Aaron jeta un dernier regard en arrière en passant devant le miroir de l'entrée, adressa un clin d'oeil à son reflet qu'il jugeait tout à fait enviable et sortit de chez lui en claquant la porte, plein d'assurance. Sur le chemin, il évita quelques couples amourachées et suintant de romantisme sans pouvoir leur adresser autre chose qu'un regard d'incompréhension. Il ne pouvait admettre qu'on apprécie de se fixer des limites de cette à manière en se scotchant à quelqu'un. Quoiqu'en y pensant, il avait été auparavant dans la même situation, se "scotcher à quelqu'un" de cette manière était la seule chose dont il rêvait et il paniquait rien que de penser au face à face avec la belle qui allait l'attendre. Mais tout cela s’était produit dans une autre vie, lorsqu'il habitait encore un château majestueux au côté d'une certaine Plumette. Cette dernière, il l'avait retrouvée, certes, mais plus rien n'était pareil, tout était devenu tellement... complexe. Il soupira et jeta un coup d'oeil à sa montre. Habituellement, il n'était pas du genre ponctuel, bien au contraire ! Même quand son meilleur ami - ancienne horloge, il fallait le dire - lui hurlait de se dépêcher, il n'en était pas capable. Mais cette fois-ci, il savait qu'une certaine inconnue l'attendrait de l'autre côté d'une table et son côté gentleman ne pouvait que lui dicter de se montrer à l'heure.

Il entra dans son bar favoris avec conviction. Il ne s'attendait définitivement pas à trouver l'amour lors de ces rendez-vous, il cherchait un souvenir à garder en mémoire et au mieux, une anecdote à conter à sa Morgan. Peut-être un coup d'un soir, si il s'en sortait bien - ce dont il ne doutait habituellement pas. Il prit le temps de regarder les alentours en marchant jusqu'à une table. Il avait une ou deux petites minutes d'avance, et pourtant, une jeune femme à la chevelure d’ébène avait déjà pris place sur une des chaises, attendant un partenaire. Il se dirigea vers elle et après des échanges de regard et de sourires silencieux qui lui firent comprendre qu'il pouvait s’asseoir - il ne fallait tout de même pas passer pour un boulet lourdingue qui s'installait avec vacarme en face d'une si gracile jeune femme - il devint son rendez-vous de quelques minutes. "Bonjour demoiselle, je me présente : Aaron", commença-t-il, chaleureux et une pointe charmeur.