Elle était au sommet. La couronne posée sur sa tête faisait d’elle une vraie reine. Enfin. Pour la première fois de sa vie, elle se sentait aimée, importante et dans ses rêves les plus fous admirée. Comment ne pas y croire ? Quand devant soi s’étalait tous ces gens, l’applaudissant, souriant, peut-être même fiers qu’elle soit là. L’illusion du rêve était parfaite. Tout y était et elle avait envie d’y croire. Tellement envie. Pour la première fois de sa vie, elle avait ce qu’elle voulait, ce qu’elle espérait. Pour la première fois de sa vie, elle avait sa chance d’être aimée, d’être au centre de l’attention. Et elle aurait du s’en méfier. Elle aurait du se douter que tout ne pouvait pas être aussi parfait. Toute son enfance et ce malgré son statut d’ainée, elle était toujours passée en seconde, recalée derrière une sœur cadette aux allures d’ange qui ne se rendait même pas compte de la chance qu’elle avait, de l’amour qu’elle recevait. Pourquoi en serait-il autrement, des années plus tard ? Pourquoi le destin aurait-il eu soudainement l’envie d’être plus clément envers elle ? Tant de questions auxquelles elle n’avait pas pensé. Et auxquelles elle n’avait finalement pas de réponse. Perdue dans ses rêves, bercée par ses illusions, elle s’était prise au jeu. A rêver d’une vie qui n’était de toute évidence pas pour elle. A laquelle elle  n’avait pas le droit. Elle aurait du se méfier. Ne pas oublier que derrière un sourire il pouvait se cacher tant de choses inavouables. Ne pas oublier qu’un peu d’attention, qu’un peu d’amour ne s’obtient pas aussi facilement. Qu’un simple titre ne pourrait pas tout changer. Ne pourrait pas tout améliorer. Pourtant prise dans sa folie, aveuglée par son envie d’une vie quasi-parfaite, elle avait oublié. Elle était devenue faible. Elle avait bêtement cru avoir droit à la même vie que n’importe qui et la chute n’en fut que plus rude. Quand elle s’était rendue compte que sa vie n’avait rien d’un compte fée. Quand son mari avait préféré chercher un peu de chaleur dans d’autres bras que les siens. Tout semblait s’écrouler autour d’elle alors que sa haine ne faisait que grandir. Emportée par son chagrin, par sa folie, elle avait fait vœu de vengeance et rien ne pourrait plus l’arrêter. Plus aucun répit ne serait accordé, ni à son mari qui avait mystérieusement disparu, ni aux habitants qui vivaient heureux, serein en famille, ni même à sa sœur qui pourtant ne demandait qu’à l’aider. Plus aucune trace d’humanité ou de gentillesse ne parcourait son corps. Elle était devenue froide, cruelle et sans cœur. Une Reine des Neiges, sans scrupule, au cœur gelé avec des envies d’éternité.