J’ai l’impression que ça fait une éternité que je suis ici, seule, et bien trop loin de Corona et de mon monde que j’aimais tant. Et de Flynn, que je n’arrive pas à me sortir de la tête bien que ça fasse… Beaucoup trop longtemps que je ne l’ai pas vu. Il me manque tellement que je serais capable de remuer ciel et terre pour le retrouver, même si toutes mes tentatives ont été vaines. Mais je ne me décourage pas, je sais qu’un jour, que ce soit demain ou dans dix ans, on sera de nouveau ensemble. Peut-être même qu’on pourra fonder une famille, projet qui nous a été arraché quand je me suis réveillée sans lui à mes côtés.

Aujourd’hui, nous sommes cinq jours avant Noël et je crois que je n’ai rien de prévu, que je vais passer la soirée à regarder la télé, chose qu’on n’avait pas du tout dans mon monde. Et là, je sors du salon de coiffure, et la journée était plutôt mouvementée, évidemment puisque les fêtes approchent à grands pas. Il faut dire que j’ai tendance à me réfugier dans mon travail – que je connais bien vu la grande histoire d’amour entre mes cheveux et moi – tout ça pour ne pas penser à Flynn, même si à chaque fois, j’échoue. Je pense à lui jour et nuit, et c’est insupportable de ne pas savoir s’il va bien.
Je me balade alors dans le parc, mes pas laissant des traces dans la neige épaisse et dure. Par contre, il fait extrêmement froid et je suis assez peu couverte, juste un haut léger sous mon trench, alors je grelotte et me dépêche, bien que je n’ai pas la moindre envie de me retrouver seule, une fois chez moi. Comme j’ai toujours ce côté enfant du haut de mes vingt-et-un ans, même si j’ai froid, je m’allonge dans la neige, écarte les bras et les jambes, afin d’y dessiner un ange.

Je me relève en faisant attention de ne pas tout défaire, et je ne regarde qu’à moitié ma création. La seule chose que je me dis à ce moment-là, c’est qu’il manque quelque chose, une présence, cette personne qui compte plus que quiconque… Sans vraiment faire attention, je me mets à chanter l’air qui faisait que mes cheveux révélaient leur magie.

Et là, comme un signe du destin, je reconnais cette silhouette, merveilleusement sculptée, comme si elle venait de l’Olympe. Alors je cours vers elle et de nouveau, je crains que ce ne soit qu’une apparition, une simple invention de mes pensées. Je cours de plus en plus vite, comme si ma vie en dépendait. Et là, je réalise que ce n’est pas qu’un rêve, je me jette dans ses bras et le serre fort, très fort dans les miens. Je lui murmure dans l’oreille :

« Tu m’as tellement manqué… »

Puis me recule pour prendre son visage entre mes mains et en contempler les traits comme je ne l’avais pas fait depuis bien trop longtemps.