Ne me prend pas pour une cruche, chéri !

-« Tiana, le client de la 5 dit que son poisson ne semble pas frais … »

L’interpellée tourna vivement la tête vers la serveuse qui lui tendait l’assiette. Elle grinça des dents avant d’attraper une fourchette et d’en goûter un morceau. Excellent. Ce putain de poisson était parfait. Tiana ne commandait que des aliments frais pour ses plats. D’un geste, elle envoya le cuisinier responsable de cette assiette s’expliquer au client. Il sembla rouspéter au départ mais il savait que lorsque le restaurant était complet comme ce soir-là, il devait obéir au doigt et à l’œil. Tiana continua son travail, stressée par toutes les commandes qu’elle et ses cuisiniers se devaient d’accomplir. Son seul petit regain d’énergie était le sourire de son mari, serveur, venant chercher les assiettes. Évidemment, ils passaient un moment difficile tous les deux mais Tiana l’aimait. Oui, elle l’aimait plus que tout et elle ne pouvait que fondre et refondre devant son sourire. Quand son cuisinier revint en cuisine, elle remarqua qu’il avait quelque chose de différent. Il semblait marcher « les fesses serrées » comme on dit.

-« Quelque chose va pas ? »
-« Non… Tout va bien. »
-« Arrête de me mentir, je te connais. »

Il regarda autour de lui, anxieux. Il semblait chercher quelqu’un mais tous les gens présents dans la cuisine savaient qu’on ne se sauvait pas des griffes de Tiana si facilement. Il reposa son regard sur la chef et murmura un simple : « C’est Naveen … » Avant de lui expliquer plus en détails, sous le regard insistant de sa patronne, que le mari de cette dernière était en train de sociabiliser avec des clientes… Pendant son temps de pause. Il retourna à son poste bien vite pendant que Tiana réfléchissait, sentant sa fureur monter graduellement. Beaucoup trop coureur de jupons, ce mari ! Elle ne pensa même pas à aller vérifier ce qu’il faisait réellement, se fiant à la parole de son cuisinier. Faire un drame en plein restaurant n’était pas le genre de Tiana. Elle attendrait au soir… Elle continua sa journée, se visualisant en têtes tout ce qu’elle pourrait lui faire pour se venger d’aller regarder ailleurs. Certaines solutions étaient plus loufoques que d’autres mais Tiana savait que tout ce qu’elle ferait serait hausser le ton.

[...]

Le soir venu, c’était Naveen et elle qui fermaient le restaurant. Tous les clients avaient passés la porte et les derniers à partir partaient avec un air épuisé. Elle les saluait tous, discutait un peu plus avec d’autres. Quand ils furent seuls, elle et son mari se mirent au nettoyage. Comme à leur habitude, elle s’occupait de la cuisine et lui de la salle. Les serveurs et les cuisiniers avaient relativement nettoyé les tables ou les stations de travail. Il ne restait plus qu’à faire des retouches ou passer la vadrouille. Tiana avait le cœur qui se serrait, sachant qu’elle devait aborder le sujet mais ne sachant pas comment le faire. Elle termina de tout ramasser dans la cuisine sans dire un mot, laissant le silence planer sur eux. Alors, elle le rejoignit dans la salle et monta sur les tables les dernières chaises pour lui faciliter la fin de son travail. Ses yeux se promenèrent sur lui. Allant de son visage à ses mains travaillantes. Elle se demandait s’il avait déjà posé ces mains sur le corps d’une autre fille qu’elle. Un frisson la parcourut. Non, elle ne voulait pas imaginer cela même si elle était certaine, au fond d’elle, que c’était le cas.

-« Tu sais Naveen, si tu voulais être l’homme de toutes les femmes, il fallait pas en épouser une… »

Après sa phrase, elle déglutit. Attendant avec impatience la réaction de Naveen et se demandant aussi, intérieurement, qui des deux dormirait sur le canapé une fois arrivés à leur appartement. Ils n’allaient sûrement pas dormir collés-collés comme deux jeunes amoureux après une discussion houleuse comme celle qu’elle amorçait maintenant.

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La soirée de se passait bien, comme toutes les soirées ou presque que Naveen passait en compagnie de sa merveilleuse femme au Sea Of Our Dreams. Ce n'était pas le travail qui l'enchantait le plus, non, travailler ce n'était pas vraiment pour lui, même s'il s'en sortait plutôt bien. Lui, ce qu'il aimait c'était voir le visage de sa femme, souriante comme toujours entre tous ses plats, c'était de pouvoir faire quelque chose ensemble, être près l'un de l'autre et c'était également un lieu sûr où il se devait d'être sage et de ne pas draguer tout ce qui passait pas loin de lui. Il allait de table en table, demandant si tout allait bien, prenant des commandes de clients, apportant l'addition, des assiettes, de nouvelles serviettes pour le gamin qui ne savait pas manger. Autour de lui les autres serveur semblaient vraiment stressé par tous ce monde au restaurant, ce n'était pas rare pourtant. Naveen gardait son sang froid, il se sentait bien, planant entre les tables, apercevant le sourire de sa femme, oubliant qu'il était au travail, trouvant même que servir les autres étaient un bon passe-temps.

Sa pause arriva vite et il sortit en terrasse, s'adossant contre un mur, regardant toutes une table encerclée de jeunes femmes ravissantes. L'une d'elle lui fit signe d'approcher et Naveen s'exécuta, trop bête. Toutes les femmes autour de lui lui faisait presque oublier Tiana, qui était en train de se tuer à la tâche dans son restaurant alors que lui draguait, bien que contre son grès pour une fois. Habituellement c'était lui qui accostait les jeunes femmes, il les draguait, leur jouait un petit air de guitare et puis il rentrait, content de sa journée, ne pensant pas que Tiana savait bien ce qu'il faisait. Oui, parce que Tiana semblait avoir des yeux partout à Fantasia Hill, elle savait que son mari était un des plus infidèles maris de l'île. Ils traversaient une mauvaise passe en ce moment, mais ils allaient finir pas se retrouver, ils s'aimaient vraiment, même si la situation présente semblait laisser penser le contraire.

Le restaurant ferma vers minuit, peut-être même plus tard. Les anciennes grenouilles étaient chargées de la fermeture et du nettoyage ce soir-là. Les derniers clients venaient à peine de payer leur addition. Naveen et sa femme les saluèrent, ils les remercièrent pour le repas et s'en allèrent, laissant le couple seul, enfin. Le Prince s'occupait de la salle pendant que sa femme nettoyait la cuisine où elle passait le plus de temps. Il sifflotait tranquillement tout en passant le balais et en ramassant quelques pièces tombées des poches des clients du jour. Il n'irait pas très loin avec ces quelques centimes. Tiana revint dans la salle et monta les dernières chaises sur les tables. Naveen se cogna contre une table en entendant ce qu'elle lui dit.

« Tu sais Naveen, si tu voulais être l’homme de toutes les femmes, il fallait pas en épouser une… »

Il ne savait pas quoi répondre, c'était tellement inattendu. Il se frotta la tête et regarda sa femme droit dans les yeux. Non, il ne savait pas quoi dire, il ne savait pas qu'il devait se justifier ou démentir alors qu'elle savait. Il détourna le regard, baladant ses yeux, non pas sur le corps d'une autre, mais entre les tables, espérant trouver un prétexte pour changer de sujet. Il s'appuya contre le balais qu'il tenait en main. Les mots ne voulaient pas venir, sa gorge restait sèche. Tout ce qui sortirait de sa bouche permettrait d'accélérer la bombe qui s'apprêtait à exploser entre elle et lui mais il fini pas ouvrir la bouche, bien que mort de peur.

« Si je t'ai épousé c'est que je n'aime que toi, que je ne veux que toi, les autres elles ne t'arrivent pas à la cheville... C'est elle qui me font du rentre dedans, le plus souvent. »

Il avait à la fois essayé de se rattraper, de jeter la faute sur les autres et de se justifier. Il avait tout raté pour la peine. Il dormirait surement sur le canapé. Naveen avait toujours su parler aux femmes mais avec Tiana c'était différent, c'est toujours différent avec la femme qu'on aime. Il perdait toutes ses belles paroles avec elle et il gâchait leur beau mariage en allant voir ailleurs alors que la seule chose qu'il avait réussi dans sa vie était devant lui.

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Pour les autres, Tiana et Naveen semblaient former un mariage heureux. Ils semblaient s’aimer à la folie, ne se quittaient pas des yeux et prenaient chaque moment libres pour se bécoter. Enfin, ça, c’était en public. Tiana détestait montrer ses faiblesses devant les autres. Elle ne voulait pas que les autres femmes la regardent et se disent entre elles « Oh, regarde, son mec la trompe. Je lui donne un mois avant sa dépression. » Non. Elle était plus forte que ça. Tiana voulait montrer à qui souhaitait le voir qu’elle était capable de remettre son couple sur pieds.

Il était tard, elle était fatiguée et fâchée. Tiana avait perdu toute sa patience au cours de la journée avec tout le stress du restaurant en plus de cette vilaine histoire avec Naveen. Une fois sa partie du nettoyage effectuée, elle s’était rendue dans la salle à manger pour aider son mari à finir la sienne malgré tout. Mais ce n’était pas pour l’aider lui en particulier, c’était simplement parce que Tiana était faite de façon à aider les gens quand ils en avaient besoin. Elle lui lança cette phrase, qu’elle s’était répétée maintes et maintes fois dans sa tête pendant toute la journée. Oui, elle lui reprochait de l’avoir épousé si c’était pour vouloir d’autres filles. Lorsque sa voix lui parvint aux oreilles, il se cogna contre un des tables. Intérieurement, la princesse jubilait. C’était stupide mais tout ce qui pouvait faire mal à Naveen physiquement lui faisait plaisir lorsqu’elle était fâchée contre lui. Comme ce matin où elle l’avait ébouillanté avec le café, sans le faire exprès. Elle regardait son mari attentivement, étudiant chacun de ses gestes. Elle espérait qu’il allait avouer ses torts, s’excuser ou quoi que ce soit. Mais il la regarda dans les yeux, se frottant la tête avant de détourner le regard. Cherchait-il une porte de sortie pour s’enfuir des griffes de sa femme au plus vite ? Oui, elle espérait qu’il dirait enfin la vérité mais elle fut une fois de plus déçue.


-« Si je t'ai épousé c'est que je n'aime que toi, que je ne veux que toi, les autres elles ne t'arrivent pas à la cheville... C'est elle qui me font du rentre dedans, le plus souvent. »

Tiana croisa les bras sur sa poitrine, se tenant droite comme un piquet et fixant son mari d’un regard noir. C’était des beaux mots, ce qu’il disait. Mais sortait-il les mêmes phrases à ses conquêtes ? « Je ne veux que toi, les autres ne t’arrivent pas à la chevilles…». Dégoutant. Pathétique. Minable. Leur mariage ne tenait qu’à un fil mais tous deux s’amusaient à y danser. Lui par ses infidélités, elle par ses crises de nerfs. Elle fit alors trois pas. Chacun très lentement pour que Naveen puisse s’imaginer toutes les saloperies qu’elle serait capable de lui faire juste pour lui faire regretter toutes les conneries qu’il a pu faire dans son dos.

-« Arrête de me mentir ! Merde… »

Elle lui prit brusquement le balai des mains et le lança plus loin dans la salle avant de poser son doigt sur le torse de Naveen, le faisant reculer par petit pas jusqu’à ce que son dos se cogne contre le mur.

-« Je sais tout Naveen. Tu leurs fais des jolis sourires avec tes foutues dents blanches, tu te vantes de ton beau corps à quiconque passe devant toi et chaque paroles qui sortent de ta bouche les séduisent. Elles tombent à tes pieds et tu penses que je ne le vois PAS ? Faudrait être aveugle ! »

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Apparemment la réponse du prince n'avait pas satisfait sa femme, même pas du tout. Elle était surement encore plus en colère et remontée contre lui, vu la position qu'elle adopta. Naveen n'aimait pas la voir en colère, ce sentiment faisait ressortir le pire en Tiana qui était habituellement douce avec lui ou même avec tout le monde. Il n'aimait pas la façon dont elle le regardait, la façon dont elle se tenait, la façon dont elle lui parlait. Tout ça annonçait une crise dans les minutes à venir, en fait elle avait déjà commencée cette crise, mais le prince essayait de se persuader qu'elle n'était pas encore là, que tout finirais bien, que tout le monde oublierait cette histoire de tromperie et qu'ils rentreraient à la maison comme si de rien était. Mais non. Tiana était là, debout, en face de lui, énervée au possible et lui sans défense, puisqu'à tous les points de vue il était en faute. Elle s'avança vers lui, lentement. Il déglutit, il se sentait pris au piège dans ses mensonges, pris au pièges dans sa bêtise, pris au piège entre un mur et sa délicieuse femme qui lui lançait un regard qu'il n'avait vu que rarement auparavant.

« Arrête de me mentir ! Merde... » lui aboya-t-elle dessus en lui arrachant le balais de ses mains tremblantes. Naveen avait vraiment l'air d'un animal sans défenses et c'était bien la première fois que ça lui arrivait. Il n'avait jamais eu l'air aussi apeuré de toute sa vie, il n'avait jamais eu aussi peur de sa propre femme. Au fond, il le méritait surement, mais pourquoi tant de violence alors qu'ils auraient pu parler calmement...Tiana avait sans doute envie d'avoir le contrôle pour une fois. Elle posa son doigt sur le torse de son mari et le fit reculer jusqu'à ce qu'il soit collé au mur, là où il lui serait impossible de s'échapper.

« Je sais tout Naveen. Tu leurs fais des jolis sourires avec tes foutues dents blanches, tu te vantes de ton beau corps à quiconque passe devant toi et chaque paroles qui sortent de ta bouche les séduisent. Elles tombent à tes pieds et tu penses que je ne le vois PAS ? Faudrait être aveugle ! »

« Je...heu... » avait-il balbutié. Il n'avait rien trouvé de mieux à dire. Il n'y avait rien à dire, elle savait, alors à quoi bon nier. Il n'était pas en mesure de dire quoi que ce soit. Il perdait de sa grandeur entre les yeux assassins de sa femme et le mur qui lui glaçait le dos. Il ne voulait pas qu'on le prenne pour un faible qui ne sait pas quoi répondre à sa femme, il ne voulait pas la laisser gagner à ce jeu-là parce qu'elle ne savait surement pas tout, parce qu'il n'était pas le seul fautif, parce qu'il n'y avait pas que ses tords à prendre en compte, parce qu'il ne voulait pas que tout repose sur ses épaules. Il se redressa, essayant de paraître sur de lui et regarda sa femme droit dans les yeux même si son regard ne se voulait pas aussi brulant et accablant que celui de Tiana.

« Qu'est-ce que tu sais ? Tu sais que je joue de la guitare devant d'autres que toi, tu sais qu'elles m'admirent, que je fais comme si je m'intéressais à elles. Bravo ! T'as découvert mon secret ! Je drague ! Attention ! C'est bien le seul domaine dans lequel je suis bon. Et puis, mes dents ont besoin d'un détartrage alors ne dis pas qu'elles sont blanches ! Et j'ai jamais demandé d'avoir un corps aussi parfait, j'ai jamais demander d'avoir une gueule d'ange, j'aurais bien préféré être moche et te rencontrer qu'être beau et passer ma vie sans toi, mais j'ai qu'un seul don, le don de séduction, alors pourquoi tu veux me l'enlever ? Pourquoi tu veux gâcher ce que je suis ? On s'est marié pour le meilleur et pour le pire, en ce moment je crois bien qu'on traverse le pire mais je ne suis pas le seul responsable ! C'est qui qui passe sa vie derrière ses fourneaux au lieu de surveiller son mari, qui soit dit en passant ne touche jamais aux femmes qu'il attire ? Il faut pas s'en prendre qu'à moi si notre mariage se casse la tronche ! »

Voilà. C'était dit. Naveen avait déballé à peu près tout ce qu'il avait à dire, tout ce qu'il avait trouvé utile, ou débile, de dire sous l'effet de la colère. Tout ce qui méritait d'être dit. Il avait les yeux qui sortaient presque de leurs orbites. Il avait tellement chaud après avoir crié aussi fort sur sa femme. Il ne s'était jamais autant énervé, oh, non, jamais. C'était comme s'il y avait eu un dragon ou un lion qui venait de rugir un bon coup. Il s'attendait bien à une claque de la part de sa femme et pour le coup il la méritait surement. Là, comme un con, il attendait, sentant la colère descendre un peu, le lion s'apaisait.

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Naveen bredouillait, tentant de répondre quelque chose. Il était comme pris au piège par sa propre femme. Lui qui croyait qu’elle ne savait rien. Lui qui pensait que son petit jeu avec les autres pouvait passer inaperçu. Il s’était trompé. Tiana jubilait intérieurement. Son regard de feu pétrifiait son mari et pour une seule fois, elle se sentait plus forte que lui. Elle était capable de le remettre à sa place simplement avec un regard, c’était la façon dont elle prononçait ses mots qui faisaient en sorte qu’il ne savait plus quoi dire. Mais Naveen était trop fier et elle le savait. Elle connaissait son mari. Elle savait qu’il ne resterait pas silencieux face à elle.

-« Qu'est-ce que tu sais ? Tu sais que je joue de la guitare devant d'autres que toi, tu sais qu'elles m'admirent, que je fais comme si je m'intéressais à elles. Bravo ! T'as découvert mon secret ! Je drague ! Attention ! C'est bien le seul domaine dans lequel je suis bon. Et puis, mes dents ont besoin d'un détartrage alors ne dis pas qu'elles sont blanches ! Et j'ai jamais demandé d'avoir un corps aussi parfait, j'ai jamais demander d'avoir une gueule d'ange, j'aurais bien préféré être moche et te rencontrer qu'être beau et passer ma vie sans toi, mais j'ai qu'un seul don, le don de séduction, alors pourquoi tu veux me l'enlever ? Pourquoi tu veux gâcher ce que je suis ? On s'est marié pour le meilleur et pour le pire, en ce moment je crois bien qu'on traverse le pire mais je ne suis pas le seul responsable ! C'est qui qui passe sa vie derrière ses fourneaux au lieu de surveiller son mari, qui soit dit en passant ne touche jamais aux femmes qu'il attire ? Il ne faut pas s'en prendre qu'à moi si notre mariage se casse la tronche ! »

Tiana recula de deux pas, comme sonnée par ce coup. Ses mains se déplacèrent naturellement sur ses hanches et elle y planta ses doigts pour éviter de succomber à l’envie de frapper Naveen. Elle ressentait cette pulsion partout dans son corps, dans ses veines. Juste un coup. Mais non. Tiana pouvait crier, pousser ou lancer des choses sur Naveen mais jamais elle ne le frapperait. Jamais son poing ne toucherait sa mâchoire même si parfois, l’envie était très forte. La princesse se passa une main sur le visage, tentant de se calmer en respirant calmement. Elle recula encore de quelques pas, se tournant pour montrer le dos à Naveen et réfléchir de la suite des évènements. Soudainement plus calme mais animée d’un ton dégouté, elle murmura :

-« Non mais regardes toi… Égoïste & narcissique… Je te parle du fait que tu séduis les filles avec tes belles dents et tu me réponds qu’elles ont besoin d’un détartrage ! Tu t’es entendu me dire que « Tu n’avais jamais demandé d’avoir un corps aussi parfait ». Tu parles d’un don ! Le don de la séduction… Haha… Pathétique.»

Elle ne regardait plus Naveen, marchant jusqu'à l’endroit où elle avait lancé le balai pour le ramasser lentement et aller le ranger dans le placard. Refermant la porte du placard, elle s’y accota en planta une nouvelle fois ses yeux dans ceux de Naveen, plus loin. Elle avait volontairement laissé de la distance entre eux, sachant que moins près de lui elle serait, moins l’envie de lui arracher les deux yeux se ferait pressante. Un petit rire s’échappa d’elle sans qu’elle l’ait voulu simplement parce qu’elle s’imaginait la scène et se disait qu’il ferait moins le malin sans ses deux yeux pour faire les yeux doux aux filles.

-« Arrête de mettre la faute sur mon dos. Tu pourrais le faire si moi aussi j’allais voir ailleurs mais ce n’est pas le cas. Oui, je passe ma vie derrière les fourneaux mais c’est surtout pour être capable de payer notre foutue maison. Tu voudrais que je te surveille tout le temps, c’est ça ? Que je te suive partout où tu vas, que j’espionne ton Facebook ou ton téléphone. Que je te suive quand tu sors avec tes potes ? Je peux même te mettre un moniteur pour bébé dans le cul si tu veux. »

Tiana croisa ses bras sur sa poitrine et ferma les yeux après avoir finis sa phrase. Elle savait depuis le début de la journée qu’elle s’engueulerait avec Naveen mais maintenant que c’était commencé, elle aurait juste aimé disparaître.

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Naveen avait les yeux exorbités. La respiration saccadée, il avait mal au coeur autant qu'à la gorge après avoir crié aussi fort que ça sur sa femme. C'était surement la première fois qu'il criait si fort. Tiana recula, s'éloignant de plus en plus de lui. Il n'aimait pas cette situation, il se sentait responsable, mais seulement en partie. Il n'avait jamais vraiment pensé à la conséquence de ses actes avant aujourd'hui. Il essayait de réfléchir comme un adulte mais son cerveau d'adolescent puéril pensait qu'elle n'avait pas à la persécuter pour si peu. On voyait les veines de son cou et l'une d'entre elle semblait particulièrement agitée. Elle sautillait plus vite que les autres, plus vite que sa cage thoracique se soulevait pour respirer l'air plein de haine du moment présent. Tiana se mit dans cette position si maternel, comme si elle allait le gronder, les mains sur les hanches, sensuelle et tellement en colère pourtant. Ils firent le même geste en même temps. Se passer une main sur le visage, comme si allait les calmer. Naveen était si énervé et fatigué à la fois qu'il avait presque envie de rire de la situation présente. Mais non. Il devait rester le plus dur possible et défendre sa position. Rester solide, ne pas fondre, ne pas succomber à la beauté de sa femme. Elle recula encore, se tournant bientôt, les privant l'un l'autre de la vision de leurs visages déformés par la haine.

- « Non mais regardes toi… Égoïste et narcissique… Je te parle du fait que tu séduis les filles avec tes belles dents et tu me réponds qu’elles ont besoin d’un détartrage ! Tu t’es entendu me dire que « Tu n’avais jamais demandé d’avoir un corps aussi parfait ». Tu parles d’un don ! Le don de la séduction… Haha… Pathétique. »

- « Tu crois que t'as pas de défauts toi. Pff. » Marmonna-t-il presque imperceptiblement pendant qu'elle allait ramasser le balais. Elle avait raison, il était pathétique, incapable, tellement misérable. Naveen ne la méritait pas, ça c'était certain. Elle méritait quelqu'un qui sache s'occuper d'elle, qui sache la respecter et l'aimer comme lui ne le fait pas. Il soupira, ferma les yeux et les rouvrit, regardant sa femme qui le fixait à présent, surement prête à prendre son élan et à lui sauter au con pour le démolir. Le prince n'aimait pas du tout la distance qu'il y avait entre eux, et bien que c'était Tiana qui l'avait 'instaurée" c'était entièrement sa faute à lui. Elle avait surement envie de la frapper avec toute la force qu'il lui restait en cette fin de journée mais lui, il avait simplement envie de la prendre dans ses bras, de s'excuser, de devenir fidèle, d'oublier les autres, de l'aimer jusqu'à la fin des temps. Malheureusement en ce moment, la tendance était plutôt à la guerre qu'à l'amour. Elle rit doucement, se moquant surement de sa médiocrité d'adolescent retardé.

- « Arrête de mettre la faute sur mon dos. Tu pourrais le faire si moi aussi j’allais voir ailleurs mais ce n’est pas le cas. Oui, je passe ma vie derrière les fourneaux mais c’est surtout pour être capable de payer notre foutue maison. Tu voudrais que je te surveille tout le temps, c’est ça ? Que je te suive partout où tu vas, que j’espionne ton Facebook ou ton téléphone. Que je te suive quand tu sors avec tes potes ? Je peux même te mettre un moniteur pour bébé dans le cul si tu veux. »

- « Non, merci, ça ira pour le baby-phone et pour tout le reste d'ailleurs. Je suis... un con. »

Il descendit une chaise de la table derrière lui, s'assit dessus et regarda Tiana. Il foutait toute leur vie en l'air. Il avait mal, mal au coeur, mal à l'intérieur d'être aussi con et puéril, d'être aussi égoïste et narcissique comme elle lui avait si bien fait remarquer. Il essuya ses yeux avant qu'ils ne débordent et le fasse paraître encore plus minable qu'il ne 'étais déjà. Il ouvrit la bouche, ne dit rien, la referma puis la rouvrit.

- « Tu mérites mieux que moi. Je suis qu'un pauvre nul, je te rends malheureuse, je me rends malheureux. Je ne mesure pas les conséquences de mes actes... Je suis irrécupérable. Si tu pars, que tu me laisses tomber, je comprendrais, je ne te mérite pas le moins du monde. Je suis qu'un gamin, je ne comprends pas quand je dois m'arrêter, je n'ai pas de limite, mon amour pour toi n'en a pas... Ma connerie non plus...» Il en avait fallu de peu pour qu'il se mette à pleurer, surement pour la première fois devant sa femme. Il se leva, se tourna dos à Tiana et essaya d'arrêter le flot de larme qui commença à dégringoler de ses yeux rouges et gonflés. Pourquoi restait-elle si éloignée ? Elle lui manquait tant.

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