Hum… * Toussotements * Bon puisqu’il faut que je me présente, je vais tenter d’éclaircir au mieux vos lanternes en vous racontant mon histoire. Excusez d’avance les quelques imperfections de langage et autres jeux de mots saugrenus qui pourraient se glisser dans mon discours. Ayant passé une grande partie de ma vie à émettre des cris, rugissements ou braillements dénués de mots ou phrases. Étant seulement compréhensible par mes mimiques, gestuelles ou changements d’intonations. Maintenant que je peux parler et me faire comprendre, il est difficile de me faire taire… Je me lance souvent dans des bavardages totalement incohérents et abracadabrants… * Silence * Je vais donc essayer de rester le plus clair possible, éviter de trop en rajouter et de vous dire rien que la vérité. Ouais, ouais je sais ça vous fait sourire, mais je suis sérieux là… Non mais c’est vrai… * Mine boudeuse *

De ce que je me rappelle, je suis né quelque part dans la ville d’Agrabah. Majestueuse et caniculaire cité entourée d’une immensité sèche et sableuse. Oasis de richesses et de délices, cette ville était dirigée par un brave Sultan, aimé et apprécié de tous ses habitants. Idyllique présenté comme ça, vous ne trouvez pas ? Peut-être pour les autres, mais pas pour moi… Adopté par une riche habitante des lieux, je n’étais qu’un vulgaire petit singe de compagnie contraint à vivre dans sa cage. Simple distraction pour les convives de cette femme, ma vie était bien malheureuse. J’étais triste dans cette prison de fer. Bien que nourri à ma faim, et Dieu sait le nombre d’aliments que je devais ingurgiter pour être rassasié, cette vie ne me plaisait pas. J’avais soif de liberté, de grands espaces. J’inspirais à me balader là où je le voulais, grimper un peu partout et découvrir le monde extérieur… L’inconnu m’intriguait. Une nuit, je pris alors la décision de m’évader. Réussissant à ouvrir le petit cadenas qui me gardait prisonnier avec une petite épingle à cheveux. Epingle qui, soit dit en passant, fut le premier objet que je dérobais. Je l’avais discrètement subtilisé dans les affaires de ma maîtresse.

Hélas, je me rendis compte qu’il était difficile pour un petit primate comme moi de vivre seul dans la rue. Il y avait bien les étals des commerçants du bazar qui regorgeaient de fruits et de légumes, mais je compris rapidement que je ne pouvais me servir comme bon il me semblait. Toute nourriture devait être payée, avec des pièces d’or, les hommes appelaient cela de la monnaie. Comme si un singe avait une gueule à se trimballer avec ça sur lui. Même mes regards les plus doux et tristes n’y faisaient rien… Je ne mangeais pas à ma faim. Un jour pourtant, au détour d’une petite ruelle calme, je découvris un petit escalier qui menait à une sorte de terrasse, dont l’état était loin d’être spacieux. Curieux, je m’aventurai un peu plus dans cet endroit. Je fus surpris de voir que quelqu’un vivait là, à en juger par le mince matelas et les quelques objets que je pouvais discerner ci et là. Un détail attira tout de suite mon attention, plusieurs jolies bananes me faisaient de l’œil sur le rebord de la terrasse. Comme hypnotisé par la faim, je me précipitai à toute vitesse… Dommage, pour moi, un jeune homme m’empêcha de m’en emparer. Furieux, qu’il m’ait attrapé par la peau du cou, je gesticulais dans tous les sens, rouspétant dans mon langage de singe. * Rires * Ce fut ma première rencontre avec ce cher Aladdin… Sur le coup j’ai bien cru que j’allais l’étriper. Mais chez moi la faim est ma plus grande préoccupation… Enfin je ne vois pas pourquoi je le redis, vous l’avez sûrement compris. * Sourire malicieux *

Cette première entrevue avec Aladdin fut plutôt houleuse. En y repensant, j’avais voulu lui piquer son repas… Pas étonnant que ça se soit mal passé. Mais le pire vint après. Il avait retrouvé ma propriétaire et m’avait ramené chez elle. Elle lui versa une belle récompense en contrepartie. Moi, je ne voulais pas retourner dans ma cage. Triste, mon regard croisa celui d’Ali… * Fait son regard de pauvre petit singe malheureux * Ouais, j’ai toujours été irrésistible avec ces yeux là… D’ailleurs ça a marché avec Ali, qui laissa tomber la récompense et m’emmena avec lui. Depuis ce jour nous sommes inséparables… Meilleurs amis, à jamais… * Silence * Quoi ? Vous en voulez plus ? Non mais… * Soupire * Oui bon, je continue. Laissez-moi réfléchir deux minutes…

M’enfuir avec Aladdin fut la meilleure chose qui me soit arrivée ! A partir de ce jour, nous avons vécu des aventures inoubliables bien que parfois dangereuses et totalement suicidaires. Néanmoins les rires et les bons moments furent tout aussi inoubliables. Tout comme les nombreuses rencontres que nous fîmes, bien que parfois elles nous mirent dans de fâcheuses situations. Jafar en fut le parfait exemple… Odieux et cruel personnage. Vizir diabolique aux ambitions dangereuses pour Agrabah. Fourbe et manipulateur, il réussit à convaincre Aladdin de se rendre à la Cavernes aux Merveilles pour lui récupérer une lampe, apparemment sans grande valeur. Du moins pour nous. En réalité il s’agissait d’un objet magique qui lui aurait sûrement permis de prendre le pouvoir de la cité, si je ne lui avais pas chapardé avant d’être englouti par la Caverne… Le génie et sa lampe magique, étrange personnage ! Loufoque et totalement dérangé, mais une personnalité hors norme qui fut de grand secours dans de nombreuses situations… Son fidèle tapis, tout aussi déjanté que lui, mais très utile… Tous deux nous aidèrent à sortir de la Caverne. A partir de là, nos vies changèrent énormément… Bien que, les mauvais et sombres plans de Jafar continuèrent de nous ennuyer, Aladdin finit par épouser la belle princesse Jasmine. Un amour qui au départ n’était pas gagné du tout. Mais les deux tourtereaux tombèrent réciproquement sous le charme de l’autre. Je ne pouvais nier le fait que j’avais été un peu jaloux… Aladdin était mon ami et j’eus peur qu’il ne m’oublie. Qu’il ne s’occupe plus de moi… Mais notre amitié était solide, malgré ses sentiments pour la belle, je restais son acolyte favori, son compagnon d’aventures !

Bon c’est bon ou je dois vous raconter comment j’ai fini dans la peau d’un éléphant après avoir été transformé en chameau, en étalon blanc à bouclettes ; je comprends mieux pourquoi mes cheveux sont bouclés maintenant * Rire * ; en canard jaune, en autruche, en mini-tortue, en un char étrange avec des roues et un moteur… Ce que j’appelle voiture à présent. Ouais, ouais, c’est ça foutez vous de moi ! Mais c’est pas franchement drôle de se retrouver métamorphosé en pachyderme, surtout quand on a l’idée débile de s’enfuir et de monter en haut d’un palmier. Je vous jure cet événement m’a traumatisé !

Oui, donc bref… * Instant de réflexion * Le vaurien des rues, le plus doué des voleurs devint le plus canon des princes. Et moi le petit singe du Prince, évidemment ! Quoi je bâcle la fin ? Non mais vous m’avez coupé dans mon élan aussi… Il est seize heures trente passé ! J’aurais dû avoir fini ma salade de fruits moi ! * Pleurniche * Puis je dois encore vous expliquer comment je me suis retrouvé ici ! Alors chut ! Je continue…

Ali, Génie, Carpet, Jasmine, Rajah, Iago, moi-même et tous les autres avons été les victimes d’un étrange sortilège il y a plusieurs mois maintenant. Oui bon le changement a été moins radical pour Ali et Jasmine, puisqu’ils ont gardé leur forme humaine. Pour les autres par contre, cet événement a bouleversé nos vies. Se retrouver dans la peau d’un homme, dans une nouvelle ville n’ayant rien à voir avec Agrabah… Ça a été franchement difficile de s’y faire au début. Aladdin n’a pas eu trop de soucis… Il s’est installé avec sa Jasmine, il a trouvé un bon boulot et puis basta ! Tout allez pour lui. Pour moi par contre c’était le contraire. Il allait falloir que je travaille pour pouvoir avoir de quoi manger. C’était terrifiant et totalement hors de mes principes ça ! J’ai tout de même trouvé un job chez un fleuriste… Bon j’aurais préféré un marchand de fruit ou de légumes, mais bon. D’ailleurs est ce que vous savez si ça se bouffe les fleurs ? Non parce que la journée de travail est longue et j’ai toujours la dalle… Oui, oui je sais je ne suis qu’un sale flemmard… C’est pas nouveau, et c’est pas vous qui me ferez changer… Mais j’essaye de me faire à mes nouvelles conditions de vie. Heureusement que mes amis sont là pour la rendre bien plus joyeuse ! Aladdin, Pinocchio, Lewis et Iago, ou la team diabolique… * Sourire en coin * Voilà, je pense avoir fini ! Excusez-moi pour la longueur du discours, mais je vous avais prévenu ! Une fois que je suis lancé je ne peux plus m’arrêter…

Oh si un dernier petit point. Depuis que nous sommes dans ce « Whole New World », je crois avoir trouvé la personne que j’aime… * Timide sourire en mode rouge tomate * Mais malheureusement, je ne peux vous dire de qui il s’agit… C’est un secret ! Sur ce, je vous souhaite une bonne journée… Je retourne à mon goûter. * Regarde sa montre * Dix-sept heures ??? * S’en va en grommelant *