Les OriginesJ'aurais pu rester un chiot, tout petit, tout mimi, une petite boule de poils toute gentille... - Maman! C'est quoi ce truc ?
- Un chien, Charles. C'est un Doberman.
- J'ai pas besoin d'un chien pour partir pour la première fois à l'aventure!
- Mais si, il te sera très utile, tu verras. Comment tu vas l'appeler ?
- J'avais pas prévu d'avoir un chien dans l'immédiat, et puis de toute façon garde-le! J'en veux pas!
- Trop tard, il t'as léché la main. Il t'aime bien.
- Super!
- C'est M. Ruden qui me l'a offert.
- L'Allemand d'en fasse ? Je savais pas qu'il avait des chiens.
- Il m'a dit que c'était le premier de sa portée.
- Je vais l'appeler...Alpha. J'espère que tu ferras honneur à ce nom petite tête.
- Tu vois, toi aussi tu l'aimes bien.
- Quand j'étais petit t'as jamais voulu que j'ai un chien et c'est maintenant que j'en ai le moins besoin que tu me l'offre. T'es une mère étrange tu sais ?
- Je suis pas étrange, tu était trop petit pour avoir un chien avant.
- S'il pouvait parler, ce chien dirait que tu est bizarre, pas vrai Alpha ?
- Mais ce chien ne peut pas parler.
- Un jour je trouverais le moyen de le faire parler. Tu aura la plus belle voix de chien du monde Alpha le Doberman.
-
Waf!Alpha, le préféréJe suis le début de l'Alphabet, né le premier, né pour dirigé, pour dominé, pour brutaliser, le premier qu'il ait aimé, le seul qu'il ait jamais considéré comme son fidèle allié, comme son ami toujours à ses côtés... Charles m'avait emmené avec lui lors de son premier voyage. J'étais si heureux ce jour-là. Nous faisions partie d'une équipe de jeunes explorateurs, aucun n'avait de chien à pars mon maître. J'étais tout petit à l'époque, une toute petite crevette de rien du tout. J'étais émerveillé par de tout petits rien, je chassais les écureuils, je mangeais dans les assiettes des explorateurs, je me faisais gronder et je repartais la queue entre les pattes vers mon maître. J'étais un sale petit chiot, je n'avais pas été éduqué comme un chien dominant alors je me faisais dominer, je me faisais marcher dessus. Mais j'étais né le premier de ma portée, j'étais né pour diriger les autres.
Après la première expédition, Charles décida de m'entraîner pour que je devienne un chien, un vrai, pas une petite peluche pour les enfants. Un vrai chien capable de sortir les crocs, capable de suivre une piste, de tuer s'il le fallait. Il avait besoin d'un vrai animal féroce pour le protéger dans les forêts d'Amérique, pour diriger la meute qu'il voulait former. Je devais me montrer comme un chef exemplaire, les autres devaient me respecter.
Au fur et à mesure des ans, après chaque expédition, il achetait un nouveau chien, ainsi je fis rapidement la connaissance de mes lieutenants Beta et Gamma qui n'avait pas mon assurance, ni mon charisme, ni ma grandeur. Je devais m'imposer auprès de mes subalternes, leur montrer que c'était moi qui dirigeais. Je leur faisais bien comprendre que Charles me préférait et qu'il me préférerait toujours à eux, pauvres chiens secondaires qu'il n'a acheté que pour agrandir ses rangs. J'étais le seul qui pouvait rentrer à la maison avec lui, les autres restaient dans le jardin de sa grande maison. J'étais le seul qui pouvait manger avec lui, à table, les autres mangeaient dehors. J'étais le premier à qui il offrit un collier me permettant de lui parler. La voix qu'il m'avait donnée correspondait à mon image de chef puissant, autoritaire et imposant. J'étais le préféré, depuis toujours et ça ne changerait jamais.
L'obsession et le BouletJe te suis, tu me fuis, il nous suit, tu l'a fuis au début lui aussi... Tu étais là, juste devant moi, j'allais t'avoir, j'étais tout près de planter mes crocs dans ton cou, ma chère. J'allais enfin avoir la satisfaction de te dominer. J'allais t'avoir. J'allais être bien récompensé, le maître allait m'honorer. Nous étions à tes trousses, à quelques mètres de toi à peine. Nous courions le plus vite possible mais tel Bip Bip tu m'échappais, à moi ton coyote. Oiseau de malheur avec tes jolies plumes !
Dug, lui, il te voulait aussi mais pas pour qu'on reconnaisse sa grandeur, non, pour qu'on oublie que c'était un raté, un minable. Le chien qui avait reçu dix fois d'affilé le collier de la honte. Le plus nul de tous les chiens de la meute. Charles nous l'avait collé aux pattes pour qu'on essaye de lui apprendre à chasser mais c'était peine perdue, alors je l'avais envoyé en
mission spéciale. Il était sensé ne pas bouger, nous laisser tranquille, j'avais bien sûr inventé des excuses pour qu'il soit éloigné de nous mais il arrivait toujours à nous retrouver. Ce chien me désespérais, je ne savais vraiment pas quoi faire de lui, il ne savait rien faire à part nous causer des ennuis.
Pourtant, c'est lui qui t'a trouvé. C'est lui qui t'a amené au maître. C'est lui qui a amené des inconnus chez nous, qui nous a mis en danger en invitants ses nouveaux amis minables. C'est lui qui t'a sauvé, qui t'a aidé à t'échapper, qui t'a permis de m'échapper alors que je te voulais tellement. Tout le monde te voulait, tu était si exotique, si belle au fond. C'est lui que nous avons ensuite vu partir avec les inconnus. C'est lui qui nous a trahi et toi qui nous a glissé entre les doigts. Mais mon unique proie toujours tu restera car dans nos filets tu ne saurais tarder à tomber. Je te veux et je t'aurais, tu peux bien te cacher, tu peux bien te moquer de la voix de mon collier que j'ai cassé pendant que je te cherchais, je m'en fiche, parce que je t'aurais un jour, je t'aurais.
Plus de collier, la libertéJ'entend toujours cette voix même sans collier, je suis un peu bourré, un peu drogué, totalement enfumé, bien entouré, à la fois dominant et dominé, toujours a te pourchasser... Crois-moi, en me réveillant ce matin-là je n'aurais jamais pensé me retrouver sur une plage. Je n'aurais jamais pensé me retrouver marchant sur deux pattes ou même parler avec une voix à peu près normal. Je n'aurais jamais imaginé devenir humain! Mon dieu, qu'est-ce que j'étais affolé à l'idée d'être devenu comme Charles! Je n'y croyais pas, en fait je croyais que c'était un rêve ou quelque chose comme ça. Mais, non, j'étais bien humain et je n'étais pas seul. Beta et Gamma l'étais aussi. Nous nous étions tous les trois écrasés sur du sable et l'eau chatouillait nos pieds d'hommes. En arrivant dans ce qui ressemblait à une ville, je me suis posé pleins de questions. Seulement deux en fait : Où était Charles ? Et où étais-tu, toi, Kevin, L'Oiseau, L'Obsession, où étais-tu donc passée ? C'est la voix dans ma tête, la voix de mon collier qui me poussa à entrer dans la police, au fond je me disais que c'était un métier pour moi, j'avais du flaire, une bonne ouïe, une excellente vue, j'étais un ancien chien et puis les gens auraient confiance et devrez à la fois me respecter. La voix voulait que je te retrouve, mais en fait, au fond de moi, je préférais ne jamais te revoir puisque tu avais choisis le bon à rien. Mais elle me poussait, elle me pousse toujours à agir contre mon gré. La voix te veut et je sais que moi aussi je te veux.