Il était une fois... Quoi ? J'en fais trop ? Mais.. Bon, soit, alors pas de "il était une fois" pour moi... donc, commençons !
Concentrée, calme, appliquée, quelque peu admirative devant la vitalité d'enfants plongés dans des aventures passionnantes, une chanson sifflotée je-ne-sais-plus-trop-où par je-ne-sais-plus-trop-qui en tête et un plateau au contenu fragile tenu en équilibre, et enfin une petite fille aimante pour vous dire quelques douces paroles en vous croisant dans le couloir et voilà ! Une vie parfaite, une famille chaleureuse. Sans excentricités, avec des aventures vécues par la seule force de l'imagination et un quotidien confortable. Ma vie, ma famille et mon quotidien. Que demander de plus ? Rien. Et je ne voulais rien de plus. Mais il en avait apparemment été décidé autrement. Il en avait décidé autrement. Et bien quoi ? Parce qu'une jolie demoiselle recouds votre ombre égarée.. Bon, d'accord, "attrapée" par son chien, ça vous donnait le droit de prendre la couturière avec vous ? Non, aucunement. Et puis, c'était même pas cette fichue ombre que je voulais moi. Nan nan, c'était lui, le lutin vert et sa plume de rouge gorge sur la tête qui flottait, chaque soir, à notre fenêtre, sur Dieu sait quel tapis volant, en regardant de ses yeux de Bambi idiot la conteuse d'histoire. Ma conteuse d'histoire. Les seuls histoires que j'ai jamais connu. De magnifiques histoires.. enfin c'est ce que je pensais, mais vous comprendrez plus tard. Oh certes, raconter des histoires fait parti du boulot de garde d'enfant, mais, étant un chien, la tâche était ardue à accomplir. Nana qu'on m’appelait. Un jolie nom, pour une jolie ville, et une jolie famille. Les seuls que j'ai jamais connus. Le décor ? Londres, les Darling.
Mais commençons par le commencement, voulez-vous bien ? De quelle manière j'ai attrapé cette ombre. Vous voulez savoir ? Ça tombe bien, vous êtes là pour ça.
Deux jours que je façonnais mon plan, un jeu d'enfant. Wendy racontait son histoire. En temps normal, allongée au pied de son lit, je l'écoutais avec attention, mais, pas ce soir là. Car ce soir, j'avais un tout autre but. Une foi le conte mettant en scène un dénommé "Peter Pan" terminé, les enfants allaient chercher, afin qu'on les borde, leurs parents qui discutaient finance dans le salon. Et, juste avant de partir, Wendy ouvrait la fenêtre "Au cas, disait-elle, il voudrait entrer pendant notre absence". Lorsqu'elle ouvrait ladite fenêtre, le farfadet se plaquait furtivement contre le mur et, juste avant de s'envoler, il embrassait la pièce du regard, c'est là que je devais agir. Je lui ai sauté dessus, ai mordu dans quelque chose et ai simplement tiré dans l'espoir de gagner. Et je pensais avoir gagné, mais, en présentant le trophée à la petite Wendy, elle s'est exclamé, ébahis que c'était une ombre. Une ombre ? Son ombre. Mais comment diable pouvait-on arraché une ombre ? Elle se débattait, la silhouette parfaite du diablotin vert mais.. Et bien, sans le vert.
Vous suivez ? Bien.

Alors, le lendemain, les parents partaient à une soirée et j'avais en charge la surveillance des enfants. Une soirée simple en perspective mais, Mr Darling était en pétard, une histoire de boutons je crois. Toujours est-il que, je ne sais pas vraiment comment, je me suis retrouvé au sol, étourdis et les quatre pattes en l'air. Mrs Darling et ses enfants sont venu me réconfortés, mais pas le père, lui, il semblait tout aussi chamboulé que moi et attendait sa part de câlins, mais, ne la voyant pas venir, il m'enferma dehors. Seule, dans le noir et le froid. Ce n'était pas juste une entaille à ma dignité, c'était aussi une situation que je redoutais. Seule, une corde autour du coup, rien à faire et juste ses pensées à remuer. Se retrouver face à soi-même et se surprendre à faire la courte liste de se qu'on a pu accomplir pendant sa triste vie. Et l'unique point de ma liste c'était eux. Les enfants. Mes enfants. Et voilà que ce parasite vert refaisait surface, j'avais pourtant espéré que l'avertissement avait été assez clair.. Il y eu de nombreux fracas, des cris, des rires et des éclats de discussion. Ils ont sauté par la fenêtre. J'ai cru que j'allais mourir. Quelques flocons de neige sur l'arrière-train et me voilà qui volent au dessus du sol. J'ai cru, pendant un cour instant, que tout allait s'arranger et que j'allais les rejoindre mais, la brûlure et l'étranglement dû à la corde me ramenèrent vite à la réalité. C'était allé si vite. Mes trois enfants étaient partis, dans le noir, quatre points près de Big Ben qui ne cessaient de s'éloigner. Et j'avais failli à ma tâche. Ils n'ont jamais vraiment disparus - réapparus le soir même à bord d'un bateau que je pris pour le fruit de mon imagination dépressive -, mais ne sont jamais vraiment revenus non plus. Les choses avaient changé. Ils grandissaient à vu d'oeil et je n'étais plus rien d'autre que leur chien. Un animal de compagnie. Wendy, Jean et Michael me racontèrent maintes et maintes fois leurs aventures à Neverland en compagnie de Peter Pan, ce maudit Peter Pan dont les anciennes histoires connues me paraissaient à présent fades et mensongères. Les récits de l’aînée, qui se faisaient pourtant de plus en plus rares mais de plus en plus passionnés me torturaient, littéralement, et me rappelaient à chaque secondes que je n'avais pas été capable de les garder en sûreté. Aucun d'eux ne pouvait savoir, ni ne pouvait même comprendre la souffrance que j'endurais et à leurs yeux, j'étais et devais restée la même : concentrée, calme, appliquée. Aimante. Et je les aimais. Mais je me détestais. Et je haïssais la magie et tout ce qu'elle entraînait.
Wendy a grandi, Jean a grandi, et Michael aussi. Je crois qu'à un moment donné, je suis morte.
Comment ? Je sais plus trop..

Et puis un jour, je suis arrivée ici, je ne me souviens absolument pas de quelle manière tout ceci s'est passé, comment ont a été transportés là. Un éclair ? Le ciel qui s'écroule ? Et, si, tout autour de moi, les gens n'avaient pas vécu la même chose, je pense que j'aurais pris mon autre vie pour un rêve. J'ai vite réalisé l'absence de magie et mon monde s'est éclairé. Je pouvais vivre en paix, me faire une nouvelle vie, une nouvelle identité. Sans jamais avoir peur de tout perdre d'un instant à l'autre. C'est une nouvelle chance et je ne compte pas la gâcher. Le monde me sourit et je lui souris en retour. Mes souhaits ont été exaucés et Peter Pan n'a plus le moindre pouvoir. Ma seule déception est que, bien que j'ai imaginer toute ma vie de conter des histoires aux jeunes enfants afin de les faire rêver, ce soit à vous que je doivent me confier. Vous vexé pas mais, j’espérais pouvoir être entourée de gens qui comptent à mes yeux. Vous êtes un psy, quoi.. Mais je vais recommencer. J'ai toujours peur de la solitude je crois.. Mais ça s'arrangeras, j'en suis sûr. Je trouverais l'amour, peut-être, qui sait. Tout ira pour le mieux, pour toujours, et j'aurais mon Happy End. Oui, c'est sûr.