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Elle avait passé sa matinée derrière son comptoir, vêtue du tablier blanc qui la caractérisait si bien dans cette boutique. Un sourire de circonstance plaqué sur le visage, elle avait accueilli les nombreux clients, répondu à leur attente. C'était un métier agréable c'est vrai, elle n'avait pas à se plaindre. Elle aimait sa fromagerie, cette odeur de lait qui flottait en permanence dans l'air, cette possibilité de croquer dans un morceau de formage à tout instant. Mais malgré le plaisir que tout cela pouvait lui apporter, sa vie lui semblait toujours aussi vide. Sa famille lui manquait à chaque instant, à chaque pensée, à chaque gorgée de lait. Elle passait son temps à scruter la porte d'entrée, à l'affut d'un tintement de cloche qui signifierait l'arrivée dans sa boutique de l'un de ses chatons. Peut-être sa Marie, sa petite princesse, lui ressemblait-elle en femme ? Ou alors son Toulouse, son petit trésor, était-il toujours musicien dans cette vie ? Et Berlioz, son petit roi, peignait-il tout les jours dans ce monde ? Elle espérait de tout son coeur qu'un jour ils passent tour à tour cette maudite porte, mais rien n'y faisait. Les jours passaient, ternes et similaires mais ses enfants n'étaient toujours pas là. Le cœur gros, les larmes aux bords des yeux comme à chaque fois qu'elle pensait à eux, elle alla d'un pas peu assuré refermé la porte de sa boutique. C'était l'heure de la pause déjeuné mais elle n'avait pas faim. Elle sortit pourtant par la porte de derrière pour flâner dans les rues, tentant en vain de se distraire avant de reprendre le travail. En chemin, elle acheta un sandwich qu'elle grignota timidement tout au long de sa promenade.

Après une petite heure à errer, elle retourna au magasin, renfila son tablier, rouvrit la porte et replaça son sourire sur son visage. Déjà les clients arrivaient doucement. Elle n'avait jamais eu à se plaindre du manque d'affluence dans sa boutique. Les gens l'avaient tout de suite adoptée et elle en était très fière. Si elle ne réussissait plus en tant que mère, elle pouvait au moins se plaire à être une femme d'affaire compétente. Elle finit de servir une dame quand un jeune homme à la crinière rousse rentra dans la boutique. Elle lui fit un grand sourire, très peu surprise de le voir par ici. "Salut Maël !" Saluant la dame qui quittait le magasin, elle se retourna ensuite vers lui. Il était l'un de ses plus fidèle client et avec le temps elle avait appris à un peu le connaitre. Bien sur leur relation n'allait pas au delà de quelques phrases échangés à propos de fromage ou du temps mais, sans trop savoir pourquoi, elle aimait bien ce jeune homme. Il lui était très sympathique. "Alors, de quoi as-tu besoin aujourd'hui ?"

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