Comme des clous dans le coeur ▲ Nicholas & Ria

Night will fall and drown the sun

La journée était belle lorsque Ria ouvrit les yeux, elle se jeta hors de son lit, appréciant la chaleur du soleil sur sa peau: sensation ô combien nouvelle pour la petite blonde autrefois lapine. Elle revêtit une robe blanche , enfila des sandales et courut à l'extérieur, non sans attraper, au passage, quelques livres et crayons. Devenir humaine avait été un cadeau merveilleux, et elle profitait de ce qu'elle considérait comme une chance unique au monde d'en apprendre plus. Elle se promena deçà delà, sans autre but que de trouver un endroit calme où s'assoir et entamer son activité favorite: la lecture. Elle adorait lire les encyclopédies et les théories d'auteurs divers, mais ce qu'elle préférait, c'était les romans et les livres d'histoire.
Elle savait que ses soeurs ne comprenaient pas son besoin d'apprendre, de lire et de s'enfermer par un si beau soleil: Daisy, son aînée, venait souvent la déranger dans ses révisions journalières, pour lui demander de l'accompagnée dans une virée quelconque. Et, malgré tous les efforts qu'elle avait fourni pour se rapprocher de ses soeurs et leur faire plaisir, la nature de Ria l'obligeait bien souvent à décliner ces invitations au profit d'une énième après-midi dans l'ombre fraîche de la bibliothèque. C'était devenu son quartier général et elle avait bien du mal a accepter quelconque intrusion dans son petit monde en dehors de celle d'Ivy, sa meilleure amie ici. Ivy était la seule capable de la sortir de ses livres pour lui parler de garçon sans que la jolie blonde ne soupire et ne hausse les yeux au ciel: étonnement, elle se sentait humaine à ses côtés, comme si elle l'avait toujours été.

C'était donc le coeur léger mais l'angoisse montant qu'elle se dirigea vers la bibliothèque de la ville, pensant s'y installer jusqu'à la fermeture, heure qui signifierait une mutation vers la plus petite mais plus cosie bibliothèque du Méli Mélo. Néanmoins, ce jour là, une entité supérieure quelconque en avait décidé autrement: passant devant la "Belle's Library", elle se félicita d'avoir un autre point de travail au vue de la cohue qu'il semblait régner dans ce lieux. Mais en arrivant devant son lieu favori, elle s'inquiéta d'en voir les portes fermées. Elle confirma ses crainte lorsque, montant les marches, elle lut le petite écriteau informant la "Fidèle Clientèle" que la bibliothèque était fermée pour inventaire.
Pestant contre le destin, la petite lapine se mit à errer en direction du centre-ville et de Bretzelburg Avenue. Le chemin n'était pas très long, mais elle était tellement prise dans ses pensées qu'elle ne remarqua même pas où ses pas l'avaient mené. The Law Court. Pouvait-elle lire sur les vielles pierres qui composaient l'édifice. Après une minute de réflexion, elle se dit qu'en fin de compte, des marches étaient des marches, et que personne ne viendrait la chercher ici.

Elle s'installa donc sur les marches du palais de justice, glissant son sac en osier sous ses jambes et se calant contre les pierres blanches. L'ombre d'un vielle arbre la protégeait des rayons du soleil et la brise venait rafraîchir sa nuque alors qu'elle remontait ses longs cheveux platines en une queue de cheval improvisée.
Elle se glissa dans son roman, l'histoire d'amour d'une jeune femme et d'un inconnu qui s'avérerait être l'homme de sa vie, le tout sur fond de bataille médiévale et de château fort. C'était le livre favori de Ria, offert par l'aînée des soeurs Bunnier, Trixie. Elle y tenait plus qu'a n'importe quel autre et l'avait lu une bonne dizaine de fois, rêvant elle même qu'un inconnu, un jour, l'aborde avant de se rendre compte qu'ils étaient fait l'un pour l'autre.
L'amour, Ria ne le connaissait pas. Elle n'avait eut que de bref coup de coeur sans lendemain et observait d'un oeil curieux, l'idylle de sa soeur adorée, Tressie, avec un lapin d'un autre monde.

C'était donc transportée dans ce monde littéraire que Ria se trouvait. Elle croyait qu'un jour, elle le trouverait, cet homme avec qui elle se sentirait femme. Elle ne s'attendait pas à se trouver déranger par un visiteur improbable ... A quel jeu le destin jouait-il ?

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