Effervescente lumière dans la soie bleutée de ses iris, visionnaires d’un monde irréel, envoutée la candeur d’une âme juvénile de ces eaux sombres et ombrageuses. Miroirs d’un songe évanouit dans l’obscurité de l’infini, divin de ces lieux, leurs diamants de pureté voguaient à la surface, épousant la fébrilité des courbes onctueuses de douces vagues dérangées par un poids, création du savoir d’un être mourant dans la réalité. L’onde, oiseau invraisemblable aux yeux des grands, fille de la chair potelé d’un gamin rêveur, se mêla à celle, immense et monstrueuse, laissait comme trace évanescente de la barque. Le petit Poucet en bois se perdait dans la gueule de la nuit et ne retrouverait son chemin que grâce à l’esprit des hommes s’y étant embarqués. La douceur subliminale des ténèbres, froides bêtes conquérant le ciel l’espace d’une victoire soumise, néanmoins, à la clarté d’un poème naturel, bercée les songes, sauveurs des larmes d’un enfant troublé, cultivés par les lueurs dorées et argentées, trésors de la disgrâce du Néant. Réveillé, d’une brume envoutante, le « morveux » comme on aimait bien l’appeler, se leva avec l’agilité d’un cauchemar, se glissant dans notre subconscient, et observa l’élément incontrôlable naitre de l’océan, mère d’une obsession, d’une protection. L’astre céleste, divin et majestueux, dévoila sa flamme ardente comme un paon, sa roue princière. Les prunelles, dévoreuses d’ombrages, s’agrandirent sous la stupéfaction, et le cœur, instrument rythmant la symphonie de la vie de son petit corps, tambourina avec violence envieux d’un spectacle qu’il ne verra jamais. C’était des millions d’allumettes dansant sur le ventre d’une femme allant donner l’existence, des millions d’espoirs échoués sur le vide d’un soleil moins impressionnant, des millions de prières n’ayant pas étaient entendus par le suprême destinataire ignorant des souffrances de ses enfants. C’était de l’enivrante mélancolie, de la nostalgie se sacrifiant à la fantasmagorie d’humains ayant besoin d’être rassurés. Son jeune buste, enroulé par les cordes d’adulte, trainant le poids d’une encre, il en perdit son souffle si précieux. Une énorme échelle accosta le cristal, et on poussa le petit homme à devenir grand. Grimpant les marches une par une, se rapprochant à chaque fois un peu plus du fantastique, l’adrénaline charma sa conscience défaillante. La dernière porte invitant la certitude, se referma subitement, le courant qu’elle laissa rentrer dans son mouvement, flottant au-dessus de sa tête, tels des fantômes...d’anciens souvenirs d’une existence qu’il n’aura plus. Déposant son pied sur cette blessure astrale, la subsistance n’exista plus. Il aurait put rester des années et des années sans jamais se lasser de ce qu’il voyait. Des étoiles...messagères entre Terre et Univers, agonisant sur cette surface vertigineuse. La mort ne semblait jamais avoir été aussi belle. Et c’est ici, dans ce rêve éveillé, qu’il entama son travail. Nettoyant, les cratères d’une planète étrangère, de ces soldats étincelants, décédés au combat. Et bientôt, la supplication la plus belle de la Terre, vint à son tour, chevalière de l’infini, embrasser le sol limpide. Les disputes surgirent, embrouillèrent la quiétude d’un instant perdu, mais maternèrent une nouvelle indépendance...une confiance en soi nécessaire. Le bambin, attrapant un marteau, s’élança à la conquête de la géante. Une fois au sommet du sublime, il la fractura d’un coup sec. L’étoile se brisa en une berceuse cristalline et l’espiègle garnement se mêla à une pluie d’or. C’était le rejeton de la lumière éternelle, celle qui ne se fanait jamais même lors du Chaos, celle qui enchantait tous les perdants et les errants. Mais les humains le voulaient, l’enviaient. Finissant sa belle besogne, il descendit, loin du paradis, proche de l’enfer, avec son paternel et son grand-père. Toujours sur leur barque, solitude embrasée, il repartir, retrouvèrent leur chemin à bord de « La Luna » laissant comme une trainée de poussière de fées derrière eux, le berceau de tous les soupirants, la tombe des espérances évanouies, le sourire d’une sirène, la lune.

C'était une prière, silencieuse, lourde de pensées troublantes, que ses soupirs emportaient dans la sombre nuit d'été. La chaleur, bien que rafraichissante dans ces cas, étouffait, de ses mains délicatement ciselées, le cou des passants, pressés. Ce monde bougeait vite...trop vite pour le jeune astronome. Il lui paraissait que personne ne prenait le temps de lever la tête, et de la laisser là-haut...parmi ses resplendissantes épouses, les étoiles. Il était perdu aux milieux de ces espoirs évanouis qui flottaient à grande vitesse autours de lui...Il était perdu, allongé sur le berceau que formait la lune qu'il avait sculpté avec amour et toujours cette même fascination. Sa guitare sur le dos, ce jeune vagabond, traversait la foule, frôlant des souvenirs, humant l'odeur de la mélancolie. Sucrée, était-elle, amère, en vérité. Victime de son gout sévère, son âme entière se dégoutait pour cette existence, où ce n'était pas les astres qui s'échouaient, mais les Hommes. Ils perdaient leur souffle dans cette course sans répits, dans cette lutte pour la survie et ne semblaient trouver refuge que dans les songes qui, bohèmes, dansaient dans leur esprit. Dans ces jardins, de sculptures, de visages connus et oubliés, sur cette herbe, fraichement coupée par la Faucheuse, qui depuis le début, traine sans trouver la paix...le repos. Car ces personnes, elles-mêmes, ne le trouvaient pas...mais continuaient d'espérer...de rêver...leurs bonnes étoiles, s'écrasant, continuellement sur la lune, cimetière de leurs espérances évanescentes. Il était beau de voir, que la belle Pandore, dans sa curiosité maladive, leur avait laissé, pourtant, comme souvenances, les drapés usés d'anciennes louanges.