Les caresses douces d’une brise attendrie frappaient la peau fine de la candide Féline avec une amertume passagère. L’esprit du vent s’impatientait de pouvoir enfin –et réellement- faire son grand retour mais les grands immeubles qui lui barraient la route ne semblaient pas encore prêts de le laisser s’enfiler dans l’embrasure des rues noires de monde de la ville. Alakay regardait ce caprice d’un œil curieux, presque attendri. Elle avait appris à user de ses nouveaux sens et, loin d’être en reste, avait décidé de profiter des plaisirs qu’ils lui accordaient. Elle regrettait quelque peu son odorat qui s’était vu diminué après la malédiction, sa vue et son ouïe également. Cependant, la brune avait l’impression que les sensations n’étaient pas les mêmes, moins intenses peut-être, mais différentes et elle avait appris à faire avec. A défaut de laisser ses poils soyeux danser sous les effluves, elle se délectait d’une longue tignasse qui virevoltait dans tous les sens. Ah, ça… Depuis sa transformation, ses cheveux avaient toujours été la partie de son corps qu’elle ne cessait d’avoir en admiration. Chaque matin, elle les brossait avec soin ; faisait attention à ne pas les abîmer par quelques shampoings aux effets douteux. Excitée, elle attendait avec impatience Paige qui devait la rejoindre dans quelques minutes. Toutes deux étaient devenues très amies dès lors même de l’arrivée d’Alakay sur cette Terre et elle fût la première à qui elle confia ses doutes, ses souvenirs brumeux. Elle fût bien surprise d’apprendre que sa jeune amie venait elle aussi d’un autre monde ; du même que le sien. Vêtue d’une robe jaune et longue de mi-cuisses ; elle était perchée sur de modestes escarpins à talons qu’elle avait sortis pour l’occasion. Ce qui pour tout dire était bien rare. Alakay était plutôt le genre de femme bien dans ses baskets.

Avec les mois, elle avait découvert une Paige très fêtarde qui adorait s’amuser et prenait un malin plaisir à la tirer derrière elle lors de ses nombreuses soirées. La biche y prenait néanmoins du plaisir ; qu’y avait-il de mieux que du passer du temps en compagnie de l’une de ses meilleures amies ? Elle la vit enfin arriver et courut en sa direction avant de lui sauter au cou. Elle s’en éloigna cependant afin de la contempler et ne put cacher son enthousiasme : « Paige ! Wahou ! T’es magnifique. Ta robe est splendide, ton visage reeeeesplendissant. T’as pris du temps pour te préparer ? C’est pour ça que t’as cinq minutes de retard hein ? En tout cas, ça valait la peine. T’es tellement belle ! Même si t’es belle tout le temps mais là, tu vas en faire chavirer des cœurs, c’est moi qui te le dis. » Et elle reprit difficilement son souffle en une longue inspiration. Elle était ainsi, Alakay, remplie de joie de vivre et très proche de ses amies et, malgré la complicité qui liait les jeunes femmes depuis de cela de longues soirées déjà, elle ne pouvait s’empêcher d’être toujours ébahie devant la beauté de Paige. « Tu viens ? On y va ? » Et elle tira son amie en direction de l’entrée où le videur attendait sagement. Elle ralentit quelque peu la cadence, timide, tout en espérant que son aînée adresse un grand sourire au maître des lieux ; sourire qui leur aurait permis de rentrer dans les bras de la vie nocture. La soirée promettait d’être excellente.