Au programme en ce début d'après-midi, un café avec Némésis. Comme la plupart des gens que je fréquentais dans ce nouveau monde, j'avais fais sa connaissance par l'intermédiaire de mon travail. Passer la plupart de son temps à la salle de sport, ça créé des liens, du moins c'est ce qu'il fallait croire. Némésis était devenue une amie assez rapidement. Il y a des gens avec qui le courant passe de suite et elle faisait partie intégrante de ces personnes là pour moi. Il y avait comme eut une sorte de petit déclic et nous nous étions compris. Cela n'avait rien de compliqué, au contraire, c'était à mon sens purement intuitif et c'était ce que j'appréciais tout particulièrement. J'aimais cette aisance avec laquelle nous étions aptes à nous parler, j'aimais cette simplicité. C'était tout ce à quoi j'aspirais : des relations intuitives, ne me demandant pas de mettre mon cerveau en marche, moi qui m'étais tout en oeuvre de ce côté là pour le garder en mode veille. Je ne voulais pas réfléchir, je ne voulais pas me poser de questions. Pourquoi ? Car quand je me surprenais à réfléchir, c'est la nostalgique qui me rongeait, qui me dévorait tout entier. J'étais nostalgique de mon ancienne vie, de mon monde et par dessus tout, je devenais fou à l'idée de ma séparation forcée avec Meg. Où est-ce qu'elle était ? Etait-elle seulement ici ? Si ça se trouve, elle était chez nous, à m'attendre. Je ne voulais pas y penser, je ne voulais pas m'imaginer d'autres situations alternatives susceptibles de me briser le coeur en mille morceaux. Si je m'autorisais à me faire ce genre de films, je n'allais réussir qu'à me blesser. A quoi bon se torturer avec le passé, avec ce qui (dans un univers alternatif) aurait put être, quand je n'avais que mon présent ? Je me devais de serrer les fesses et de me focaliser sur l'avenir, sur ce qu'il y avait de bon là-dedans, pour moi. Je devais nager, plutôt que de me laisser couler. Boire un café avec une amie, c'était une façon comme une autre de réussir à maintenir la tête au dessus de la surface, alors c'était tout ce qu'il me fallait. J'étais arrivé au Coffee Nutt un peu en avance et alla m'installer à une table au bord de la fenêtre, en attendant l'arrivée de mon amie.

Au bout d'un moment, une fille vint m'aborder, une fille manquant cruellement de subtilité. Il aurait fallut être aveugle pour ne pas voir qu'elle me faisait ouvertement du rentre-dedans. Elle commença par s'asseoir en face de moi, sans attendre pour cela la moindre invitation et se mit à me faire du pied, en battant des sourcils à m'en donner la nausée. L'assurance, chez la gente féminine, ça me plaisait carrément, mais le surplus à ce niveau, ce n'était pas franchement très séduisant. Je n'étais tout bonnement pas attiré par cette fille bien trop insistante. Néanmoins, j'étais bien élevé, alors j'avais un sourire courtois placardé sur le visage et j'essayais de feindre l'intérêt pour les bavardages incessants et aguicheurs de cette fille comme sortie de nulle part. J'hochais gentiment de la tête et m'efforçais de ne pas avoir l'air aussi peu ouvert à quoi que ce soit venant de cette fille que je l'étais pourtant. Je ne voulais rien avoir à faire avec elle et pour l'heure, j'avais juste envie d'être un peu tranquille. J'avais envie qu'elle parte, aussi vite qu'elle était arrivée. Malheureusement pour moi, elle ne semblait guère décidée à décamper.