Evan & Vicky
   
   

J'étais sortie de l'hopital depuis quelques jours lorsque je reçus un texto d'Evan. Il revenait vers moi après notre petite rencontre lors de mon internement. Moi qui pensais qu'il ne voudrait plus de moi après avoir vu à quel point j'étais dérangée. Chrys' m'a bien entendu assurée le contraire tout comme piqueur mais je n'étais pas rassurée pour autant. J'avais passé les quelques jours à écrire, le nez dans mon calepin et sur ma guitare si bien que les seules sorties que je m'autorisai étaient celles pour balader mon renard, Fox. Je l'avais rebaptisé ainsi parce que je ne voulais plus l'associer à mon ex petit-ami. Je le regardai alors, endormi à mes pieds, avant de le caresser. Il m'en voulait de l'avoir abandonné aux mains de Piqueur pendant mon internement. Mais je n'y pouvais rien. Je continuai de le caresser longuement avant de me dire que je devais me préparer.

La dernière fois, j'étais en mode épouvantail. Je voulais être jolie aujourd'hui. Alors je peignai mes cheveux en les dêmelant. C'est horrible. Une crinière pareille. Je soupirai pour finalement parvenir à un compromis en les attachant sur le côté avec une tresse et mis un chapeau. Je ne sors jamais sans chapeau. Puis, rouge à lèvres en place ainsi que trait d'eyeliner, j'étais prête. Habillée d'une jolie robe, sur des talons hauts, je pris les transports en commun pour aller rejoindre Evan au... Comment ça s'appelle déjà ? Mcdonalds.

J'arrivai légèrement en retard et toute essoufflée pour constater qu'il était déjà là. Alors, je m'approchai de lui pour déposer un baiser sur sa joue et prendre place en face de lui en lui lançant un sourire radieux. "Coucou! Désolée pour le retard! Comment ça va par ce froid de canard ?" Blague vaseuse qui signifiait que je reprenais peu à peu du poil de la bête. "Alors comment ça marche ? Un serveur vient prendre notre commande ou on y va nous même ?" Je penchai la tête sur le côté pour minauder un peu. Il était tellement beau ce canard. Si bien que j'en oubliai mon chagrin et Rox pendant une soirée.

Evan & Vicky
   
   

Je me sens comme une cruche avant d’entrer dans l’établissement de restauration rapide. C’est vrai que je déteste ne pas savoir où je vais et avec mon régime végétarien - ce qui est une blague puisque dans mon autre vie, je mangeai les petits animaux - mais maintenant, depuis que je sais qu’on tue les renards pour leur fourrure, non merci. J’entre alors dans le bâtiment surplombé d’un grand M jaune. On dirait une espèce de dictature. Non mais je vous jure, c’est vrai. Propagande. Les gens sont nombreux et les odeurs de bouffe m’assaillent un moment et je fronce le nez. Mon dieu, une attaque olfactive. J’ai envie de rebrousser chemin mais je me retiens. Je cherche Evan du regard avant de le voir assis à une table. J’espère que je suis assez jolie parce que je ne me trouve pas au top aujourd’hui. Je lui souris avant de laisser un chaste baiser sur sa joue pour m’asseoir. Sa remarque me fait alors sourire et j’éclate de rire. Le premier d’une longue série. « Non mais c’était nulle. Je vais bien. Enfin mieux. Enfin voilà. » Comment ça je panique ? N’oublions pas que je suis une grande timide et que je perds facilement tous mes moyens devant un garçon assez mignon. Et bon c’est Riri quoi. Le seul homme -canard- auprès de qui je me sens à peu près vivante. Rox était parti avec un bout de mon cœur comme ma mère et mon frère, mais la partie était infime et j’avais encore assez de place pour écouter tout le monde. Et donc lui laisser une chance. « Non ça va, je ne suis pas d’un naturel frileuse de toute manière. Par contre, je pense que si je n’étais pas entrée j’aurai pu finir en bonhomme de neige. » Je lui fais mon sourire le plus charmant avant de lui demander comment le tout fonctionnait.

Doucement, il prit ma main et un courant électrique parcourra légèrement cette dernière et je me mis debout pour le suivre. Il est immense. On dirait qu’au moins 30 centimètres nous sépare et je suis intimidée pour le moment. Je me mords donc la lèvre avant d’être devant les poteaux. « Hum ? » Je regarde doucement ce qu’ils ont avant de trouver un menu salade (avec frites, je n’ai jamais mangé de frites) qui me correspondait totalement. « Tu penses que les frites sont cuites dans de la graisse animale ou de l’huile de tournesol ? » Bonjour régime végétarien de mes deux. Je soupire alors en me sentant débile auprès de lui avant de poser ma tête contre son bras. Nulle chance que j’atteigne les épaules de toute façon, je suis trop petite. Mais tout ce qui est petit est mignon non ?

Evan & Vicky
   
   

J'étais contente d'aller au Macdonald avec Riri. Bon certes, ce n'est pas non plus l'endroit le plus romantique du monde mais ça permettait de lever toute ambiguïté. Bon certes, il me plaisait mais je ne voulais pas qu'on échange un baiser dans ce lieu. Ça pue la viande. Et je suis végétarienne. Lorsque j'avais pris place en face de lui, je suis tombée sur son super sourire contagieux. Je papillonnai du regard avant de poser ma tête sur ma main et de le regarder. « C'est parce que le tien est contagieux. » Oh mon dieu, c'est tellement nul ce que je viens de dire. Je devrais me cacher derrière mes cheveux -c'est ce que je fais d'ailleurs-. Ok, bon. Si on ne me connaissait pas, on pourrait croire que je suis amourachée de lui mais c'est faux. Enfin, je l'aime bien, il est gentil, il m'a aidé à l’hôpital mais l'épisode Rox est encore trop douloureux et je ne veux pas me servir de lui comme d'un mec tampon.
Ok, je l'aime bien.

« Tu vas me faire rougir. » Lorsqu'il prend doucement ma main, je sens mon sang ne faire qu'un tour. En effet, je l'aime plus que bien. Je serre doucement mes doigts autour des siens pour le suivre jusqu'aux caisses en regardant les salades proposées pour me poser l'interrogation du siècle. Les frites avec graisse animale ou non ? Il me répond que non et j'ai décidé de lui faire confiance et d'en commander. « Je te fais confiance alors. » Je prends donc un coca light, une salade et des frites pour poser ma tête sur son épaule. Lorsqu'il embrasse mon cuir chevelu, je deviens carrément écarlate à vouloir me cacher sous la table. Ma timidité. J'attends que la serveuse nous serve avant de repartir vers notre table pour attraper mon coca et une paille. « Alors c'est quoi la suite ? T'as prévu un autre truc de ce genre trop cool ou on rentre à la maison ? » Signal que je voulais rester un peu plus longtemps avec lui. « Après tout, c'est un rencard. » Je lui fais un petit clin d’œil malicieux. On devait juste avoir l'air d'un couple d'amoureux vu de l'extérieur. Ce que nous n'étions pas.
Du moins pas encore.

Evan & Vicky
   
   

C'est vrai qu'il y a plus romantique comme lieu de rendez-vous mais je n'étais jamais venue dans un fast food. Evan avait l'air tellement heureux tout de même. Je pouvais le lire dans ses yeux. Je me réjouissais de ça car je n'avais jamais réellement eu de rendez-vous avec un garçon. Bien au contraire. Avec Ileam, on n'était pas trop fanfreluche et bon nous n'avons couché qu'une seule fois ensembles tandis qu'avec Rox, c'était différent mas je n'étais pas pour penser à mes ex en présence d'un jeune homme. C'est très (trop) malpoli. Je lui souris alors sans pour autant rire. Il est vrai que j'avais le rire contagieux et lui aussi mais depuis l’hôpital, mon rire était devenu rare. Surtout après l'affrontement avec Rox dans la foret. STOP STOP. On a dit qu'on ne parlait pas de ça. « Fais donc. » Je l'invitai du revers de la main avant de rougir comme une idiote. J'ai tendance à trop rougir en présence de cet homme. Il me faisait un tel effet. Non pas que j'allais accepter qu'il monte dans la chambre que je partage avec Piqueur toute à l'heure mais... Je me pose tout de même la question. « T'es pas objectif. » Je grimaçai parce que je ne suis pas le genre de femmes qui accepte facilement les compliments. Je suis trop... fragile encore. Ouais, on va dire ça. Je l'écoutai aux caisses me parler des frites tandis que la caissière semblait excédée par mon manque de connaissance en la matière. Désolée Madame mais le régime BigMac, je n'en mange pas tout le temps. Ça se voit sur ses hanches qu'elle y bosse. Je pose doucement ma main sur celle d'Evan. « Je te fais confiance. » Quand on sait les problèmes que j'ai, c'est une très jolie déclaration. Je le suis à la table pour picorer des frites en lui demandant la suite du programme. Je me penche alors doucement en attendant sa réponse, mon visage posé sur mes mains. « D'accord, je payerai le pop corn. Une idée de film ? » Je me mets à rire alors en posant de nouveau ma main sur la sienne. « T'inquiètes, c'est parfait. »

Evan & Vicky
   
   

Le fait d'être lunatique ne m'amènerait à rien de bon. La mauvaise ombre de Rox se mit à planer d'un coup sur le rendez-vous et mon inexpérience démontra clairement que j'avais besoin de légèreté. Pas non plus à coucher avec tout ce qui bouge mais Evan me plaisait bien. Sauf que ma timidité et ma pseudo fragilité faisaient de moi un mystère sur cet homme. Alors que je pensais que lui tenir la main lui suffirait, j'en oubliai qu'on n'était plus dans un monde de bisounours et ma meilleure amie -qui était aussi la sienne- m'avait dit que je devais lui donner quelque chose. Pas mon cul bien sûr mais quelque chose. Je le regardai alors du coin de l’œil tandis qu'on retournait à la table et qu'il m'ébouriffa les cheveux. « Banane ? Décidément, vous avez tendance à prendre de insultes de fruits. Je ferai une chanson sur les insultes en forme de fruits. » J'étais en train de composer un nouvel album qui serait un peu plus joyeux que le prochain. C’est vrai que le dernier était entièrement consacré à Rox et j'avais envie de passer à autre chose.

Une fois que j'eus fini mon repas de rongeur -un renard herbivore- je me mis dans mon siège pour le regarder manger comme un cochon. « Je propose qu'on verra ce qu'il y aura devant. On fera plouf plouf. » Je sais que c'est assez enfantin comme tirade mais j'aime bien le hasard. Je lui fis un large sourire avant de jouer avec une de mes mèches de cheveux. Puis, je me levai pour aller m'asseoir à côté de lui et passer ma main dans sa tignasse. « Hm, tu sais cet été je vais partir un peu en tournée avec mon groupe, tu voudras venir avec nous à un festival? » Je continuai de lui caresser les cheveux en le couvant du regard. Puis j'attendis qu'il ait fini avant de poser délicatement mes lèvres sur les siennes, les effleurant à peine. « Tu t'y prends bien. Pour l'instant. » De vue, on devait avoir l'air d'un couple d'amoureux et je pensais que c'était vrai.