Océan : immensité bleue à l'allure tantôt paisible, tantôt déchaînée. Il nous a vu naître. Il nous a bercé avec ses courants, tout en nous protégeant des dangers d'une surface bien trop idéalisée par des sirènes naïves et inconscientes.
Les insouciantes petites princesses que nous étions avons toujours vécues confortablement dans la sécurisante et luxueuse étreinte du palais d'Atlantica. Et moi, parmi cette joyeuse troupe de sept soeurs, j'ai l'insigne honneur de me situer à la cinquième place ; autant dire qu'au milieu de tout ça, il n'y a pas de place pour l'ennuie. Pour nous, héritières du royaume, tout nous semblait alors acquis. Et bien que notre mère nous ait quitté alors que nous n'étions que des fillettes, nous n'avons jamais véritablement manqué de rien. Il est vrai que les années suivant cette tragédie n'ont pas été des plus faciles ; notre père n'a pas su gérer ce trop pleins de tristesse et s'est renfermé sur lui-même. Il pensait qu'en éradiquant toute chose lui rappelant la femme qu'il avait tant aimé l'aiderait à oublier son chagrin. Seulement, il aurait du se rendre compte que c'était chose veine, puisque nous, ses propres filles étions constamment sous ses yeux. Heureusement, grâce à Ariel, il a finit par se rendre compte qu'il ne faisait qu'empirer les choses. Depuis, la musique n'a plus jamais cessé de résonner aux quatre coins d'Atlantica !

En ce qui concerne mes soeurs, bien que nous ayons grandi ensemble, nous avons toutes un caractère bien distinct. Chacune possède sa petite particularité qui fait d'elle quelqu'un d'unique. Honnêtement, quand j'y réfléchis, je n'ai pas l'impression de m'être véritablement démarquée. Je me contentais simplement de regarder toutes ces demoiselles s'agiter, profitant de cela pour dérober quelques effets personnels de ma soeur aînée Aquata au passage. Bien qu'elle ne l'ait jamais prit avec philosophie, je continuais inlassablement. Au fil des années, c'était devenu comme une sorte de rituel ! Il y a aussi mon espiègle de petite soeur Ariel, avec qui je garde d'innombrables souvenirs. Elle a toujours eu une énergie débordante et des tas d'idées plus farfelues les une que les autres ! Sans compter son goût prononcé pour les situations à risques. Je n'ai jamais compris cette passion... et lui ai d'ailleurs fait savoir à plusieurs reprises, mais pas toujours sur le meilleur des tons. Seulement, ce qu'elle ne sait pas, c'est que derrière mes sermons interminables se cachait en fait une admiration inexplicable.

Quelques temps après qu'Ariel ait migré en surface pour mener sa petite vie, j'ai décidé de quitter le palais à mon tour et m'installer seule. Par la suite, j'ai rejoins l'orchestre des Poissons-chat, et ainsi pu assouvir cette passion naissante pour les instruments. Ayant également des notions de chant, c'est avec grand plaisir que je leur prêtais ma voix si besoin était. En clair, j'étais dans mon univers !
Un matin, alors que je me hâtais sur le chemin du club, je croisais mon père au beau milieu d'une balade. Ça faisait une éternité que nous nous n'étions pas vu ! Il me disait à quel point nous lui manquions, depuis notre départ, et que la maison semblait bien triste sans nous. Après de brefs échanges, il m'invita à se joindre à lui pour le déjeuner. Malheureusement, j'ai du décliner son offre ; j'avais une importante répétition avec l'orchestre, et je ne pouvais décemment pas la manquer. À présent, je regrette de ne pas être resté. L'idée de ne plus jamais le revoir m'attriste énormément. J'ai presque l'impression que c'était un teste, et que si j'avais décidé d'accepter sa proposition, je ne serais pas arrivée dans ce monde...

Ma vie aurait pu être tout ce qu'il y a de plus normale. J'aurais rencontré un homme charmant, me serais mariée et aurais probablement donné naissance à quelques minis-moi. Tout ça, dans le meilleur des mondes !
Mais voilà… il se trouve que le destin en a décidé autrement. Mon existence a basculé, et en un instant, tout ce en quoi je croyais, tout mon univers furent balayés. Mon apparence, bien que similaire à l'ancienne, avait tout de même bien changé. À présent, je redécouvre petit à petit ce nouveau corps dont j'ai hérité. J'arbore néanmoins cette même silhouette fine et élancée, ce visage angélique, possédant toujours ces yeux bleus cristallins et cette soyeuse chevelure d'un blond éclatant.  
Bien qu'ayant perdu tous mes repaires, je préfère ne pas me laisser abattre et prendre ces changements du bon côté. À vrai dire, je ne m'en plains pas ! Bien au contraire. Quand on y réfléchit, je n'ai pas grand chose à déplorer de mon ancienne vie… Hormis mon cher papa, et l'orchestre auquel j'appartenais. Heureusement, je suis encore jeune et pas désagréable à regarder, si je me fit au reflet du miroir. Vous l'aurez compris : tout est à venir. La belle vie est à mes pieds ; je n'ai qu'à me baisser pour la ramasser !

Je suis très contente d'avoir encore mes soeurs à mes côtés. Dans le cas contraire, je ne sais pas si j'aurais pu continuer à avancer. L'autre point positif à toute cette histoire est que je peux à nouveau vivre près d'Ariel et profiter de ma petite nièce bien plus souvent qu'avant. Seulement, je ne me voile pas la face… Je n'ai aucune idée de par quel miracle nous somme tous arrivé ici, et si les choses risquent de changer à nouveau ou perdurer à jamais. Sans oublier que dans ce tout nouveau tableau, il y a des personnes manquantes, et aucun de nous n'est en mesure de dire ce qu'il adviendra d'elles. J'espère qu'elles ne tarderont pas à nous rejoindre ! Et seulement là, j'imagine que tout pourra retrouver un sens.