Mon père m'observe un moment, d'ailleurs cela me semble être une éternité. Je reste droit face à lui dans un silence absolue. Je fixe un point sur le mur de pierre, le laissant aller à son inspection. C'est comme s'il voulait vérifier que j'étais bien là, à moins qu'il ne voulait tout simplement vérifier que j'étais son fils ? Finalement il se place devant moi et mon regard plonge dans le sien. Un sourire se dessine sur ses lèvres, ce qui a le don de m’apaiser.
- Tu es prêt mon fils.
Je plisse les yeux, penche un peu la tête dans la totale incompréhension. Finalement il me tends une lettre que j'attrape et lit à voix basse. Nous sommes invités dans la demeure du roi Fergus afin de rencontrer la princesse Merida. C'est donc le moment où je dois prendre mon rôle de prince à cœur et tenter de séduire une fille que je ne connais même pas. J'aurais aimé vivre la chose autrement, mais mon rang ne me le permet pas. Finalement, je lui rends la lettre, redresse et hoche la tête vivement. Je ferais ce qui est en mon pouvoir afin de rendre ma famille fière.

Rien ne s'est passé comme prévu. Nous sommes déjà en retard, même si la rencontre n'a lieu que demain le fait est que les hommes qui nous accompagnent sont beaucoup trop lents. Le soleil vient à peine de se lever, mais nous devons impérativement rattraper notre retard. Alors que nous avançons sur le sentier je sens que quelque chose cloche. Je lève le poing pour arrêter tous le monde et écoute la nature. Quelque chose est en train de se passer autour de nous, quelque chose de mauvais.
Soudainement, des hommes sortent des broussailles et nous attaques. Mon cheval se braque et je n'ai pas le temps de me rattraper que je tombe au sol. Je me relève rapidement, attrape mon épée et commence à me battre. Mon père à mes côtés fait de même.
- VAS FILS... FUIS RETROUVER LE ROI...
- MAIS JE DOIS VOUS DÉFENDRE !!!
- FUIIIIIIIIIIS...
Je ne me le fais pas dire deux fois, et même si cela me brise le cœur, je cours dans la forêt. Je ne sais combien de temps je cours, mais une fois à bout de souffle je m'arrête. Les yeux fermés, tous mes sens sont en alerte. Le son de mon souffle semble amplifié, au même titre que les battements de mon cœur. Le vent frôle  les feuilles, entamant une musique fait uniquement de percussion. Un battement d'aile au loin, un bruissement de branche de l'autre coté. Et parmi tout ce tapage, mon souffle, encore et toujours. Il est calme, long, montrant un instant paisible, mais cachant une grande tempête. Ma peau frissonne, effrayée par une agression aveugle. Tout tends à laisser croire une paix intérieure, mais surtout une guerre extérieur. Lorsque je rouvre les yeux, c'est une grande polychromie qui m'assaille. Le sol, tacheté de vert, de marron, d'or et surtout une sorte d'orange trahissant une pluie récente, le brun des arbres est vif, le vert des feuilles, surnaturel. Le vent souffle de nouveau, agitant les branches et faisant sonner ces habitantes comme le glas bien trop proche. Rouge, c'est finalement la couleur qui tache dans ce décors naturel. Rouge, rouge, qu'est-ce donc que le rouge ? La couleur de la passion, de la colère, de l'amour comme de la trahison, la vie et la mort. A quoi bon définir une couleur quand celle-ci est aussi changeante qu'un ciel d'été. Genoux au sol, piqué à vif, j'offre mon visage au soleil qui tente de se frayer un chemin difficilement jusqu'à moi. Tout semble au ralentit, comme si mon souffle était maître du temps qui m'entoure. Ou alors est-ce un moyen de défense, permettant de vivre ses derniers instant de façon plus intense, plus délectable ? Soudain le froid est là, frôlant ma nuque avec fourberie. Un froid qui glace le sang, un froid qui ne laisse pas de marbre, un froid mortel qu'est le fer...

Sombre.
Tout est sombre autour de moi. La seule ligne de lumière est dû à la fenêtre haute, bien trop haute pour pouvoir s'échapper. Ma main glisse sur le foin qui m'entoure, seul lien qui me connecte encore avec la nature que j'aime tant. Je ne sais depuis combien de temps je suis enfermé ici. Des jours, des semaines, des mois ça c'est certain, pour ce qui est des années j'ai tout simplement perdu le compte. Je suis en train de pourrir dans ce donjon. La seule chose qui est de mon côté, c'est qu'ils ne savent pas qui je suis. S'ils le savaient, il y a bien longtemps que je serais déjà mort.
Par moment, je repense à la princesse. J'aurais dû la rencontrer, tout faire pour la séduire. Aujourd'hui elle est mariée, qui sait si elle est enceinte même ! Et pendant ce temps je ne sais pas ce qu'est devenu ma famille. Mon père est certainement mort, qui sait ce que le château qui me revient de droit est devenu. Qui sait si je ne suis même pas dans celui-là même.
Je baisse la tête, la prenant entre mes mains alors que je me retiens de faiblir. J'ai envie de pleurer, d'hurler, de littéralement craquer afin d'oublier la douleur, la peine et ce sentiment de perte qui m'assaille.
Soudainement, un bruit sourd se fait entendre. Je redresse la tête et me retrouve littéralement aveuglé. Il y a beaucoup trop de lumière. Le son se fait de plus en plus fort, de plus en plus insupportable au même titre que la lumière. Tout semble se transformer autour de moi, et moi, je reste là comme un imbécile...
TUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUU
Je retourne vivement la tête me trouvant agressé.
- BA ALORS TU VAS TE CASSER DE LA !
Je fronce les sourcils alors que j'observe la personne dans sa grande boite jaune. Un Sassenach à ne pas douter, et pourtant son accent n'est pas totalement anglais. Je détourne la tête et commence à avancer pour sortir de là, seulement je tombe une première fois ce qui entraîne une déferlante de son monotone. Je me redresse et me réfugie dans un coin obscur, familier maintenant. J'observe les boites jaunes qui sont partout, mais pas seulement. Rouge, bleu, blanc, noir, même en or ! Cela doit valoir une fortune et doit appartenir à une grande famille ! Je suis entouré de châteaux qui touchent le ciel, tout est sombre et le ciel est caché par d'épais nuage. Je ne sais pas qui est le seigneur de cette province, tout ce que je sais c'est que je veux fuir et retrouver la nature. Cette terre inconnu me fait peur. Et comment je me suis retrouvé là alors qu'il y a cinq minutes j'étais en prison ? Où suis-je bon sang ?!