Elle venait de quitter son appartement rapidement: un rendez-vous qu'elle ne voulait absolument pas rater l'attendait et elle était déjà en retard. Elle boutonna à la hâte son manteau rouge, profitant d'un dernier répit avant d'affronter le vent de la rue. Le temps s'était rafraîchit d'un seul coup, s'insinuant vicieusement dans les écharpes et apportant son lot de maladies auxquelles la jeune femme parvenait, tant bien que mal, à échapper. Malgré son adoration de l'hiver et de ses paysages caractéristiques, elle n'aimait pas le froid qui accompagnait cette saison, la faisant frissonner sans cesse. Elle sortit de son sac un bonnet en laine qu'elle enfonça sur sa tête dans le but de se protéger du vent et entama sa longue marche jusqu'à Spacegreen Cross en pleurant sur ses pauvres ailes inexistantes. Autrefois, le chemin ne lui aurait prit à peine quelques minutes mais utiliser ses jambes lui demandait beaucoup d'effort et la petite fée se fatiguait très vite. Elle se renfrogna, dissimulant son visage dans le col de son manteau tout en saluant d'un mouvement de tête les quelques connaissances qu'elle croisaient sur son chemin. Elle n'avait pas de temps à perdre en discussion superficiel: elle était déjà en retard !

Rencontrer Aymeris lui avait fait beaucoup de bien: ils partageaient énormément de choses, notamment sur leurs vies passées et Serindë ne se sentait pas constamment obligé de justifier l'absence de sa protégée en la présence de l'ancien enchanteur. De plus, qui mieux qu'un être possédant des pouvoirs magiques pouvait en comprendre un autre ? En l'absence de Pâquerette et Pimprenelle, la présence de Merlin était d'une agréable fraicheur et elle ne se lassait pas de leurs innombrables conversation. Ils s'étaient découvert un intérêt commun en cette chose étrange qu'était une télévision et l'ancien mage l'avait invité pour profiter du séance télé bien mérité après une semaine de travail acharné. Enchantée, Serindë avait accepté avec grand plaisir et elle trépignait d'impatience depuis la veille au soir. Une fois arrivée à destination, la jeune femme frappa à la porte, attendant que son hôte vienne l'accueillir, angoissée à l'idée de perdre le contrôle d'elle même. Ses changements de personnalité devenaient de plus en plus fréquent et elle avait souvent croisé les regard intrigué de personnes inconnues dans la rue après une soirée dont elle ne parvenait à se rappeler. Son amitié naissante avec Aimerais était bien trop précieuse pour qu'elle ne prenne le risque qu'il voit Sereï à l'oeuvre, la prenant pour une folle. Non, elle devait rester Flora le plus longtemps possible. La porte s'ouvrit sur le visage familier de son hôte qu'elle salua d'un sourire joyeux. « Bonjour ! » lâcha-t-elle en riant « J'espère que je ne t'ai pas trop fait attendre ? C'est une vraie tempête dehors ! »

Serindë s'empressa de retirer son manteau pour profiter de l'agréable chaleur qui régnait dans l'appartement. Elle se laissa guider par son ami, essorant du mieux qu'elle pouvait ses longues mèches noires qui avaient été maltraitées par la bruine extérieure. « J'avoue ne pas avoir encore de préférence ... » Qu'auraient dit ses amies fées si elles l'avaient vu frétiller comme une enfant à la simple idée d'une soirée télé ? Mais la jeune femme n'en avait que faire et décida de s'installer devant l'objet de son tourment, inspectant l'écran de loin en se demandant comment une telle machine pouvait fonctionner. « Ça m'intrigue encore à vrai dire ... » Elle croisa une jambe par dessus l'autre soupirant de contentement. La semaine avait été particulièrement épuisante: bien que le travail de restauratrice de tableau ne lui demande pas une grande sociabilité et donc un faux sourire de rigueur, le fait de travailler sur de tous petits éléments l'avait énormément fatiguer et elle se sentait faiblir. Connaissant le tempérament de feu de sa double personnalité, Serindë se doutait que lui laisser le contrôle durant le week end ne lui permettrait pas de se reposer et plus et, pire, qui savait le nombre d'excuse qu'elle devrait formuler le lundi matin. Dans un sens, la solitude de son travail lui était bénéfique: il n'y avait personne pour la juger, personne pour s'interroger sur le brusque changement de caractère, personne a qui rendre de comptes.

Sa priorité actuelle était de ne pas craquer: la fatigue était bien souvent le facteur déclenchant et elle ne pouvait pas se permettre que quelqu'un découvre son affreux secret. Dénuée de tous pouvoirs, Serindë avait l'impression de se noyer dans un océan d'impuissance d'où elle ne pouvait que constater les dégâts sur sa vie sociale: elle n'était pas sortie, de son plein gré en tout cas, depuis très longtemps et avait même mis en suspens sa recherche d'Aurore et des autres fées. Sa vue devint floue l'espace d'une demi seconde et elle ferma les yeux en inspirant profondément. Il en est absolument hors de question ! J'attends cette soirée depuis bien trop longtemps ... se dit-elle alors que les premiers symptômes de son changement se faisait sentir. D'ordinaire, elle aurait attrapé ses affaires et serait rentré s'enfermer à double tour dans sa chambre mais sa volonté ne voulait pas plier ! Elle repoussait cette soirée depuis bien trop longtemps et savait qu'Aymeris finirait pas se poser des questions sur la santé si fragile de son invité. Non, elle ne pouvait pas partir maintenant: il fallait qu'elle prenne sur elle. Persuadée que le film l'aiderait à se reprendre, elle se contenta donc de proposer son aide à son hôte, histoire de s'occuper l'esprit. « Tu veux que je te donne un coup de main ?? »