Je suis née au milieu d'une portée de plusieurs chatons. Notre mère avait beaucoup de travail avec nous. Elle s'appliquait toujours à nous élever correctement pour que l'on devienne de bons chats, des Aristochats. Des chats bien élevés, propres, distingués, éduqués, plein de culture. Après un an passé au près des miens, j'ai été confiée à une vieille dame, Madame Adelaïde de Bonnefamille. Elle n'avait pas de famille, je suis vite devenu tout pour elle. Aristocrate parisienne, elle était pleine d'amour et de bonnes attentions. Ce n'était pas dur de l'aimer en retour et de lui donner toute l'affection qu'elle méritait. Elle m'offrit une vie royale, allant jusqu'à me nommer Duchesse. Je lui serais reconnaissante toute ma vie de ce qu'elle m'a apporté. Mon éducation s'est précisée avec elle. Elle m'a fait découvrir l'art de la peinture, de la musique et toutes les mondanités les plus agréables de sa vie d'humaine. Bien sur je n'étais qu'une chatte, mais j'avais ma place dans son monde comme aurait pu l'avoir n'importe quel être humain.

Quand je suis devenue un peu plus âgée, elle m'a fait rencontrer le chat des voisins, Romain. C'était un magnifique Aristochat comme moi, très bien élevé et au pelage soyeux. Nous avons été très proches pendant une très longue période, avant que sa famille ne déménage et l'emmène loin de moi. De notre amour sont nés mes trois plus grandes fiertés. Berlioz mon petit sage, joueur de musique émérite, Toulouse ma petite boule de nerf, grand peintre et Marie ma belle princesse tellement adorable. Dès leur naissance, ils étaient pour moi comme des dons du ciel et pour Madame aussi. Alors qu'ils n'étaient encore que des petits chatons je m'accordais déjà à leur apporter la même éducation que celle que j'avais reçu de ma mère. Je voulais leur donner les meilleures manières pour réussir dans la vie.

Tout notre petit monde était bien calme et bien organisé. Nous avions toute l'affection qui nous étaient nécessaire, nous étions choyés, adorés plus qu'il n'était possible de l'être par Madame. Mes enfants apprenaient la vie dans un environnement stable et rien ne pouvait me rendre plus heureuse. Jusqu'au jour où, sans trop savoir comment, je me suis retrouvée en pleine nature abandonnée avec mes trois amours au milieu de nul part. Il faut comprendre que je n'ai jamais été livré à moi même. Tout à toujours été facile pour moi et j'étais donc totalement perdue dans ce nouvel environnement. Je savais que je devais ramener ma petite famille saine et sauve à la maison, hélas, j'ignorais comment faire. C'est à ce moment là que nous avons croisé la route de Thomas O'Malley. A l'instant même où je l'ai croisé, mon coeur n'a fait qu'un bond. Mais je suis une dame, les dames doivent être en toutes circonstances des plus distinguées.

Thomas nous proposa de nous aider à retrouver le chemin de la maison, ce que je ne pu refuser autant pour la sécurité de mes enfants que pour l'envie d'apprendre à le connaitre. Nous avons traverser la campagne à ses côtés enchaînant des moments de joies et des grosses frayeurs. Nous avons finalement rejoint Paris tout les cinq en entier. Là bas, Thomas nous a présenté ses amis des chats de gouttière adeptes de jazz, qui swinguaient comme jamais je n'avais vu personne le faire. Il faut dire que la musique que j'avais l'habitude d'écouter n'était pas du tout de ce genre là. Nous avons passé une nuit fabuleuse tous ensemble mais le lendemain, il fallait rentrer. Je n'avais pas envie de quitter Thomas et je sentais que mes petits s'étaient également attachés à lui. Mais Madame nous attendait et notre place était à ses côtés. J'ai donc dis au revoir à Thomas, persuadée de ne plus jamais le revoir. Quelle ne fut pas ma surprise en passant la porte d'entrée de me faire sauvagement attrapé par Edgar, notre ami, du moins je le croyais, qui avait enfaite tout manigancé depuis le début.

Avec mes pauvres petits, nous nous sommes retrouvés enfermés dans un coffre et je crus bien ne plus jamais revoir la lueur du jour. Heureusement, Thomas, appelé par notre ami Roquefort et aidé de ses camarades de jazz, réussit à nous libérer et à envoyer Edgar le plus loin possible de nous. Après cette incident, nous avons enfin pu retrouver Madame. J'ai alors proposé à Thomas de rester avec nous. Il était quelqu'un de bien, je savais qu'il pourrait devenir un Aristochat sans le moindre problème. Il a accepté pour mon plus grand bonheur et pour celui des enfants également. Madame se fit un plaisir de l'accueillir dans son foyer. Ainsi réunit nous nous apprêtions à vivre tous ensemble une existence paisible.  

Mais c'était sans compter sur ce malheur qui vint nous frapper. Un matin, alors que je m'étais endormie comme toujours dans mon panier, entourée de Thomas et non loin de mes petits chéris, je me réveillait seule et dans un corps qui n'était pas le mien. En une nuit, j'étais devenue humaine. Une petite blonde aux yeux bleus qui me ressemblait énormément mais sous les traits d'une humaine. Ce changement me terrifia. Mais j'aurais surement pu m'y habituer, m'en accommoder. Si il n'y avait que ça ! Mon plus grand malheur se trouve dans le fait que j'ai perdu ce jour là les quatre êtres les plus importants de ma vie. Mes trois petits amours, Berlioz, Toulouse et Marie ainsi que celui qui avait su faire naitre une flamme en moi, Thomas. Ma vie avait perdu tout son sens. Il fallait que je les retrouve.