comme tu es grande ! Je crois bien que je n’ai jamais vu de chenille aussi grande que toi. Je comprends : c’est parce que tu passes ton temps à manger…

- Mais je n’y peux rien, ma faim de s’arrête jamais. Tout d’abord, j’ai eu de plus en plus faim et puis j’ai eu envie de manger des tas de choses différentes. Quand j’ai mangé des fraises, je me suis demandé quel goût aurait les framboises, et lorsque les framboises furent épuisées, j’ai cherché les pêches et j’ai englouti les salades. Et puis j’ai vu les tomates qui me faisaient de l’œil du haut de leur pied. Et puis j’ai vu…

- Stop ! Allons reprends-toi ! Tu veux vraiment rester toute ta vie une chenille qui a toujours faim ? ! "

Le papillon secoue ses ailes de dégoût et est sur le point de reprendre son vol, pour filer, loin, loin de ce cauchemar. Mais la chenille qui a toujours faim se révolte contre son destin :

" - Non, je t’en prie, reste ! Montre-moi comment faire pour devenir un papillon ! Apprends-moi ! S’il te plaît ! "

Le papillon hésite un instant, le temps d’un battement d’ailes, puis se repose à côté de notre chenille. Il réfléchit longtemps, puis il dit :

" - Grande chenille qui a toujours faim, ce sera difficile de te débarrasser de ta faim. Elle est puissante ! Sa voix est forte ! Elle demande à ton estomac : " qu’est-ce qu’on mange après ?" et elle le crie même vers l’extérieur : " J’ai faim ! " Et toi, tu l’entends, tu l’écoutes et tu manges… Mais quoi que tu manges, rien ne calme ta faim, rien ne te rassasie, car tu ne t’occupes que de ta faim. Si tu veux vraiment te débarrasser de ta faim, grande chenille qui a toujours faim, il faut que tu arrêtes de ne manger que pour ton ventre. Il faut que tu laisses ton âme goûter et savourer ce que tu avales. Souviens-toi des bonnes feuilles tendres de l’arbre qui t’a vu naître, rappelle-toi la saveur de chaque fruit, de chaque plante. Ne trouves-tu pas que tu as profité d’un destin fabuleux ? Rappelles-toi des couleurs, des odeurs, des saveurs de tous ces fruits mûrs que tu as mangés et laisses ton âme regarder. Laisse ton âme contempler comme l’offre était grande. La table était richement dressée ! Un vrai festin ! Et tu ne t’es jamais demandé d’où cela venait ? Quelqu’un avait mis la table pour toi ! " { By Claire DE LATTRE-DUCHET }

Je n'ai jamais réellement compris quoique se soit à ces paroles. Peut-être qu'il ne fallait pas avoir les œils plus gros que le ventre. Savoir partager et pardonner. Comprendre autrui. De toute évidence je n'ai jamais vraiment su comment interpréter le sens de ces mots. La vie n'a jamais été un long fleuve tranquille même si en l’occurrence depuis cet incident je suis devenu humain. Ce prédateur féroce qui s'amusait à écraser mes semblables. Quelle ironie n'est-ce pas ?

Avant cette incident majeur j'étais une chenille. Une magnifique et belle chenille. Arrogante, narcissique et quelques peu poète lors de mes journées d'ennuis. Je vivais dans un monde plus ou moins burlesque inventé de toute pièce par les fruits d'imagination débordante d'une enfant. Alice. J'ai fais sa connaissance alors quelle était perdue au milieu de ce monde extravagant. Inutile de vous avouez que je me suis montré des plus méprisable tout en gardant cet air énigmatique sur le visage. Cette jeune enfant m'avait en quelque sorte remarqué grâce à la fumée de mon narguilé. J'ai tendance à être dépendant de cette drogue. L'opium. Que voulez-vous que je vous dise ? Je n'ai pas l'attention d'être un être exemplaire comme l'était ma mère. Je fus immédiatement outré et agacé dont cette petite fille me traita. Moi petit ? Comment avait-elle l'audace de m'insulter de la sorte ! Dix centimètres ? Et alors ? Que croyait-elle ! Enfin de toute évidence personne ne se rendait compte à quels points être petits pouvait avoir ses avantages. Sous la colère je me transforma en un magnifique papillon. Bref malgré cela je donna quelques conseils éventuels à la jeune enfant. Si elle tenait tant à grandir je lui proposa un champignon magique qui permettait d'atteindre une taille assez importante. Et de l'autre côté il permettait de rétrécir. Je n'ai pas chercher à comprendre ce quelle voulait faire et réaliser avec cela à vrai dire je m'en contre fichait. J'étais vexé. J'avais beau l'inciter à garder son calme je n'étais pas moins exemplaire. Garder son sang-froid une chose difficile pour un être caractériel comme moi.

L'incident qui nous à tous transformés en humain à part entière. Je suis censé passer de Chenille à papillon ma vie devait se résumer à cela mais je suis passé de Chenille à Papillon puis humain. Je pouvais enfin comprendre ce que cela faisait d'être dans la peau dans homme marcher sur deux pied et non pas sur six pattes. Depuis peu je suis étudiant. Je rêve de devenir médecin. J'ai l'impression que tous ce que je peux entreprendre réussis avec succès. J'ai toujours ce fameux caractère qui me rend unique et insatiable. Je suis ce que je suis après tout je ne vais pas changer pour de vulgaire personne qui n'en vaut la peine.