“Ice cream is exquisite -

what a pity it isn't illegal ”

Le soleil était au rendez vous, le ciel était bleu, et le printemps se faisait à présent bien sentir. Les passants avaient l'air heureux, profitant du beau temps pour sortir entre amis ou en famille. La ville était ainsi bien agitée, d'ailleurs c'était la première fois depuis l'arrivée de Clopin qu'elle l'était autant, à sa plus grande joie. Si il n'aimait toujours pas l'univers dans lequel il se trouvait, le bruits, les rires et le fourmillement de passants avaient le don de lui remonter le moral. N'échappant pas à la règle, il se trouvait lui aussi dans les rues du centre de la ville. Cependant, à l'inverse de la plupart des gens, il était seul. Bien sûr, en temps normal, cela ne l'aurait pas tant dérangé. D'un côté il ne pouvait vivre sans agitation et fêtes, de l'autre il était quelqu'un qui aimait la solitude de temps à autres. Mais ce jour là, il aurait tout donné pour reconnaître un visage familier parmi la foule. A Paris, il connaissait chaque gitan de la ville et était reconnu par tous. Parfois, certains parisiens le reconnaissaient également, pour l'avoir vu aux festivals. Il était ainsi extrêmement rare qu'il n'échange pas quelques mots avec quelqu'un sur son chemin.

Des fois, malgré lui, il croyait reconnaître quelqu'un. Il s'arrêtait ainsi de marcher quelques secondes, et regardait de plus près, pour obtenir la sensation de déception qu'il avait toujours. L'illusion, si belle soit-elle, finissait toujours par disparaître et lui laissait un goût amer dans la bouche. La réalisation que son univers lui manquait cruellement lui avait fait un choc. Depuis quand regrettait-il un endroit qu'il avait visité? Il avait beau vivre à la cour des miracles depuis bien longtemps, il avait traversé de nombreux pays avant cela. Il était un gitan, un nomade, comment pouvait-il regretter un lieu? Ce n'est pas le lieu que tu regrettes, lui dit une voix dans sa tête. Et il ne put qu'avouer que c'était vrai. Il n'avait pas réalisé combien il était attaché à certaines personnes. Et c'était maintenant trop tard pour le leur dire. Continuant sa marche, il se demandait pour la millième fois comment il s'était retrouvé dans une situation pareille. Il en avait eu, des situations compliquées, mais jamais autant que celle-là. Comment, par tous les saints de Notre-Dame, avait-il été aussi malchanceux pour se retrouver dans un autre univers?!

Soudain, il fit une halte dans sa marche. Quelques mètres plus loin, il avait vu une jeune femme aux longs cheveux ondulés. Des cheveux d'un noir de jais, qu'il aurait reconnu entre mille. Etait-ce possible? S'agissait-il encore d'un mirage? Il allait courir après elle, quand quelque chose entra en collision avec lui. La personne n'avait sûrement pas vu qu'il s'était arrêté dans sa marche, et l'avait heurté de plein fouet. Ce n'aurait été rien, si il n'avait pas senti quelque chose de froid, quelque chose de glacé lui couler dans le dos. Lui avait-on lancé une boule de neige, en plein mois d'Avril ?! Il se retourna, surpris et confus et complètement gelé pour regarder ce qui l'avait heurté, oubliant pour un moment ce qu'il venait de voir.

“Ice cream is exquisite -

what a pity it isn't illegal ”

Clopin était complètement abasourdi. Il était tellement surpris qu'il ne sentait même plus la substance glacée lui couler dans le dos. La jeune fille devant lui était complètement folle, il n'en avait aucun doute. Elle parlait à une vitesse folle, se confondant en excuses tout en racontant des choses tout à fait surprenantes. Il ne comprenait pas tout, mais il réussit à capter quelques morceaux de phrases, tel que:
- je t'avais pas vu, faut dire que tu es tellement petit. Non pas que tu es petit...En fait, c'est moi qui suis grande, du coup tu me parais petit. Faut dire qu'avant j'étais minuscule, pas plus d'une dizaine de centimètres.

Petit, lui? Il était bien plus grand que la moyenne, aux dernières nouvelles. Et elle mesurait une dizaine de centimètres? Mais bien sûr. Elle était sérieusement atteinte... Il ne comprit pas la suite, mais entendit les noms de "lièvre" et "chapelier". Deux mots tout à fait surprenants compte tenu du sujet de discussion. Et puis, comme les choses n'étaient pas suffisamment étranges comme cela, elle commença à tourner autour de lui en essayant d'essuyer (enfin d'étaler) ce qu'elle avait renversé sur lui. Elle tenait à la main une sorte de cône en biscuit, et il comprit que les gens d'ici aimaient visiblement manger de la neige. D'un geste rapide, elle prit la neige comestible... Et lui en étala sur le nez. Sans s'excuser du geste, mais plutôt en ayant l'air fière d'elle, même soulagée. Il la regarda, complètement ébahi, et tellement choqué qu'il ne bougea pas lorsqu'elle commença à s'en aller. Finalement, il repris le contrôle de son corps et la rattrapa.

- Mademoiselle... Etes-vous sûre d'aller bien? Si je puis me permettre, je pense sincèrement que vous feriez bien de demander de l'aide...

Oui, elle était forcément malade. Sinon, elle n'aurait jamais agi de la sorte. Ses phrases n'avaient aucun sens! Il se souvint alors de la présence de la substance glacée sur son visage, et l'essuya d'un revers de la manche afin de limiter l'air ridicule qu'il devait avoir.

- Pardonnez-moi, mais... Qu'est-ce-que cette chose que vous venez de renverser sur moi?

Sa curiosité était plus forte que sa stupeur, et il n'avais pû s'empêcher de demander. Il n'avait jamais vu quelque chose de la sorte, même en ayant découvert de nombreuses choses ici.