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 ஜ We pardon to the extent that we love ஜ

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Invité
Anonymous

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MessageSujet: ஜ We pardon to the extent that we love ஜ ஜ We pardon to the extent that we love ஜ EmptyMar 26 Nov - 21:18


I’m a wreck and I know it & I tend to show it every chance that I get.

 
Would you excuse me? I ask for your pardon, I beg you for give it to me.
 Debout, une main enfoncée dans la poche de mon jean, l’autre tenant une boite blanche, mon regard fixe la porte devant moi, une lueur d’espoir vacillant dans mes prunelles, leur donnant une légère lueur alors qu’elles me semblaient jusque là bien sombres, telle de la suie, tel du jais.

 
Une liqueur chaude, brulante que j’ingurgite sans cesse, qui semble assécher ma gorge, subtiliser mes réflexions, embrumant un peu plus mon esprit ; assis sur mon lit, adossé au mur, mes doigts enserrent une bonne bouteille de Vodka alors que je tente de distinguer ce qui est marqué sur le mur d’en face. Je connais parfaitement cette citation, la voit jour et nuit, la distingue même lorsqu’il fait sombre tant ces lettres me semblent enchantées, toutes d’or recouvertes et pourtant, l’alcool m’empêche de m’en souvenir, m’empêche encore plus de tenter de la lire, ma vue se brouillant.
Je ferme les yeux et des images m’assaillent, me font plus mal encore que mes phalanges, plus mal encore que la migraine dont je suis victime, plus mal encore que la pire douleur que l’on a pu m’infliger. Je la revois, elle. Elle et son sourire, elle et ses moues infantiles, elle et son rire angélique, mélodieux, elle la détentrice d’une rivière blonde, de deux fenêtres sur on horizon verdâtre ; elle la détentrice de mon âme et, depuis peu, il me semble de mon cœur aussi.
Je rouvre les yeux et suis ébloui par la lumière du soleil qui filtre, qui semble si chaude qu’elle en brûlerait mes neurones. Je finis cette énième bouteille, me lève et d’un pas peu assuré, titubant, me traine jusqu’au mur d’en face où je peux enfin distinguer les lettres magiques de cette célèbre citation de Charles Baudelaire.
 
« Nos deux cœur seront deux vastes flambeaux,
Qui réfléchiront leurs doubles lumières
Dans nos deux esprits, ces miroirs jumeaux. »


Alors je ris, d’un rire fou, d’un rire inhumain, d’un rire sale, d’un rire amer, d’un rire triste, d’un rire étouffé, d’un rire qui me ferait monter les larmes aux yeux si ceux-ci n’étaient pas asséchés, laissés sans vie, car il n’y a pas de vie, sans âme et que, visiblement, mon âme s’en est allée, s’est retirée ; comment pourrai-je la blâmer, moi le vil, moi qui l’ait fait fuir.
Je manque de tomber en arrière, me rattrape à mon bureau, recule  finalement et me laisse tomber sur le lit. Mon rire se tait, mon rire laisse place à une bien profonde douleur, à une souffrance sans nom, à une agonie lente et pénible.
Mais je le mérite.
Alors je ferme les yeux, repense à cette citation que je semble redécouvrir tous les jours, me demande ce qui m’a pris de vouloir la marquer au feutre indélébile ; Baudelaire avait bien le droit de parler d’amour, lui, mais qui suis-je, moi, pour oser y penser ! J’étais un objet, je pensais peut-être – je n’explique pas ce paradoxe – mais ne ressentais rien ; je voyais les sentiments des autres et tentais de les imiter, au mieux, d’en connaitre les empreintes et vint alors ce jour où je mis tout en pratique : cette malédiction, que je considérais jusque là comme une bénédiction, prend toutes ses allures malsaines à mes yeux. On ne m’avais jamais dis qu’aimer allait de paire avec souffrir, que souffrir était mourir tout en restant en vie, que mourir sans pour autant quitter ce monde revenait à se demander pourquoi on est là et que, progressivement, on s’enfonce dans le gouffre, ayant bel et bien entamé cette marche funeste et macabre, cette marche solitaire, ainsi entouré d’une aura de mort, d’une aura maléfique, d’une aura malsaine, d’un aura sombre, noire.
Je n’ai pas le droit de parler d’amour, pas plus que je n’ai le droit de prétendre aimer ; est-ce qu’on fait autant de mal lorsqu’on aime ? Je l’aime, elle… Ou, tout du moins, je pensais l’aimer, mais pourquoi lui ai-je fais tant de mal dans ce cas, pourquoi lui ai-je infligé tant de douleur, pourquoi n’avais-je pu me taire, pourquoi me suis-je laissé submerger par les sentiments, comme le pire des poètes, comme un parfait Romantique ?
Je passe ma main sur le front, note que je dois avoir de la température et entrouvre les yeux, tendant ma main libre pour attraper une nouvelle bouteille décapsulée ; j’en bois une gorgée, puis deux, trois… Je ne compte plus, la repose lorsque je la finis et referme les yeux, me laissant bercer par les mains fourchues de Morphée qui fait glisser ses ongles violemment sur ma peau, la lancinant, la lacérant.
 
Mon sommeil est troublé, agité et pétulant ; des rêves s’érigent, s’entremêlent, se séparent, s’entrechoquent, se brisent. Je la vois, elle, de nouveau, son sourire et son rire ; je la revois joyeuse et heureuse, me revois devant elle et note le changement sur son visage ; elle a les yeux embués, le regard voilés, les muscles tressautant, la mine terne, le cœur en plein déchirement. Et lorsqu’enfin, je comprends que ce n’est pas un rêve mais un souvenir, je tente de me réveiller, tente de toute mes forces mais ne réussit pas.
Alors je la revois me dire toutes ces cruautés qui tombent les unes après les autres, sous mes propres atrocités ; je la vois partir, je me vois immobilisé, tétanisé. Alors je m’avance vers le miroir, arme mon poing et élance brutalement mon bras, serrant les dents en sentant les morceaux de verre brisés s’encastrer dans ma peau. Je n’écoute pas même les cris horrifiés des vendeuses, me contente de serrer la mâchoire, n’ayant cependant que déversé un centième de mon irritation actuelle. Due à quoi, je me le demande bien, car je ne sais pas même si je suis énervée contre cette femme ou contre moi-même.
Je paye le prix fort, m’excuse dans un murmure auprès des femmes qui ne répondent même pas et sors précipitamment. Je la cherche du regard, comme si j’avais espéré qu’elle m’aurait attendu et je vois ce minime espoir se dissiper. Alors je prends instinctivement la direction d’un bar, m’installe et n’ai pas besoin de dire un mot avant qu’on me serve quelque chose.
J’ouvre les yeux brusquement, mon souvenir s’arrêtant ici, mon rêve s’achevant au même point ; je baisse mes yeux sur le bandage entourant ma main et soupire. Je jette un œil au réveil et suis étonné de constater qu’il est près de treize heures alors que je me suis endormi à trois ou quatre heures. Je me lève en poussant un soupire, retire mon bandage et contemple un instant les quelques rougeurs qui persistent encore, bien que ce ne soit pas réellement visible. Je bouge les doigts et constate encore une vive douleur, hausse les épaules, vais sous la douche et m’habille ensuite d’un simple t-shirt ainsi que d’un gilet à rayures noire et mauve, un jean simple et des converses noires.
Je me saisi des nombreuses bouteilles vidées et sors de l’appartement, me débarrassant des débris avant d’aller acheter quatre cupackes de différents goûts : chocolat, myrtille, framboise, groseille. J’ajoute deux parts de cheesecake au citron vert en mordant dans un croissant, espérant atténuer la forte haleine que m’a inévitablement procuré l’alcool malgré les nombreux brossages de dents.
 
Debout, une main enfoncée dans la poche de mon jean, l’autre tenant une boite blanche, mon regard fixe la porte devant moi, une lueur d’espoir vacillant dans mes prunelles, leur donnant une légère lueur alors qu’elles me semblaient jusque là bien sombres, telle de la suie, tel du jais.
Ça fait cinq jours. Un peu moins de cent-vingt heures, un peu plus d’une éternité. Je me demande si la porte va s’ouvrir, sur qui elle s’ouvrira. Et si je tombe sur Jim ? Eh bien, je m’en irai certainement pas, il n’aura même pas droit aux cupacakes et aux cheescakes, c'est pour... Elle.
Pendant les trois premiers jours, je me suis interdis de l’appeler ou même de lui envoyer des Sms il m’a fallu deux autres jours avant de me décider d’aller la voir, puisant le courage dans un fleuve de flammes d’où je ne me suis visiblement pas sorti indemne au vu de mes cernes, de mon teint pâle, de ma mine éteinte.
Et s’ils étaient tous deux là ? Eh bien, je demanderai à lui parler à elle, uniquement à elle.
Ça ne fait pas bien longtemps, pourtant, il me semble que cela fait des lustres. Impatient, je m’apprête à sortir la main de ma pocher pour toquer une deuxième et ultime fois, mais la porte s’entrouvre doucement, s’ouvre finalement.
Pas Jim. Elle. Je ne sais quoi lui dire, me retrouve sans mots, sans conviction, sans courage, sans nulle volonté.
Après tout, j’en ai assez fais en parlant, mieux valait me taire. Mais je doute que c’est ce qu’elle attend de moi. Un torrent de sentiments que je ne comprends pas, sur lesquels je ne peux pas même mettre de mots s’écoule en moi, teinte ma voix lorsque je prends la parole, pas plus de quelques secondes de silences s’étant écoulées.
 
« Si je suis à plaindre, si mon âme est divisée, suis-je censé en conclure que je t’ai perdue ou puis-je encore espérer que tu as dis ça sans trop réfléchir ? »
 
Je lui souris doucement, penchant la tête sur le coté.
 
« Je ne te demande pas une deuxième chance, seulement de la compassion ; car oui, il te faut compatir à la perte de mon âme et me laisser, de nouveau, entrevoir le bonheur en pouvant remettre la main dessus. Je… »

Ai-je vraiment perdu mon âme ? Je ne sais même pas.
Je sors ma main de la poche et dresse trois doigts devant elle.
 
« Trois. Si je fais trois erreurs, tu auras le droit de me mettre à la porte et de me haïr. Tu peux aussi tout de suite me la claquer au nez, mais je peux te soudoyer avec ce qu’il y a dans cette boite. »
 
Je hausse les sourcils, mon sourire devenant plus triste, plus terne, mon regard perdant peu à peu son espoir.
Ce n’est pas ce que je veux lui dire. C’est si difficile de m’excuser auprès d’elle ?
Je suis désolé…
 
« … Tara. »
 
Je ne peux prononcer toute la phrase, ne peux la dire de façon à laisser transparaitre toutes les raisons – innombrables, je l’avoue – pour lesquelles je suis si navré.
Je m’autorise enfin à prononcer – pas que je m’en juge digne, cependant, mais peut-être un peu plus qu’il y a cinq jours car, après tout, j’ai réussi à venir ici et à ne pas fuir alors qu’elle est face à moi. Et d’ailleurs, le prononcer, laisser ces deux syllabes franchir ma bouche, brûlant ma langue et mes lèvres – telle la Vodka, mais la brûlure est plus douce, plus suave, plus agréable – m’apaise d’un poids, me libère, me laisse espérer que, peut-être, j’ai encore une chance. Que nous avons encore une chance.
Plus qu’une envie subsiste en moi : l’avoir dans mes bras, l’étreindre, insérer de nouveau une âme dans mon corps sans sentiments, comme l’a si bien dit Rivarol. Sans âme, je ne peux l’aimer ;et je veux l’aimer.


Dernière édition par Aiden J. Amane le Mer 27 Nov - 17:27, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: ஜ We pardon to the extent that we love ஜ ஜ We pardon to the extent that we love ஜ EmptyMer 27 Nov - 16:54


Aiden ♔ Tara

« I have found the paradox, that if you love until it hurts,
there can be no more hurt, only more love. »

Mère Teresa  


On frappa à la porte. Tara sortit de la chambre pour aller ouvrir. Quand elle vit Aiden sur le palier, elle commença par cacher derrière son dos la pince coupante qu’elle tenait à la main, et lui adressa spontanément un beau sourire. Elle fit un pas vers lui et s’apprêta à se hisser sur la pointe des pieds pour l’embrasser, mais, tout à coup, elle se souvint. Comment avait-elle fait pour oublier ? Elle recula, confuse, et regarda le visage blafard du jeune homme, ses yeux creusés et assombris par des cernes, ce maigre sourire qu’il lui adressait en guise de salutation. Quelque chose de sinistre ramena à l’esprit de Tara la pile de vêtements qu’elle avait étalée sur son lit, dans la chambre, et la valise cadenassée près de la porte. D’où la pince coupante, d’ailleurs. La dernière fois qu’elle était rentrée à la maison et qu’elle avait défait sa valise, elle avait fermé le cadenas et jeté la clef, de sorte à ce qu’elle se souvienne toujours que s’en aller est une terrible erreur. Maintenant, elle essayait depuis vingt minutes de briser le cadenas pour pouvoir remplir sa valise, en vain. Ils restèrent tous deux sur le seuil de la porte sans rien dire pendant quelques secondes, elle dedans et lui dehors. Elle regarda ruisseler sur les yeux d’Aiden toute une rivière de mots qu’il ne dit pas, qu’elle entendait pourtant, mais il n’était plus question pour elle de se contenter de pressentir ou de deviner. S’il avait un message à lui communiquer, qu’il le fasse, de vive voix, et vite si possible car elle devait vraiment trouver un moyen d’ouvrir cette valise pour pouvoir s’en aller.
« Si je suis à plaindre, si mon âme est divisée, suis-je censé en conclure que je t’ai perdue ou puis-je encore espérer que tu as dis ça sans trop réfléchir ? »
Il inclina légèrement la tête, avec ce petit sourire asymétrique auquel elle n’avait jamais su résister, qui lui avait toujours donné envie de le croquer. Elle resserra ses doigts sur la poignée de la porte et retint son souffle, sentant bien qu’il la faisait croustiller mais bien décidée à ne pas craquer si facilement. Il poursuivit :
« Je ne te demande pas une deuxième chance, seulement de la compassion ; car oui, il te faut compatir à la perte de mon âme et me laisser, de nouveau, entrevoir le bonheur en pouvant remettre la main dessus. Je… »
Oh, de la compassion elle en éprouvait, elle en éprouvait même énormément, dès l’instant où elle l’avait laissé en plan au milieu du magasin de mariage. Est-ce qu’il croyait que cela ne lui avait pas brisé le cœur, à elle aussi, de l’abandonner de la sorte ? A présent, de quoi avait-elle l’air, insensible sur le pas de sa porte, avec cette manière de ne pas l’inviter à entrer alors qu’il avait l’air tellement perdu, tellement désarmé. Il lui dit qu’il lui demandait de le laisser faire jusqu’à trois erreurs avant de le bannir de son cœur et de sa maison, et qu’il avait l’intention de la tenter avec le contenu d’une mystérieuse boîte qu’il avait avec lui. Il prononça son prénom. Elle attendit. Elle savait, par expérience, qu’elle n’était pas combattive, dès qu’il l’appelait ainsi, comme une supplication, dès qu’elle comprenait qu’elle devait faire un pas vers lui et lui tendre la main. Néanmoins, il lui semblait que les raisons de leur dispute étaient justes (justifiées), et qu’elle avait eu raison de camper sur ses positions. S’il voulait faire la paix, pourquoi pas, mais qu’il ne s’attende pas à ce qu’elle dise qu’elle a eu tort et que c’est lui qui a raison, dans toute cette histoire. Il n’ajouta rien, laissant sa tentative en suspend. Elle se rendit à son air égaré, à son besoin de secours plus qu’à ce silence peu convainquant. S’il avait envie de lui demander pardon, il pourrait le faire pendant qu’elle finirait ses bagages, ou bien en se rendant utile en l’accompagnant à la gare.
« Deux erreurs, pas plus. Et je prends le gâteau au chocolat », ajouta-t-elle en s’emparant de la boîte qu’il tenait à la main.
Elle s’éloigna vers le salon en laissant la porte ouverte pour qu’Aiden puisse entrer, lançant un petit « assieds-toi » en désignant le canapé d’un geste du coude avant de disparaître une minute dans la cuisine. Forcément, il y en avait un au chocolat. Aucun homme sensé ne viendrait ouvrir les négociations avec elle sans tâcher de l’amadouer d’abord avec son parfum préféré. Au moins, Aiden était bien élevé et il la connaissait par cœur. Ajoutons à cela un certain sens de l’humour, même dans une situation aussi désespérée, et l’on pouvait dire qu’il avait fait un sans faute auprès de Tara, jusqu’à maintenant. Elle disposa les quatre cupcakes et les deux parts de cheesecake dans une grande assiette, qu’elle apporta au salon et posa sur la table basse toute neuve dont Jim et elle avaient fait l’acquisition post-apocalypse de leur dernière dispute. Elle y laissa également la pince coupante qu’elle avait gardée à la main et, bien malgré elle, elle lança à Aiden un regard entendu, accompagné d’un petit sourire et d’un haussement de sourcils, comme si elle lui intimait d’être sage, sans quoi elle disposait d’un objet de torture pour le punir. Elle se souvint alors que la situation n’était pas amusante, qu’il n’y avait pas vraiment de raison de taquiner Aiden comme elle l’avait toujours fait, mais bien sûr c’était plus fort qu’elle. C’était tellement eux. Cependant la situation était extrêmement désagréable et Tara ne savait pas où se mettre. Littéralement. En effet, elle venait de prendre le cupcake au chocolat, et, en se redressant, elle resta immobile quelques secondes, à observer Aiden, le canapé, la table basse. En temps normal, elle se serait évidemment à moitié affalée sur lui, la tête posée sur ses genoux, et aurait partagé avec lui la chantilly de son gâteau en utilisant son doigt comme petite cuillère, mais elle n’était pas sûre de pouvoir (d’avoir le droit de) faire cela désormais. Résignée, elle contourna la table et s’assit en tailleur à l’autre bout du canapé, tournée face à lui mais gardant une distance de sécurité qui lui sembla raisonnable. Elle détacha une cerise en sucre qui ornait le dessus du cupcake, tout en regardant attentivement son ami. Il avait la tête enfarinée des mauvais jours, elle pouvait presque deviner l’odeur d’alcool qu’il avait dû trainer avec lui pendant ces dernières heures et dont il s’était précipitamment débarrassé avant de frapper à sa porte. Tara posa son gâteau sur une serviette en papier et se releva sans rien dire, repartant dans la cuisine. Elle réapparut bientôt, un verre d’eau dans une main et deux comprimés d’ibuprofène dans l’autre. Elle se planta devant Aiden, lui mit les cachets dans la main et lui tendit le verre d’eau en arborant un air un peu autoritaire.
« Tu devrais savoir que les croissants de boulangerie n’ont jamais fait passer la migraine. »
Elle n’avait pas un odorat surdéveloppé, elle avait juste remarqué une petite miette très reconnaissable accrochée au gilet d’Aiden, en ayant conclu qu’il avait pris son petit déjeuner tardif en chemin. Elle se rassit, ou plutôt se laissa tomber sur le canapé, à côté de lui, en lâchant un soupire à fendre l’âme. Elle s’aperçut que les distances de sécurité étaient réduites à néant, leurs genoux se touchaient, cela lui semblait si naturel qu’elle haussa les épaules en se lançant intérieurement un « et puis zut ! ». C’était déjà bien assez pénible d’avoir fait du mal aux deux hommes les plus importants de son existence, elle n’allait pas en plus devoir se comporter comme si elle était quelqu’un d’autre, ni présenter un regard fermé à Aiden alors qu’elle avait tant envie de le serrer dans ses bras.
« J’ai parlé sans réfléchir, dit-elle en regardant tristement devant eux. Je fais toujours cela, quand je me sens… prise au piège. Je dis des choses idiotes, que je regrette ensuite. J’avais besoin de m’enfuir, et que tu ne me suives pas. Je suis vraiment désolée de t’avoir fait de la peine. »
Elle voulut glisser sa main dans celle d’Aiden, mais son geste fut arrêté par les coupures qu’elle y vit. Elle se redressa, les sourcils légèrement froncés, et, en même temps qu’elle se demandait ce qu’il avait bien pu faire pour que sa main soit dans cet état, la réponse lui apparut comme une évidence. Bien sûr, elle aurait dû s’en douter. Les garçons sont tous terriblement idiots. Tara se souvenait nettement de la façon dont Jim avait envoyé son poing dans le mur (ce même mur contre lequel était installé le canapé), après qu’elle lui avait dit une de ces choses méchantes qui lui permettaient de s’enfuir. Ce jour-là, elle n’avait pas pu s’échapper, après avoir été témoin de cela, et c’est elle-même qui avait soigné la main de Jim. Est-ce qu’elle était condamnée à faire cet effet aux hommes ? A les faire sortir de leurs gonds et se blesser eux-mêmes ? Qui plus est, elle sentait qu’elle reproduisait constamment le même schéma. Cette prise de conscience la fit tressaillir, et elle recula sur le canapé, en fixant sur Aiden un regard imprégné d’effroi.
« En fait, je suis empoisonnée, souffla-t-elle en secouant la tête. Je crois que je vous intoxique complètement. »
Elle descendit du canapé, contourna la table et s’assit par terre, en face d’Aiden. Elle tendit le bras, se pencha en avant, et récupéra la pince coupante qu’elle avait posée sur la table. Tout cela le confortait dans l’idée qu’elle devait partir. S’éloigner d’eux, les laisser se régénérer sans elle, et également, apprendre à respirer toute seule.
« Jim est à l’hôpital », dit-elle d’une toute petite voix sans cesser de contempler la pince.
La déflagration, ce bruit énorme et invincible de la balle sortie du revolver pour faire s’écouler Jim, la hantait, faisait proliférer dans sa bouche un goût de culpabilité à chaque fois qu’elle l’entendait dans sa tête. Tout le temps. Elle regarda Aiden. Elle avait vécu les cinq pires jours de toute son existence, et elle n’avait même pas la chance de pouvoir pleurer et se reposer dans ses bras. Pas après ce qu’elle lui avait fait. Avant que le jeune homme ait l’idée de lui demander pourquoi Jim était à l’hôpital, elle reprit la parole en se passant la main dans les cheveux, comme si brasser un peu d’air allait faire se focaliser l’esprit d’Aiden sur des futilités :
« Il va bien, il doit juste se reposer. Seulement… »
Il va bien était peut-être la litote la plus ridicule qu’elle ait pu emprunter pour parler de l’état d’un homme qui s’était fait tirer dessus. D’ailleurs, elle n’était pas certaine que la balle soit ce qui avait causé le plus de dommages à Jim, mais elle ne tenait pas à entrer dans les détails avec Aiden.
« Seulement tout est ma faute et je ne veux plus jamais qu’il arrive quoique ce soit à quelqu’un que j’aime à cause de moi. »
De façon étrange, et même si elle avait toujours mal, et même s’il y avait beaucoup de choses auxquelles elle ne voulait pas penser maintenant, elle sentait que discuter avec Aiden, malgré les circonstances catastrophiques, lui faisait un peu de bien. C’était comme de renouer avec une partie d’elle-même qu’elle aimait et avec qui elle n’aurait pas pris contact depuis un peu moins de cent-vingt heures, un peu plus d’une éternité. Elle n’avait pas l’habitude d’être si loin de lui pour lui parler, elle avait plutôt l’habitude de presque chuchoter avec lui, tant elle se tenait tout près, d’ordinaire, mais lui adresser quelques mots c’était déjà une victoire sur ce silence assourdissant qui lui avait fait violence pendant cinq jours. Avant, cela avait toujours été facile pour elle de se confier à lui, de lui donner le sourire et de le faire se sentir bien, mais, pour l’heure, elle n’arrivait pas très bien à savoir comment se comporter avec lui. Quand elle lui avait envoyé quelques mots cruels, l’autre jour, elle n’avait pas pensé qu’il reviendrait vers elle. Il ne lui avait jamais menti sur lui et il s’était toujours présenté comme quelqu’un d’un brin orgueilleux, qui avait du mal à admettre qu’il puisse avoir tort. Que devait-elle penser de sa venue ici, en terrain ennemi, de son air sincèrement navré qui lui donnait envie de le consoler ? Peut-être qu’il s’était dit que, si la situation était difficile pour lui, elle devait être pire encore pour Tara, et que, malgré leur désaccord et la façon dont elle l’avait blessé, il voulait lui faire comprendre qu’il était là pour elle ? Elle ne savait pas. Il n’avait rien dit sur le motif de sa venue, à bien y réfléchir, il avait seulement l’air d’aller mal et de chercher un refuge, tout comme elle. Mais elle se sentait abîmée, salie, et elle ne pensait pas pouvoir l’aider. Cette impression n’avait rien à voir avec leur dispute. Si Aiden avait frappé à sa porte deux jours auparavant, peut-être que faire la paix aurait été plus facile. Malheureusement, s’il était venu retrouver son âme auprès d’elle, elle craignait de l’avoir égarée, ou plutôt qu’on la lui ait volée en même temps que la sienne propre. Elle se sentait vide et inutile, depuis son agression, qui avait d’ailleurs conduit Jim à l’hôpital. Et cela, même Jim ne l’avait pas remarqué. Peut-être qu’elle était douée pour faire semblant, s’encouragea-t-elle tristement en tirant la serviette vers elle pour faire glisser son gâteau sur la table. Elle regarda le cupcake devant elle, et se mit à sourire faiblement. C’était tout à faire dérisoire, mais, sincèrement, elle avait incroyablement besoin de sucre.
« Tu es vraiment un idiot, murmura-t-elle en levant de nouveau les yeux vers Aiden, mais tu me manques tellement fort… »


fiche par century sex (en quelque sorte...).
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MessageSujet: Re: ஜ We pardon to the extent that we love ஜ ஜ We pardon to the extent that we love ஜ EmptyMer 27 Nov - 20:03


I have a present for you, but I need to borrow your arms for wrapping paper.


May I, my Soul?

Lorsqu’on a droit au bonheur une fois, le perdre est une souffrance que l’on ne peut décrire avec des mots. Lorsqu’on a aimé une fois, on ne peut plus se passer d’amour. L’Homme est ainsi fait, à s’habituer à tout, trop vite, trop fort. Lorsqu’on nous tend une main, lorsqu’on nous fait espérer et puis qu’on la retire, c’est horrible.
Tara s’approche de moi, se met sur la pointe de ses pieds, se penche vers moi alors que je reste incrédule, ne comprenant pas le moins du monde son comportement ; elle semble alors se souvenir et je me demande comment elle a pu oublier. Je ne dis cependant rien lorsqu’elle s’éloigne, tente de ne pas laisser apparaitre les débris de mon cœur, les méandres de mon esprit dévasté.
Le silence qui s’instaure entre nous, après que je lui ai parlé, après que j’ai tenté, comme un enfant maladroit, de réparer mes fautes, me met mal à l’aise. Je ne sais trop ajouter, ne sais pas plus quoi penser ; me fera-t-elle seulement entrer ?
Les secondes s’écoulent avec une lenteur inimaginable et je me sens mourir un peu plus, mourir un peu trop. Je me demande ce que je fais là, la raison qui m’a amenée jusqu’à cette porte et la réponse me frappe telle une évidence, me rappelant à quel point je suis idiot de me poser l’interrogation : irréversiblement, Tara est pour moi ce que le soleil est aux fleurs, ce que le paradis est aux anges, ce que la royauté est aux Dieux ; indispensable. L’avoir loin de moi est tout bonnement valétudinaire.
Sa voix brise le silence, raisonne dans ma tête, entrechoque ma raison et, après un instant, je lui souris légèrement, presque imperceptiblement. C’est plus le fait qu’elle ait deviné qu’il y avait quelque chose à base de chocolat dans cette boite que parce qu’elle n’autorise que deux erreurs de ma part que je souris, mais je suis encore mal à l’aise, gêné, me sentant terriblement indigne, coupable, sale, sot, vil.

Je rentre lorsqu’elle se détourne et ferme la porte derrière moi alors que je me dis que dans d’autres circonstances, rien n’aurait été pareil. Elle m’aurait certainement sauté au cou, je l’aurai accueilli tant bien que mal, malgré la boite que je tiens, je lui aurai soufflé de belles paroles tout contre ses lèvres, lui aurai embrassé la joue et le cou, caressant ses cheveux, la gardant encore un peu contre moi, notant quelle chance j’ai de l’avoir.
Mais tout est différent. Seulement, j’ose espérer que ce n’est que momentané, que ce tiraillement intérieur auquel je suis proie n’est qu’éphémère.
Elle s’éclipsa dans la cuisine juste après m’avoir demandé de m’asseoir sur le canapé et j’obtempère, l’attendant sans rien dire, fixant le plafond d’un air évasif.
Quel con.
Elle revient, interrompt mes réflexions, pose ce que je lui ai apporté sur la table avec une pince coupante qui n’aimante pas assez mon regard pour que je rate le sourire qu’elle me lance, qui semble embaumer mon cœur alors que je hausse les sourcils, amusée par ce regard qu’elle me lance après avoir déposé son arme sur la table. Je reviens poser mes yeux sur cette fameuse arme en me demandant ce que Tara pouvait bien en faire et ça retient assez mon attention pour qu’elle ne puisse noter ma claire déception, ma nette douleur lorsque je la vois détourner la table basse pour aller s’asseoir à l’autre bout du canapé, soit bien trop loin pour moi. Je passe une main dans mes cheveux en prenant une profonde respiration, laissant mes prunelles glisser sur le visage de ma belle. Ou, tout du moins, de la belle ; car je doute, aujourd’hui, du fait qu’elle soit mienne. Elle soutient mon regard, prend son cupcake au chocolat et décroche une cerise de sucre avant se relever alors que je fronce les sourcils, posant mes coudes sur mes genoux en me penchant en avant, soutenant ma tête avec mes deux mains en soupirant. Pourquoi est-si difficile d’établir un contact verbal alors que le visuel semble avoir été fait ? Peut-être parce qu’on se regarde mais qu’on ne se voit pas, qu’on ne se trouve pas, qu’on ne réussit plus à se redécouvrir.
Je me redresse lorsqu’elle vient et prend les deux cachets qu’elle me tend sans geindre, écoutant ses paroles avec une once d’amusement.

« Tu ferais une mère-poule sévère avec un instinct très développé, tu sais ? »

Je lui lance un léger sourire voulant d’avantage la remercier que lui faire partager un humour que je jugerai presque de déplacé.
Je me saisis du verre d’eau que je finis en quelques gorgées, avalant mes deux cachets avant de murmurer un « merci » à peine audible.
Elle s’assoit près de moi, cette fois-ci ; son genou touche le mien et je ne sais si je me sens bien ou mal ; je goûte un bout de paradis et le perd presqu’aussitôt, loin d’être rassasié.
Son regard est loin du mien, cette fois-ci, alors je regarde devant moi, l’écoutant attentivement alors que je déglutis faiblement en l’entendant s’excuser. Elle s’excuse et, cette fois-ci, je tourne vers elle un regard incompris. Je lève ma main vers son visage, la laisse tomber sur le canapé en la voyant reculer soudainement, suivant son regard en me souvenant de mes coupures encore assez visibles qui ornent mes phalanges, qui m’empêchent de me servir de cette main. De nouveau, elle reprend la parole et, de nouveau, je me sens idiot. Elle se pense empoisonnée ? Elle devrait se penser majestueuse. Je devine que Jim, son futur mari, a dû, lui aussi, se défouler sur un mur ou sur un mur, allez savoir. Elle arrive à faire pareil effet sur deux hommes et là où elle ne voit que du mal, je vois de la royauté, de la divinité ; Aphrodite elle-même n’aurait pu ainsi m’enchanter, Athéna non plus, malgré ses armes, malgré son charisme, malgré ses attributs.
Elle descend du canapé et je ne la retiens pas, la laisse, de nouveau, contourner la table pour s’asseoir à terre, en face de moi. Elle se saisit de la pince coupante et m’annonce, cette fois-ci, une nouvelle à laquelle je ne m’attends pas le moins du monde. Je suis sincèrement étonné, profondément atteint.
Jim est à l’hôpital. Vraiment ? Pourquoi ? Est-ce qu’il va bien ?
N’allez pas m’imaginez telle une bête sans cœur, tel un homme jaloux au point d’exécrer un homme qu’il ne connait même pas ; Tara n’est pas un prix, Jim n’est pas mon adversaire, n’est certes pas mon ami, mais si la blonde l’aime, alors son bien-être me concerne. Et pas qu’un peu. Elle fait passer ses doigts dans sa chevelure, je ne détourne pas les yeux, me penche en avant. Elle parle, dit qu’il va bien et, sincèrement, je la crois à peine. Je me lève alors qu’elle continue de parler, me disant que c’est de sa faute, m’exposant sa culpabilité.

Alors au diable mon orgueil, au diable notre dispute au diable ce malaise et au diable nos enfantillages ; je m’agenouille près d’elle et glisse une main autour de sa taille, glissant l’autre au creux de son dos en l’attirant doucement à moi. Elle peut s’éloigner, je ne la forcerai pas à rester contre moi, mais j’espère tout de même qu’elle reste assez longtemps pour que je puisse entièrement la recouvrir, gardant sa tête près de moi, près de mon cœur, pour sentir mes lèvres pressées contre le haut de sa tête, sur sa soyeuse chevelure.
Je ne sais pas trop ce que je suis pour elle, je ne sais pas trop ce qu’elle ressent à mon égard et pourtant, je sais qu’en ce moment, elle n’a pas besoin de mots, n’a pas besoin de flots verbal, de littérature, de poésie et de fantaisie ; ne peut-elle pas simplement ressentir l’amour que je lui porte, s’en contenant ? J’ose espérer que si, elle en est capable.
Je lui rends sa liberté mais reste assis près d’elle et nous restons ainsi un instant avant qu’elle se saisisse d’un pan de serviette, rapprochant le cupcake alors que je tends mon bras pour le saisir, le lui donnant alors que je souris doucement.
Elle dit que je lui manque et je note d’emblée l’emploi du présent alors un goût acre de culpabilité envahit ma bouche, me brûle le palais. Cela me donne clairement l’impression de ne pas être présent pour elle et la réalité me frappe brutalement à la figure tandis que me reviennent les mots violents qu’elle m’a dits, l’autre fois. « Il faut que je fasse attention à moi, car personne ne le fera à ma place, en définitive ». J’aimerai tant être là pour elle, j’aimerai tant retrouver en moi la force de redevenir ce que j’étais pour elle.
Ai-je réellement tout gâché ?
Je refuse de m’immerger dans mes souvenirs, refuse de me remémorer ce qu’elle m’a dit d’autre, pas maintenant, pas encore. Car je me suis rejoué la scène de notre dispute plus d’une fois, plus d’une infinité de fois ; chacun des mots dits, je m’en souviens, m’en remémore, ne suis pas près de les oublier même si je m’interdis volontairement de penser à certains d’entre eux. Ça me ferait trop de bien, trop de mal et, encore une fois, je ne saurai reconnaitre ce que je ressens. Peut-être ne ressentirai-je rien, d’ailleurs.
Idiot.
Je le pense fort depuis des jours et l’entendre de la bouche de Tara est ce qui m’a fait sourire ; nous n’avons, en définitive, pas tant perdu ce que nous avions que nous le pensions, qu’elle le pense peut-être même encore.

« Un parfait idiot, tu n’imagines même pas… Mais pas assez pour ne pas revenir sur tes mots, ma puce : ne t’excuse pas, c’est moi qui suis sincèrement désolé, j’ai agis égoïstement en te prenant au piège, comme tu dis. Tu ne nous intoxiques pas, nous sommes stupides et impulsifs, d’où le fait qu’on ait besoin de toi, la Voie de la Raison et de le Sagesse. Même Zeus eut besoin de Métis, d’Athéna par la suite. »

Je ris doucement, mais n’oublie pas que Jim est à l’hôpital, n’oublie pas plus cette pince coupante qui pourrait aisément couper nos liens tant ils me semblent fragiles ces derniers temps.
Je glisse mes doigts entre ses mèches ensoleillées et cherche mes mots. Je ne pense plus à notre dispute, pas plus que je ne pense à ma jalousie ; encore une fois, je n’ai rien d’inhumain, je n’espère strictement rien de mal à Jim, bien au contraire.

« Un homme fait des choix dans sa vie. Un homme fait des choix pour la femme qu’il aime qu’il juge bons et que sa douce juge mauvais. Mais, sincèrement, ce sont les bons, Tara… Ne m’en veux pas, mais il a dû te dire que ce n’était pas de ta faute, n’est-ce pas ? Et je le rejoins sur cet avis. »

Je ne sais pas ce qui s’est passé, je ne sais pas pourquoi tu dis que c’est de ta faute mais j’aurai sûrement fait la même chose.
Je glisse mes doigts sur son visage, sous son menton et penche la tête en lui faisant tourner la sienne ; je lui souris doucement, espérant lui apporter un peu de réconfort.
Sans mon âme, je ne suis que l’ombre de moi-même. Non, à vrai dire, sans mon âme, je ne suis rien ; rien si ce n’est une enveloppe charnelle, vassal d’un esprit tourmenté, d’un silence assourdissant, d’un écho obsédant.
Je pivote pour me retrouver en face d’elle, éloigne la table basse et colle mon front au sien, laissant mon souffle s’abattre sur ses lèvres alors que, pour la première fois depuis trop longtemps, mon regard trouve réellement le sien. Et, comme j’en ai pris l’habitude, je laisse tous mes sentiments transparaitre à travers mes yeux, je me mets à nu, à genoux ; je m’expose, lui offre les armes pour m’atteindre, lui laisse libre champ de me blesser, de me détruire, juste là. Elle pourrait juste étreinte mon cœur si fort qu’il en exploserait si elle le voulait et, pour la première fois, je lui montre clairement. Lors de notre dispute, je lui ai dis qu’elle a trop d’emprise sur moi, si je me souviens bien, mais mon regard était glacial, tranchant, désarmant, égoïste, colérique, idiot… C’est alors que je me fais une réflexion qui réussit à faire grimper un sourire à mes lèvres. Je laisse mes sentiments transparaitre alors, de nouveau, je ressens. Alors, de nouveau, je retrouve mon âme, un bout de celle-ci, une partie qui me redonne espoir, qui me refait sourire.

« Tu m’as manquée, Tara, tu m’as tellement manquée… »

Alors je presse ma main contre sa tête pour coller plus fort nos fronts l’un contre l’autre, tandis que mon regard se dérobe au sien ; je m’humidifie les lèvres et éloigne mon visage du sien, sentant mon cœur s’emballer, sentant mon sang cogner bien trop fort à mes tempes.
Une question idiote me traverse l’esprit : est-ce que j’ai commis une erreur ? Je souris intérieurement, me disant que oui, probablement.
Je glissa ma main dans la sienne pour saisir la pince coupante alors que je l’examine un instant. Je le pose derrière moi, sur la table basse et glisse mes doigts entre ceux de la jeune femme, maintenant libre de tout objet encombrant. Je ne lui demande pas encore à quoi peut lui servir cette pince coupante car je sais parfaitement que je ne veux pas savoir. Pas encore, pas tout de suite.
Qu’elle me ménage, juste un peu, même si je ne le mérite pas.
Sauf que voilà, j’ai encore quelque d’important à dire, des mots qui me brûlent la gorge, qui me brûlent les lèvres, qui envahissent ma bouche et qui s’écoulent, dans un murmure :

« Je ne te promettrai pas la lune, bien que tu la mérites, car je ne peux la décrocher. Je ne te promettrai pas plus l’éternité, car je ne peux la garantir. Mais je te promets d’être toujours là pour toi, de toujours t’aimer, avec ou sans ton assentiment. Je t’écouterai parler des siècles, cueillerai chacune de tes perles salées, absorberai chacun de tes sentiments et te garderai contre moi… Pour un de tes sourires, pour partager avec toi une certaine oaristys. »

Pour un peu de magie.
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MessageSujet: Re: ஜ We pardon to the extent that we love ஜ ஜ We pardon to the extent that we love ஜ EmptyVen 29 Nov - 19:10


Aiden ♔ Tara

« Ne me dites pas que la lune brille.
Montrez-moi le reflet de la lumière sur un verre brisé. »

Anton Tchekhov  


Debout dans la cuisine, elle tenait les deux cachets à la main et attrapait un verre au hasard, à bout de bras, dans un placard trop haut pour elle, pour le remplir d’eau. Elle fut surprise, en constatant lequel elle avait pioché. Elle ne disposait que d’un seul verre semblable à celui-ci. Oh, pour Aiden, ce serait juste un récipient normal, cylindrique et transparent, décoré de petites lignes régulières qui en faisaient le tour. Pour Tara, ce verre lui rappelait le fameux jour de sa dispute avec Jim. Il faisait partie d’une paire, il était la moitié d’un tout, mais elle avait malencontreusement lâché son jumeau, qui s’était fracassé sur le sol de la cuisine en un millier de petits éclats irréparables. Ce verre était le rescapé du marasme qu’avait causé la dispute dans tout l’appartement, vétéran d’une guerre qui avait décimé des familles entières d’assiettes et de tasses à café. Que faut-il en conclure ? Que ce verre est le symbole d’un amour brisé, ayant perdu son autre par malchance ? Ou plutôt qu’il demeure la seule chose absolument solide qui soit parvenue à rester debout malgré les difficultés ? Le lendemain de la dispute (elle s’en souvenait dans des couleurs pastels), quand elle était rentrée chez eux en trainant sa valise derrière elle, elle avait traversé la cuisine sur la pointe des pieds pour parvenir jusqu’à sa chambre, où Jim était endormi, et avait dû enjamber précautionneusement les restes épars du défunt verre que personne n’avait pris soin de rassembler depuis la veille. Jim s’était réveillé, l’avait d’abord prise pour un fantôme, puis demandée en mariage, et il lui avait dit ceci : « Je ne veux pas que tu signes un vulgaire papier à la légère… Sur Mandragore, le mariage est une promesse… Une promesse d’amour, de partage, de dévotion envers l’autre, et surtout une promesse d’être là, pour toujours même dans la mort ». Tara frissonna et observa le verre rempli d’eau qu’elle tenait à la main. Il fallait se rendre à l’évidence. C’était juste un verre.

De retour au salon, elle remarqua la pose soucieuse et pensive d’Aiden, le temps d’arriver jusqu’à lui. Elle se demanda ce à quoi il pensait, n’osa pas le lui demander de peur d’avoir mal en ayant la réponse, et le tira de ses réflexions en lui tendant le verre et les médicaments. Il se redressa et sembla s’obliger à chasser le petit nuage qui planait sur son front, s’essayant à lui sourire légèrement.
« Tu ferais une mère-poule sévère avec un instinct très développé, tu sais ? »
Elle plissa les yeux alors qu’un petit sourire réussit à éclore timidement sur ses lèvres.
« Bois cela et tais-toi, mon poussin », répliqua-t-elle face à cette légère provocation.
Il obtempéra docilement alors qu’elle prenait place à côté de lui. Elle se sentait lessivée par un lourd sentiment de ‘‘comprends pas’’, en s’apercevant combien il était difficile d’agir normalement avec lui, désormais. Elle voulait lui dire les mots de d’habitude, mais elle se sentait entravée, empêchée de se comporter comme elle l’aimerait, depuis que le mot « défendu » avait franchi les lèvres d’Aiden l’autre jour. Elle sentait que ce mot à lui tout seul lui avait arraché une partie de son innocence, un fragment de la naïveté enfantine avec laquelle elle avait toujours taquiné le jeune homme. Maintenant, même si elle n’avait toujours pas très bien conscience de ce qu’il fallait qu’elle fasse, elle avait deviné qu’elle ne pourrait pas plaider l’ignorance, si jamais elle faisait quoique ce soit de mal avec lui. Qu’est-ce qui pouvait être mal ? Ce qui était défendu. Qu’est-ce qui était précisément défendu ? Elle n’avait pas de liste exhaustive, mais Aiden y avait placé la première ligne : ses lèvres. Et cela la perturbait. Non qu’elle l’aurait embrassé, mais elle se disait que, si celles-ci sont interdites, peut-être que bien d’autres choses le sont aussi. Exemple : avait-elle le droit de rester assise à côté de lui ? Elle régla la question en allant s’assoir par terre. C’était certainement la bonne chose à faire. Faire ce qui est bien, c’est bien. Est-ce qu’être assise loin de lui la rendait heureuse ? Non. Donc, être heureuse… c’est mal ?...

Argh ! Vous comprenez, maintenant, pourquoi est-ce que ce sentiment de lassitude générale, ce ‘‘comprends pas’’ permanent commençait sérieusement à la rendre folle ! Pour se donner du courage, elle essaya de penser à ce qui la rend heureuse d’habitude. Aujourd’hui, penser à Jim créa exactement l’effet inverse, et elle comprit que son « d’habitude » de la semaine dernière était terriblement bouleversé voire peut-être perdu. C’est donc sans aucun repère ni aucune arme qu’elle déclara que Jim était à l’hôpital, et ses propres mots la frappèrent sans qu’elle y soit préparée. C’est vrai, il est à l’hôpital et elle n’y peut rien. Elle lui est tellement inutile qu’elle n’est même plus certaine d’exister. Normalement, c’est son rôle d’essayer de tenir Jim loin de tout danger, ce fut la tâche qu’on lui confia alors qu’elle était encore polymorphe. Elle vit Aiden se lever, il lui parut immensément grand jusqu’à ce qu’il s’agenouille près d’elle, se mette à sa portée. Il l’attira contre lui tout doucement, la déplaçant de quelques centimètres sur le parquet jusqu’à ce qu’elle puisse appuyer sa tempe contre son torse et sentir son corps contre son dos. Il l’embrassa dans les cheveux et l’entoura de ses bras sans rien dire, ou, plutôt, sans prononcer le moindre mot, mais cette étreinte en disait beaucoup. Elle ferma les yeux en comprenant qu’il lui signifiait ainsi qu’elle pouvait avoir confiance en lui et qu’il était désolé. Elle se concentra pour garder ses larmes cachées sous ses cils abaissés, car elle ne voulait pas qu’il la voit pleurer, elle devait se montrer courageuse. Elle n’avait pas laissé Jim la prendre dans ses bras, quand il s’était réveillé à l’hôpital (comme elle le regrettait, maintenant !), cette étreinte était en fait son premier contact humain depuis… Elle ne pouvait pas y penser, mais son corps réagit pour elle, son ventre se noua de terreur tandis qu’elle essayait de ne pas bouger et de rester calme. Peut-être Aiden ressentit-il la tension qui l’habitait car il se mit à parler lentement en lui caressant les cheveux. Il ne devait pas le savoir, mais cette position était toujours celle qui l’aidait à se calmer, elle adorait sentir contre son dos les vibrations de la voix dans la cage thoracique. Le fait qu’il se compare indirectement à Zeus arriva même à la faire sourire. Il reprit ensuite la parole plus sérieusement, en ayant l’air de faire attention aux mots qu’il allait choisir.
« Un homme fait des choix dans sa vie. Un homme fait des choix pour la femme qu’il aime qu’il juge bons et que sa douce juge mauvais. Mais, sincèrement, ce sont les bons, Tara… Ne m’en veux pas, mais il a dû te dire que ce n’était pas de ta faute, n’est-ce pas ? Et je le rejoins sur cet avis. »
Qu’il soit capable de cela, de la faire se sentir bien en la rassurant sur les pensées probables de Jim, lui fit éprouver une profonde émotion, un sentiment de reconnaissance qui lui donna la sensation de respirer pour la première fois depuis cinq jours.
« Il n’a rien dit, murmura-t-elle. Il n’a pas eu le temps de dire grand-chose, je l’ai trop mis en colère… Je ne suis pas Athéna, je suis seulement une harpie. Je ne mérite pas que tu sois si gentil avec moi », ajouta-t-elle en hoquetant comme l’envie de pleurer lui faisait manquer d’air.
Elle repensa au réveil de Jim. Au bonheur et au soulagement qu’elle avait éprouvés de le savoir en vie mais aussi à la façon dont, immédiatement, elle s’était remise à avoir peur. Et à être déçue. Déçue parce que Jim avait été incapable de s’inquiéter pour elle ne serait-ce qu’un quart de ce qu’elle s’était inquiétée pour lui pendant toutes les heures qu’elle avait passées dans la salle d’attente. Il s’était réveillé avec un seul mot à la bouche : le mariage.
« J’ai eu tellement peur pour lui que j’ai cru en mourir, tu sais… Mais il… Il avait l’air de ne pas me voir, quand il a ouvert les yeux… Il ne voyait que sa fiancée, et cela m’a fait de la peine et m’a rendue tellement méchante ! Lui et toi, vous avez beaucoup plus de raisons de me haïr que de m’aimer. »
Elle se sentait assez misérable et honteuse de ne jamais être à la hauteur de rien. Alors qu’elle s’apprêtait à se détacher d’Aiden, pour lui éviter de garder dans ses bras une femme vraiment indigne de sa tendresse, il lui prit le menton et lui fit tourner le visage vers lui. Il fit coïncider leurs regards en inclinant la tête, et lui adressa un vrai beau sourire, un sourire doux qu’elle ne lui avait pas encore vu aujourd’hui et qui la réconforta instantanément, incroyablement. Il attendit qu’elle lui rende à son tour un petit sourire pour se détourner légèrement, de sorte à pousser la table basse et se mettre devant elle. Là, il appuya son front contre le sien et, pour la première fois depuis qu’il était arrivé chez elle, Tara vit ses yeux tels qu’elle les connaissait d’habitude, transparents pour elle.
« Tu m’as manquée, Tara, tu m’as tellement manquée… »
Elle entrouvrit les lèvres pour dire quelque chose mais elle n’arriva pas à trouver les mots, les bons mots pour répondre à tout ce que la voix d’Aiden avait de caressant et de joyeux, de tendre et de déroutant pour elle. La situation était à la fois touchante et sensible, l’un n’ayant rien à voir avec l’autre : ils étaient soudainement heureux de se retrouver et de pressentir qu’ils n’avaient pas définitivement perdu cette complicité harmonieuse, cette osmose qui les définissait, et, en même temps, tout cela était si fragile, si électrisant que c’était difficile de savoir s’il valait mieux se calmer ou se laisser emporter. Les mots d’Aiden vinrent échouer leur chaleur directement sur les lèvres de Tara, portés par son souffle qui était si près qu’il la faisait trembler imperceptiblement. Alors elle ne dit rien du tout, se souvenant de leur dernier rendez-vous, quand il la tenait enlacée et qu’elle avait été prise de panique en s’apercevant qu’il aurait toujours un pouvoir sur elle. C’est cette prise de conscience qui l’avait faite s’enfuir. Ici, elle ne pourrait pas s’échapper. Il faudrait qu’elle le chasse de chez elle, mais seulement au bout de deux erreurs. Venait-il de commettre la première ? Leurs prunelles se croisèrent de nouveau tandis qu’Aiden la relâchait et reculait de quelques centimètres. Elle vit qu’ils pensaient la même chose, mais elle n’eut pas envie de la mettre en mots.
« Je ne te promettrai pas la lune, bien que tu la mérites, car je ne peux la décrocher. Je ne te promettrai pas plus l’éternité, car je ne peux la garantir. Mais je te promets d’être toujours là pour toi, de toujours t’aimer, avec ou sans ton assentiment. Je t’écouterai parler des siècles, cueillerai chacune de tes perles salées, absorberai chacun de tes sentiments et te garderai contre moi… »
Rah, elle le détestait d’être si… oh mon Dieu, elle l’aimait fort, c’est espèce d’idiot ! Elle fronçait les sourcils et souriait en même temps, elle ne savait plus si elle avait envie de pleurer ou de rire, et c’était peut-être cela, vivre.
« Pour un de tes sourires, pour partager avec toi une certaine oaristys. »
Elle ouvrit de grands yeux, pencha légèrement la tête alors qu’un début de sourire amusé s’accrochait à ses lèvres.
« Oarrr… ri… ? Si c’est un gâteau, je veux bien partager avec toi. »
Il était bizarre à lui dire des mots qu’elle ne connaissait pas, de temps en temps, et elle se sentait toujours un peu bête, mais cela lui donnait l’impression qu’il connaissait des formules magiques. Elle secoua la tête et, en parlant de gâteau, elle entama son cupcake en prenant un peu de crème au chocolat sur le bout de son doigt. Aiden était même agaçant dans sa façon d’avoir bon goût en pâtisserie. Il lui manquait pour toutes les raisons du monde. Et, si elle avait employé le présent, c’est parce que, encore maintenant, il lui manquait déjà, en quelque sorte. Elle anticipait sur ce qu’elle éprouverait dès ce soir, quand elle serait dans le train pour s’éloigner de Fantasia Hill. Cela, Aiden l’ignorait encore, mais il allait lui falloir trouver un moyen de le lui annoncer délicatement. En attendant, elle repensa à sa promesse, et le regarda sérieusement.
« Je voudrais que tu me promettes plutôt de ne jamais me faire de promesse. Si tu en as le courage, fais tout ce que tu viens de dire, supporte donc la fille la plus insupportable du monde, mais fais-le de telle sorte que je ne considère jamais cela comme acquis. J’ai fait une promesse, moi, avant même de prendre le temps de comprendre ce que cela signifie. Et dès l’instant où j’ai promis, j’ai eu l’impression… j’ai eu l’impression que tout ce que je faisais ensuite était considéré comme normal, comme dû, et cela m’a donné l’impression d’être devenue invisible. Surprends-moi tous les jours, déteste-moi de temps en temps, comprends-moi aussi fort que tu le peux, et ne nous enferme jamais dans des promesses, je t’en prie… »
Elle ne voulait pas qu’il soit à elle, de même qu’elle se refusait à être sienne. Ce qu’ils avaient depuis le début, malgré leur dispute, ce qu’ils avaient à l’origine était trop beau pour être compressé dans une simple promesse. Elle avait déjà tout gâché une fois bien malgré elle, c’était une fois de trop. Elle se rapprocha d’Aiden, se pencha pour pouvoir regarder derrière lui, avant de tendre le bras pour récupérer la pince coupante sur la table basse. Elle se releva doucement, une fois armée.
« Je n’ai pas besoin que tu m’offres la lune, mais j’aimerais que tu m’aides à m’envoler, même si ce sera peut-être difficile à comprendre… Je… Viens avec moi. »
Elle l’emmena jusqu’à sa chambre. Elle souleva sa valise vide et la posa sur son lit, à côté des vêtements qu’elle avait prévu d’emporter avec elle. Ensuite, elle montra le cadenas au jeune homme, dont la partie mobile était imprimée de petites marques dues aux vains efforts de Tara pour la rompre.
« Je n’ai pas assez de force pour briser cela. Est-ce que tu penses que tu pourrais le faire pour moi ? »
Elle observa Aiden, appréhendant un peu sa réaction. Lui demander cela, c’était comme quand elle lui avait demandé de défaire le dos de sa robe de mariée, au magasin, sauf que cette fois elle n’avait pas d’autre alternative. Elle se gronda intérieurement tout en retenant sa respiration. Il ne fallait pas qu’elle cherche des signes partout. C’était juste un cadenas.


fiche par century sex (en quelque sorte...).
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MessageSujet: Re: ஜ We pardon to the extent that we love ஜ ஜ We pardon to the extent that we love ஜ EmptySam 30 Nov - 0:40

If you love someone, let him go. If he loves you, he will come back.


Do you love me, Tara?
 
Un sourire éclot sur ses lèvres lorsque je la taquine doucement quant à son autorité immédiate et elle me répond en me surnommant de poussin. Je fronce les sourcils mais ne relève pas, amusé par son attitude, satisfait qu’elle ne m’ait pas ignoré, qu’elle ne m’ait pas repoussé. Si je suis son poussin, alors soit.
N’empêche, d’autres surnoms sont plus appropriés. Notamment « idiot » car je me sens affreusement coupable pour la dernière fois. Notre complicité s’estompa ce jour-là et ce poids en moins dans mon cœur, je fuis accablé, assailli et alourdit par la légèreté de mes épaules et mon cœur me sembla tellement léger qu’il aurait suffit d’un souffle de vent pour y insinuer le froid et le rendre vulnérable au moindre rayon de soleil, à la moindre brise, près à s’envoler loin de moi, me désertant, me laissant sans cœur ni âme.
Car oui, ma relation avec Tara m’alourdit le cœur, le maintient en place ; fini ces idées reçus comme quoi on a le cœur léger lorsqu’on aime ; c’est moi qui suis léger, mais mon cœur ne l’est pas, est, en revanche, empli de sentiments faisant preuve d’une lourde légèreté.
à ce moment, au moment de notre dispute qui semble durer plus d’une éternité, j’eus cette terrible impression que notre complicité se brisa ; alors que non, elle se dissimula derrière de la brume, devant une surface opaque, sous du charbon, sur des sables mouvants.
L’annonce qu’elle me fait me laisse désemparé, éblouit devant la lumière de ce que je dois impérativement faire ; je ne peux pas me permettre d’être froid, pas plus que je n’ai le droit de rester loin d’elle. Je ne sais pas ce qu’elle en pense, mais je me faufile à ses cotés, appréciant de toute façon trop peu le fait qu’elle doive relever le regard pour me voir. Cette fausse image de supériorité me déplait à m’en retourner l’estomac.
Alors voilà, à sa hauteur, je ne vois pas ce que je pourrai faire si ce n’est la prendre dans mes bras. Elle ne  s’éloigne pas et ma satisfaction est grande, bien que dissimulée au profit de ma compassion. Elle aime cet homme, je ne sais de quel amour, je n’en suis plus sûr, mais elle l’aime et, si j’aime Tara, sans forcément devoir aimer Jim, je dois le respecter. Or, le fait qu’il soit à l’hôpital nécessite que je m’enquiers de son état, que je sois présent pour ma douce.
J’aimerai qu’à cet instant, son cœur batte aussi calmement que le mien, que son esprit ne soit pas aussi encombré et embrouillé qu’est le mien en ce moment ; je ne suis malheureusement pas sûr de l’effet de mon étreinte, loin de là.
Je lui dis quelques paroles d’une voix particulièrement douce et basse, pour qu’elle ait à se concentrer pour m’écouter, malgré la distance, pour qu’elle s’occupe d’avantage à m’entendre qu’à devoir penser à autre chose, qu’à devoir s’écrouler sus une culpabilité qu’elle juge indéniable, que je conçois comme improbable.
 
Ses premiers mots m’agitent imperceptiblement – Tara le remarque peut-être, à moins que ses propres tremblement couvrent mon agitation spontanée – et les paroles qui suivent ne réussissent pas à me faire passer cette pointe de colère. Comment ça, il n’a rien dit ? Comment a-t-il osé se mettre en colère alors qu’elle est, aujourd’hui encore, au bord de la défaillance en parlant de lui, malade ou je ne sais quoi ? Je serre les dents, tente de ne pas serrer mon étreinte.
Lorsque l’on ne va pas bien, la première chose que l’on fait est de rassurer les autres sur notre sort, combien même ce n’est que toile d’une tarentule menteuse.
Je ferme les yeux et me remémore l’image d’une harpie avant d’étirer mes lèvres en un sourire amer que Tara ne peut distinguer ; si elle est harpie, alors je suis vile chimère
Je m’éloigne à peine et ne peux cette fois-ci cacher le voile de colère qui assombrit mon regard alors que je le détourne, au loin, loin des mers de Tara, loin de celle qui doit déjà savoir que ses mots ne me plaisent pas. Il la voyait comme sa fiancée ? Il a dû faire allusion à son amour pour elle… Quoi que non, plutôt au mariage. Je ne me préoccupe que peu de sa dernière phrase car je prendrai tout le temps de la contredire plus tard, mais pour l’heure, l’entendre décrire l’attitude son fiancé me met hors de moi.
Il aurait dû lui sourire. Il aurait dû assurer, encore et encore, qu’il allait bien. Il aurait dû la faire rire, lui soutirer des rires. Il aurait dû l’amener à exploser, à pleurer, à se libérer ; il aurait dû la consoler, la garder près de lui, parler de tout sauf de l’accident. Face à son insistance – car je connais assez bien Tara pour savoir qu’elle aurait à peine eut le goût à rire, voire pas le moins du monde – il aurait dû lui dire qu’elle n’était pas fautive, que si c’était à refaire, il le referait. Il aurait dû insister sur son amour pour elle, il aurait dû lui faire entrevoir leur bonheur commun, de nouveau, lui garantir que si son corps est meurtri, son cœur n’en est pas moins enveloppé d’un doux voile de sérénité quant au fait qu’elle aille bien. Il aurait dû lui dire que son bonheur est le sien, aurait dû jouer sur les sentiments, lui dire que son inquiétude le rend anxieux, mais que durant son inconscience, ce fut cette même inquiétude qui le maintint en bonne santé.
Il aurait dû agir… En homme. Pas en fiancé, pas en futur-mari, pas en victime, pas en agonisant, pas même en amoureux ; mais un homme.
Et moi, je ne suis pas à innocenter. J’aurai dû être là ; je ne l’étais pas.
 
« Tu sais, ma douce, tu as le droit d’être méchante, de nous faire du mal, d’exiger le meilleur de nous. C’est à nous de tout faire pour te mériter, par le contraire… Tu es Tara, la plus merveilleuse femme que je connaisse, la plus vraie, la plus innocente, la plus sincère. S’il ne voit qu’une future porteuse dalliance en toi, s’il passe devant le fait que tu ne sois pas sa future femme mais sa galaxie entière, alors le choc qu’il a subi a dû être sacrément sévère… »
 
À moins qu’il ne soit sacrément idiot.
C’est ce moment que je choisis pour entrechoquer nos regards ; elle peut voir tout ce que je pense de la réaction de Jim, de ma nette colère contre lui et sa fâcheuse et déplorable attitude. Je ne peux le lui dire, je respecte son amour pour lui, mais elle ne peut me blâmer de le penser, alors je joue sur cela pour lui transmettre ce qui réussit à m’agiter.
Mais je veux qu’elle voie plus que cela. Je veux qu’elle voie que je l’aime sincèrement, que je suis désolé de ne pas avoir été là, que je m’en veux affreusement, que je pense réellement ce que j’ai dis. Je ne suis pas capable de ne serait-ce que penser que je suis meilleur pour elle que Jim ; nous ne sommes pas pareils, nous aimons simplement la même femme et cela peut nous unir sans pour autant nous réunir ; nous pourrons unir nos forces sans jamais avoir à être à proximité l’un de l’autre, à supporter la présence de l’autre.
Je lui dis qu’elle m’a manquée, espère qu’elle se porte d’avantage sur mes mots.
Mon front contre le sien m’incite à regarder fixement les lèvres de Tara. Je suis agité, bien trop pour lui cacher mon envie actuelle. C’est pourtant défendu. Ceci étant, si c’est un argument suffisant pour m’empêcher de m’embrasser, c’est l’argument de trop qui peut me pousser à amener nos lèvres à se toucher. Je m’en empêche en reculant.
Un lac s’écoule de ma bouche ; un fleuve, plutôt. Une promesse que je suis certain de tenir alors même que je suis incertain de demeurer campé sur mes positions le lendemain.
 
Je me dis, bêtement, que je n’ai sans doute jamais fais de promesses avant aujourd’hui. Peut-être une fois, mais pas plus – et encore, je dis cela car je n’ai pas très bonne mémoire.
Mais ce n’est pas un mystère, je n’aime pas m’engager dans quoi que ce soit ; autant je peux garantir d’être à l’heure à un rendez-vous quitte à arriver en avance, autant il m’est impossible de garantir mes sentiments. C’est d’ailleurs pour cela que, depuis que je suis arrivé à Fantasia Hill, j’enchaîne conquête sur conquête, me complais d’avantage à connaitre le goût des lèvres de chaque femmes et la déclinaison de sa voix qu’à tenter de bâtir quoi que ce soit de concret. Je pensais aimer Nala, le lui ai même dis. Et, en franchissant le seul de ma bouche, ces mots avaient laissé une trainée de lave tout au long de ma gorge, des traces indéniables de brûlure sur ma langue tandis qu’un goût amer envahissait ma bouche ; le regret m’anéantit aussitôt, bien que la jeune femme n’en sut jamais rien. Je l’aime peut-être, oui, mais en le lui disant, envoyant ses yeux pétillant qui semblaient ne demander que de la réciprocité, je me suis senti presque obligé de le lui dire, de répondre à ses attentes ; je l’aime peut-être, oui, mais pas comme je lui fis comprendre, pas comme elle le comprit. J’eus cette effroyable impression de lui avoir menti, d’avoir été bien trop hypocrite avec elle.
Je dis à Tara l’aimer, plus d’une fois, plus d’une infinité de fois ; mais les mots étaient et sont encore doux, enveloppés d’un baume chocolaté, d’une saveur mielleuse, d’une texture agréable, cachant un sens profond, simple, complexe – merveilleux, simplement. Je parle d’amour, d’un vrai et inoubliable amour mais pas de celui dont il était faussement question avec Nala.
J’aurai pu promettre la lune à Nala. J’aurai pu lui promettre astres et cieux, sans jamais pouvoir ne serait-ce que lui donner un semblant de ses attentes, un aperçu de mes mensonges ; avec Nala, j’aurai été vil et fourbe, insincère et indigne. Oui, j’aurai, car récemment, en revoyant Tara, je me suis aperçu d’une multitude de choses, d’une multitude de vérités. Je ne suis pas amoureux de Nala et si, suivant mes principes, je ne peux jurer que ça sera toujours ainsi, je peux au moins jurer que dans l’immédiat et les quelques jours à venir, ça ne changera certainement pas. J’ai vu se refléter dans le regard émeraude de mon Âme à quel point je l’aime, elle et nulle autre. Être amoureux de Nala reviendrait à l’aimer d’avantage que ma blonde, or, cela me parait impossible, improbable même. Dans ses yeux se miroitait autre chose aussi : une promesse. La promesse qu’elle me cernerait toujours, qu’elle verrait clair en mon jeu et qu’elle ferait preuve d’une telle clairvoyance que jamais je ne pourrai lui mentir, que jamais je ne pourrai peaufiner la vérité pour la déformer en un effroyable mensonge. Alors je crus au toujours, je crus au jamais, je crus en l’éternité et je me trouvai bien naïf, bien sot.
Et si je ne peux lui mentir, alors j’abandonne d’avance, me résigne d’emblée et me plie à ses règles de sincérité ; je ne lui promettrai que ce dont je suis certain et, pour la première fois depuis mon existence, je sais que mes sentiments ne changeront pas à son égard. Je sais pertinemment à quel point je l’aime et à quel point je ne pourrai cesser de l’aimer ; peut-être l’aimerai-je moins, après tout, mais cesser de ressentir de l’amour à son égard me parait si peu envisageable.
Pue envisageable. Pas impossible. J’aurai dû me taire, n’aurai pas dû lui promettre cela ou, tout du moins, dire que cette promesse peut s’expirer. Mais l’amour réel a-t-il seulement une date d’expiration ? Je l’ignore.
 
Son regard étonné accompagné de ces mots me fit rire doucement alors que je lui caresse le visage du bout de mes doigts, sincèrement amadoué.
 
« Imagine le plus grand gâteau du chocolat au monde, nappé de crème onctueuse, sucré au point de te rendre plus accro que tu ne l’es déjà, mais en restant léger, loin d’être nuisible pour ta santé. C’est ça, l’oaristys. »
 
Elle prend son cupcake au chocolat qu’elle entame, ornant son doigt de crème.
Je m’apprête peut-être à commettre ma première erreur. Mais elle n’aurait jamais été considéré comme telle, cinq jours plus tôt.
Je me penche légèrement et fait passer ma langue sur son doigt, le prenant entre mes dents délicatement pour l’enserrer de mes lèvres avant de me redresser, lui faisant un clin d’œil, amusé.
Les mots qui suivirent me firent sourire. Elle a raison, effleure du bout des doigts ma profonde personnalité alors moi-même semble l’avoir perdu de vue. Elle est sérieuse et je le suis tout autant ; jamais je ne pourrai compresser tout ce que je ressens pour elle, tout ce que je serai capable de faire pour elle – tout ce que je suis actuellement capable de faire pour elle, avant tout – en une simple et vile promesse. Car, après tout, toutes les promesses sont faites pour êtres rompues. J’approuve d’un simple hochement de tête avant de lui répondre doucement :
 
« Je dois t’aimer sans te le dire, sans te donner l’impression que ça devient une obligation pour moi. Je dois te chérir et te protéger sans pour autant que tu penses que je te suis indispensable, que tu es sensible. Je ne suis pas un homme que l’on possède, Tara ; on peut m’asservir, jamais me posséder. »
 
Jamais entièrement, car si mon cœur et mon âme sont tiens, jamais tu ne pourras hériter de mon corps.
Elle se penche derrière moi et se redresse alors que j’en fais autant, faisant glisser mon regard de la pince coupante à elle alors qu’elle me demande de la suivre. Ce que je fais, curieux.
Dans ce qui semble être sa chambre, je la vois soulever une valise et la poser sur lit, près d’une pile de vêtements. Une valise. Des vêtements. Où est-ce qu’elle va ? Je tourne vers elle un regard interrogateur. Jim ne va pas avec elle s’il est à l’hôpital, alors où est-ce qu’elle peut bien aller comme ça, seule ? Déménager ? Alors qu’elle va se marier ? J’en doute.
Les hypothèses s’entrechoquent dans ma tête alors que je lui parle d’une voix machinale, teinté d’un soupçon d’amusement.
 
« Quelle idée aussi que de perdre la clef, ma chérie. »
 
Je lui prends doucement la pince coupante des mains et fais rapidement le tour de la pièce en fouillant un peu jusqu’à trouver une épingle. Je m’installe sur le lit et m’emploie à insérer l’objet que je viens de découvrir dans la serrure, cherchant sur les deux extrémités jusqu’à trouver un certain accrochage – dû aux ressors – alors je maintiens l’épingle et insère la pince coupante, jouant un peu de l’objet jusqu’à ouvrir le cadenas. Oui parce que le briser avec une simple pince, ce n’est pas possible ; l’outil risquerait de se casser et le cadenas nous narguer.
Je pose le tout sur le dessus de la valise en restant assis sur le lit, soupirant légèrement.
En ouvrant ce fichu cadenas, c’est comme si je l’encourage à s’en aller, comme si j’accepte le fait qu’elle s’envole, comme elle le dit, loin de moi. De quoi ai-je l’air, à fixer le sol, le suppliant presque de s’effondrer sous mes pieds, m’entrainant dans une chuté inévitable, moi et cette valise qui est actuellement ma pire ennemie.
Elle a premièrement voulu que je lui retire sa robe de mariée, a désiré que je l’aide à ouvrir le cadenas ; combien de fois encore a-t-elle l’intention de me torturer, de m’entrainer au bord de l’agonie ?
J’ai sur-régi lorsqu’elle m’a demandé d’être son témoin. Et, aujourd’hui… Je ne sais pas quoi lui dire. Je lève mon regard vers elle et, bien que translucides, elle ne peux rien y voir ; je ne ressens rien d’autre qu’un immense vide.
Car le rien est un tout, car le rien est un vide et car le vide n’est pas négligeable.
Je lui souris doucement, comment pour la rassurer et tends les bras, me penchant un peu en avant pour saisir sa main en l’entrainant jusqu’à moi, la faisant assoir sur mes genoux, face à moi. Elle est libre de laisser ses pieds toucher le sol ou de replier ses jambes pour les poser sur le lit. D’une main, je caresse son visage.
Je ne peux être hypocrite, je ne peux lui mentir ; Cette vérité me prend d’assaut et je laisse mon front tomber et cogner contre son épaule.
Si faible.
Aussi faible que ma voix.
 
« Tu sais où ou le but est juste de t’éloigner de… Nous ? Non, ne réponds pas, dis-moi juste combien de temps Tara. Je t’en prie, dis-moi que tu reviendras, je… »
 
Je ne survivrai pas sans toi.
Non, je n’ai pas le droit de me faire passer pour la victime, pas plus que je n’ai le droit de lui demander de rester. Je relève le visage sans la regarder, dégage son cou que je vais délicatement embrasser. Sentant son pouls battre sous la chaleur de ma bouche, j’ai autant l’impression de revivre que de mourir. Subtilement, je lui entoure la taille et la fais basculer jusqu’à ce que son dos rencontre le lit alors que j’éloigne ses vêtements de la jambe, me retrouvant au-dessus d’elle. De nouveau, mon regard croise le sien. De nouveau, mon cœur rate un mouvement. De nouveau, je lui souris faiblement. De nouveau, la réalité me semble chimère. De nouveau, je regarde ses lèvres. De nouveau, je veux les goûter. De nouveau, je m’en empêche. Et surtout, de nouveau, je me sens complet ; corps et âme sont à l’appel, alors je vis.
Je revis.
 
« Je t’aime, Tara. »
 
Je t’aime mon Âme, je t’aime mon cœur, je t’aime ma déesse, je t’aime ma lune, je t’aime ma fleur de lys. Pas de surnoms, car Tara est tout à la fois. Pas d’adverbe pour donner plus d’intensité à ma phrase ; mon amour est pur, mon amour est nu, mon amour est brut.
Comme l’est notre relation.


Dernière édition par Aiden J. Amane le Lun 23 Déc - 0:46, édité 3 fois
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MessageSujet: Re: ஜ We pardon to the extent that we love ஜ ஜ We pardon to the extent that we love ஜ EmptyMar 3 Déc - 22:14


Aiden ♔ Tara

« "Je peux pardonner, mais je ne peux pas oublier",
n'est qu'une autre façon de dire : "je ne pardonnerai pas".
Le pardon doit être comme une note d'annulation - déchiré en deux et réduit en cendres,
de sorte qu'il ne puisse témoigner contre quiconque. »

Henry Ward Beecher  


Lovée dans ses bras, elle commença à lui raconter ce qu’elle avait sur le cœur, à épancher timidement ses pensées, comme si elle réfléchissait à mi-voix ou, plutôt, comme si elle conversait avec elle-même. C’était facile pour elle de parler avec lui. Elle l’avait simplement oublié pendant quelques jours, prise dans un enchainement de problèmes insolubles, mais à présent elle s’en souvenait. Ce n’était pas comme avec Jim, parce que son fiancé était quelqu’un d’opaque et d’un peu sauvage, au fond, qui ne disait pas réellement ce qu’il pensait, et Tara avait toujours dû longuement manœuvrer pour l’amadouer et l’amener à lui parler. Aiden ne lui faisait pas beaucoup de confidences, mais il ne se débattait pas, ou du moins Tara avait l’impression qu’il la laissait regarder en lui et le comprendre (le prendre avec elle ?). De son côté, elle avait quelque chose de léger et de dramatique qui créait en elle un véritable besoin d’être consolée, prise en considération, et cela Aiden le savait, c’est pourquoi il l’écoutait toujours assez patiemment lui raconter toutes ses pensées farfelues et toutes ses émotions dévastatrices. Elle n’ignorait pas (et d’ailleurs le jeune homme le lui avait confirmé assez brutalement l’autre jour) qu’elle était terrible, presque despotique dans sa manière d’être profondément entière, exaltée de bonheur ou laminée par le chagrin. Etre ami avec elle, c’était comme de pratiquer un sport très exigeant au niveau cardio-vasculaire, il valait mieux avoir le cœur bien accroché et savoir garder son sang froid. Etre amoureux d’elle, c’était du masochisme volontaire, de l’auto-flagellation permanente, un ascenseur émotionnel dont les câbles lâcheraient une fois arrivé au centième étage. Peut-être qu’elle en valait la peine. Elle en doutait fortement. Mais nous, nous savons que, très souvent, elle compensait ses propres bizarreries et intransigeances par une façon toute sincère et toute joyeuse de renvoyer aux autres une image d’eux-mêmes qui semblait leur dire : « Oublie le monde, prends ma main et ferme les yeux ; regarde, tu es exceptionnel ». Aiden était un astre qui s’ignorait, qu’elle voyait briller parce qu’elle avait ce pouvoir, mais qui s’appliquait parfois à planquer sa propre lumière sous un sourire insouciant et charmeur, qui affichait un ‘‘tout va bien pour moi’’ très attirant mais très faux, tout cela pour qu’on ne regarde pas en-dessous. En-dessous, Tara avait trouvé le soleil et la nuit, parce qu’elle avait l’air un peu candide et naïve, comme cela, mais elle n’était pas stupide et elle avait du courage. Suffisamment de courage pour avoir envie de regarder le meilleur et le pire chez les personnes qu’elle aime. C’était comme cette façon très protectrice qu’il avait actuellement de s’obliger à respirer doucement alors que ses nerfs étaient à vif depuis que Tara avait évoqué le réveil de Jim à l’hôpital. Il allait bien se conduire et ne pas lui dire la moitié des choses violentes auxquelles il pouvait penser (nous l’en remercions), mais il n’en demeurait pas moins qu’elle sentait la tension qui l’habitait comme s’il s’agissait de la sienne propre, exactement de la même manière qu’Aiden avait senti la tristesse de Tara et compris qu’elle avait besoin de son aide. Elle posa sa main sur le haut du bras du jeune homme, juste sous l’épaule, et le caressa tout doucement sans rien dire, restant toujours appuyée contre lui, pour tâcher de lui faire comprendre qu’elle sent sa colère mais qu’il n’a pas besoin de s’énerver autant. Maintenant qu’elle était dans ses bras depuis quelques minutes, elle se sentait beaucoup plus calme, et c’était à son tour de l’apaiser.
« Tu sais, ma douce, tu as le droit d’être méchante, de nous faire du mal, d’exiger le meilleur de nous. C’est à nous de tout faire pour te mériter, pas le contraire… Tu es Tara, la plus merveilleuse femme que je connaisse, la plus vraie, la plus innocente, la plus sincère. S’il ne voit qu’une future porteuse d’alliance en toi, s’il passe devant le fait que tu ne sois pas sa future femme mais sa galaxie entière, alors le choc qu’il a subi a dû être sacrément sévère… »
Ce qu’il lui disait était extrêmement beau, très émouvant pour elle, mais elle ne devait pas perdre de vue l’agitation d’Aiden, et, avant tout, il fallait qu’elle arrive à le rassurer. Le rassurer, et en même temps lui donner tous les éléments nécessaires pour qu’il comprenne qu’il ne faut pas être aussi injuste avec Jim. Elle savait qu’elle partait ce soir. Elle savait que Jim allait rentrer de l’hôpital demain matin. Elle commençait à redouter l’énervement général et à craindre le pire.
« Il avait besoin de se rassurer, dit-elle lentement et calmement. Il a eu très peur et il avait juste besoin de me sentir près de lui. Je ne peux pas lui en vouloir. Aiden… »
Elle hésita. Elle prit une petite inspiration et reprit d’une voix un peu plus sourde mais à peine moins calme :
« Il s’est fait tirer dessus par un homme qui m’a agressée dans la rue. »
De nouveau, le bruit de la détonation sembla résonner dans le salon, et Tara tressaillit. Instinctivement, elle se resserra contre Aiden.
« Alors oui, reprit-elle plus faiblement, il a subi un choc sévère, on peut dire cela, et toi ne sois pas trop dur avec lui. Tu sais, je… Je crois que j’ai été sa galaxie, et c’est le propre de l’homme de vouloir mettre des clôtures autour de ce qui lui appartient, c’est une façon de se protéger. C’est de ma faute si, quand il a voulu construire des murs autour de nous pour qu’on se sente en sécurité, cela a créé un trou noir, c’est parce que je ne sais pas être à quelqu’un. Il veut que je sois sienne, alors que moi j’ai toujours été avec lui, et je n’avais pas compris qu’il y avait une différence… »
En quoi est-ce qu’une bague pourrait renforcer ou améliorer la façon dont Tara avait toujours été aux côtés de Jim, au juste ? Tout cela était louche, paraissait profondément incompréhensible à la jeune femme, qui avait donc craqué sous la pression, comme il fallait s’y attendre, car après tout, elle reste si pleine de doutes et de désespoirs.

La réponse qu’Aiden lui fit au sujet de l’oaristys la fit sourire, bien qu’elle ne pense pas que la définition soit très exacte (si un gâteau géant existait, elle se disait qu’elle l’aurait probablement déjà vu), mais elle aimait bien qu’il lui invente des mots rien que pour elle, qu’ils aient leur langage à eux.
« Bon, dit-elle, maintenant voyons voir si ce que tu m’as apporté est capable de m’amadouer autant que ton joli sou… Eh ! »
Elle resta interloquée, choquée qu’il lui soit passé devant et l’ait empêchée de goûter son cupcake la première, avant de se mettre à rire en attrapant au vol le clin d’œil qu’il lui fit. Elle reprit de la crème sur son doigt, se détourna légèrement (pour empêcher son compagnon de répéter l’expérience de vol de nourriture), et put y goûter à son tour. On ne plaisante pas avec le chocolat ! Malgré cela, elle ne comptabilisa pas l’usurpation de crème pâtissière comme faute grave, parce que le geste d’Aiden l’avait amusée et parce que ce serait vraiment se montrer pimbêche que de le reprendre sur quelque chose qu’ils ont pour ainsi dire toujours fait. Néanmoins, Tara commençait à pressentir qu’elle n’allait pas savoir à quel moment elle devrait le chasser de chez elle : ce n’était pas comme s’il prenait des libertés sur elle ou à ses dépends, il fallait bien avouer qu’elle aimait qu’il agisse ainsi. Quand ils se mirent à parler de promesse, Tara n’eut besoin que d’un coup d’œil pour voir qu’ils s’étaient bien compris, et Aiden résuma l’idée générale mieux qu’elle n’aurait su le faire.
« Je ne suis pas un homme que l’on possède, Tara ; on peut m’asservir, jamais me posséder », ajouta-t-il.
Tara venait de finir de manger méthodiquement toute la décoration du cupcake. Elle acquiesça à cette mise en garde, tout en espérant qu’elle ne s’était pas mis de chocolat autour de la bouche.
« Je le sais. Ce serait comme de… vouloir mettre une barrière autour d’une galaxie. »
Du moment qu’il s’allongeait par terre pour regarder les étoiles avec elle, elle serait heureuse.

Elle se trouva un peu stupide de ne pas avoir essayé la manière douce pour ouvrir le cadenas, mais en fin de compte, Aiden s’y prenait bien mieux qu’elle ne l’aurait fait. En outre, elle avait toujours bien aimé observer l’air concentré des garçons, qu’ils soient en train de lire un livre un peu compliqué ou d’accomplir une tâche physique qui demandait de la patience. Elle le trouva gentil d’être aussi calme, assis sur son lit entre ses vêtements et sa valise, et de ne pas chercher à la faire culpabiliser alors qu’il avait très certainement compris, à présent, ce qu’elle s’apprêtait à faire. Ils restèrent silencieux jusqu’à ce que le ressort du cadenas cède dans un petit « clic » métallique qui résonna en signe de capitulation au milieu de l’atmosphère silencieuse de la chambre. Aiden posa les outils sur le dessus de la valise et attira doucement Tara à lui, pour la faire asseoir sur ses genoux. Il n’avait l’air ni malheureux ni en colère, il avait l’air atteint de cette même lassitude qui pesait sur Tara depuis qu’elle avait pris sa décision, qui n’était même pas due à un manque de compréhension de la situation mais plutôt à une absence d’envie de s’agiter vainement. Quand il l’eut assise sur ses genoux, il lui caressa la joue et essaya de lui offrir un sourire rassurant. Cela ne fonctionna pas tellement mais elle apprécia l’effort et lui rendit un petit sourire. Alors il sembla laisser retomber la pression, son sourire s’évanouit tandis qu’il baissait la tête et venait appuyer son front contre l’épaule de Tara. Elle ne dit toujours rien, se contenta de glisser sa main sur la nuque du jeune homme et de faire doucement remonter ses doigts, qui se perdirent à la racine de ses cheveux.
« Tu sais où ou le but est juste de t’éloigner de… Nous ? Non, ne réponds pas, dis-moi juste combien de temps Tara. Je t’en prie, dis-moi que tu reviendras, je… »
Oui, elle savait où. Elle avait cherché une petite liste des destinations les moins chères, pas trop éloignées de Fantasia Hill, qui étaient desservies par des gares, avait joué à am stram gram et la grande gagnante était une petite ville nommée Blueside, perdue au milieu de nulle part, mais charmante d’après les photos sur Google. Oui, elle voulait s’éloigner d’eux. Plus encore, elle voulait se retrouver toute seule, livrée à elle-même, et avoir du temps pour réfléchir. Quant à la dernière question, elle s’apprêtait à y répondre quand Aiden releva la tête. Elle voulu reculer pour le regarder, pour voir comment il se sentait, mais il fut plus rapide qu’elle. Il repoussa quelques mèches de cheveux derrière son épaule pour avoir libre accès à son cou. Le baiser qu’il y laissa était d’une grande douceur mais il n’en déclencha pas moins un incendie qui fit monter le feu aux joues de Tara. Voici très exactement ce qu’elle avait souhaité éviter en s’asseyant au bout du canapé, toute à l’heure. Elle était très sensible, très tactile, avait tout le mal du monde à résister aux contacts physiques et aux caresses, et elle ne voulait pas qu’Aiden joue là-dessus pour l’empêcher de partir ou elle ne savait quoi d’autre… Cependant, il ne semblait pas vouloir l’empêcher de quoi que ce soit, il ne paraissait plus très conscient des enjeux et des conséquences, simplement. Avant qu’elle ait l’idée de rassembler ses esprits, il lui entoura la taille d’un bras et la fit virevolter jusqu’à l’allonger sur le lit. Maintenant son cœur battait à tout rompre, et elle voulait parler, lui dire de la lâcher, ou peut-être… Oh, elle vit le regard du jeune homme serpenter de ses iris à ses lèvres et elle crut qu’elle allait défaillir. Elle vit encore combien il tenait à elle, pour s’empêcher de commettre l’irrémédiable aujourd’hui, même si cela semblait le torturer, alors que cela aurait été si facile maintenant, à présent qu’elle était exaltée dans ses bras et en même temps désespérée. D’une certaine manière, elle le désirait, et c’était lui qui avait déclenché cela en elle l’autre jour, en parlant de ses lèvres, en lui mettant devant les yeux un possible baiser immédiatement réfuté par un interdit pesant. Avant cela, aucun de ses contacts n’avait jamais éveillé quoique ce soit d’autre qu’une profonde et sincère tendresse à son égard. A présent, il y avait de cela et d’autre chose, quelque chose qui la faisait se haïr et se culpabiliser et qui lui donnait envie de pleurer, parce qu’elle avait cru comprendre que c’était mal. Pourtant, quand elle regardait le visage d’Aiden, elle ne le croyait pas capable de lui faire le moindre mal. Ses beaux yeux d’onyx brillaient tristement, avec en toile de fond quelques éclats d’espoir, son souffle qui heurtait délicatement sa gorge était aussi doux que brûlant, et son étreinte elle-même était toute contrastée de chaleur et de ce qu’elle comprenait comme une sorte d’admiration respectueuse. Elle regarda remuer ses lèvres et le son qui en sortit était si mince et si intime qu’elle pensa d’abord avoir rêvé.
« Je t’aime, Tara. »
Je t’aime mon Âme, je t’aime mon cœur… Tara essaya d’inspirer à fond mais elle était comme bloquée. Elle ferma les yeux quelques secondes, le temps d’effacer la réponse spontanée qu’il aurait pu y lire. Ils s’étaient déjà dit ces mots à maintes reprises, parce qu’ils le pensaient, mais c’était avant que Tara sache que cela prêtait à conséquences et risquait de les entrainer… là où ils en étaient aujourd’hui. Il fallait qu’elle arrête de dire la vérité toute nue en supposant naïvement qu’il n’arriverait rien de grave, parce que c’est faux. Elle savait à présent que, aussi sincères et bonnes soient les intentions, les retombées pouvaient être chaotiques.
« Je pense que je vais… »
Non, elle ne pouvait pas lui dire cela en étant dans cette position, pas tant qu’elle se sentait réchauffée et protégée par cette étreinte de tout leur corps l’un contre l’autre, pas tant que ce vertige l’habitait. Elle appuya doucement sur le torse du jeune homme pour le faire se retourner, se redressa elle-même en tailleur sur le lit, et l’observa tristement.
« Je pense que je vais te laisser l’occasion d’avoir tort à ce sujet. Quand je reviendrai (elle insista sur ces mots et posa sa main sur la sienne, enserrant ses doigts), tu pourras me le redire, mais il faudra que tu sois sûr, que tu me le dises sans but, sans autre but que ce que ces mots veulent dire. Si je te répondais aujourd’hui, ce serait sans réfléchir et je t’enfermerais instantanément avant que tu aies pris le temps de considérer que j’ai un millier de défauts qui me rendent invivable. Quand je reviendrai, tu auras le droit de te taire, et je tâcherai d’oublier. »
Elle lâcha sa main à regret, sans plus croiser son regard, et l’enjamba rapidement pour se retrouver agenouillée à côté de sa valise. Elle l’ouvrit et récupéra ses vêtements dont Aiden avait fait une sorte de tas compacté pour avoir la place de s’étendre sur le lit avec elle. Elle haussa les épaules et rentra la boule de tissus directement dans la valise, l’esprit trop encombré pour vouloir s’inquiéter de plier de nouveau ses affaires.
« Quant à moi, je dois prendre le temps d’être en colère contre toi, ajouta-t-elle après avoir refermé la valise et en appuyant dessus pour réussir à tirer la fermeture éclair. Je suis malade de colère, Aiden, mais je pourrais te pardonner tout de suite comme j’ai toujours tout pardonné à Jim. Regarde où cela nous a menés. Non, je dois prendre le temps d’avoir envie de te frapper pour ne plus avoir besoin de le faire quand je rentrerai. »
Actuellement, elle le détestait de lui avoir fait cela, de lui avoir gribouillé le seul rêve qu’elle ait jamais eu ici bas, elle lui en voulait de ne pas l’avoir soutenue, de ne pas avoir appris à se taire, de ne s’être pas mis à sa place, de n’avoir pris en compte aucun de ses sentiments, elle le détestait parce qu’il l’avait peut-être sauvée d’une erreur, et qu’admettre cela faisait trop mal. Mais elle aimait Jim. Et, si le mariage n’était certainement pas pour elle, elle devait au moins à son fiancé ces quelques semaines qu’elle allait passer au loin. Pour être en colère contre Aiden et pour pardonner à Jim une bonne fois pour toutes. Et non l’inverse, comme cela se produisait à l’heure actuelle. La seule question qui demeurait…
Tara tourna de nouveau son regard vert prairie sur Aiden après avoir péniblement fermé sa valise.
« Mais je ne sais pas encore comment te dire au revoir », murmura-t-elle.
La seule question qui demeurait : est-ce qu’elle méritait que l’un et l’autre l’attendent ? Elle en doutait fortement.


fiche par century sex (en quelque sorte...).
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MessageSujet: Re: ஜ We pardon to the extent that we love ஜ ஜ We pardon to the extent that we love ஜ EmptyJeu 5 Déc - 19:10

Arrêtez la planète, je veux descendre.

Je suis fatigué, lassé, exténué ; mon âme me fait souffrir, mon âme me tue.

Je suis de nature colérique, impulsive, agressive et violente. J’ai, à mon compte, assez de défauts pour me faire détester par la plus gentille et la plus naïve des personnes. Les raisons qui peuvent me pousser à agir brutalement sont nombreuses et je ne les énumérerai pas, mais ceci étant, je me connais assez bien pour pouvoir jurer que jamais je n’oserai lever la main sur une femme. Pas parce que c’est une femme, je ne pars pas du principe que c’est le sexe faible car si elle ne possède pas la force brute, elle possède la finesse de l’esprit et, avouons-le, de sacrés ongles. Ainsi, elle peut se défendre, peut se débattre. Alors non, ce n’est pas parce que c’est une femme que je ne la frapperai pas, uniquement parce que je risque de la blesser et d’entacher sa beauté, de l’atteindre intérieurement ; et si certains pensent que je n’ai pas de conscience, je serai ravi de les contredire.
Je risque de frapper un homme, cet être d’origine laide, qui risquera fort de me rendre le coup et ça risquera de se finir en une confrontation assez brutale. Pourquoi je parle de cela ? Simplement car depuis que j’ai entendu certains mots de Tara, je n’ai plus à l’esprit que mon image en train de me défouler sur un homme, sur ce Jim que je n’ai encore jamais vu.
Le sang cogne violemment à mes tempes, des pensées loin d’être chrétiennes tournoient dans mon esprit, mes muscles se tendent, ma mâchoire se serrer, mes épaules se courbent ; mon corps s’agite et je crains que Tara le prenne mal. Je n’oublie pas un seul instant qu’elle l’aime, n’oublie pas qu’elle était persuadée, il y a quelques jours à peine, que se marier avec lui était une excellente idée. Peut-être qu’aujourd’hui encore, elle ne remet pas en cause leurs fiançailles ; alors non, je n’oublie pas, suis bien loin d’oublier qu’elle l’aime, qu’elle est peut-être encore amoureuse. Je me demande alors ce qui me fait le plus mal, entre le fait de perdre mon âme sans savoir où elle est et celle de ne pas entièrement la perdre mais de la savoir en compagnie d’un autre homme ; au fond, je sais bien que c’est la deuxième option qui pourrait me tuer, m’anéantir, me pousser au bord du gouffre, au-dessus d’un fleuve de Styx et m’y pencher tellement que ma peau se carbonisera, bien que la mort ne m’accordera pas sa délivrance.

Elle rend sa défense et mon cœur manque un battement. Elle prononce mon prénom et mon cœur entame une coure folle. Elle me dévoile la vérité et je n’ai même plus l’impression d’avoir de cœur tant il bat vite, tant il bat lentement, tant il ne me semble même plus battre. Je me redresse pour avoir son visage face au mien et fronce les sourcils tandis qu’elle change brutalement de sujet, tombant sur celui de la poésie, me parlant de galaxie et de barrière, me faisant rêver alors qu’inconsciemment, je note chaque petite nuance, chaque temps employé. Alors je fais glisser le dos de mes doigts sur son visage, ne sait si j’ai le droit de parler, si j’ai encore le courage nécessaire pour affronter son regard ; un homme qui l’a agressée ? Qui ? Où est-il ? Jim l’a-t-il tué ? Vu qu’il est à l’hôpital, j’en doute fortement. Non, sur le moment, je ne pense plus à lui, pas plus que je ne pense à son état ou au danger qu’il a affronté pour protéger Tara – pour moi, c’est tout à fait normal, logique et le contraire ne m’aurait pas irrité mais transformé en une bête, la vête que je suis, que j’ai toujours été, que je serai toujours.
Qu’a-t-elle vécu, elle ? Elle doit sentir le goût affreux de la culpabilité imbiber sa bouche, doit avoir cette impression d’inutilité, de faiblesse. Et moi, je me sens bête, me sens idiot, me sens coupable, me sens faible, me sens vide et tellement… Tellement petit.
Alors je glisse mes doigts dans ses cheveux, ferme les yeux.
Et toi, ne sois pas trop dur avec lui. Et pourtant, Tara, il le mérite. Il le mérite vraiment ; il t’a protégée, c’était son devoir, ça l’est encore et ça le sera pendant aussi longtemps qu’il est en vie.
Elle a été sa galaxie ? A été ? Réellement ? Elle ne l’est plus, n’a plus l’impression de l’être ? Il a essayé de la posséder, de lui mettre des barrières et c’est sans doute ce l’a poussée à bout, ce qui l’a lassée, peut-être ?

« Tara… Les hommes aiment dominer, les femmes aiment être libres ;  l’amour, c’est un homme qui pense totalement dominer et une femme qui pense être entièrement libre, l’amour, c’est, comment te dire… Une libre domination ? »

Je la laisse y réfléchir alors que les syllabes de mes mots s’encrent dans mon esprit qui saisit leur plein sens ; on domine librement, de sorte à ce que la personne que l’on aime ne s’oppose pas à cela, soit entièrement consentante ; on domine de façon si subtile qu’elle ne pense pas être domine et elle réussit si agilement à trouver sa liberté en notre domination que l’on ne se rend même pas compte que nous ne dominons pas autant que nous pensons le faire.
J’omets de lui parler de son agression, détourne le regard lorsque cette vérité me frappe de plein fouet ; dans mes yeux se noient des sentiments de colère et de culpabilité, d’incompréhension et de lassitude, de fatigue et d’étonnement, d’amour et de haine. Je me rends compte, à cet instant plus que tout autre, que Tara ne sera jamais acquise. Cette agression elle aurait pu en mourir, elle aurait pu, pire encore, y survivre. J’aurai pu ne même plus reconnaitre mon âme et, ce n’est pas pour la faire culpabiliser, pour lui mettre la pression, mais si elle s’en va, elle emporte une partie de moi avec elle.
Et si c’est moi qui m’en vais ? Après tout, ici, la vie ne tient que sur un fil ; sont bien loin derrière nous les fins heureuse de contes de fées, cet amour immaculé et sans rebonds, sans remous, sans artifice, brut et pur.

Un souffle de fraicheur se lève autour de moi, illumine mon regard d’une étincelle de bonheur tandis que les lèvres de Tara s’étirent en un sourire et, tandis qu’elle entame une phrase qui aurait pu me faire d’avantage sourire encore, j’en profite pour faire passer ma langue sur son doigt avant d’aller entrechoquer mon regard au sien. Plus qu’une sensation de fraicheur, c’est apaisant, presque… Sensuel. Oui, il est bien question de ce regard que l’on a, à cet instant précis alors que se mêle dans ma bouche gout réel de chocolat et gout supposé des lèvres de ma chérie.
Qui est-elle ? Une sirène, un ange, une déesse, une muse ? Peut-être est-elle un peu de tout, une sorte de… De mirage, certainement, car pareille créature magique et surnaturelle ne doit certainement pas exister. Elle n’est que lumière et beauté, transparence et fluidité ; elle qui vient me parler de galaxie et de barrière, elle qui parle de ce que je suis et de ce que je veux bien mieux que je ne saurai le faire. Alors, comme un enfant passionné par ses mots, je hoche doucement la tête en lui souriant. Ce serait dommage, bien top dommage de réduire la galaxie en la limitant alors qu’elle possède l’infinité à bout de bras.
Tant que leurs doigts peuvent se trouver alors que leurs peaux glissent sur l’herbe fraiche, peut-être aussi sur le sol rocailleux ; tant que nos mains sont unies et que l’on regarde dans la même direction.
Et si Bernard Weber avait raison ? Et si aimer ce n’était pas regarder ensemble dans la même direction, mais plutôt fermer les yeux et continuer à se voir ?
Qu’on regarde dans la même direction, qu’on ferme les yeux et qu’on continue à se voir ou qu’on préfère se voir alors qu’autour de nous le monde s’écroule, ça n’a pas d’intérêt ; être ensemble nous rendra heureux.

Me voilà dans sa chambre, assis sur le lit à tenter d’ouvrir un cadenas, m’y intéressant assez pour ne pas avoir à penser au départ de Tara.
Clic.
Ce bruit métallique me réveille, me tire brutalement de ma rêverie pour m’imposer la dure réalité. Je suis bien trop las et fatigué pour lui dire que je n’ai pas envie de la voir s’en aller. C’est un choix et je ne peux me permettre de lui imposer quoi que ce soit, car j’ai récemment eu tout le loisir de me rendre compte à quel point elle est une magnifique femme. Alors non, je ne la retiendrai pas, mais oui, je n’ai réellement pas envie qu’elle s’en aille. Pour une fois, ce n’est pas par égoïsme que je la veux près de moi ; non pas parce qu’elle est une part de moi mais parce que j’ai peur que quelque chose lui arrive. Combien même elle m’appellerait si elle avait quelque chose, combien de temps mettrai-je pour arriver, ne serait-ce pas trop tard ? Et si elle se rend définitivement compte – et elle aurait bien raison – que je suis bien trop insignifiant pour qu’elle s’encombre l’esprit pour moi ? Et si elle rencontre quelqu’un d’autre ? Et si, et si, et si… Je pourrai écrire des pages et des pages, déverser toute l’encre du monde sur des pages vierges, créer une symphonie tonitruante et agaçante, émouvante et dramatique. Si j’étais écrivain, si j’étais musicien, mais je ne suis rien de cela, ne suis que… Qu’homme qui aime, qui aime passionnément, qui aime à la folie, qui n’aimera jamais pas du tout.
Ses doigts frêles contre ma nuque, ceux-ci même qui se perdent dans mes cheveux ; elle ne dévoile pas un bout de paradis, elle est ce bout de paradis.
Je parle mais mes mots ne veulent plus rien dire, baisse le regard, baisse la tête, près jusqu’à baisser les bras ; mais je me redresse, vais trouver son cou de mes lèvres et laisse sa peau enflammer ma bouche, celle-ci faisant monter aux jours de ma chère Tara. Je la trouve adorable, mignonne… Pourquoi ai-je l’impression que mes mots sont dérisoires, ayant pour écho un vide certain ?
Je n’ai pas pour idée de la prendre par les sentiments, je ne fais que faire ce que je veux faire depuis quelques jours déjà. Et tandis que je l’allonge, bien que je veuille ne penser qu’à des choses belles et innocentes, un désir sans pareille m’agite intérieurement ; combien de femmes ai-je allongées avant aujourd’hui ? Combien de fois avais-je désiré ? Mais c’est différent, tellement différent que je me retrouve n’être que disciple en cette matière. La matière Tara.
Désespéré, près de la défaillance, j’ai l’impression de n’être plus que l’ombre de moi-même devant cette femme. Plus d’une fois j’avais noté sa somptueuse beauté, mais aujourd’hui encore, je vois à quel point elle est magnifique, à quel point elle est princière, royale.
Je lui dis que je l’aime et je la vois fermer les yeux ; je ne dis rien, ne pense même plus. Ses mots me font l’effet d’une gifle et c’est à mon tour de fermer les yeux, de lui cacher mes pensées, de lui cacher ma déception et, plus que tout, ma douleur. Elle appuie ses doigts sur mon torse et je rouvre les yeux, sans la regarder, me laissant basculer sur le coté, restant allongé sur le dos alors que je la vois s’asseoir, laissant mes pupilles glisser sur le plafond alors que je croise les bras derrière ma tête. Je sens son regard se poser sur moi, mais je n’ai ni la force ni l’envie de le soutenir, de devoir affronter ses deux océans. Sa main se pose sur la mienne sans que je ne réagisse, les mots coulent de sa bouche et je ne réponds rien, la laisse m’enjamber, arrangeant ses affaires si j’en crois le bruit. Je sais au moins qu’elle reviendra, mais savoir qu’elle doute aujourd’hui encore de l’amour que je lui porte me tue à petit feu et ça reste si peu dire.

Elle reprend la parole et cette fois-ci, je réussis à sourire légèrement en laissant mon regard glisser vers le sien ; en colère contre moi ? Cette idée m’amuse sans que je ne sois capable de dire pourquoi. Peut-être parce que, même si ce n’est pas le sentiment que je veux qu’elle nourrisse à mon égard, si elle est en colère, elle sera focalisée sur moi.
Ou peut-être que je suis masochiste.
Son murmure achève de me sensibiliser, de me rendre littéralement fou d’elle. Je me redresse sur mes deux coudes puis sur un seul pour pouvoir tendre la main vers Tara, l’arrêtant dans ses gestes.

« Tu sais, Tara, ton cou a bon goût. »

Je hausse les sourcils en montant ma main pour lui caresser la joue, doucement, délicatement alors même qu’une décharge électrique semble me parcourir jusqu’à l’échine. Je me redresse entièrement et finis par me relever avant d’aller m’asseoir face à elle, faisant bouger la valise sur le coté pour lui sourire faiblement, les sourcils légèrement haussés. Ce que j’ai dis, je le pense vraiment. Ce n’est pas la première fois que j’embrasse son cou, mais aujourd’hui, c’est différent. Aujourd’hui, tout est different.
Aujourd’hui, je comprends clairement que je… Que je dépends d’elle. Cette pensée est violente, est douloureuse pour moi qui me suis jusqu’alors prétendu libre. Je me rends compte que je l’aime bien plus que je ne devrai, car elle n’en reste pas moins une femme prise. Elle veut s’en aller, elle fuit la réalité, fuit ce qui risque de l’anéantir, mais tant qu’elle n’a pas clairement mis au clair les choses avec Jim, elle reste, à mes yeux, prise. Ou, pour ne pas parler de possessivité, disons qu’elle n’est pas à un autre mais avec un autre, comme elle l’a si bien souligné.
Pourquoi faut-il que tout soit si compliqué ? Pourquoi est-ce que mes sentiments ont si changé, pourquoi ai-je pris cette gifle lorsqu’elle m’a annoncé qu’elle allait se marier ? Et devrai-je me sentir coupable de l’avoir faite douter sur ses fiançailles ?
On ne m’avait pas dis qu’aimer faisait si mal. Si j’avais pensé aimer Jasmine, alors j’avais mal pensé. Très mal pensé. Quoi que je n’avais pas pensé aimer ma Princesse des Dunes ; j’avais stimuler l’amour si bien que je me perdis dans mes chimères.
La personne est différente, le monde est différent ; je suis différent.
Tout est différent. Tout change ; et le changement m’effraie.

« Je devrai t’en vouloir. Je devrai t’en vouloir de douter de l’amour que j’ai pour toi, t’en vouloir parce que tu penses que j’ai un but en te disant cela alors que je ne sais même pas pourquoi je l’ai fais. Je devrai t’en vouloir parce que tes mots sont blessants, parce que tu ne sembles pas comprendre que la décision de t’en aller est plus importante que ce tu peux imaginer. Je devrai envisager de te pardonner. Sauf que je ne t’en veux pas. Alors vas-y, tu peux continuer à me dire que tu as besoin d’être en colère contre moi alors que tu établis un paradoxe certain : comment, une fois irritée, pourrai-je t’apaiser si je ne suis pas là pour me faire pardonner ? Tu m'excuseras ma lassitude, mon manque d'entrain ; ne pense pas que je ne veux pas te retenir, je me résigne simplement à ton choix. »

Choix immature, d'après moi, mais je n’en dis rien.
Je passe ma main dans mes cheveux, frustré.
J’ai vraiment envie de l’embrasser. Juste comme ça. Pas tant pour savoir ce que ça fait mais plutôt pour pouvoir lui faire une promesse ; celle de ne lui en faire aucune, peut-être. Mais Jim est à l’hôpital, l’embrasser dans ce contexte serait une tentative de soudoiement à laquelle je m’oppose.
Mais j’ai vraiment envie de l’embrasser, bien plus que je dédire philosopher sur sa beauté, sur son charme, sur son aura ; sur elle, sur sa personne.
Je glisse ma main sur sa nuque, l’attire brusquement à moi, frôle ses lèvres des miennes mais ne vais pas plus loin, ferme les yeux ; elle n’a plus besoin de mon regard pour savoir ce que je pense, je ne doute pas du fait qu’elle ressente autant que moi cette agitation, cette passion ; elle est mon Âme, elle sait mieux que moi ce plonge mon cœur dans pareil état.

« Je… Désolé... Non, en fait, j’aimerai être désolé, Tara, mais je ne le suis pas. Je ne suis pas désolé de t’aimer, ne suis pas désolé de te le prouver, ne suis pas désolé de tenter d’être assez bon pour toi. »

Une erreur ?
Je souris à cette idée alors que je vais plaquer mes lèvres sur sa joue, délicatement, sans brutalité, tout en douceur, car elle ne mérite rien de moins.
Je devrai peut-être apaiser ses angoisses, maintenant, au lieu de me préoccuper des miennes. Une phrase, une simple phrase.
Suivie d’une drôle de demande.

« Tu n’as pas besoin de me dire au revoir ma douce, je ne te quitte pas. Tu es mon âme, tu te souviens ? Il est logique qu’une partie de moi soit avec toi, où que tu ailles. Dis, tu as un feutre indélébile ? »
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MessageSujet: Re: ஜ We pardon to the extent that we love ஜ ஜ We pardon to the extent that we love ஜ EmptySam 7 Déc - 21:02


Aiden ♔ Tara

« La vérité pure et simple
est rarement pure et jamais simple »

Oscar Wilde  


Tous les hommes sont violents, irréfléchis, cruels, barbares, hyperactifs, prétentieux et perdus, sans défense et puérils ; toutes les femmes ont un complexe d’infirmière. Telle aurait pu être la conclusion de Tara au sujet des cinq derniers jours de son existence. Elle n’y pensa pas (c’est ce qu’on appelle l’abnégation), mais ressentit peut-être à plusieurs reprises ce besoin de protéger ceux qui l’entourent. Elle pourrait se demander pour quelle raison est-ce qu’elle s’attache toujours à des hommes au fond desquels un certain désespoir scintille sous des dehors d’homme fort. Elle pourrait se demander comment est-ce qu’elle en vient toujours à vouloir de toutes ses forces leur communiquer son sourire, leur donner envie, leur donner du courage. Elle pourrait se demander ce qu’il lui reste, à elle-même, quand elle leur a offert sa chaleur, ses élans, ses passions. Mais elle ne se le demande pas. Elle est une fille, elle se nourrit exclusivement de la main vide qu’on peut lui tendre, se fait un festin de la façon dont la sienne y comble si bien le vide. Les filles sont orgueilleuses et méchantes : elles croient du comme fer qu’elles peuvent sauver les gens d’eux-mêmes, n’envisagent même pas qu’en agissant ainsi elles jouent toute leur vie à la poupée, aux dépends d’autrui. Au bout du chemin on peut se demander quelle est la cruauté la plus absurde, entre celle des hommes et celle des femmes, les uns avec leur besoin de domination, de prouver qu’ils sont solides quitte à emprisonner, et les autres avec leur abus outrageux de liberté qui les conduit à annihiler progressivement le libre-arbitre de leurs compagnons. La réponse est : ni l’une, ni l’autre. « Il y a au monde une chose sainte et sublime, c’est l’union de deux de ces êtres, si imparfaits et si affreux ». Les deux volontés se complètent magnifiquement. Tara avait seulement cherché à protéger Jim, puis Aiden, glissant discrètement sur son agression. Sublime, à présent, cette scène au milieu du salon, où l’un l’autre se rassuraient de leur mieux. Sublime, quand l’innocente cruauté de l’un tisse le bonheur de l’autre sans jamais lui faire de mal. Et, encore une fois, Aiden vocalisa leur pensée commune :
« L’amour, c’est, comment te dire… une libre domination ? »
Tara venait de fermer les yeux, bercée par la voix du jeune homme qui résonnait en creux dans sa poitrine. Elle lui prit la main et lui fit doucement resserrer les bras autour d’elle (elle avait froid tout à coup).
« Une violence équitable », renchérit-elle dans un murmure à peine audible.
Des problèmes survenaient seulement lorsque l’égo d’un des deux prenait trop de place par rapport à l’autre, ou, pour reprendre les mots d’Aiden, si l’un voulait dominer trop fort, l’autre voulait plus de liberté, et vice versa. Ce n’est pas pour rien que l’on parle d’alchimie. L’amour, c’est scientifique, résultat d’une formule compliquée et de dosages subtiles. Si l’équation est bien faite, on obtient de l’or. Ou du chocolat, se dit Tara en observant Aiden, qui venait de passer sa langue sur son doigt pour goûter son cupcake. Elle le trouva extrêmement beau, à être fier de lui et de son larcin, avec ce regard qui de nouveau étincelait doucement sous l’encre de ses yeux, et, preuve que tout cela fonctionnait fort bien, ce matin elle avait l’impression d’avoir avalé du plomb et d’être morte, mais il lui sembla qu’il réchauffait lentement tout ceci et trouvait déjà quelques pépites d’espoir… et de chocolat.

Assise sur son lit, elle contempla Aiden qui, lui, contemplait le plafond. Elle avait vu un film terrible où l’on attache les mains d’une petite fille muette, pour la punir de s’être rongé les ongles. Elle n’avait pas tout compris mais au moins l’essentiel : la petite fille s’exprimait par gestes, et lui attacher les mains c’était la cloitrer dans son handicape. Dans une moindre mesure, elle avait un peu une sensation d’infirmité quand Aiden ne voulait pas la regarder, alors que d’habitude ils se comprenaient si bien, quand leurs yeux étaient dans le même sillage. Il la faisait taire ainsi, et elle trouva cela injuste. Aussi décida-t-elle de faire sa valise, en silence d’abord, et puis, reprenant la parole, elle réussit à attirer l’attention d’Aiden, qui se redressa. Elle ne daigna pas tourner le regard vers lui, un peu méchamment pour qu’il voit ce que cela fait, et continua d’empaqueter ses vêtements, quand il l’arrêta d’un geste. Elle croisa son regard et vit qu’il souriait. Alors qu’elle venait de lui dire qu’elle était en colère ! Elle n’y comprenait rien. Il se braquait quand elle essayait d’être gentille (quand elle lui disait qu’elle ne voulait pas lui répondre pour ne pas l’enfermer), et se mettait à sourire quand il la savait en colère. Il lui caresse la joue tandis qu’elle cligne des yeux, incrédule, et puis…
« Tu sais, Tara, ton cou a bon goût. »
De nouveau la trace de feu est ravivée contre son cou, le souvenir récent des lèvres d’Aiden embrassant sa peau fait partir un frisson qui descend rapidement le long de son dos. Elle s’y reprend à deux fois pour essayer de prononcer quelques mots, après avoir légèrement pâli.
« Pourquoi tu… me fais ça ? Pourquoi est-ce que tu me tortures comme cela ?... »
Elle le suit du regard tandis qu’il se relève et vient s’asseoir face à elle. Elle n’arriva pas à savoir si elle était bouleversée ou en colère, mais elle s’était mise à trembler légèrement.
« Je devrai t’en vouloir. Je devrai t’en vouloir de douter de l’amour que j’ai pour toi, t’en vouloir parce que tu penses que j’ai un but en te disant cela alors que je ne sais même pas pourquoi je l’ai fais. »
« Non, ce n’est pas cela », protesta-t-elle faiblement.
Elle ne doutait pas, pas un seul instant, qu’il pensait réellement l’aimer actuellement, qu’il l’aimait actuellement même. Mais elle avait peur qu’il change d’avis, tout en voulant lui laisser la liberté de changer d’avis, même si cela risquait de la blesser profondément. Il poursuivit cependant :
« Je devrai t’en vouloir parce que tes mots sont blessants, parce que tu ne sembles pas comprendre que la décision de t’en aller est plus importante que ce tu peux imaginer. Je devrai envisager de te pardonner. »
Cette fois, elle écarquilla les yeux, estomaquée par la dernière phrase qu’il avait prononcée, tellement choquée qu’elle n’arriva pas à lui couper la parole.
« Sauf que je ne t’en veux pas. Alors vas-y, tu peux continuer à me dire que tu as besoin d’être en colère contre moi alors que tu établis un paradoxe certain : comment, une fois irritée, pourrai-je t’apaiser si je ne suis pas là pour me faire pardonner ? Tu m'excuseras ma lassitude, mon manque d'entrain ; ne pense pas que je ne veux pas te retenir, je me résigne simplement à ton choix. »
Elle resta sans mot une minute, le regardant sans savoir si elle allait le gifler ou se mettre à pleurer. Elle ne fit ni l’un ni l’autre, finalement, croisa les bras d’un air légèrement renfrogné, avant d’entamer son réquisitoire.
« Je te remercie de ne pas m’en vouloir, Aiden, commença-t-elle d’une voix légèrement suave sur fond d’ironie, c’est tellement généreux de ta part de ne pas me punir de t’avoir fait comprendre que, si tu épouses la femme que tu as choisie, tu me perdras, ou encore de t’avoir laissé entendre que je ne suis pas heureuse pour toi, et de m’être comportée de façon absolument possessive et puérile au milieu d’un magasin de mariage… Mais… attends une minute… Ce n’est pas moi qui ai fait tout cela, c’est toi ! Donc, c’est à moi d’envisager de te pardonner, n’est-ce pas ? Tu n’as rien à me pardonner, rien du tout, Aiden ! Je t’interdis d’inverser les rôles et, plus encore, je t’interdis de croire que tu peux te faire pardonner d’une quelconque manière que ce soit. Tu es actuellement dans l’incapacité totale de m’apaiser, comme tu dis ! C’est à moi de trouver la force de te pardonner, et pour cela j’ai besoin de temps et d’espace. Et plutôt que d’être fâché contre moi, plutôt que de me faire des reproches, tu devrais être compréhensif, tu devrais savoir que je fais cet effort pour toi, tout cela parce que comme une espèce de pauvre idiote, je... »
T’aime. Elle s’arrêta à temps, détourna le regard tout en passant sa main dans ses cheveux d’un geste rageur, d’un geste mimétique qui fit miroir à celui d’Aiden.
« Tu m’énerves », conclut-elle dans un souffle après avoir poussé sa valise par terre,  ayant besoin d’être un tout petit peu violente envers quelque chose.
Elle sentit son regard sur elle, n’anticipa pas son geste, trop occupée à être énervée. L’instant d’après, il l’attirait à lui d’une secousse, une main appuyée contre sa nuque, et se pencha sur elle sans qu’elle ait le temps de réagir. La détresse qu’elle éprouva ne fut que passagère, balayée par le souffle d’Aiden qui n’avait jamais été aussi proche, évanouie sous la caresse effleurée de ses lèvres sur les siennes. Elle ne bougea pas, et en cela elle lui céda, fascinée. Il ne l’embrassa pas mais elle sentait le goût de l’intention et c’était tout comme.
« Je… Désolé », soupira-t-il contre ses lèvres.
Il n’était pas désolé du tout. Elle le savait, parce qu’elle croyait entendre, dans les tréfonds de sa voix, un petit accent jubilatoire, ou peut-être qu’elle l’entendait parce que c’est ce que, intimement, elle avait éprouvé.
« Non, en fait, j’aimerai être désolé, Tara, mais je ne le suis pas. Je ne suis pas désolé de t’aimer, ne suis pas désolé de te le prouver, ne suis pas désolé de tenter d’être assez bon pour toi. »
Il l’embrassa sur la joue tendrement tandis qu’elle baissait la tête, et dire qu’elle était au paroxysme de la confusion était encore un euphémisme bien maigre.
« Tu es quelqu’un de merveilleux, ce n’est pas le problème… »
Sa voix était toute petite et presque enrouée, elle s’épargna la douleur de poursuivre ses explications… Qu’aurait-elle bien pu dire, de toute manière ?
« Tu n’as pas besoin de me dire au revoir ma douce, je ne te quitte pas. Tu es mon âme, tu te souviens ? Il est logique qu’une partie de moi soit avec toi, où que tu ailles. »
Elle croisa de nouveau son regard, se demandant s’il lui donnait sa bénédiction, s’il essayait seulement la rassurer, ou s’il voulait vraiment dire qu’il se sentait comme s’il était toujours un peu avec elle.
« Dis, tu as un feutre indélébile ? »
Elle se leva, comme si la question était tout à fait habituelle, comme si elle avait pu s’attendre à cette singulière demande, et ouvrit mécaniquement un tiroir de sa table de chevet pour en sortir un feutre indélébile (comme s’il était normal que tout le monde ait cela dans sa chambre). Ce feutre, elle ne s’en était jamais servi, mais elle l’avait acheté parce qu’il a une encre, certes noire, mais avec des paillettes à l’intérieur, et elle avait trouvé cela joli. Elle se rassit à côté d’Aiden, mais ne lui donna pas le feutre, elle resta perplexe et déboussolée, le faisant machinalement tourner entre ses doigts.
« Je ne sais pas comment faire pour que tu comprennes, pour que tu te mettes ne serait-ce qu’une minute à ma place… »
Elle poussa un soupire à fendre l’âme, complètement démunie. Peut-être que ce n’était pas en le tenant à distance, en se défendant de le désirer qu’elle allait réussir à le faire lâcher prise pour quelques temps. Elle ne pouvait plus lui dire qu’elle l’aimait, car, si elle le disait, elle sentait qu’il l’empêcherait de s’en aller, qu’il argumenterait, qu’il la convaincrait. Elle se redressa, se mit à genoux sur le lit, et posa ses mains sur les épaules du jeune homme pour le faire basculer en arrière. Elle se retrouva à moitié allongée sur lui. Elle allait essayer de lui dire la vérité, pas la vérité toute entière, mais au moins une partie.
« Ferme les yeux. »
Elle ferma les siens aussi lorsque ses lèvres trouvèrent le cou d’Aiden. Elle ne l’embrassa pas, se contenta de le frôler de ses lèvres et de laisser son souffle couler contre sa peau, tandis que sa main droite descendait lentement de son épaule jusqu’à son poignet, qu’elle enserra doucement avant de glisser ses doigts entre les siens. Elle fit remonter ses lèvres, déposa un baiser sur la tempe du jeune homme avant de chuchoter à son oreille.
« Tu sens comme maintenant toutes mes caresses sont altérées ? Est-ce que tu sens qu’à chaque fois que je te touche c’est une infidélité que je fais à mon fiancé ? Avant, ce n’était pas le cas, avant, je ne me sentais pas complètement fiévreuse et démunie, quand tu m’embrassais ainsi. J’avais besoin de ton contact pour être heureuse, et tout était si simple et si doux. Maintenant, ça brûle, tu vois… Je ne sais pas pourquoi, et j’ai peur. Je ne veux pas être infidèle à Jim, alors je ne veux plus que tu me touches, mais je ne veux pas te mentir : je n’ai pas envie que tu arrêtes. »
Elle se redressa et le regarda un instant, réellement perdue, réellement désolée, avant de se retourner sur elle-même pour être allongée à côté de lui, fixant à son tour le plafond. Elle lui mit le feutre indélébile dans la main avant de s’écarter de quelques centimètres supplémentaires sur le lit.
« Je vais brûler en Enfer », dit-elle tristement, mais résignée.
Ne plus le toucher du tout, c’était la seule chose qu’elle pouvait faire, mais il aurait fallu en plus de cela le faire disparaître à ses yeux, et, plus dur encore, s’arracher son image hors de son cœur, au risque que tout l’organe vienne avec et, cela, c’était impossible. Si seulement ne pas être infidèle à Jim dépendait uniquement du contact physique… Ils restèrent tous deux silencieux un moment. Tara ravala une forte envie de pleurer. Elle avait vraiment besoin de s’aérer le cœur et l’esprit, elle avait vraiment besoin que les hommes de son entourage arrêtent un moment d’exercer leur pouvoir sur elle, et elle sur eux, elle voulait juste être seule et pleurer. Elle chercha quelque chose à dire pour changer un peu de sujet, essaya d’imprimer sur sa voix une tonalité un peu plus légère et pailletée.
« Pourquoi tu voulais ce feutre, au fait ? »


fiche par century sex (en quelque sorte...).
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MessageSujet: Re: ஜ We pardon to the extent that we love ஜ ஜ We pardon to the extent that we love ஜ EmptyDim 8 Déc - 20:44

Tout ce qui m’intéresse, soit ça fait grossir, soit c’est immoral !.

Une pensée pour le chocolat, n’est-ce pas Tara ?
Une autre pensée pour le… Baiser.


Le regret est une conséquence naturelle à une action que l’on juge, après coup, comme étant mauvaise.
C’est, jusque là, ce que je pensais. Pourtant, parfois, on regrette d’avoir fais quelque chose non pas parce qu’on pense que ce fut un mauvais choix mais que ce ne fut pas le meilleur. Je regrette, aujourd’hui, de ne pas avoir su être plus compréhensif et moins possessif la dernière fois, en compagnie de Tara. Elle m’avait annoncé un fait heureux, un entrelacement de promesse mutuelle d’éternité, de don de soi ; c’est ce qu’on appelle mariage, c’est ce que je nomme trompe l’œil. Ce papier qu’on signe note un arrêt d’amour, un début de routine ; on se senti obligé d’aimer, obligé de faire des concessions, obligé de supporter l’autre, obligé de sourire.
L’amour, c’est pourtant un mélange de naturel et de joie, de simplicité et de quiétude, certainement pas cet enchevêtrement de responsabilité et de culpabilité. J’avais toujours vu les choses ainsi et, aujourd’hui encore, je le pense : le mariage, c’est devoir justifier son amour aux yeux de la loi. Pourtant, dans le monde duquel je viens, j’ai toujours cru comprendre qu’un amour réel n’implique que la personne aimée et nous-mêmes, nulle autre. Nous n’avons pas besoin de l’approbation de hauts dirigeants ou de quelconques religions pour fonder une famille, pas plus que nous avons besoin d’encre et de papier pour matérialiser un amour qui perd tout son charme, qui perd tout sa magie. Ce qui est beau, lorsqu’on aime, c’est qu’on ne voit pas cet amour ; on ne voit pas à quel point il peut être laid, on ne le juge pas, on ne s’y fait pas, on n’apprend pas à faire avec, non, rien de tout cela, on ne le voit pas, on ne fait que le ressentir, on ne le considère pas comme une arme à double tranchants mais simplement comme un baume pour le cœur.
L’amour est beau, l’amour est réel ; on lui fait confiance, on se fait confiance ; voyant ou aveugle, on peut aimer. Alors que lorsqu’on se marie, on dépend des autres ; pour signer un papier, il faut que quelqu’un nous le lise et, déjà, les soucis se dessinent devant nous et nous obscurcissent la voie.
Tara, elle, croyait jusque là à cette fin heureuse de « ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants » sauf que dans notre monde, il n’y avait pas de papier à signer, pas de hauts dirigeants, pas de lois saugrenues ; le mariage n’était qu’une festivité pour partager son bonheur, certainement pas pour attiser jalousie et médisances comme de nos jours.
Et ce que je regrette, ce n’est pas tant d’avoir ouvert les yeux à Tara ais de m’y être pris si brusquement ; pourtant, si je l’avais fais autrement, peut-être n’aurait-elle pas tout saisi. Une énième fois, je ne regrette pas de lui avoir ôté une part de simplicité et d’innocence… Mais peut-être que si je me le répète autant, c’est qu’au fond, je dois bien le regretter. Après tout, peut-être aurai-je simplement dû prendre sur moi-même et faire semblant d’être heureuse, peut-être aurai-je dû être faux et hypocrite… Ou peut-être aurai-je dû m’effacer de la vie de Tara.
Au grand plaisir de Jim, à ne pas en douter.
Alors si, au fond, le regret est une conséquence naturelle à une action que l’on juge, après coup, comme étant mauvaise.

Une libre domination, soit une violence équitable, une douleur acceptée, une tendre violence, un équilibre de bien et de mal, un peu de volonté, un peu d’acceptation, une once de résignation ; voici la recette d’un filtre d’amour ancestral, voué à être nourri tel un feu de bois pendant des siècles, des millénaires. Pour gagner l’amour de Tara, il faut des années lumières de persévérance, une étendue de tendresse, des décibels de sincérité et un écho d’innocence.
Je lui souris faiblement ; nous sommes sur la même longueur d’ondes, reste à savoir si c’est ce qu’on chercher, si c’est ce qu’elle cherche car, si tout porte à croire que notre amour pourrait être plus beau, plus chocolaté, ce n’est pas le désir de la jeune femme. Pas encore, peut-être. Pas tant que tout n’est pas encore parfaitement clair et limpide avec Jim ; tout repose sur lui, car selon la relation qui naîtra suite au retour de ma belle, nous tâcherons de bâtir quelque chose, de solide, peut-être, de tangible, qui sait.
L’avenir nous le dira et je ne tente aujourd’hui pas de le deviner, d’en déceler les sens cachés, les surprises ; ça arrivera, avec ou sans mon assentiment, alors j’attends, j’attends de voir, j’attends de subir.

Mon regard ne trouve plus celui de Tara, préférant contempler le plafond immaculé ; ce n’est pas tant que je la prive de quoi que ce soit que le fait que je ne veuille pas qu’elle voie en moi tout ce qui m’anime. Je ne lui ai jamais caché quelque chose à proprement dit et, si je ne lui dis pas non plus tout, il y a certaines choses, certains sentiments qui font partie de ce que beaucoup appellent le jardin secret, de ce que je nomme la forêt enchantée.
Lorsque mes prunelles cherchent celles de la blonde, cette-dernière s’y dérobe agilement en faisant mine de se concentrer sur ses vêtements. Je l’oblige à interrompre ses gestes et laisse un sourire fendre mon visage avant que les mots s’envolent de ma bouche, fleurissent dans le cœur de ma  chérie ; je ne mens pas, son cou a réellement bon goût, laisse une empreinte suave et doucereuse sur mes lèvres.
Les joues de la jeune femme ne flambent pas mais semblent perdre de leurs couleurs et un sourire à la fois amusé, satisfait et ému éclaire mon visage. Elle me demande pourquoi je fais ça, me demande pourquoi je la torture et je fronce les sourcils sans pour autant lui répondre, préférant commencer à lui énumérer les raisons pour lesquelles je devrai lui en vouloir. Elle m’interrompt d’une voix si faible que je préfère continuer avant de perdre le fil, bien que troublé par ce qu’elle vient de me dire.
Sa réaction, en revanche, je ne l’aurais pas plus prédis si j’avais eu l’occasion d’y réfléchir ; ses yeux écarquillés, elle ne dit rien un long moment avant de croiser bras sur sa poitrine en arborant un air renfrogné, distant. Je l’écoute parler, haussant les sourcils, ne laissant ni amusement ni colère transparaitre sur mon visage. Ses mots résonnent dans mon esprit sur un fond ironique et à cet instant, je ne peux que la trouver tout bonnement… Irrésistible. Alors qu’elle semble frustrée, s’arrêtant exactement là où ça prenait tout son intérêt, elle passe sa main dans sa belle chevelure alors que j’humidifie inconsciemment ma lèvre inférieure. Je cligne des yeux, satisfait comme un père qui voit sa fille se défendre, comme un frère qui voit sa sœur ne dépendre de personne, comme un ami qui se fait remettre à sa place par son amie, comme un homme follement amoureux qui voit sa dulcinée lui faire encaisser coup sur coup en usant ses propres mots, faisant teinter sa voix d’une splendide couleur d’ironie ; je ne suis pourtant ni le père, ni le frère, pas plus que le simple ami… Mais suis-je l’homme amoureux ?
Je ne m’attarde pas sur la question, préfère enchainer sur tout autre chose, prétendant être désolé avant de me prendre en disant que j’aimerai l’être, l’embrassant sur al joue alors que je la vois baisser la tête ; elle dit que je suis quelqu’un de merveilleux et j’aimerai lui répondre que si tel était réellement le cas, je ferai en sorte de lui faciliter les choses. Après tout, elle n’eut pas tort : c’est moi qui lui ai donné cette impression de culpabilité alors qu’elle m’annonça qu’elle allait se marier, c’est aussi moi qui me suis montré possessif comme un amant jaloux…
Je finis ce que j’ai à dire, croise son regard en me mettant, comme d’habitude, entièrement à nu. Le changement de sujet est brusque et elle r »agit au quart de tour, comme si elle savait que j’allais lui demander un feutre indélébile. Elle se remet près de moi et je la vois garder l’objet, alors je ne dis rien ; elle ouvre la bouche pour parler mais je l’interromps un bref instant pour la confronter à une réalité :

« Ose me dire que tu aurais préféré que je te mente, que je sois hypocrite, que je te dise que je suis heureux pour toi alors que ce n’était pas le cas. Ose me dire que tu aurais aimé que je sois réellement heureux pour toi, que je te laisse te marier à Jim alors que toi-même… Alors que toi-même tu as douté à peine me suis-je montré réticent. Tu aurais pu me tenir tête mieux que ça, ma douce ; mais soit, j’aime beaucoup t’énerver. »

Je ne regrette pas de lui avoir fait ouvrir les yeux. Mais si c’est son bonheur n’existait qu’à travers Jim, alors… Je le lui ai retiré ?
Je pense que si, au fond, malgré mon ton assuré, malgré mon regard la défiant de me contredire, je regrette.
Juste un peu.
Sauf que lorsqu’on regrette ce n’est jamais à moitié, il n’y a pas de juste milieu.

Et parce que je n’ai aucune envie de paraitre méchant malgré ma voix claire et teintée d’amusement qui pourrait être ma-interprétée vu l’air renfrogné et un peu boudeur de Tara, je lui tire la langue d’un air infantile.
Elle parle à son tour, soupire profondément comme si elle se lamentait sur son sort – ce sort qui consiste à devoir faire comprendre une situation à un idiot comme moi, et je l’assume oui, entièrement – alors elle se faufile près de moi, pose ses mains rassurantes et chaudes sur mes épaules, me fait tomber en arrière alors que je me laisse entièrement faire, obtempérant lorsqu’elle me demande de fermer les yeux. À moitié allongée sur moi, ses lèvres effleurent la peau de mon cou ; mon cœur s’emballe dans une course effrénée, mon sang bat tous les records de vitesse alors que je me raidis, déglutissant faiblement. J’ai l’habitude de pareille position et plusieurs femmes sont passées au-dessus de moi, pourtant, avec Tara, c’est totalement… Différent.
Son corps n’est pas forcément le mieux formé, son visage n’est pas forcément le plus beau – quoi que, sincèrement, je pense que si – mais cela n’empêche que l’effet qu’elle me fait est différent, totalement différent et carrément amplifié. Ce n’est pas tant sa douceur, sa pureté et son innocence de que son aura. Une aura douce et chaude qui vous englobe, vous fait sentir fort et qui s’intensifie et gagne en densité lorsqu’un pas de travers est esquissé. Elle n’a pas une présence terrifiante, mais une présence – et c’est déjà différent de mes coups d’un soir. Une présence qui dit clairement qu’elle est là, une présence qui certifie qu’elle n’est pas à cela de laisser mon cœur reprendre une cadence normale, qu’elle ne veut pas que mon torse s’affaisse calmement mais continue à ainsi tressaillir au rythme de ma respiration – et quelle respiration, je suis à bout de souffle alors que ses lèvres n’ont pas même embrassé mon cou !
Le souffle chaud de la blonde s’abat sur mon cou et des frissons me zèbrent l’échine, agitent mon corps de façon imperceptible ; ses doigts se nouèrent aux miens après avoir relevé une trainée de frissons sur mon épaule, mon bras ainsi que mon poignets et elle finit par déposer un baiser sur ma tempe, sentant forcément mon sang y cogner violement.
Se joue-t-elle de mon cœur, à ainsi me dire qu’elle se senti infidèle vis-à-vis de son fiancé puis à me dire qu’elle ne veut pas que je cesse mes caresses, mes habitudes. Je rouvre les yeux ; sincèrement ? Et c’est moi qui lui fais du mal ?
Je soupire faiblement alors qu’elle s’allonge près de moi, s’éloignant légèrement. Elle me donne le feutre, dit qu’elle va brûler en Enfer et je ne peux m’empêcher de rire faiblement, loin de vouloir être méchant. Je ne bouge pas, fixe le plafond tout comme elle, laisse le silence s’instaurer et imposer son règne entre nous alors qu’il devient lourd, pesant, désagréable et amenant dans son sillage sensation de solitude et de gêne. Or, depuis peu, ça nous arrive souvent d’être plongés dans pareille atmosphère cotonneuse, asphyxiante. Je ne cherche pas à combler les blancs, préfère continuer à fixer le plafond, ne pas réfléchir, ne surtout pas penser au moment où je devrai la laisser finir ses bagages pour s’en aller.
Elle me demande ce que je vais faire de ce feutre et je soupire de nouveau, plus bruyamment, jugeant cela comme une sorte de feu vert, de coup de sifflet ; est-ce une course vers le cœur de Tara ? Non, seulement une ballade dans ma forêt enchantée sur un sentier de randonnée donnant sur un croisement qui mène à son monde à elle, à son cœur à elle. Je ne me disputerai pas son amour avec Jim car elle sera la seule à effectuer un choix et, autant lui que moi, nous devrions nous y faire, l’accepter. Je me redresse sur mes coudes avant de me glisser au-dessus d’elle, les bras encadrant son visage, le feutre coincé entre deux de mes doigts droits. Un demi-sourire étire mes lèvres alors que mon regard semble vouloir la dissuader du fait de me repousser ; pas encore, pas maintenant.

« Tu t’y prends mal, Tara… Laisse-moi te montrer, d’accord ? »

Question purement rhétorique, je n’attends pas son assentiment avant de prendre ma revanche, la savourant, la goûtant tel un élixir sacré et rare.
De ma main gauche, je dégage de nouveau son cou alors que je vais y abattre mon souffle saccadé, l’effleurant de mes lèvres sans l’embrasser, continuant d’attiser ma propre envie avant que mes dents ne viennent jouer avec une parcelle de peau de la jeune femme ; rapidement, ma langue goûte la peau et, de nouveau, je suis satisfait de la saveur imprégnant mon pallait. Je l’embrasse finalement doucement, délicatement ; moi l’expert du feu me retrouve dans l’incapacité d’éteindre celui qui brûle mes entrailles, qui enflamme ma bouche, qui noircit mon cœur d’un désir qui n’a pourtant pas lieu d’être.
Je me redresse à peine, confirme que je n’ai laissé nulle trace qui pourrait subsister plus d’une dizaine de minutes sur le cou de ma chérie et vais lui embrasser la joue, descendant jusqu’à sa mâchoire, puis son menton, hésitant devant ses lèvres en ayant peur, à cet instant, que mon regard reflète trop de désir, trop d’envie, trop d’entrain, trop de passion… Trop d’amour.

« Je ne t’embrasserai pas, mon Âme. Je ne veux pas que tu te sentes plus infidèle encore et, si nos lèvres doivent s’unir, j’aimerai que ce soit exceptionnel, explosif ; j’aimerai que ce soit unique, que nos lèvres se trouvent alors que nos cœurs s’étreignent. Et si ton cœur, ma chérie, vacille toujours, alors je ne ferai rien qui ferait monter à tes yeux des vagues salées de culpabilité. Aime-moi, déteste-moi… Tout ce que je veux, c’est que tu sois heureuse. Je te le jure, Tara, je ne dis pas cela pour faire comme dans les bouquins, je suis sincère : vole, oiseau libre, vole et ne laisse nul artifice d’or se tordre pour devenir cage qui prétendra te seoir. »

Je colle mon front à son sien et sourit tout contre dans ses lèvres avant de me redresser, m’asseyant alors qu’elle demeure allongée en me saisissant de son poignet gauche en retirant le bouchon du feutre. D’ailleurs…

« Tu brûleras en Enfer, dis-tu ? Tu penses vraiment que je laisserai Satan te faire du mal, ne serait-ce qu’effleurer un corps que tu m’interdis de toucher ? Voyons, tu penses bien que je suis bien plus diabolique que Lucifer, bien trop fou de toi pour qu’Hadès te vole à moi comme il a volé Perséphone à sa mère. »

Et je hausse les sourcils, amusé par mes propres mots. Hadès n’obtiendrait jamais amour en forçant les évènements et ce n’est pas en volant une femme qu’il admire que celle-ci l’aimera – pas plus que lui-même ne l’aimera, au fond.
Trop fou de toi, trop amou-… La pensée ne se formule même pas dans mon esprit.
Dans un soupire, je murmure :

« Je vais écrire sur ton poignet le nom de la personne que tu dois choisir, que tu dois aimer, de laquelle tu dois dépendre. »

Je ne veux pas lui donner l’impression de ne pas lui laisser assez d’espace ainsi qu’assez de liberté pour prendre sa décision seul, loin de là. Pas plus que je ne veux forcer quoi que ce soit ; je pense bien faire, j’espère simplement lui faire ouvrir les yeux.
Aiden sera le nom choisi si je suis orgueilleux, sûr de moi et palpant d’une modestie indescriptible.
Jim sera le nom qui apparaitra sur sa peau si je suis résigné ou menteur, père de Vice et frère de Fourberie.
Et si je suis juste, si je suis moi, alors je marquerai simplement « Tara ».
Et ce sont ces quatre lettres qui s’encrent sur le poignet de la jeune femme alors que je souffle doucement dessus pour faire sécher l’encre pailletée. J’amène sa tendre peau à mes lèvres et y laisse la trace de mes lèvres brûlantes, ambassadrices de mon cœur battant, de mon esprit flambant, de mon désir ardent.
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MessageSujet: Re: ஜ We pardon to the extent that we love ஜ ஜ We pardon to the extent that we love ஜ EmptyMar 10 Déc - 20:19


Aiden ♔ Tara


Elle avait choisi un siège proche d’une fenêtre, pour pouvoir regarder les nuages filer mollement dans le ciel rose. Elle avait déjà pris le bateau, et même un bateau qui vogue sur les nuages, mais le train c’était une première. Elle s’inquiéta légèrement d’entendre sonner avant la fermeture des portes, se redressa sur son siège pour jeter un coup d’œil circulaire dans le wagon. Les autres passagers ne semblaient pas affolés, tous occupés à lire un livre ou à envoyer des sms, aussi retourna-t-elle à sa contemplation du paysage. D’ailleurs, celui-ci changea très vite. Bientôt, Fantasia Hill fut loin derrière, et la zone urbaine fit place à une sorte de campagne dépeuplée et paisible. Tara se demandait comment serait Blueside, et surtout comment elle se débrouillerait là-bas, mais ces questions ne déclenchaient pas d’angoisse en elle, plutôt une certaine curiosité et un peu de hâte. Après tout ce qui lui était arrivé, même après son agression, elle continuait de hausser les épaules candidement, se disant qu’elle pourrait compter sur son joli sourire pour trouver quelqu’un d’assez aimable qui l’aiguillerait, une fois sur place. Elle n’avait aucun instinct pour détecter les prédateurs, mais, par expérience, elle savait qu’il y a beaucoup plus de personnes bienveillantes que de monstres en ce monde. Elle se pencha et tourna la tête pour regarder en arrière. Elle ne voyait rien, le paysage s’étiolait dans un flou artistique coloré. Elle avait perdu de vue Fantasia Hill, mais elle comprenait, à présent, ce qu’Aiden avait voulu dire. Elle avait laissé là-bas son cœur et son âme. Elle allait pouvoir se retrouver en tête à tête avec son esprit, son pauvre esprit malmené qui avait tant à pleurer. Elle pensa à Jim, sa gorge se serra. Comment allait-il se débrouiller, tout seul, sans elle ? Elle avait beau paraitre toute petite à côté de lui, elle savait qu’il y avait encore au fond de son cœur le petit garçon, le petit garçon abandonné, perdu, en manque d’affection et d’un guide, et elle savait qu’elle avait joué le rôle de ce guide pendant un long moment. Sans doute cela leur ferait-il du bien à tous les deux, lui pour apprendre à vivre par lui-même, et elle pour apprendre à vivre pour elle-même. Instinctivement, ses doigts effleurèrent son poignet gauche. Elle laissa aller sa tête contre le dossier du siège et ferma les yeux sur l’image d’Aiden, se remémorant leurs derniers instants ensemble avant qu’ils se séparent au milieu de Skyline Square. Elle finit par s’endormir d’un sommeil léger qui la conduisit paisiblement vers son avenir.

Le visage du jeune homme exprimait un millier de petites choses à la seconde, tandis que Tara ironisait sur ses propos. Elle ne distingua pourtant pas la colère qu’elle se serait attendue à y trouver. Au contraire, ses yeux semblaient lui dire : « Tu sais que tu es mignonne ? », et son sourire discret avouait : « Je suis fier de toi ». Dans les deux cas, cela la mettait assez mal à l’aise, car elle n’aimait pas beaucoup qu’il se mette à l’admirer, même si c’était implicite et affectueux, mais aussi parce qu’elle voulait vraiment lui communiquer un message, et qu’elle ne pouvait pas se concentrer quand elle avait juste envie de le croquer. D’où cette réplique finale, ce « Tu m’énerves » un peu frustré mais pas réellement méchant. Elle voulut se remettre à parler mais il la prit de cours.
« Ose me dire que tu aurais préféré que je te mente, que je sois hypocrite, que je te dise que je suis heureux pour toi alors que ce n’était pas le cas. Ose me dire que tu aurais aimé que je sois réellement heureux pour toi, que je te laisse te marier à Jim alors que toi-même… Alors que toi-même tu as douté à peine me suis-je montré réticent. Tu aurais pu me tenir tête mieux que ça, ma douce ; mais soit, j’aime beaucoup t’énerver. »
C’est vrai. Désarmant tellement c’était vrai. Il lui tira la langue, Tara répondit à cette taquinerie par un petit sourire mais resta pensive, méditant sur ses paroles. Quand elle le voulait, elle pouvait se montrer très têtue, très convaincante, et il n’était pas rare qu’elle réussisse à faire avouer à ses interlocuteurs que c’est elle qui a raison. Pas cette fois. Cette fois, elle s’était mal défendue, elle le savait car elle s’était sentie littéralement sans défense. Elle réfléchit un moment et trouva quelque chose à dire qui ne la compromettrait pas trop, quoiqu’elle doive concéder à son compagnon qu’il n’avait pas tort.
« Il faut que je sois bien claire, commença-t-elle lentement. C’est vrai, tu as mis des mots sur un doute que je nourrissais certainement en silence, et si j’avais actuellement les moyens d’être raisonnable je te dirais que, plus tard, je t’en remercierai certainement. Pour le moment je ne peux pas le faire, car je m’étais adressée à l’ami que j’ai toujours trouvé en toi, et j’ai été terriblement sous le choc d’entendre son grand silence, suivi de ses reproches. Mais, Aiden, écoute-moi bien parce que ce que je vais te dire est important : je doute de vouloir me marier avec Jim, tandis que je ne doute pas une minute de l’affection que je lui porte. Je l’aime depuis que j’ai ouvert les yeux et vu le ciel. Je l’aime de cet amour qui ne bouge pas. Il m’a aimée comme une amie, comme une amoureuse, il m’a aimée dans une balance avec une autre, il m’a aimée moins, il m’a aimée plus, il a réussi à me haïr. Pas moi. Moi, je l’ai aimé exactement de la même manière, pendant tout ce temps, et voudrait-il me voir morte que je l’aimerais toujours ainsi. Je ne sais pas pourquoi je l’aime. Le problème, avec ce genre d’amour, c’est que je pourrais aussi bien être sa sœur, sa mère, ou sa meilleure amie. Pourquoi serais-je sa fiancée ? Je ne sais pas. C’est là que je doute, tu comprends ? Parfois, on essaie très fort, de se comprendre, de s’accepter, mais on finit toujours par se garder rancune, tout cela est trop irrégulier pour que je me sente à lui, peut-être… »
Parfois, elle l’aimait comme un frère, comme cet être que vous n’avez pas choisi mais que vous aimez intrinsèquement, comme une évidence. Alors, forcément, ils avaient des chamailleries stupides, forcément ils ne pouvaient pas tout se dire, forcément il y avait un rapport de force entre eux. En fait, il y avait bien quelqu’un qu’elle avait délibérément choisi, avec qui elle s’était trouvée, et qui voyait en elle si loin qu’il pouvait mettre son égo de côté quand elle l’enguirlandait et la regarder comme si elle était la personne la plus fascinante au monde. Cet espèce de charmant idiot assis sur son lit, elle ne l’aimait pas d’un amour immuable, tout changeait si vite entre eux, trop vite, à couper le souffle… Elle avait donc besoin de temps et d’espace pour faire le point, pour arrêter l’horloge du monde et se demander quelle heure il était à son cœur.

Ce n’était probablement pas la meilleure idée qu’elle ait eue. La preuve par l’exemple. Ce qui lui avait semblé limpide un instant avant d’agir devint trouble dès lors qu’elle se fut allongée contre lui. Que voulait-elle prouver, déjà ? Qu’ils ne devaient plus se toucher. Vraiment ? Aiden s’était raidi contre elle, semblait éprouver de la difficulté à respirer depuis l’instant où elle avait posé ses lèvres sur son cou. Etonnamment, le sentir aussi perturbé sous les lèvres la troubla aussi, et elle se dépêcha un peu de lui expliquer où elle voulait en venir, pour ne pas être tentée de pousser plus loin ce qui finalement n‘était pas son idée la plus brillante. Elle s’allongea sur le dos en laissant une petite distance entre eux, après lui avoir donné le feutre. Quand elle l’entendit soupirer et le vit du coin de l’œil se redresser sur ses avant-bras, elle esquissa un mouvement de fuite sur le côté qui ne fut qu’ébauche, comme Aiden se retourna et la tint captive. Elle appuyait faiblement contre son torse, les bras repliés et les poings serrés mais sa volonté de s’échapper s’évanouit sous le regard tendre et d’une certaine manière implorant du jeune homme. Elle se tranquillisa, son sourire agissant sur elle comme une drogue inoffensive et anesthésiante.
« Tu t’y prends mal, Tara… Laisse-moi te montrer, d’accord ? »
Elle arqua un sourcil alors que malgré elle une envie de rire la saisit.
« Je m’y prends mal, vraiment ? demanda-t-elle, un peu vexée mais toujours de bonne humeur. Tu mériterais que je… heum, non rien ! »
Pourquoi est-ce que les défis fonctionnaient si bien, sur elle ? Si elle ne s’était pas souvenue de ses propres paroles, précédemment énoncées, elle lui aurait proposé naturellement de réitérer l’expérience et serait retournée appliquer ses lèvres contre son cou jusqu’à lui prouver qu’elle savait s’y prendre bien. Mais, après tout, cette situation était parfaitement indécente au yeux d’elle ignorait quelle ridicule entité supérieure (entité à qui cependant elle avait décidé d’obéir). Ce qui aurait été un jeu, une semaine auparavant, devint très sérieux tout à coup et, pour la forme, elle murmura tout de même un petit « pas d’accord » au moment où Aiden se pencha pour laisser ses lèvres errer sur son cou. Ce qu’il y fit dut déclencher une rupture d’anévrisme chez ladite vieille entité supérieure, qui en avala son dentier du même coup, certainement choquée de l’outrecuidance du jeune homme. Tara, quant à elle, resta toute étonnée de sentir ses dents se refermer doucement sur sa peau, elle émit un soupire qui était à peine une plainte, qui conservait cependant quelque chose de la lamentation (parce que son esprit se devait de désapprouver profondément le contact de sa langue contre son cou). Elle espéra vaguement que quelque chose la sauve, mais, comme tout à l’heure, comme l’avait dit Aiden, rien d’autre que sa volonté ne pouvait l’arracher à ses bras, c’était à elle de se défendre mieux que cela, et si elle était faible et stupide c’était de sa faute à elle. Il sentit peut-être son désarroi car, après lui avoir dévoré le cou et la joue de tendres baisers au goût d’incandescence, il hésita devant ses lèvres et se redressa légèrement.
« Je ne t’embrasserai pas, mon Âme », commença-t-il doucement, et elle entendit : « Je te sauve la mise pour cette fois ».
Mieux vaut tard que jamais, elle en profita pour se défaire de son étreinte et se faufiler un peu plus loin, le cœur en pagaille et la mort dans l’âme. On dit qu’il vaut mieux avoir des remords que des regrets. Quelle est la différence ? La différence est dans l’action. On a des remords quand on a fait quelque chose dont il aurait mieux valu se garder, et des regrets quand on n’a pas fait quelque chose dont on se sait pas, par conséquent, si cela n’aurait pas été profitable. La femme qui a des remords peut se vanter d’avoir eu une existence exceptionnelle, d’avoir vécu à l’instinct, en véritable aventurière. Celle qui a des regrets peut se draper dans sa propre estime de soi, se sentir supérieure à toutes les autres femmes parce qu’elle n’a jamais flanché, parce qu’elle a été maitresse de ses émotions tout au long de son existence. Dans les deux cas, l’une et l’autre ont fait preuve de volonté et de courage. Tara avait et des remords et des regrets. Parce qu’elle était demeurée absolument passive, avait laissé faire. Elle s’était laissée faire quand Jim l’avait demandée en mariage, quand son agresseur dans la rue avait tout fait pour qu’elle se sente déshumanisée, et, encore maintenant, quand elle venait de dire à Aiden qu’elle ne voulait plus qu’il la touche mais qu’il l’avait tout de même embrassée dans le cou. Manque criant de volonté et de confiance en soi qui maintenant lui faisaient horreur. Elle aurait dû agir, dans un sens ou dans l’autre, pour pouvoir ensuite, comme le commun des mortels, avoir soit des remords soit des regrets et pouvoir les assumer pleinement. Elle aurait pu regretter d’avoir giflé Aiden et de l’avoir effectivement empêché de la toucher, ou bien éprouver du remord à l’idée qu’elle l’aurait elle-même embrassé sur les lèvres, à cet instant où elle le vit hésiter, à l’idée qu’elle aurait pu imprimer un baiser sulfureux sur ses lèvres sans se soucier des conséquences. Et bien, maintenant, elle éprouvait un petit mélange fade de l’un et de l’autre, et cela la torturait beaucoup.
« Je te crois, répondit-elle d’une petite voix à Aiden, ayant tourné la tête vers lui. Et je suis d’accord avec toi. Comme tu le vois, je ne peux rien répondre à qui que ce soit ni embrasser personne dans l’état où je suis… Je suis si faible, cela me fait honte. Je crois que je vais te promettre quelque chose, en fin de compte… Je te le promets à toi mais c’est quelque chose qui sera bien pour moi, pour que j’apprenne… »
Elle se retourna sur le ventre et s’appuya sur ses avant bras, sans quitter Aiden du regard.
« Si on doit s’embrasser un jour… Si nous n’avons plus rien sur le cœur que notre amour je veux dire… Bon, admettons juste qu’on le pourra peut-être un jour, alors… Alors, Aiden, je te promets que c’est moi qui t’embrasserai et que personne ne t’aura jamais embrassé ainsi. Parce qu’on y croira vraiment. Voilà. »
Si l’on occulte tous les problèmes, et le fait qu’elle aime toujours Jim, si l’on occulte le monde entier et qu’il ne reste plus qu’eux deux, disons, alors le fait que ce soit elle qui fasse le premier pas signifierait beaucoup pour elle, cela voudrait dire qu’elle n’est pas partie en vain, que ce voyage à Blueside lui aura permis d’apprendre à se connaître et à se faire confiance. Elle aura appris à ne plus subir et à être grande. Ce serait bien.

Il s’assit sur le lit, alors elle se retourna de nouveau sur le dos pour continuer de le regarder, tandis qu’il ouvrait le feutre indélébile. Il lui prit le poignet avant de se remettre à parler.
« Tu brûleras en Enfer, dis-tu ? Tu penses vraiment que je laisserai Satan te faire du mal, ne serait-ce qu’effleurer un corps que tu m’interdis de toucher ? Voyons, tu penses bien que je suis bien plus diabolique que Lucifer, bien trop fou de toi pour qu’Hadès te vole à moi comme il a volé Perséphone à sa mère. »
« Vu comme tu fais grand cas de mes interdictions, je n’ose pas imaginer l’attitude de Satan, à vrai dire, dit-elle en levant les yeux au ciel avant de lui adresser un petit sourire. Et… Tu es fou de moi ? Je prends note… »
Elle lui tira la langue à son tour, avant de le regarder baisser la tête vers son poignet, qu’il tenait toujours entre ses doigts. Ce qu’il dit ensuite lui fit ouvrir de grands yeux surpris et son cœur accéléra.
« Je vais écrire sur ton poignet le nom de la personne que tu dois choisir, que tu dois aimé, de laquelle tu dois dépendre. »
Il avait l’air sérieux, en plus. Il soupira légèrement et se mit à l’ouvrage. Vraiment, il allait régler la question en trente secondes, juste comme cela ? Est-ce qu’il était revenu à la raison ? Est-ce qu’il allait écrire « Jim » ? Cette fois, le cœur de la jeune femme se serra. Non, en fait elle ne voulait pas voir. Elle se mordit la lèvre inférieure, anxieuse tandis que la pointe du feutre déposait sa matière un peu froide sur sa peau, traçait les lignes qui semblaient sceller son destin. Aiden referma le feutre et souffla doucement sur son écriture, faisant tressaillir Tara. Il porta ensuite son poignet à ses lèvres et l’embrassa à l’endroit où la peau est si fine qu’elle laisse apparaître le dessin des veines. Tara était sous tension, mais prit tout de même le temps d’apprécier ce baiser en essayant cependant de ne pas céder et perdre ses esprit devant la grande sensualité du geste. Elle se redressa et ramena son bras à elle dès qu’il l’eut lâchée, appréhendant de découvrir ce tatouage qu’il avait tracé. Elle lut, et poussa un soupire. « Tara ». Elle relut son propre prénom sur son poignet plusieurs fois, comme si elle ne l’avait jamais vu, comme si elle le découvrait pour la toute première fois, et, d’une certaine manière, c’était bien le cas. Elle se redressa un peu, regarda Aiden, touchée en plein cœur. Elle se rapprocha et le serra dans ses bras, sa joue appuyée contre la sienne, incapable de prononcer le moindre mot si ce n’est un simple…
« Merci. »
Merci d’être tel que tu es, merci de tenir à moi aussi fort, merci de me laisser partir, merci d’être si bienveillant, merci de toujours me dire la vérité, même quand elle fait mal, merci d’être là pour me rattraper, merci de me faire confiance, merci de toujours deviner ce que je pense, merci de me laisser t’aimer si mal alors que toi tu es tellement exceptionnel… Merci.
« Je crois que c’est le moment de te dire… »
Juste un murmure, un murmure triste mais qui attendait tellement de l’avenir. Elle n’arriva pas à prononcer « au revoir », de plus il lui avait déjà dit que c’est inutile. Elle se détacha de lui, essuya rapidement une larme sur sa joue pour pouvoir lui offrir un dernier petit sourire.
« … A toute à l’heure. »


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MessageSujet: Re: ஜ We pardon to the extent that we love ஜ ஜ We pardon to the extent that we love ஜ EmptyDim 27 Avr - 3:46

4 mois sans réponse j'archive tristeuh
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ஜ We pardon to the extent that we love ஜ

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