La partie tragique de mon histoire demeurera sans doute mon enfance. Je vous aurai volontiers épargné l'histoire de l'orphelin Fitzherbert, abandonné par son père alors qu'il n'était pas encore né, et privé de sa mère morte à l'accouchement... Mais puisque vous insistez... Je demeurais dans les bras ensanglantés de ma mère pendant longtemps, alors qu'elle habitait seule dans un petit apparemment deux pièces, dans des conditions abominables. La pauvre n'avait pas revu l'homme dont elle était enceinte depuis qu'elle le lui avait annoncé, ce tombeur avait dû partir sans aucun remord, laissant la faible femme qu'elle était se débrouiller seule. On finit tout de même par me retrouver, encore dans les bras du cadavre de ma génitrice, nourrisson d'a peine quelques heures, et on me plaça directement dans un orphelinat. Je grandis donc là bas, comme bien d'autres gosses, aussi victimes que moi dans toute cette histoire. Certains avaient été déposés sur les marches de l'orphelinat alors qu'ils n'étaient que nourrissons, d'autres avaient même parfois été abandonnés en plein milieu de nulle part, et on les avait placés ici. Je n'avais pas vraiment à me plaindre. C'était ce que je me disais toujours.


Gamin malin, sournois et rebelle, je savais exactement comment me débrouiller seul, et ne m'accordais aucune vie sur celle des autres. Jamais je ne demandais de l'aide, ou des avis, je suivais ma propre logique. J'exigeais d'ailleurs qu'on ne m'appelle pas Eugène, comme ce qui était noté sur ma gourmette, mais Flynn le rebelle, reniant tout parent. A vrai dire, ces deux là, je les haïssais totalement.  Je créais souvent de nombreux dégâts, n'en faisais qu'a ma tête et n'écoutant que mes propres règles. Forcé de me garder malgré tout, la directrice de l’orphelinat m'appelait "tête à claque" parce que dès qu'elle m'engueulait je lui adressais un immense sourire moqueur et n'écoutais en rien ce qu'elle me disait. Cependant, je me débrouillais pour me faire apprécier des bonnes personnes, pas idiot au point de ne suivre aucune règle. Je devenais le petit chouchou du cuistot, titre qui me donnait droit à de nombreux privilèges. Je n'étais pas vraiment un bon élève, mais on me força tout de même à aller jusqu'en première au lycée. Là, dès qu'on me le permis, je fuyais orphelinat et école pour trainer dans la rue. De toute façon, cela ne changeait pas grand chose. Depuis le collège, je séchais la plupart des cours pour aller voler dans les rues. Voler quoi ? Pleins de choses. De la nourriture, des jouets, des vêtements même... Mais cette tendance malicieuse ne venait pas de n'importe où... Un jour, un ami à moi m'a dit : « Tout est gratuit dans la vie, Flynn. Il suffis d'être intelligent, charmeur et de savoir courir très vite. » Ce fut sans doute cette phrase qui révolutionna ma vie, et qui me poussa à devenir un voleur. Non pas par besoin de faire le mal, ou poussé par la faim, pour pour la sensation d'être libre et d'avoir de l'argent, une sensation que je ne connaissais en rien. Imaginez une seconde, un gamin orphelin, au fond de son lit, tenant entre ses doigts une simple pomme volée à la va vite en passant devant un étalage. C'était moi, qui réalisait alors tout le pouvoir que j'avais, simplement en volant une pomme. La technique arriva alors, forçant le respect des voleurs du dimanche, et faisant de moi un véritable professionnel.


La suite, tout le monde la connait, du moins si vous n'avez pas raté votre enfance. J'avais décidé de monter la barre plus haut, et de voler réellement quelque chose, d'une valeur inestimable : la couronne royale de la princesse. J'avais pris avec moi deux acolytes, idiots et musclés, les parfaits pigeons qui m'aideraient à voler sans me faire repéré. Je leur avait promis la moitié du butin, ayant déjà prévu à l'avance de m'enfuir avec le diadème. Oui mais voilà, tout ne se passa pas comme prévu. Nous parvenâmes à voler la couronne, à nous enfuir et je parvins même à échapper aux deux gros bras, mais je fus tombais sur un étrange cheval -non ceci n'est même pas une blague- qui me força à me cacher dans une tour abandonnée pour lui échapper. Là je rencontrais cette fille que je pris d'abord pour une folle, sans savoir que je tomberai bientôt fou amoureux d'elle.

Mais le conte, finalement, n'a pas grande importance. Vous ce qui vous intéresse ce n'est pas une histoire dont vous pouvez acheter le DVD pour en connaitre tous les détails, mais plutôt ce qu'il s'est passé bien après ça. Votre écran s'éteignait sur l'une de ses fins féériques, où je vous expliquais que j'avais enfin épousé la belle Raiponce, en plaçant une légère boutade... Mais après... Comment va Raiponce maintenant ? Et son crapaud ? Quant à ce maudit cheval ? Et surtout : que suis-je devenu, moi ?

Je vous rassure, même avec mon arrivée dans le monde réel, mon gros coté narcissique n'a pas disparu, au contraire il s'est un peu plus affirmé. Après tout, je suis toujours Flynn Rider. Cependant, mon arrivée ici changea bien des choses chez moi. D'abord, et le plus important sans doute : ma Raiponce avait disparut. Totalement. Impossible de la retrouver. Où était-elle ? Que faisait-elle ? Était-elle ici, dans le même monde que moi ? La reverrais-je un jour ? Comment faire pour la retrouver ? Il y avait tant que questions de ma tête, et tant de panique, que je dû prendre le temps de me reposer avant de me mettre à la recherche de ma fiancé. Ma tête me tournais lorsque je songeais à elle, trop de questions sans réponses, ça me rendait fou. Ce fut à ce moment là qu'une idée m'apparut...

Cela faisait plusieurs jours que je cherchais du travail, ayant compris bien vite que la vie ici en tant que chômeur, c'était impossible si je désirais un minimum de confort... Et de nourriture. J'avais d'abord volé, ne sachant faire que cela, puis finalement m'étais venu une idée en passant devant le commissariat de la ville. J'avais entendu parlé d'un briguant fou que traquait la police. Plutôt désespéré par l'absence pesante de la seule femme de ma vie, je n'avais d'abord pas prêté grande attention à cette affaire. Mais je savais bien que si je prenais le temps de lire quelques articles sur lui, je serais largement en mesure de le coincer. C'est vrai que ça ne me ressemblait pas tellement, l'idée de coincer mes ex collègues... Mais, il fallait bien vivre. Et puis, si j'accédais à la police, j'accédais aux fichiers sur tous les habitants de la ville, et j'accédais peut être à Raiponce, c'était mon unique chance. Je n'avais pas hésité une seconde, et avait pénétré dans l'imposant bâtiment, me sentant un peu, même si je me considérais comme ex-voleur, tel un agneau se jetant dans la gueule du loup...

Je me présente, fiancé à la recherche de la seule femme qui sait faire battre son coeur, prêt à tout pour la retrouver, ex-voleur au sens de l'humour ravageur, narcissique, au sourire colgate et aux airs de dragueur looser, enchanté, Flynn Rider, pour vous servir.