Il y a de ça quelques années j'avais perdu l'une des choses qui importait le plus à mes yeux. Ma reine, Athéna. Elle m'avait donné sept magnifique filles toutes plus belles les unes que les autres. Elle leur avait légué sa voix et son amour pour la musique. Tout cela je le concevais bien mais c'était beaucoup trop douloureux, à chaque fois que j'entendais une note ou une bribe de chanson je ne pouvais m'empêcher de repenser à cette journée, cet instant précis où pour toujours ma vie et celle de mes filles avait basculé. Alors j'avais décidé d'interdire la musique dans mon royaume, c'était une décision peut-être trop abrupt mais j'en assumais pleinement les conséquences... et personnes si ce n'est mes filles... ne contestait ma décision.

Lorsque Ariel décida de rejoindre le monde des humains et qu'il s'en suivis toute l'affaire impliquant cette ... maudite sorcière je me rendit rapidement compte que j'avais fais souffrir les miens car j'étais moi-même incapable d'accepter les faits que j'avais sous les yeux. Je n'étais devenu que l'ombre de moi-même. Comprenant cela tout fût plus simple et je parvint à lâcher emprise sur mes vieux démons.

Le calme était finalement revenu, j'avais retrouvé mon trône et j'avais la certitude que tout allait finalement se passer pour le mieux sous les mers. Mes filles grandissaient et j'avais de plus en plus de peine à les garder à l’œil... Quoiqu'il en soit de nombreuses affaires demandaient mon attention. D'une part gérer les divers problèmes et doléances de mes sujets et d'une autre veiller au maintient de l'équilibre au sein de mes frontières. Tout cela demandait énormément d'énergie et je commençais à sentir le poids des années sur mes épaules devenir de plus en plus lourd. Je me surprenais parfois même à soupirer en regardant vers la surface. Comment aurait été ma vie si j'avais été un humain? De folles questions me traversaient l'esprit, sans doute la fatigue me disais-je.

Une des nombreuse nuit durant laquelle je n'avais pas trouvé le sommeil, je méditais, assis sur mon trône, dans la salle obscure, sans aucun son sinon les bruits familiers des océans, j'entendais au loin les chants des baleines et je parvenais à saisir quelques bribes de leurs conversations lointaines. Dans un état second, j'étais absorbé dans mes pensées... et soudain j’aperçus une lueur. Elle était de la taille d'une petite orbe et elle oscillait tout doucement au rythme du courant à quelques mètres au-dessus de moi. Mon regard avait été captivé. Je ne parvenais plus à en décrocher le regard. Elle dégageait un son sourd, qui avait l'air de pénétrer au sein même de mon esprit. Il était partout. Mes yeux se voilaient et déjà je n'avais plus la force de lutter.

Puis ce fût le silence et l'obscurité. Alors un grand voile tomba sur mes souvenirs.

J'ouvrais les yeux... j'étais assis, contre un mur crasseux, je suffoquais à moitié, la lumière était intense et je croyais entendre quelqu'un me crier dessus. Mon crâne me faisait souffrir le martyr... Je ne comprend pas... Je ne sais pas où je suis... je ne sais pas qui je suis. Que se passe-t-il? Je suis vivant... Je prend une grande goulée d'air et je tousse. J’entends quelqu'un parler:

" Debout ! Allez ! Réveille toi ! Voiture Cinq à central... j'ai trouvé la source de la plainte, un clochard à effrayé quelques habitants de l'immeuble mais c'est bon. Il est entrain de dessaouler et je le fais bouger de là, terminé. Bon... toi tu vas dégager d'ici maintenant.. allez tient reprend ta bouteille et tires-toi."

Sans rien comprendre... j'empoigne cette bouteille et je me relève... je peine à avancer, je me tient au mur et avance lentement et encore une fois c'est le noir. Je déambule pendant quelques jours ainsi, je crois du moins, je me retrouve assis dans un endroit puant... et je bois de cette eau qui m'arrache la gorge mais qui quelque part, me soulage, elle me fait oublier tout ce que j'ignore. J'ai un tel vide dans mon esprit, l'impression d'avoir manqué toute ma vie, et je suis perdu. Je ne sais pas même qui je suis. Dans ma veste j'ai trouvé une note... Il y a l'image d'un homme, barbu, hagard et c'est écrit " Joshua T. Tysee" ainsi qu'une suite de chiffres. Je me demande ce que ça signifie. L'homme au bout du bar me tend un appareil étrange, il me dit que c'est un téléphone... il me montre comment on fait, je vois dans ces yeux qu'il me prend pour un imbécile mais je n'ai pas la force de réagir.

Une voix surgit de l'appareil, je sursaute à moitié. "Allo? Allo?! Qui est à l'appareil?! "

Je lui dit que je m'appelle Joshua. La voix semble soudainement plus chaleureuse. "Ah ! Oui ! On m'a parlé de vous, écoutez j'ai du travail pour vous rien de bien transcendant je vous l'accorde mais ça vous évitera de finir à la rue Ha-ha."

Je ne sais pas quoi répondre.

"Très bien Monsieur Tysee, retrouvons-nous devant l'Hôtel Framsworth. Je vous expliquerai la nature de votre travail. "

Alors je répond d'une voix rauque, qui me surprend moi-même: " D'accord" puis raccroche.

Un peu plus tard, après m'être perdu je me retrouve devant cet hôtel, et un petit homme m'attend, tenant dans sa main un balai et un uniforme brun... il me les tend et me dit avec un sourire "Et voilà mon très cher Joshua ! Le début d'une vie nouvelle ! Haha ! Vous commencez maintenant."

La dernière pensée qui me traverse l'esprit avant que je ne m'approprie ces affaires reste gravée dans le peu de mémoire que j'ai.. : "Mais qu'est-ce que c'est que ce mauvais rêve... Je ne sais même pas où je suis ... qui je suis... et me voilà entrain de me lancer dans une carrière de larbin. Il va ma falloir une autre bouteille de cette eau qui arrache la gorge."