Annabella ∞ Anna

Voilà plusieurs semaines qu’à chaque fois que le réveil sonnait, Anna avait la sensation qu’il résonnait comme un terrible glas. Chaque matin, elle s’étonnait de se réveiller, de ne pas être encore morte, que le froid n’ait pas encore pris totalement possession d’elle. Elle aurait pu remercier le ciel de lui offrir un jour de plus à vivre, mais elle ne voyait ça comme un présent car elle ne pouvait s’empêcher de se demander si c’était le dernier ou non. Si elle n’était pas tout à coup s’écrouler durant le jour et se transformer en statue de glace. Le sort d’Elsa était sournois. Autrefois, il lui avait gelé intégralement le cœur en moins de quelques heures. Son calvaire avait été bref. Mais à Fantasia Hill, la magie mettait du temps à agir. Elle ne se manifestait qu’à certains moments, la faisait atrocement souffrir. La magie se présentait par crise qui devenait de plus en plus violentes, longues et rapprochées à mesure que le temps s’écoulait. Et depuis quelques temps, elle était soumise à plusieurs crises par jour. Jusqu’ici, elle était miraculeusement parvenue à dissimuler son mal à son entourage, ses amis mais elle se demandait encore pour combien de temps cela resterait un secret. Jusqu’ici, elle n’avait parlé de ces problèmes qu’à peu de gens. Elsa était bien entendu au courant et elles avaient essayé de rompre le sort mais il ne pouvait être conjuré. Elle avait aussi demandé l’aide de Jack, mais il était impuissant. La belle Ruby était aussi au courant, mais tout cela n’était dû qu’à un malheureux hasard tandis qu’Anna avait bien trop bu. Et puis il y avait Kristoff. Kristoff qu’elle avait rencontré la dernière fois et dont les retrouvailles avaient été désastreuses. La princesse était donc fatiguée de se lever tous les matins et elle avait presque hâte de mourir enfin. Tous ces problèmes allaient s’envoler, elle n’aurait plus à se soucier de rien. Elle n’aurait plus à souffrir parce que David ne l’aimait pas, elle n’aurait pas à sans cesse prendre garde à ce qu’Elsa perde le contrôle de ses pouvoirs, elle ne ferait plus de mal à Kristoff et elle n’aurait plus à se soucier de l’enfant… Anna soupira et sortit une main de ses draps pour la passer sur son visage. A peine réveillée, elle avait déjà envie de fondre en larmes, pourtant elle les retint bravement. S’il n’en tenait qu’à elle, il y aurait bien longtemps qu’elle aurait écourté sa vie. Toutefois, elle ne pouvait tout bonnement pas se résoudre à être une meurtrière et certainement pas celui de son enfant. Car si elle mettait fin à ses jours, elle tuait son propre enfant. Elle préférait alors autant souffrir et se laisser mourir, plutôt que supporter un meurtre. Certes elle serait morte, mais c’était un geste qu’elle ne pouvait se résoudre à commettre de son vivant. Elle finit par se lever et se diriger vers sa douche. Elle n’avait guère envie de se lever pour aller au travail mais si elle ne voulait pas mettre la puce à l’oreille de ses colocataires sur son mal, elle devait se forcer à se rendre à la boutique. A peine l’eau chaude toucha-t-elle sa peau qu’elle se transforma en vapeur crépitante. Sa peau était devenue si glacée qu’il réagissait fortement à la chaleur. Elle resta un long moment dans la chaleur, cherchant à augmenter sa température de cette manière mais c’était une bien vaine entreprise. Finalement, elle sortit de la douche et se prépara. Une heure plus tard, elle fut rendue à la boutique. Comme elle faisait l’ouverture, elle pénétra dans une boutique noire et vide. Elle prépara donc tout à l’intérieur et finalement, ouvrit le magasin. Une bonne partie de la matinée s’écoula durant laquelle Anna tenta de faire son travail du mieux qu’elle le pouvait. Elle se fit bien entendu aimable, étant autrefois d’un naturel joyeux et léger. Aujourd’hui, les choses avaient bien changées…
Anna était en train de vendre un jouet à une cliente accompagnée de ses deux enfants quand la clochette de la boutique retentit. La princesse se retourna vers la porte, s’apprêtant à dire bonjour à un nouvel arrivant mais aucune parole ne s’échappa d’entre ses lèvres. Anna’bella. Sa meilleure amie était de retour. Le soulagement fut tel qu’elle en eut presque les larmes aux yeux de revoir cette personne chère qui s’était presque évanouie du jour au lendemain. Certes elle n’était qu’en voyage, mais Anna avait perdu un important pilier dans sa vie qui partait dorénavant en lambeaux. Elle quitta donc sa clientèle et s’avança jusqu’à son amie, la prenant immédiatement dans ses bras. Elle ne dit rien mais son étreinte suffit amplement à définir tous les sentiments qui pouvaient se bousculer en elle alors qu’elle était de nouveau avec Anna’Bella. « Tu m’as tellement manquée. » finit-elle par murmurer. « Où étais-tu ? »