Les jours se suivent et se ressemblent dans le monde des humains. Je les regarde tous d’en haut, les petites fourmis qui font leurs affaires tandis que je me dois d’apprendre, apprendre, apprendre parce que je ne sais plus rien. Je n’ai jamais prétendu avoir la science infuse mais maintenant, c’est comme si mon cerveau n’enregistrait plus rien. Réelle surchauffe. Je me contente de suivre tout le monde comme des moutons en regardant les chats vivre leurs vies. Cette vie me manque. Celle où l’on était choyé, aimé de tous et non maintenant, où l’on se méprise les uns les autres. Ouvertement. Quand un chat vous méprise, vous ne le voyez pas. Bien au contraire. Il vous regarde avec ses yeux inexpressifs et vous ignorez s’il vous aime ou non. Un humain, ça vous regarde avec des yeux de tueur, le teint vire au rouge et là, vous savez que c’est la fin. Dans ces cas-là, toutes personnes censées se barrent en courant ou s’écrasent. Moi quand les gens s’énervent contre moi, je remonte mes manches – virtuellement – et je fonce dans le tas. « Pom pom que tu es mal elevée, me disait Maman. » Mais aujourd’hui, ma mère n’est plus là et ma nouvelle famille se compose de gens… douteux. Le père est un homme qui se dit agent d’interpôle. Tu me diras, c’est pas mal pour récupérer la drogue. La mère est une fille de joie qui couche avec les hommes contre rémunération. Moi, je suis une garce. Je charme les hommes, je les emmène presque au pays des merveilles avant de leur claquer la porte au nez contre rémunération. Plus le bijou est gros, plus je montre de l’intérêt. Diamonds are girl’s bestfriends. Femme vénale que je suis. Sauf que je ne suis pas une femme. Je suis un chat. La plus belle de tous. L’impératrice des chats. Personne n’est à ma hauteur. Bref, il faut que je redescende sur Terre. Pourquoi est-ce que je parle de la famille Sullivan ?
Sans doute parce que j’ai rendez-vous avec le fils Sullivan dans quelques instants. Lui, il baigne dans l’illicite. Riche, beau, méchant. Il arriverait presque à la cheville de toutes les vermines que je cotoie. Dans la famille Sullivan, j’appelle le fils prodige : Nukà. Kovu n’est qu’un traitre puisqu’il est parti du côté soit disant obscur de la force. Marié ou fiancé à Kiara. Elle a un nom en cœur, une bouche en cœur, presque aussi agaçante que Cendrillon, l’autre souillonne. Si les hommes trahissent leurs valeurs, c’est pour les femmes. Ils ne risquent pas de les trahir à cause de moi. Je contrefiche des hommes, je n’ai pas besoin d’eux pour vivre. Quoique je vais bientôt devoir me trouver un petit pigeon pour mener un train de vie confortable. Je verrais ça plus tard. Vêtue de ce qu’on appelle un « jeans » - pratique – et mes cheveux attachés en une longue natte, je me rendis au rendez-vous avec Nuka. Beau mâle, très beau mâle, c’était à la base un lion. Je suis du rang inférieur cette fois-ci. Mais alors où est situé Lucifer dans tout ça ? Tout en bas de l’échelle, aux côtés des souris. Je marche doucement vers l’endroit où m’attend le bellâtre puisque je suis sur des talons de douze et je ne souhaiterais pas les casser. Lunettes sur le nez, je le cherche Sullivan Junior du regard avant de le trouver au loin. En même temps, il faut deux mètres. Je m’approche de lui avant de lui tapoter sur l’épaule. «
Bonjour Nuka. » Je lui fais un immense sourire avant de me mettre sur la pointe des pieds pour déposer deux baisers sur ses joues. «
Comment tu vas, mon minet ? » Je secoue ma chevelure par-dessus mon épaule, battements de cils, un beau sourire et je lui prends le bras. «
Donc tu voulais me parler ? Pas ici, je suppose. »