La petite rose blanche que j’étais fleurit enfin. Mon allure gracieuse séduit les autres fleurs, très heureuses de mon arrivée. Autour de moi, tout n’était que plantes et insectes. La nature fut toute nouvelle pour moi. Mes yeux se fermèrent légèrement car la lumière du soleil se reflétait sur mes pétales clairs. Une grande Rose Rouge me regardait fixement avec un air de réflexion. Autour d’elle, pleins d’autres sortes de fleurs : une gueule-de-loup violette, une pâquerette, des pensées, des tulipes, des clochettes, des violettes, un lis blanc, des marguerites, des soucis, des jonquilles et d’autres sortes de fleurs. Toutes questionnaient la grande fleur rouge sur mon identité, créant une mélodie douce mais désordonnée. La grande fleur violette me regardait d’un air hautain. J’essayai de m’adresser à quelqu’un mais, je ne parlai pas, je chantai.

-Allez, faisons les arrangements pour Rose Blanche. Il faut bien qu’elle chante son morceau elle aussi.

Dit la Rose Rouge en me couvant du regard. Les araignées affluaient autour de moi et tissaient une fine toile qui fit comme un voile au-dessus de ma tête où la rosée vint perler. Nous nous mettions toutes à chanter, d’autres jouaient d’instruments improvisés. Je vécu avec mes amies les fleurs où nous chantions tous les jours pour chaque occasion.



Je grandissais à vue d’œil. Embellissant, acquérant plus de talent et de voix que les autres. La jalousie de La Gueule-de-Loup Violette augmentait grandement, son caractère peu aimable m’inquiétait assez. Bien sûr, les autres essayaient de me rassurer en me disant qu’elle ne pouvait rien me faire et je leur fis confiance. C’est un jour assez calme qu’il passa, une échelle à la main et un chapeau sur la tête. Bill, c'était son nom. Il se disait ramoneur. Son joli regard me charma mais, il dut s’en aller assez vite pour dépanner quelqu’un. La grande méprisante me regarda et me fit comprendre que les fleur et les lézard n'allaient pas ensemble.



Le jour d'après fut un jour spécial pour toutes les fleurs. Cette petite fleur blonde très étrange qui avait débarqué dans notre petit carré de terre où nous vivions. ‘Un matin de mai fleuri’. Voilà la chanson que nous lui avions chantée. Ma chanson préférée. Mais, cette petite fleur n’en était en fait pas une, elle se disait ‘Humaine’. Qu’est-ce que cela voulait donc dire ? Toutes les autres l’avaient chassée. Moi, j’étais restée là, à essayer de défendre la pauvre petite qui se faisait mal mener. Après cela, j’avais toujours espéré qu’elle s’en était sortie.



Un matin, alors que le soleil se levait sur notre jardin, j’ouvris mes pétales comme tous les jours. Mais, je découvris autour de moi un tout autre décor. A la place des arbres et des insectes habituels, une étendue bleue se dessinait devant moi. Je n’étais plus enracinée dans le sol. Je ressemblai à cette Alice qui était venue au jardin un jour. J’avais ses deux feuilles fines et longues ainsi que cette tige se séparant en deux à la fin. Ma voix était restée la même quand je chantais mais, je pouvais aussi parler normalement, comme les autres fleurs. Je criai, j’appelai pour trouver les autres. Elles n’étaient plus là, aucune d’entre elles. J’essayai de me mettre debout, de me déplacer comme l’avait fait cette Alice. A plusieurs reprises, je m’écroulai sur le sol étrange. Puis, j’arrivai enfin à me déplacer.



Après quelques jours dans ce que certains appelaient ‘la Ville’, je retrouvai le Chapelier et nous devinrent vite comme frère et sœur. Nous avions tous deux avaient du mal à se faire à cette nouvelle vie mais, dans ce monde où je pouvais marcher et visiter de nouveaux lieu, de merveilleuses opportunités s’offraient à moi. Mon métier au Cat in the Hat était génial mais, ne mettait pas en valeur mon talent principal, le chant. J’auditionnai donc plusieurs fois comme chanteuse d’opéra et finis par avoir un rôle. Un poste de professeur de chant s’offrit à moi et je l’acceptai sans rechigner. Puis, je rencontrai Nimüe à un cours d’aqua dance peu concluant. Elle devint mon amie la plus proche.