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✗ Sois sage, ô ma douleur, et tiens-toi plus tranquille. Vide
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 ✗ Sois sage, ô ma douleur, et tiens-toi plus tranquille.

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MessageSujet: ✗ Sois sage, ô ma douleur, et tiens-toi plus tranquille. ✗ Sois sage, ô ma douleur, et tiens-toi plus tranquille. EmptyMer 29 Jan - 22:45

Le diable, je suis bien obligé d'y croire, car je le sens en moi !


Un verre de whisky épousant la forme de la paume de ma main gauche, je parachève le tableau sur lequel je suis depuis plus d’une semaine déjà. Je m’efforce à pourchasser des poussières d’inspiration jusqu’au plus profond des méandres de mon âme pour empêcher ma deuxième personnalité de ressurgir. Jusque là, l’art, la peinture plus précisément, a toujours réussi à m’apaiser, à souffler sur la flammèche de perturbation habitant mon esprit, mais ce dernier mois, ça ne marche plus autant, alors je tente de me concentrer d’avantage sur mes pentures et de faire régner sur mon haleine cette odeur familière du whisky.
Je m’éloigne subitement, pris d’un mal de crâne atroce ; mon pinceau recouvert de ce bleu-gris pâle s’en va colorer le sol de multiples tâches difformes sur un bruit de fracas causé par un verre laissant s’échapper son contenu sur la moquette ; je recule, encore et encore et j’ai cette impression de parcourir des kilomètres alors que j’effectue moins d’une dizaine de pas pour que mon dos rencontre le mur contre lequel je me laisse tomber, appuyant ardemment mes mains sur mes temps, y sentant le sang cogner à tout rompre, ne pas circuler dans toutes mes veines et empêchant l’air d’atteindre mes poumons malgré mes maints efforts pour chercher à trouver un temps soit peu d’oxygène.
En vain.
Mes yeux se rouvrent sur ces éclaboussures de peinture sur un fond noir et j’y vois là tout un signe, tout un miracle ; ce coté sombre qui est en moi et qui fait remuer mon esprit jusqu’à l’étourdir ainsi parsemé de petites tâches bleu pâle… Ce moi diabolique, ce moi désastreux habité par les yeux de Midori. Cette femme à l’innocence palpable et à la naïveté angélique habite mes pensées tout comme elle a cette poigner de fer sur mon état perturbé. Je referme les yeux et ses traits se dessinent à moi ; je me souviens enfin comment respirer, je me remémore enfin comment vivre et accueille chaleureusement ces battements de cœur à la cadence normale, moyenne. J’y apporte une main, appuyant mes mains sur mon torse avant de soupirer profondément en me relevant. Maintenant que j’ai recouvert mes esprits, je me souviens que je n’aurai normalement pas le droit de penser à Midori ; cette même à qui j’ai fait mal, cette même divinité que j’aurai pu tuer sans scrupule pour mourir de regrets amers et lancinants plus tard. Je ne devrai pas penser à elle, non et encore moins lors de mes moments noirs ; elle mérite tellement mieux que cela. Et, plus encore, je me rends compte qu’elle devient un point d’appui pour retrouver mes moyens. Or, comment puis-je me permettre la dépendance pour un être de lumière, moi l’être banni du Paradis ? Je refuse de l’entrainer dans une inévitable catabase et je refuse de dépendre d’une autre personne que de moi-même.
Pas même de mon whisky.

Je m’allonge sur mon lit et croise les bras derrière ma tête en laissant filtrer d’entre mes lèvres un souffle chaud, fatigué, las. Des visages sans noms tournoient dans mon esprit à une allure folle et, le plus fou, c’est que je réussis à tous les voir et à y associer mes plus sombres actes : cette femme que j’avais embrassée dans la ruelle à l’arrière du bar, à la peau si laiteuse et si nivéale que je me suis vu saigner à l’aide d’un canif en l’empêchement vivement de s’en aller. J’ai continué à la faire souffrir et je me souviens de sa voix suppliante, du dégoût dégoulinant de mon regard ; je l’avais quittée, las – heureusement – après avoir appelé une ambulance et j’ai filé.
Cette autre femme que j’ai frappée, une autre encore que j’ai réussis, juste à temps, à prévenir pour qu’elle s’en aille, qu’elle court loin, vite. Je vis en cet instant un incroyable et des plus effroyables moments de lucidité auquel j’ai jusque là eu à faire. Alors, inéluctablement, cette femme qui a des lèvres si tentatrices qu’elles ne peuvent être que l’œuvre du Diable ; elle toute entière doit être l’œuvre du Diable et c’est la raison pour laquelle je tiens tant à elle – à après tout, ce même Diable, j’en suis aussi l’ouvrage. Tellement que je ne veux pas lui faire du mal. Elle a déjà vu cet autre moi et, comme avec Midori, elle n’a absolument pas pris peur et c’est pour cela que je ne lui ai pas fait tant de mal que je l’aurai pu. Et puis, elle possède aussi quelques troubles psychologiques que je ne comprends pas totalement, mais qui, eux aussi, doivent être mise en scène du Diable.
De toute façon, si elle n’était pas façonnée des doigts même de Satan, pourquoi porterait-elle cet enjôleur prénom ?
Hell.

Je me relève d’un bond et me glisse sous les jets ordonnés de la douche avant d’enfiler un t-shirt noir et un jean de la même couleur avec des Vans sombres, elles aussi. Les cheveux de jais encore ébouriffés, mon regard pâle s’en va arpenter la moquette contre laquelle je jurerai presque. Je saisis mes clefs et mon portable que j’enfonce dans la poche droite de pantalon et enfile une veste en cuir noir avant de sortir de ma chambre, laissant une note pour Féline pour qu’elle ne s’inquiète pas et me glisse à l’extérieur.
Je passe par un bar pour avoir ma dose de whisky de jour et me fait interpeller par un homme à moitié ivre qui… À dire vrai, je ne sais pas. Son haleine a achevé de me persuader de son état d’ébriété, alors j’ai juste laissé un billet sous mon verre maintenant vide et me relève en prenant soin de le contourner. C’est d’un pas assuré et rapide que je laisse défiler arbres et voitures, jeunes gens et objets.

Devant la porte d’entrée, j’avoue hésiter un instant. Ce que je m’apprête à faire, je pourrai le regretter. Ce que je m’apprête à dire, ça pourrait lui faire mal et ça ne manquerait pas de m’achever. Je sais à quel point elle est résistante, si vaillante mais malheureusement, je connais si bien ma capacité à détruire tout ce qui me touche de près ou de loin. Mes doigts transforment en pierre tout ce qu’ils effleurent ; mes yeux condamnent à l’enfer tous les regards qu’ils croisent ; mon âme réduit en poussière toutes celles qui s’aventurent trop près. Hell est une survivante, une merveilleuse rose aux épines empoissées et à la beauté ravageuse tout autant que malsaine.
Je frappe contre le bois de la porte faiblement, une fois. Si c’est pour me montrer lâcher, autant rebrousser chemin ; tant à lui faire mal, autant bien le faire et ne pas seulement l’écorcher d’un pieux en l’y laissant planté pour qu’elle ne cicatrice point. Je réitère mon opération de toquer à la porte avec plus de force, quatre fois en enfonce mes mains dans mes poches en attendant qu’elle vienne ouvrir la porte.
L’allégorie même de la beauté sauvage s’invite sur le seuil de sa porte et je lui lance ce petit sourire provocateur, comme pour l’agacer, l’enrager alors que je n’ai même pas encore eu matière de titiller ses nerfs, de la taquiner. Je passe près d’elle et m’arrête un instant à peine, ma bouche s’en allant près de son oreille pour y laisser un souffle chaud s’abattre, épousant sensuellement la courbe de son cou :

« Ravi de voir que tes lèvres n’ont rien perdu de leur charme ; toujours si pulpeuses et si… Appétissantes. »

Je continue ma marche et éclate d’un rire amusé alors que je vais me prélasser sur son canapé, laissant passer mes jambes par-dessus l’un de bras dudit meuble en faisant passer une main dans mes cheveux, anxieux.
Et que je vais-je lui dire, sincèrement ? Comment vais-je aborder le sujet ? Comment vais-je me souvenir des mots qui tournoient dans mon esprit pour lui faire part de mes volontés ? Volontés qui se résument à ce qu’elle s’extirpe de ma vie.
Je tiens beaucoup trop à elle et je refuse de lui faire du mal. Elle est forte et j’ai la terrible impression que si je réussis à la faire faiblir, elle pourrait perle de son éclat machiavélique et fascinant. Et sans cet éclat, Hell n’est plus Hell. En outre, qui suis-je pour dépersonnaliser, dénaturer une personne ? Pas que je sois narcissique au point de penser que je suffirai à le briser, mais j’ai cette vague impression que, comme je me raccroche à Midori, la jeune Salinger pourrait se raccrocher à moi, même un peu. Après tout, en ce qui me concerne, lorsque le souvenir du regard de l’innocente Midori ne réussit pas à dompter mon esprit, lorsque je bascule du « mauvais coté », c’est le souvenir du regard de la jeune Hell qui me permet de ne pas avoir cette plainte intérieure et profonde, douloureuse et déchirante, c’est ce qui me permet d’assumer ma nature quel que soit la personnalité que j’adopte. Et, mine de rien, lorsque mes doigts pressent une gorge quelconque, le fait d’assumer ce que je suis, ce monstre hideux et sanguinaire me permet de ne pas aller jusqu’au meurtre.
Je me souviens qu’avant, le fait de ne pas supporter ce que j’étais me rendait fou et accentuait mes pulsions meurtrières. Grâce à Hell, ce n’est plus qu’un mauvais souvenir.
Un parmi tant d’autres.
Je glisse mes prunelles sur les courbes de son corps et affiche un sourire mi-aguicheur, mi-provocateur.

« Tu es serveuse, c’est ça ? J’arrive pas à croire qu’autant d’hommes peuvent voir d’aussi près tout ce que tu as à offrir. Ah, en parlant d’offrir, tu veux pas me ramener un peu de whisky mon ange ? »

Fuir, fuir, fuir, je ne fais que fuir.
Je me relève subitement pour enserrer juste assez fort son poignet pour la dissuader de vouloir mesurer sa force à la mienne et ma voix change radicalement, devient sombre, sinistre avec un écho purement morbide, me fait mal, atrocement mal ; elle me noie dans les abysses de l’agonie.

« Tu es perturbée et je pensais que si je comprenais pourquoi, je connaitrai la raison de mon propre tourment. Or, tu n’as fais que me rendre fou, un peu plus chaque jour. Plus j’y pense, moins je comprends pourquoi je traine encore avec toi et là, je suis tenté de couper les ponts. Définitivement.»

Tu es perturbée et je pensais que si je comprenais pourquoi, je connaitrai la raison de mon propre tourment. Mais la vérité, c’est que plus je passais de temps avec toi, plus je m’apercevais que je restais avec toi uniquement parce que je commençais à réellement t’apprécier, tellement tenir à toi. Mais c’est vrai, tu m’as rendu fou, de jour en jour ; tes hallucinations m’ont rendu dingue mais ta personnalité a fait plus de la moitié du travail. Plus j’y pense, plus je comprends pourquoi je traine encore avec toi : je veux te protéger et refuse d’avouer que je suis plus un risque pour toi qu’une protection. Je suis tenté de couper les ponts avec toi pour te protéger, mais tu vois, je n’y arrive pas.
Je suis trop égoïste. Définitivement.
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MessageSujet: Re: ✗ Sois sage, ô ma douleur, et tiens-toi plus tranquille. ✗ Sois sage, ô ma douleur, et tiens-toi plus tranquille. EmptyJeu 30 Jan - 16:11

✗ Sois sage, ô ma douleur, et tiens-toi plus tranquille. Large
AZAZEL & HELL
les cœurs meurtris de l'Enfer.

La pluie tombait comme un rideau sombre, glacée et forte. L'orage grondait au-dessus d'elle, secouant le ciel de ses éclairs imposants qui déchiraient l'obscurité par intervalles serrés. La terre était devenue boue sous ses pieds, mais elle se tenait fermement campée sur ses immenses jambes d'hydre, se dressant fièrement devant une pâle jeune femme aux cheveux blond ébouriffés. Cette dernière tremblait de terreur, elle claquait des dents et priait des Dieux qui ne lui répondraient pas, sa robe blanche tâchée de terre alors agenouillée, paupières closes. Mais ce mantra ne la sauverait pas. Sans hésiter, Hydra balaya sa gorge d'un coup de griffes. La mince silhouette s'affaissa à même le sol, semblable à une poupée de chiffons malmenée, ses cheveux emmêlés poisseux de son sang. Le monstre qu'elle était ne ressentit rien, elle se contenta de rugir dans la nuit en signe de victoire, avant de se retourner, prête à affronter un nouvel ennemi. Alors, se dressa face à elle un homme, grand et blond, qu'elle reconnut aussitôt. Hercules. Elle bondit sur lui, le cœur étreint d'une rage impitoyable, mais elle nota tout de suite que quelque chose ne collait pas. Il la dépassait. Et elle eut l'impression de se heurter à un mur. Humaine. De la chair, de la peau, des os. Fragile. À briser. Il n'aurait qu'à souffler sur elle pour qu'elle s'envole. Une peur cruelle vrilla ses tempes. Elle n'eut pas le temps de se reculer ; déjà, elle sentait une brûlure atroce éclater dans son ventre. Elle baissa ses yeux grand écarquillés. Une lame écarlate trouait son ventre. La douleur fut cuisante. Elle voulut hurler, partir, mais elle demeura immobile, muette. Elle eut à peine le temps de relever le visage vers l'homme. Le tranchant de l'épée touchait sa gorge dénudée.

Hell se redressa brusquement sur son lit double. À bout de souffle, le cœur tambourinant au bord des lèvres. Sa vision trouble. Ses yeux aux cils humides papillonnèrent vivement de droite à gauche pour tenter de déterminer où elle pouvait bien se trouver. Elle vit des livres, dont certains ouverts, étalés tout autour d'elle sur des draps blancs défaits. Familier. Puis comprit finalement que le bruit sourd qui paraissait éclater dans son crâne était en réalité une musique de métal qui tournait en boucle, hurlante dans ses écouteurs. Ça aussi, c'était familier. Oui, parce qu'elle était chez elle, tout allait bien. Elle inspira profondément et passa une main dans ses cheveux pour les dégager de ses joues détrempées, avant de bousculer d'un geste flou de la main les ouvrages sur la mythologie, qu'elle avait dû lire jusqu'à tomber de fatigue. Elle sortit du lit et les écouteurs tombèrent, quand elle se releva. Le silence lui déchira les tympans, elle n'était pas habituée. Elle fronça les sourcils, prise d'un léger vertige, et se retint au mur pour s'avancer lentement vers le salle de bain. Elle tomba sur son reflet. Elle était pâle et les traits de son visage reflétaient une douceur insupportable. Se mordant la langue pour ne pas soupirer derechef, elle se pencha et s'aspergea le visage avec un peu d'eau fraîche. Alors qu'elle s'essuyait avec une moelleuse serviette blanche, un petit bruit l'interpella. Elle tourna la tête et tendit l'oreille pour voir ce qui troublait cette horrible quiétude. Ça recommença, avec plus de force. Quelqu'un toquait à sa porte.

Elle ne savait pas exactement quelle heure il était, mais la nuit était tombée, voilà une chose dont elle était certaine. Et ce n'était pas exactement comme si elle attendait un ami qui l’emmènerait sortir. Alors, qui pouvait bien se trouver derrière le battant ? Piquée de curiosité, elle quitta la salle de bain. Elle s'arrêtât devant son armoire pour y prendre un long t-shirt noir à l'effigie du groupe Nirvana, qu'elle savait la couvrir jusqu'à mi-cuisse et l'enfila par-dessus ses sous-vêtements, ne pouvant décemment pas ouvrir dans une tenue pareille. Une fois habillée, elle se rendit ensuite à la porte d'entrée, pieds nus. Elle ne comptait pas accueillir qui que ce soit et la discussion serait sans doute écourtée par elle, claquant la porte au nez de l’inopportun. Pourtant, quand le battant tourna sur ses gonds, ses plans s'effondrèrent les uns sur les autres.

Azazel. Enveloppe charnelle d'une beauté rare, manteau séduisant sur une âme aussi torturée que la sienne. Rare homme qu'elle tolère, plus encore, qu'elle souhaite connaître. Il différait de tous ceux qu'elle avait pu rencontrer dans sa vie. Il ne suppliait pas, ne se contentait pas de jouer aux obsédés, ni de déblatérer des paroles mièvres. Il y avait de sombres nuances en lui, une personnalité déchirée aussi riche que semblable à la sienne. Il ne voyait peut-être pas des choses, comme elle, mais il créait ses propres démons, obéissait à ses pulsions primaires, aussi basses et cruelles soient-elles. Elle trouvait cela fascinant. D'autant plus qu'il n'avait pas vraiment le contrôle de tout ça. Ils étaient fait de la même sève, habités d'une névrose complexe tous deux. Elle n'en savait pas la source, mais désirait la connaître par lui, l'étudier comme il le faisait avec elle.

Sans qu'elle ne s'en soit rendu compte, il s'était rapproché, cette expression de provocation bien propre à sa personne imprégnant son sourire. La chaleur de son souffle caressa avec douceur sa gorge offerte, celle-là même qui avait été tranchée quelques minutes plus tôt, et il lui glissa au creux de l'oreille : « Ravi de voir que tes lèvres n’ont rien perdu de leur charme ; toujours si pulpeuses et si… Appétissantes. » . Si ça avait été un autre, elle aurait sans doute levé la main pour le repousser, puis le gifler. Ou elle aurait répondu par une réplique venimeuse. Au lieu de quoi, elle enfonça ses ongles dans ses paumes et se recula d'un pas pour s'échapper de cette emprise en silence. Elle n'avait aucun doute qu'il prendrait ses aises, sans qu'elle ait besoin de l'inviter. Et il lui donna raison, quand il continua sa route, allant s'installer avec décontraction dans son canapé. Elle le laissa faire, les bras croisés contre sa poitrine, une étincelle intriguée dans le regard. Que venait-il faire chez elle ? À cette heure-ci ? Bon, elle se posait probablement les mauvaises questions. Elle aurait du ressentir de la peur s'infiltrer en son sein à l'idée de se retrouver seule avec lui, mais elle restait curieuse. Avec lui, elle ne savait jamais ce qui allait se passer, mais au lieu d'être angoissant, c'était stimulant. Parce qu'en sa présence, elle se sentait étrangement normale, aussi forte que faible, et allez savoir pourquoi, son esprit empoisonné aimait ces paradoxes.

Elle riva ses yeux dans les siens, deux perles pâles, et allait lui demandait ce qu'il faisait ici, quand elle perçut un mouvement juste derrière lui. Elle détourna le regard et son cœur manqua un battement. Une crinière ensanglantée, une silhouette blanche élancée, deux orbes d'un blanc laiteux. La victime de son cauchemar. Qui lui semblait aussi réel qu'Azazel, aussi palpable. Ses poings se serrèrent et elle déglutit difficilement, s'intimant de n'observer que le jeune homme, et lui seul, alors que la jeune femme s'avançait doucement vers elle. Aussitôt, elle remarqua que ce dernier glissait son regard sur son corps que trop peu dissimulé, avec toujours cette même arrogance coincé dans son sourire. « Tu es serveuse, c’est ça ? J’arrive pas à croire qu’autant d’hommes peuvent voir d’aussi près tout ce que tu as à offrir. Ah, en parlant d’offrir, tu veux pas me ramener un peu de whisky mon ange ? » .« Est-ce que j'ai l'air de porter ma tenue de service ? » railla-t-elle, en levant un sourcil. Sa réponse ne fut probablement pas celle qu'il aurait voulu entendre, car il se leva d'un mouvement brusque, rentrant en contact avec le fantôme blanc de sa victime, qui s'effaça aussitôt. La seconde suivante, ses doigts serraient avec force son mince poignet, qu'il aurait pu briser d'une simple rotation un peu poussée. « Tu es perturbée et je pensais que si je comprenais pourquoi, je connaitrai la raison de mon propre tourment. Or, tu n’as fais que me rendre fou, un peu plus chaque jour. Plus j’y pense, moins je comprends pourquoi je traine encore avec toi et là, je suis tenté de couper les ponts. Définitivement.» . Sa voix avait perdu sa légèreté, elle était devenue sombre, basse. Elle ne pouvait ignorer la menace sous-jacente qu'elle couvait. Pourtant, la peur n'était toujours pas au rendez-vous. Elle n'arrivait pas à le craindre, car elle savait que tous les maux qu'il lui infligeraient la ramènerait un peu plus vers l'Enfer dans lequel elle avait vécu toute son existence. Ou plutôt survécu, car toutes les tortures qui habitaient son esprit ne seraient jamais au-dessus de celles qu'on lui avait infligé dans ces lieux de tourments. Alors, non, elle pouvait bien se faire frapper par cet ange de la mort... son instinct de survie s'inclinait en elle. La violence, elle la connaissait, l'avait infligée, savourée, elle ne pouvait angoisser à son évocation. Ce n'était pas la mort qui la pétrifiait de terreur, c'était l'emprisonnement. Or, l'Enfer sans Hadès... mais c'était le Paradis, chéri ! Si elle retrouvait sa forme d'hydre, elle serait la bête la plus terrifiante, elle retournerait sur Terre et personne ne l'en empêcherait. Alors, elle n'avait aucune raison de reculer face à Azazel. L'unique douleur qu'il pourrait lui infliger serait celle charnelle et elle était peut-être grossièrement naïve, mais elle ne l'en pensait pas capable. C'était bien le premier homme pour qui elle pensait ainsi, d'ailleurs.

Aussi, au lieu de tenter d'échapper à cette étreinte, elle s'approcha de lui, à son tour provocante, une lueur de défi dans le regard. « Est-ce que tu me menaces, Azazel ? ». Un mince sourire releva ses lèvres et elle posa sa main sur le poignet du jeune homme, celui-là même avec lequel il la retenait à lui. Comme s'il en avait besoin. Tout de noir, il paraissait d'un ange noirci au charbon, diablement beau, même pour elle qui ne portait que peu d'attention aux hommes. Mais, pire encore, il exerçait cette attraction malsaine sur elle, la phobique de l'attachement. Elle n'aurait pas pu fuir, même si elle l'avait désiré. Pourtant, aucune panique ne naissait au creux de son cœur. Parce qu'elle savait qu'il était le seul qui pourrait perdre le contrôle et la délivrer définitivement. C'était là son assurance ; cette relation n'était que temporaire. Et elle ne se finirait pas comme il l'avait décidé, pas aujourd'hui, pas en cette heure tardive. Elle le refusait catégoriquement. Elle avait besoin de lui, de sa présence envahissante. Seule la mort y mettrait fin. Elle le vrilla de son regard moqueur et déterminé, puis répliqua : « La dernière fois que j'ai vérifié, il me semblait que j'étais majeure et vaccinée, c'est pour quoi j'ai du mal à comprendre de quel droit tu décides pour nous deux. ». Elle resserra un peu plus ses doigts sur son poignet en une dernière pression, puis se recula brusquement, retirant sa main de son emprise. Son visage perdit tout amusement et sa voix devint sérieuse, quand elle expliqua : « Je me sens moins seule, quand tu es là, moins différente. Tu effaces mes démons, je n'ai pas envie que tout ça s'arrête. ». Elle passa une main dans ses cheveux et haussa les épaules. « J'aurais bien l'impression de me servir de toi, mais j'apprécie même tes provocations et tes petits jeux qui ne visent qu'à m'agacer. Ça me coûte de l'admettre, mais je ne sais pas mentir. ». Ce qui était vrai. Tout ce qui lui passait à l'esprit sortait également d'entre ses lèvres. Même si elle détestait poser des mots sur ses ressentis. Elle laissait la mesquinerie et le mensonges aux Hommes. Elle préférait jouer franc jeu, quitte à choquer ou blesser.

Elle s'avança de nouveau vers Azazel et releva le visage vers lui. Elle le dévisagea un instant, comme pour chercher un signe qui lui indiquerait qu'il ne pensait pas ce qu'il venait de dire. Parce qu'après tout, pourquoi ce revirement ? Ils avaient toujours agit ainsi, elle ne voyait pas pourquoi ça devrait changer. Elle leva un doigt qu'elle posa sur le torse du jeune homme et tapota son pt-shirt noir. « Alors, non, on ne va rien changer, Azazel. ». Elle se mordit la lèvre inférieure, songeuse, puis ajouta : « À part si tu m'expliques en quoi je te rends plus fou que tu ne l'es déjà. Oui, vas-y, dis-moi. ». Elle ne précisa pas que, pour elle, ce n'était pas vraiment de la folie, se contenta de se reprendre les propres mots d'Azazel, attendant alors patiemment qu'il cède. À sa question ou à ses pulsions. Quitte ou double. Le jeu était lancé.

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MessageSujet: Re: ✗ Sois sage, ô ma douleur, et tiens-toi plus tranquille. ✗ Sois sage, ô ma douleur, et tiens-toi plus tranquille. EmptyJeu 30 Jan - 22:07

Oh no, I’ve said too much,
I haven’t said enough.


Je ne sais pas pourquoi, aujourd’hui précisément, j’ai décidé de venir la voir. J’ignore pourquoi j’ai feint l’ignorance quant à l’importance qu’elle possédait dans mon existence jusqu’à ce soir. Je ne sais absolument pas quel déclic a bien pu me rendre assez idiot pour aller déambuler dans les rues et faire irruption chez elle.
Le Diable a joyeusement sonné à ma porte, de bon matin et de ces griffes doucereuses m’a caressé le visage en faisant pénétrer dans ma peau un caprice, accentuant mon vice, altérant mon esprit déjà trop brumé ; alors il a souri, alors il a ri, alors il s’est détourné et m’a laissé pour agonisant sur le sol de ma chambre.
Et il n’a suffit que d’un silencieux appel de sa part pour que l’idée d’aller bouleverser la soirée de ravissante Hell, comme un contrôle à distance comme si je lui avais juré allégeance ; la sottise m’affecte-t-elle autant ? Je n’ai juré allégeance à personne, le Diable s’est invité dans mon enveloppe charnelle et s’amuse à me rappeler son emprise sur moi. Et si je cessais de croire en lui ? Oui mais comment ? Si certains passages de livres le décrivent comme un petit lutin rouge orné de cornes et d’une queue pointue, d’autres disent qu’il peut être un homme comme les autres, cet inconnu que l’on croise tous les jours sans jamais oser ne serait-ce que le saluer ; beau ou hideux, clairvoyant ou aliéné ; peut-être est-il aussi beau qu’hideux, aussi fou que saint d’esprit. Ce paradoxe m’est si familier que ça ne peut vouloir dire qu’une chose : j’ai une part diabolique en moi et elle n’est absolument pas sassez petite pour que je l’oublie. Je la vis et y survis, jour après jour, nuit après nuit ou, devrais-je dire, seconde après seconde ; tout semble lent et la vie ressemble alors à cette mer trop calme qui ne peut qu’annoncer un mauvais présage.

Les démons de la jeune femme n’ont pour apparence aux miens que leur appartenance ; des profondeurs abyssales du fleuve des Lamentations sont tirés ces hallucinations, ces instincts pathétiques auxquels j’obéis sans broncher.
Lorsque je dépasse le seuil de sa porte, je n’aperçois que trop bien le fait qu’elle se dérobe à ma présence, à mes mots, à mon souffle sans toutefois réussir à délier son esprit malade du mien. Elle ne nit pas et ne niera certainement pas ce qu’il y a entre nous ; si ce fut un jour seulement de la manipulation, aujourd’hui, c’est bien plus. Mais je ne saurai dire quoi.
Tout ce que je sais, c’est que j’en viendrai presque à souhaiter ne jamais guérir si c’est pour justifier ma présence auprès d’elle. Ou peut-être devrai-je penser à une façon pour ne plus justifier le partage de sa solitude avec moi ; mais la facilité, je ne m’y refuse pas, surtout lorsque l’autre possibilité est un obstacle de taille.
Ses prunelles glissent des miennes à un point vague et je me dis qu’elle doit avoir une hallucination. Je la sentirai presque se débattre intérieurement pour rester focalisée sur moi alors je fronce les sourcils, comme pour attirer d’avantage son regard et après avoir laissé mes yeux glisser sur ses courbes, je lui lance un compliment aux apparences si provocantes que je peine moi-même à y voir ledit compliment et achève par une demande, pourtant simple. Du whisky. Ça pourrait peut-être me permettre de trouver en moi la force de lutter un peu plus contre un coté trop noir de ma personnalité qui tambourine à mon cœur et hurle à mes oreilles toute sa douleur que je lui impose en le gardant ainsi sous contrôle.
C’est si facile, pourtant, de lâcher prise. Je suis tenté de laisser ma nature prendre le dessus, de m’en aller tout de suis en pensant à remercier Hell plus tard de m’avoir permis de souffler en laissant mon autre moi prendre le dessus après l’avoir refoulé trop longtemps, mais… Mais je ne suis pas là pour ça.

Nous y voilà.
Mes doigts ornent son poignet et mon regard s’encre dans le sien alors qu’un flot de futilités se déverse de ma bouche et inonde mon cœur d’une douleur immense, immonde. Je lui dis ce que je pense et tais les plus belles choses ; alors quelque part, profondément, j’espère qu’elle saura lire en mon âme et en mon cœur, qu’elle comprendra que je ne fais ça que pour la protéger. Mais ailleurs, j’espère qu’elle se tiendra à ce que je dis, qu’elle sera offensée et me mettra à la porte en tirant un trait définitif sur moi. Après tout, elle aussi, elle n’a fait que me manipuler, n’est-ce pas ? Si quelque chose d’un peu plus saint s’est crée en elle comme ça s’est fait en moi, je la prie de bien vouloir s’en débraser. Qui suis-je pour la souiller encore plus, pour enduite de suie les plumes de ailes, blanchies par le temps, par le désespoir, par la douleur, par la fatigue ; la lassitude aura raison de tout le monde, tôt ou tard.
La sotte s’approche de moi, son regard brillant de feux de la provocation qui font jubiler mon esprit joueur et font irriter mon coté moral alors que mon corps décidé de répondre à ce-dernier, ma mâchoire se resserrant en même temps que mes doigts. Si je la menace ? Alors que son sourire se dessine sur ses lèvres qui aimantent d’emblée mon regard, je murmure dans un souffle, un peu déstabilisé par ce surplus de confiance qu’elle ne devrait absolument pas avoir en ma compagnie. Bon sang, son instinct de survie est-il de repose ce soir pour qu’elle ose provoquer l’ange-déchu ?

« Non, mais ça ne saurait tarder, Hell. À moins que tu considères ma perte comme une menace. »

Une menace qui pèse sur ton état, auquel cas, je serai flatté de savoir que je te suis indispensable.
La seconde d’après, je note sans mal que c’est définitivement mal parti pour le scénario que j’avais envisagé ; elle n’allait pas me claquer la porte au nez, n’allait pas me dire de s’en aller, refuse de se laisser atteindre comme je veux le faire et se complait à me contredire. Une vraie gamine. Un sourire orne mes lèvres avant que je m’en rende compte et je hausse les sourcils.
Comment vais-je bien pouvoir me passer d’elle, de ses répliques cinglantes, de son regard éblouissant, de cette source inépuisable de beauté et de splendeur ? Ainsi habillée d’un vulgaire t-shirt, il suffirait que mes mains atterrissent sur ses hanches pour pouvoir maquiller le toucher avec sa peau comme un simple accident dû à l’habit trop court. Et si c’est elle qui est victime des hallucinations, je suis victime de bien pire encore : je suis victime d’idylles comme celle de la savoir enlaçant mon âme, étreignant mon cœur et enserrant mon corps.
Je ferme les yeux, longuement et les rouvre sur l’objet de ma perturbation : ses doigts sur mon poignet qui m’intiment l’ordre silencieux de lui rendre une liberté nouvelle.
Elle s’éloigne un peu de moi et je respire un oxygène nouveau, semble revivre alors que je fronce le regard en levant les yeux vers le plafond par la lumière tamisé.

Elle a raison. Ce qui fait que j’ai tort. Or, en manque d’alcool, me faire comprendre que j’ai tort est une mauvaise idée. Je suis d’ordinaire calme, presque pacifiste ; les vagues de couleurs pastels que sont douceur et légèreté emplissent mon cœur, mais je reste un homme qui se met en colère et qui n’a pas besoin de ses démons pour devenir incontrôlable. Mais j’essaye d’éviter de me mettre en colère en vain car c’est là une passerelle que trop sûre pour cet autre moi qui, en mon cœur a élu domicile.
Pourquoi je décide pour elle ? Je n’ai pas le droit de le faire. Mais je le fais et continuerai à le faire s’il le faut, car elle décidément trop perturbée pour se rendre compte que je ne suis pas seulement mauvais, mais suis mauvais pour elle.
Ses mots après que sa main ait traversé ses cheveux me contredisent et je soupire d’agacement palpable ; pourquoi me contredit-elle autant, même en pensées ?
Soit, elle pense que je ne suis pas mauvais pour elle. Dans ce cas, disons que je suis mauvais pour elle à long terme. Comment je le sais ? Appelez ça un pressentiment ou une intuition, je préfère appeler ça une simple mesure de sécurité, une vulgaire précaution. Et suis-je apte à tout briser, à défier la colère de la détentrice du nom des Enfers seulement par « précaution » ?
Evidemment.
Que ne ferai-je avec la plus piètre des excuses pour toi, Hell…

De nouveau, elle s’approche de moi et, de nouveau, mon cœur cesse de battre pour se consacrer entièrement à l’écoute de cette splendide créature ; son doigt sur mon torse me soutire un sourire amusé – elle est devenue bien tactile la demoiselle.
Elle se mord la lèvre inférieure et c’est en fixant sa bouche que je l’entends me demander de lui exposer le fon de ma pensée.
Ma main glisse alors sur son menton alors que je me penche vers elle, laissant mon souffle entrecoupé trouvé sa moitié dans celui de la jeune femme ; mon regard papillonne entre le sien et ses lèvres avec le bruissement silencieux d’une créature nocturne ; mes doigts caressent sa mâchoire et remontent vers sa joue là où ma paume lui murmure toute la délicatesse du monde.

« Et de quel droit tu décides pour nous deux, en disant que ce n’est pas fini ? Tu veux que je sois franc avec toi, Hell ? Tu es peut-être ce qui m’est arrivé de mieux, mais aussi de pire ; tu me remets en question, j’apprécie et déteste ça. Tu me perturbes et je ne suis même pas fichu d’être agacé. Tu n’es pas immunisée contre le mal que je peux te faire alors… »

Je soupire longuement et me remémore sa question. À vrai dire, je ne sais pas. Ne sais pas du tout quoi lui répondre.
En quoi me rend-t-elle fou ? Parce qu’elle me donne cette envie irrépressible de céder à mes démons pour leur obéir sans plus avoir honte de ce que je suis ? Parce que si j’arrive à me libérer, je lui serai dépendant ?
Ou parce que, souvent, ses deux verres de tisane ç la verveine qui lui servent d’yeux reviennent beaucoup trop hanter mes esprits et affrontent les cristaux bleus de Midori ? Là om les iris de Hell m’intiment de me laisser assez, que tout ira bien, ceux de Midori me somment de me contrôler, que je peux le faire. Et ce que je ressens pour cette dernière est censé être fort, alors je veux éloigner l’emprise qu’à la belle Salinger sur moi en me battant contre ma nature.
Mais, chaque fois que je cède, il y a l’inclinaison suave et diaboliquement sucrée de la voix de Hell en guise de refrain et, chaque fois que je cède avec cette inclinaison suave et diaboliquement sucrée de la voix de Hell en guise de refrain, j’ai l’impression de trahir, quelque part, Midori.
Ce n’est pas cette trahison qui me perturbe, plutôt le fait que ça ne me fasse… Ni chaud ni froid. Comme si céder est devenu une priorité absolue ; et à l’abandon est étroitement reliée Hell. Alors quoi, elle devient trop importante dans une vie vide d’amis et de compagnons dont j’aurai pourtant besoin, alors je fuis ? C’est un peu ça l’idée, oui.
Je reprends sur un ton plus sec, plus tranchant :

« Alors ne soit pas égoïste. Si je te fais du mal, je me haïrai et je ne penses pas – enfin, je n’espère pas – que tu veuilles que je me remette à haïr ce monstre que je suis. »

Je glisse ma main le long de son cou, la laisse trainer sur son bras et saisis délicatement cette fois-ci son poignet pour le déposer contre mon torse, là où mon cœur bat, là où mon cœur se déchaine.

« Est-ce une réponse suffisante ? Tu vois pourquoi tu me rends fou ? Je veux être aussi loin de toi que l’est le soleil de la lune, mais aussi comme le cœur l’est de la veine qui y reliée. Tu crées en moi un paradoxe infernal et tu me pousses à accepter ce que je suis. Résultat, tu me donnes envie de céder et crois-moi quand je te dis que j’en suis désolé, mais tu ne fais pas le poids. »

Céder à mes pulsions primitives. Ce que je ne lui dis pas, c’est que parmi ces pulsions, il n’y a pas seulement la violence. Il y en a une autre, aussi vieille que l’Humanité ; et c’est ce qui m’effraie le plus, à vrai dire.
Mon visage se rapproche un peu plus de celui de Hell et mon regard est aussi doux que dru, aussi électrique qu’agréable, aussi froid que chaleureux, aussi calme qu’agité ; mes yeux expriment alors mon anxiété, ma perturbation, mon indéniable hésitation car voilà mes résolutions qui s’effritent comme se voilent les iris par les longs cils se rabattant.

« Réveille ton instinct de survie, ôte-moi ce sourire amusé ainsi que ce regard provocateur de ton visage et mets-moi à la porte parce que je ne m’en irai pas de moi-même. »

Sincèrement, si j’en avais quoi que ce soit à faire, j’aurai presque l’impression de blasphémer à ainsi mêler mon souffle au sien, à mettre en contact nos peaux, à lui parler de cette voix douce, à lui demander de s’en aller ; oui, j’aurai presque l’impression de blasphémer à ainsi jouer avec cette créature diaboliquement angélique.


Dernière édition par Azazel R. Darkwood le Ven 31 Jan - 22:00, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: ✗ Sois sage, ô ma douleur, et tiens-toi plus tranquille. ✗ Sois sage, ô ma douleur, et tiens-toi plus tranquille. EmptyVen 31 Jan - 1:39

✗ Sois sage, ô ma douleur, et tiens-toi plus tranquille. Large
AZAZEL & HELL
les cœurs meurtris de l'Enfer.

Tout avait dérapé bien trop rapidement à son goût, pour ce soir. Il venait à peine d'arriver qu'ils se retrouvaient déjà trop proches, les regards mêlés, provocateur et menaçant, les doigts chauds d'Azazel serrés autour de son poignet avec force. N'importe qui doté d'une raison pas trop bancale aurait comprit qu'il ne fallait pas pousser trop loin, arrêter de se jouer de lui, surtout en considérant le fait que ses colères étaient toutes sauf rapides et indolores. Pourtant, Hell ne pouvait dissimuler son demi-sourire, ni empêcher ses yeux de briller d'une lueur de défi. Elle aimait ainsi se confronter à lui, car il était le seul homme digne d'intérêt dans son existence à qui elle puisse se mesurer de cette façon si désinvolte, si provocatrice. Hadès attisait également son intérêt, mais il restait et resterait à jamais son maître, le roi des Enfers, et elle craignait bien trop de tomber de nouveau sous sa coupe pour se jouer de lui ainsi. Azazel représentait une certaine liberté, un idéal et, puisqu'elle était franche avec elle-même, elle devait admettre qu'elle l'appréciait. Ce qui était franchement déroutant, pour elle qui détestait s'attacher, et qui haïssait l'humanité toute entière. « Non, mais ça ne saurait tarder, Hell. À moins que tu considères ma perte comme une menace. » . Ce ne fut qu'un souffle et elle crut voir une étincelle troublée dans ses prunelles pâles. Elle rétorqua alors, amusée : « Peut-être bien, en effet. Qui sait ? ». Enfin, elle, elle savait, mais si elle ne disait jamais de mensonges, cela ne l'obligeait pas à révéler tout ce qu'elle avait en tête. Surtout lorsqu'elle souhaitait laisser planer le doute. Lui dire qu'en effet, s'il décidait de couper le lien qui les unissait, elle serait ébranlée et ne saurait pas comment réagir n'apporterait rien de bénéfique. Elle avait besoin de lui, il était sa faiblesse, et ce fait était assez intime pour qu'elle n'ait pas envie de le révéler. Pas même au concerné.

Quand elle lui répliqua sa façon d'envisager les choses, un sourire amusé flotta sur ses lèvres, rehaussant la beauté glacée de son visage, ce qui ne fit qu'alimenter encore un peu plus cette partie joueuse dissimulée sous ses airs d'hydre mal réveillée. Il la dévisagea un instant, avant de fermer les yeux, sans qu'elle ne comprenne pourquoi il se renfermait ainsi. Elle fronça les sourcils, avant de s'écarter vivement. Elle lui expliqua alors avec une désarmante honnêteté son point de vue, puis s'avança de nouveau vers lui. Sans qu'elle s'en rende compte, comme si c'était une chose naturelle, la chose à faire même, elle lui tapota le torse de son index. Jamais, ô grand jamais, elle n'avait fait ça à quiconque. C'était une grande première et elle retira ensuite sa main, un brin mal à l'aise. Certes, elle le considérait comme son égal, mais lorsque son regard d'opale glissa sur ses lèvres qu'elle mordait, songeuse, ce n'est pas le dégoût qui la fit frissonner. Autre chose. Elle n'aurait su dire. Elle ne parvenait pas à se convaincre que c'était le froid, même si elle prit conscience soudain qu'elle n'était que trop peu vêtue face à lui, plus imposant que jamais enveloppé dans sa veste en cuir noir. Elle resta figée, alors qu'elle aurait dû reculer, oubliant qu'elle était une femme, dorénavant. Elle sentit une main se poser sur son menton et le vit se rapprocher. Son cœur s'affola, comme si elle venait de recevoir un coup. Elle le sentit battre jusque sur sa langue et crut qu'il allait briser ses côtes. Mais Azazel s'arrêtât, son souffle chaud effleurant en un toucher silencieux son visage, se mêlant à sa propre respiration devenue courte. Les doigts de cet ange ténébreux glissèrent le long de la fine arrête de sa mâchoire, puis remontèrent, sa paume épousant alors sa joue claire avec une douceur qu'elle ne lui avait que trop peu remarqué. Ses yeux voltigeant de ses prunelles troublées à ses lèvres entrouvertes. « Et de quel droit tu décides pour nous deux, en disant que ce n’est pas fini ? Tu veux que je sois franc avec toi, Hell ? Tu es peut-être ce qui m’est arrivé de mieux, mais aussi de pire ; tu me remets en question, j’apprécie et déteste ça. Tu me perturbes et je ne suis même pas fichu d’être agacé. Tu n’es pas immunisée contre le mal que je peux te faire alors… » . Ce ne fut qu'un murmure entre eux et ses paupières papillonnèrent doucement, quand elle parut émerger de cet étrange climat qu'il avait instauré en se permettant une pareille proximité. Elle sentait encore la chaleur de sa paume se répandre sur sa joue et sa bouche était devenue sèche, alors que les paroles se frayaient insidieusement un chemin jusqu'à sa compréhension. Habituellement, elle aurait rétorqué quelque chose, se serait amusée qu'il reprenne sa propre formulation. Néanmoins, elle avait un peu de mal à refaire surface, elle se sentait profondément confuse et les mots qu'il lui glissait n'arrangeaient rien, gonflant ce tumulte plutôt que de l'amoindrir. Parce que ce qu'il disait reflétait ce qu'elle pensait à son propos. Il était le seul qui ait réussi à la toucher sans qu'elle panique ou ne se transforme en furie, pas seulement de la manière physique dont il venait de le faire, mais aussi en pleine poitrine. Pire encore, il l'avait touché en son âme et ça... Par les sept Enfers, ça, c'était un jeu dangereux.

« Ai-je vraiment un tel pouvoir sur toi, Azazel ? J'en doute. Tu sais, je ne suis pas une idiote. J'ai conscience que tu pourrais me briser, physiquement. Tu pourrais même me tuer. Mais, je sors de l'Enfer... crois-tu vraiment que ça me fait peur d'y retourner ? ». Les mots avaient coulé hors de sa bouche en un chuchotement un peu éraillé, comme si elle lui confiait un secret. Elle n'était peut-être pas immunisé contre lui, mais cela ne signifiait pas pour autant qu'elle devait avoir peur de lui. Elle avait baigné dans la violence, le sang, dans pire encore. Pensait-il vraiment qu'il l'effrayait en tant qu'irréel ange de la mort ? Il était plutôt un repère, une ancre, un double. Elle se sentait étroitement liée à lui, depuis leur première rencontre, et toute la volonté du monde n'y changerait rien.


« Alors ne soit pas égoïste. Si je te fais du mal, je me haïrai et je ne penses pas – enfin, je n’espère pas – que tu veuilles que je me remette à haïr ce monstre que je suis. » . Elle fronça les sourcils, arrachée à ses pensées, quand il lui fit part de cette idée d'un ton sec et elle plongea son regard au fond du sien, y fouillant une réponse sur laquelle elle n'arrivait pas à mettre main basse depuis le tout début. Il n'y avait pas que lui en jeu, il n'y avait pas que son amour-propre, elle en était persuadée. Tout en réfléchissant à la question, elle répondit mécaniquement : « Évidemment que je ne veux pas que tu te haïsses. Vivre en se détestant, c'est se contenter de survivre. Qui mériterait un sort pareil ? ». Elle sentit soudainement cette main d'homme descendre, caresser son cou avec légèreté et elle perdit le fil de ses pensées, de nouveau intérieurement agitée. Il fallait vraiment qu'il cesse de faire ça, c'était de la torture. Elle n'aimait pas ressentir ce qui lui était inconnu. Et la chair de poule qui la fit frissonner n'était pas du dégoût, assurément. Elle se serait, dans ce cas, immédiatement écartée. Automatisme simple. Finalement, sa paume longea son bras dénudé en un contact qui frôla l'indécence et il lui attrapa le poignet. Pas pour la retenir, cette fois, mais pour emmener sa propre main qu'il posa contre son torse. À l'emplacement exact de son cœur. Qu'elle entendit battre avec une furieuse frénésie sous ses doigts. « Est-ce une réponse suffisante ? Tu vois pourquoi tu me rends fou ? Je veux être aussi loin de toi que l’est le soleil de la lune, mais aussi comme le cœur l’est de la veine qui y reliée. Tu crées en moi un paradoxe infernal et tu me pousses à accepter ce que je suis. Résultat, tu me donnes envie de céder et crois-moi quand je te dis que j’en suis désolé, mais tu ne fais pas le poids. » . Elle aurait voulu retirer sa main, au lieu de quoi, elle appuya avec plus de force contre son t-shirt. Ses doigts se recourbèrent, comme si elle avait voulu aller lui chercher le cœur à mains nues, et elle fronça les sourcils. Tout cela était incompréhensible. Oui, toute cette scène était un nid de nœuds compliqués et ne pas arriver à les démêler la rendait folle. Elle secoua doucement la tête et se mordit de nouveau la lèvre inférieure, comme à chaque fois qu'elle tentait de se concentrer : « Je ne comprends pas. Pourquoi j'ai moi aussi le cœur qui bat trop vite ? Est-ce que ça veut dire que tu me rends folle comme je réussis à te rendre fou ? ». Par Zeus, elle avait beau être intelligente, cela ne signifiait pas qu'elle était une professionnelle dans le décorticage des émotions humaines. Et encore, ce qu'elle ressentait à ce moment précis était trop nouveau, trop gros, trop... monstrueux. C'était ça qui était inhumain, pas eux, juste cette chose qui faisait battre leurs cœurs trop vite.

Son visage se rapprocha encore, toujours un peu plus. Elle nota alors que ses deux orbes métalliques reflétaient une agitation palpable, que la chaleur précédait au froid, en même temps que l'orage au soleil. « Réveille ton instinct de survie, ôte-moi ce sourire amusé ainsi que ce regard provocateur et mets-moi à la porte parce que je ne m’en irai pas de moi-même. » . Ce fut cette phrase qui la ramena au sujet de sa visite tardive, qui écarta brusquement ce moment étrange. Elle retira aussitôt sa main d'un geste vif et darda sur lui un regard bien plus provocateur encore que ce qu'elle lui avait servit jusqu'ici, osant s'avancer encore plus près, jusqu'à ce que leurs deux corps ne soient plus qu'à quelques centimètres.  « Attends, ce n'est pas vraiment moi que tu essayes de convaincre, tout de même ? Non, parce que... après tout, tu n'as pas besoin de moi pour te rendre jusqu'à la porte et même si je me mettais en travers, tu n'aurais aucun mal à me déloger. Alors... quoi ? Tu voudrais que je te facilite les choses ? Que je te dise « bon vent » en hochant stupidement la tête à tout ce que tu viens de me dire ? Eh bien, je n'en ai pas envie. Je suis une égoïste de première, je veux que tu restes, alors je ne te ferais pas ce plaisir, Azazel. ». Elle serra la mâchoire et inspira profondément, reprenant soudainement son sérieux, alors qu'elle ancrait son regard au sien. « Tu ne devrais pas te haïr pour quelque chose que tu ne contrôles pas, jamais. Pourquoi blâmer une part de toi, si elle est ancrée aussi solidement que le reste ? Tu n'y peux rien, ce n'est pas comme si tu pouvais amputer un morceau de ta nature, de ce que tu es. On ne vit pas avec une moitié d'âme, voyons. Si tu luttes contre qui tu es, tu ne parviendras jamais à trouver la paix, le repos. ». Elle voulut ajouter qu'il suffisait de la regarder pour le comprendre. On lui avait volé une partie d'elle-même en la transformant en humaine, on lui avait prit toutes ses certitudes, pire encore, on les lui avait dérobé. Et maintenant, à quoi en était-elle réduite ? À cohabiter avec les morts, à se détester pour avoir écouté aveuglément tous les ordres qui l'avaient alors conduite jusqu'à sa propre perte. Le seul être par qui elle avait cru être chérie, à défaut d'être aimée, l'avait trahie. Il n'était pas venue en son aide, l'avait laissée mourir comme un animal dont on voudrait se débarrasser, sous la pluie et dans la boue. Sous la honte et dans le déshonneur total. C'était alors peut-être déplacé, inconscient, naïf, mais elle ne voulait pas que ça lui arrive aussi. Elle n'arrivait pas à s'en foutre, comme ça aurait pu être le cas avec tous les autres. Elle ajouta d'une voix plus basse, la gorge serrée face à ses souvenirs cruels : « Tu sais, j'ai regardé le Diable dans les yeux et je peux t'assurer qu'il n'est pas en toi, Azazel. Je ne te demande pas de me faire confiance, ni de me croire, parce que je sais que c'est un pari plus que risqué, mais les faits sont là. Tu es humain, un homme. Seulement, tu es unique. ». Il en avait la beauté, l'audace et la déraison, mais elle en était persuadée ; le roi des Démons ne se jouaient pas de son âme, il ne l'habitait pas. Il était lui-même et ne pourrait jamais apprendre à se contrôler s'il persistait à croire le contraire, à accepter la présence de cette haine de soi sous-jacente.

Elle serra les poings pour s'y préparer, avant de remonter ses mains qu'elle plaça maladroitement sur les joues du jeune homme. Ses paumes trouvèrent le contact délicieusement rugueux de la naissance de sa barbe et elle termina d'une voix plus haute, assurée et déterminée : « Tu te vois peut-être comme un monstre, mais moi, je vois autre chose. Je vois au-delà. Et ce que j'y trouve me plaît beaucoup. ».

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MessageSujet: Re: ✗ Sois sage, ô ma douleur, et tiens-toi plus tranquille. ✗ Sois sage, ô ma douleur, et tiens-toi plus tranquille. EmptyVen 31 Jan - 21:59

Nous fuirons sans repos ni trêves
Vers le paradis de mes rêves !


L’alcool, c’est mauvais pour la santé, embrumant vos pensées et altérant votre réflexe. Pourtant, tout le monde aime ça et, ceux qui prétendent le contraire ont soit de mauvaises expériences, soit des peurs liés aux vécus d’autres personnes. Le tabac n’a rien de bénéfique pour la santé non plus à enfumer vos poumons et à griser votre cerveau, à accrocher des nuages de nicotine à votre quotidien et à délimitant votre espace personnel. Les spots de combats, ça donne des courbatures et couvre nos peaux d’hématomes indécents, mais on trouve ça bien, amusant, attrayant.
Pourtant, mettez un être humain au bord d’une falaise et vous verrez qu’après un bref instant d’admiration et de stupeur, i les mettra à trembler des pieds à la tête, suant à grosses gouttes, craignant la mort comme les vers de terre craignent la chaussure de l’Homme. De ce fait, tout n’est qu’éternel paradoxe, un enchevêtrement d’envies se contredisant les unes les autres. Ce qui peut nous tuer à long terme, on l’apprécie là où on craint ce qui peut couper le fil de notre vie en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire.
Actuellement, je suis aussi incapable de faire du mal à Hell qu’une mue est dans l’incapacité d’inspirer l’artiste qui l’évoque, qui l’invoque ; mais le papillon de nuit est sera toujours attiré par la lumière et, tôt ou tard, je m’approcherai tellement de la jeune femme qu’à défaut que ce soit elle qui me brûle, je la réduirai à un rien insignifiant. Mais elle est d’une grandeur indescriptible, d’une beauté sans pareille, rayonnante d’une splendeur sans équivoque et talonnée par cet air diabolique qui teinte son visage de doux traits charmants et qui vient nuancer son regard de ces pétillantes lueurs de malice ; elle est trop importante pour moi et peut devenir tellement importante encore pour beaucoup de personnes pour que je prenne le risque de la ternir, d’ainsi la plumer comme un vulgaire volatile.

Elle répond à ce souffle chaud qu’est ma voix sur un ton amusé et j’arque un sourcil à son égard, me retenant de répondre un « toi » parce qu’après tout, elle, elle savait. Mais je me contente de lever les yeux au ciel avec un air faussement exaspéré, incapable de dissimuler ce sourire qui s’accroche à mes lèvres. Après tout, sa réponse voulait clairement dire que oui, elle considérait ma perte comme une menace et, bien que ça ne fait que me rendre la tâche plus dure que de savoir qu’elle tient assez à moi pour souffrir de mon départ, je ne peux cacher une légère satisfaction quant au fait qu’elle vient de très délicatement caresser mon égo dans le sens du poil.
Alors après un jeu de jambes de notre part, à se rapprocher et à s’éloigner, à flirtant avec cette distance qu’on bénit et maudit tout à tour, me revoilà de nouveau à proximité d’elle, ma main sur son menton. Mon cœur se déchaine comme se débattrait un oiseau avant la mort, comme se débattrait n’importe qui se rendant compte qu’une épée de Damoclès est suspendue au-dessus de sa tête ; mais je ne sais plus, à en voir ses prunelles, qui de son cœur ou du mien bat le plus fort, qui de son cœur ou du mien vient tambouriner à mes oreilles, qui de son cœur ou du mien est celui pour qui je me battrai jusqu’à mon dernier souffle.
Si mes doigts pianotent sur ce visage auquel sont accrochés, malgré tout ce qu’elle peut penser, des bouts d’Eden, mes mots s’en vont à la recherche de son âme dans l’espoir indécent de la rapprocher de la mienne.
J’ignore pourquoi on parle dans ce chuchotement, comme si on partageait un secret et, peut-être est-le cas ; peut-être aussi qu’on a cet espoir que si on parle doucement, on ne s’tendra pas le faire et on pensera n’avoir rien dit ; on y va doucement, en tâtant, comme pour ne pas faire mal à l’autre, comme pour ne pas se faire mal à soi-même. Elle me répond dans un nuage de douceur un amas de mots qui ne me font pas réagir. Elle ne devrait pas douter de ce pouvoir qu’elle a sûrement car elle le possède réellement. Je ne sais pas si elle n’a pas peur, je ne comprends pas sa stabilité, son assurance ; tout ce que je sais, c’est qu’elle devrait réellement me craindre car si je ne suis pas en mesure de la réexpédier en Enfer, je suis parfaitement apte de faire surgir les flammes d’Hadès et lui brûler chaque parcelle de sa chair, chauffant une quelconque barre de fer et la marquer comme une vulgaire bête que je condamnerai à l’abattoir mais que je laisserai vivre, non pas par clémence, mais par orgueil : je verrai mon œuvre déambuler dans les rues en se faisant regarder comme un monstre ou en s’enfermant chez elle en se mettant à se haïr. Et je parle au sens littéral car réellement, j’en serai capable ; je regretterai quand je serai dans mon état normal et jubilerai dès que je replongerai dans mon état second.

Elle confirme ce que je pensais sans oser m’autoriser à croire que ce n’était pas qu’une idylle que je m’étais fabriquée de toute pièce et je me mords la langue pour me retenir de lui répondre que moi, je mériterais bien ce sort mais que je ne suis sûrement pas capable de me relever d’une autre chute, d’encore me retrouver à trainer dans la boue ; je ne veux plus me haïr, mais je n’arrive pas non plus à accepter cette… Abomination que je suis.
Je me demande ce qu’elle peut ressentir lorsque je glisse mes doigts jusqu’à sa main que je dirige sur mon torse. Je finis par lui parler de ce cœur qui bat bestialement contre ma cage thoracique et aussitôt ma phrase que je vois ses doigts s’enfoncer dans mon t-shirt en se recourbant. Amusé, je lui réponds doucement :

« Tu veux t’approprier mon cœur ou seulement en maîtriser les battements affolés ? »

Je la vois ensuite secouer la tête en revenant coincer sa lèvre inférieure entre ses dents. Sa réponse, je ne m’y attends absolument pas et je me retrouve avec un air béat sur le visage, incapable de lui apporter une réponse.
Si je la rends fou ? Il m’en a fallu beaucoup pour comprendre qu’elle est la cause de mon affolement, alors combien de temps mettrai-je pour avoir une réponse concrète à lui accorder ? Ma main vient se poser sur la sienne et je hausse les épaules en guise de réponse, me promettant de tâcher de trouver quelque chose à lui rétorquer un peu plus tard, si je deviens miraculeusement plus clairvoyant.
Mon visage revient flirter avec les traits du sien et mon regard s’encre en elle avec autant de sureté que s’encre une lame magnée par un psychopathe dans le cœur d’une tierce personne. Ma phrase touche à sa fin lorsque je la vois s’éloigner brusquement, rompant brutalement le contact et… Et elle tiraille mon cœur et elle le blesse et elle le lacère et le saigne et elle en rirait presque. Pourquoi diable est-ce que ça me fait si mal de la voir s’éloigner de moi physiquement ? La provocation que je lis dans ses yeux achève de m’irriter et je recule d’un pas en arrière en prenant de grandes respirations ; c’est vraiment mauvais signe.
Alors la belle créature laisse une cascade de mots et de vérités découler de sa bouche sans trouver mon cerveau, ne faisant qu’atteindre mon cœur en lui faisant tantôt du bien, tantôt du mal. C’est avec plus de sérieux qu’elle aborde un tout autre sujet et d’une voix étrangement basse qu’elle achève cette sorte d’histoire qu’elle me raconte, sautant d’un chapitre à un autre.
Unique.
Ce mot bat à mes oreilles et achève mon âme qui s’éprend un peu plus de celle de Hell. Son assurance se transmet à moi mais ma gorge est maintenant serrée, alors je ne peux rien lui répondre – pas encore.
Je m’apprête pourtant tenter de rassembler mes forces pour lui rétorquer quelque chose mais mon attention est entièrement aimantée par ses poings qui se resserrent tandis que je fronce les sourcils. Ses mains se posent sur mes joues et malgré la maladresse de son geste, sa voix est teintée de détermination.
Mon cœur se tait, mon cœur rugit ; mon âme s’ébranle, mon âme se meurt ; mon regard s’illumine, mon regard s’éteint ; ce sentiment nouveau mais aussi ancien que mes instincts primitifs ; tout n’est que beauté paradoxale et atrocité absolue ; mais pour la première fois depuis ce qui ressemble à une éternité, je suis en harmonie avec moi-même – avec toutes les parts de moi-même.

Alors doucement, je repense à chose par chose.
Pourquoi voit-elle le bien moi ? Comment fait-elle ? A-t-elle enfilé une paire d’yeux tout de pureté concoctés ? Pourquoi me dit-elle que je suis unique, là où je ne suis qu’une pâle copie de milliards d’hommes ? Elle a trouvé en elle je ne sais quelle force ou quelle clairvoyance pour mettre ses mains sur mon visage et j’aurai adoré l’en remercier, mais me voilà plus perturbé encore.
Rien ne va. Tout va. Où Hell a-t-elle trouvé ce pouvoir ? Est-ce Perséphone qui lui a appris à ainsi dominer les sentiments des hommes ou, tout du moins, d’un seul homme ? Et ce n’est d’ailleurs pas tant le fait que je me vois comme un monstre que le fait que je sois un monstre. Un horrible et hideux monstre pour qui la belle femme prend peut-être plaisir à apprécier, car elle dit que je ne sais trop quoi en moi lui plait.
Diaboliquement délicieuse, angéliquement exquise, cette femme est l’allégorie de la perfection malicieusement satanique.

Je n’ai pas besoin d’elle pour me trainer jusqu’à la porte, n’ai pas non plus à craindre qu’elle s’oppose à moi car ma force surpasse la sienne, même si sa volonté a elle peut battre la mienne. Seulement…

« Premièrement, Hell, sache que j’ai simplement dit que je ne m’en irai pas de moi-même, car je n’ai simplement aucune envie de partir, non pas d’ici, mais loin de toi. Et c’est égoïste de rester près de toi, parce que je peux te faire du mal, alors j’aimerai que tu me demandes de m’en aller, car oui, ce sera plus facile pour moi, je pourrai justifier ma lâcheté par cette bonne conscience d’avoir agi comme tu le souhaitais. Non, tu ne me facilites absolument pas les choses comme ça, mais… Mais c’est ce qui fait de toi ce que tu es et c’est ce que j’aime tant. »

Mes mains glissent sur sa taille tandis que je rapproche doucement son bassin du mien en collant mon front au mien, humectant mes lèvres en fermant les yeux pour continuer doucement :

« Ne vis-tu pas avec une moitié d’âme, toi ? L’autre n’est-elle pas coincée sous les griffes de Cerbère ou entre les doigts d’Hadès ? La vérité, c’est que je vis avec ta moitié d’âme complèant la partie de la mienne. La vérité, c’est que tu es trop importante et que cette folie dont je te parlais est ce qui m’est arrivé de mieux, malgré tout le déchirement que mon cœur et mon âme subissent. »

Je rouvre mes yeux et cette fois-ci, mes lèvres frôlent les siennes alors que je déglutis en l’éloignant subitement de moi, reculant jusqu’à rencontrer le pied du fauteuil.
Pourquoi ai-je fais ça ? Pourquoi me suis-je ainsi rapprochée d’elle ? Pourquoi l’ai-je ainsi éloignée de moi ? Qu’est-ce qui cloche chez moi, sérieusement ?
Je lui cris littéralement dessus, cette fois-ci, mon regard brillant d’incompréhension, pas de colère.

« Je le suis, ce monstre, cette créature du diable, d’accord ? Arrête de trouver d’autres appellation à ce que je suis, à philosopher sur mon état, il ne manquerait plus que tu justifies mes faits et gestes ! Rien de tout ça ne se passe comme je l’avais prévu, pas plus la tournure de cette discussion que la tournure de… »

Ma voix se calme après que j’ai parlé de justification, se brise alors littéralement. Je me rapproche d’elle d’un pas assuré vers elle jusqu’à saisir son visage de mes mains, les glissant des deux cotés de son cou en enfonçant mon regard dans le sien.

« Pas plus que la tournure de mes sentiments à ton égard. »
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MessageSujet: Re: ✗ Sois sage, ô ma douleur, et tiens-toi plus tranquille. ✗ Sois sage, ô ma douleur, et tiens-toi plus tranquille. EmptyDim 2 Fév - 22:41

✗ Sois sage, ô ma douleur, et tiens-toi plus tranquille. Large
AZAZEL & HELL
les cœurs meurtris de l'Enfer.

Le silence était revenu dans la pièce, plus épais qu'auparavant, plus lourd que jamais il ne l'avait été. Hell aurait probablement du entendre les cris des personnes qu'elle avait damné, leurs suppliques et leurs accusations, comme à chaque fois qu'elle n'avait pas du métal qui hurlait à ses tympans. Pourtant, rien. À ses oreilles ne parvenait plus que la trouble mélopée du cœur rugissant d'Azazel. Elle pouvait presque encore sentir sur sa paume les pulsations agitées, les battements fébriles ancrés en elle, dans sa peau, dans son âme. Avait-elle réellement le pouvoir de faire battre trop fort le cœur des hommes ? Ou cela ne concernait-il que cet ange déchu aux traits d'une inhumaine beauté ? À moins qu'il ne lui ait menti, que ce ne soit pas vraiment elle. Il y avait peu de chance, elle n'y voyait aucun intérêt pour lui, toutefois, une part d'elle refusait d'y croire. Après tout, il y avait là quelque chose de terrifiant, à pouvoir ainsi contrôler le cœur de quelqu'un. Jeu aussi hasardeux que périlleux, qui impliquait des responsabilités, lui semblait-il. Et elle ne savait pas, pourquoi, soudain, elle se retrouvait aux commandes de tout ça. Il lui avait demandé d'une voix amusée : « Tu veux t’approprier mon cœur ou seulement en maîtriser les battements affolés ? » . Mais, elle n'avait pas pu lui répondre, elle n'en savait trop rien non plus de son côté. Elle avait juste souhaité entendre d'un peu plus près ces étranges battements, ou alors peut-être pouvoir les capturer pour les amener au creux de son oreille, qu'ils lui chuchotent leurs secrets. Toute retournée, elle lui avait demandé pourquoi son cœur émettait les mêmes, quelle était la raison de cet emballement soudain, quand il lui faisait don de sa présence. Il n'avait pas répondu, avait même eu l'air étonné. Visiblement, il en savait un peu plus qu'elle sur ce que signifiait ces roulements de tambours, mais... un peu effrayée par la réponse qu'il pourrait lui apporter, elle avait préféré taire ses questions. Nul doute qu'elle serait éclairée rapidement, peut-être même trop rapidement. Alors, non, il avait été muet, se contentant d'envelopper de sa paume chaude sa petite main, pâle présence sur sa tenue noire.

Intoxiquée par sa proximité, elle avait effectué un ballet de pas contrôlés, destiné à lui faire reprendre le contrôle de la situation. Qu'elle se joue de lui une nouvelle fois l'avait fait reculer d'un pas, comme s'il perdait patience, ce qui était sans doute le cas, mais sa franchise, elle, n'avait pas reculé pour autant et elle lui avait expliqué sa pensée, avec un sentiment d'urgence qu'elle peinait à comprendre. Le pire avait été de le voir froncer les sourcils, alors qu'elle posait ses mains sur son visage. Elle se sentait ridicule et s'était demandé si elle n'avait pas fait le geste de trop, celui qu'il ne supporterait pas. Pourtant, elle voulait qu'il comprenne que chaque mot prononcé par sa bouche était lavé de toutes illusions, de tous mensonges, qu'il ne restait que la vérité crue, aussi déplaisante soit-elle aux oreilles du jeune homme. Alors, elle resta, figée. Paralysée sous son regard clair, alors que tout s'agitait en son sein. Son cœur demeurait incapable de ne plus bouger, il tempêtait et déchirait la peur et l'angoisse qu'elle aurait dû ressentir. Ne restait qu'un léger malaise, parce que ce contact était beaucoup trop long, qu'elle n'arrivait pas à ressentir ce dégoût auquel elle était habituée et que sa peau était parsemée de doux frissons indéfinissables, alors qu'il lui semblait brûler de l'intérieur. Ses doigts glissèrent lentement le long de sa mâchoire, quand elle hésita à prendre du recul, mais il finit par répondre. « Premièrement, Hell, sache que j’ai simplement dit que je ne m’en irai pas de moi-même, car je n’ai simplement aucune envie de partir, non pas d’ici, mais loin de toi. Et c’est égoïste de rester près de toi, parce que je peux te faire du mal, alors j’aimerai que tu me demandes de m’en aller, car oui, ce sera plus facile pour moi, je pourrai justifier ma lâcheté par cette bonne conscience d’avoir agi comme tu le souhaitais. Non, tu ne me facilites absolument pas les choses comme ça, mais… Mais c’est ce qui fait de toi ce que tu es et c’est ce que j’aime tant. » . Si les mots la laissèrent muette, chamboulée parce qu'il tentait de la protéger et qu'elle venait seulement de le comprendre, sombre idiote, ce qui s'ensuivit la priva de toutes forces. Elle sentit les mains d'Azazel se glisser sur sa taille et il l'attira lentement à lui. Le mince tissu du t-shirt lui permit de ressentir ce toucher, comme s'il était à même sa peau. Alors, brusquement, elle se sentit effroyablement petite, enveloppée de sa présence toute de cuir et de ténèbres, et elle crut que ses jambes allaient céder sous elle. Personne ne l'avait jamais tenu ainsi. C'était à la fois terrifiant et rassurant, elle n'aurait pas pu l'expliquer. Son souffle se coupa dans sa gorge, quand il posa son front sur le sien, instaurant entre eux ce simple et infime espace où leurs souffles se rencontrèrent. Elle le vit passer la langue sur ses lèvres et elle la suivit des yeux, les sourcils froncés, électrisée. Supplice. Ses mains quittèrent le visage sculpté d'Azazel, glissant fébrilement dans ses cheveux. Ses doigts attrapèrent quelques mèches sombres, comme si s'accrocher à elles avait pu l'empêcher de tomber dans ce gouffre de sensations inconnues. En vain.

Elle le vit fermer les yeux, mais les siens refusèrent de suivre ce chemin plus sage, ses paupières relevées vers cet ange diabolique qui lui imposait une aussi exquise torture. « Ne vis-tu pas avec une moitié d’âme, toi ? L’autre n’est-elle pas coincée sous les griffes de Cerbère ou entre les doigts d’Hadès ? La vérité, c’est que je vis avec ta moitié d’âme complèant la partie de la mienne. La vérité, c’est que tu es trop importante et que cette folie dont je te parlais est ce qui m’est arrivé de mieux, malgré tout le déchirement que mon cœur et mon âme subissent. » Qu'il lise aussi aisément en elle et qu'il lui dise des choses aussi troublantes achevèrent de la paniquer. Elle refusait qu'il la connaisse aussi bien et qu'elle prenne autant d'importance en ses paroles, que son cœur feule en sa simple présence. C'était trop de responsabilités, trop de choses nouvelles, trop de questions, trop. Et la dernière fois qu''elle avait cru un homme, quand celui-ci lui avait assuré qu'elle était importante, sa confiance aveugle l'avait tout droit conduite à sa mort. Elle ne prendrait plus ce risque. Pas que la mort l'effraye, elle le lui avait déjà dit. Mais, la douleur d'une trahison, cette souffrance éprouvée quand l'être en qui on avait placé tant d'espoir vous regardait partir sans lever le petit doigt... jamais, elle ne le revivrait, jamais !

Il rouvrit brusquement les yeux et elle sentit son cœur bondir. Il ne s'approcha que de quelques millimètres, suffisamment pour réduire l'espace entre leurs lèvres, qui s'effleurèrent l'espace d'un instant. Son sang se mit à rugir dans ses tempes, elle n'entendit plus rien qu'un bourdonnement. Les yeux grands ouverts, la respiration coupée. Et brutalement, il la repoussa. Il lui offrait une échappatoire, sur laquelle elle sauta, se reculant à son tour en titubant légèrement. Ses paupières papillonnèrent, comme au réveil d'un songe, et elle s'aperçut alors seulement que ses lèvres tremblaient doucement. Contre-coup du choc. Néanmoins, elle n'eut pas le temps d'en appeler à son cynisme et à sa raison pour se tirer de ce mauvais pas. Il se mit à lui crier des mots, la voix fêlée par une note d'incompréhension. « Je le suis, ce monstre, cette créature du diable, d’accord ? Arrête de trouver d’autres appellation à ce que je suis, à philosopher sur mon état, il ne manquerait plus que tu justifies mes faits et gestes ! Rien de tout ça ne se passe comme je l’avais prévu, pas plus la tournure de cette discussion que la tournure de… » . Il s'arrêtât en pleine phrase et, avant qu'elle n'ait eu le temps de réagir, il traversa la pièce en trois enjambées puissantes, se retrouvant face à elle, ses paumes posées sur son cou, finissant alors : « Pas plus que la tournure de mes sentiments à ton égard. » . Elle réagit aussitôt, se reculant d'un pas pour échapper à son contact, alors qu'elle se mettait à répondre d'un ton vif : «  Si tu veux continuer à croire que tu n'es qu'un monstre démoniaque, eh bien, soit ! Après tout, ça ne me regarde pas, pas vrai ? ». Tout, mais ne pas songer à ce qu'il venait de dire. Tout, mais ne pas l'évoquer. Tout, pour ne pas que son crâne repense à ce mot qu'elle avait banni de sa vie, avant qu'Azazel n'arrive pour tout renverser sur son passage. Pourtant, la seconde d'après, elle s'entendait émettre un petit rire forcé, les yeux levés au ciel, reprenant : « Oh, bien sûr, à qui je vais faire croire ça ? J'ai cette impression incroyable d'être connectée à toi, donc, en réalité, je me sens concernée dès que tu entres en jeu ! Ce qui fait que je ne contrôle absolument plus rien en moi, parfait... Par les sept Enfers, j'ai l'impression d'avoir un putain de tambour à la place du cœur et c'est... » . Du sarcasme et des débris de désespoir, alors que son âme elle-même semblait palpiter en elle, trouble présence qui écorchait ses nerfs à vif. Ses lèvres laissaient les mots sortir, en même temps que ceux-ci apparaissaient dans son esprit, et elle se sentait bouillonnante, pleine d'une passion furieuse. Elle se stoppa néanmoins, passa sa main d'un geste nerveux dans ses cheveux et s'approcha de nouveau d'Azazel, le transperçant du regard. Quand elle reprit, sa voix était assurée, quoiqu'un brin tremblante. « Ah non, ce n'est pas le Diable qui habite soi-disant en toi qui me fait peur, ce n'est pas non plus toutes les tortures que tu pourrais m'infliger, ni même mon fragment d'âme un peu trop proche du tien... Non, ce sont toutes ces choses que je ressens et sur lesquelles je n'arrive pas à mettre un nom. » Ses sourcils se froncèrent et elle demanda, soudain paniquée : « Pourquoi tu me fais ça ? La torture physique ne te suffit pas ? Tu veux aller encore plus loin dans le vice ? ». Une telle faiblesse de sa part lui était insupportable et elle sentit sa voix se durcir, même si des accents de désespoir subsistèrent. « Mais, qu'est-ce que tu m'as fait ? Et ne me dis pas que tu n'y es pour rien, parce que ça n'arrive qu'en ta présence... Tout s'emballe, je ne comprends plus rien et je déteste ça ! Pourquoi moi, Azazel ? ». Elle n'aurait probablement pas dû, mais elle ne put s'en empêcher. Alors qu'elle lui demandait des comptes, elle plaqua ses paumes contre son torse et le poussa plusieurs fois. Autant essayer de bouger une statue ; elle était devenue bien trop faible pour le faire plier de force. Elle se recula alors soudainement, douchée, et attendit de sentir le mur contre son dos, avant de basculer la tête en arrière, paupières closes. Puis, ce ne fut qu'un murmure et elle peina elle-même à s'entendre, son cœur ne cessant de tambouriner sa poitrine avec des bruits sourds. « Tu as raison, ce serait mieux que tu partes. Pourtant, crois-moi, même si je le voulais, je serais bien incapable de te laisser sortir de ma vie. Et c'est de ta faute, tu n'avais pas qu'à être si... toi. ».

Bien piètre excuse, et pourtant, elle ne voyait pas comment le dire autrement. Il n'y avait qu'un seul exemplaire d'Azazel, il était unique comme elle le lui avait dit, et alors qu'elle avait évité les pièges de bien d'autres hommes avant, elle était tombée dans le sien. De plein gré. Et c'était peut-être bien ça le plus effrayant. Elle ne comprenait certes pas grand-chose de ce qui lui arrivait, savait seulement qu'entrait en jeu le mot « sentiments », ce qui était suffisant pour la faire angoisser pour toute une vie, mais... les sensations alors éprouvées en sa compagnie n'avaient rien de déplaisantes. Bien au contraire. Avec lui, elle se sentait finalement complète.

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MessageSujet: Re: ✗ Sois sage, ô ma douleur, et tiens-toi plus tranquille. ✗ Sois sage, ô ma douleur, et tiens-toi plus tranquille. EmptyLun 3 Fév - 22:02

Everything that kills me makes me feel alive


Le sourire malicieux qui se fraye un chemin jusqu’à s’accrocher à mes lèvres constamment humectées, ces petites paillettes dans les yeux, cet air décontracté… Moi-même y croirait presque. Pourtant, en parlant à la belle Hell de la raison pour laquelle ses doigts se recourbent sur mon torse, je suis tout sauf décontracté. J’aurai pu jouer la comédie en présence de cette femme, peut-être pas aisément, mais j’aurai certainement pu si, justement, ses doigts ne se retrouvaient pas si bien placés, à guetter le moindre battement de trop de mon cœur.
Mes mots me font violence ; s’approprier mon cœur ? J’en serai presque heureux qu’elle ne daigne pas me répondre, pour telle ou telle raison que je ne tente pas de trouver. Mon cœur, bien que j’aie de la peine à l’admettre, bat aujourd’hui près du sien, pour elle et n’est plus mien, pour aller s’improviser hôte de la jeune femme. En maîtriser les battements affolés ? Elle en est à l’origine, mais il me parait réellement impossible qu’elle réussisse à calmer cet organe qui pompe mon sang et semble aspirer ma vie, me réduisant à une enveloppe charnelle avec des fragments d’âmes éparpillés un peu partout.

Les vérités qui se tissent de sa bouche hurlent à mon cœur tambourinant contre mon torse à quel point elle semble croire chaque mot qui vient perturber un peu plus mon esprit de raison, qui vient altérer un peu lus ma dérision. Mais à défaut d’être aussi doux que de la soie, aussi royaux que du velours, toutes ces syllabes mélodieuses ne sont que glace sculptée en pieu : dotées d’une beauté aphrodisiaque, douloureuses, mortelles… Mais quand elles atteignent mon cœur, quand elles fondent, quand elles deviennent eau de rosée du matin parsemée de cristaux de poussière de fée et de cendre d’archange, alors j’en viens à aimer cet objet de torture, cet objet exquis.
Cette vision qu’elle a de moi m’amène à me complaire dans ma monstruosité, mais pourtant, j’entends aussi cette voix silencieuse qui me dit qu’elle tient à moi et que donc, me séparer d’elle sera violent, difficile, affreux ; autant pour elle que pour moi. Et où diable est la logique si je désire m’éloigner d’elle pour qu’elle aille mieux, même si je lui fait un peu mal au passage, si maintenant, j’apprends que je pourrai réellement la faire souffrir en m’éloignant d’elle. La vérité est que je l’entends me sous-entendre qu’elle ne veut pas que je parte et que je me demande ce que je fais. Après tout, elle ne veut pas que je m’extirpe de sa vie, que je n’ai aucune envie non plus de me retrouver mis au pied de son existence, alors pourquoi diable est-ce que je me sens si obligé de le faire ? Pourquoi suis-je égoïste, pourquoi est-ce que je ne prends pas en compte ses envies ?
Pourquoi, bon sang, est-ce qu’elle ne veut pas ressentir le besoin et l’envie de me savoir aussi loin d’elle que peut l’être l’Homme de la perfection.

Je vois l’étonnement épaissir ses doux traits et je me demande un instant ce qui peut provoquer pareille réaction. N’avait-elle pas compris que je désirais la protéger ? Sans plus y réfléchir, je me consacre à un nouvelle tâche : fondre sur place en tentant de rester concentré sur mes gestes même si je semble plus absent qu’autre chose.
Ma main s’en va épouser le creux de ses reins, ma langue glisse sur mes lèvres et se fait épier par le regard de la jeune femme tandis que sa main s’en va se perdre dans mes cheveux de jais. Je ne sais pas ce qui me prend d’ainsi réduire la distance nous séparant alors que je sais pertinemment à quel point elle n’est pas tactile ; je reste cependant étonné de ne pas la voir me repousser aussi brutalement qu’elle le peut. Je ne sais pas non plus ce qui me prend de lui parler autant, parlant d’âmes et de paradoxe, mais elle semble paniquée et je me dis que j’aurai dû me taire. Mes lèvres s’en font effleurer les siennes et ce contact me foudroie d’une clairvoyance époustouflante : je suis venu là dans le but de dire au revoir, dans l’espoir secret que j’ignorais moi-même de trouver une bonne raison de rester car si j’avais vraiment voulu m’en aller, je l’aurai fait, mais me voilà à solidifier le lien qui m’unit à Hell et à l’orner de plumes noir de l’ange déchu que je suis.

Je m’échappe de cette étreinte brutalement et la vois en faire de même et avant même de m’en rendre compte, je lui crie dessus comme j’aurai crié sur un enfant. Je me calme au fil des mots, me rapproche d’elle, pose mes mains sur son cou, achève ma phrase et… Et je me fais repousser par l’insaisissable Hell.
Elle réplique au quart de tour et si on ne parlait pas de moi, peut-être aurai-je souri, peut-être aurai-je ri ou aurai-je changé de sujet. Elle dit que ça ne la concerne pas et, à défaut de lui répliquer que ça la concerne entièrement, je lui lance un regard l’air de dire « sérieusement ? », les sourcils froncés. Son rire forcé me montre à quel point elle est mal à l’aise, à quel point j’ai été idiot car je suis à l’origine de ce malaise. Je l’entends se corriger, déverser un flot de paroles à peine compréhensibles, se perdre dans des détails futiles avant d’avouer ce qui la trouble réellement.
Son cœur. Si je devais réagir comme elle le faisait à chaque fois que mon cœur battait trop vite en sa présence, je pense qu’on n’aurait jamais eu de discussion, elle et moi. Quoi qu’il en soit, lorsqu’elle se rapproche de moi, je vois clairement à quel point je ne vais pas aimer ce qu’elle va dire. L’inflexion de sa voix no plus ne me dit rien qui vaille. Elle finit par se taire pour tout de suite reprendre, paniquée.
Qu’est-ce que je lui fais ? Aller plus loin dans le vice ? Comme si ça ne me faisait pas assez mal de savoir que je lui étais nocif, voilà qu’elle me blâmait ouvertement.
Le pire est que je ne comprends pas réellement à quoi elle fait allusion. J’ai beau me creuser les méninges pour comprendre ce qui se passe dans son esprit, je ne comprends pas. Peut-être ne pense-t-elle pas réellement tout ce qu’elle me dit ? Je me complairai volontiers dans cette hypothèse, mais voilà déjà mon cerveau voguer sur d’autres théories. Et si tout ça n’était que préambule à une demande immédiate de quitter son appartement en même temps que sa vie ? Le ferai-je ? Me plierai-je à sa volonté ? En serai-je capable ? Y survirai-je ?

« Arrête… »

Je murmure à peine, mes yeux continuant à miroiter dans les siens alors qu’elle semble bien décidée à aller au bout de son idée, sur un ton nettement plus dur, presque solennel.
Pourquoi moi.
Ces mots raisonnent dans mon esprit, encore et encore avec ce goût amer de culpabilité, cette mélodie atroce du blâme. Je me demande alors si elle me déteste car, en ce moment, je me déteste ; car à ce moment, j’apprends ce qu’est la haine et la dirige vers la seule personne à blâmer, comme l’a si bien soulignée la jeune femme : moi.
Je le sais pourtant. Je le savais bien avant elle, suis venu pour parler de cela… Oui, je savais et sais parfaitement à quel point je suis mauvais pour elle, mauvais tout court, mais est-elle obligée de me le dire de différentes façons, encore et encore ?
C’est dans un murmure suppliant que je m’adresse à elle :

« S’il te plait, Hell… »

Lorsque je prononce son prénom, en même temps que ses mains se plaquent sur mon torse, je sens quelque chose en moi céder.
Je suis incapable de lui reprocher de me blâmer, incapable de lui en vouloir pour cela alors que j’aimerai vraiment pouvoir lui faire regretter chaque mot envenimé qu’elle ose pointer contre moi. Pourtant, nulle colère n’assombrit mon regard, seulement un air très sincèrement désolé.
Ses mains tapent contre mon torse et je baisse les yeux sur elle en coinçant en serrant la mâchoire tout en enfonçant mes ongles dans les paumes de mes mains.
Elle recule soudain, jusqu’au mur jusqu’à la voir fermer les yeux en laissant d’autres mots glisser d’entre ses lèvres. Lèvres que je fixe malgré moi avant de me forcer, non sans mal, à détourner les yeux sur n’importe quel autre détail de la pièce qui s’est avéré être le canapé. Sans bouger de ne serait-ce qu’un iota, je darde un regard clairement agacé sur Hell.

« Pour tout ce mal que je te fais, pour ce pseudo-vice que je pousse trop loin, pour ce que tu dis être de la torture… Pour toutes ces choses diaboliques que je semble te faire subir, je te garantie que je suis désolé. Mais écoute-moi bien, Hell… »

Je m’approche d’elle en quelques enjambées rapides et coince brutalement ses poignets entre mes doigts alors que je lève ses bras au-dessus de sa tête que je plaque contre le mur en approchant mon visage du sien de cet air menaçant que je n’ai jamais pris alors que mon autre personnalité, la plus sombre, n'est pas à l’appel.
Mon regard se durcit encore et je me sens faiblir sous mes impulsions, me faire abattre par cet autre moi qui, pour la première fois, s’insinuer calmement dans mon esprit, assez pour que je puisse continuer réellement être moi-même un instant.
Ne vais-je pas regretter ce que je m’apprête à lui dire ? Après tout, je m’apprête à lui interdire quelque chose, à elle, elle la fugitive d’une prison effroyable : celle-ci même aux barreaux invisibles qui vous prive de liberté. Mais soit, si je suis incapable d’être réellement en colère contre elle, je reste humain – et c’est moi qui dis cela – et je ne saurai tolérer son comportement. Me dire mes quatre vérités, j’accepte, mais il y a l’art et la manière. Et manière qu’elle ne semble décidément pas posséder.

« Je t’interdis d’être aussi lâche, aussi faible, aussi… Aussi gamine. D’accord, j’ai compris, je te fais du mal, même quand je me tue à faire les choses bien, je ne suis qu’un imbécile incompétent, mais dans ce cas, pourquoi dis-tu que tu ne pourrais pas me laisser sortir de ta vie ? Tu penses être la seule victime de ces émotions nouvelles que tu ne reconnais pas, que tu ne connais peut-être pas, qui te terrorisent ? Tu crois que moi, je comprends pourquoi je sens mon cœur s’acharner, que je comprends pourquoi je t’ai soudainement prise contre moi, pourquoi mes lèvres se sont retrouvées si proches des tiennes ? Hien, tu crois queje comprends ? Réponds Hell ! »

Je lui crie littéralement dessus, affaibli par tout cela, anéanti par cette discussion, accablé, épuisé, vidé de bon sens, empli d’émotions que je ne reconnais pas.

« Est-ce que tu crois vraiment que je comprends pourquoi je regrette mon geste ? Non, pas celui d’avoir initié un contact entre nos lèvres, ne te méprends pas, mais celui de ne pas être allé au bout de ce que je voulais faire en t’éloignant brusquement de moi. Est-ce tu es assez bête pour penser que je comprends pourquoi je me bats contre cet autre moi, juste pour ne pas te faire de mal plus que ce que je fais déjà alors qu’en présence de n’importe qui d’autre, n’importe qui, j’aurai déjà cédé ? »

Je la relâche subitement et laisse glisser mes yeux sur ses poignets rougis ; sous des couches de honte, je me mets à trembler de tous mes membres.
Mes prunelles tombent sur son visage, s’accrochent à son regard tandis que mes yeux laissent transpirer toute ma gêne, toutes mes excuses face à ce geste impulsif. Si je suis violent dans mon état normal, je refuse complètement de laisser cet autre moi prendre le dessus.
Pas ce soir. Pas avec Hell.
Ma voix s’adoucit en même temps que mon regard alors qu’à mon tour, je passe aux aveux.

« Je ne comprends rien non plus et je déteste cette sensation. Je ne comprends pas pourquoi je me sens si nerveux en ta présence, si tendu, si… Si bien. Mais le pire, c’est que je n’ai jamais eu une envie si irrépressible, je n’ai jamais ressenti un besoin si vif que ce soir. »

Je me tais. Une seconde. Pas plus.

« Je meurs d’envie de t’embrasser, Hell. »
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MessageSujet: Re: ✗ Sois sage, ô ma douleur, et tiens-toi plus tranquille. ✗ Sois sage, ô ma douleur, et tiens-toi plus tranquille. EmptyMar 4 Fév - 21:53

✗ Sois sage, ô ma douleur, et tiens-toi plus tranquille. Large
AZAZEL & HELL
les cœurs meurtris de l'Enfer.

Les mots avaient coulé d'entre ses lèvres, imprégnés de poison. Elle n'en avait jamais vraiment eu l'intention, n'y avait même pas songé un instant, mais elle avait fait ce qu'elle avait l'habitude de faire, dès que le contrôle d'une situation lui échappait, dès qu'elle était prise de panique ; elle avait attaqué la première, avant de recevoir les coups, elle avait frappé là où ça faisait mal. Et déjà sa gorge se serrait, nouée de culpabilité et d'horreur de soi. Elle entendait encore résonner au creux de ses oreilles ses murmures voilés, suppliques semblables à des uppercuts en plein ventre.  « Arrête… » .« S’il te plait, Hell… » . Elle avait continué, incapable de renoncer à sa carapace, terrifiée à l'idée de laisser tomber son masque. Avec ce dégoût amer, dirigée vers sa propre personne, qui la faisait trembler toute entière. Elle lui avait toujours dit, elle ne le considérait pas comme quelqu'un de mauvais, elle ne le jugeait pas. Oui, c'est ce qu'elle avait toujours essayé de lui faire comprendre depuis leur rencontre et elle le lui avait encore fait savoir, il y a peu. Unique. Toutefois, sa foutue angoisse, les peurs qu'elle avait travaillé sous la surface, venaient d'anéantir tout son travail, tous ses mots. Elle le voyait à ce regard qu'il portait sur elle, torturé par un éclat désolé, alors qu'il aurait dû s'énerver, devenir cet être violent qui lui aurait fait ravalé ses paroles. Parce que, clairement, elle l'aurait mérité. Mais non. Ce qui était encore plus terrible. Cela démontrait qu'elle ne l'avait pas simplement touché de manière superficielle.

« Pour tout ce mal que je te fais, pour ce pseudo-vice que je pousse trop loin, pour ce que tu dis être de la torture… Pour toutes ces choses diaboliques que je semble te faire subir, je te garantie que je suis désolé. Mais écoute-moi bien, Hell… » . Honteuse, elle détourna le regard du sien qui la transperçait et voulut répondre, mais n'en eut pas le temps. Il la rejoignit d'un pas rapide et la bloqua contre le mur, attrapant ses poignets pour les plaquer au-dessus de sa tête. Trop proche. Il dégageait une chaleur qui venait se loger comme une écharpe autour de son cœur et ses prunelles sévères la vrillaient avec dureté, mais il abordait une attitude qu'elle comprenait un peu mieux. Elle l'avait provoquée et s'il décidait de lui porter préjudice pour ça, elle comprendrait. C'était plus logique que des excuses, plus familier. De la violence brute, des actes, plus de mots, ni de calme douleur. Alors, elle ne chercha pas à se défaire. Pourtant, il lui refusa les coups et l'attaqua comme elle l'avait fait ; encore avec de simples mots.  « Je t’interdis d’être aussi lâche, aussi faible, aussi… Aussi gamine. D’accord, j’ai compris, je te fais du mal, même quand je me tue à faire les choses bien, je ne suis qu’un imbécile incompétent, mais dans ce cas, pourquoi dis-tu que tu ne pourrais pas me laisser sortir de ta vie ? Tu penses être la seule victime de ces émotions nouvelles que tu ne reconnais pas, que tu ne connais peut-être pas, qui te terrorisent ? Tu crois que moi, je comprends pourquoi je sens mon cœur s’acharner, que je comprends pourquoi je t’ai soudainement prise contre moi, pourquoi mes lèvres se sont retrouvées si proches des tiennes ? Hien, tu crois queje comprends ? Réponds Hell ! » . Minable, elle se sentit minable. Et égoïste en plus d'être lâche, faible et gamine, comme il venait si bien de le souligner. Elle s'était accrochée à la peur, la seule émotion qu'elle parvenait à reconnaître dans ce magma de choses inconnues qu'il avait fait naître en son sein, elle avait choisit la facilité. Comme toujours. Renoncer, reculer face à un événement qu'elle n'avait pas prévu et face auquel elle ne savait pas comment réagir. Parce qu'elle commençait à trembler, dès que le futur lui apparaissait différent, un peu trop troublé. Mais pire encore que sa couardise, son égocentrisme accentué ; elle n'avait pas songé un instant que lui aussi pouvait se trouver perdu. Pourquoi avait-elle aussitôt pensé qu'il devait déjà connaître tout ça ? Peut-être parce qu'il réussissait mieux le change que lui, qu'il l'avait dupé avec ses airs d'ange confiant. Peut-être parce qu'elle refusait d'avoir le pouvoir de faire battre son cœur comme il le lui faisait.

Et il avait fallu qu'il se mette à lui hurler dessus pour que son aveuglement se dissipe quelque peu. Son orgueil souffrait terriblement et sa fierté rêvait de lui rendre coups-pour-coups. Sa raison se décida néanmoins de plier. Elle avait déjà été suffisamment dure et, visiblement, elle l'avait touchée au-delà de ce qu'elle aurait pu imaginer. Il était temps de courber l'échine, même si son instinct de sauvegarde se rebellait à cette simple idée. Maudite soit-elle, avec tous ses paradoxes qui servaient de points de coutures à son âme. « Est-ce que tu crois vraiment que je comprends pourquoi je regrette mon geste ? Non, pas celui d’avoir initié un contact entre nos lèvres, ne te méprends pas, mais celui de ne pas être allé au bout de ce que je voulais faire en t’éloignant brusquement de moi. Est-ce tu es assez bête pour penser que je comprends pourquoi je me bats contre cet autre moi, juste pour ne pas te faire de mal plus que ce que je fais déjà alors qu’en présence de n’importe qui d’autre, n’importe qui, j’aurai déjà cédé ? » . Par Zeus... avec les mots qu'il prononçait... comment ne pouvait-il pas comprendre ce qu'elle voyait en lui ? Alors même qu'elle l'incitait à s'accepter, il se battait pour la protéger. Ses paupières se froissèrent plusieurs fois pour chasser le voile trouble qui venait de gonfler pendant qu'il lui parlait et elle détourna le visage pour ne pas qu'il la voit. Il relâcha alors brusquement ses poignets et elle laissa retomber doucement ses bras le long de ses hanches. Ce n'est que lorsque la pression fut relâchée et qu'elle nota les marbrures rougies qui s'étiraient sur sa peau pâle qu'elle comprit à quel point il avait enfoncé ses doigts en une étreinte furieuse dans sa chair. Elle ne chercha pas à masser ses avants-bras endoloris, n'y porta qu'une vague attention, relevant ses yeux pour les ancrer aux siens, coupables. Elle aurait désiré dire quelque chose, faire un geste, mais elle ne savait pas ce qui serait nécessaire pour amadouer cette culpabilité.

Avec surprise, elle l'entendit reprendre d'une voix plus douce : « Je ne comprends rien non plus et je déteste cette sensation. Je ne comprends pas pourquoi je me sens si nerveux en ta présence, si tendu, si… Si bien. Mais le pire, c’est que je n’ai jamais eu une envie si irrépressible, je n’ai jamais ressenti un besoin si vif que ce soir. » . Elle fronça les sourcils et pencha légèrement la tête, interrogation muette. « Je meurs d’envie de t’embrasser, Hell. » . Impact. Il y eut un raté dans sa poitrine. Comme si un boulet de démolition venait de heurter son cœur. À l'intérieur, un véritable manège à sensations, les montagnes russes les plus hautes du monde et un concert de percutions réunis. Jeter une allumette sur un bidon d'essence n'aurait pas eu plus d'effet. Elle sentit tout son être s'embraser à cette simple évidence et la fumée du désir remplaça l'air dans ses poumons. Désir, non pas dégoût. Oui, voilà. Pour la première fois, elle désirait quelqu'un. Et pas n'importe qui. Azazel.  Mettre un nom sur les frissons qui l'agitaient et son souffle coupé la rassura un peu. Elle en avait déjà entendu parler et ses prunelles pâles errèrent sur les courbes tentantes des lèvres du jeune homme, sans qu'elle n'en ait vraiment conscience. « Je n'ai jamais embrassé personne. ». Elle cilla et, quand elle se rendit compte de ce qu'elle venait d'avouer, elle releva la tête, ajoutant maladroitement : « Et je t'interdis de te moquer de moi, Azazel. ». Elle baissa de nouveau les yeux, incapable de soutenir son regard, alors qu'elle continuait, comme pour se justifier de cette lacune : « Tu parles de monstre... oui, eh bien, j'en ai toujours été un, moi. Au sens propre. J'ai été élevée pour tuer, alors... je ne sais pas comment faire et je n'en avais même jamais eu envie jusqu'à ce jour. Embrasser, je veux dire. Bon sang, je ne veux pas faire n'importe quoi et je me sens déjà assez stupide ... ». A nouveau, elle affronta ses saphirs clairs et se mordit la lèvre, avant de s'excuser à mi-mots : « Je n'aurais pas dû te dire tout ça, ni même te frapper, c'est juste que... la dernière fois que quelqu'un m'a dit de telles choses, et ce n'était encore rien comparé à ce que tu viens de m'annoncer, mais... la dernière fois, j'y ai cru et j'ai perdu la vie. Quand il m'a vu tomber, il s'est juste détourné. Je ne veux pas être rien aux yeux de quelqu'un qui est trop important pour moi. Pas encore. ». Elle aurait dû lui dire qu'elle était désolée, versé même une larmes ou deux, mais elle se sentait déjà bien assez vulnérable comme ça. Lui raconter sa pensée lui coûtait. Et ce qui venait ensuite était pire. Un acte de faiblesse. Pour lequel on l'aurait supprimée sans hésitation dans son autre vie. Elle baissa la tête pour venir poser son front contre son torse et murmura : « J'ai peur, voilà, c'est dit. Ce que je ressens est si bon que j'ai la désagréable impression que ça ne peut que mal tourner. Et puis, ce que je ressens te donne une telle emprise sur moi... J'ai passé ma vie entière à essayer d'éviter ça et tu as soufflé toutes mes défenses comme tu l'aurais fait avec un château de cartes, en quelques secondes seulement. C'est vraiment effrayant, tu t'en rends compte ? ». Elle inspira profondément et releva le visage, postant son regard sur un point invisible par-dessus son épaule. « Tout ça pour dire que je suis désolée d'être cette garce au cœur ankylosé. J'aimerais pouvoir t'offrir une autre moi. ». Et elle était sincère. Si elle avait pu être une fille normale, adorable, avec toujours les mots justes, elle ne se serait pas posé de questions, aurait juste profité de sa présence, comme elle le souhaitait. Mais le destin lui avait visiblement réservé un autre sort. Celui d'une fille qui se haïssait pour ce qu'elle avait été et ce qu'elle était devenue.

Ses yeux papillonnèrent jusqu'au visage de cet ange sombre et un sourire teinté d'amertume releva le coin de ses lèvres. « Mais, puisqu'il n'y a que moi en rayon et que tu sembles continuer à t'en satisfaire, je ne sais trop pour quelle raison... ». Ses doigts tremblaient, quand elle leva une main, qu'elle glissa dans sa nuque, puis se recula pour que la courbure de son dos épouse la raideur du mur, l'attirant à elle. Elle était persuadée qu'il entendait son cœur battre à tout rompre et qu'il pouvait voir à travers ses fines veines bleutées son sang bouillir. Peur et désir. Elle approcha ses lèvres ourlées de son oreille, entièrement engourdie, hissée sur la pointe des pieds pour alors lui glisser d'une voix enrouée : « Embrasse-moi, Azazel. ».

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MessageSujet: Re: ✗ Sois sage, ô ma douleur, et tiens-toi plus tranquille. ✗ Sois sage, ô ma douleur, et tiens-toi plus tranquille. EmptyJeu 6 Fév - 23:48

A kiss that is never tasted, is forever and ever wasted.


Tiraillé entre un nuage de colère passagère et un profond sentiment de culpabilité, je ne sais absolument pas par quelle force je réussis à garder mon regard sur le visage de la jeune femme. Mais ça ne m’étonne pas plus que cela ; ses traits angéliquement diaboliques et ce regard aimanté à la couleur attractive ne pouvait qu’accaparer toute mon attention, m’obliger à ne garder les yeux de mon visage ainsi que ceux de mon cœur dirigés sur Hell.
Je ne sais pas. Je ne sais pas ce que je ressens pour elle et découvre une nouvelle douleur : celle de l’ignorance. Je suis perdu et c’est à peine si j’arrive à me l’admettre ; il va alors de soi que je n’arrive pas réellement à en parler avec elle. Comment le pourrai-je ? Elle qui a donné un tout nouveau rythme à mon cœur, elle qui étreint mon cœur d’une poigne de fer et qui possède toutes les armes pour me détruire sans toutefois le savoir, elle qui pourrait faire de moi ce doux agneaux ou ce monstre sanguinaire, elle qui, dotée de maladresse innocente, dirige ces fils rattachés à ma vie, à mon devenir.
Pourquoi ? Pourquoi est-ce qu’elle a prétendu tenir à moi, pourquoi est-ce qu’elle a refusé obstinément que je sorte de sa vie, pourquoi est-ce qu’elle m’a dit toutes ces belles choses – justement trop belles pour que j’y crois – et que maintenant, elle me faisait tout ce mal ? Pourquoi ne s’arrêtait-elle alors que le ton de ma voix était suppliant, alors que je ne saurai me montrer plus persuasif ? J’aurai pu m’attendre à cela de la part d’une quelconque autre personne ; et je n’aurai certainement pas réagi ou me serai laisser abuser par cet autre moi qui m’aurait dès lors submergé – mais pas avec elle. Ses mots me reviennent en mémoires, lancinants, douloureux, me poussant vers un gouffre d’agonie dans lequel je plonge sans que je n’y sois préparé. Je ne sais pas si elle pense tout ce qu’elle dit, ne cherche pas même à le savoir ; je me sens trop mal, trop troublé par ce désarmement, par ce manque de contrôle de situation.

Premier point sombre dans mon esprit : je n’arrive pas à lui en vouloir assez. Pourtant, je devrai. Après tout, qui était-elle pour oser me faire autant de mal ? Qui était-elle pour me couvrir de mots suaves pour ensuite me verser de l’acide sur le cœur, m’écorchant l’âme en la condamnant aux abysses ténébreuses des Enfers ? Elle était… Elle. Et ce elle devenait trop imposant, trop incommensurable ; trop beau, trop réel, trop chimère ; tellement paradoxal.
La deuxième chose qui ne parvenait pas à me faire trouver une lucidité ne serait-ce que partielle était le fait que je me voyais obsédé littéralement par cette femme. Je repense, un quart de seconde de trop, à Midori. J’avais pensé l’aimer. Ou plutôt, je l’aime, c’est certain. Mais en suis-je amoureux ? J’y vois là une grande différence et, à vrai dire, la réponse me parait maintenant si évidente et si inattendue que j’en demeure estomaqué.
J’ai l’impression de la redécouvrir ; ses traits, ses courbes, sa personnalité, son cœur, son âme ; elle.
Les yeux de cette ténébreuse muse se dérobaient aux miens, encore et encore et je n’eus pas réellement le temps de me demander pourquoi que je la rejoins pour la bloquer brutalement contre le mur. Je m’en veux déjà de cette pression que j’applique sur ses poignets, mais je ne m’empêche pas de lui dire ce que je pense, incapable de la laisser penser qu’elle est la seule à ne plus pouvoir émerger d’un flot de sentiments nouveaux – certes, nouveaux, mais qu’elle reconnait, j’en suis certain, sans qu’elle na parvienne justement à les accepter, à les comprends, à savoir pourquoi elle les ressent, pourquoi elle, pourquoi… Pourquoi moi. Et à cette dernière question, je ne saurai trouver de réponses ; pas moi le fou de brutalité inondé, pas moi le damné, le fugitif des Enfers, la créature des plus vils Dieux que l’Univers ait pu connaitre.

Son regard s’ouvrait à moi et se refermait dès que j’avais réussi à mettre le doigt sur une émotion ; me faisant balayer à chaque essai par le cyclone que créaient ses cils en se rabaissant sur ses prunelles, je revenais à l’attaque, en quête de n’importe quoi qui m’aiguillerait, qui m’aiderait à être à peu près certain qu’on est perdus, certes, mais au même endroit.
Tout ce que je réussis à saisir avec fermeté fut son air interrogatif juste avant que je lui déclare que je mourrais littéralement d’envie de l’embrasser, ma voix devenant rauque à la prononciation de son prénom. À cet instant, quelque chose en moi lâcha et un je ne sais trop quoi dans l’atmosphère disparut pour y laisser planer un peu plus de légèreté à laquelle étaient accrochés des myriades de paillettes d’ailes de fées.
Son regard s’en va glisser jusqu’à mes lèvres et je fronce les sourcils, amusé par la perspective que cette envie que je viens de partager avec elle réussisse à élire domicile en son esprit.

J’aurai peut-être dû l’embrasser, tout compte fait. Mais je sais que je n’aurai certainement pas apprécié de me faire rejeter ; en outre, je n’avais pas la confirmation qu’elle me laisserait faire, voire qu’elle le voudrait, car prise de surprise, peut-être qu’elle n’aurait pas pensé à abattre ces griffes sur mon visage.
Elle m’avoue n’avoir jamais embrassé personne et j’ouvre la bouche pour dire quelque chose avant qu’elle ne m’interrompe brusquement en relevant le visage vers moi, m’interdisant de me moquer. Je laisse échapper quelques mots sur un air parfaitement innocent :

« Loin de moi cette intention, voyons. »

Seulement que je ne comprends pas qu’elle n’ait jamais embrassé personne. Vraiment pas.
Elle reprend la parole et j’ai l’impression qu’elle aurait préféré se taire, car elle s’emmêle entre ces syllabes mélodieuses et se perd en chemin tandis que je cligne des yeux en penchant la tête sur le coté, lui souriant doucement, comment pour l’inciter à aller au bout de ses idées, comme pour déployer mes ailes noires d’ange déchu autour d’elle et de faire naitre une aura rassurante ; une créature du Diable se complait dans les ténèbres après tout, n’est-ce pas ?
Elle dit n’avoir jamais ressenti ce besoin et j’en viens à me dire que tout compte fait, moi non plus. Je le faisais parce que je le pouvais, parce que je voulais beaucoup plus et que comme préambule à quelque relation charnelle, rien de tel qu’un baiser ; j’avais désiré des femmes, mais jamais eu envie de les embrasser simplement pour connaitre le goût de leurs lèvres, pour tester mon cœur et le narguer ensuite en lui disant qu’il ne pouvait s’échapper de ma cage thoracique, qu’importe la vitesse que ses battements pouvaient atteindre.
Ses yeux retrouvent la pâleur des miens et elle se mordit la lèvre, réussissant à me déconcentrer un instant. Ses mots se tressent jusqu’à mon cœur et je semble convoquer ma mémoire, ayant reclus cette partie de la soirée où je la disputais littéralement dans un des coins les plus reculés de mon esprit. Mon index droit frôle son visage et un sourire relève mes lèvres :

« Disons qu’on est quittes avec les rougeurs que tu as sur les poignets. Hell, regarde-moi, est-ce que tu penses que je pourrai te tourner le dos en sachant pertinemment que tu te vides de ton sang et de ton âme derrière moi ? Non, plutôt, est-ce que tu penses que je pourrais te tourner le dos tout court ? Je ne suis pas le gentil, ne suis pas le héros, seulement quelqu’un qui, sans te demander d’y croire, te promet que quoi qu’il advienne dans les jours à venir, dans les minutes à venir, ne pourra se résigner à ne serait-ce que cligner des yeux trop longtemps pour pouvoir t’observer le plus longtemps possible. »

Je préfère reléguer ce sentiment de colère envers cette personne dont elle parle, faisant taire cette naissance de jalousie agaçante.
Elle baisse sa tête et son front rencontre mon front tandis que, presque instinctivement, je glisse une main dans ses cheveux que je caresse lentement. Tout ce qu’elle me dit semble tout droit sortir du plus profond de mon âme et que je regarde un pan de mur en fronçant les sourcils ; si bon que ça ne peut que mal tourner. Elle a cet esprit non pas pessimiste mais littéralement fataliste que je possède également et ne saurai donc lui dire que tout se passera bien – c’est une des phrases que je déteste le plus car, après tout, qu’en sais-je de ce qui va se passer ?
Elle relève le visage et alors que j’observe la courbe de ses lèvres qui remuent, elle ne m’observe pas. Réussissant à e soutirer un léger rire, j’applique une pression légère sur son menton pour l’inciter à me regarder.

« Question de point de vue ; cette garce au cœur ankylosé, je la vois comme une survivante au cœur barricadé. »

Un sourire. Enfin un sourire. Bien qu’aux couleurs ternes, aux arômes amères, c’est un sourire dont je me satisfais pour le moment alors qu’elle continue sur son idée première de garce au cœur ankylosé. Elle laisse sa phrase en suspens et je ne la presse que du regard qui vire vers de l’incompréhension lorsque je sens ses doigts tremblants glisser jusqu’à ma nuque en reculant, m’amenant à elle.
Je pourrai vous décrire les palpitations de mon cœur, mais je ne trouve rien d’assez rapide et, combien même, ce ne serait que vulgaire euphémisme.
Elle se hisse sur la pointe des pieds, glisser ses lèvres veloutées jusqu’à mon oreille et y laisse glisser une demande que je ne me serai pas même permis d’imaginer tant elle relève de l’inattendu, de… De la beauté mystique.

Mon visage se retrouve face au sien tandis que je glisse une main sur son cou, glissant mes doigts jusqu’à son visage que je caresse lentement dans un simple frôlement ; je rencontre ses cheveux que je fais glisser entre mon index et mon majeur avant que ceux-ci n’aillent découvrir les parcelles de peau de son cou. Mes lèvres vont retrouver mes doigts pour entièrement les remplacer sur ledit cou dénudé que je parcoure lentement en une salve de baisers avant de reculer juste assez pour qu’elle puisse sentir mon souffle saccadé, entravé par se demande inopportune, s’abattre avec rudesse sur elle. Mon front cherche et trouve le sien et mon regard s’emmêle au sien avant que je n’aille glisser mes deux mains sur son cou, mes doigts se cramponnant à son visage que je caresse encore avant d’aller appliquer une douce pression de mes lèvres sur les siennes, lui faisant relever le visage juste assez pour coincer sa lèvre supérieur entre les miennes.
Embrasement de sens ; là où les yeux deviennent inutile, la vue de l’âme est en ébullition ; là où les oreilles sont accablés par le bruit assourdissant d’un cœur battant, celles de l’être écoutent chaque bruit que peuvent produire nos lèvres unies ; là où l’odorat est conquis et subjugué par le parfum d’un désir consumé, d’un baiser partagé, d’une douceur croquée,  le toucher et le goût en sont à leurs paroxysmes. Ces deux derniers sens sont ceux qui occupent les places privilégiées.
Je découvre le goût de la liqueur des lèvres d’une créature née des flammes de l’Enfer et éduquées par les lamentations des fleuves du monde souterrain d’Hadès.

Je m’éloigne lentement, mes yeux s’ouvrent sur les lèvres de la jeune femme alors que je m’humecte les lèvres, gardant en bouche cette nouvelle saveur que je viens de découvrir et  laquelle je risque devenir accro.
Je relève le regard vers elle et laisse en mes yeux transparaitre non pas la satisfaction, non pas le désir, mais un sentiment plus profond, plus fort ; je la laisse découvrir d’elle-même que ce n’est pas seulement son corps que je désire, mais son être toute entière que je veux découvrir, que je veux apprendre à… Aimer.

« Et maintenant, ma belle, tu peux te vanter d’avoir partagé ton premier baiser avec le plus canon de la ville, le plus désiré, le plus… »

Je m’arrête et ris doucement en déglutissant, incapable de parler de choses futiles plus longtemps.

« La vérité, Hell, c’est que c’est moi qui devrait me vanter d’avoir embrassé une femme comme toi. Tu es la première, la seule que j’ai voulu embrasser sans autre idée tordue derrière la tête : juste t’embrasser, explorer ton cœur, tester les limites du mien qui est dément. Je peux… »

Sans achever ma phrase, je saisis son menton entre mes doigts et revient trouver ses lèvres des miennes en un long et délicat baiser.
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MessageSujet: Re: ✗ Sois sage, ô ma douleur, et tiens-toi plus tranquille. ✗ Sois sage, ô ma douleur, et tiens-toi plus tranquille. EmptyMer 19 Fév - 23:03

✗ Sois sage, ô ma douleur, et tiens-toi plus tranquille. Large
AZAZEL & HELL
les cœurs meurtris de l'Enfer.

Dans les croyances, Azazel est le rebelle, celui qui trône parmi les déchus, l'ange noirci au charbon des pêchés qui excelle dans l'art de faire céder les autres à leurs passions. Il est le danger, la force brute et l'esprit subtil, l'audace insolente et le plaisir vif. Et l'homme enveloppé de ténèbres qui faisait face à Hell était bien l'incarnation même de ce personnage aussi fascinant qu'inquiétant. Quand il entrait dans la danse osée de leur relation étrange, le monde entier glissait dans un paradoxe irraisonnable. Approche-toi, que je m'accroche à toi, comme si je voulais mourir ce soir, comme si je voulais vivre à tes côtés jusqu'à jamais. Panique sourde, peur insidieuse, tapantes dans son crâne endolori. Pourtant, lorsqu'elle lui avoua le plus intime de ses secrets, ce ne furent pas ses émotions négatives qui prirent le dessus. Dans sa poitrine, palpitations cardiaques. Dans sa tête, la Nouvelle-Orléans après le passage de l'ouragan Katrina. Dans le chaud creux de son ventre, un bocal de papillons enragés aux ailes enflammés qui se serait déversé après l'envie du jeune homme dévoilée. Il n'y avait pas de mots, ou elle ne les connaissait pas. Et même si elle les avait eu à portée de mains, elle doutait qu'il y en ait eu un assez fort, assez écrasant et enivrant, pour décrire ce qu'elle ressentait à cet instant précis. Ses aveux lui brûlaient la langue, pourtant Azazel avait ce petit quelque chose de réconfortant, qui la poussait à continuer, apaisant de son regard céruléen la chaleur étouffante qui enflait dans ses poumons glacés d'inquiétude. Il avait simplement lâché : « Loin de moi cette intention, voyons. » , avec une voix douce, un brin trop faussement naïve pour qu'elle y croit, avant qu'il ne penche la tête, comme curieux. Elle n'avait jamais vu les traits de son visage aussi détendus, même s'il dégageait toujours cette noirceur exquise. Il finit par lui répondre, quand elle évoqua le moment où elle s'était laissée aller, glissant sur sa joue une caresse qui précéda à de curieux frissons. « Disons qu’on est quittes avec les rougeurs que tu as sur les poignets. Hell, regarde-moi, est-ce que tu penses que je pourrai te tourner le dos en sachant pertinemment que tu te vides de ton sang et de ton âme derrière moi ? Non, plutôt, est-ce que tu penses que je pourrais te tourner le dos tout court ? Je ne suis pas le gentil, ne suis pas le héros, seulement quelqu’un qui, sans te demander d’y croire, te promet que quoi qu’il advienne dans les jours à venir, dans les minutes à venir, ne pourra se résigner à ne serait-ce que cligner des yeux trop longtemps pour pouvoir t’observer le plus longtemps possible. ». Pour le coup, ce fut ses paupières qui papillonnèrent, comme pour chasser des poussières. La façon dont il avait de prononcer cette promesse de sa voix de velours... Par les Sept Enfers, elle lui retournait le ventre, le cœur, la tête, tout ce qui avait matière à être retourné. Et bon sang, un besoin crevant lui écrasa le cœur dans une poigne d'espoir. Le croire. Elle devait le croire. Parce que si elle ne se raccrochait pas à ça, elle n'irait pas très loin. Elle priait simplement tous les Dieux de l'Olympe pour que jamais il ne revienne sur cette parole sacrée, parce que si c'était le cas... il pourrait tout aussi bien sortir une petite cuillère pour ramasser les morceaux de son âme sur le béton fade du trottoir. Il était celui qui lui donnait envie d'autre chose que ce quotidien usé, il était celui qui la tirait de sa monstruosité, de cette vie aussi bancale qu'anormale. Et elle lui ouvrait son âme, le laissant entrer d'un souffle dans cette brèche, la dotant d'un nouveau but. Alors, à présent, s'il partait... que lui resterait-il ? Elle haïssait cette dépendance, tout autant qu'elle la chérissait. De nouveau, cette histoire de paradoxes. Fatalité, quand tu nous tiens.

Elle sentit les doigts du jeune homme glisser dans les vagues sombres de ses cheveux et elle se surprit de nouveau à apprécier cette proximité soudaine. Elle ne lui déplaisait pas. Alors que de toute son existence humaine, elle avait abhorré les contacts, haine de plus renforcée par sa récente agression, voilà qu'elle se plaisait à sentir la chaleur du corps d'Azazel contre le sien. Pourtant, si il devait encore rester un zeste de panique en son sein, il le balaya de sa dernière phrase. « Question de point de vue ; cette garce au cœur ankylosé, je la vois comme une survivante au cœur barricadé. » . Elle perçut un raté à l'intérieur de sa prison d'ossements et elle releva vivement la tête vers lui, un sourire un peu fané aux lèvres, mais la tête à l'envers. Ce qu'il venait de dire, elle n'y croyait guère. Pourtant, il l'avait affirmé comme une évidence, voilée d'une troublante sincérité. Elle en tremblait toute entière. Refusant qu'il ne constate à quel point ses mots l'avaient ébranlée, elle continua avec un demi-sarcasme qui ne devait que précéder à un vœu qu'elle n'avait jamais prononcé.

Il sembla ne pas comprendre tout de suite pourquoi elle l'attirait à lui, alors elle le lui précisa dans un souffle brûlant. Son visage vint se placer face au sien, et ses mains glissèrent sur sa peau pâle, coulant dans sa nuque, sur ses tempes, dans ses cheveux, happant définitivement toute raison en elle, toutes questions. Ne demeura plus que l'envie impétueuse de mettre leurs paroles à exécution. Il n'était pas le seul à mourir d'envie de capter ses lèvres en un baiser. Loin de là. Elle tressaillit légèrement, quand les doigts de son bel ange noir furent remplacés par ses lèvres. Douceur angélique pour un souffle aussi brûlant que ceux des démons. Comme une traînée de poudre, des baisers en cascade au creux de sa gorge, chauffant sa chair à blanc. Hell bascula légèrement le visage en arrière, paupières mi-closes, lèvres entrouvertes sur une respiration saccadée, lui offrant son cou sans pudeur, les joues rougies. Il se recula finalement, de peu, de trop. Leurs souffles haletants se mêlèrent, véritable incendie. Leurs front se touchèrent, ses paumes se calèrent autour de son cou, sans geste brusque, rien que de la douceur. Et alors, quelque chose céda. Leurs lèvres s'effleurèrent, puis se trouvèrent avec plus de pression.

Son âme se mit à trembler, et si les yeux d'ange du jeune homme avait pu voir cette amère présence de 21 grammes derrière son squelette de chair, il aurait pu remarquer qu'elle se mettait à pâlir d'une manière agréable, cristallisée par ce bonheur qu'elle n'avait jamais éprouvé, lavée de toute rancœur, de toute haine. Son cœur émit un étrangement claquement, comme s'il abandonnait sa carapace, et alors, de véritables rugissement emplirent sa poitrine. Ses mains s'accrochèrent aux hanches d'Azazel, pour ne pas s'écrouler, pour continuer à profiter de la saveur sucrée de ses lèvres, de leur texture satinée et de leur goût incroyable qui évoquait un songe empli de délices. C'était la meilleure chose à laquelle elle avait pu avoir droit. C'était même trop beau pour être vrai. Il y aurait invariablement une fin à tout cela, non ? Parce que tant de... de bien, de bonheur... c'était inespéré, elle ne le méritait pas, c'était...

Son monde, ses certitudes solidement ancrées, son foutu désir d'inhumanité... tout, tout venait de voler en éclat. Oui, un poing venait de s'abattre sur la vitrine de son existence, et des morceaux de confiance illusoire avait coulé en vagues tranchantes jusqu'à ses pieds. Le soleil avait jeté dans son cœur des émotions nouvelles, reflets troubles de ces débris d'argent. Et elle sentait cet organe, qu'elle avait toujours trouvé trop petit pour être fort, battre, mais battre avec un excédent de puissance intolérable, d'une façon assourdissante, plus encore, douloureuse. C'était des coups brusques, inattendus, qui l'étourdissaient parce qu'elle en appréciait chaque douleur, qui l'entraînaient au paroxysme d'une délicieuse sensation de bien-être effrayante. Ça ne cessait de cogner, la touchant au-delà de ce qu'elle aurait pu imaginé si elle avait rêvé d'un moment aussi parfait.

Azazel s'éloigna finalement, avec tout autant de prudence douce que le reste de ses actes, mais elle ne put ouvrir les yeux, les gardant prisonniers de ses paupières. La peur revenait. Et s'il décidait qu'elle n'était pas assez bien, qu'elle était vraiment trop maladroite, que tout ça n'avait pas eu l'effet d'un cataclysme sur lui aussi, et si... Elle s'humidifia les lèvres, refusant d'affronter à nouveau la brutale réalité. Elle se sentait électrique, ses doigts tremblaient, accrochés au bas du t-shirt d'Azazel. Elle inspira profondément, puis finit par se dévoiler, ne pouvant indéfiniment rester ainsi même si elle l'aurait souhaité, plantant alors son regard dans celui de son ange mortel.  Et ce qu'elle y trouva la figea. Les orbes de métal bleu du jeune homme reflétait une pléiade de sentiments qu'elle ne connaissait que trop bien, sans pouvoir les nommer. Ils n'expiraient pas un unique désir, mais quelque chose de plus profond, de plus intouchable. Point de non-retour. Parce qu'elle ne savait pas pour lui, mais de son côté, elle ne parviendrait plus à faire semblant, à retourner en arrière, à rembobiner leur histoire. Il venait de déloger la peur de son cœur, prenant alors sa place, s'y ancrant à une telle profondeur que l'en arracher serait morceler et écorcher à vif ce cœur qui l'effrayait tant, il y a trop peu de temps encore. Sa voix s'était perdue dans leur baiser d'une tendresse inavouée, taisant de ce fait ses craintes. Alors, il parla à sa place, reprenant de son timbre de velours : « Et maintenant, ma belle, tu peux te vanter d’avoir partagé ton premier baiser avec le plus canon de la ville, le plus désiré, le plus… » . Hell esquissa un sourire timide et son regard vacilla. Peut-être allait-il lui demander de faire comme si rien n'était arrivé et... « La vérité, Hell, c’est que c’est moi qui devrait me vanter d’avoir embrassé une femme comme toi. Tu es la première, la seule que j’ai voulu embrasser sans autre idée tordue derrière la tête : juste t’embrasser, explorer ton cœur, tester les limites du mien qui est dément. Je peux… »

Si ce qu'il lui avoua ne lui avait pas coupé le souffle, le baiser qui suivit, sans préavis, se chargea de rectifier le tir. Dictée par le batteur qui s'était confortablement installé dans sa poitrine, Hell s'avança un peu plus et glissa ses bras autour de son cou, s'élevant légèrement sur la pointe de ses pieds pour réclamer encore de cette douceur dont elle ne prenait connaissance qu'aujourd'hui. Elle resta quelques instants ainsi, avant de reculer brusquement gênée, laissant retomber ses bras, l'air un peu perdu. Elle cilla, puis se mordit ses lèvres rougies, avant de revenir sur le sujet de leur conversation. « Tu dis que tu veux explorer mon cœur, mais je crois que... je crois que tu es arrivé déjà bien plus loin que toi et moi ne pourrions l'imaginer. ». Elle s'avança de nouveau, un peu, et esquissa un sourire léger, mais sincère. « Et oui, même si ça me fait mal de l'admettre, tu es tout à fait en droit de te vanter. Tu as la beauté d'un ange torturé, ses cicatrices également, celles qui font de toi un être unique, comme je te l'ai dis. Et tes lèvres ont un goût de paradis que je ne m'explique pas. » . Elle leva son bras et effleura de ses doigts les lippes d'Azazel, comme si elle avait voulu découvrir le secret de leur perfection. Elle plongea son regard dans le sien et pencha doucement la tête sur le côté, sourcils froncés, perplexe. « Je n'ai jamais eu aussi mal au cœur, et pourtant, je serais prête à me damner pour passer l'éternité de cette façon. ». Lui avouer aussi crûment qu'il l'avait sous son emprise avait quelque chose de grisant, mais d'aussi horriblement effrayant. Mais, elle disait toujours la vérité. Aussi, elle aurait voulu ajouter quelque chose, lui jeter un avertissement du genre ; tu tiens mon bonheur entre tes doigts, ne serre pas trop fort, s'il te plaît. Au lieu de quoi, elle vint presser son corps élancé contre le sien, ses courbes s'accrochant à ses muscles déliés en un assemblage aussi exquis que parfait, comme si leurs âmes elles-mêmes n'avaient jamais attendu que pour vivre pleinement ce moment. Et elle glissa dans un murmure contre sa bouche :  « Je ne te mérite pas, mais laisse-moi profiter encore un peu de tes lèvres. ». Parce qu'elle ne rêvait plus que de profiter de cet instant, peut-être éphémère, qui disparaîtrait probablement dans les nuages pastels de cette nouvelle aube qui les attendait au détour.

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MessageSujet: Re: ✗ Sois sage, ô ma douleur, et tiens-toi plus tranquille. ✗ Sois sage, ô ma douleur, et tiens-toi plus tranquille. EmptySam 22 Fév - 0:00

You are my exception.


Hell est celle qui a toujours désiré voir cette autre facette de moi plus d’un quart de seconde ; elle a toujours désiré savoir ce que j’étais réellement, pouvoir m’étudier, par curiosité ou naïveté, par caprice ou pas ennui ; elle m’a encouragé à m’accepter tel que j’étais là où d’autres me demandaient de résister sans comprendre que cette autre facette de ma personnalité faisait intégralement partie de ce que j’étais. Mais même si elle n’a cessé de souffler doucement sur les braises de mon coté diabolique pour faire embraser les flammes qui dès lors me dévoreront, jamais je n’ai senti autant de fraicheur m’envahir qu’en sa présence. L’iceberg le plus reconnu des temps, celui qui a su mettre un terme à je ne sais combien de passagers lors du naufrage du Titanic n’a qu’à bien se tenir car jamais il n’aurait réussi à glacer mon sang comme le fait le regard de Hell ; jamais non plus il ne pourra faire durcir mes os qu’un simple souffle suffirait à les briser.
Mon visage se rapproche encore du sien mais la distance qui sépare encore mes traits du sien me semble réellement infranchissable ; mais rien que le fait d’imaginer la liqueur qui s’écoule de sa bouche peindre mes lèvres est effroyablement intense comme sensation et l’ouragan qui se déchaine en moi n’a rien à envier à ceux qui ont dévastés des villes entières.
Son prénom est celui des Enfers et après son physique qui émane d’une beauté suavement diabolique, ce fut son prénom qui réussit à titiller un peu plus ma curiosité pour la tisser sur des kilomètres entiers qui se perdirent dans la forêt obscure d’une drôle d’affection, d’une amitié ambigüe, d’un amour passionnel et d’un désir flambant.
Lorsque ma voix se tresse pour prononcer quelques phrases, je me rends compte que j’ai laissé ce coté d’artiste se frayer un chemin jusqu’à ma langue en faisant bousculer des syllabes poétiques.
Je ne sais pas trop dans quel monde est-ce que je bascule quand je suis en sa compagnie, mais je sais que nous sommes seuls et que les lois de la physique n’existent plus, que nulle science ni aucune religion ne saurait expliquer la façon désordonnée qu’avait mon cœur de battre si fort ; je puisais mon air dans ses yeux et trouvais le réconfort à la commissure de ses lèvres.

Lorsque mes doigts s’ornent de quelques unes de ses mèches brunes, lorsque je lui parle de cette survivante qu’elle est et qu’elle voit comme une vulgaire garce, j’en aurai presque l’impression de voir son cœur rater un battement en me le filant en douce, ce qui fait que mon cœur se met à battre trop vite. Je fronce les sourcils lorsqu’un sourire éclore sur ses lèvres et j’ai d’avantage l’impression d’assister à un coucher de soleil ténébreux qu’à son lever radieux ; je ne comprends pas réellement pourquoi elle n’arrive pas à partager mon point de vue, mais je me dis qu’un sourire aux pétales froissées vaut mieux que des lèvres droites d’où s’écoule tristesse et amertume.
Et c’est le moment qu’elle choisit pour me dire qu’elle ne connait pas cette sensation que même des adolescents connaissent. J’en reste bouche bée ; elle ne connait donc absolument pas les plaisirs de la chair ?
En même temps, si elle repousse tout homme avec autant d’ardeur qu’elle m’attire en ce moment à elle, je peux comprendre.
Elle me demande de l’embrasser et ce serait inhumain de décliner car même si elle ne me l’avait pas demandé, je l’aurai fait ; elle est de celle qui m’ont affirmé que le meilleur moyen de se débarrasser d’une tentation est d’y céder, alors je cède à ce caprice, à cette tentation ; je lui cède à elle, aux flammes de l’Enfer et aux ténèbres du monde souterrain.
Mes lèvres s’en vont s’allumer de flammes orangées et rougies sur le cou de la belle qui bascule sa tête alors que ses joues se colorent d’une douce teinte de gêne qui me fait doucement sourire. Rapidement, trop lentement, mes lèvres se calquent aux siennes et j’ai cette impression que l’Univers entier n’attendait plus que cela ; mes mains trouvent leurs places, ses paumes aussi réussissent à trouver mon cou et nos souffles se taisent joyeusement pour laisser place à une douce liqueur qui se transmet de bouche à bouche – qui est l’émetteur, qui est le récepteur, je ne saurai cependant le dire.

De l’allégresse, de la quiétude, une idylle diaboliquement angélique ; tout n’était que coton neigeux et glace chaude : tout n’était que paradoxe sombrement éclairé ; tout n’était que bonheur, tout n’était que beauté et à mon esprit se retrouve dans l’incapacité la plus totale à réfléchir, à émettre la moindre pensée.
J’aurai pu me faire la réflexion que ses lèvres sont douces, chaudes et maladroites, mais je ne fais que profiter de cette étreinte buccale en tentant de lui faire aimer ce moment autant que je l’aime moi-même. Et étrangement, une impression me gagne tout entier à cet instant : la réponse à toutes ces questions que je me suis jusqu’alors posé est là, sur les lèvres de Hell et je la pêche de ma bouche ; c’est Elle et personne d’autre.

Lorsque je m’éloigne, d’avantage pour l’apercevoir, pour connaitre sa réaction que pour retrouver un oxygène dont j’aurai pu me passer si j’étais resté contre les lèvres de la brune, je remarque qu’elle a les yeux clos. Je souris paisiblement en glissant ma main sur ses traits fins, profondément ému de la voir ainsi ; après tout, quand on prie, quand on aime, on ferme les yeux, parce que c’est plus facile d’y croire et là, elle ferme les yeux, alors elle y croit.
Non pas seulement au baiser, mais à ce nous qui vient de naitre alors que je voulais l’empêcher de voir le jour en venant m’incruster chez elle.
Ses doigts agrippent fermement les pans de mon t-shirt et bien que je sente son agitation, je ne peux le concevoir, le comprendre ; que peut-il bien se passer, quel remue-ménage règne dans son esprit pour qu’elle soit ainsi ? Elle pousse un long et profond sourire comme prélude à ses prunelles qui se dévoilent aux miennes ; elle peut voir dans mes orbes mon âme se reflétait et je pense que ce qu’elle y voit est la raison de ce qui l’amène à ne rien dire. Je m’expose comme jamais je ne me suis exposé et me rends compte que ce n’était réellement pas aussi terrible qu’on pouvait bien le dire. Je parle et son sourire timide me réchauffe le cœur sans que je ne sache pourquoi, alors je reprends la parole.
Et de nouveau, je scelle nos lèvres. Cette fois-ci, elle s’approche un peu plus vers moi, noue ses bras autour de mon cou, restant ainsi un instant avant de brusquement s’éloigner, se mordant la lèvre inférieure, comme gênée. Je fronce les sourcils sans comprendre et mon esprit met un point d’honneur à me rappeler que je ne suis décidément pas fait pour elle, que je suis trop mauvais, trop… Trop moi.

Mais ce ne sont pas les reproches que j’entends, pas plus que les insultes ; je n’entends qu’une femme merveilleuse qui se met à nu sans comprendre que son regard l’a déjà fait pour elle. Un brin perplexe, elle me sourit sincèrement en me couvrant de belles paroles avant de faire glisser ses doigts sur mes lèvres en m’inspirant de longs frissons. Elle continue de parler avant de presser son corps contre le mien alors qu’une de mes mains s’en va lui caresser les cheveux délicatement. Tout contre mes lèvres, elle me lance un doux avertissement et revoilà nos bouches qui se disputent allégrement un doux baiser. Doux baiser que je rends plus passionnel en venant légèrement forcer la barrière des lèvres de Hell de ma langue en glissant mes deux mains jusqu’à ses hanches. Je recule lentement en la gardant contre moi pour l’entrainer avec moi sur le fauteuil. J’éloigne ma bouche de la sienne en l’invitant à s’installer comme bon le lui semble sur mes genoux avant de reprendre :

« J’ai embrassé trop de femmes pour pouvoir ne serait-ce que les compter, Hell. Parfois, j’ai été heureux, parfois déçu, d’autre fois, juste trop ivre pour ressentir quoi que ce soit. Mais aujourd’hui, je ressens trop de choses, trop de nouvelles choses… J’ai eu peur que tu le prennes mal si je t’embrassais sans ton assentiment, tu sais, mais j’allais quand même le faire si tu ne me l’avais pas demandé. »

Je lève les yeux au ciel, gêné de devoir avouer cela. Je glisse mes deux mains sur son cou en collant son front au mien, allant croquer doucement ses lèvres.

« J’étais censé être là pour mettre un terme à notre relation, quelle qu’elle soit, mais au lieu de quoi, la voilà qui prend une tournure encore plus étrange. Je ne comprends pas trop ce que je ressens pour toi ma belle, mais pour la première fois, j’ai réellement envie de vivre et ce dont je suis certain, c’est que quelle soit la tournure que ma vie prendra, je ne l’envisage pas sans toi. »

Mes mains glissent le long de son corps, épousant la forme de ses hanches avant d’aller pianoter doucement sur ses cuisses.
Étrangement, c’est moi qui frémis.
Mon index droit se faufile jusqu’à son cou et il lui envoie le message d’un avertissement alors que mes lèvres s’en vont s’échouer à la naissance du cou de la belle, au niveau de sa clavicule sur laquelle je laisse trainer ma langue, doucement, timidement. Je remonte jusqu’au lobe de son oreille et souffle doucement dessus.
Si le paradis existait, il serait un monde caché dans les iris de Hell. Si le paradis avait une couleur, ce serait celle qui teinte les lèvres de Hell. Si le paradis avait une senteur, ce serait le parfum qui émane de la peau de Hell et qui s’accroche à mes lèvres telles de douces perles d’eau douce. Si le paradis avait des décorations qui le mettraient valeur, ce serait la cascade de cheveux de Hell. Le bonheur, le bien-être, le désir… Tout se résumait à un prénom, à un seul, à celui- ci même que porte fièrement la femme qui est si près de moi.

Je me rends alors compte que le besoin de rester collé à elle est de plus en plus pressant ; j’ai envie que nos bouches s’unissent et que nos âmes s’étreignent, j’ai envie de l’aimer, encore et encore, toujours et sans cesse ; quelque chose a changé en elle, quelque chose a changé en moi et ça a fait un équilibre relevant de la perfection qui fait que je l’ai littéralement dans la peau.
Et que, peut-être, elle aussi m’a dans la peau.
Je l’embrasse de nouveau, mais c’est encore plus fougueux, plus passionnel… Et de nouveau, c’est l’effervescence, la folie ; de nouveau, je sens un bout du paradis se décrocher pour s’écrouler contre la bouche de la jeune femme. Mais à avoir des petits bouts, je vais finir par désirer le paradis entier et je pourrai le décrocher du ciel à l’arrache, brutalement.
Mais je ne la mérite pas. Je ne mérite pas son corps. Et si avant ce jour, jamais elle n’a connu ce plaisir primaire et elle est confuse, ne comprend pas ses sentiments ; alors ce serait abuser d’elle, profiter de sa perte sur le chemin rocailleux des sentiments.
Je l’éloigne brusquement de moi en détournant un regard désolé, fixant le mur contre lequel nous avons échangé ce premier moment de pure tendresse mêlée à de la sensualité.

« Si je continue, je risque de ne plus pouvoir m’arrêter… Je suis vraiment désolé de ne pas être plus fort que ça, de ne pas pouvoir mieux résister, mais j’en suis réellement incapable. Incapable de n’aimer qu’une seule partie de toi… »

Je pourrai la garder dans mes bras, longtemps… Mais si je continue à l’embrasser, alors je ne pourrai garantir que je resterai « courtois ».
Je me mords la lèvre et la repousse un peu plus loin pour que je me relève en me dirigeant vers l’autre bout de la pièce, croisant les bras sur mon torse comme pour imposer une barrière entre Hell et moi alors que mon âme en entière lui est asservie.
Vois-tu mon cœur saigner quand je te dis tout ça ? Vois-tu ma douleur, vois-tu ma souffrance ? Vois-tu comme je te désire, Hell ?


Dernière édition par Azazel R. Darkwood le Mar 3 Juin - 20:28, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: ✗ Sois sage, ô ma douleur, et tiens-toi plus tranquille. ✗ Sois sage, ô ma douleur, et tiens-toi plus tranquille. EmptyDim 27 Avr - 3:49

2 mois sans réponse j'archive tristeuh
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MessageSujet: Re: ✗ Sois sage, ô ma douleur, et tiens-toi plus tranquille. ✗ Sois sage, ô ma douleur, et tiens-toi plus tranquille. Empty

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