De la fenêtre de son appartement, qui donnait une vue imprenable sur Fantasia Hill, Jaffray contempla pendant un instant les gens qui traînaient devant son bar. Au nombre de personnes qui s’étaient confiés à lui (par hypnose, évidemment… la canne sert encore à quelque chose), il avait commencé à comprendre peu à peu ce qui l’avait amené à cet endroit. Agrabah n’avait toujours pas disparu de son esprit, mais il lui restait cependant un très vague souvenir de sa présence dans la ville trônant au milieu des 7 déserts. Des souvenirs qui lui revenaient à chaque fois avec une telle puissance qu’il ne pouvait pas les retenir.

Il était puissant et respecté. Toujours, il avait été le confident et le Grand Vizir d’un sultan puissant et distingué. Cependant, à la grandeur du monarque s’ajoutait son incompétence et son idiotie. Bien sûr, tout le monde l’adorait, l’adulait, lui lançait des fleurs partout où il allait… Sans compter sa fille, beauté fatale du désert pour qui tous les hommes d’Agrabah étaient un jour tombés amoureux fous… Mais pour lui, le plus grand alchimiste d’Agrabah, ça ne saurait durer. Il comprit alors que lui seul pouvait obtenir le pouvoir, et débarrasser le royaume de l’idiotie de son suzerain. Il se mit donc à chercher tous les moyens possibles pour détrôner le Sultan, allant même jusqu’à tenter de l’empoisonner. Après plusieurs tentatives infructueuses, ses recherches le menèrent vers une caverne, supposée transporter de merveilleux trésors. Là se trouvait la lampe dont il avait besoin, un objet magique plus puissant que tous les autres. Enfin, son moment de gloire était arrivé…Du moins, jusqu’à l’arrivée d’Aladdin. Le jeune scélérat lui avait tout pris, y compris la lampe et ses rêves de pouvoir. Il fut celui à qui la princesse donna son cœur, celui qui bientôt devint prince du royaume d’Agrabah. Résultat : il fut trompé par le garçon et enfermé dans une lampe, en tant que génie. Ainsi, il serait condamné pour une éternité de solitude (en fait pas vraiment… foutu perroquet) et devrait attendre d’être libéré, ce qui fut aussitôt fait. Devenu le plus puissant génie du monde, sa vengeance ne pouvait être que terrible. Il déclencha l’une des plus grandes chasses à l’homme au monde, retournant tous les gens du royaume contre Aladdin, le changeant en paria pour les habitants d’Agrabah. Sa victoire ne fut cependant que de courte durée, puisqu’il fut de nouveau vaincu.

Qui aurait pu prédire qu’au moment-même où il aurait dû mourir, il en fut autrement? Il sentait son corps souffrir et frémir, son corps de génie immortel était sur le point de s’éteindre et de disparaître dans le néant. Ce ne fut pas le cas. Au contraire, il sentit son corps devenir solide, ne devenir qu’un avec la matière dont il devait ne faire qu’un, et bientôt il sentit ses pieds toucher de nouveau la terre. Il regarda autour de lui, et vit enfin qu’il était bien loin du désert. Autour de lui, des arbres, de l’herbe, et surtout des gens qui traînaient dans les rues, emmitouflés dans leurs grands manteaux. Il comprit alors qu’il n’était plus à Agrabah, mais bien dans un autre univers, un autre monde. Comme si un sortilège l’avait sauvé et transporté dans ce nouveau monde. Il découvrit alors un objet à côté de lui un objet. Une canne sertie d’une tête de cobra dorée, aux yeux écarlates. Il l’avait retrouvée, après toutes ces années. Il se mit alors à sourire, puis à rire. Un rire maniaque, glacial et incontrôlable.

Jafar n’est plus. Jaffray est né.

Il revint alors au moment présent. Un bruit immense venait tout juste de se faire entendre dans son atelier, situé dans le sous-sol du bar qu'il avait ouvert depuis son arrivée à Fantasia Hill. Il se dirigea en bas et regarda alors l'origine du bruit. Il se mit alors à sourire, un sourire froid et malicieux. Il prit l'éprouvette et observa attentivement son contenu. Un contenu alchimique, concentré et puissant. Il retrouverait la lampe, objet qu'il avait perdu depuis tant d'année, et pour ça il aurait besoin de forger le seul objet pouvant le conduire jusqu'à la Caverne, qui avait dû être aussi transporté dans ce nouveau monde. Une fois ce travail accompli...

Fantasia Hill n'a qu'a bien se tenir.