TAKE ME SOMEWHERE NICE

kovu ∞ vitani

Frotte, frotte, frotte. C'est ce que tu avais beau faire depuis une dizaine de minutes, le cambouis ne voulait décidément pas quitter tes mains souillées. Tu avais beau trouver du plaisir dans ton petit travail de mécanicienne, tu en avais plus que marre de toujours te retrouver avec les doigts noircis et le jean à chaque fois bon pour la poubelle. Tu abandonnas alors, jetant par un mouvement de colère ton chiffon dans le lavabo et claquant de rage la pauvre porte des toilettes, coupable de rien dans cette affaire. Un regard rapide sur l'heure et tu te souvins que tu étais de corvée à aller chercher le frérot à l'hôpital. Enfin de corvée, c'était toi qui t'étais proposée à venir le chercher. Enfin proposée, il n'était pas au courant que tu venais le ramener.. Bref, tu te comprenais. Tu avais beau comme toujours râler et soupirer à l'idée de devoir quitter le boulot plus tôt pour aller le chercher, tu savais qu'il avait besoin de compagnie en ce moment. Et en tant que grande sœur, il t'était impensable de le laisser tomber dans cette mauvaise période. Eh oui, être grande sœur ne signifie pas simplement pousser sa gueulante à tord et à travers et à faire H24 la morale. Tu le fais, certes, mais tu remplis aussi les parts plus agréables du contrat, comme prendre soin du petit frère par exemple. Et cela commençait par aller le trouver et à tenter de le faire sourire pour lui prouver que «  eh, la vie continue frangin, alors range moi ces cernes de dépressif et suis ta sœur, elle elle te fera pas souffrir ! ». Même si tu sais que tu devras t'abstenir de lui sortir cette dernière réplique, le but n'étant pas de l'enfoncer un peu plus dans sa peine. Mais tu ne promets rien, les mots peuvent sortir d'eux même parfois après tout, surtout de ta bouche à toi..

Tu as bien du faire quatre aller-retour dans la même rue pour enfin retrouver le chemin de l'hôpital. C'est tellement mal indiqué il faut dire ! Après le problème du trajet, vient l'éternel problème de la place de parking, comme toujours introuvable bien entendu. Toi qui étais à fleur de peau, et pas dans le sens sentimentale, tu commençais vraiment à regretter ta décision de venir lui faire une surprise. Mais après quelques coups de klaxons à tord et à travers après des chauffards pas capables de se garer correctement, tu fis le choix de venir te garer tout juste devant l'entrée, place réservée aux ambulances. Normalement. Et puis mince, tu n'en avais que pour quelques minutes, le temps de traîner ses fesses jusqu'ici. Tu eus tout de même droit à deux, trois regards de patients sur le banc d'en face, des regards du moins accusateurs et pleins de jugements irritants à ton égard. Une immense envie de leur montrer la grandeur de ton majeur droit te prit, mais ça serait trop facile. Alors tu te contentas d'un petit sourire dans leur direction et continuas ta route vers l'accueil.
Les pieds traînant, laissant le cambouis logés sous tes semelles souiller le sol de l'hôpital, tu ne te rendis compte qu'à présent que tu avais oublié de te changer en sortant du garage. Tu n'étais vraiment pas agréable à voir et ne désirais pas que ton frère te voit aussi sale, après ces quelques jours d'absence. Même avec ton naturel charme, la salopette remplie de tâche et de peinture, les grosses chaussures de chantiers et les traces noirs sur tes joues, ben ça ne rend pas super.. Le regard surpris de la femme de l'accueil te le confirma. Tu vis même dans ces yeux une hésitation à appeler la sécurité ou à te demander de partir, mais elle n'en fit rien et t'écouta attentivement quand tu lui demandas le numéro de la chambre de Kovu. Chose faite, tu ne perdis pas plus de temps dans cet endroit lugubre, toi qui détestais les hôpitaux et leurs odeurs nauséabondes, et te dirigeas vers la chambre indiquée. T'empêchant de regarder dans les chambres devant lesquelles tu passais, tu pus néanmoins apercevoir quelques personnes, souvent des vieillards d'ailleurs, dans leur lit, entièrement seul, le regard posé Dieu sait où. Comme s'ils attendaient la fin de la manière la plus tranquille qui soit. Cette vision te fit frisonner et c'est seulement à cet instant que tu te demandas ce que foutait ton frère dans ce genre d'endroit. Que tu te rendis compte que son séjour ici n'était pas anodin et qu'il fallait que tu commences à réellement t'inquiéter pour son état de santé.

« TOC-TOC !, vins-tu hurler en entrant brutalement dans la chambre. C'est bien ici la chambre du stupide petit matou nommé Kovu le blaireau ? »