and your heart is the heart of a life

La soirée avait été riche en émotion. J'avais froid, je tremblais, et surtout, j'étais dans tous mes états. Je ne savais pas quoi penser, de tout, mais surtout de rien. Venais-je d'échapper à une erreur fatidique ou aurais-je mieux fait de suivre mon instinct? Seule la vie me le dira. Une chose était sure, à présent, j'étais sous la tutelle, si on pouvait dire cela comme ça, d'une jeune homme qui avait promis d'être là. Et, le plus chamboulant dans toute cette histoire, c'était qu'il avait eu l'air sérieux. Tiendra-t-il seulement sa promesses? Deviendrai-je si insupportable qu'il finira par me lâcher? J'osais espérer que non. Je comptais faire des efforts de mon côté, et montrer à celui qui m'avait sauvé la vie que j'allais m'améliorer. Trouver du bon dans la vie, parce qu'il avait prétendu qu'il y en avait. J'en avais déjà trouvé un petit peu : lui. La seule personne qui s'était jusqu'ici préoccupé de mon cas. De ma tristesse, de mon désespoir. Il m'avait retenue, il m'avait faite reculer. Mais j'aimerais tellement... être écoutée.

Nous avions été tous les deux sur ce toit. Lui, menaçant de s'y jeter si je le faisais. En dessous de tout un tas de personne qui nous regardaient sans rien faire. La panique, certainement. La police était arrivée dans le but de nous empêcher de nous donner la mort. L'un d'entre eux avait même commencer à monter. Alors j'avais supplié Archimède pour m'aider, une nouvelle fois. Peut être étais-je trop exigeante. En attendant, qu'aurais-je fait, moi, si j'avais été à sa place? Rester là sans rien faire, à attendre que le temps passe et que les gens s'en aille? Non, pas le moins du monde. De toute manière, nous aurions pu rester plusieurs jours ainsi, cela n'aurait rien changé. Les gens seraient partis, mais d'autres seraient arrivés, pour regarder. Ce monde était fait de voyeurisme, malheureusement. Mais il fallait que je cesse d'être pessimiste.

Nous avions fini par descendre les escaliers de l'immeuble, en prenant un chemin autre que ceux du policier. Nous avions fini par trouver une issue de secours et sortir par la porte de derrière. L'air frais, à nouveau. La terre ferme. Nous avions été sains et saufs. Il va s'en dire que, si je m'étais réellement jetée et qu'il m'aurait suivi, je m'en serais sans doute voulue jusque dans ma mort, tant bien qu'il y avait une vie après la mort.
Nous avions défilé la rue, alors que les gens continuaient à se demander ce qu'il était advenus de nous, sans cesser de regarder vers le haut. J'avais même entendu un gamin dire de loin "j'avais parié pour qu'elle saute moi." Alors, pourquoi vivre dans ce monde peuplé de cruauté? C'était un pari fou. Il fallait que je creuse, que je trouve de la lumière là où il n'y en avait pas.

Mais Archimède était devenu... le rayon de soleil qui était apparu dans mo nhorrible grotte sombre et obscure. Là où tout était noir et là où je ne voyais plus rien. Là où je creusais la roche pour me frayer une sortie avant que les ténèbres ne m'engloutissent. Et avant que je ne sombrasse définitivement, il était enfin apparu. Ce point de lumière tant attendu. Je le suivais, dans cette longue rue, où notre course s'acheva devant le Coffee Nutt, un petit café avec, à l'intérieur, seulement trois clients. A cette heure ci, il n'y avait pas foule, si bien que nous serions tranquille là où nous étions à présent.

J'entrais à l'intérieur et une serveuse nous aborda avant de nous faire choisir une table à côté de la fenêtre. Je m'installai alors en face d'Archimède, en peinant pour le regarder droit dans les yeux. Notre trajet jusqu'ici s'était fait dans le silence le plus total, en même temps, il n'y avait rien à dire dans des moments comme ceux là.
La même serveuse revint pour prendre commande et je décidai de prendre un simple chocolat chaud. Je parvins à lever les yeux vers le jeune homme afin de l'entendre passer commande à son tour, et lorsque la serveuse disparut dans les méandres de la cuisine, je pris une profonde inspiration.

- Je... eum... merci beaucoup.

Je ne savais même pas pourquoi je lui disais cela mais je ressentais l'envie de le lui dire. De toute façon, je ne le remercierais jamais assez. Lorsque l'on devait la vie à quelqu'un, c'était toujours une dette immense, jusqu'à ce que la situation inverse ne se reproduise. Mais Archimède ne semblait pas suicidaire, lui. Sauf pour tenter de me sauver la vie.
Je passais une mèche de mes cheveux derrière l'oreille avant de caler mes mains entre mes deux jambes, l'air gêné. J'essayais de trouver quelque chose d'intelligent à dire, mais ce n'étais pas vraiment facile.

- Je suis vraiment désolée.. de t'avoir fait subir une chose pareille. J'imagine qu'on est... beaucoup égoïste dans des moments pareils.

Sauf que lorsqu'on voulait se donner la mort, on s'en moquait complètement des autres. On était si désespérés, si abandonné qu'on se fichait royalement de qui pourrait nous retrouver. Qui pourrait porter nos cadavres jusqu'à la morgue et nous enterrer. S'il fallait, on était jetés dans la fosse commune comme des malpropres, si personne ne voulait de nous ou si nous n'avions plus personne de notre entourage. Cela aurait sans doute été mon cas d'ailleurs, si j'étais parvenu à mon but final. Pourquoi penser aux autres quand personne ne pensait à nous?

FICHE ET CODES PAR RIVENDELL