Il n'est pas rare de la surprendre en train de se tripoter les cheveux de façon maladive. Elle les entortille, les détortille, se fait une tresse, la défait, la refait, enroule une mèche autour de ses doigts, regarde sans vraiment voir les boucles rebondir comme un ressors quand elle les libère, se fait une moustache de ses mèches. Ce curieux manège l'empêche de penser à ce qu'elle a perdu. Elle se concentre sur sa chevelure et tente de chasser de son esprit le bruit des sabots, le grondement du sol ce jour-là, la terreur de ses animaux qu'elle aimait tant auparavant et toutes ces autres choses qui reviennent la hanter sitôt qu’elle a les yeux clos. ▲ Elle n'a absolument pas le rythme dans la peau, autant Jules aime écouter de la musique, autant elle se garde bien de danser. Se trémousser au milieu d’une foule la fait se sentir mal à l’aise. Par contre elle n’éprouve aucune honte à chanter (extrêmement faux) à tue-tête dans la rue, en société, dans un magasin, n’importe où. ▲ Elle a voulu aider Clochette, apporter sa pierre à l'édifice en remerciement de ce qu'elle fait pour elle et s'est donc faite engagée comme caissière, pardon hôtesse d'accueil, au Fanny Market mais s'est faite licenciée au bout d'une semaine après avoir fait une crise et insulter de façon virulente un client qui lui avait fait des avances. Maddie a donc décrété qu'elle était inapte à travailler. ▲ De ce fait elle a beaucoup de temps libre. Elle suit parfois Clochette au Musée, comme si elle était l'une des enfants dont elle a la charge. Certains la trouvent bizarre mais dans l'ensemble ils l'aiment bien et l'incluent à leurs jeux. C'est grâce à eux qu'elle s'est mis à dessiner. C'est une activité reposante qui fait appel à sa créativité. Elle peut rester des heures assises à dessiner sans interruption. ▲ Elle court. Pour le plaisir de sentir son coeur battre, ses muscles la tirailler sous l'effort. Quand les choses dégénèrent la nouvelle Noa s'enfuit en courant. C'est tellement plus simple. Et pourtant l’ancienne Noa était une fée courageuse qui affrontait tous les problèmes avec optimisme et bon sens. Il vous faut comprendre que cette Noa n’est plus, ou du moins plus vraiment. D’un autre côté, ainsi elle ne risque pas de faire de bêtises ou d'agir de façon violente ou grossière. Elle est consciente que Maddie prend soin d'elle, des sacrifices qu'elle a accomplis et ne veut pas qu'on lui tombe dessus. Surtout elle a peur d'être enfermée. Peur que ses problèmes ne soient trop graves et qu'on la juge trop désaxée pour vivre ici. Elle fait des cauchemars où des hommes masqués en blouse blanche viennent la chercher sans ménagement pour l'emmener loin des repères qu'elle a réussi à se recréer. ▲ Depuis l'accident, son cerveau a refoulé de nombreuses choses de son passé de fée ou de son arrivée ici qui reviennent la hanter par vagues. Et puis il y a cet homme prévenant, doux avec elle dont le visage lui est constamment dissimulé. Ses apparitions dans son esprit s'accompagnent d'une réconfortante sensation de bien-être mais parfois d'un effroi qui la laisse perplexe. ▲ Elle a parfois des réactions très enfantines qui semblent inappropriées au vu de l'âge indiqué sur sa carte d'identité. ▲ Bien qu'affectée par tout ce qui lui est arrivé, Jules a gardé son intelligence et sa vivacité. Elle a un excellent sens de l'observation, analyse et relie les informations entre elles ce qui fait qu'elle comprend des situations plus vite que la normale. ▲ Qu'elle soit dans une phase maniaque ou dépressive, l'ancienne fée parle spontanément, sans réfléchir. Et selon le ton employé, la justesse de ses propos peut blesser ou choquer. Elle est incapable de se retenir de dire ce qu'elle pense mais à quoi bon essayer de toute manière ? Pourquoi se leurrer, autant prendre conscience le plus tôt possible des réalités. Néanmoins elle ne parle pas souvent, se contentant parfois d’acquiescer le regard dans le vague. ▲ Elle adore la pluie et l'orage. Elle a l'impression de se sentir en sécurité quand gronde le tonnerre. Elle ne se l'explique pas. ▲ Elle aime beaucoup Maddie et lui est reconnaissante mais celle-ci voudrait la garder à la maison pour sa protection. Or Jules a besoin de grands espaces, elle n'aime pas qu'on lui dicte sa conduite et il lui arrive donc de fuguer ou de faire le mur ce qui lui vaut de mémorables sermons lorsqu'elle retrouve sa tutrice légale.  ▲ Elle se réfugie souvent sur la balançoire du parc, de jour comme de nuit. Voltiger ainsi lui donne une impression de liberté, elle tend les bras pour saisir les étoiles ou les branches d'arbre, ferme les yeux en rejetant la tête en arrière, a l'impression de retrouver une sensation oubliée, un don perdu : c'est comme si elle pouvait voler.