Le prix du pouvoir... Je ne le connais que trop bien...

Fantasia Hill, peu de temps après l'ouverture de la brèche

Le docteur observa son bras avec attention, résistant à peine à l'envie de détourner le regard. C'était une véritable abomination, et la décrire en détail ne serait sûrement pas une bonne idée, surtout si vous voulez dormir ce soir. Ezra, pendant ce temps, lâchait parfois de petits gémissements de douleur, cherchant à éteindre cette souffrance qui le hantait depuis des mois, depuis que la brèche s'était ouverte. Son bras était dans un état lamentable. Le gantelet, sûrement. C'était la seule explication possible. Ce gantelet avait complètement pourrit sa main alors qu'il était à Agrabah, alors pourquoi est-ce que la corruption du gantelet ne l'aurait pas suivit jusqu'ici? Et était-il encore à l'article de la mort? Le gantelet aurait-il poussé son œuvre plus loin pour l'amener ici? Tant de questions, si peu de réponses... Ezra ne savait que penser.

-Comment diable est-ce que votre bras s'est retrouvé dans un état si lamentable?

Ezra sursauta pendant un instant, réalisant que le docteur était toujours là. Il le regarda pendant un instant, ses yeux s'allumant alors d'un plaisir sincère, mais ô combien sadique de lui révéler toute la vérité, avant de se contenir et de dire, d'une voix légèrement agacée :

-Si je vous racontais la vérité, vous me prendriez pour un fou.


Le gantelet trônait, là, sur son socle. C'était bel et bien l'objet qu'il convoitait depuis tant d'années, après maintes recherches qui s'étaient jusqu'alors révélée infructueuses. Mozenrath s'en empara, poussant un hurlement de triomphe, et éclatant de rire par la suite. Il lui avait fallu tant d'efforts pour arracher cet artefact des mains de son maître, Destane. Il avait d'ailleurs dû utiliser la force... Disons une force plutôt brutale. Tout ce qui restait de son mentor était un corps sans vie, et Mozenrath s'en réjouissait. Il allait maintenant pouvoir surpasser le maître. Ses camarades d'infortunes, apeurés, tentaient en vain de réanimer le vieux sorcier, mais sans succès.

-Tu es devenu complètement fou, Mozenrath! Complètement fou!

-Regardez-moi ça, répondit Mozenrath, fasciné par le gantelet, qu'il s'empressa aussitôt de mettre à son bras. C'est avec cet objet que mon maître pouvait se servir de la magie... Voyons voir ce qu'il peut faire.

Il pointa sa main vers son maître, et une intense lumière s'échappa du gantelet, frappant directement la carcasse du sorcier, qui se releva aussitôt, complètement pâle, le regard vitreux. Mozenrath se mit à sourire, puis murmura alors une simple phrase.

-Destane... Occupe-toi d'eux, veux-tu?

Ce qui se passa ensuite n'a été qu'une longue descente vers le chaos.


Les barreaux de la cage commencèrent à se dégrader sous l'érosion et les tempêtes de sables. Cela faisait très longtemps qu'il était enfermé là-dedans. Lui-même réalisa qu'il n'aurait pas dû survivre aussi longtemps. Surtout depuis que le gantelet n'était plus en sa possession, montrant son bras sans chair, sans peau. Seuls les os étaient restés. C'était là la corruption que le gantelet lui avait infligé... Enfin, en partie...

Il se mit à tousser furieusement, chose qu'il avait souvent fait depuis quelques temps. Il se sentait malade, meurtri. Il savait très bien qu'il n'en avait plus pour longtemps. La magie du gantelet l'avait empoisonnée de l'intérieur. Il était faible, presque sur le point de s'écrouler. Il crachotait le peu de sang qui lui restait, maudissant la malédiction qui semblait peser sur lui depuis qu'il avait trouvé le gantelet... Mais surtout...

Surtout depuis qu'il avait rencontré Aladdin.

Ce vaux-rien, ce va-nu-pied lui a tout enlevé. Il aurait pu devenir son pion, celui avec qui Mozenrath aurait pu faire tomber Agrabah une bonne fois pour toute pour qu'ainsi, le Royaume des Sables Noirs puisse devenir plus puissant. Cependant, honeur oblige, Aladdin avait tout fait tomber, préférant de loin protéger la veuve et l'orphelin plutôt que de l'aider. Depuis, il ne lui avait mit que des bâtons dans les roues. À cause de lui, il était dans cette cage, au beau milieu du désert. Il avait survécu, mais il était au bord de l'agonie. Et surtout, il n'avait plus le gantelet, la seule source de son pouvoir. C'en était trop.

Il s'écroula soudainement, ne pouvant plus supporter son propre poids. Sa dernière pensée, il l'exprima haut et fort.

-Sois maudit, Aladdin...


Lorsqu'il ne vit plus que les ténèbres de la mort, il se sentit soudain plus en forme que jamais. Il ouvrit les yeux, prit un temps pour s'habituer à la lumière, puis jeta un œil hésitant partout autour de lui. Il était en plein milieu d'un chemin, bordé d'espèces de pierres noires ardentes. Le soleil était plombant, et il avait incroyablement chaud. Il se releva difficilement, puis put voir d'étranges bâtisses se dresser devant lui. C'était incroyablement spectaculaire, mais à la fois si troublant, si effrayant. Il était habillé encore dans les mêmes habits qu'il portait à Agrabah, mais par chance, personne ne l'observait. Il regarda derrière lui, poussa un cri de surprise en voyant une immense brèche qui brillait abondamment d'une étrange lueur bleutée. De là, il pouvait voir Agrabah.

Puis vint la douleur. Il regarda son bras...
Le hurlement qu'il poussa fut le plus terrifiant jamais entendu à Fantasia Hill.

Fantasia Hill, temps présent

Ezra sortit de son petit appartement et se dirigea vers l'université, son cartable en bandouillère sur ses épaules, son costume formel repassé à souhait, et son gant noir bien installé sur la totalité de son bras. Il l'avait fait faire sur mesure tout de suite après sa visite chez le médecin. Il y allait souvent, ravagé qu'il était par son hypocondrie (après avoir passé près de mourir, c'est plutôt compréhensible, non?), et il se protégeait ainsi lui-même, et les autres de la vision d'horreur cachée en dessous.

Il était temps qu'il reprenne le contrôle de sa vie...
Et le contrôle de bien d'autres choses...