J’en aurai fais du chemin, entre ma vie d’insouciance et aujourd’hui, regrettais-je ma vie a passé ? Oui, non ? C’est impossible de ne pas avoir de regrets, si vous me trouvez une personne qui n’en a pas je construirai une statue à son effigie et même là, j’aurai bien des difficultés à y croire. Non franchement, le problème n’était pas les regrets qu’on emporte avec nous, mais la façon de les supporter sur nos épaules. Certains se muraient dans l’alcool, d’autres semblaient heureux, pour les plus malheureux l’amertume les consumait. Pour ma part je passais ma frustration dans de simples loisirs, la musique, le bricolage ou simplement le sport et les études. J’aurai apprécié par moment me relâcher, me plonger dans une bouteille ou deux. Tenter quelques substances interdites, mais au vu de mon tempérament et les risques qui en découleraient pas question même de passer à l’acte. La seule bouteille que je m’offrais était un supplice gustatif car ici même le thé avait un gout plus amer. Le reste du temps j’étais tout ce qu’il y a de plus saint.
Bon il faut avouer que je ne suis pas une perle, un homme facile à vivre, souvent sujet à des sautes d’humeur dévastatrices moralement pour les autres, je suis plus d’une catégorie d’hommes solitaires. Le peu de personnes me supportant et que je supporte plus de deux heures consécutives peuvent se compter sur les cinq doigts d’une même main. Enfin mon arrivée à Fantasia Hill Avait changé pas mal de choses dans ma petite existence. J’avais retrouvé plus d’un ami qui avaient eux aussi changé de forme, mais pas seulement, Alice qui avait du bien grandir n’avait plus rien de la sale gosse que j’aimais rendre chèvre. J’avais aussi fais la connaissance de Nakoma mais voila près d’un mois que j’étais sans nouvelle d’elle.
Après deux heures de cours je décidai de me prélasser à la terrasse d’un bar attendant la fin de la révision de ma moto dans le garage voisin. Pour ce genre d’affaire il me fallait bien de la patience. Je n’aimais pas plus que cela les traquas administratifs qui devenaient rapidement une vraie galère pour des être comme nous qui n’avions jamais eu à s’en préoccuper.
Mais je prenais finalement mon mal en patience après tout ici personne ne m’attendait pour prendre le thé ou connaitre sa route, aucune grande aventure, pas plus de vie en danger. Non rien de tout cela au programme. La nuit vidait à présent la rue. Alors que mon regard passait d’une passante maladroite à un couple démonstratif.
Je poussai un long soupir d’ennui et un baillement. Me replongeant dans Voyage au centre de la terre, Jules Verne était une alternative à toute mise en relation. Imaginez un mec dans mon genre le nez collé à un livre de ce genre et vous fuyez rapidement. Moi du moins je ne m’approche pas. Oh mais faut pas rêver, même si je suis aimable, mon allure n’est pas monsieur tout monde non plus. Mon cuir, mes cheveux en désordre, parfois mal rasé, enfin rien de bien extraverti ni vraiment passe partout. J’avais opté pour ce genre rebelle et motard mal famé pour repousser toute envie de m’aborder. Évidemment cette astuce ne fonctionnait pas à tous les coups et me valait quelques histoires peu banales. Mais tout cela n’était pas le sujet, après plus de deux heures d’attente la voix cassée du mécanicien m'interpella me hurler mon nom. En temps normal et en pleine journée, j’étais certain que le déchiffrage des paroles du bonhomme devait relever de la prouesse, mais la rue presque vide ne pausait plus ce problème.
Après quelques palabres financiers ou d’ordre documentaire, je collai enfin la clé dans ma grosse cylindrée effaçant les kilomètres qui me séparaient du centre de la ville. Plusieurs feux plus tard, je fus distrait par une odeur sucrée de barbe à papa d’un marchant ambulant déviant mon regard sur le trottoir, le hasard ou simplement la bonne fortune, non personnellement je ne crois ni à l’un, ni à l’autre, me fit reconnaître le bar où travaillait justement Nakoma. Je relevai ma visière et contemplai le néon fatigué de l’enseigne.
Moi qui n’étais vraiment pas fan des retours improvisés dans la vie des gens je savais d’avance que j’allais en prendre pour mon compte, à moins d’attendre tranquillement que l’enseigne se vide et de la surprendre à la sortie de son travail. La seconde option me semblait à présent la plus convenable et je pausai donc ma moto sur le trottoir en face pour finir par m’allonger sur la selle face à l’entrée. Mais alors que je cherchai dans mon sac mon fichu bouquin. Un homme sortit furax, sa main laissait sous-entendre qu’il n’avait pas eu le loisir de s’amuser avec ses attributs, mais plus que ces dernières avaient pris pour leur compte. J’allais me remettre à ma recherche quand le type me dépassa en titubant et vociférant.
J’oubliai l’abruti qui émettait plusieurs sons peu glorieux suivis d’une toux et râla. Tout en me lançant dans ma lecture, mais après plusieurs chapitre je commençai à trouver le temps plus que long et la soirée a thème que le bar avait mit en place me laissait entendre que je n’étais pas près de la voir sortir, je rangeai donc mon bouquin et m’avançai à présent d’un pas décidé, posant un billet sur le comptoir pour attirer le barman à qui je commandai un verre présenté sur la carte comme un cocktail sans alcool. La salle était bruyante et plus que bondée. Mais à cela rien de particulier vu que nous étions le jeudi, soirée étudiante oblige même dans notre bonne ville mi-féerique.
« Super dans quoi je me suis encore fourré moi » Marmonnais-je tout en pausant mon regard sur l’assemblée. J’avais presque envie de hurler, de dire à tout ce petit monde de fermer leur gueule. Mais si ce n’est utopique voir irréel, je tentai de garder le peu de concentration qu’il me restait. Décidément je détestais ce bar devenu boite pour l’occasion où se trouvait la miss. Je n’avais aucune certitude sur l’accueil et j’avoue que je ne m’attendais pas à des effusions non plus, notre dernière rencontre n’avait du marquer que moi pour la somme mais je voulais tout même savoir ce que devenait cette belle d’un soir qui avait su tant m’amuser, au point de me faire presque oublier qui j’étais réellement.
J’attrapai donc mon verre et du regard détaillai la salle avant de tomber finalement sur un panneau rouge aux lettres claires. * terrasse ouverte * voila qui m’arrangeait bien, je m’avançai donc d’un pas décidé en en bousculant plus d’un sur mon passage, sans jamais prendre le temps de regarder les dégâts ou écouter les grognements.
Rapidement mon regard croisa celui de Nako, mais conscient qu’elle avait bien mieux à faire, je continuai mon avancée pour aller me placer à une table des plus tranquilles dans un coin de la terrasse couverte. Profitant du coup du spectacle que me donnait tout ce petit monde bien enivré.
code by © Emma