Papa … Papa … Il fait sombre, je ne distingue pas grand chose si ce n'est une ombre, imposante, terrifiante, angoissante, et ces deux grands yeux bleus glacés, qui me fixent sans bouger.  Je suis moi-même figée, incapable de faire le moindre mouvement, comme paralysée, j'essaye de crier mais les mots se perdent bien avant d'avoir franchi mes lèvres. J'ai peur, je le sens au plus profond de moi et je suis incapable de faire ou de dire quoi que ce soit. Et soudain plus rien, le néant.

Encore ce rêve .. Je suis assise dans mon lit, en sueur, tremblante, mes yeux s'habituent peu à peu à la lumière qui filtre au travers des volets de ma chambre et scrutent la pénombre, à la recherche de réponses. Ça fait quoi maintenant, trois fois que je fais ce rêve en quelques semaines seulement ? Et à vrai dire ça commence légèrement à me faire flipper. Sans oublier tout les autres cauchemars qui me hantent sans savoir d'où ils viennent,  peut-être de mon esprit tordu ou bien des films d'horreurs que Raph s'obstine à me faire regarder et ce même si j'ai la tête dans le coussin la moitié du temps, mais quelque chose me dit que c'est bien plus que ça, comme un pressentiment. Je regarde l'heure affiché sur mon réveil, 4h46, inutile que je me recouche, de toute façon je suis trop perturbée pour me rendormir.

Assise sur le rebord de la fenêtre de ma chambre, un plaid sur les jambes, j'observe la ville se réveiller doucement, les lumières s'allument une par une et le soleil éclaire peu à peu le ciel d'une douce couleur rose-orangée. Je soupire et porte mon mug de café à ma bouche alors que je repense à cet étrange rêve, qui de toute évidence m'obsède plus que je ne le voudrais. Pourquoi ces étranges pensées n'ont débuté que lors de mon arrivée dans ce monde ? Et surtout pourquoi ai-je l'impression que ce sont bien plus que des rêves, comme des parties de moi.

Maman ! Kira veut pas jouer avec moi ! Tout est flou autour de moi, je suis incapable de discerner quoi que ce soit si ce ne sont des silhouettes, l'une d'elle tourbillonne autour de moi, comme une étoile filante, l'autre plus en retrait semble m'observer. Soudain, une douleur à l'oreille me tiraille mais elle ne me donne cependant qu'une forte envie de rigoler. Bizarrement, je me sens bien, j'aimerais rester là, j'aimerais voir les choses plus clairement, mais je ne peux pas et soudain le flou s'accentue jusqu'à ce que je ne distingue plus rien.

T'es déjà réveillée ? La voix de Pêche me sort de mes rêveries. Je secoue la tête violemment chassant le souvenir de ce rêve que j'aurais préféré ne jamais faire tant il m'a troublé. Ouais .. Encore un cauchemar. Je tourne la tête vers le seuil de ma porte et observe la jeune fille qui s'y tient. Encore en pyjama, les cheveux en bataille elle m'observe attentivement puis finit par venir se jeter sur mon lit. Oncle Diego a appelé, il passe dans la matinée, je sais pas trop ce qu'il veut. Je soupire longuement et Pêche se met à rire. Qu'est-ce qu'il y a ? Soudain sérieuse, la jeune fille se relève pour s'asseoir face à moi et me dévisager. Arrête de faire semblant d'en avoir rien à faire qu'il vienne, on sait toute les deux que tu n'attend que ça ! Son regard inquisiteur me fixe droit dans les yeux alors que je tente de répliquer un petit « N'importe quoi. » Elle se laisse à nouveau tomber sur le lit en soupirant de façon exagéré et je lui jette un coussin qui trainait à la figure, ça lui apprendra à raconter des conneries.

Je suis pas aussi facile que ça ! Diego se tient devant moi et me regarde d'un air stupéfait, ma réaction à sa tentative de rapprochement n'avait pas vraiment dut lui plaire. Je le fixe à mon tour, impassible. Ok, lui et ses amis m'avaient sauver des griffes de Gutt mais c'était pas une raison pour vouloir m'apprivoiser. La vérité c'est que j'ai un peu de mal à me faire à cette nouvelle vie, tellement … monotone. Avant, j'avais tout, j'étais seconde sur un bateau pirate, crainte de tous et respectée et aujourd'hui je me retrouvais à traîner avec une bande de clowns qui m'avaient arraché à cette vie, qui avaient tout chamboulé et m'avaient poussé à trahir ceux qui ressemblaient le plus à une famille pour moi, ceux qui m'avaient recueilli alors même que j'étais plus bas que terre, que je n'avais rien ni personne, que j'étais une loque. Alors même si c'étaient de vrais enfoirés, je n'avais jamais rien connu d'autre, c'était difficile de me détacher de celle que j'étais.

Salut beauté ! Alors du nouveau ? Raphaël vient d'entrer dans la pièce sans prendre le temps de toquer et s'installe sur le canapé. Je lève les yeux au ciel en soupirant puis pousse ses pieds qu'il a posé sur la table basse. On t'a jamais appris à frapper avant d'entrer ? Il me lance un sourire charmeur et repose ses pieds sur la table Fait pas ta prude, t'es pas à poil à ce que je sâche ?! Je soupire à nouveau avant de me laisser tomber dans le canapé à côté de lui. Ce qu'il peut être agaçant avec ses remarques salaces à longueur de journée et sa drague à deux balles.  J'ai l'impression que ce monde a accentué cet aspect de sa personnalité, mais c'est ce qui fait son charme je suppose. Ca te ferait trop plaisir. C'est devenu une habitude maintenant, Raph passe autant de temps chez moi que chez lui, à croire qu'il n'a jamais rien d'autre à faire que de venir me casser les pieds. Non pas que sa présence m'est insupportable mais je me pose des questions sur les véritables raisons qui le poussent à passer autant de temps en ma compagnie, bien sur il y a la recherche de sa petite bande de copains mais est-ce la seule raison ?Je dois me faire discrète en ce moment, mes supérieurs vont finir par se douter de quelque chose.

Diego ! Diego ! Qu'est-ce qui m'arrive ? Où suis-je ? Mes yeux s'habituent peu à peu à la lumière vive du matin. Je suis allongée sur un sol dur et chaud, mon corps entier me fait mal et je me sens … bizarre .. C'est alors que je tente de me relever que je les remarque .. ces deux mains à la place de mes pattes. Oh putain de merde ! C'est tout ce que je réussis à dire, que s'est-il-passé ? Papa ! Maman ! Une voix douce mais apeurée s'élève derrière moi, voix que j'ai appris à connaître au cours des derniers mois, Pêche. Je me retourne doucement en raison des vertiges qui me donnent la nausée et me retrouve face à une humaine, une jeune femme aux cheveux marrons et aux yeux foncés, très belle mais à l'allure négligée. Pêche, c'est toi ? Je m'avance avec prudence vers elle, elle semble terrifiée et me regarde comme si j'étais le diable en personne. C'est moi, Kira .. J'hésite quelques secondes et me risque à tendre une main vers elle, je n'ai pas le temps de comprendre ce qui se passe qu'elle se jette dans mes bras et que nous tombons à la renverse. Kira ! Tu sais où sont maman et papa ? Et Sid ? Et Diego ? Oula, trop d'informations d'un coup, un mal de tête me prend et alors que j'essaye de reprendre mes esprits et que je m'assois par terre, Pêche à mes côtés, un homme s'approche de nous en titubant.Je suis là.Diego .. Ni une, ni deux me voilà à nouveau sur mes toutes nouvelles jambes humaines, accrochée au coup du jeune homme qui à son tour me sert de toutes ses forces.

À notre arrivée à Fantasia Hill, nous avions perdu la trace de Manny, Ellie, Sid et les autres. Si je faisais semblant de m'en contre-foutre, en réalité cela me touchait, j'avais appris à apprécier leur bande de rigolos et qui plus est, je devais aider Pêche, elle était seule et vulnérable dans un onde inconnu. Nous avions emménagé toute les deux, nous étions trouvé de nouvelles identités et j'avais intégré le FBI afin de pouvoir mener à bien mes recherches. Diego quant à lui avait emménagé juste à côté sous le nom de Raphaël et participais, à sa façon, aux recherches. Arrête, t'es la fille la plus manipulatrice que je connais! Et pourtant j'en connais des filles ! sur ces mot il se penche vers moi et passe son bras autour de mes épaules Arrête ça, espèce de baratineur à deux balles ! Je me dégage vivement de son étreinte pendant qu'il part d'un petit rire et fini par me sourire. Il m'énerve quand il a ce sourire fier aux lèvres, je lui décroche donc un coup de poing dans l'épaule et me lève Faut que j'aille bosser, tu fermeras la porte en partant, Pêche est sous la douche, elle ne devrait pas tarder à sortir. Il s’apprête à se lever mais lorsque je prononce le prénom de sa nièce d'adoption, il se ravise. Je crois que je vais l'attendre, elle est folle de moi, je m'en voudrais de lui gâcher le plaisir de me voir. Je lance un regard mauvais à Raph avant de prendre un air hautain T'es qu'un crétin et pervers avec ça ! Pêche est comme ta nièce je te rappelle ! sur ces mots je claque la porte et me retrouve dans le couloir. C'est alors que je me rends compte que je suis devenue rouge comme une tomate, oui la jalousie est un bien vilain défaut.