Dans les contes, on s'intéresse toujours à l'histoire de la princesse et, presque, jamais à celle des petites fées qui lui servent de marraines. En même temps, je ne vous en veux pas: les histoires de fées ne sont pas très intéressantes. Aussi, je ne polluerais point mon histoire avec des "je naquit bla bla bla ..." Car tout cela s'est déroulé il y a bien longtemps dans un endroit que vous ne connaissez certainement pas ! Pour être honnête, je ne me souviens pas vraiment de cette période de ma vie, tout ce dont je suis sure, c'est du destin qui m'était attribué. Quelque part, il avait été décidé que je deviendrait une fée, une marraine à princesse, un petit ange gardien qui veillerait sur une magnifique tête couronnée. J'ai toujours eut à coeur d'accomplir mon devoir et je suis rapidement devenue l'une des fées les plus en vogue du pays. Avec le temps, mon vrai nom a disparu et le commun me surnomma Flora, la fée aussi coloré que les coquelicots qui poussait dans les champs près de ma maison.

Elle s'appelait Aurore. Comme l'aube d'une vie nouvelle pour ses parents, le Roi et la Reine, comme une renaissance après cette longue attente qui avait tenu le Royaume en haleine. De part mon statut de fée, j'avais été choisie par le couple royale pour bénir la jeune enfant, et m'assurer que rien de mal ne lui arrive. Je n'avais jamais été marraine et c'était un honneur d'avoir une telle place dans la vie de cette petite princesse. Les deux autres marraines étaient des amies de longue date, des fées d'une incroyable bonté. Il y avait Pâquerette, la fée verte, une demoiselle fort rêveuse mais d'une gentillesse inégalable. La dernière d'entre nous était Pimprenelle, une fée un peu grassouillette passionnée par la couleur bleue et qui avait un caractère bien trempé. Le jour de la présentation du bébé au reste de la cour arriva et, dans nos plus belles tenues, nous attendions d'avoir l'honneur d'apercevoir le plus grand trésor du couple royal. Aurore était à l'image de son nom: aussi belle qu'un lever de soleil un matin de printemps. De fines mèches blondes recouvraient sa petites tête et sa peau très blanche rappelait celle de notre bien aimée reine. Les dons des fées peuvent sembler superficiels mais ils sont d'une importance capitale quand à la vie de la future princesse. Pour ma part, je lui fis le don de beauté: dans tout le royaume, aucune femme ne pourrait rivaliser avec la jeune enfant. Pâquerette lui offrit une voix mélodieuse qui enchanterait ceux qui l'entendrait ... Puis ce fut autour de Pimprenelle.

Un frisson traversa l'assemblée alors qu'un volute de fumée vertes répandait dans la pièce. Mon coeur menaçait de s'arrêter: il n'y avait qu'une personne capable de faire une telle apparition. Maléfique était une enchanteresse particulièrement douée. Son ambition n'avait d'égal que sa susceptibilité à fleur de peau et, vexée de n'avoir été convié à la fête, elle se vengea sur la pauvre petite, endormie dans son berceau. Elle lui lança un mauvais sort: malgré son talent et sa beauté, la jeune princesse, aimée de tour, trouverait une fin tragique avant son seizième anniversaire, en se piquant le doigt sur le fuseau d'un rouet. Fière de son petit effet, Maléfique quitta la pièce de manière tout aussi théâtrale qu'à son arrivée. L'assistance ne savait que faire et la reine s'effondra. Pimprenelle décida donc d'agir: nous ne pouvions défaire le maléfice mais nous pouvions l'adoucir. Ainsi, Aurore ne trouverait pas la mort mais dormirait jusqu'au jour où le baiser d'un prince la réveillerait. Désirant mettre de son côté toutes les chances de sauver sa fille, le Roi ordonna de bruler tous les rouet du royaume mais conscient que Maléfique serait moins facile à combattre que cela, il accepta de nous confier la princesse.

Nous ne pouvions prendre le risque d'informer le couple royal de ce qui allait se produire par la suite. Prenant le bébé avec nous, nous avons quitté la capitale pour une chaumière reculée dans la foret: nous n'y ramènerions Aurore que le soir de ses seize ans. Durant ce temps, elle devait devenir une jeune femme comme les autres et, d'un accord commun, elle fut nommée Eglantine. La petite fille grandit et les dons que nous lui avions accordé ne la rendait que plus attachante. Elle avait de magnifique cheveux blonds, une grâce que l'on ne trouvait que dans les château et une voix merveilleuse. Nous savions, avec mes amies fées, que cela ne pourrait pas durer éternellement: Aurore avait des parents qui l'attendaient avec hâte, elle avait bien trop l'air d'une princesse pour se fondre dans la masse et pourtant, nous aurions aimé que cette douce période dure toujours.

Le grand jour finit par arriver et, pour l'occasion, Pimprenelle suggéra d'utiliser notre magie pour permettre à Aurore de retrouver sa place légitime sans avoir à rougir de sa tenue. Nous avions beau débattre de la couleur, nous nous amusions bien. Lorsqu'elle entra, elle ne parut pas plus heureuse que cela en découvrant la vérité et c'est avec le coeur gros qu'elle nous accompagna au château, rêvant à cet inconnu dont elle avait rêvé.
Il avait fallut une seconde d'inattention, à peine plus, pour que notre pire cauchemar se réalise: allongée sur le sol de pierre, celle que nous considérions comme notre fille avait été piqué par un fuseau crée par Maléfique. Le coeur brisé, il nous fallut accomplir notre devoir: veiller à ce que notre princesse bien-aimée soit en sécurité durant son sommeil, faire ne sorte que le Royaume n'apprenne pas ce qui venait de se passer et trouver un moyen de lever le sortilège. C'est alors que le souvenir de ce jeune homme, ce Philippe nous revint en mémoire. Endormir le château fut chose aisée, libérer le prince des sbires de Maléfique était une autre paire de manche. Pour les petites fées que nous étions, le réveil d'Aurore sonnait comme la plus belle des récompenses: les histoires finissent bien ... En général ...






Dans les contes, le bien triomphe toujours et après un dénouement des plus heureux, il n'est pas rare de lire "ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfant". Mais dans cette version de l'histoire, le plus surprenant n'était pas encore arrivé. Tout s'est passé si vite, que peu d'entre nous sont capable de raconter ce qu'il s'est réellement passé ce jour là. La fête était grandiose, Aurore magnifique, ses parents rayonnants et la bonne humeur régnait. Dans tout bon conte, l'auteur se serait arrêté là et il aurait eut raison. Mais nous ne sommes pas dans une histoire ordinaire. Je ne pense pas qu'une malédiction se soit acharné sur quelqu'un de précis, mais nous avons tous été enveloppé dans quelque chose de brumeux, comme un nuage. Je me souviens avoir vu Aurore et puis ... Plus rien.

Il n'y aurait rien d'intéressant à raconter le réveil dans cet étrange endroit qu'était Fantasia Hill. Mes ailes avaient disparues, ma magie s'étaient envolée au loin et mes amies de toujours semblaient n'avoir été qu'un vague souvenir appartenant à quelqu'un d'autre.
Le premier regard dans un miroir a été un choc: plus de cheveux blanc ou de taille ne dépassant le mètre soixante. A la place de la vieille fée que j'étais se tenait une jeune femme, grande, dont les longues mèches d'un noir, qu'elle n'avait plus vu depuis des années, cascadait dans le dos. Il lui fallut un long moment avant de prendre conscience que c'était bien elle: la façon dont elle touchait son visage, du bout des doigts, lui donnait un air de petite fille perdue et marcher, comme n'importe qui l'aurait fait, avait, à ses yeux, une drôle de saveur.

Il ne fallut pas plus d'un mois à la jeune Flora pour découvrir le prix à payer pour cette seconde chance dans une ville nouvelle, de cette étonnante jeunesse. Certes ses ailes avaient disparues, mais la jeune femme se trouva en proie à d'étranges sautes d'humeur incontrôlables. Très vite, le bruit d'une double personnalité courut. D'un côté, il y avait Flora, la stricte, réfléchie et raisonnable marraine d'une jolie princesse. De l'autre Serindë, une jeune femme un peu insouciante qui savait profiter de sa liberté et de sa jeunesse. Au fond d'elle, Flora avait l'impression de perdre du terrain face à la nouvelle personnalité qui prenait possession de son corps et les différences de caractère se firent plus présentes. Lorsque la fée reprenait conscience de ce qu'il se passait autour d'elle, les souvenirs devenaient flous et cela ne faisait que renforcer sa mauvaise humeur et son envie de réparer les fautes que son autre Elle pouvait commettre ... Et la vie reprit son cours. Lorsqu'il avait fallut se rendre utile, la demoiselle avait proposé ses services au théâtre de la ville, désireuse de mettre au service des autres ses connaissances en matière de couture: cela s'avéra être un échec cuisant et Flora fut renvoyé chez elle avec perte et fracas. Malgré ses pales talents en matière de cuisine, la jeune femme se rendit au salon de thé, adorant l'ambiance qui y régnait. Mais après une intoxication alimentaire et plusieurs plaintes, on lui demanda gentiment de quitter les lieux. Ce fut par hasard qu'elle découvrit sa voie. Elle dessinait tranquillement à une table de café lorsqu'un inconnu s'arrêta, la complimentant sur la petite scène qu'elle venait de griffonner sur sa serviette. Quelques semaines plus tard, elle était contacté par le service de restauration des oeuvres d'art et commençait à travailler.

Trouver sa voie aida grandement notre amie (ex-)ailée qui se sentit reprendre le contrôle d'elle même. Mais pour combien de temps ?