Et me voici dans un avion en direction de la Laponie. Encore hier, je ne me serais jamais imaginé partir en voyage de groupe, encore moins vers ce genre de pays. Inconfortablement assise, seule, je commençais à regretter mon choix. Voir le pays du père noël… sérieux ? Les humains sont vraiment étranges franchement. Et moi encore plus de participer à ce genre de bêtise. Mais je voulais à tout prix changer d’air, penser à d’autre chose en cette période étant ici si festive et heureuse. Voir tout ses gens fêter la fin de l’année en famille autour d’un bon repas, pendant que moi je m’emmerdais sous mon pont, ça me fendais l’air de rien le cœur. Eux avaient encore une famille, des enfants. Un mari.
Bref ! Nous arrivions enfin à destination, et c’est avec plaisir que je me levais enfin, n’ayant jamais apprécié de rester trop longtemps assise. Mais hop, rebelote, direction le bus pour partir vers l’hôtel. Le trajet fut plus court mais tout aussi énervant. Je m’occupais donc en regardant le paysage défiler à travers la buée des vitres. De la neige à perte de vue. Je ne m’étais toujours pas habituée à cette étrange texture humide, que jamais je n’avais vu dans ma savane, mais elle me plaisait tout de même. J’adorais marcher dedans, avec le petit bruit que cela faisait. On va dire que c’est mon petit côté enfantin qu’il me reste encore. Bon, je ne connaissais personne de ce voyage, mais au moins je n’étais plus seule. C’était bien l’une des principales raisons qui avaient fait que je m’étais inscrite. J’ai toujours été entouré, que ce soit de mes enfants ou des autres lions des Terres Interdites. Alors là, même si j’les connais pas et que je ne suis pas prête à aller leur parler, je suis entourée et rien que cela me fait du bien.

« J'espère que tout se passe bien pour vous jusque ici malgré les longues heures de vols. Nous sommes en Laponie dans le village Rovaniemi pour quatre jours et voici les clefs des chambres. On se retrouve demain matin à la réception pour 8h30. C'est tôt mais il faut être les premiers pour voir les lutins du Père Noël au travail ! La salle du petit-déjeuner se trouve derrière vous et si vous avez des questions, Lilo et moi logeons dans les chambres 20 et 22. » Je levais alors les yeux au ciel. Les lutins du père noël. Sérieux (bis) ? Mais comment pouvait-on croire en ces sottises ? Le père noël, quelle belle arnaque humaine. Mon pont commençait en fait à me manquer, face à tant d’âneries. Et 8h30, sérieux ? Mais c’était trop tard ! Moi qui avais pour habitude de me « lever » dès que le soleil se lever. Enfin, je suppose qu’ici le soleil doit se lever dans les midis. Je n’aimais pas dormir, je sentais donc que j’allais passer une longue et interminable nuit à me mordre les doigts d’être venue avec ses stupides humains à ce stupide voyage dans ce stupide pays.

Assise les jambes relevée sur mon siège je contemple à travers le vitre du bus le paysage, étant donné que la nuit est tombée je ne peux hélas pas voir grand-chose, par contre, je sens distinctement le froid qu’il fait à l’extérieur en posant ma main sur la barrière de verre. Pensive je souffle doucement dessus et un nuage de buée se répand me laissant le loisir d’y dessiner un petit sapin du bout du doigt. Ma musique aux oreilles je ne fais même pas attention aux autres participants du voyage, qui sont-ils ? Combien sont-ils ? Aucune idée, en fait cela m’importe peu, je n’ai pas vraiment réfléchis quand John m’a proposé de venir j’ai sauté sur l’occasion. Bon, je ne vais pas me leurrer, depuis qu’on s’est vu au centre commercial tous les deux les choses sont devenus…bizarres, il semble distant et avec ce qu’il m’a appris sur le retour de cette « femme » dans sa vie j’ai aussi du mal à être comme avant, tout ça c’est trop bête parce que ça ne devrait pas me poser de problèmes après tout. Quoi qu’il en soit c’est surtout la destination qui m’intriguait plus que la possibilité d’être avec lui, la Laponie, le « pays du père noël », à ce que j’en sache ce n’est pas du tout le cas mais c’est vrai que ça y ressemble un peu, j’aimerais bien voir la tête de Santa si on lui annonçait cela, je suis sur qu’il serait outré. Cette pensée me fait sourire bien malgré moi, mais c’est vrai, en participant à ce séjour j’essayais de m’échapper un peu du quotidien morne et ennuyant de Fantasia Hill. Pas que cette ville ne me convienne pas loin de là, mais je ne tiens pas en place et cela fait des semaines que je ne suis pas partie quelque part, il était temps. Et puis au fond j’espérais surement retrouver un peu de mes origines ici je suppose, c’est stupide, moi qui fuis si bien mon passé me voilà finalement sur ses traces. Décidément ma pauvre Neve tu ne sais vraiment pas ce que tu veux.

Le bus finit enfin par s’arrêter indiquant que nous sommes arrivés à destination, il était temps ! Alors que la plupart des gens vont récupérer leurs bagages dans le coffre je m’éloigne quelque peu du groupe pour jeter un bref coup d’œil aux alentours, l’hôtel avec toutes ses lumières et sa musique de fête me met en joie, et puis cette neige à perte de vue ! Il ne me suffit que d’un regard vers John pour voir que lui ne s’en réjouie pas du tout, monsieur est un frileux, ce genre de destination, très peu pour lui, moi au contraire j’adore quand la ville est recouvert d’un grand manteau blanc, ça me donne le sentiment d’être chez moi. Doucement, je m’accroupie au sol et attrape la neige à main nue, je m’amuse à la former entre mes paumes et l’espace d’un instant j’ignore totalement le froid qu’il peut faire ou la sensation glacée que provoque cette neige sur ma peau, j’adore déjà cet endroit. Je me décide finalement à revenir vers le bus pour prendre à mon tour mes affaires et rejoindre le groupe dans l’hôtel. Je débarque dans le hall tandis que John tape sa petite tirade obligatoire sur le programme qui nous attend demain matin. J’attrape par la suite ma clef de chambre en me demandant ce que je vais bien pouvoir faire de ma nuit, généralement je sors faire mon footing quotidien mais là je me doute bien que cela ne sera pas possible, foutues insomnies, parfois j’aimerais bien avoir une nuit complète de sommeil ce serait tellement plus simple.

C’est en sortant de l’ascenseur que mes yeux croisèrent alors les siens, le vendeur de la boutique de jouets...avec hâte je me retourne en priant pour qu’il n’est pas fait attention à moi et m’engage à faire demi-tour. Mes pas se pressent dans le long couloir un peu plus et je me mettrais presque à courir, mais cela paraîtrait vraiment suspect si jamais je viens à croiser quelqu’un. Qu’est-ce qu’il fait ici ? En même temps cela ne m’étonne guère, comment j’ai pu être assez stupide pour penser que Santa ne participerait pas à ce voyage ?