Anna s’était soudain mise à hurler. Elle se réveilla en sursaut, le corps en sueur, la respiration haletante. Encore une fois, elle avait fait ce terrible cauchemar où Victor la rejetait, lui disait qu’il ne voulait pas de cet enfant qu’elle portait et qui était pourtant le leur. Puis le décor changeait subitement, et c’était Elsa qui cherchait à la tuer. Elle était en transe, avide de ce sang qui pourrait la rendre immortelle et puissante à tout jamais. Puis l’image de Hans s’ajoutait. Elle se retrouvait une fois encore dans le salon du palais d’Arendelle, tentant désespéramment d’empêcher le prince de mettre ses desseins à exécution. Elle se battait pour la vie, mais aussi pour retenir Hans. Elle apprenait tout juste que l’homme qu’elle comptait épouser ne l’aimait pas et qu’il souhaitait seulement régner, quitte à tuer la reine pour cela. Son cœur s’était brisée en mille morceaux, des brisures de glace alors que la vie la quittait et le froid prenait place en elle. Puis cette étrange sensation s’appliquait à elle. Cette impression de vide, de néant. La même qu’elle avait ressenti quand elle s’était transformée en statue de glace. Les ténèbres. Uniquement les ténèbres et ce froid intense. Mais cette fois-ci, nulle rupture du sortilège. Elle se réveillait seulement avec cette sensation dérangeante, oppressante et insupportable. Elle avait l’impression d’être encore cette sculpture de glace même en se réveillant. Elle se sentait mourir… Les membres engourdis, tremblant, elle se leva de son lit et elle dut s’accrocher à sa table de chevet pour ne pas tomber. Elle était encore éprouvée par son rêve mais bizarrement, son cœur semblait ralentir. Elle le sentait faiblir peu à peu et elle s’écroula finalement sur le parquet de sa chambre. Sa respiration devint tout à coup lente et saccadée. Elle étouffait sans parvenir à bouger un muscle. Un gémissement impuissant s’échappa de ses lèvres gelées. Quel était ce phénomène ? Pourquoi ressentait-elle quelque chose d’aussi étrange ? Elle étouffa tout à coup un sanglot. Elle n’en pouvait plus de toute cette situation. Elle n’en pouvait plus d’être dans ce monde inconnu, si loin de chez elle. Elsa avait cherché à la tuer et ses espoirs s’étaient évanouis. Comment prendre un nouveau départ ? Elle avait perdu les gens qu’elle aimait. Et voilà que désormais, poussée par sa tristesse et sa solitude, elle se retrouvait enceinte d’un homme qui ne l’aimait pas et qui était encore à la recherche de sa fiancée. Aurait-elle pu vivre pire situation ? Elle avait la sensation d’être au bord du gouffre. Elle sentait qu’elle pouvait sombrer à tout moment et retourner dans les ténèbres dans lesquels elle était. Elle resta étalée là sur le sol durant plusieurs minutes. Elle reprenait peu à peu un rythme plus régulier et normal. Sa respiration s’apaisait et le froid qui l’étreignait était progressivement consumé par la chaleur. Elle parvint alors à se relever sur des jambes flageolantes mais cette fois-ci, elle conserva son équilibre. Elle s’avança lentement jusqu’à sa salle de bain et fit couler l’eau chaude. Elle monta la température aussi haut qu’elle le pouvait. Elle sentait son sang froid, glacial. Elle avait besoin de chaleur et elle se glissa sous l’eau brûlante. Elle étouffa un gémissement de douleur mais elle resta pourtant sous l’eau fumante. La chaleur… elle en avait un besoin primaire. Au bout d’un certain temps, elle s’en extirpa de la douche et s’enroula dans une serviette. Elle sécha, s’habilla et ce ne fut que lorsqu’elle se coiffa qu’elle avisa que sa mèche blanche n’était plus solitaire dans sa chevelure. Ses yeux s’écarquillèrent de frayeur. Elle en lâcha sa brosse et se rapprocha de son miroir. Mais aucun doute, cette nouvelle mèche était bien présente. Comment était-ce possible ? Soudain, une image lui revint en tête. Celle de cette fois où Elsa avait totalement perdu le contrôle et qu’elle s’en était prise à Anna. Se pouvait-il qu’elle lui ait accidentellement gelé le cœur encore une fois ? Le cœur de la princesse se serra dans sa poitrine comme si quelqu’un le pressait dans son poing. Si c’était vraiment le cas, elle devait en avoir le cœur net. Elle devait aller en parler à Elsa. Enfilant un manteau à toute vitesse, elle sortit en trombe de chez elle et se mit à courir à toute vitesse, quittant la résidence du Méli-Mélo House. Elsa devait être au travail à cette heure, elle passerait donc par le parc afin de prendre un raccourcis. Elle courait à en perdre haleine, poussée par la panique qui l’étreignait. Elle finit par gagner le parc et s’élança au travers de la foule qui venait se promener. Dans sa hâte, elle manqua de renverser une poussette. Elle fit une embardée sur le côté et perdit momentanément l’équilibre. Du moins, suffisamment pour qu’elle percute quelqu’un et qu’elle l’emporte avec elle dans sa chute. Elle s’écroula de tout son long sur l’inconnu dans un cri.
« Je suis vraiment désolée… je ne voulais pas… » commença-t-elle, reprenant difficilement ses esprits. Puis tout à coup, elle releva la tête et ses yeux rencontrèrent ceux de l’inconnu. « Vous ? »
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Sujet: Re: Love is an open door ❦ Sam 4 Jan - 18:41
Il était beaucoup trop tôt lorsque les yeux de Lukkas se sont ouverts presque subitement. Il les a frottés vigoureusement, mais avait encore de la fatigue dans tout son corps. Il s'était réveillé à la suite d'un sommeil agité et avait passé un temps interminable à essayer de se rendormir, mais sans y parvenir. Il avait fini par y renoncer et s'était levé de son lit peu après que le soleil se soit montré, ce qui ne lui avait pas laissé beaucoup d'heures de repos dans le corps.
Après avoir déjeuné sans empressement, il resta assis à regarder la vue de l'extérieur par la fenêtre. Il détestait ce genre de nuits et, malheureusement pour lui, elles devenaient de plus en plus fréquentes. Lukkas avait de la difficulté à bien dormir et cela lui donnait une mauvaise impression. De plus en plus, il sentait son passé vouloir refaire surface et se manifester durant son sommeil, parfois de façon calme et d'autres de façon beaucoup plus brutale. Certaines nuits, des images douces lui venaient en tête, celles d'un beau visage féminin ou d'une prairie verdoyante. D'autres, c'étaient des pleurs et des images cruelles, avec du sang et des coups. Lorsque ces images s'entrecoupaient, comme lors de cette nuit-là, Lukkas en ressortait encore plus troublé.
Lukkas alla rejoindre la petite salle de bain qui accompagnait son dortoir. Il avait l'une des chambres les plus modestes, mais il profitait tout de même des installations rudimentaires qui lui offraient une certaine intimité en lui permettant de se laver sans avoir à rejoindre les douches communes. Il boucha le trou de la baignoire et fit couler l'eau. Celle-ci se mit peu à peu à emplir le bain et cette action anodine rappela encore quelques images à Lukkas. Un fjord éclatant qui entourait un grandiose royaume. Puis, un marécage puant qui enfermait avec lui de douloureux souvenirs dont il n'avait même pas l'accès. Ses souvenirs s'approchaient de lui et cela l'inquiétait. Il n'y avait pas si longtemps, il mourrait d'envie de retrouver sa mémoire perdue. Mais plus il en retrouvait des bouts, plus un mauvais pressentiment resserrait son coeur comme un étau. Pourquoi autant de choses aussi horribles lui revenaient en tête? Faisaient-elles réellement partie de sa vie ou n'était-ce son imagination qui fabulait? Lukkas se déshabilla en tentant d'oublier ses interrogations. Mais aussitôt son corps plongé dans le liquide chaud de la baignoire qu'elles revinrent à lui, et son anxiété ne put disparaître. Il essaya de se détendre, immergé dans son bain chaud. Ses pensées revenaient toutefois constamment à lui en attaquant son moral sans relâche. Il finit par se laver parresseusement et ressortit de son bain pas plus apaisé qu'à son entrée.
Il s'habilla et décida d'effectuer une dernière tentative pour soulager son malaise. Une balade au grand air dans un joli paysage ne pouvait lui faire du mal, et c'était peut-être la solution désespérée qu'il lui fallait pour oublier ses angoisses. C'est donc comme ça qu'il quitta sa chambre désolante pour prendre la direction vers le parc après s'être habillé chaudement. L'air était froid, mais pas plus froid que ses sombres pensées. Le paysage de neige ne pouvait que raviver son esprit et le sortir de son désarroi. En chemin, il croisa de nombreuses boutiques et de restaurants qu'il avait l'habitude de voir. Il connaissait maintenant bien le chemin pour se rendre au parc de Fantasia Hill. Il n'avait pas le pas pressé, il ne faisait que marcher en tentant d'oublier. Il arriva donc au parc après un certain moment.
Lukkas suivit le sentier en se promenant lentement. L'herbe était recouverte de neige et les arbres, hormis les conifères, n'avaient plus de feuilles. C'était le cas depuis que l'hiver s'était tranquillement installé sur la ville, emportant avec lui un froid glacial. Lukkas n'était guère beaucoup dérangé par les basses températures et s'était bien acclimaté à l'hiver. Il longeait le petit lac du parc où il avait pris l'habitude de nourrir les canards l'été. Ceux-ci n'étaient plus là, ils avaient disparu avec le temps chaud. Lukkas contempla tout de même le lac gelé, et voilà que l'image du royaume entouré d'un fjord lui revint, mais cette fois-ci dans un paysage gelé et enneigé.
Soudain, une femme arriva à toute vitesse et passa près de renverser une poussette. Elle l'essquiva et percuta alors Lukkas. Pris par surprise, il fut emporté dans sa chute et tous les deux tombèrent en échappant un cri. « Je suis vraiment désolée… je ne voulais pas… » Lukkas aida la femme à se relever et c'est à ce moment que son regard croisa le sien. Il la reconnu tout de suite, c'était avec elle qu'il avait dansé au bal de l'autre soirée. Quelque chose en elle réveillait les vieux souvenirs de Lukkas sans même qu'il ne puisse mettre la main dessus. Toutefois, elle lui rappelait que trop bien les deux sentiments que partageaient Lukkas : son doux visage lui rappelait celle qu'il voyait en rêve, mais cette mémoire était accompagné d'une émotion horrible qu'il n'arrivait pas à déchiffrer, comme si une catastrophe était arrivée. « Vous ? » Elle l'avait elle aussi reconnu et Lukkas esquissa un doux sourire, puis fronça légèrement les sourcils. « Vous n'êtes pas blessée ? » Il se pencha vers elle pour vérifier qu'elle n'avait rien. Puis, son regard retomba sur le sien et il lui sourit une nouvelle fois. « C'est dans de drôles de circonstances que nous nous retrouvons ! » Malgré la mauvaise impression que cette jeune femme lui inspirait, elle vivifiait aussi en lui de vieilles manières qu'il ne croyait pas avoir, des galanteries qu'il aurait supposément appris dans une ancienne vie. Quel était le lien avec son passé et cette fille avec qu'il avait partagé quelques danses?
Sujet: Re: Love is an open door ❦ Mer 15 Jan - 0:25
Love is an open door.
Anna n’avait jamais eu la prétention de se croire particulièrement adroite et elle avait bien raison, surtout aujourd’hui qu’elle venait de renverser ce pauvre inconnu. Déjà, lorsqu’elle était enfant, elle collectionnait les petites gaffes en tout genre et sa maladresse avait généralement pour don d’émousser la patience des serviteurs qui devaient passer derrière elle après. C’était un vrai petit ouragan que rien ne pouvait arrêter et dès qu’elle avait une idée dans sa tête, il fallait être bien plus que courageux pour parvenir à la déloger de ses pensées. Combien de fois Anna avait-elle quitté son lit pour courir vers celui de sa sœur lorsqu’elles partageaient encore une chambre commune ? Combien de fois avait-elle troublé ses sommeils avec ses babillages incessants et ses désirs de jouer ? Elle n’aurait jamais pu les compter tant il y avait de nuits où Elsa l’avait suivie sans rien dire pour qu’elles aillent s’amuser ensembles. La mémoire d’Anna avait été effacée, mais quand la magie de sa sœur n’était pas encore une chose secrète, la petite fille se plaisait à lui demander de l’utiliser. Des toboggans de glace, de la neige à ne plus savoir qu’en fait, modeler des bonhommes de neige, créer des formes dans la neige et courir des dunes de neige en dunes… c’était de la belle magie qu’Anna se cessait d’admirer. Pour elle, Elsa n’était pas une sorcière mais une magicienne, une merveilleuse enchanteresse qui rendait beau tout ce qu’elle touchait. Elle adorait la voir s’exercer à ses pouvoirs, ceux-ci devenant de plus en plus puissants chaque jour. Anna l’encourageait souvent à les utiliser. Que de jours heureux elles avaient passé ensembles à jouer ! Et puis cet accident avait tout fait basculer. Un accident dont la princesse ne parvenait pas à complètement de souvenir. En arrivant à Fantasia Hill, il semblait que la magie des Trolls s’épuisait et elle retrouvait certaines réminiscences de cette époque où Elsa ne cachait pas ses pouvoirs. Souvent, ses souvenirs lui apparaissaient sous forme de rêves et Anna devait avouer qu’il était très troublant de voir son passé se transformer de la sorte alors qu’elle était persuadée d’une autre version. Oui c’était de la belle magie mais elle pouvait être si redoutable… La peur, la colère, le chagrin. C’étaient toutes ces émotions qui pouvaient troubler la beauté de ses pouvoirs. Si seulement Anna l’avait su plus tôt… mais ce ne fut pas le cas et elle devait s’accommoder de cette réalité où Elsa l’évitait pour ne pas lui faire du mal, ses pulsions s’étant accrues avec le temps. Et puis le sang de la princesse avait un attrait dont sa sœur avait besoin. L’immortalité et un pouvoir illimité. Voilà ce que lui offrait le sang d’Anna. Alors pour ce qui était de la belle magie, la jeune fille commençait considérablement à en douter. Fantasia Hill aurait dû leur offrir une seconde chance, pourquoi la leur refuser ? L’esprit de la princesse était totalement paniqué à l’idée que le maléfice puisse se reproduire une seconde fois. Elle devait à tout prix voir Elsa pour qu’elle l’aide, pour qu’elles en discutent. Peut-être que sa sœur lui avait fait bien plus de mal depuis qu’elles ne le pensaient. Cette simple idée la tétanisait. Que subirait l’enfant ? Elle se retrouva bientôt à terre, emportant un pauvre malheureux dans sa chute. Elle était réellement confuse, quand son trouble s’envola pour laisser place à un autre en le reconnaissant. La première fois qu’elle l’avait rencontré, cela aurait été digne d’un conte de fée. Tel un prince et une princesse, ils s’étaient vus, ils s’étaient reconnus et ils avaient dansé ensembles. Anna ne pouvait expliquer le trouble qui l’envahissait à chaque fois qu’elle le voyait. Elle avait cette étrange sensation de le connaître, mais d’où ? Elle en avait oublié les problèmes qui la préoccupaient précédemment, pétrie de gêne. Il l’aida à se relever et elle rougit de cette proximité, de se retrouver dans une telle situation avec un inconnu. Elle avait la sensation d’entendre l’histoire de son amie Cendrillon qui était allée à un bal où elle était tombée follement amoureuse du prince, mais ils ne s’étaient jamais donné leur prénom. La situation était la même pour ces deux étrangers qui se retrouvaient dans le parc. Le sourire qui se peignit sur les lèvres de l’homme lui arracha des battements de cœur affolés alors qu’autrefois, il battait si faiblement. Pourquoi un tel effet ? « Vous n'êtes pas blessée ? » demanda-t-il inquiet alors qu’il se penchait pour en attester par lui-même. Blessée, elle l’était sans doute, mais ce n’était certes pas à cause de la chute La jeune femme le rassura immédiatement, non sans rougir. « Non, ne vous inquiétez pas pour moi. Je n’ai rien... Mais vous ? ». Ses pâles prunelles rencontrèrent les siennes et son cœur se serra dans sa poitrine. « C'est dans de drôles de circonstances que nous nous retrouvons ! » ajouta-t-il, accentuant aussitôt le trouble de la princesse. Un sourire éclos finalement sur ses lèvres. « Vous avez bien raison. Je parierai presque qu’il y a quelqu’un en haut qui se moque de nous. » plaisanta-t-elle en détournant le regard. Des êtres célestes, elle n’y croyait pas vraiment mais aujourd’hui, tout semblait possible après tout. Reportant ses prunelles sur l’inconnu, elle fit d’une petite voix : « Je me rends compte que nous n’avons jamais eu l’occasion de nous présenter. Je m’appelle Anna. » sourit-elle, espérant que son prénom permettrait de ramener à sa mémoire quelques souvenirs. Elle ne connaissait, elle en était presque certaine.
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J'ai posé bagages ici le : 10/11/2013 Jouant le rôle de : rajah (le tigre de jasmine). Nombre de messages : 539 On me connait sous le pseudo : night sky. Un merci à : night sky. (ava&signa) + tumblr&deviantart (edits et fan art du profil) Je suis fier(e) de porter l'avatar de : logan cutie lerman
Sujet: Re: Love is an open door ❦ Mar 11 Fév - 22:23
Elle. Il sut qu'il la connaissait dès qu'il la vit, mais ne savait pas d'où. Son visage lui était familier, plus familier encore que sa propre existence. Et, pourtant, il n'arrivait pas à lui attribuer ne serait-ce qu'un nom. C'était une inconnue avec qui il partageait un lien, mais n'avait aucune idée de ce qu'il pouvait en être, ni même si cette impression était réciproque. Cela le frustrait. Et, par dessous tout, cela l'effrayait. Lukkas tentait désespérément de savoir qui elle était, ce qu'elle représentait, mais rien ne lui venait. Il commençait à croire qu'il se faisait peut-être de fausses idées, que sa solitude l'avait poussé à s'inventer de drôles d'histoires dans sa tête.
Lukkas n'avait pas eu une nuit agréable. Puis, le début de sa journée s'était amorcé difficilement, et il avait alors tenté de chasser ses sombres pensées pour une humeur un peu plus supportable en rejoignant le parc de la ville. Il emplit ses poumons d'un air frais, revigorant son corps et purifiant son esprit. Lukkas tenta ainsi de laisser derrière ses souvenirs, ses songes, ses préoccupations et ses idées noires. Puis, il tomba sur elle. Ou, du moins, c'est elle qui tomba sur lui dans une chute percutante. Il ne s'attendait pas à la retrouver et encore moins à cet endroit, à cet instant. Lukkas ne pouvait dire s'il était heureux ou non de cette réunion. D'une part, cette femme avait un effet apaisant sur lui. Dès qu'il l'avait vue pour la première fois, ses pas étaient devenus plus légers et, durant un instant éphémère, son coeur morfondu l'était devenu aussi. D'une autre part, elle l'affolait en pesant sur lui une impression des plus affreuses, celle qu'un souvenir entaché était relié à elle. Lukkas ne savait plus s'il devait profiter de sa présence à ses côtés ou s'il devait plutôt redouter le pire et attendre qu'elle lui enfonce un pieu dans ses entrailles.
Elle le soulagea lorsqu'elle lui confirma qu'elle ne s'était pas blessée lors de leur chute, puis s'enquit vite sur sa situation. « Aucun mal de mon côté, vous n'avez pas à vous en soucier. » Ils se partagèrent quelques regards, malaisés et affolés chacun de leur côté. Décidément, elle mettait Lukkas dans tous ses états, probablement même sans le soupçonner. Il commenta alors les drôles de circonstances qui avaient menées à leur retrouvaille. « Vous avez bien raison. Je parierai presque qu’il y a quelqu’un en haut qui se moque de nous. » Lukkas rit légèrement, étrangement amusé par cette éventualité. Évidemment, le pur hasard ne pouvait être le seul responsable tirant les ficelles de deux marionnettes contrariées. « Si quelqu'un, quelque part, tente de nous réunir, je lui demanderais bien gentiment de s'y prendre de manière un peu plus délicate. »
La jeune femme lui révéla alors son prénom, Anna. Ce nom ne disait rien à Lukkas, ou presque. Par contre, son impression de la connaître ne démordait pas et il sentait bien qu'elle était beaucoup plus qu'une simple inconnue. Son nom l'avait tout simplement échappé. « Et je suis Lukkas, enchanté d'enfin vous connaître officiellement. » Il pesa le mot officiellement sans vraiment s'en être rendu compte. Elle lui était beaucoup trop familière pour n'être qu'une étrangère à ses yeux, et il ne pouvait s'enlever cette idée de la tête. Lukkas hésita un moment, ce qui ne faisait pas partie de ses habitudes. Mais qu'en savait-il sur ses propres habitudes? Lui-même ne se connaissait pas, et ne savait pas quel effet cette Anna avait pu avoir sur lui par le passé. Peut-être l'avait-elle fait hésité plus d'une fois, et celle-ci n'était qu'une autre fois parmi tant d'autres. « Vous êtes pressée? Je vous ai peut-être importunée, j'en suis désolé... » Elle l'avait percuté lors de sa course effrénée et n'avait pas semblé être au milieu de son jogging matinal. Quelque chose disait à Lukkas qu'elle avait une urgence et que lui n'avait représenté qu'un obstacle dans son chemin, et le voilà qui s'en voulait un peu.
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