J’observe d’un œil attentif le paysage tandis que les bulles de mon chewing-gum à la fraise éclatent les unes après les autres. Je ne m’en rends même pas compte c’est un automatisme, c’est sucré, rose, ça claque, c’est rond, ça m’amuse…en fait, un rien me distrait depuis que je profite de ma nouvelle vie. Même ces vaches là bas dans ce près, combien il y en a-t-il ? Vingt ? Trente ? Peut être plus, c’est marrant une vache, ça broute toute la journée et puis ça meugle aussi, ça fait ce liquide tout blanc et délicieux qu’adorait boire Santa quand il allait déposer les cadeaux dans les maisons. Santa…je me demande où il est en ce moment, les enfants reçoivent toujours des cadeaux j’ai entendu dire, donc j’en conclu qu’il va bien. Les pensées s’enchaînent dans ma tête, elles roulent et se remplacent avant d’être finalement interrompu par le son mélodieux de la chanson qui passe dans l’automobile. Tiens la musique a changé, c’est quelque chose de plus rythmé, ça me donne envie de danser mais je ne peux pas assise comme je suis. Lentement je baisse ma vitre et sors ma main à l’extérieur, ouvrant ma paume je laisse filer l’air entre mes doigts alors que mes paupières se ferment pour apprécier encore un peu plus le son harmonieux de la chanson. J’ai l’impression que les notes de musique s’envolent pas l’ouverture de la fenêtre et ça me fait sourire, je souris tout le temps, on pourrait croire que c’est pour rien mais pas du tout, je souris à la vie tous les jours, pas pour rien mais pour tout, et puis un sourire ne coûte rien et produit beaucoup, il enrichit celui qui le reçoit sans appauvrir celui qui le donne et son souvenir est parfois éternel. Moi j’aime sourire, il parait que cela fait vivre plus longtemps, alors finalement je ne souris pas pour rien, mais pour des minutes de plus à pouvoir le faire. Souvent je me dis qu’il y a pleins de trucs qui vont pas chez moi, ça part dans tous les sens, c’est étrange mais j’aime cette insouciance. Et puis qui a dis qu’on devait tout savoir sur tout et tout comprendre instantanément ? Moi je trouve que l’ignorance, ça a son charme. Je suis moi-même ignorante sur pleins de choses et alors ? Je ne sais toujours pas quelle direction je veux donner à ma vie, j'ai plein d'idées à la fois, tout le temps pleine de projets je ne trouve jamais le temps de tous les réaliser. Complètement désorganisée, à chaque fois débordée. Parfois je suis triste sans raison, mais je ne suis pas en dépression. Au fond je suis encore une enfant, je parle sans réfléchir, on dit que je le fais exprès mais ce n'est pas vrai. Je m'habille en couleur car le noir me fait peur, je vis en deux mille six car le temps passe trop vite. En réalité je suis un putain de foutoir mais je m'en moque, parce que la vie je l'apprécie comme ça. Je me retourne vers elle et rigole tout en commençant à chantonner sur la chanson, comment je me suis retrouvée là déjà ?

24h00 avant :
Neve contemplait le frigo indécise avant d’attraper cette chose délicieuse qu’on appelait Ben et Jerry’s ; depuis qu’elle était humaine et qu’elle avait goûté à cette délicieuse nourriture c’était comme elle aimait l’appeler son péché mignon, ça et le chocolat. Son congèle était d’ailleurs remplis de pot de glace il y en avait pour tous les goûts et généralement elle ne savait jamais lequel choisir, elle aimait tous les parfums. Elle se dirigea vers le canapé du salon où était assise son amie et leva les deux pots qu’elle tenait dans les mains devant elle avant de lui demander comme si cela était un choix cartésien « Noix de pécans ou cheescake framboise ? » une fois que la blondinette eut fait son choix Neve s’installa à côté d’elle en lui tendant une cuillère avant de remettre le film en marche. Au bout de quelques minutes elle arrêta de nouveau le lecteur DVD et regarda la jeune fille d’un œil pétillant « Fly…je m’ennuie, si on partait quelque part ! »

Et voilà comment Fly et moi on s’est retrouvées sur cette route de campagne en quête d’un peu d’aventures. On avait vu dans le journal que la ville voisine organisait un grand festival d’hiver sur trois jours, ça a commencé hier et on s’est dis qu’on pourrait en profiter un peu avant de rentrer à Fantasia Hill. Mais finalement je crois bien qu’on s’est perdu, la route principale était coupée et on a du faire un détour, ça ne nous dérangeait pas vraiment Fly et moi on ne perd jamais notre bonne humeur, c’est aussi un truc que j’aime chez elle, elle pétille, tout le temps.

« FLY ATTENTION ! » je lui crie en sursautant alors qu’un panneau ‘’STOP’’ se dresse devant nous. Elle freine in extrémiste et nos corps sont projetés en avant puis se heurtent de nouveau aux sièges sans ménagement, heureusement que les voitures sont équipées de ses trucs pratiques appelés ceintures sinon bonjour l’angoisse « T’es un danger public tu sais ça ? » je la taquine quand soudainement un camion passe devant nous, finalement ces panneaux ne sont vraiment pas inutiles, mine de rien, on l’a échappé belle. Je sors la carte de la boîte à gants et commence à la déplier tandis qu’elle redémarre « Je crois qu’on est par ici…mais je n’en suis pas sur, on va surement croiser une station service dans le coin… »