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 ஜ A wedding is such a girl thing ஜ

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MessageSujet: ஜ A wedding is such a girl thing ஜ ஜ A wedding is such a girl thing ஜ EmptyJeu 14 Nov - 22:34


ஹ A single rose can be my garden... A single friend, my world.




And you’re not this rose, but this friend, Tara.
Assis sur le canapé, face au téléviseur éteint, je fais pianote mes doigts sur mon smartphone, envoyant plusieurs messages à plusieurs personnes, ne m’interrompant que quelques secondes pour tremper mes lèvres dans le contenu de ma cannette de bière. Je finis par pousser un profond soupire en laissant tomber mon téléphone à coté de moi, fermant les yeux.
Il doit bien être dans les environs de huit heures du matin, le soleil étalant ses rayons chauds et lumineux, le ciel se teintant de plusieurs nuances d’un rose pâle, d’un doux oranger. Je fais glisser mes doigts dans mes cheveux encore humides avant de me lever pour aller dans ma chambre, fermant la porte en décidant de mettre un haut ; pas que cela me dérangerait que ma très chère et adorable colocataire ne me trouve torse-nu – ce serait de toute façon mentir que de dire qu’elle ne m’a jamais vu de la sorte – mais j’ai un rendez-vous. Et pour une fois, ce n’est pas avec une quelconque amante. Une femme, en revanche, bien entendu.
Une femme d’une beauté enchanteresse, éclatante de vitalité, le regard vif et l’esprit acéré, détentrice d’idées magiques pour accomplir quelques dépassements. Ma belle blonde, je ne peux m’empêcher de la voir comme une jeune fille commençant tout juste à découvrir les joies de l’adolescence, ne s’interdisant pas les petites joies personnelles, partageant avec moi ses charmantes aventures. Elle m’a l’air sensible et fragile, mais en même temps, j’aimerai dire, comme toutes les femmes. Tout de suite, vous me donnez une teinte de machiste – et pourtant ! C’est simplement que les hommes sont des monstres, des bêtes, horriblement dédaigneux et tout bonnement infâmes, méchants et vicieux, affligeants et désobligeants, infidèles et odieux ; je sais de quoi je parle, j’en fais partie, de toute façon. Nous sommes tous affreux, ignobles et nulle exception ne subsiste encore. Si avec certaines femmes, nous sommes tout le contraire, délicats et sensuels, doux et bons, avec toutes celles que l’on nomme d’autres, nous ne possédons nul respect.
Je fais de mon mieux pour ne pas être comme ça, mais tout ce que j’ai pu jusque là et de réduire le nombre de ces autres en me liant d’amitié – ou en me liant tout court, à vous de comprendre ce sous-entendu tout de même assez explicite – avec bien des femmes.
Mais ma Tara pourrait croiser dans la rue n’importe laquelle de ces bêtes avilissantes qui pourrai, rien qu’en tenant de la draguer – car il n’est pas question de courtise ou de séduction, mais et bien de vulgaire et vile drague – on pourrait l’insulter si elle s’obstine à ne rien répondre, la frapper si elle tente de faire la maligne. En sortant de chez elle, pas même moi ne peux garantir qu’elle reviendra indemne, autant physiquement que psychologiquement. Je ne possède malheureusement pas le contrôle que j’aimerai avoir sur sa vie. Cela dit, quand je suis avec elle, je ne peux m’empêcher de noter les regards que posent sur elles les autres hommes, les monstres – comment pourrai-je leur en vouloir, sincèrement ? Si belle, si royale, dégageant une aura forte et imposante, palpant d’une force incommensurable que je serai en peine de leur en vouloir – et même si ils ne l’approchent pas, ne lui disent rien – je ne pourrai réellement me décrire d’orgueilleux à moins que je ne le sois volontairement, mais je tiens au moins les abrutis à distance quand je suis avec une femme – leurs regards insistant suffisent à m’exaspérer.

Si je qualifie Tara d’amie, je penserai l’insulter, lui manquer de respect et littéralement la sous-estimer ; elle est nettement plus, nettement plus chère à mon cœur, plus proche de mon âme, plus indissociable à mon être. L’importance qu’elle a pour moi, je ne saurai la décrire, pas même en déversant l’encre d’une plume sur une feuille vierge, en entremêlant les lettres, en formant des vers, en écrivant des vers ; entrelaçant les syllabes pour crée des paragraphes philosophique ; rien n’y fera, je ne saurai décrire l’importance que possède Tara pour moi.
Et c’est pour cela que, lorsqu’elle m’envoya un texto, la veille, me fixant rendez-vous dans le quartier le plus huppé de Fantasia Hill, je me suis inquiété. On s’était déjà fixés rendez-vous plus d’une fois, par simple envie de se voir, mais jamais en plein milieu du Central District – peut-être que si, mais pour prendre un bon Starbuck ou autre, pas au Royal Day. Cet endroit est réputé pour héberger les meilleurs organisateurs de mariages, autant sur le niveau des buffets que sur les photographies, les robes de mariage et tout ce qui s’en suit. Peut-être voulait-elle que l’on se voie, sans raison particulière en passant par cet endroit pour la simple raison qu’une amie l’avait chargé de passer par là ou que sais-je encore… Oui mais j’avais ce pressentiment qu’il y avait quelque chose d’autre, quelque chose de plus grand, quelque chose de plus signifiant et que j’avais toutes les raisons de m’inquiéter.

Optant pour un t-shirt gris avec le chiffre « 81 » marqué en son centre en vert, j’enfile mes converses possédant les mêmes couleurs et ébouriffe rapidement mes cheveux avant de retourner prendre mon téléphone, répondant rapidement à mes sms, empoignant ma cannette de bière inachevée en sortant, fermant la porte à clef derrière moi.
Je me dirige d’un pas lent vers la première bouche de métro que je trouve et m’y engouffre sans hésitation, finissant les quelques gorgées d’alcool avant d’écraser ladite cannette dans ma main droite.
Me revoilà au regard du jour, au regard de tous ces gens sans nul doute riches, enfonçant mes mains dans mes poches en soupirant doucement. Un pied devant l’autre, je progresse vers mon lieu de rendez-vous.
Les gens affluent de tous les cotés, les voitures de grandes marques qui roulent sont un pur plaisir pour les yeux, la vue est sublime ; toutes ces maisons alignées les unes devant les autres, la même toiture, la même couleur de façade, de grands jardins ornés par des plantations, tantôt grimpantes tantôt fleuries ; il serait tout bonnement impossible de ne pas se rendre compte que nous étions sur la Bretzelburg Avenue.
Mon téléphone vibre dans ma poche, je le sais, inspecte l’écran et hésite un instant à peine avant de répondre à la rosse que j’ai à l’autre bout. Je lui parle un instant, esquissant un sourire amusé, avant de trouver un prétexte en raccrochant – je l’ai rencontrée hier et j’ai dû la quitter précipitamment, la voilà qui veut que l’on se voie ce soir. J’ai dis que je la rappellerai, je n’en suis cependant pas sûr – cela dépendra de ce que va m’annoncer Tara, car je ne doute pas du fait qu’elle a quelque chose de bien spécifique à me dire.

Arrivé à la porte de cette sorte de magasin, je lève les yeux vers l’enseigne imposante et me demande, l’espace d’un instant, si un jour, moi aussi je me marierai.
Il ne m’est pas difficile d’imaginer qui pourrait être mon éventuelle future épouse, mais il est nettement plus difficile pour moi d’envisager que je me marie avec elle. Je me vois mal lui faire une demande de mariage – je me vois encore plus mal poser un genou à terre en tendant devant elle une bague dans un merveilleux écrin ; car ma Nala ne mérite rien de moins que cela et que je sais parfaitement qu’elle doit être drôlement attachée à ce genre de traditions. Je ne me vois pas non plus vivre communément avec elle – pas que je n’aimerai pas, mais je ne suis tout bonnement pas… Ce genre d’hommes. De toute façon, il m’est difficile d’envisager un quelconque mariage avec elle ; elle est encore liée à un homme, n’a visiblement pas l’intention de divorcer dans l’immédiat.
Cela dit, je l’imagine bien, toute de blanc vêtue, les cheveux coiffés en un joli chignon, quelques mèches encadrant son visage, maquillée pour l’occasion, majestueuse perchée au haut de talons hauts, s’avançant sur une musique douce mais autoritaire.
Je secoue négativement la tête en poussant un profond soupire, rentrant dans l’enceinte de cet endroit bizarre et tout bonnement flippant. Aucun regard ne se tourne vers moi à l’exception de celui, un peu étonnée, de la jeune femme de l’accueil. était-elle surprise qu’un homme habillé normalement vienne ici ? Seul, qui plus est. Sans doute, oui, mais je m’y attarde pas, préfère simplement la rejoindre en posant mes coudes sur cette sorte de bureau haut qu’elle possède. Elle se relève et contourne le meuble en bois alors que je me redresse, me tournant vers elle. Elle m’inspecte et je ne me formalise pas là-dessus, lui demandant simplement, avec un sourire courtois et hypocrite – cette sale blonde m’exaspère, je n’arrive pas lui sourire sincèrement, même si ce n’est que pour faire bonne figure – de me renseigner :

« Est-ce qu’une jeune femme est déjà arrivée, blonde, yeux verts, à peu près un mètre soixante, nettement plus jolie, plus mignonne et plus agréable que vous ? Si oui, où est-ce que je peux la trouver ? »

Cette fois, mon sourire est sincère ; un sourire dé défi, un sourire moqueur.
Le client est roi, n’est-ce pas ? Et puis, même si je ne suis pas vêtu d’un costard, cette femme ne peut pas se permettre de se montrer désagréable avec moi si elle n’a pas la certitude que je n’ai pas les moyens d’être ici – et si elle n’a pas la certitude que Tara n’est pas huppée, car elle doit l’imaginer comme étant ma future femme. Dans tous les cas, j’ai l’avantage.
Et j’en profite.
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MessageSujet: Re: ஜ A wedding is such a girl thing ஜ ஜ A wedding is such a girl thing ஜ EmptyVen 15 Nov - 13:08


Aiden ♔ Tara

« Je crois en toi comme le désert à la pluie,
comme la solitude à l'étreinte.
Comme à l'oreille croit le cri. »

Louis Aragon  


« Jim ! », appela-t-elle depuis l’autre bout du couloir en se frottant les yeux, regrettant déjà la chaleur des couvertures.
Le jeune homme se retourna en lâchant un soupire exaspéré. Elle vit qu’il souriait de ce petit sourire en coin accompagné d’un haussement de sourcils, celui qu’il essaie de cacher tous les matins pour ne pas céder à la tentation de rester couché. Ses épaules larges et bien dessinées éclipsent la lumière provenant du salon et Tara, frissonnante au sortir du lit, rêvait seulement de s’y accrocher. Elle hésite à peine, juste une demi seconde, jouant avec un pan du T-shirt de Jim qui lui sert de chemise de nuit, et enfin, elle s’élance et lui saute dans les bras.
« N’y va pas, n’y va pas, n’y va pas », supplie-t-elle avec un éclat de rire dans la voix et une façon câline de s’agripper à lui.
Même scénario tous les matins, mais c’était plus fort qu’elle. Quelquefois, il cédait. Ce matin, il lui caressa les cheveux et déclara qu’il était en retard. Elle lui fit remarquer qu’il était en retard tous les matins puis, comprenant qu’elle ne gagnerait pas aujourd’hui, elle le bouda jusqu’à sa sortie d’un air désintéressé, bien décidée à vider le contenu de la boîte de céréales, pour la peine. Il claqua exprès la porte en sortant. Elle bondit sur ses pieds et s’y précipita. Quand elle l’ouvrit, il était face à elle sur le seuil, sourire victorieux, attendant son baiser d’au revoir, irrésistible. Elle émit un petit « pfff ! » après avoir refermé la porte, le nez en l’air, et se dirigea vers la salle de bains, non sans trébucher au passage sur la télécommande qui était rangée à sa place (par terre).

Tant pis pour Jim et tant mieux pour elle, se dit elle en entourant son annulaire gauche d’un petit élastique rose pour cheveux puis en étendant la main devant elle, pour s’habituer à l’effet que cela produisait. Aujourd’hui, elle avait pris une journée de congé exprès, sans vraiment le dire à son amoureux. Elle avait agi ce matin exactement comme d’habitude pour que Jim de soupçonne rien, mais elle avait en tête des… plans diabolico-sucrés qui nécessitaient que le jeune homme ne soit pas avec elle. Elle s’était bien renseignée, elle avait mené son enquête depuis plusieurs semaines, et elle avait compris qu’elle devait établir des plans secrets pour que cette cérémonie humaine soit une réussite. Jim n’avait encore rien dit du tout sur comment tout cela était censé se passer, mais Tara pressentait qu’elle devait s’y préparer à l’avance, et ne pas faire n’importe quoi, ne pas se comporter comme une espèce de polymorphe à peine exilée de Mandragore qui ne connaît rien  à rien. Elle vérifia son téléphone portable, émit un petit cri de victoire en constatant qu’Aiden n’avait pas annulé leur rendez-vous à la dernière minute, manquant au passage de lâcher son gadget dans la baignoire remplie d’eau, mais évitant la catastrophe de justesse grâce à ses pouvoirs de super-héroïne.

Oh. La. La. Les yeux grands comme des soucoupes, les joues rougies par l’effort, Tara s’observait dans un élégant miroir de forme ovale, dans une des cabines d’essayage du magasin huppé « A Royal Day ». Elle se tourna, se retourna, se fit de l’air en battant de la main (geste inutile qui lui donna encore plus chaud), se croisa les bras, le visage déconfit, désespérée.
« Faites qu’il arrive, faites qu’il arrive (elle priait à mi-voix le dieu des polymorphes). Mais dans quoi je m’embarque ! Peut-être… peut-être que c’est n’importe quoi… Et que dira Jim si je gâche tout ? Oh, je crois… »
« Est-ce qu’une jeune femme est déjà arrivée, blonde, yeux verts, à peu près un mètre soixante, nettement plus jolie, plus mignonne et plus agréable que vous ?... »
Sauvée ! Tara arrangea ses cheveux d’un geste fébrile et retrouva son sourire enthousiaste dès qu’elle entendit la voix d’Aiden, reconnaissable entre toutes par cet accent trainant et légèrement provocateur qui n’était pourtant pas dépourvu d’un charme magique. Elle se mit à rire en entendant la phrase d’introduction du jeune homme et, après avoir respiré à fond, elle sortit le bras de la cabine d’essayage, à travers la fente du rideau de satin blanc, et dit à voix haute :
« Alors d’abord je fais un mètre soixante-quatre, et ensuite tu as au moins trois minutes et vingt secondes de retard, et je te signale que je suis en hyperventilation donc si je m’évanouis ce sera entièrement de ta… »
Une des vendeuses arriva précipitamment devant la cabine de Tara en se raclant la gorge d’un air légèrement irrité, faisant ainsi comprendre qu’il n’était pas approprié d’interpeler un autre client de cette manière. Tara rougit et garda pour elle l’idée qui aurait consisté à faire remarquer que le magasin était actuellement désert (à croire qu’il n’y avait qu’elle pour décider d’essayer des robes de mariée un mardi matin avant onze heures). On fit enfin venir le jeune homme devant elle. Tara ne sortit que la tête du rideau, restant ainsi cachée. Elle leva le visage vers son ami et ses beaux yeux bruns qui souriaient sans mot.
« Peut-être que je fais un mètre soixante-trois et demi », miaula Tara en guise de bonjour, observant son cher Aiden qui la toisait gentiment.
Elle se mit sur la pointe des pieds, fit un pas en avant et l’embrassa sur la joue, toujours en restant drapée dans le rideau. Elle contempla le jeune homme de haut en bas en souriant, son regard qui pétillait s’arrêta sur le chiffre de son T-shirt (et presque pas sur le dessin des muscles qu’il laissait apparaître), avant de pousser un soupire de soulagement.
« Quatre-vingt-un, c’est le nombre de bisous que je te ferai si tu veux bien répondre à trois questions, mais avant de répondre, tu dois savoir que moi aussi je pense que c’est une très mauvaise idée d’être venue ici, que j’ai ce truc en dentelle autour de la jambe qui n’arrête pas de glisser et qui me chatouille, et que je t’aimerai toujours, quoiqu’il arrive, mais que mon amour sera encore plus décuplé avec des papillons si tu réponds « oui » à toutes les questions… Et maintenant j’ai vraiment la tête qui tourne, empêche-moi de parler aussi vite, la prochaine fois… »
Le bustier de sa robe, sans la serrer, lui donnait réellement l’impression d’étouffer. Elle fit signe à Aiden d’attendre une seconde, referma complètement le rideau, souleva les jupes et nombreux froufrous de la robe au-dessus du genou pour retirer une des deux jarretières, qu’elle garda entre ses doigts avant de sortir de la cabine dans un tourbillon de soie blanche. Elle prit le jeune homme par la main et l’entraina quelques pas plus loin, devant un très grand miroir, où elle le fit assoir sur un fauteuil. Puis elle lui montra le délicat morceau de dentelle blanche orné d’un petit nœud qu’elle agita sous son nez du bout des doigts, en ouvrant de grands yeux curieux.
« Première question : peux-tu m’expliquer à quoi est-ce que c’est supposé servir, sachant que c’est complètement caché sous ma robe, et comment faire pour que ça tienne en place ? Tu crois qu’il faut utiliser du scotch ? »
Elle resta songeuse, après sa propre hypothèse, puis haussa les épaules alors qu’un vague désespoir l’accablait de nouveau. Elle recula de quelques pas, pour que le jeune homme puisse l’admirer de plus loin, et s’observa elle-même dans la glace en arborant un air sceptique.
« La deuxième question sera… Est-ce que… Est-ce que tu crois qu’on peut éventuellement dire que je suis jolie, pour une pièce montée ? »
Elle était partagée entre l’envie de rire et celle de pleurer, à vrai dire. Elle adressa un sourire taquin à Aiden avant de cligner des yeux. Elle se mit une main devant l’œil droit, inclina la tête, et scruta son reflet de l’œil gauche.
« Je veux dire… peut-être que quelqu’un de borgne pourrait potentiellement croire, de loin et en pleine nuit, que je n’ai pas l’air complètement ridicule dans cette robe, qu’est-ce que tu en dis ? »
Elle retira sa main de devant son œil après avoir lancé un petit rire joyeux sans prêter attention à ces vendeuses tirées aux quatre épingles qui lui jetaient des regards un brin exaspérés, un peu hautains. Ces dames devaient se demander ce que faisait un petit bout de femme aux airs insouciants avec ce beau jeune homme qui présentait si bien, ce qu’il pouvait bien trouver d’intéressant à une moitié d’adulte aussi extravertie, et, en toute sincérité, Tara se le demandait aussi. Aiden était à ses yeux une personne exceptionnelle, et ce n’était pas seulement dû à la capacité naïve de la demoiselle à sublimer tout ce qui l’entoure, non, c’était quelque chose de propre à monsieur Amane, que lui-même ne semblait d’ailleurs pas soupçonner. Elle l’adorait précisément pour cela : pour la façon qu’il avait, sans rien avoir à dire, par sa seule présence, de la mettre à l’aise et de la faire se sentir comme la personne la plus digne d’intérêt au monde. Elle aimait, par exemple en cet instant précis, qu’il la regarde en occultant les vendeuses, qu’il l’écoute discourir et s’emberlificoter avec bienveillance comme s’ils étaient absolument seuls tous les deux et que rien à l’extérieur ne pourrait jamais les atteindre. Elle voulait croire que leur amitié était tout à fait indestructible, surpuissante et omniprésente, elle pensait qu’elle pouvait tout lui dire et que jamais, jamais il ne l’abandonnerait. Elle retourna auprès de lui en ondulant, par jeu, avec beaucoup d’autodérision sur sa frimousse ravie, et s’assit sur ses genoux sans permission dans un très doux bruissement d’étoffe. Tout en passant affectueusement un bras autour de son cou, elle dessina le numéro « 81 » sur son torse du bout de l’index de sa main libre.
« Je suis désolée de t’avoir embarqué là-dedans, chuchota-t-elle, mais c’est très important et il n’y a que toi… avec qui je peux faire ce genre de chose. Alors… Du scotch, et jolie comme une pièce montée, ou pas ? »


fiche par century sex (en quelque sorte...).
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MessageSujet: Re: ஜ A wedding is such a girl thing ஜ ஜ A wedding is such a girl thing ஜ EmptyVen 15 Nov - 19:05


ஹ A woman whose smile is open and whose expression is glad has kind of beauty no matter what she wears.

 
So imagine when she wears an incredible wedding dress.
Le regard noir que me lance la jeune femme à l’accueil ne retient pas plus d’une demie seconde mon attention, celle-ci dirigée presque immédiatement vers un mouvement sur le coté, suivit de la voix de mon adorable Tara qui résonne, me soutirant un rire joyeux.
L’espace d’un instant, mes inquiétudes et craintes quant à la raison pour laquelle je me trouve dans un lieu aussi peu convenable pour un homme tel que moi – un homme qui collectionne les amantes, qui fait souffrir des personnes et qui aime une femme déjà mariée avec laquelle il n’envisage de toute façon pas pareille cérémonie – pour que je me focalise sur une chose plus essentielle, sur une lueur de vie plus intéressante et plus captivante : mon adorée Tara, du haut de son mètre soixante – et ce, quoi qu’elle en dise – agitant son bras en s’exclamant, toute joyeuse, toute extravertie qu’elle est. On pourrait aisément la décrire de folle que l’on ne se tromperait pas réellement, mais pourtant, je dois bien être un peu fou pour autant l’aimer. Le fait qu’elle m’interpelle avec si peu de convenance ne me fait pas réagir le moins du monde ; si même avec moi elle ne pouvait pas se comporter comme bon lui semblait, se laissant aller, laissant couler son coté exubérant et un peu puéril – mais, à ne pas se tromper, tellement adorable – avec qui pourrait-elle le faire ? Bon, certes, l’endroit exige peut-être un peu plus de tenue, une certaine façon de faire, un savoir-vivre qu’aucun de nous deux ne désire employer, mais je pense tout de même que les regards que lui lancent les femmes qui tiennent ce magasin sont tout bonnement exagérés et réellement démesurés. Je m’imagine bien leur secouer sous le nez une carte bancaire pour qu’elles cessent enfin de traiter ma chère Tara comme une enfant, et j’y pense plus que sérieusement lorsque la dame en face de moi me dit gentiment – et hypocritement, cela coule de source dans ce genre de quartier, j’ai l’impression – de rejoindre la jeune femme qui correspond à mes critères, qu’elle cesse de se comporter ainsi. Je la toise du regard un instant ; pour qui se prend-t-elle, sincèrement ? Je pense, une seconde fois, à la remettre à sa place mais me contente de fermer les yeux. Une citation m’assaille l’esprit « l’ignorance est le plus grand des mépris » et je m’y tiens, tournant les talons sans un mot, me dirigeant vers ma belle. Atteignant sa hauteur, je hausse les sourcils, un regard amusé flottant sur mes lèvres. Un bonjour bien imaginatif qu’elle me dit là, approchant d’un pas pour m’embrasser sur la joue, cachée par ce rideau, alors que me penche légèrement vers elle, me redressant par la suite, les mains toujours enfouies dans les poches.
 
« J’te donne un mètre soixante-et-un tout au plus ma jolie, désolé de te l’apprendre. »
 
Je lui souris d’un air taquin avant de légèrement froncer les sourcils en la voyant ainsi m’inspecter de haut en bas. Elle s’attarde sur mon T-shirt – et je ne me pose pas la question pour savoir ce qu’elle examine avec pareil œil expert, si c’est ma musculature, le chiffre sur mon haut ou tout bonnement le choix des couleurs – avant de pousser un soupire et, ma chère Tara fidèle à elle-même, se met à parler si vite que j’ai d’avantage l’impression qu’un flot de mots inarticulés se déversent de sa bouche plutôt que d’assister à un discours confectionné avec soin d’une femme enfermée – c’est l’impression que j’ai – dans une robe bien trop serrée et stricte. Mais depuis le temps, j’ai appris à la suivre, même dans ses raisonnements les plus fous, et n’ai donc nul mal à comprendre le sens de ses dires. Résumons donc.
Elle avait trois questions à me poser, semblait encore plus mal à l’aise que moi dans cette cabine, me parla de je ne sais quoi en dentelle qui la chatouillait, d’une récompense de quatre-vingt-un bisous, d’un amour décuplé par des papillons, d’un mal de tête suite à la rapidité avec laquelle elle parla… Ça va, vous suivez toujours ? Je me contente de hausser les sourcils en hochant doucement la tête, un sourire au coin de mes lèvres alors que j’essaye sincèrement de deviner quel genre de questions elle va me poser. Sauf que voilà, forcément, mon esprit s’en va danser au bord d’une falaise d’interrogation, tentant le vide avec acharnement. Je souhaite de tout cœur la voir avec une robe tout sauf blanche, qu’elle soit simplement conviée à un mariage, voire nommée comme demoiselle d’honneur ou invitée de choix, mais ne désire pas la voir de blanc vêtue. Pas elle, pas comme ça, pas maintenant, pas sans que je ne me sois longuement préparé à la savoir reine du mariage. Et pourtant, je me persuade que même si c’est bel et bien une robe de mariée qu’elle porte en ce moment, que ce ne soit qu’un simple essayage pour une amie de la même carrure. Ou alors, elle le fait par pur amusement. Ne suis-je pas bien sot, bien naïf et bien puéril d’ainsi imaginer mille illusions, me voilant la face, refusant d’admettre ce qui se trame, refusant de laisser mon cœur se serrer sous l’effet de la douleur, refusant d’abandonner en admettant que ma bien-aimée file entre mes doigts ? Je me fais, intérieurement, bien pitié, mais extérieurement, je garde ma mine amusée. Je ne désire point inquiéter Tara, pas plus que je ne veux la blesser, je ne m’en remettrai pas.
Alors qu’elle me fait signe d’attendre, s’affairant à faire je ne sais quoi, je me contente de lui répondre de ma voix calme, sur un ton posé mais enjoué :
 
« J’exige quatre-vingt-un-un bisous et quatre-vingt-un câlins pour répondre à tes questions, mais avant cela, respire un bon coup, pas que je ne serai pas là pour te rattraper si tu t’évanouies, mais je pense que je ne supporterai pas les minois contents des cinglés qui gèrent ce magasin et que je risque de devenir violent, de finir en prison, d’être tatoué et méconnaissable… Bref, inspire, expire, tout va bien. »
 
Depuis quand m répartie peut être aussi stupéfiante, aussi pharamineuse ? J’ai toujours apprécié l’art de la poésie et celui de la philosophie et là où d’autres s’affairent à empoigner pistolets et dagues, je me contente de me défendre avec une plume et un peu d’encre, des mots et des sens ainsi que des figures de style en tout genre ; pacifiste, que l’on pourrait croire, et pourtant, ce serait ne point me connaitre. Il est question d’un homme converti en un combattant poétique au service de gentes dames, mais à ne point s’y méprendre, je demeure bon guerrier si c’est un homme qui s’oppose à moi. Galant, direz-vous, et je dirai reconnaissant ; un monde sans femmes est dédié à la ruine, aux maux éternels, à la pénitence perpétuelle. Nous leur devons le bonheur, la droiture, le maintient de la société et l’ordre.
Tara finit par sortir de sa cabine dans un ouragan de blancheur et de clarté, d’un tissu que je reconnais comme étant de la soie. Son visage un peu rougi – par la chaleur, je pense – montre bien qu’elle n’a pas l’habitude de pareils vêtements, mais j’ai surtout l’impression qu’elle stresse en imaginant dans quelles circonstances elle devrait réellement se vêtir ainsi. Quoi qu’il en soit, mes inquiétudes de tantôts se turent un instant, un instant pendant lequel je fis les yeux ronds, totalement hébété, hypnotisé et obnubilé par… Par cette muse, cette divinité, cet ange de lumière qui se présente juste là, sous mes yeux.
J’ai toujours vu Tara comme une sorte d’enfant toute mignonne et là encore, elle garde quelques airs infantiles, mais pourtant… Pourtant, je vois plus que clairement la femme qu’elle est, parfaitement droite dans cette robe immaculée.
Je préfère garder les questions concernant les raisons qui la poussent à essayer cette robe pour plus tard, me contenant de la contempler de haut en bas, la suivant bêtement lorsqu’elle me tire par la main en m’installant sur le fauteuil, ne pouvant tout bonnement plus décrocher mon regard d’elle.
Lorsque l’âme d’un poète en vient à parcourir les sept Cieux et les souterrains des Enfers et ne trouve toujours pas le mot recherché, c’est que la réalité dépasse l’entendement, devient presque chimère ; belle, jolie, magnifique ? Tous ces mots sont dérisoires. Tara est nettement plus que tout cela.
 
Pourtant, lorsqu’elle agite une de ses jarretières sous mon nez en me posant une question à laquelle je ne m’attendais pas le moins du monde, en plus de rire de bon cœur, je me dis que la femme que je venais d’entrevoir refit place à ma petite Tara qui semblait décidément ne pas en savoir assez sur le rayon. Pour qui – ou plutôt pour quoi – passerai-je si je lui répondais avec certitude ? Pour un coureur de jupons, un pervers, peut-être. Mais que je ne ferai-je pas pour elle ?
J’ouvre la bouche pour lui répondre lorsque je note son haussement d’épaules. Je me tais et fronce les sourcils, me demandant si elle songe réellement à employer du scotch. Non Tara, quand même pas, rassure-moi ? Elle recule quelque peu alors que je penche la tête sur le coté.
J’aurai pu tomber amoureux d’elle. Et c’est étrange que ça ne se soit pas produit ; elle a tout ce que je recherche chez une femme, est parfaite à mes yeux – si tant que la perfection existe en ce bas monde, quand bien même ce n’est pas le cas, elle le serait quand même – et pourtant, jamais mes sentiments ne penchèrent vers l’amour avec un grand a. Tant mieux, que je me dis, ça aurait été drôlement gênant si tel avait été le cas.
Je l’entends donc enchainer avec sa deuxième question sans même que je n’ai eu le temps de réponde. J’étire mes lèvres en un sourire doux et sincère ; elle est mignonne, à ne serait-ce qu’à douter de sa beauté. Le sourire qu’elle m’envoie me fait penser qu’elle est réellement sérieuse, qu’elle ne sait pas si elle est assez jolie pour une pièce montée, comme elle dit.
Une nouvelle fois, je tais mes questions, mes inquiétudes, ne relève pas l’emploi de « pièce montée » qui fait largement allusion à un mariage.
Allez Aiden, oublie ça.
Elle se cache un œil avec la main tandis que je fronce les sourcils, riant doucement lorsqu’elle parle de borgne qui pourrait éventuellement la trouver jolie en la voyant de nuit. Ma Tara manquait-elle tant que cela de confiance en elle ? C’est à s’en demander ce qu’ont les femmes, à douter de leurs physiques, lorsque rien ne leur manque. Il y a certes des femmes moches, je ne pourrai prétendre le contraire, mais Tara… Sincèrement, à moins qu’elle possède un sacré problème de vue, elle ne pouvait pas du tout se trouver ne serait-ce que potable. Elle est magnifique, bon Dieu ! Et, réellement, cette robe l’embellit certes un peu plus, lui donne un air mature, mais ma Tara a toujours été aussi majestueusement belle.
Je cherche encore les mots pour la décrire, tellement que j’en oublie de lui adresser la moindre réponse verbale. Je cligne des yeux en la voyant s’approcher de moi en ondulant ainsi, ne pouvant retenir un rire joyeux et amusé au plus haut point. Elle s’installe sur me genoux, m’enlace d’un bras alors que je nous le mien autour de sa taille. Elle fait trainer son index sur le nombre imprimé sur mon T-shirt, me murmure quelques mots alors que j’enfouis mon visage dans son cou, humant son odeur, laissant mes lèvres déposer sur la peau sensible un baiser vif et brûlant tandis que je me redresse.
Elle ne devrait pas s’excuser avec moi. Jamais. Mais soit, commençons par le commencent. Je lui souris pour lui signifier que je ne lui en veux pas et débute :
 
« Bon eh bien, pour commencer, c’est une jarretière qui ne sera visible qu’aux yeux de ton homme. À ce que je sache, il a bien le droit de regarder sous cette soie blanche, hein ? C’est pour maintenir le bas, ça donne un air mignon mais provocateur. Ajoute des jarretelles et tu seras à croquer ma chérie, carrément sexy. Et… Je t’en prie, dis-moi que tu ne penses pas réellement à du scotch ? Allez debout ! »
 
Je me lève et lui saisis à mon tour la main, l’entrainant dans la cabine qu’elle occupait, oubliant la présence des autres femmes, oubliant que nous étions dans un lieu au beau milieu du Central District, oubliant la décence et la pudeur. Je m’agenouille face à elle après avoir tiré le rideau blanc – cette couleur, je pense que j’en ferai des cauchemars cette nuit – avant de soulever d’une main la robe de Tara, légèrement au-dessus des genoux, lui prenant la jarretière des mains avant de la lui faire enfiler, la positionnant assez haut pour qu’elle tienne, en en faisant autant avec l’autre avant de laisser la robe retomber sur ses jambes. Je me redresse et affiche un air détaché, n’ayant pas lancé ne serait-ce qu’un seul regard insistant qui aurait pu la mettre mal à l’aise. Je cligne des yeux et vais lui embrasser la joue en lui murmurant un « voilà » avant de tirer les rideaux, ressortant en l’entrainant avec moi.
Je comprendrai sa gêne, je comprendrai d’éventuelles rougeurs de sa part. Mon geste a été quelque peu déplacé, mais pourtant, je n’avais réellement nulle mauvaise intention. Je l’ai fais de bonne foi, autant le dire ainsi.
Je me faufile derrière son dos, pose mes mains sur ses épaules : tous deux face au grand miroir, je glisse mes mains dans sa chevelure, la remontant en un chignon haut, quelques mèches s’échappant d’entre mes doigts pour encadrer son visage fin, ce joli minois. Je penche ma tête sur le coté et dépose mes lèvres sur le coté droit de son cou, soufflant doucement sur ses épaules dénudées avant de reprendre dans un murmure, comme pour partager avec elle une vérité secrète, interdite :
 
« Tu es resplendissante, rayonnante de beauté et ça reste si peu dire. Un borgne en pleine nuit croirait apercevoir un ange, avec encore des bouts de paradis accrochés un peu partout ; je te jure que cette robe te va à ravir, que jamais je n’ai vue si belle femme dans une robe de mariée. »
 
Je relâche ses cheveux, la laisse se contempler un instant puis passe devant elle, positionnant mes bras sur sa taille, un sourire sur les lèvres, mon regard étincelant malgré les questions devenant insistantes qui tourbillonnent à vive allure dans mon esprit. Je cache mon angoisse sous un air amusé, bien qu’actuellement, je sois en pleine ébullition intérieure.
 
« Il manque une question, non ? Et s’il te plait, ne t'excuse pas, je suis ravi de pouvoir t'aider ma jolie. »
 
J’aimerai poser la mienne, mon ange… Est-ce toi, qui va te marier ? Mon espoir que tu ne fais qu’enfiler cette robe pour le plaisir ou pour savoir si elle va à une de tes amies s’amenuise, crépite et est à un rien de s’éteindre. Dis, Tara, tu vas te marier ?
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MessageSujet: Re: ஜ A wedding is such a girl thing ஜ ஜ A wedding is such a girl thing ஜ EmptyDim 17 Nov - 1:10


Aiden ♔ Tara

« Je crois que les choses vraies et sincères sont des rêves,
de ceux que la nature ne peut désagréger. »

Bob Dylan  


En manque de rhétorique, et toujours préoccupée par l’idée de s’évanouir, ainsi corsetée dans sa robe, Tara se contenta de tirer la langue discrètement à Aiden, l’air un peu outrée, quand il déclara qu’au mieux elle frôlait le mètre soixante-et-un. En passant dans Bretzelburg Avenue, elle avait croisé de riches jeunes femmes montées sur des échasses et sur leurs grands chevaux, qui lui avaient donné envie de se déplacer avec un sac en papier sur la tête. Venir ici pour se donner du courage était définitivement une mauvaise idée. Elle n’avait même pas l’intention de s’offrir une robe de mariée aussi onéreuse, elle s’était juste dit que, si elle arrivait à avoir l’air d’une princesse, peut-être que cette cérémonie de mariage l’angoisserait moins. Jim devait bien savoir qu’il n’avait pas pour fiancée une grande dame avec un nom à particule qui n’exigerait rien de moins qu’une lune de miel à l’autre bout du monde et qui portait les robes haute couture aussi facilement que d’autres enfilent un sweatshirt Gap. Tara était le genre de personne qui avait l’impression de partir à l’aventure dès qu’on lui ordonnait de prendre un sac à dos et qu’on y glissait un paquet de bonbons, qui pouvait passer ses journées à moitié nue dans son appartement de Skyline Square à tâcher de cuisiner un bon repas (qui finirait oublié dans le four et serait supplanté par la commande de deux pizzas extra larges), et qui a sincèrement cru que Jim avait inventé le feu le jour où il lui a allumé une de ces petites bougies qui crépitent et jettent des étincelles lumineuses de toute part. Elle était incapable de faire la différence entre une musique de Liszt et un morceau de Tchaïkovski, elle préférait que Jim l’emmène dans le petit italien du quartier populaire plutôt que dans un grand restaurant du Central District, et elle n’était pas sortable, ne tenant pas en place, elle n’était ni une femme fatale ni une petite chose sans caractère, elle était simplement difficile à suivre et paradoxale, fragile et tape-à-l’œil, un oiseau rare au plumage bariolé mais d’une grande douceur pour qui veut bien la laisser chanter à l’air libre. C’est la raison pour laquelle ces dames (celles du magasin mais celle du quartier en général) la mettaient mal à l’aise. Sournoisement, elles lui faisaient comprendre qu’elle n’était pas de leur monde, et Tara se sentait en effet comme un dessin d’enfant de maternelle peint à la gouache (avec les doigts parce que c’est plus amusant) au milieu d’une galerie d’art moderne aux œuvres monochromes et épurées. Heureusement, Aiden arrivait, et c’est toute la chaleur d’un foyer qu’il apportait avec lui. Quand il lui souriait, c’était déjà une étreinte protectrice qu’il mettait entre elle et ce monde froid et immobile qui la rendait claustrophobe. Il tenait les autres à distance sans avoir besoin de montrer quoique ce soit de menaçant. Il se contentait de l’entourer, elle, d’un tel regard, d’une certaine aura de complicité que cela faisait écran entre eux et le reste.
« J’exige quatre-vingt-un bisous et quatre-vingt-un câlins pour répondre à tes questions, mais avant cela, respire un bon coup, pas que je ne serai pas là pour te rattraper si tu t’évanouis, mais je pense que je ne supporterai pas les minois contents des cinglés qui gèrent ce magasin et que je risque de devenir violent, de finir en prison, d’être tatoué et méconnaissable… Bref, inspire, expire, tout va bien. »
Voilà. Pourquoi elle l’aime et pourquoi il est irremplaçable. Son petit rire en pointe émergea de derrière le rideau à travers lequel Aiden lui avait parlé, et elle se redressa en souriant, soulagée qu’il soit ici avec elle.
« Je ne te savais pas si dur en affaires, mais c’est vendu, tope là ! dit-elle joyeusement en tapant dans la main du jeune homme avant de reprendre vivement ; Je veux absolument te voir avec un tatouage, j’ai toujours aimé les pirates moi ! Et ne t’inquiète pas, te t’apporterais du chocolat, si tu allais en prison par ma faute… Mais, ajouta-t-elle en baissant la voix, ne parle pas si fort quand tu parles d’elles, elles me font peur… On dirait qu’elles ont toutes bu un bol de colle forte avant de venir, ça leur a figé le visage et les empêche de sourire. »
L’idée qu’on lui fasse boire pareil breuvage à son tour fit passer sur les iris vertes de la demoiselle une expression horrifiée et la laissa muette d’effroi quelques secondes, mais son léger malaise se dissipa vite dès qu’elle regarda de nouveau son ami et qu’elle décida de le faire assoir sur le fauteuil pour lui demander son avis sur la robe. Il resta pensif quelques secondes, un petit sourire sur les lèvres et arborant une expression qui la laissa supposer qu’il était parti dans son monde de rêves vaporeux et de délicates chimères. Elle ne pouvait pas le regarder la regarder, cela la mettait trop mal à l’aise, alors elle fit une petite volte, un petit tour sur elle-même et observa la manière dont les froufrous soyeux de la robe se balançaient légèrement dans l’air ambiant. L’espace de quelques secondes, Aiden avait eu ce regard un peu sonné qu’elle avait déjà vu quelquefois chez Jim. Ce regard qui semble dire « Tiens, c’est vrai que tu es grande ! ». Tara savait très bien tenir le rôle de la copine tyrannique et câline, et c’était toujours une étrange découverte pour les hommes de son entourage lorsque, parfois, ils se rendaient compte qu’elle était aussi une vraie femme. Il s’agissait de quelque chose de très troublant pour elle, avec lequel elle ne savait pas du tout comment réagir. Aussi réveilla-t-elle son compagnon en lui posant une question technique : à quoi sert une jarretière ? Le rire sonore et entrainant d’Aiden la fit rire à son tour (quoiqu’elle ne sache pas pourquoi la question était si amusante), et elle s’assit sur ses genoux pour se blottir contre lui. Il l’embrassa entre le cou et l’épaule, ce qui la fit frissonner et reculer de quelques centimètres en riant doucement, mais elle se remit contre lui pour écouter l’enseignement qu’il avait à lui transmettre d’un air très intéressé.
« Bon eh bien, c’est une jarretière qui ne sera visible qu’aux yeux de ton homme. À ce que je sache, il a bien le droit de regarder sous cette soie blanche, hein ? C’est pour maintenir le bas, ça donne un air mignon mais provocateur. Ajoute des jarretelles et tu seras à croquer ma chérie, carrément sexy. Et… Je t’en prie, dis-moi que tu ne penses pas réellement à du scotch ? Allez debout ! »
Heureusement qu’il lui donna l’impulsion pour se relever, car ces révélations et l’idée de Jim soulevant cette robe l’avaient faite rougir et laissée sans voix, un peu perturbée. Il l’entraina dans la cabine sans qu’elle ait pu répondre, et ferma le rideau derrière lui, tandis qu’elle l’observait avec de grands yeux interloqués.
« Mignon et provocateur, répéta-t-elle les yeux dans le vague et les sourcils légèrement froncés, sans même remarquer qu’Aiden avait posé un genou à terre devant elle. Je ne crois pas que je puisse… Hé ! »
Elle se mit à rire et prit un petit air choqué mais se laissa faire quand il releva les jupons de sa robe, qu’elle retint d’une main tandis qu’il lui passait la jarretière. Cette fois elle ne rougit pas du tout, ne voyant pas où aurait pu être le problème car elle n’était pas pudique et venait tout juste d’accepter le port officiel du vêtement sans pourtant en voir l’intérêt fondamental. Encore une bonne raison pour les dames sans sourire de se scandaliser. Elle observa ce que faisait le jeune homme d’un air sérieux, pour être capable de refaire toute seule la même chose. Il fit glisser assez haut le morceau de tissus sur sa jambe, ce qui la chatouilla un peu mais elle se mordit la lèvre pour s’empêcher de glousser (il fallait paraître courageuse). Magique ! songea-t-elle en regardant dans la glace le rendu final.
« Merci ! Tu dois vraiment… lire beaucoup de magazines de mode pour savoir les mettre correctement… »
Et elle le rose envahit de nouveau ses joues car elle soupçonnait bien qu’Aiden ne lisait pas Grazia et qu’il avait acquis son expérience ailleurs, mais elle n’avait pas su comment terminer sa phrase autrement. Elle lui adressa un petit sourire et fut bien contente qu’il la prenne par la main et la fasse sortir de la cabine pour retourner devant le grand miroir. C’était peut-être complètement indécent mais elle aimait bien, en fin de compte, qu’Aiden connaisse ce genre de détail de l’habillement féminin. D’une part c’était très pratique pour elle qui n’y connaissait rien, et d’autre part, cela avait elle ne savait quoi de séduisant et de dérangeant qui faisait certainement partie du charme de son ami. Celui-ci passa derrière elle et lui releva les cheveux d’une main, dégageant son cou qui resta à la merci de son souffle et du baiser léger qu’il y déposa avant de la regarder dans le miroir. Il lui parla à l’oreille tout doucement, et sa voix agissait sur elle comme un antidote à toute l’angoisse que ce magasin pouvait lui faire éprouver, qui s’insinua tranquillement en elle et la réchauffa de l’intérieur. Elle se sentait en confiance, presque charmée comme un de ces serpents orientaux, et finir par sourire à leur reflet.
« Tu es resplendissante, rayonnante de beauté et ça reste si peu dire. Un borgne en pleine nuit croirait apercevoir un ange, avec encore des bouts de paradis accrochés un peu partout ; je te jure que cette robe te va à ravir, que jamais je n’ai vue si belle femme dans une robe de mariée. »
Il avait l’air calmement sincère, et elle n’arriva pas à savoir si c’était la retombée du stress ou simplement une fatigue accumulée qui la laissa tellement pantelante, mais les paroles d’Aiden eurent vite fait de consteller de larmes les yeux de Tara, qui scintillèrent silencieusement sur l’écran en firmament émeraude de ses yeux. Elle baissa la tête et se sentit idiote, tandis qu’il se plaçait devant elle et posait ses mains sur sa taille.
« Je te déteste de me faire ça, murmura-t-elle en lui souriant doucement, je ne sais même pas pourquoi j’ai envie de pleurer. Tu es le plus gentil, et je ne sais pas ce que je ferais sans toi et… Je ne veux pas te dire des choses mièvres et je ne veux pas pleurer mais je voudrais bien te dire à quel point tu es lumineux et important… Bon, ne réponds pas à ça, je suis idiote et fatiguée, et si tu m’embêtes je me mouche dans ton T-shirt, alors chut ! »
Elle réussit à faire se creuser ses fossettes sur ses joues et battit des cils pour ravaler ses larmes. Il y eut un silence qui n’avait rien de gênant, avant qu’Aiden demande quelle était la troisième question. Tara sauta sur l’occasion en acquiesçant, radieuse en pensant à la vraie raison de ce rendez-vous. Elle posa ses deux mains à plat sur le torse de son ami et se rapprocha un peu de lui.
« Mon très cher, j’ai une demande très sérieuse et très officielle à te faire. Si tu peux promettre sous serment de me chérir et de me nourrir de bonbons jusqu’à ce qu’un extraterrestre te kidnappe, alors je veux te dire… Je tenais à ce que tu sois le premier à savoir que Jim m’a demandé de l’épouser. »
Elle arrivait mal à dissimuler son excitation mais elle essaya de ne pas sautiller sur place et, le visage illuminé, elle demanda :
« Alors… Aiden, est-ce que tu veux bien être mon témoin ? »


fiche par century sex (en quelque sorte...).
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MessageSujet: Re: ஜ A wedding is such a girl thing ஜ ஜ A wedding is such a girl thing ஜ EmptyLun 18 Nov - 21:43


ஹ Stand in your light and your fears will fall away.


And you’re my light, Tara, so I do not really care, my fear won’t haunt me for long. Except if you leave me. So, please, stay. Stay with me, stay with the monster I am.

Ce rire joyeux, mélodieux, entrainant ; ce sourire mignon, sincère, un peu enfantin ; ce regard pétillant, une flamme de vie y dansant, éclatant ; ce petit minois adorable, ce tout juste irrésistible : Tara, ma bien aimée Tara.
Je ne saurai énumérer toutes nos rencontres, je ne saurai pas même vous donner le cadre de la première fois que l’on s’est vu, mais je me souviens sans le moindre mal du premier regard échangé. Cette électricité qui s’est transmise, ce qui nous a permis de mettre arrêt sur nos vies, un instant, juste le temps d’entièrement se plonger dans les yeux de l’autre, se mettant à nu, faisant dévoiler nos âmes qui montèrent au Septième Ciel, s’entrelacèrent, s’étreignirent, se chérirent – et ce, dès le premier regard, oui, effectivement.
Ce qui fait qu’elle est si chère à mon cœur, si indispensable à mon être, ce qui fait qu’elle soit mon âme, c’est tout simplement le fait qu’elle ait réussi un exploit qu’aucune femme – j’insiste, aucune – n’a jusque là réussi et ne réussira jamais, j’en suis persuadé – combien même, je ne le verrai pas, ne le ressentirai pas, car Tara est l’unique occupante de cette place dans mon cœur. Et quel est donc cet exploit ? Simplement le fait que d’un regard, elle m’a asservi, agenouillé à ses pieds. Moi qui me prétend fort, moi qui inspire méfiance et parfois crainte, moi qui attire les femmes à moi avec un charme séducteur particulier, moi qui ait l’habitude d’être servi, me suis retrouvé aux pieds d’une femme, avec un regard, pas même un sourire, pas même un mot ; juste deux magnifiques émeraudes, juste deux fenêtres sur la vie, juste deux vassaux de l’espoir, du bonheur, de la quiétude, de la simplicité, de l’innocence. Elle avait réussi à me séduire, à totalement me rendre fou d’elle, dès le premier regard, faisant naitre en moi une envie et un désir sans pareil de découvrir qui elle est, de savoir ce qu’elle aime, ce qu’elle n’aime pas. Je savais déjà qu’on allait s’entendre, mais je ne pense cependant pas que j’ai ainsi entrevu l’évolution de notre relation. L’innocence que j’avais perçu, celle que je percevais aujourd’hui encore, embaume mon cœur, le recouvre d’un voile de lumière et de clarté, l’épure de ses ténèbres et de ses tourments ; cette innocence est une promesse, la promesse qu’il y avait quelque part, un espoir – qu’il y en aurait toujours. Mille serments se firent, à cet instant précis où mes yeux trouvèrent les siens : la promesse d’aller l’un vers l’autre, de se découvrir, la promesse de se chérir, la promesse de sourire et de rire, la promesse d’enfin pouvoir faiblir dans les bras de l’autre.
Tout cette magie, tout ce feu d’artifice, toute cette réalité aux allures de chimères alors qu’elle ne m’avait pas touché, qu’elle n’avait éveil en moi aucun désir de devoir ôter ses habits, de devoir parcourir la moindre parcelle de son corps de ma bouche  – car, si aujourd’hui, je me permets de lui embrasser le cou autant que je pourrai l’embrasser sur les lèvres, il y a des endroits qui n’appartiennent qu’à l’élu de son cœur. Je ne l’ai cependant jamais embrassé, pas que je n’en ai pas eu l’occasion, seulement qu’il n’y avait nul besoin de cela ; je doute qu’elle apprécie, aussi, bien que je n’y vois aucun mal, personnellement – Nala porterait sur le sujet un tout autre jugement, à ne point en douter.
Moi qui ne connaissais jusque là que la chaleur d’un corps, sans avoir encore goûté à celle qui émane d’un cœur, fut comblé, blotti dans des draps de soie et de velours, à l’abri de décadence et du vice, baignant dans une mer d’innocence que je crains, aujourd’hui encore, de souiller, tant je suis impur, si peu digne de tant de blancheur, tant de clarté.
Et cette petite fille est devenue indispensable à ma vie, se muant en une véritable femme alors que je suis aveuglé par la vision d’une enfant tout excitée, extravertie ; je ne veux pas la vexer, mais elle a grandi, elle a mûri. Ma Tara glisse de mon étreinte, ne semble plus avoir besoin de ma protection, de mon regard, de mon sourire ; de moi. Ma Tara devient celle d’un autre et ce, entièrement. Mais jamais, jusqu’à aujourd’hui, je ne m’en suis rendu compte.

Qui sont tous ces gens, tous ces regards qui osent juger ma belle ? D’où proviennent-ils, où vont-ils, quelle importance peuvent-ils bien posséder pour se permettre de la traiter comme une enfant, comme une adolescente, en plus de la voir comme tel ? Dans un premier cas, nous sommes rares à posséder le droit de dire de cette petite blonde qu’elle est infantile ; si elle vous a ouvert son cœur, alors vous pouvez, mais sinon, vous n’en possédez pas le droit, simplement. Je pense bien que, à choisir entre le corset de cette robe ou les vendeuses de ce magasin, je choisirai la deuxième hypothèse pour ce qui met ma chérie dans un tel désarroi, la rendant rougie, un peu essoufflée, comme fatiguée, épuisée. Mais épuisée par quoi ? De ne pas être comme les autres ? Qu’elle remercie tous les Grands Esprits, si elle avait été comme les autres, jamais elle n’aurait eu autant d’importance pour moi.
Unique. Mon Âme est Unique au monde.

Moi, dur en affaires ? J’affiche un air innocent en lui tapant dans la main, amusé, comme à mon habitude, par son comportement, son attitude légère. Ensuite, elle me soutient ma thèse, comme quoi je vais vraiment finir en prison et je ne peux m’empêcher de froncer les sourcils lorsqu’elle dit aimer les pirates, désirant me voir avec un tatouage. Je passe ma main distraitement dans les cheveux lorsqu’elle continue à s’enfoncer dans son délire – enfin, le mien, mais jamais je n’aurai pensé qu’il prendrait de telles ampleurs – avant qu’elle ne baisse subitement la voix, me faisant cette fois-ci rire doucement Oui, c’est possible que ces femmes aient avalé un bol de colle, effectivement. Et puis, le regard littéralement horrifié de ma chérie, ah, j’en ris encore.

« D’abord, je veux du chocolat et des cerises. Ensuite, dis-moi, comment oses-tu, ma jolie, avoir peur de qui que ce soit en ma présence ? Je peux sourire pour cent si ça peut te rassurer ! »

Et, pour la peine – et aussi parce que je l’aurai fais même si je n’avais pas ajouté ma dernière remarque – je lui décroche un sourire sincère. Elles ne doivent pas réellement lui faire peur – quoi qu’avec Tara, tout est possible – mais cela n’empêche que je veux lui transmettre un message nettement plus important : réellement, en ma présence, je ne désire pas qu’elle ait peur car je jure et le jurerai encore bien des fois que jamais je ne tolérerai qu’on touche à ma Tara sous mes yeux. Impuissant, à moitié-mort, qu’importe comment je suis, je trouverai en moi la force nécessaire, la combativité adéquate pour me relever, ne serait-ce que sur un pied et, armé de mon amour pour elle, la protégerait.
Assis sur mon fauteuil, je la contemple, en grande peine, confronté à un trop profond tourment ; sincèrement, quand est-ce que Tara est devenue une femme ? L’avait-elle été, depuis le début ?  Comment avais-je pu, dans ce cas, être si aveugle ? Tandis qu’elle tournoie, entrainant avec elle froufrou et tissu de choix, je prends conscience qu’une petite fille a besoin d’autorité et de parenté, de fraternité peut-être, mais qu’une femme s’en va, est enfin libre. Tara va s’en aller. Tara est peut-être déjà en train de s’en aller. Pourtant, lorsqu’elle revient se blottir dans mes bras, j’oublie tout cela.
Vint donc notre moment intime, là où, Tara, sur mes genoux, rit doucement lorsque je lui embrasse le cou – bon Dieu, qu’aurai-je fais si elle avait été du genre pudique, chaste et que sais-je encore – pour qu’elle me pose ensuite sa première. Celle concernant la jarretière est celle qui me fit le plus rire, cela étant. Je finis par l’Âmener à se relever, ne faisant aucun commentaire sur ses rougeurs que je note du coin de l’œil ; ne me dites pas qu’elle n’a jamais rie fait de plus qu’embrasser et câliner son homme ? Sauf si elle continue de rougir malgré que ce ne soit pas sa première fois avec lui. Dans tous les cas, cette question relevant de l’ordre de l’intimité d’une femme et moi étant un homme, je me tais, l’entraine avec moi pour simplement lui mettre sa jarretière alors qu’elle ne semble remarquer l’ambigüité de la situation que lorsque je soulève ses jupons, arborant un être choqué tandis que son rire tinta à mes oreilles. Tara, perdue dans ses réflexions, s’imaginant je ne sais quoi, n’a même pas remarqué que j’avais posé genou à terre – pire, elle ne semblait ne même pas s’être demandé pourquoi je lui ai demandé de se lever et pourquoi je l’entrainais dans une cabine d’essayage sous les regards durs des vendeuses qui, telles de dignes riches, se mirent à jacasser sans que je n’y prête réellement attention.
Je finis par me redresser, la laissant contempler mon « œuvre » – c’est bien ainsi qu’elle doit le voir au vu du regard qu’elle lui lance, comme si je venais de lui annoncer avoir été élève à Poudlard. Elle me remercie, ajoute quelques mots, hésite et finit sa phrase en… Catastrophe. Elle rougit, de nouveau et face à cela, face à sa maladresse, je ne peux que rire. Moi, lire des magasins de mode ? Mais oui, bien sûr. J’aurai bien pu lui dire que je lisais un tout autre genre de magasines, mais ça aurait été mentir, car mon expérience…

« Mon expérience des femmes et de ce genre d’habits, crois-moi ma jolie, ce sont mes conquêtes qui me l’ont donnée, pas des magasines de mode, pas même ceux portant sur des indécences. Tu es adorable quand tu rougis, même si je ne vois rien de gênant ou de déplacé à ce que tu as dis. »

C’était juste maladroit et, je te le concède, vraiment drôle.
Ce n’est, de toute façon, pas comme si j’ai honte de cela même si, je l’avoue, autant je ne questionne pas Tara sur son expérience « charnelle », autant je n’ai pas l’habitude de lui parler de la mienne. Pas par gêne, mais par respect ; on ne parle pas à une femme de la façon dont on a traité d’autres femmes, dont on les a déshabillé et désiré ardemment. La Femme est pure, la Femme ne doit, dans ce cas, nullement entendre obscénité par rapport à la nudité – aussi bien masculine que féminine.
Et puis, en réalité, en plus de ne pas aborder ce sujet avec les femmes, on ne le leur parler pas non plus d’autre femmes ; elles sont toutes jalouses, vraiment. Mais bon, viendra le jour où je dirai à Tara que j’aime Nala, même si elle doit se douter que j’ai une femme en tête, que mon cœur n’est plus mien.

Nous voilà devant le grand miroir, moi positionné derrière elle, relevant sa chevelure, lui parlant à l’oreille, tout doucement, l’enveloppant de mon regard, de mon être toute entière ; elle, moi et notre reflet. Il n’y avait plus que nous deux et notre reflet, pas même le décor du magasin et encore moins ses occupantes.
Le sourire qui orne, à cet instant, les lèvres de Tara, se grave dans ma mémoire assez profondément pour ne jamais en disparaitre. Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai comme cette impression d’avoir su trouver les bons mots pour l’apaiser et la satisfaction qui me gagne en la voyant sourire est indescriptible. Je suis heureux d’avoir pu éclipser ses doutes et ses inquiétudes, son manque de confiance en elle aussi ; elle n’a pas de souci à se faire, les femmes de ce quartier huppé ont tout à lui envier, autant la classe que le charme. Là est l’un des secrets de mon ange : elle est infantile, je l’admets, mais sait paraitre telle une femme, une vraie, tellement que d’un battement de cil, elle pourrait faire de l’ombre – et quelle ombre ! –   à toutes les femmes se prétendant supérieures de part leurs gains.
Elle n’a pas besoin de vêtements de haute couture, n’a pas besoin de talons à ne plus en sentir ses pieds, n’a pas plus besoin d’un collier de perles blanches strict, pas plus que d’une bague orné d’un diamant trop lourd pour son corps frêle ; elle a son regard, elle a son sourire, elle a son charme et, plus que tout, elle a sa présence.
Ce que je perçois, alors que je la complimente – et c’est sincère, je le jure – achève de m’écrouler aux pieds de cette femme ; est-ce là des perles salées qui scintillent au coin de ses deux émeraudes ? Mon sourire attendri reflète toute la quiétude qui m’envahit à cet instant, toute la simplicité de mon esprit à ce moment, tout le bien que me fait ma chère Tara. Elle parla ensuite, doucement, calmement, dans un souffle chaud, souriant doucement, finissant par ravaler ses larmes alors que je me retrouve obligé de garder le silence car elle me le demanda ; je me contente de passer le dos de mon index sur sa joue en lui rendant un sourire plus énergique, tout aussi sincère que le sien. Je suis encore en nage dans mon idylle lorsqu’elle pose ses mains sur mon torse, se rapprochant de moi, me faisant hausser les sourcils.

Ses premières paroles m’auraient fait rire dans un autre contexte, sauf que là, son excitation palpable m’amenait à penser qu’il allait y avoir une retombée – une retombée négative, je le sais, le sens, sais ce qu’elle va dire, ose espérer que je me trompe.
Et je ne me trompe pas.
Je ne suis pas étonné, peut-être un peu irrité, un peu mal à l’aise, un peu déstabilisé, un peu sous le choc, un peu… Triste et déjà nostalgique de nos moments passés ensemble, regrettant d’ores et déjà ceux que l’on ne partagera plus. En réalité, je suis simplement et totalement apeuré.
J’ai peur. Peur de te perdre. Si peur de te perdre. J’ai si peur, mon Âme.
Son témoin ? Son témoin ?
Ton témoin ?
Je la prends brusquement – trop brusquement pour que ce soit normal, mais elle pourra toujours penser que, moi aussi, je suis excité par cette nouvelle – dans mes bras, me penchant vers elle, l’empêchant ainsi de voir mon visage, mes traits crispés et s’étant durcis, ma mâchoire saillante, mes muscles tendus. Si elle essaye de se redresser, je l’en empêche doucement mais fermement ; je ne suis pas prêt, pas prêt du tout.

« Toutes mes félicitations ma belle, bien sûr que je veux être ton témoin. »

Je parle d’une voix que je tente de faire calme, joviale mais qui n’en apparait que plus faussement heureuse, hypocrite. Je le dis machinalement, comme si j’avais répété ce script depuis que j’ai reçu le texto de Tara me fixant rendez-vous ici.
Je la relâche mais ne la regarde toujours pas, fixe un point derrière elle, mes traits toujours aussi durs, mon regard plus sombre, mes poings serrés, mes épaules raides.
Les mots dépassent ma pensée.

« Bien sûr que je veux être le témoin de ton mariage et approuver de ma présence et de ma signature la perte de mon âme… »

Quel con.
Je me rends compte de ma bêtise, je me rends compte que j’ai parlé et non pas seulement pensé et mon regard, affolé, trouve enfin celui de Tara. Non non, je ne veux pas qu’elle pense que je vois son union avec Jim comme un évènement malheureux, je ne veux pas qu’elle pense que je ne suis pas heureux pour elle, que je ne la soutiens pas, que je désapprouve totalement… Pas plus que je ne veux qu’elle se dise qu’elle m’a fait du mal, qu’elle n’aurait jamais dû m’en parler, s’évitant à elle comme à moi ce moment désagréable.
Je la soutiens vraiment – même si elle ne le sait pas, même si je ne le montre pas, je suis et resterai là pour elle. Je l’aime profondément, approuve totalement… Mais suis touché. Car au fond, mes derniers mots, méchants, mesquins et vils, ne sont pas pour autant faux : je perds mon âme. Sauf que voilà, c’est peut-être en le disant de vive voix que je l’ai définitivement perdue.
Je ne sais pas comment je pourrai – comment je devrai – me rattraper, je ne sais pas même si je le peux. M’en veut-e-elle ? Va-t-elle me pardonner ? Qu’ai-je fais ? Pourquoi ? Depuis quand est-ce que je n’arrive plus à garder mes pensées pour moi ?
Tara…
Je murmure, la voix tremblante :

« Tara… »

Les meurs se meurent sur ma bouche, son prénom, dans ma bouche, laissant un goût si Âme que je n’arrive plus à parler ; comme pour me dire que je ne mérite même plus de prononcer ces deux syllabes.
Je suis désolé.
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MessageSujet: Re: ஜ A wedding is such a girl thing ஜ ஜ A wedding is such a girl thing ஜ EmptyMar 19 Nov - 23:17


Aiden ♔ Tara

« No one can lie, no one can hide anything,
when he looks directly into someone's eyes »

Paulo Coelho  



La première fois. Tara pourrait facilement demander : « Laquelle ? ». A chaque fois qu’elle le retrouvait, c’était comme si elle le rencontrait de nouveau. Ce n’était pas qu’ils passaient leur temps à faire connaissance ;  tout au contraire, elle avait l’impression qu’ils se connaissaient depuis toujours. Si Aiden portait un peu plus souvent des T-shirts roses, Tara aurait juré que lui aussi avait été polymorphe dans une autre vie, et que c’est pour cela qu’ils s’entendaient si bien. Le fuchsia n’étant pas la couleur de prédilection du jeune homme, Tara avait dû se résoudre à croire au coup de foudre. Le coup de foudre amical, peut-être, mais en même temps c’était mieux que de l’amitié. Avec Jim, la situation avait été tout à fait différente. Comme si, au fond, elle l’avait toujours aimé (comme si c’était entièrement inné), mais elle avait dû l’attendre, le regarder collectionner les conquêtes d’une nuit puis longuement osciller entre son amour pour elle et celui qu’il nourrissait pour Kath… Elle n’avait jamais su vraiment déterminer quand il avait ouvert les yeux et s’était mis à n’aimer qu’elle, mais elle pensait que cet amour tant espéré, qui avait survécu à tant de disputes et tant de larmes, était ainsi fondé sur les bases les plus solides et les plus naturelles. Oui parce que, en plus, Tara était jalouse. Horriblement jalouse. Donc, Jim avait souvent subi ses foudres, ses caprices, ses colères, ses crises existentielles de femme qui ne supporte pas qu’autant de jolies créatures défilent dans leur appartement. Perdue dans le fil de ses pensées, Tara en vint à se demander comment elle ne était arrivée à songer à cette triste époque, et chercha à se changer les idées. Que disions-nous au début ? Ah oui : « Laquelle ? ». La première fois qu’elle avait vu Aiden, elle se souvenait juste qu’elle l’avait rencontré, qu’elle avait avancé vers lui comme si c’était évident, et qu’ils s’étaient compris immédiatement. Vous me direz que c’est un peu facile de repérer dans une foule un grand garçon au sourire dévastateur, dont la silhouette ressemble à celle d’un marbre antique du dieu Arès, et que c’est bien normal qu’elle ait été attirée par lui autant que s’il fût tout en chocolat, mais la réalité est plus compliquée. Ce n’est pas seulement (ce n’est pas premièrement) un bel homme qu’elle vit lorsqu’elle posa les yeux sur lui. C’était une belle personne. Avec quelque chose d’enchanteur et de surnaturel en lui, quelque chose de doux et d’ignoré au fond de ses beaux yeux foncés, tout un site archéologique de belles idées à découvrir, de charmantes pensées à échanger. Plus encore, il y avait sa façon d’être ‘‘je ne sais pas que je suis quelqu’un de passionnant’’ qui avait survolté Tara, qui se donna dès lors pour mission de toujours rappeler à son ami qu’il est qu’un d’exceptionnel, au moins à ses yeux à elle.
« D’abord, je veux du chocolat et des cerises. Ensuite, dis-moi, comment oses-tu, ma jolie, avoir peur de qui que ce soit en ma présence ? Je peux sourire pour cent si ça peut te rassurer ! »
Exceptionnel, c’est le mot. Tara se sentit foudroyée en plein cœur lorsqu’il lui lança ce sourire étincelant et affectueux. Elle l’embrassa sur la joue pour le remercier d’être aussi beau (et dans le sens le plus vaste au monde), avant de secouer la tête.
« Les cerises, ce n’est pas sérieux comme monnaie d’échange, quand on est derrière les barreaux, je t’en apporterai mais, pour ton bien, je les mangerai toutes sous ton nez avant de partir ! Elle se remit à rire gaiement et ajouta : Ne joue pas avec moi, je pourrais défaillir à chacun de ces beaux sourires ! »
La façon dont elle se blottit ensuite contre lui acheva silencieusement d’exprimer sa pensée : « Bien sûr que cela me rassure ». A part son amoureux, elle savait qu’il y avait une personne au monde qu’elle pourrait réveiller au beau milieu de la nuit en cas de besoin, parce qu’il prendrait soin d’elle quoiqu’il arrive. Elle espérait que cela ne change jamais, qu’elle serait toujours la fille avec laquelle Aiden était toujours sincère et qu’il serait toujours celui qui la soutiendrait dans n’importe quelle situation. Pour en revenir à la jalousie de Tara, la jeune femme s’était souvent demandé pour quelle raison est-ce qu’elle n’éprouvait aucune rage dévastatrice contre les conquêtes d’Aiden (dont il ne parlaient certes jamais, mais dont elle connaissait l’existence) alors qu’elle était toujours en colère à l’idée que Jim en ait. Un début de réponse lui était apparu depuis que tout était au beau fixe avec Jim. Elle n’avait pas besoin d’avoir peur de qui que ce soit quand elle était sûre et certaine d’avoir une place bien à elle dans le cœur de son ami. Il pouvait bien collectionner autant de filles qu’il voudrait, elle savait qu’elle serait toujours sa Tara, au milieu du tourbillon anonyme des autres, et cette certitude lui apportait sérénité et confiance en leur amitié. D’ailleurs, en parlant de cela…
« Mon expérience des femmes et de ce genre d’habits, crois-moi ma jolie, ce sont mes conquêtes qui me l’ont donnée, pas des magasines de mode, pas même ceux portant sur des indécences. Tu es adorable quand tu rougis, même si je ne vois rien de gênant ou de déplacé à ce que tu as dis. »
Elle remarqua le petit air content de son camarade et fronça légèrement le nez quand il la qualifia d’adorable. Elle avait appris qu’on ne pose pas les questions dont on n’est pas sûr de vouloir les réponses, aussi ne dit-elle rien de son ignorance sur les « magazines d’indécences », et répliqua :
« Certes ! C’est la même chose pour moi : mon expérience du chocolat a été acquise à force de t’écouter raconter des bêtises. A chaque fois qu’on se voit je suis obligée d’engloutir une tablette entière pour oublier toutes les indécences que tu me racontes ! Et tu es adorable quand tu fais la tête de celui qui ne comprend rien à ce que je raconte », ajouta-t-elle en lui pinçant la joue tandis qu’il clignait des yeux d’un air légèrement éberlué.

Elle aurait aimé qu’ils en restent là, qu’il y ait arrêt sur image au moment où, devant le grand miroir, Aiden laissa un petite caresse sur sa joue. Elle aurait souhaité qu’ils restent tranquillement enlacés à profiter de leur complicité et de ce moment de quiétude digne d’un roman de pastorale. Elle avait envisagé beaucoup de scénarii possibles depuis qu’elle avait décidé de demander au jeune homme d’être son témoin. Même quand elle s’était montrée pessimiste dans ses conjectures, elle n’avait pas pensé que cette scène puisse se dérouler aussi mal que ce qui allait suivre. Immédiatement après qu’elle lui ait fait sa demande, Aiden la saisit dans ses bras pour la serrer contre lui. Elle n’eut pas le temps de se bercer d’illusions en supposant qu’il était ému. Elle comprit que ce qu’il se passa en lui était grave. L’angoisse du jeune homme se communiqua instantanément à elle, et elle se mit à trembler entre ses bras.
« Toutes mes félicitations ma belle, bien sûr que je veux être ton témoin. »
Les mots sont là, mais dépossédés de leur sens. Sans inflexion, sans mouvement, sans vie. Si froids que Tara ne comprend pas ce qu’ils veulent dire. Elle voulut se redresser, elle devait voir ses yeux, y plonger les siens et comprendre ce qu’il pensait réellement, comme ils le faisaient tout le temps, comme ils se connaissaient si bien. Il la retint contre lui, sans lui faire mal mais Tara se souvint alors de son mètre soixante et de ses quarante-huit kilos toute mouillée. Elle resta la joue appuyée contre son épaule, les poings serrés sur son torse, maîtrisant à grand peine une forte envie de pleurer ou bien de le mordre pour qu’il la lâche. En même temps, dans cette position, elle sentit assez distinctement et malgré les efforts d’Aiden pour le cacher, le fourmillement intérieur contre lequel il se battait actuellement. Elle sentit contre son dos la façon dont ses muscles s’étaient durcis, contre sa gorge les vibrations éparpillées de sa respiration, contre son âme le tournoiement désordonné de la sienne, blessée. Il se détacha d’elle, mais à présent elle ne voulait plus se trouver à distance, elle ne voulait pas le regarder. Un instant avant qu’il ouvre la bouche, la microseconde qui précéda cette sentence glaciale, elle sut exactement ce qu’il allait dire, mais elle n’eut pas le temps de s’y préparer assez, ni de déterminer si elle pourrait le lui pardonner. Elle voulait se boucher les oreilles et hurler, pour ne pas entendre, pour ne pas avoir à le détester pour ce qu’il allait lui dire, mais elle demeura stupéfaite devant l’expression absente d’Aiden, devant cette terrible façon qu’il avait de regarder à travers elle comme si la voir risquait de l’écœurer. Et les mots qui tombèrent si vite la laissèrent stupide et désolée, comme s’il venait de lui claquer la porte au nez.
« Bien sûr que je veux être le témoin de ton mariage et approuver de ma présence et de ma signature la perte de mon âme… »
Le fait de prononcer cette phrase si dure sembla sortir Aiden d’un rêve, et, l’espace d’un instant, il la fixa en semblant la supplier de lui dire qu’il n’avait pas parlé, qu’elle n’avait pas entendu, qu’il avait menti. La panique et les remords lui conféraient quelque chose de purement attendrissant. Au mieux c’était juste un gamin qui avait voulu être méchant par dépit, ne sachant pas comment réagir face à une réalité écrasante, mais qui ne voulait surtout pas faire de mal, au fond. Pauvre chéri, pauvre amour. Tara baissa la tête. Elle savait qu’elle ne pouvait pas le regarder, parce qu’elle allait le plaindre et se mettre à lui demander pardon. Or, la raison lui disait qu’elle n’avait pas à s’excuser. Cependant, elle avait commis l’erreur de faire preuve d’empathie, et d’imaginer un instant la situation inverse. Peut-être qu’elle n’aurait pas parlé aussi brutalement, peut-être qu’elle aurait trouvé son sourire plus vite que lui, mais (et elle se détestait pour cela) elle serait probablement morte d’angoisse et de chagrin, si Aiden (son Aiden, son chéri) lui avait annoncé qu’il allait s’offrir à une femme qu’elle ne connaissait pas et dont il ne lui aurait parlé qu’en passant, parce qu’entre eux ce n’est pas l’essentiel, ils ont toujours vécu hors-réalité quand ils étaient ensemble. Alors, Tara était là, des excuses au bord des lèvres, essayant de ne pas les dire et de ne pas se trouver affreusement égoïste.
« Tara… »
« Non », fit-elle en reculant d’un pas avant qu’il ait l’idée d’esquisser un mouvement vers elle.
Ce serait trop simple. Elle savait qu’elle perdait toujours à ce jeu. Jim lui avait déjà fait le coup lui-même. Aiden n’avait pas le droit, pas le droit de la prendre dans ses bras et de lui demander pardon, pas le droit de la cajoler et de faire comme si l’orage était passé, pas le droit de se rassurer malgré elle, pas le droit de se sentir mieux alors qu’elle se sentait morte. Avant tout il fallait qu’elle réfléchisse et qu’elle ne se laisse pas déconcentrer par cet homme qu’elle aime et pour qui elle ferait absolument tout, absolument n’importe quoi. Elle se tourna dos à lui, les mains sur les hanches et déploya tous ses efforts pour que sa voix ne tremble pas :
« Enlève-moi ça, s’il te plait. »
Elle attendit un instant qu’il défasse pour elle le laçage du dos de sa robe. Il fallait qu’elle sorte de cette cage, elle allait devenir folle.
« Non, attends. »
Elle tressaillit et fit un signe à une vendeuse. Même pour elle, même à ses yeux d’humaine inexpérimentée, c’était clair que le symbole était trop fort, trop dur à supporter, si c’était Aiden qui lui enlevait sa robe de mariée. Elle entra dans la cabine accompagnée de la dame, dont elle ne croisa surtout pas le regard dans le miroir tandis qu’elle la déshabillait et remettait la robe sur un cintre. Elle se contenta de la congédier poliment et avec le moins de mots possible pour se dépêcher ensuite de sauter dans son jean. Elle s’y reprit à deux fois pour remettre son pull, les yeux embués de larmes et la gorge nouée de sanglots, c’est à peine si elle respirait tant elle était… en colère. Chavirée, déçue, et dévastée de colère. Elle s’essuya les joues avant de sortir de la cabine et de retourner auprès d’Aiden, sur qui elle posa un regard de chat sauvage, sans ciller. Elle l’observa un instant, déconfit, et elle essaya de laisser de côté tout l’amour qu’elle avait pour lui, car ce qu’elle avait à dire était suffisamment important pour qu’elle soit forte. Le jeune homme avait bien dû deviner qu’elle n’était pas seulement douce et rigolote, qu’elle n’était pas une petite poupée de chiffons, mais, jusqu’alors, il n’avait certainement jamais eu le moindre aperçu de tout ce qu’elle avait de passionné et de combattif en elle. Et elle trouva la vérité en même temps qu’elle la disait au jeune homme.
« Tu n’es qu’un idiot, commença-t-elle d’un ton tranchant. De quel droit… De quel droit est-ce que tu doutes de nous ? Je suis blessée mais plus encore je suis déçue, pas par rapport au mariage, pas à cause de ton égoïsme, mais parce que tu as osé me parler comme si je n’étais qu’une… vague amie qui risquait de t’oublier dès qu’elle serait mariée. Je croyais que ce que nous avions était plus fort que ça. Tu sais, si Jim, par jalousie ou j’ignore quoi, me demandait de choisir entre lui et toi, c’est toi que je choisirais. Et tu oses en douter, espèce de triple idiot ! Je ne concevrais jamais –JAMAIS– qu’aucun homme exige de moi de laisser de côté quelqu’un qui m’est cher, par amour pour lui. C’est pas de l’amour, ça, c’est de la possessivité ! Je t’interdis de m’abandonner sur ce coup là et je t’interdis de me forcer à ne pas te choisir. Tu n’as pas à décider à ma place de ce qui est bon pour moi. Je veux qu’il soit mon mari parce qu’il est mon cœur, mon soleil et ma vie, parce qu’il ne me demanderait jamais de renoncer à qui que ce soit, et parce que le mariage n’est qu’une formalité pour sceller une promesse d’éternité qui est une évidence depuis le début. Et, toi, je veux que tu sois mon témoin, pas pour te faire du mal parce que je suis sadique, ni pour te donner un titre honorifique parce qu’on s’amuse bien quand on est tout les deux. Je veux que tu sois mon témoin parce que je t’aime, et parce que j’ai besoin de toi. J’ai besoin que tu sois là pour signer un papier qui certifie que je suis suffisamment formidable pour mériter d’être pleinement heureuse. Si cela vient de toi, je le croirai. »
Sa voix se brisa sur la dernière phrase, quand elle eut fini d’être en colère et qu’à nouveau il n’y eut plus qu’eux deux au monde. Elle n’avait pas eu l’intention de crier après lui, mais toutes ces choses devaient être dites, parce qu’elles étaient vraies et qu’il lui semblait qu’il n’y avait toujours eu que la vérité entre eux. De nouveau, les larmes coulaient sur son visage alors qu’elle se sentait si désemparée, tellement en manque de lui. Elle se rapprocha doucement et lui prit la main, assez timidement parce qu’elle avait peur qu’il la repousse, après s’être fait enguirlander de la sorte. Elle leva les yeux vers lui, lui offrant un regard limpide qui lui livrait ses expressions toutes nues. Peut-être qu’il avait eu beaucoup de conquêtes, peut-être qu’il avait l’habitude d’ôter des vêtements, mais il était bien probable qu’aucune autre femme ne s’était jamais tenue face à lui en n’ayant tellement rien à lui cacher, en ayant tellement confiance en lui qu’elle pouvait le laisser complètement se fondre en elle.
« Je vais donc reformuler la question, murmura-t-elle en caressant ses doigts entre les siens. Aiden… Est-ce que tu m’aimes ? »


fiche par century sex (en quelque sorte...).
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MessageSujet: Re: ஜ A wedding is such a girl thing ஜ ஜ A wedding is such a girl thing ஜ EmptyMer 20 Nov - 22:33


I love you, what star do you live on?

 
You are from another world. Necessarily. A world where perfection exists and where you are its allegory.
 
Le mariage, cet évènement dont rêves les petites filles depuis qu’elles sont toutes petites, cet évènement que les petits garçons ne connaissent que lorsqu’ils deviennent adolescents, qu’ils commencent déjà à craindre, dont ils tentent, pour la plupart, de fuir lorsqu’ils sont en âge. Je fais partie de cette majorité, car je ne vois, dans le mariage, que du mal.
On peut aimer quelqu’un à ne plus pouvoir respirer si on ne partage pas le même oxygène que le sien, on peut chérir quelqu’un au point d’avoir le cœur qui bat si vite que l’on croirait qu’il s’est arrêté, autant en la présence de cet être qu’en son absence. On peut vivre ensemble, partager le même lit tous les soirs et être cote à coté ou face à face chaque matin, midi et soir pour manger, pour partager des secrets, pour rire, pour se disputer ; on peut faire tout cela sans mariage. Alors à quoi bon ? Avoir une alliance autour du doigt qui, à mesure que les années s’écoulent, semble se resserrer, comme vous rappeler que plus ça va, moins vous avez le droit de rompre votre promesse, moins vous avez le droit de vouloir respirer votre propre air, plus vous avez de responsabilité. Et c’est ainsi que l’amour se métamorphose en pure cage, en un piège qui se referme sur vous sitôt vous en êtes-vous approché. Effectivement, on peut cesser d’aimer une personne, après tout, on a beau être amoureux, on ne peut envisager ce qui risque de se produire, quelles personnes vont affluer dans notre vie. Ainsi, si vous voulez vous séparer de cet être aimé, vous devez procéder à un divorce, devez participer aux audiences, parler devant un juge, expliquer pourquoi et comment, vous justifier sans cesse devant des inconnus qui prétendent vous connaitre, vous comprendre alors qu’ils portent tous un masque odieux et horrible d’hypocrisie. Tout se complique, vous mène à laisser tomber, à continuer d’être avec cette personne, à la tromper par manque d’amour, à la blesser alors qu’au fond, même si vos sentiments ont changé à son égard, jamais votre but n’a été de lui faire du mal.
En bref, je trouve réellement le mariage inutile, stupide ; un papier que l’on signe, dire que l’on est heureux, mais pour combien de temps ? Tant à faire, autant prendre une petite feuille et s’y jurer de s’aimer, de s’accorder l’éternité. Si on doit rompre ces vœux, il suffirait de se débarrasser de cet objet.
Et Nala, que pouvait-elle bien en penser ? Cette princesse née devait adorer cela – elle est mariée, cela explique cela – tandis que moi, j’avais bien l’impression d’être un enfant capricieux et immature qui refuse de définitivement poser un pied sûr dans le monde des adultes, malgré mon emploi stable.
Que Tara veuille se marier, je peux le comprendre ; c’est une fille – une femme, pardon, et tout ce qu’il y a de plus forte, de plus merveilleuse et de plus majestueuse qui plus est – alors, forcément, elle croit aux promesses des hommes, elle croit à l’éternité au coté d’une seule et même personne, elle croit et pensé sincèrement au futur. Alors que moi, je suis parfaitement ce dont sont capables ces monstres horrible et dédaigneux dont je fais partie, ces hommes sans foi ni loin, malgré tout ce qu’ils peuvent prétendre, tout ce qu’ils peuvent affirmer et ressasser ; je sais que l’on part du principe tordu que toute promesse est faite pour être rompue, que l’éternité n’existe pas tant que l’on est mortels et, combien même, si une femme meilleure vient à nous, on risque de vite oublier toutes nos malheureuses et naïves promesses qui ne seront jamais tenues jusqu’au bout, on vit au jour le jour, on profite du présent, le futur, très peu pour nous, nous les hommes, nous les éternels garçons immatures prétendant avoir acquit une moindre virilité nous permettant de nous prétendre hommes.
Mais avons de parler directement de ma chère – ma très chère – Tara et de son mariage plus profondément, remontons un peu en arrière, là où des sourires étaient encore flanqués sur nos lèvres, là où mon cœur battait irrégulièrement, là où j’étais en pleine allégresse sans même que je ne comprenne réellement la raison pour laquelle je me sentais si bien, si léger, si… Si moi.
 
Claquant ses lèvres sur ma joue, je ne peux m’empêcher de sourire doucement, amusé par cette sorte de remerciement qu’elle me lança. Ainsi donc, elle sortait manger des cerises devant moi sans même m’en donner ? En quoi ça m’aiderait à me sentir mieux, sincèrement ? Je ris doucement en passant ma main dans mes cheveux tandis qu’elle rit en m’avouant être près de la défaillance à chaque fois ; mon cœur battit des records alors que mon sourire se fit plus affectueux, plus tendre. Elle se blottit alors contre moi et je l’enserrer doucement avant de lui rendre sa liberté – certes à contrecœur, mais je me dis que la réaction que je vais tirer d’elle après avoir dis ce que j’avais ne tête vaut largement une légère séparation.
 
« Tu serais horrible de me priver de cerises ma chérie, fais attention, à ma sortie, je me vengerai en croquant… »
 
Je me penche vers elle et, atteignant son oreille, je lui souffle un « tes lèvres » avant de me redresser, ne voulant pour rien au monde rater sa réaction, mon sourire toujours accroché à ma bouche. Et puis, le fait d’avoir murmuré ses mots les rendent plus intimes, plus étranges prononcés de ma bouche car jamais elle ne saura si j’étais sérieux avec la voix que j’ai prise, avec ce souffle irrégulier s’étant abattu sur son cou ; moi-même, je l’avoue, ne saurai jamais si j’étais sérieux ou pas.
Je vais partager une réflexion qui m’a vivement traversé l’esprit : ces lèvres doivent être plus juteuses encore que les meilleures cerises que j’ai eu le loisir de croquer à pleines dents.
 
Me voilà alors qui lui avoue sans la moindre gêne notable que je tire mon expérience la source la plus sure dans le domaine des habits féminins, à savoir, les femmes. Elle semble se renfrogner légèrement lorsque je la qualifie d’adorable, ce que, je le souligne, est d’autant plus adorable.
Quant à ce qu’elle me dit ensuite… J’avoue être totalement hébété, les sourcils haussés, les yeux ronds, un sourire à la fois stupide et perdu sur mes lèvres, clignant des yeux pour ensuite rire joyeusement lorsqu’elle relève mon air d’incompréhension totale.
 
« Fais attention à ne pas trop grossir ma chérie, imagine si tu ne rentres plus dans cette somptueuse robe ? Oh et moi, contrairement à toi, j’adore être adorable ! »
 
Je lui tire la langue tel un parfait gamin avant de lui faire un clin d’œil complice ; elle sait que j’aime être complimenté de cette façon, me sentir aimé – il n’est pas question de compliments quant à mon physique ou à mes performances au lit hein, ce sont des compliments sans nul intérêt dans la bouche de plusieurs, pas plus qu’il n’est question d’amour physique. Quoi que, tous les compliments sont bons à prendre avec ma chérie. Entre autre, je reformule ; elle sait que j’aime être complimenté de cette façon par elle, me sentir aimé par elle.
Le sait-elle ? Au fond, je me le demande, car moi-même viens de me faire cette réflexion.
 
 
Mais à quoi avais-je pensé ? Pourquoi diable avait-il fallu que j’oublie, quelques instants à peine, que Tara peut voir à travers moi, en moi ? En se plongeant dans mes yeux, oui, mais aussi en simplement m’entendre, percevant une intonation d’hypocrisie ou de pur mensonge dans ma voix qu’elle est bien la seule à noter.
Dans mes bras, je suis moi-même bien trop agité pour sentir les tremblements de ma belle. Et pourtant, le fait que je sois tourmenté plus que nécessaire me fait comprendre qu’inconsciemment, j’ai ressenti la déception et l’inquiétude de Tara, ce qui ajoute une bonne couche à mon anxiété actuelle.
Mes mots de félicitations sont creux, vides et revoient l’atroce écho de mon terrible mensonge. Je me rends compte de mon erreur, mais ne tente pas de la corriger ; comment le pourrai-je, moi qui ne me remets pas du choc.
Tara allait m’oublier. Tara allait se marier, se consacrer d’avantage encore à son amoureux et moi… Et moi quoi ? Je retournerai dans les bras de Nala ? Oh non, certainement pas, je l’aime peut-être, mais pas de la façon dont j’aime Tara. Ce n’est pas pour rien, voyons, qu’elle est mon âme. Notez la différence : Nala est mon âme-sœur tandis que Tara est mon âme, ma propre âme, une partie essentielle de moi. Elles ne sont définitivement pas comparables à mes yeux, à mon cœur, à mon être.
Lorsque les lames tranchantes s’écoulent de ma bouche, je n’ai pas besoin de voir ma belle pour deviner sa mine étonnée, déçue, énervée… Et lorsque je me rends compte que j’ai pensé tout haut, que j’ai été assez imprudent – assez stupide – pour oser lui parler sur ce ton et avec ses mots trempés dans le fleuve du Styx, elle baisse sa tête et je ne vois rien d’autre que sa chevelure. Mes poings se serrent d’avantage, j’ai mal, je pense, ne suis pas sûr ; ce que je ressens plus que tout est la douleur de ma chérie et celle-ci m’abat, m’anéanti littéralement. Je serai plus un tantinet plus fragile que mes genoux rencontreraient le sol, que la douleur zébrerait mon corps, transcendante, faisant vibrer mes os, trembler mes membres.
Alors je tente, j’essaye, je ne sais trop comment, je ne sais trop pourquoi tant l’idée est stupide, de me rattraper. Mais combien même, je n’arrive à rien de plus ; et puis, elle m’interrompt de toute façon, ce qui l’empêche de savoir que je suis incapable d’en dire d’avantage. Je m’apprête à esquisser un geste mais son pas en arrière m’en dissuade autant qu’il s’empare, à mains nues, de mon cœur et le serre si fort que je m’en demande si je ne fais pas une crise cardiaque – ce serait, cependant, mon dernier souci.
Mais je mérite ce qui m’arrive. Je mérite de ressentir la douleur de Tara, je mérite d’encaisser son refus clair pour que j’essaye de parler – je comprends d’ailleurs que le silence s’impose de ma part – et mérite encore bien plus. La blesser est la pire chose que j’aurai pu faire, la pire chose que je n’ai jamais faite et la pire chose que je ne pourrai jamais faire. Mon amour pour elle est indéniable, inflexible, elle le sait, je n’en doute pas instant ; mais elle est blessée, atteinte et je ne peux que comprendre sa réaction.
Mais elle alors, ne comprend-t-elle pas mon inquiétude, ma crainte ? Pense-t-elle que je doute d’elle ? Ce n’est pas vraiment ça… Mais j’en ai donné la cire impression. Au fond, j’avais juste peur pour nous, j’avais juste peur que, justement, ce nous ne soit plus, autant de sa faute que de la mienne. Et au fond, c’est bien pire ; ce n’est peut-être pas en elle que j’ai peu confiance mais en nous. Ce nous indissociable, ce nous jusque là… Idyllique.
 
Lorsqu’elle pivote sur ses deux pieds, j’ai un goût amer et répugnant qui envahit ma bouche, qui enveloppe mon cœur, qui me tue à petit feu.
Elle me demande – m’ordonne, malgré ses mots de politesse – de lui retirer sa robe. Je tends la main – tremblante, je ne m’en étonne même pas – et ferme soudainement le poing. La lui retirer ? Cela voudrait définitivement pas dire que je m’oppose à son union.
Et pourtant, de nouveau, je tends les doigts, car je ne veux plus faire de vagues, veux bien lui retirer cette robe – ce blanc qui me donne une envie de vomir, des nausées car si c’est la couleur de la pureté pour beaucoup, elle continue d’exprimer pour moi la perte inévitable de mon âme. Elle interrompt mon geste avec deux mots et je m’immobilise. Je ne dis rien, mi-soulagé, mi-angoissé ; pourquoi me demande-t-elle d’attendre ? Elle appelle une des vendeuses et ma mâchoire se resserre d’avantage encore ; un peu plus et je sentirai mes os craquer.
Je la vois s’éloigner et le temps me parait interminable.
Oh, je n’ai jamais vu Tara dans cet état et pourtant, je me doute bien qu’elle ne va pas me laisser m’en tirer comme ça. Il y a un moyen de me faire un mal fou, de me rendre la monnaie de ma pièce avec un joli pourboire : être indifférente, s’en aller.
Mais elle ne le fera pas. Pas ma Tara, car si notre mer subit des remous, des vagues, je ne doute pas que le calme va revenir. Une tempête, rien que ça. Une tempête qui va passer.
N’est-ce pas ?
J’ai l’impression de ne plus rien savoir, pas plus qui je suis que qui est ma tendre ; et c’est ainsi que tout s’écroule, c’est ainsi que mon âme s’en va loin de moi ? Suite à un évènement censé être heureux, suite à un accès d’impulsivité de ma part ? De la jalousie aussi, je l’avoue.
Ce Jim, je ne l’aime pas. Vraiment pas. Même s’il rend ma Tara joyeuse, je ne l’aime pas.
 
Je la vois revenir mais, là encore, je ne suis sûr de rien. Peut-être que je rêve, peut-être que c’est un mirage.
Peut-être que tout n’est qu’un horrible cauchemar. Peut-être que ma plus grande crainte – celle de blesser mon âme, de la perdre – ne s’est pas réalisée, n’est pas en train de se réaliser.
Mais cela voudrait dire ne pas avoir partagé ces moments d’intime complicité avec elle aujourd’hui et me voilà qui ne sait même plus ce que je veux.
Je penche la tête en la voyant s’approcher, clignant des yeux, ne faisant pas attention au changement brusque – autant son accoutrement que son visage, ce dernier point m’effrayant presque ou totalement, je ne saurai le dire.
Alors voilà, en face de moi, j’attends péniblement de l’entendre, d’entendre ce qu’elle a à me dire. Et ça arrive, rapidement, car c’est Tara qui parle et qu’elle ne perd rien de ses habitudes – si ce n’est qu’elle hausse le ton, mais c’est excusable, largement.
 
Douter de nous. Elle a visé juste, elle a compris quelque chose que je mis du temps à comprendre moi-même.
Mon âme, ce n’est pas qu’un surnom, c’est une réalité intangible, inchangeable, immuable et irréversible – tous les synonymes du monde ne suffiraient pas à vous expliquer à quel point j’y crois, en cet instant précis.
Elle dit être blessée, déçue… Mes poings se resserrent, ma gorge se noue, je déglutis, ne l(interrompt pas, pas même lorsqu’elle parle de mon égoïsme évident – j’aurai dû être heureux pour elle. Oui, j’aurai dû, vraiment dû.
Elle parle vite, mais j’entends et distincte la moindre syllabe, saisit le moindre sens, le moindre sous-entendu. Certains mots me font mal tandis que d’autres m’attendrissent.
Idiot, triple idiot ? Ça, sincèrement, je le mérite et pas qu’un peu.
Et sa voix qui change de tonalité, d’un coup, sa voix qui semble se fracasser contre mon cœur, tel du verre dont les milliers d’éclats me transpercent.
Je le regarde, suis bien incapable de réfléchir, de savoir ce que je devrai – ce que je dois – faire. Alors je ne bouge pas, un peu sous le choc, un peu énervé – contre moi-même, bien sûr.
 
Elle ne sait pas trompée, avait vu, encore une fois, clair en moi. Elle avait compris quelques choses que j’avais du mal à saisir, venait de m’éclaircir. Et ses mots d’amour, son affection, la confiance qu’elle place en moi, l’importance qu’elle m’accorde, le cadeau dont elle me fait part… Pourquoi n’ai-je pas vu  tout cela ? Pourquoi diable n’avais-je rien vu de tout cela, hein ? Je me briser bien quelques phalanges contre un mur, là, tout de suite.
Mais ce n’est pas ce que Tara veut et, au fond, ce n’est pas ce que je veux – ce qu’elle veut, je le veux forcément, même si parfois, nos désirs sont séparés, telles des paraphrases qui renvoient forcément à la même notion.
Elle se rapproche et, de nouveau, je pense rêver. Doucement, lentement, me faisant languir, me faisant espérer autant que désespérer ; elle prend main dans la sienne et sa chaleur humaine – pas celle de sa main, celle de son âme, celle de la mienne – achève de me réveiller, de me ramener près d’elle, de détruire ce qui nous entoure, d’instaurer notre petite bulle et de n’y insérer que nos deux âmes de nouveau entrelacée.
Ses yeux sont clairs comme du cristal, limpides comme de l’eau de roche, clairs et immaculés, telle son âme, telle son être : l’innocente est palpable et je vois ans son regard tout ce qu’il y a à voir. Je vois distinctement à quel point je l’ai blessée, vois aussi qu’elle ne m’en veut pas tant que ça, comprend et saisit ce que je ne saurai retranscrire ici. Ce qui se passe à cet instant entre nous deux restera tel quel ; entre nous deux uniquement. Et puis, de toute façon, je ne saurai mettre de mots sur ce que j’entrevois, sur ce que je vois, sur ce que je contemple avec passion, avec ardeur ; je m’enfonce, toujours plus, dans les abysses de ses pensées et y voit… La lumière.
Doucement, elle reformule alors sa question, me demande si je l’aime d’une voix presque solennelle. Le regard que je lui lance, à cet instant, est aussi limpide que celui qu’elle continue de porter sur moi ; elle peut y voir, jusqu’à ressentir, toute l’importance qu’elle a pour moi, tout l’amour que je lui porte, toute la valeur qu’elle possède, à quel point elle est majestueuse pour moi ; elle peut clairement voir, à cet instant précis, que nulle amante, nul amour chaste tel celui que je porte pour Nala, nul amour passionné comme celui que j’éprouve pour Nala, ne surpassera le sien qui est tout bonnement divin.
Divin.
 
Je serre doucement sa main dans la mienne ; me revoilà détendu – ou presque, car je n’ai pas encore fais ce que je veux faire. Je m’interdis de la prendre dans mes bras avant de dire tout ce que je dois absolument lui faire part et cette interdiction achève de me persuader. Je prends une profonde respiration et, d’une voix calme, posée, sur un ton presque mélodieux et entrainant, je commence à lui dévoiler mes pensées, à y mettre des mots, car elle doit bien les connaitre, toutes mes réflexions, avec le regard que porte sur elle, avec la brusque et douce violente étreinte fiévreuse de nos âmes :
 
« J’ai des apparences d’ange. Et j’en suis un. Un ange déchu. Un ange qui a perdu ses ailes, banni du paradis, chassé, damné. Un ange qui a pêché, un ange qui a flirté avec le Diable, un ange qui s’est perdu et qu’on na su aidé et qui n’a, de toute façon, jamais demandé à ce qu’on l’aide ; trop fier, trop orgueilleux, je vois cela comme de la pitié, pas comme de l’aide. Je détruis des cœurs sans m’en rendre compte, n’en ai souvent que trop rien à faire, mais lorsque je m’en prends à toi… C’est l’hécatombe. Si, jusque là, je me considérais comme un ange déchu – car dans le temps, j’étais meilleur, vraiment, même si me qualifier d’ange serait peut-être un peu trop exagéré – aujourd’hui, en te faisant du mal, je pense entamer une catabase. Enfin non, je pensais jusqu’à entendre tes mots, ma chérie… Tu es ma Lumière, mes ailes, mon Âme, celle qui me remémore le goût du Paradis. Tu n’as pas le droit de douter du fait que ce qu’on a est fort, je suis profondément et sincèrement navré – des mots dérisoires, je ne trouve pas plus fort, excuse-moi. Personne, je dis bien personne, n’a plus le droit d’être heureux que toi. J’aimerai que tu comprennes… Je ne connais pas ce Jim, je me méfie, suis… »
 
Et je me tais.
Je ne peux me résoudre à lui dire que je suis jaloux. Et pourtant, je ferme les yeux puis les rouvre et prononce ce mot qui me met mal à l’aise.
Jaloux de quoi ? Du temps qu’il passe avec Tara ? De l’amour qu’elle lui porte ? Non… Alors de quoi ?
 
Je la prends dans mes bras, tout aussi brusquement que la première fois, mais avec, cette fois-ci, une douleur, tendresse et délicatesse innées. Je ne la garde pas trop longtemps, car je n’ai pas fini. En l’éloignant à peine, je me penche vers elle, colle sont front au mien et lui sourit.
 
« Tara, je t’aime plus que tout au monde, je t’aime d’un amour à la fois doux et brutal, réel mais qui me fait parfois penser qu’il n’est que chimère tant il est fort. Pas trop de poésie, mais un peu quand même, car je t’aime d’un amour d’une simplicité complexe. »
 
Je ne sais pas trop ce qu’il me prend, à cet instant, mais lorsque je veux lui embrasser la joue, je suis tenté de
Je m'abstiens, colle doucement mes lèvres à sa joue.
Je me redresse et, de nouveau, lui sourit de ce sourire sincère et joyeux qui disparut trop longtemps à mon goût.
Oui Tara, je veux être ton témoin. Et oui, mon âme, je t’aime.
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MessageSujet: Re: ஜ A wedding is such a girl thing ஜ ஜ A wedding is such a girl thing ஜ EmptySam 23 Nov - 16:14


Aiden ♔ Tara

« Tous les Anges sont terribles »

Rainer Maria Rilke  


Oubliez les cornes, les pieds fourchus, le visage rougi par les flammes, les yeux brillants comme les ailes des corbeaux, le rire démentiel et assourdissant, oubliez le creux béant et ensanglanté qui ouvre les portes infernales sur une absence de cœur, oubliez, enfin, tous vos préjugés quant à Lucifer. C’est à tort et par pure cruauté que ce pauvre hère a été rebaptisé Satan. Le Diable ne vit pas dans une tanière au fond des abysses et ne s’est pas construit un trône avec des crânes d’enfants. C’est chose terrible que ce bel éphèbe en soit réduit à se terrer dans l’ombre et à haïr son propre reflet. Lucifer était son véritable nom. Que signifie-t-il ? « Celui qui porte la Lumière ». Pourquoi ce nom ? Parce que Lucifer était jadis un ange. Il était grand, immense, et ses petits frères lui enviaient l’ampleur de ses ailes et la vitesse impressionnante à laquelle il pouvait voyager. Le feu céleste lui avait été confié pour qu’il le protège, car il était l’aîné et qu’il était digne de cette tâche sacrée. Pouvez-vous avoir l’esprit assez ouvert pour croire qu’il avait l’air d’un jeune homme à peine sorti de l’adolescence qui se serait subitement découvert un corps de héros ? Sa bouche avait la forme et la couleur d’une cerise, son nez droit et fin lui donnait quelque chose d’altier, mais ses yeux étaient étoilés de tendresse et plus transparents que l’eau glacée qui coule des montagnes. Quant à son front, l’aurore semblait constamment s’y lever et, à chacun de ses sourires, un arc-en-ciel s’allumait dans le cœur de tous les humains. Ces derniers l’intéressaient beaucoup. Il nourrissait à leur égard une curiosité enfantine en même temps qu’un besoin fraternel de les protéger. Les hommes, à cette époque, n’étaient pas très dotés, et luttaient à grand peine contre des bêtes féroces. Peut-être s’éprit-il d’une humaine, qui fut terrorisée un beau matin par un serpent qui la menaçait de ses crocs acérés. La femme était pure et sans défense. Lucifer, foudroyé de pitié pour elle, descendit de ses nuées pour lui parler à l’oreille. Il lui dit que, pour se défendre de la bête, elle pouvait goûter un certain fruit. La demoiselle s’en défendit, car on lui avait dit que l’arbre était dangereux et ses fruits empoisonnés. Lucifer, qui voyait le serpent venimeux approcher, lui promit et la persuada que c’était sans danger. Il avait lui-même mis dans le fruit défendu, un peu de cette Lumière surnaturelle qu’il avait exceptionnellement descendue des cieux pour sauver la belle. La dame croqua et fut sauvée, mais le Créateur, ivre de rage, chercha quel coupable châtier. Tout condamnait Lucifer, qui en vain, pour être épargné, supplia son Père. Il pleura devant la sourde oreille parentale, on lui trancha les ailes et la chute fut brutale. Ce pauvre enfant mutilé erre dorénavant sans avoir nul endroit où aller, et quelque fois l’agonie le rend méchant envers ces hommes qui l’ont assassiné, lui qui était innocent.
« Tu serais horrible de me priver de cerises ma chérie, fais attention, à ma sortie, je me vengerai en croquant… »
Tara, sagement juchée sur les genoux de son très cher, ouvrit de grands yeux en attendant la suite. Elle sourit, amusée, et essaya de deviner ce qu’il pourrait bien avoir envie de lui croquer, tandis qu’il se penchait vers elle. Elle hésitait entre le bout du nez et le cou quand deux mots tombèrent au creux de son oreille : « tes lèvres ». Aussitôt, elle y porta sa main, étonnée, comme dans un mouvement pour les cacher, mais, quand ses doigts rencontrèrent ses lèvres, elle se demanda curieusement ce qu’un baiser d’Aiden pourrait bien y faire, et quel goût il leur donnerait. Elle laissa retomber sa main mais elle avait l’impression de sentir encore le contact de ses doigts sur sa propre bouche, ou peut-être même était-ce l’empreinte invisible du baiser imaginaire d’Aiden. Autre chose : peut-être qu’il voulait vraiment (littéralement) les croquer, qu’il ne s’agissait pas d’un baiser ? Est-ce qu’il avait le droit ? Est-ce qu’il avait envie ? Tara affichait une mine désordonnée et perplexe, en proie à de grands questionnements intérieurs.  Elle savait qu’il n’y avait jamais eu que Jim qui l’ait touchée ici, elle n’avait jamais vu ses collègues, au magasin, s’embrasser de cette manière pour se dire bonjour, ainsi en avait-elle conclu que c’était une caresse d’amour. Eh ! Elle aimait Aiden ! Alors pourquoi pas ? Est-ce que quelque chose de si doux pouvait être mal ? Elle observa son ami d’un air interrogateur, tout en essayant de se souvenir du son de sa voix. Il avait seulement murmuré, mais elle avait entendu son sourire dans sa voix, pouvant la laisser supposer qu’il la taquinait seulement. Il la provoquait régulièrement de cette manière, liant souvent le geste à la parole quand il l’avait menacée de la chatouiller ou de la dévorer de bisous, mais jusqu’alors il ne s’était jamais attaqué à ses lèvres. Et, avant qu’il se redresse et la fixe de ses beaux yeux amusés et brillants, elle avait senti la chaleur de son souffle sur son cou et perçu des accents de sensualité bien cachés sous le ton du secret. Comme il l’observait et qu’elle n’avait encore rien répondu, elle décida de lui faire part de ses pensées, avec cette sincérité désarmante qui lui donnait des airs d’enfant.
« Je voudrais bien mais je me demande si ce n’est pas défendu », répondit-elle en chuchotant, un peu gênée sans savoir pourquoi, et un peu amusée, au fond, comme le sourire d’Aiden se communiquait à elle si facilement.
Défendu par qui, par quoi ? Pourquoi, surtout ? Elle était toujours très câline et elle aimait les baisers, et elle n’imaginait qu’à grand peine que ce qui fait plaisir puisse être interdit, mais elle avait un… une sorte de pressentiment, qui naissait en partie de l’air de mystère d’Aiden et en même temps de ce qu’elle imaginait que Jim ferait s’il voyait le jeune homme en train d’embrasser sa fiancée. A bien y réfléchir, Tara n’avait jamais connu que deux états diamétralement opposés : elle avait eu, en tant que polymorphe, le statut d’animal de compagnie, et, en tant qu’humaine, celui d’amoureuse. Si ceci était si différent de cela, pourquoi est-ce que la seule culpabilité qu’elle ait jamais éprouvée, dans un cas comme dans l’autre, concernait la question de fidélité ? Voilà un fait : Jim avait toujours voulu être libre et avait revendiqué à chaque instant de sa vie cette qualité d’émancipation qu’il avait, et, Tara, elle… Heu… N’en sait rien du tout. Est-ce que c’est le propre de l‘homme d’être libre et celui de la femme d’être fidèle ? La demoiselle fronça les sourcils, en pensant que la vie des humains est horriblement compliquée et que ce serait bien qu’il y ait quelque part des lois bien claires, bien définies, comme gravées dans la roche, auxquelles elle n’aurait qu’à se tenir sans réfléchir pour être sûre de faire ce qui est bien. Cependant, elle fit mine de chasser toutes ces questions de son esprit et inclina la tête lorsque son compagnon lui fit remarquer que trop de chocolat l’empêcherait de rentrer dans cette robe.
« Oh et moi, contrairement à toi, j’adore être adorable ! », ajouta-t-il.
« Je le sais, répliqua-t-elle en lui faisant un bisou esquimau avant de se redresser, tout sourire, après qu’il lui avait tiré la langue (et, oui, cela le rendait adorable). Pour ton information, le chocolat c’est ce qui me donne envie de m’amuser tout le temps, alors je crois que c’est lui qui me rend mignonne, beaucoup plus que la robe ne pourrait le faire. Oh, tu imagines comme ce serait bien d’avoir une robe de mariée en chocolat ? Après la cérémonie j’en donnerais des morceaux aux invités, comme cela tout le monde serait content ! »
Elle tourna rapidement la tête vers les vendeuses et trouva toute seule la réponse à la question qui lui était venue à l’esprit : non, étant donné la tête que font ces dames, elles ne doivent pas vendre ici de robes en chocolat.

Il lui était arrivé quelque fois de se disputer avec Jim. Un jour, elle était même partie en claquant la porte, trainant sa valise derrière elle pour aller se réfugier auprès de Meeko et Yoëv, qui l’avaient consolée en lui faisant manger des cupcakes faits maison toute la nuit. Elle avait plutôt l’habitude, quand elle était blessée, de dire tout ce qui pouvait lui passer par la tête, quitte à devoir longuement demander pardon par la suite. Elle s’attendait réellement à ce qu’Aiden se mette à crier à son tour, quand elle glissa timidement sa main dans la sienne, et se préparait déjà intérieurement à le voir s’éloigner d’elle et être fâché. Rien de tel n’arriva. Elle sentit les doigts du jeune homme se resserrer doucement entre les siens, et son visage avait l’air presque apaisé, ses yeux l’observaient silencieusement, avec seulement une lueur d’affection pour les éclairer, pas de colère. En même temps elle sentit quelque chose en elle (en eux) se soulever et le comprendre déjà, c’était à en avoir le souffle coupé, à ne plus savoir distinguer l’autre de soi, à prendre son meilleur ami pour un reflet de soi-même.
« J’ai des apparences d’ange. Et j’en suis un. Un ange déchu. »
Cette entrée en matière laissa Tara muette et captivée, l’inflexion de la voix d’Aiden était tranquille et évidente, mais étrange aussi, au sens qu’elle devait venir d’ailleurs. Elle l’écoutait très fort, alors qu’il parlait si bas, alors qu’il lui rappelait une histoire qu’elle ne connaissait pas mais qu’elle était sûre d’avoir vécue, celle d’une chute, d’une perte de repère et d’un oubli de soi, à ne plus s’en reconnaître. Elle demeurait proche de lui, à scruter ces yeux bruns et pourtant transparents… Comme l’eau glacée qui coule des montagnes. Il lui parla de lumière et de Paradis, mais déjà elle sentait qu’elle pouvait réciter cette histoire par cœur, car elle le comprenait parfaitement. Attendrie et pleine de compassion, elle voulut répondre pour lui dire que, la lumière, il la porte en lui, et qu’elle la voit, qu’elle brille de mille feux, et qu’il lui faut juste prendre un peu confiance en lui pour la trouver… Aiden n’avait pas fini, cependant, et la fin suspendue de son discours tint la jeune femme en haleine, une légère ombre passant sur son front.
« J’aimerais que tu comprennes… Je ne connais pas ce Jim, je me méfie, suis… »
Pitié, mon ange, ne le dis pas ! Aiden ferma les yeux, Tara était soudain dans un état de crispation désagréable, comme elle espérait qu’il passerait tout cela sous silence. « Jaloux ». Le mot presque inaudible fit du bruit tout autour, la voix légèrement rauque et mélancolique du jeune homme lui conférait une musicalité d’irréversible. Tara resta interdite. Il la prit dans ses bras, elle demeurait comme foudroyée, incapable de répondre à son étreinte ni de s’y soustraire. Il lui dit ensuite les plus jolies choses du monde, sur un timbre enchanté qui reprenait du courage et retrouvait le sourire, mais Tara était assourdie. Il lui disait qu’il l’aimait. Elle aurait pu décortiquer ce bel oxymore et se demander ce qu'"aimer d'une simplicité complexe" pouvait impliquer, mais elle n'en avait pas besoin. Elle ne l'aurait pas dit comme cela mais c'est ainsi qu'elle se sentait. Il lui disait qu'il l'aimait. Elle n’en avait jamais vraiment douté, mais elle n’aurait pas imaginé que le fait de l’entendre le lui dire clairement la toucherait autant. La tenterait autant.

De nouveau, il se pencha vers elle, la gardant toujours enlacée, et Tara devait avoir facilement trente ou quarante de tension tant son cœur battait vite. Elle s’accrocha faiblement à lui de peur de tomber, en proie à une panique inconcevable à l’idée qu’il… soit sorti de prison… Elle ferma les yeux, pas assez courageuse pour vouloir voir, et sentit sur ses lèvres un retour de sa propre respiration désordonnée, comme Aiden était tout près et sa peau et son odeur et… Il l’embrassa tendrement sur la joue. Tara rouvrit les yeux et expira. Elle considéra qu’il l’avait épargnée comme le font les anges et qu’elle avait de la chance. Cette vague conviction ne la fit pas sauter de joie mais elle essaya de se persuader que c’était bien qu’il ne l’ait pas embrassée sur les lèvres (que c’était le Bien, même). Elle devait être plus forte que cela. La peau délicate de sa gorge commençait à la brûler, là, juste à l’endroit où Jim avait écrit sa promesse, en lettres de feu. Allez, réveille-toi !
« Aiden… »
Oh, sa voix était si petite et si fragile qu’elle ne la reconnaissait pas. Secoue-toi ! Vite ! Avant que cette minute d’inattention se prolonge. Elle se redressa et s’écarta un peu du jeune homme.
« Ce n’est pas ‘‘ce Jim’’, commença-t-elle sérieusement en le regardant dans les yeux. C’est mon Jim. Je ne te demande pas de devenir son meilleur ami mais je voudrais que tu comprennes que tu n’as pas le droit d’en être jaloux. Je suis tombée, moi aussi. Je suis restée seule dans un monde étranger pendant des mois, et c’était dangereux. Un jour, il m’a retrouvée, et il a pris soin de moi. Je serais certainement morte, s’il n’avait pas été là. Alors, oui, il m’a aussi fait un peu de mal, mais il m’a fait une promesse. Je suis la personne pour laquelle il a décidé de changer. Tu sais, c’est facile de bien m’aimer maintenant, mais lui, il m’a aimée même quand j’étais cassée, même quand j’avais peur de mon ombre. Il m’a supportée parce qu’il a pensé que j’en valais la peine, au moment où moi-même je n’en étais pas sûre. Il m’a promis que j’allais être la seule désormais, et il m’a promis qu’il ne m’abandonnerait plus jamais. Est-ce que ce n’est pas la plus grande preuve d’amour, qu’un homme choisisse de devenir meilleur pour une femme ? Qu’il décide que plus jamais il n’y en aura aucune autre ? Je crois que les hommes peuvent changer, s’ils le veulent vraiment. N’est-ce pas ?... »
En même temps qu’elle voulait qu’il acquiesce, elle entendait déjà qu’il n’était certainement pas d’accord, ou qu’au moins il risquait d’émettre des doutes. Elle ne savait même pas si elle-même y croyait. Elle avait du mal à croire en des présupposés nébuleux et abstraits, mais elle pouvait croire en Jim, et cela voulait tout dire. Surtout, elle ne voulait pas entendre Aiden protester.
« Si tu ne peux pas être d’accord, souffla-t-elle en baissant la tête, au moins ne réponds pas. Je n’ai aucune notion du Bien et du Mal, Aiden, car je ne suis pas née humaine, mais j’ai compris que les Hommes vivent de frustrations, et que des règles régissent leur bonheur. Je veux être heureuse comme une humaine, tu m’as promis que j’en ai le droit. Tu n’es pas quelqu’un de mauvais, tu es même tellement merveilleux que tu crois que je le suis aussi, tellement bon que tu crois que je peux te sauver. C’est moi qui aies besoin que tu me sauves, que tu m’empêches d’être cruelle, car je pourrais l’être sans y faire attention. Si j’ai l’impression que tu me désapprouves, je risque de douter de mon bonheur. Je ne veux pas être tiraillée entre deux personnes qui me sont vitales. Ce que je vais te demander à présent est complètement injuste, et je te supplie de me pardonner, mais j’en ai besoin, je crois… »
Elle avait la terrible sensation d’être en train de renoncer à une partie d’elle-même, de s’amputer délibérément d’un morceau de son cœur pour empêcher tout le reste de l’organe d’arrêter de battre. Elle était si joyeuse, ce matin, à l’idée de retrouver Aiden et de lui demander d’être son témoin… Comment en étaient-ils arrivés là ? Par quel sortilège affreux avait-elle désormais l’impression de lui dire au revoir ? Non, non, l’abandonner reviendrait à une noyade volontaire. Et pourtant… Faire du mal à Jim, ce serait comme s’immoler soi-même. Des nuées fuligineuses s’abattaient sur son esprit et un brouillard liquide voilait son regard, au moment où elle commença à parler avec la conviction et le libre-arbitre d’un automate mécanique.
« Dis-moi que tu es heureux pour moi. Dis-moi que tu comprends mon choix. Dis-moi que tu m’es interdit, et que je t’indiffère. Dis-moi que tu essaieras d’apprécier Jim. Dis-moi que tu n’as pas peur, et promets encore qu’on est plus forts que ça. Dis-moi des mensonges, jusqu’à ce que tu y crois. »
Tara sentait qu’elle était au bord de la rupture. De la rupture avec elle-même. Elle contourna Aiden et vacilla jusqu’au fauteuil. Elle crut entendre tous ses os grincer lamentablement lorsqu’elle essaya de s’y assoir le plus lentement du monde, pour ne pas donner l’impression qu’elle s’effondrait. Elle regarda devant elle, entre le sol et le rideau de la cabine d’essayage, sans rien voir. Très faiblement, elle se demanda si Lucifer avait retrouvé la femme pour qui il était tombé, après son bannissement. Elle se demanda si la femme, le voyant sur l’autre rive, avait été assez forte pour détourner le regard et jurer qu’elle ne le reconnaissait pas. Si elle avait pu le voir, et jurer qu’elle avait perdu la foi.


fiche par century sex (en quelque sorte...).

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MessageSujet: Re: ஜ A wedding is such a girl thing ஜ ஜ A wedding is such a girl thing ஜ EmptySam 23 Nov - 19:09


Anger is never without a reason, but seldom with a good one.

 
And unfortunately, jealousy is not one of those good reasons of anger.
 
Dans la ville d’où je viens, dans ce pays dont je peine jusqu’à me remémorer le nom ainsi que dans ce monde féerique qui regorge de magique et de féerie, tout finit toujours bien, même après quelques complications. L’homme retrouve toujours sa belle et tous deux s’épanouissent ensemble. Il y a de petits changements, ci et là, mais jamais quelque chose de bien important, de fondamental. Tout suit son cours, la rivière n’est jamais troublée par un souffle de vent qui arrive inopinément. Si le soleil se lève sur la ville, alors il éclaire les cœurs, ouvre les esprits, y fait fleurir bien d’agréables pensées, faisant germer des idées d’un présent meilleur, d’un futur envisageable. Je n’étais, dans ce monde, qu’un vulgaire objet, qu’un simple tapis doté de pouvoirs qui me permettaient de voler ; peut-être n’avais-je pas le droit d’aimer et de haïr, mais j’étais libre. Je me suis laissé charmer par Jasmine, cette femme qui n’avait d’yeux que pour mon cher ami Aladin. Mais malgré cela, malgré tout, j’étais heureux. Tel un ange au Paradis.
Arriva le moment de ma chute, de ma déchéance.
Je ne sais par quelle fourberie, je me suis retrouvé coincé dans le corps d’un humain, basculé dans un monde parallèle, comme me réveillant d’un profond rêve pour enfin faire face à la véritable vie, à l’Enfer, je le pense encore. Je découvre le plaisir de ressentir les choses, d’éprouver de véritables sentiments, de sentir des frissons me parcourir lorsqu’une main féminine se pose sur moi, me sentant libéré lorsqu’un tendre regard croise le mien. Je suis aujourd’hui ni plus ni moins qu’un ange déchu, un rebus du Paradis ; je ne connais pas même mon erreur, pas même la raison de mon bannissement. Je sais ne pas être le seul, mais cela ne m’empêche pas de me dire que c’est injuste, que c’est horrible, odieux, sadique. Je découvre les eus et coutumes de ce monde, parfois à mon propre détriment, parfois avec le plus grand des plaisirs.
J’ai cherché des repères, me suis accroché à des croyances que je pensais juste, ait parcouru maintes pages de livres anciens, en suis arrivé à la conclusion que depuis des millénaires, soit depuis aussi longtemps que ce monde existe, voire plus tôt encore, tout marche, tout fonctionne selon une règle érigée, grave profondément dans de la roche : le Changement.
Tout change. Tout bascule. Tout le temps, sans cesse, ne prenant nul répit, ne n’en laissant pas plus à ses victimes.
Azazel, communément connu sous le nom de Satan, est un être de Lumière, de transparence et de clarté et vint cet instant où il commit une erreur selon le point de vue du Tout Puissant ; il fut jugé coupable, condamné, banni. Plus on est hauts, plus la chute est brutale ; plus nos ailes sont imposantes, plus leur perte est un manque que l’on ne peut combler. L’allégorie de la Bonté devint celle du Mal ; si pareil changement a pu s’opérer, alors tout – réellement tout peut se produire.
 
Je suis perdu, dans un monde qui n’est pas mien, avec des règles auxquelles je n’ai pas pour habitude d’obéir et malgré les années passées ici, malgré mon air si naturel, mon allure si humaine, je ne suis pas normal, ne suis pas comme tous ceux qui m’entourent.
Instable, debout – ou croyant l’être – sur une terre ferme, peut-être qui tremble, je ne sais même pas, je porte sur le monde un regard incompris, tourmenté, à la limite haineux. Et Tara fait irruption dans ma vie, semble aussi étrangère à ce monde que moi, si pleine de vie, palpant l’innocence, mais semblant abriter un vide, un trou béant. Il lui manque quelque chose, je ne le vois pas, le ressens, car je suis elle et elle est moi, car je ressens aussi ce manque et que je ne sais comment le combler.
Je l’aime, l’ai aimé depuis le premier regard, ne cesserait de l’aimer malgré tout ce qu’elle pourrait me dire, malgré tout ce qu’elle pourrait me faire. Jamais je ne me détournerai d’elle ; et si je peux m’éloigner d’elle pour qu’elle se sente moins oppressée, plus libre, je le ferai, mais ne cesserai de l’aimer, souffrirai seulement en surplus. Je serai près à me baigner dans le Styx et à ne pas laisser la Faucheuse prendre mon âme, à souffrir éternellement, à ne jamais geindre ; je serai prêt à retrouver mes ailes et à accepter qu’on m’en retire les plumes, une par une, avant de me les arracher brutalement en me jetant du septième ciel. J’accepterai, ne me rebellerai pas, ne dirai rien, ne demanderai rien en retour.
Pour toi, Tara. Pour toi, juste pour toi.
Et combien même elle est incapable de voir l’amour que je lui porte, je n’en demeure pas plus fou d’elle. Lorsque des mots interdits franchissent ma bouche, lorsque je lui murmure deux simples mots, la menaçant de croquer ses lèvres, je sais que je commets une erreur. L’empreinte brûlante des lèvres de Tara semble figer ma boucher sans qu’elle n’ait pourtant bougé, sans qu’elle n’ait dit quoi que ce soit. J’aimerai, moi aussi, effleurer du bout de mon index mes lèvres et je ne doute pas du fait que je noterai une chaleur – une brûlure – insoutenable. Mon cœur se serre avant d’entamer une course effrénée et je suis incapable d’émettre la moindre pensée logique ; pourquoi lui ai-je dis cela ? Pourquoi dois-je lui faire partager ma souffrance alors que j’aurai pu tout encaisser seul ?
Un goût amer de culpabilité envahit ma bouche, fait imperceptiblement trembler mon corps.
Je n’aurai pas dû partager avec elle cette soudaine envie qui me prend, qui saisit mon âme et qui l’étreint avec tant de force que je me suis senti obligé de la transmettre à la véritable et seule représentante ma dite âme ; j’aimerai pouvoir capturer sa lèvre inférieure entre les miennes juste après l’avoir caressée de mon index, l’avoir caressée de mes lèvres ; j’aimerai que mes dents se referment sur ses lèvres pour ensuite l’attirer à moi dans une étreinte passionnée et pouvoir prendre pleinement possession des lèvres – non, de la bouche – de Tara.
Ma respiration s’accélère, elle a bien dû le remarquer tout comme elle a dû noter que mon souffle est plus brutal, plus sensuel aussi ; je ne sais pas trop ce qui me prend, mais je n’ai jamais ressenti pareil besoin d’avoir une femme entre mes bras, d’étreinte son âme, de la fondre dans la mienne, de l’embrasser, de… De l’aimer. Il y a Nala, je ne l’oublie pas, mais l’amour que je lui porte n’est pas le même que celui que je nourris à l’égard de Tara. Et, à vrai dire, même celui que j’éprouve mon cette adorable et enjouée blonde est en étant de changement, est muable, en voie du grand Changement qui dirige ce monde.
Lorsqu’elle me répond, dans un murmure, je ne sais quoi lui dire, je ne sais quoi penser. Je vois, de nouveau, la naïveté s’évaporer d’elle. Elle en a envie ? Autant envie que moi ? Un sourire étire mes lèvres alors que je hausse les sourcils, incapable de répondre à cette question. Pourquoi serait-ce défendu, après tout ? Au nom de l’Amour, simplement. Même dans mon ancien monde, la femme n’embrassait qu’un seul homme et l’homme n’embrassait qu’une seule femme ; tout était simple, écrit, ne restait plus qu’à le vivre alors qu’ici, il faut écrire les lignes de son histoire en puisant l’encre de notre sueur, de nos larmes.
 
« Ça l’est. C’est défendu, Tara, mais… Ce serait peut-être un mal pour un bien. »
 
Je déglutis, soupire, ferme les yeux, balaye cette pensée de mon esprit ; l’idée de savoir Nala en embrasser un autre ne m’indiffère pas, mais l’idée de savoir Tara embrasser ce Jim me met dans un état tel que je pourrai en avoir des spasmes d’irritation, d’inflexibilité.
Pourquoi avais-je tant de mal à me faire à l’idée que plus rien ne serait jamais pareil, que la facilité n’existe pas, dans ce fichu monde ? Pourquoi ai-je tant de mal à m’adapter et pourquoi, pourquoi est-ce que personne ne semble voir mon profond mal-être ? Je le cache sous mon air séducteur, sous un certain charisme, sous de l’indifférence, des sourires et des moqueries, mais pourtant, j’aimerai que quelqu’un entrevoie mon profond trouble. Je suis étrange, à cacher la vérité mais à espérer que quelqu’un la voie ; à jouer les durs mais à attendre qu’on me tende la main.
Trop faible, trop lâche, je ne peux me résigner, cependant, à laisser quelqu’un entrer dans ma vie, à laisser quelqu’un visiter mon cœur.
 
Nous parlons ensuite d’autre chose, en l’occurrence de chocolat qui risque de faire grossir Tara et du fait que j’adore être adorable. Ce à quoi elle me répond en frottant doucement son nez contre le mien, ce qui me fait rire doucement. En revanche, lorsqu’elle ma parle de robe en chocolat, je m’effondre littéralement en glissant une main sur ma nuque, un regard carrément désespéré, comme pour lui signifier qu’elle est tout bonnement irrécupérable.
 
« Et tu finiras en sous-vêtements ? Hum, intéressant… »
 
Je plisse les yeux, lui fait un clin d’œil rit joyeusement ensuite pour lui dire que je rigole.
Et pour le coup, je rigole vraiment, nul doute à y avoir là-dessus ; ce n’est pas parce que je désire ses lèvres sur je vais me mettre à fantasmer sur son corps.
Unique. Je pense que ça reste le mot le plus juste pour la qualifier. Ma Tara est tout bonnement Unique.
 
 
On dit que lorsqu’on se dispute, on extériorise et on se sent mieux après. Et pourtant, plus ça va avec Tara, moins ça va, plus je me sens stupide, plus je culpabilise, plus ma sérénité laisse place à de la colère évidente.
Je suis loin d’avoir dis tout ce que j’ai sur le cœur, j’ai pourtant fais de nettes concessions pour sourire, pour essayer de lui transmettre ce même sourire. Mais elle reste de marbre et je ne sais plus comment je dois réagir, ne sais pas pourquoi elle semble si troublée, si absente. Je ne doute pas un instant du fait qu’elle ait compris chacun des mots que je lui ai dis ; elle semble absorber mes syllabes, saisir les sens de mes mots à la volée. Et pourtant, je doute clairement du fait qu’elle soit d’accord avec moi.
Ici, on ne vit pas d’amour et d’eau, ici, il faut nettement plus. Alors, bien sûr, l’amour réciproque que l’on éprouve, Tara et moi, est loin d’être suffisant. Où avais-je la tête ? Comment ai-je pu penser que la tornade passerait si vite ? Oh non, il faut inévitablement qu’elle soit violente, qu’elle fasse des ravages, qu’elle ne laisse pas nos cœurs ainsi que nos âmes insensibles à cela.
J’avoue être jaloux. Jaloux de Jim. Jaloux du fait que ce soit si simple entre Tara et lui. Peut-être – surement – y a-t-il eu des obstacles qui se sont dressés sur leur chemin, mais aujourd’hui, tout semble aller pour le mieux alors oui, je suis jaloux ; parce que si tout entre elle et moi a été bien et calme jusque là, aujourd’hui, tout se complique et plus rien ne semble aller comme je l’espère, comme on l’espère. Je suis jaloux de l’amour qu’elle lui porte, aussi, car il est clair, net, limpide et merveilleux ; notre amour semble assombri, maintenant, et si j’étais seul, je me serai d’ores et déjà effondré. Mais je n’ai pas le droit de témoigner de la moindre once de faiblesse car je ne suis certainement pas celui qui a le plus besoin de soutient de nous deux.
Cette révélation, cette jalousie que je dévoile, m’assaille, me submerge, m’embrouille, me trouble, me fait agoniser ; Tara semble bouleversée et, de nouveau, un goût à la fois âcre et amer reste collé à mon palet, un gout métallique, un gout désagréable, un goût de culpabilité.
Lorsque je la prends dans mes bras, elle ne réagit pas et, une fois encore, je ne sais comment le prendre. Mon sourire se fige sur mes lèvres et je me sens apte à démolir le mur des Lamentations.
Je semble dès lors absent, ailleurs. De nouveau, mon regard passe à travers Tara et je ne semble plus la voir. Je vois par-delà sa frêle carrure, entrevois la suite de cette conversation, semble déjà savoir tout ce qui découlera de sa bouche et qui ne ratera pas d’atteindre brutalement mon cœur. Aussitôt elle prononce mon prénom, de cette voix tremblante, brisée, un peu rauque, je ne sais pas trop, que je sens la sentence tomber. J’aimerai juste fermer les yeux, encaisser, rouvrir les yeux et sourire.
Mais je ne peux pas, ne peux plus. Je ne peux pas faire tous les efforts tout seul et ne saurai, cette fois-ci, garder mon calme. Elle me reprend sur l’emploi de « ce » devant Jim et je porte sur elle un regard glacial, distant, tranchant telle une lame acérée.
Comment ne pas être jaloux, au juste ?
Un monde étranger ? Elle aussi, elle doit venir de mon monde, de ce monde où tout emble facile. Je fronce les sourcils, à peine troublé, car au fond de moi, je devais le savoir depuis bien longtemps déjà ; elle n’est pas de ma ville toute de sable et de mirages faite, alors cela revient au même, je ne la connais pas.
C’est facile de bien l’aimer maintenant ? Cette fois, mon regard se teint d’amusement… Oh non, plutôt d’un sombre cynisme. En quoi l’est-ce ? Elle est semblable à une boule d’énergie, toute guillerette, assez naïve, trop innocente, qui se vexe plutôt aisément aussi, qui réussît à me mettre dans un état pareil que je sais – je le sais parfaitement – que je pourrai lui faire du mal. Elle me pousse à bout, est… Est mon unique faiblesse. Et pourquoi, je l’aime. J’aime la seule e tunique personne qui peut m’asservir, qui peut faire de moi un être des plus faibles. En quoi est-ce facile, d’aimer ce qui nous rend vulnérable, d’aimer ce qui aide les autres à nous atteindre ? Pense-t-elle que… Pense-t-elle que je ne l’aurai pas aimé, cassée, brisée, au bord de la mort ? Je serre les poings alors que mes muscles se tendent. J’ai du mal à l’admettre, mais elle vient de dire les mots de trop, de sous-entendre quelque chose que je ne peux laisser passer et là, je lui en veux ; c’est palpable dans mon regard expressif, brillant d’une lueur mauvaise.
Lorsque l’ange déchu, attendri par sa lumière, voit celle-ci lui échapper, il revient la bête d’antan, se laisse submerger par le Mal, laisse Azazel lui murmurer toutes les insanités possibles au creux de l’oreille. Azazel qui se venge des humains, des anges, de Dieu, de tout le monde, au fond.
Un homme ne choisit pas de devenir meilleur pour une femme. Un homme qui veut changer le fait dans le plus silencieux des secrets, n’en fait part à personne et s’interdit l’échec. Si un homme laisse apparaitre son but de changement, c’est qu’au fond, soit il leurre la femme, soit il se leurre-lui-même en entrainant sa bien-aimée avec lui.
Tara, lorsqu’on aime, on ne change pas l’homme, on ne l’incite pas à changer, on l’aime tel qu’il est et on perçoit en lui la perfection.
Naïve, tellement naïve de penser qu’un monstre peut se repentir. Elle me demande si elle a raison et je ne réponds rien, continue de la fixer de ce regard vitreux, vide, indifférent ; et pourtant, en moi nait un tourbillon sans pareil, de folie, d’énervement, de culpabilité, de jalousie et, plus que tout, je l’avoue, de jalousie.
 
Elle baisse la tête, échappe à mon regard qui n’en devient pas plus humain, reste distant, voilé. Dans son amas de paroles, je note qu’elle dit que je suis merveilleux ou je ne sais quoi. Je ne l’entends pas, n’écoute que les mots les plus blessants, les plus douloureux.
Mais comment rester insensible à ma chérie ? Même si mon regard n’exprime nulle compréhension, nulle compassion, mon cœur semble encore battre à l’unisson du sien et je reste accroché à ses lèvres ; de quoi s’excuse-t-elle, que me réserve-t-elle et, surtout, à quel point ses mots vont-ils me faire mal ?
Je pense distinguer, à un instant, des larmes dans ses yeux, mais je ne sais pas même si ce sont ses larmes ou les miennes, ne peut distinguer son corps du mien, son être du mien, son âme de la mienne. Alors je ne dis rien, attends et, comme toujours, subis.
Elle me demande de lui dire bien trop de choses que je ne pense pas, me demande de lui mentir et d’y croire, mais si je suis près à lui mentir pour qu’elle aille mieux, elle doit bien savoir que jamais ô grand jamais je n’y croirai. Elle me contourne et je reste immobile, un sourire désolé étirant mes lèvres. Je cligne des yeux et observe les vendeuses parler entre elles, me demande ce qu’elles peuvent bien penser de tout cela alors que moi-même suis perdu.
Je respire et me tourne lentement, avançant vers Tara avant de m’accroupir près d’elle, l’incitant à me regard. En temps normal, je lui aurai pris le menton entre mes doigts, mais je n’ai pas même envie de la toucher, de toucher cet objet de tentation. Je pense que la toucher serait me condamner, condamner son histoire avec Jim, nous condamner.
Je me maudis. Je me maudis, car les mots que je vais prononcer feront mal. Mais je ne peux pas répondre à sa requête, répondre à ses attentes. Je ne peux pas la laisser filer, ne peux pas laisser filer la femme que j’aime, pas comme ça, pas si facilement, pas sans avoir essayé, pas sans m’être battu, pas avant d’être étendu au sol, pas avoir que la vie ne m’aie quittée. D’une autre façon, je n’abandonnerai jamais l’amour que j’ai pour Tara et si, pour que tout soit mieux, il faut passer par de la douleur, pas des cris et des larmes, alors soit, je veux bien être le déclencheur d’une chute lente et douloureuse.
 
« Tu penses vraiment, Tara, que c’est facile de t’aimer, maintenant ? Tu penses vraiment qu’il est facile pour moi d’aimer la seule personne qui peut me mettre hors de moi ? Je te l’ai dis plus d’une fois, tu es mon âme, plus de la moitié de ce que je suis, alors comment oses-tu dire que c’est facile d’aimer quelqu’un qui a une emprise totale sur nous ? Tu penses que je ne t’aurai pas aimée, cassée, brisée, anéantie ? Tu penses que ton cher Jim est le seul qui a cru en toi ? Je ne te connaissais pas, tu ne peux pas me blâmer de ne pas avoir été là, tu n’as pas le droit de me faire sentir si coupable alors que je ne t’ai jamais abandonnée ; je ne te connaissais pas, nuance. C’est si difficile de te mettre ça dans la tête, bon sang ? Lorsqu’on aime, sache-le, on n’attend nul changement. Ou, tout du moins, si lui change, alors toi tu changes, pour toujours être sur la même longueur d’ondes. Tu me demandes mon avis, mais tu le connais, hein ? Si tu étais si sûre d’avoir raison, tu ne chercherais pas mon approbation. »
 
J’ai commencé sur un ton posé, contenant ma colère, mais à mesure que je laissais ce poison s’écouler de ma boucher, les mots devinrent plus durs, le ton colérique. Et le pire, c’est que je suis encore tellement aveuglé par cette irritation que je ne m’en veux pas d’ainsi parler à Tara.
Cela n’empêche que je sens qu’une partie de moi s’en va loin de moi. Je ne me sens plus moi-même. Je suis séparé de la plus grande et la plus importante partie de moi. Je suis proche d’elle physiquement, mais jamais nos âmes n’ont été si éloignées l’une de l’autre, jamais pareil faussé ne nous avait éloigné et jamais je ne me sentis aussi en colère contre elle, contre ses mots totalement injustes.
Lui ai-je fais mal ? Je ne l’espère pas, mais n’en doute pas un instant. Et pourtant, ce n’est pas fini, car j’ai bien l’intention de lui faire part de tout ce que je pense, maintenant, de ne plus rien lui cacher.
 
« Tiraillée entre deux personnes ? Ni lui ni moi ne t’avons demandé de choisir à ce que je sache, tu t’imposes un choix toute seule. Tu ne veux pas être heureuse, tu sais au fond que tu le mérites, mais quelque chose te bloque. Excuse-moi, Tara mais je dois de le faire, je dois te demander tout cela… Dis-moi que tu seras heureuse. Dis-moi que tu sûre de ton choix. Dis-moi que je suis interdis, que je t’indiffère. Dis-moi que tu n’as pas peur, promets-moi qu’on est plus fort que ça. Ne me mens surtout pas, j’en mourrai. »
 
Jamais la distance physique ne m’a tant fait de mal. Jamais une femme ne m’a tant… Anéanti.
Mon regard glacial s’éclaire d’une once d’espoir, d’une trainée de poudre qui pourrait illuminer à nouveau mes yeux ou les condamner à l’obscurité éternelle.
Non, je ne comprends pas son choix. Non, elle est loin de m’indifférer et non, je ne peux me résoudre à essayer d’apprécier Jim. Si, j’ai affreusement peur mais oui, je pense qu’on est plus forts que ça. Non, je ne mens pas. Oui, je crois chacun de mes mots.
Et suis-je heureux pour toi ? Tara, je suis désolé mais… Mais je ne pense pas l’être.
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MessageSujet: Re: ஜ A wedding is such a girl thing ஜ ஜ A wedding is such a girl thing ஜ EmptyLun 25 Nov - 23:55


Aiden ♔ Tara

« What we have once enjoyed we can never lose.
All that we love deeply becomes a part of us »

Helen Keller  


Un polymorphe est unicellulaire. C’est-à-dire qu’absolument tout en lui va toujours dans le même sens, car il n’est composé que d’un seul élément. Elle a toujours été incapable de ressentir deux choses contradictoires à la fois, de confronter deux opinions différentes, et, plus grave encore, elle ne peux pas choisir. Pour faire simple, elle avait toujours eu besoin que quelqu’un lui dise quoi faire, et, naturellement, elle s’attendait encore aujourd’hui à ce que sa conduite lui soit dictée par des personnes extérieures. Après tout, le propre d’un polymorphe était d’imiter, de donner une impression, et non pas d’exister par soi-même. C’est pourquoi, désormais, elle avait du mal avec les concepts à double tranchant. Par exemple (innocemment nous prenons un exemple tout à fait au hasard, bien sûr), si un baiser était quelque chose d’agréable, comment en même temps pouvait-il être défendu ou mauvais ? C’est ce qu’elle ne comprit pas, perdue entre le sourire d’Aiden et sa réponse qui confirmait l’interdiction. Qu’était-elle supposée comprendre, en outre, quand il disait que c’était « peut-être un mal pour un bien » ? Cette expression ne voulait rien dire, conférait encore plus de mystère à l’attitude paradoxale du jeune homme, et jetait Tara dans une perplexité encore plus insoutenable. Elle avait noté que le visage de son compagnon s’était éclairé quand elle avait dit qu’elle aimerait bien qu’il l’embrasse, et malgré cela elle le sentait agité et presque en repentir intérieur, un peu comme si cette conversation n’aurait pas dû avoir lieu mais qu’il était quand même agréable qu’elle se soit ainsi déroulée. D’habitude, elle aurait cru qu’un tel sourire était signe qu’il se moquait gentiment de la naïveté déconcertante de sa réplique, mais, cette fois, le sourire allait de paire avec tout ce qu’elle avait senti un instant auparavant, quand il s’était tenu tout près d’elle pour lui parler à l’oreille. Cela faisait écho à la caresse hectique de sa respiration contre son cou et à l’inflexion de voix qu’elle ne lui avait jamais entendue, toujours affectueuse mais également pleine de quelque chose que Tara apparenta à de l’ardeur, pour éviter de chercher d’autre mots à mettre dessus. Chance pour elle, il en fallait bien plus (comme par exemple, une déclaration ouverte de jalousie envers son fiancé) à la demoiselle pour perdre contenance et pour se laisser dérouter, et, comme Aiden ferma les yeux et se tut, Tara garda son sourire et son regard malicieux.
« Je vais essayer quelque chose », déclara-t-elle en inclinant la tête, arborant un air de lutin comme si elle s’apprêtait à dire une formule magique.
Elle posa de nouveau son index au creux de ses lèvres, sans quitter le jeune homme du regard, y imprima un baiser, puis appuya doucement son doigt (et le baiser) sur les lèvres du jeune homme. Avec un doigt sur sa bouche, elle avait l’air de lui dire de garder un secret. Elle fit la moue, sceptique, avant de secouer la tête.
« Bon, ça ne marche pas très bien, mais au moins, ce baiser, on ne nous le contestera pas, je crois ! »
Oh, cela n’avait rien à voir avec ce que cela aurait pu être si Aiden avait mis sa menace à exécution, s’il avait délibérément pris possession des lèvres de la jeune femme sans crier gare. Cela n’avait même rien à voir avec ce que ce serait si, là, sentant la chaleur de sa bouche sous son doigt, Tara ne se relevait pas un peu précipitamment, toujours parée de son sourire d’insouciance mais définitivement étourdie, au lieu de se pencher vers lui pour recueillir un vrai baiser. Son cœur battait si vite, après qu’Aiden lui ait en quelque sorte donné l’idée de vouloir goûter à ses lèvres… Avant que des images trop précises s’ancrent dans son esprit, il lui fallait chercher de quoi détourner la conversation. Elle trouva une bêtise à dire à propos du chocolat et s’en sortit avec une pirouette, qu’Aiden attrapa volontiers, peut-être lui aussi soulagé qu’elle lui tende cette perche pour changer de sujet.

Les disputes avec Jim avaient toujours été horribles. Croire que tout était facile entre eux était un mirage en zone arctique. Elle lui avait dit les pires choses (des choses qu’encore maintenant elle doutait qu’il ait pu lui pardonner), elle avait pleuré toutes les larmes de son corps, il avait dévasté l’appartement, cassé des meubles, brisé ses propres phalanges contre le mur du salon… Il l’avait haïe de toute son âme, il avait même réussi à l’effrayer terriblement, au point qu’elle s’en aille en récupérant les morceaux de son cœur éclatés parmi les débris de verre de la table basse. Ils étaient violents l’un avec l’autre, une minuscule étincelle d’électricité statique suffisait à allumer le feu aux poudres. Personne ne devrait les envier. Pourtant, les réconciliations étaient sans pareille. Tara ne savait pas exactement ce qu’ils faisaient pour arriver à surmonter ce chaos général, mais, quand elle rentrait à la maison, c’était comme s’il était naturel, évident qu’ils se retrouvent et oublient tout. La dernière fois, ils avaient scellé cette promesse de « plus jamais ça » par quelque chose de complètement inattendu pour Tara et que Jim n’avait certainement pas prémédité. Elle se souvenait encore du son de sa voix éclairé par le petit matin, quand il avait eu cette manière de ne pas la demander en mariage : « Epouse-moi ».

Elle avait bien senti qu’Aiden avait tout tenté pour se bâillonner moralement, pour en dire le moins possible et tâcher de lui faire un sourire. Hélas, chacun son tour, et c’est elle qui ne pouvait pas laisser passer certaines expressions, certains sous-entendus qui avaient échappé au jeune homme. Elle ne regretta jamais de s’être exprimée, mais elle se détesta de n’avoir pas su pressentir que choisir Aiden pour témoin était une fausse bonne idée. Le fait est que, en toute bonne foi, elle n’avait jamais cru que le jeune homme puisse se sentir possessif vis-à-vis d’elle ou bien se méfier de son fiancé. Il ne lui avait jamais donné matière à penser qu’il la voulait comme… Quoique ? Rétrospectivement, Tara supposa qu’elle n’agissait pas très différemment avec Aiden de la façon dont elle agissait avec Jim. Si elle avait envoyé de mauvais signaux… En quoi les signaux étaient-ils mauvais ? Non, elle avait réellement envie qu’Aiden la prenne dans ses bras, elle avait vraiment besoin d’être proche de lui et de le laisser lire en elle comme dans un livre ouvert. Elle ne s’était seulement jamais demandé quelle étiquette mettre sur leur relation, sachant intimement que le terme d’amitié se trouvait à des années lumière de ce qu’ils étaient l’un pour l’autre mais ne connaissant pas d’autre terme pour le désigner. C’était de l’amour, dont elle ne se préoccupait pas de savoir si elle pouvait le graduer ou le contenir. Naïvement, elle avait cru qu’ils pourraient vivre de leur immortelle affection sans avoir à en rougir ni à s’en expliquer. L’homme croqua le fruit de la Connaissance, s’aperçut alors qu’il était nu, et en éprouva de la honte. Voilà donc que, maintenant qu’Aiden avait laissé échapper qu’un baiser de lui était interdit, Tara se sentait honteuse et coupable d’en vouloir un tout de même. Horrible prise de conscience que celle qu’une tendresse sincère ne suffit pas à garantir l’honnêteté d’un amour réciproque.

Le regard qu’Aiden posait maintenant sur elle lui donnait envie de mourir. Il la tenaillait insensiblement entre ses prunelles glaciales qui semblaient la transpercer plus que la voir, la mettant à distance brutalement en la faisant passer pour une inhumaine. Elle eut beau parler, essayer de se défendre et de lui faire accepter son point de vue, il lui resta impitoyablement fermé. Alors, choquée de ce visage qu’elle ne lui avait jamais vu, elle se retira de devant ses yeux qui la jugeaient implacablement, et alla s’asseoir sur le fauteuil. Il la rejoignit bientôt, car il n’avait pas fini de la poursuivre et de la faire se sentir tellement cruelle et impie. Il s’accroupit devant elle, chercha à aimanter son regard vers le sien, mais elle détourna la tête et regarda ailleurs, elle en avait assez qu’il lui fasse mal. Alors, il se mit à parler. Sa voix était posée, presque douce d’abord, ce qui amadoua un peu Tara bien malgré elle. Elle se résigna à la regarder pendant qu’il soliloquait, lui adressant tout de même un pauvre petit sourire de dérision lorsqu’il déclara qu’elle avait trop d’emprise sur lui. Elle n’avait aucune emprise sur lui, sans quoi elle l’aurait empêché de la regarder ainsi, elle l’aurait empêché de la détester aussi fort. Bientôt, la voix d’Aiden se fit plus véhémente, et sa colère décocha des flèches directement dans le cœur (ou plutôt, sur l’âme) de la jeune femme. Trop tard, elle ne pouvait plus détacher son regard du sien, elle ne pouvait ni fuir ni protester, et ses yeux baignés de larmes ne semblaient même pas l’attendrir, il continuait à l’accuser méchamment. Il lui renvoya comme une ironie ses propres paroles, finissant de l’anéantir et de lui montrer combien son argumentation en château de cartes s’écroulait à la première secousse.
Elle ouvrit la bouche pour répondre les premières choses spontanées qui lui seraient venues à l’esprit, mais il dut pressentir ce qu’elle allait faire et ajouta une restriction qui la figea tout d’un coup.
« Ne me mens surtout pas, j’en mourrai. »
Elle se mordit la lèvre inférieure et croisa les bras, position de repli classique. Elle n’avait pas peur. Elle était terrifiée. Seulement, elle ne voulait pas qu’il le sache. Pour une fois, pour une seule et unique fois, elle aimerait lui être complètement hermétique, elle aimerait qu’il ne puisse pas lire si facilement en elle, pour pouvoir garder sa peine à l’intérieur. Vous avez remarqué que, tant qu’on ne prononce pas les choses à voix haute, tant que personne d’autre que soi-même n’est au courant de nos émotions les plus intimes, c’est encore facile de prétendre que tout cela est irréel ? Mettez un mot dessus et la vérité des sentiments est d’un coup décuplée et vous frappe de plein fouet. Essayer d’y résister, c’est risquer d’être soi-même déraciné sous la puissance de cette tornade. Tara poussa un soupire et capitula. Elle allait lui donner ce qu’il demandait, sans quoi il risquait de continuer de la torturer longtemps. Ce qui l’avait décidée était cette lueur d’espoir qui avait semé des paillettes au fond de ses yeux. Elle appuya ses paumes sur l’assise du fauteuil et se laissa glisser aussi doucement que possible, jusqu’à se retrouver à genoux par terre, entre le siège et Aiden, qui lui était toujours accroupi. Elle s’était bien souvent donnée en spectacle devant des inconnus sans s’en apercevoir, mais jamais elle avait été aussi indifférente au regard qu’on pouvait porter sur elle qu’en cet instant, où les vendeuses les observaient de loin tous les deux sans avoir pourtant la moindre existence dans l’esprit de Tara. Il n’y avait qu’Aiden, et un décor en papier mâché tout autour. Aiden, et les astres de ses yeux qui clignotaient silencieusement en attendant le verdict, et Tara était tellement intimidée qu’elle ne savait où porter son regard. Elle essaya de le fixer sur sa bouche plutôt que sur ses yeux, puis se rappela que c’était la plus mauvaise idée qu’elle ait jamais eue, avant de se décider à contempler aveuglément le chiffre imprimé en vert sur son T-shirt. Elle prit une inspiration qui fut pleine de petites secousses, comme quand on est enfant et qu’on essaie de respirer après avoir trop pleuré.
« Qu’est-ce qu’il te fallait de plus ? »
Elle n’allait même pas essayer de se défendre ni de continuer d’argumenter vainement sur l’idée qu’un homme peut changer pour la femme qu’il aime. Sa voix avait le même air émacié et perdu qu’elle. Elle essaya de reprendre courage pour répondre à Aiden, sans se laisser déconcentrer par le complet épuisement qui l’habitait.
« Réponds-moi. Que veux-tu d’autre ? Je t’avais tout donné, absolument tout à part ce qui est supposé appartenir à mon fiancé. Tu pouvais me prendre dans tes bras, m’embrasser dans le cou, je pouvais t’appeler ‘‘mon cœur’’ et te réconforter autant que tu aurais pu en avoir besoin. J’en donne à peine plus à Jim, et c’est sans doute là que j’ai eu tort d’ailleurs… Il faut peut-être que je te remercie de m’avoir ouvert les yeux en me faisant comprendre que, d’un côté comme de l’autre, je suis entièrement décevante, quelque soit l’énergie que j’ai pu mettre à essayer de faire plaisir à tout le monde. Tu as raison, ni l’un ni l’autre n’avez demandé quoique ce soit. Non, vous me laissez simplement me débrouiller, l’un comme l’autre, et vous êtes cependant déçus si finalement je ne fais pas un choix. C’est gentiment hypocrite. Si tu n’avais pas voulu que je choisisse, tu ne m’aurais jamais dit… tu ne m’aurais pas parlé de mes lèvres, pour commencer. Tu ne m’aurais pas torturée ainsi, tu ne m’aurais pas mise de force devant l’idée qu’en fin de compte je ne sais pas ce que je veux. »
Ce qu’elle pouvait vouloir n’avait jamais eu la moindre importance jusqu’à ce qu’elle se soit retrouvée dans le corps d’une humaine. Le concept de « vouloir » était même très abstrait pour elle, encore aujourd’hui. Elle se releva finalement et baissa la tête vers lui, scrutant de nouveau ses yeux mais ne sachant plus voir si les étincelles y scintillaient toujours.
« Je suis désolée pour toi, Aiden. Si le cœur de quelqu’un est divisé, on dit qu’il est infidèle, si son esprit est divisé, c’est qu’il est schizophrène, mais, si ton âme est divisée, je dis que tu es à plaindre, parce que, si j’en suis une partie, sache que l’autre m’a fait prendre une décision pour me protéger d’elle. Réjouis-toi ! Je ne serai probablement plus jamais heureuse. Je décide que je ne choisirai pas. Je suis déjà morte de supposer que nous n’étions pas plus forts que cela. Et, maintenant, regarde comment s’en va celle qui était si difficile à aimer. »
Qu’il lui dise qu’elle le mettait hors de lui était peut-être ce qui lui avait fait le plus de peine. D’habitude, elle n’agaçait que les gens qui, sans la connaître, avaient décidé d’office qu’ils la détestaient. Généralement (et sans qu’elle n’arrive à savoir pourquoi), c’était plutôt aux femmes qu’elle faisait cet effet répulsif. Le fait qu’Aiden lui fasse comprendre qu’il pouvait la détester si fort parce qu’elle le paralysait ou le faisait exulter la laissait triste et pensive, elle qui avait toujours sincèrement essayé de faire de son mieux, d’être digne de son amour. Elle commençait à mettre le doigt sur quelque chose d’important : elle avait toujours couru après l’amour des gens comme un animal affamé après des miettes de pain. Elle n’était plus capable de changer de forme pour plaire aux autres, elle était une, presque… unique ? Donc… Tara fronçait les sourcils en se dirigeant vers le comptoir derrière lequel se tenaient les vendeuses. Elle essayait d’aller au bout de son raisonnement mais c’était difficile, parce qu’elle avait trop envie de pleurer. Elle voulait seulement faire demi-tour et se jeter dans les bras d’Aiden, pour qu’il les referme autour d’elle et la console. Elle demanda son sac à l’une des dames, d’un ton étonnamment affirmé et pressé. Quand elle eut récupéré ses affaires, elle se tourna vers la porte de sortie et, sur le seuil, elle jeta un coup d’œil triste au jeune homme.
« C’est parce que je ne crois pas que tu me sois vraiment interdit et parce que jamais je ne te serai indifférente que tu me fais peur. Il faut que je fasse attention à moi, car personne ne le fera à ma place, en définitive. »
Elle franchit la porte alors qu’une douleur aiguë la déchirait à l’intérieur, c’était comme un déracinement mais en plus violent et en plus invisible, comme la séparation d’avec une partie de soi qui n’aurait jamais dû subir d’ablation. Cependant, au moment où elle tourna au coin de la rue pour s’appuyer contre un mur et se remettre à pleurer, elle savait qu’elle avait bien fait de quitter le magasin. Elle se passa la main sur le front et essaya de réfléchir, à travers ses sanglots. Tout ce qu’elle savait, c’est qu’elle n’en pouvait plus qu’on attende d’elle des choses, et cela allait des prises de décisions aux jolis sourires. Conclusion… Elle avait juste besoin de vacances.


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Monsieur Pixie Dust

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MessageSujet: Re: ஜ A wedding is such a girl thing ஜ ஜ A wedding is such a girl thing ஜ EmptyMer 15 Jan - 18:05

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