Je valse et je divague sous les méandres de l'océan. Cheveux aux vents, je me penche sur la rambarde, les yeux figés sur le paysage qui s'offre à moi. Bien que l'endroit soit assez inattendu, je ne peux nier le charme et la beauté de son paysage qui ne manque pas d'accrocher toute mon attention. Un petit restaurant chaleureux vient à peine d'ouvrir, et la douce odeur du pain chaud réveille mon ventre affamé. Je n’ai pas pensé à manger un dîner copieux avant de surplomber la ville, vu d’en haut. Gracieusement, je fais volte-face afin de quitter le pont sur lequel je me trouve. Je déambule le long de la balustrade, esprit envolé, pensées dans la rêverie. La nuit, tous les chats sont gris. Cette loi vieille comme le monde ne s’adapte pas à ma personne. Mon pelage demeure d’un noir de jais, aussi noir que mes cheveux, aussi sombre que mon âme. Ô combien mon âme est restée prisonnière de l’Enfer, Wonderland est le tombeau duquel je me suis échappée, une fois le sortilège psalmodié. Je savoure avec allégresse ma libération dans ce nouveau monde qui amènera chaos et dévastation. Un sourire de satisfaction se dessine sur mon visage, ce soir je suis d’humeur belliqueuse : une petite joute avec Chase occupera ma soirée.

Vingt-deux heures. Mes longs cheveux fins bruns suivent chaque mouvement de tête comme une couronne asservie à sa reine. Alors que j’entreprends une recherche de taxi, je commençais sérieusement à perdre patience. Qui aurait cru que chercher un taxi pouvait être aussi éprouvant, entre ceux qui sont déjà pris et ceux qui vous ignorent, vous avez le temps ! Littéralement agacée, je grommèle des injures inaudibles, cela faisait bien une demi-heure que j’essayais de trouver un véhicule de libre. Appuyée sur une jambe, les sourcils froncés, le regard noir, il est clair que je n'attirerais pas grand monde. Je soupire avant de tourner les talons, c’est donc à contre cœur que je prends la décision de me rendre chez Chase en train.

Contre toute attente, le trajet fut plus rapide que prévue : passer vingt minutes à observer le paysage nocturne défiler sous mes yeux était plutôt agréable. Je quitte le sous-terrain du métro, et je tourne à l’angle d’une rue, où j’y foule le sol durant cinq minutes avant de me retrouver sous l’immeuble où il réside. Bien que je sois déterminée à obtenir ce pour quoi je lui mène la vie dure, je n’étais pas certaine qu’il me laisse débarquer dans son humble demeure. ; Que dis-je ? Je n’accepte aucune objection de sa part, s’il refuse je dévaste tout.

C’est en pensant à cette perspective que j’éclate de rire tout en frappant fiévreusement à sa porte. Oh Chase, l’Apocalypse frappe à ta porte comme une chorale de Noël.