Ça faisait quelques jours déjà que t'étais pas très bien. Tu savais pas trop quand, mais tu te doutais bien qu'un jour où m'autre ton corps finirait par te lâcher, t'espérais simplement repousser ce jour au maximum. Fallait dire que t'avais pas vraiment la chance de pouvoir aller au médecin, ou au vétérinaire comme avant, t'avais même pas de quoi t'acheter à bouffer, alors bon... Même à l'hospice on ne te prenait pas en charge si t'avais rien pour payer. Si seulement tu pouvais trouver un petit boulot avant de crever dans une ruelle, ce ne serait pas trop mal... Mais bon fallait pas t'attendre à grand chose, t'étais dans la merde, et ça jusqu'au bout. T'étais qu'un gamin paumé, qu'essayais de s'en sortir... Et le froid t'affaiblissait un peu plus chaque jour.

Ce jour là tu venais à peine de sortir du grand magasin que tu sentais le monde tourner autour de toi. Comme d'habitude, n'ayant pas vraiment le choix, t'avais volé quelques trucs que tu avais caché dans ta veste, et t'avais sans mal passé les caisses sans te faire prendre. T'étais pas très fier de ton attitude, mais l'habitude t'avais fais passé du stade de voleur du dimanche à grand professionnel. Tu ne te faisais quasiment plus prendre. Ce fut donc ainsi, avec ton mini pot de nutella et ton paquet de chew-gum caché dans ton manteau, t'étais sortis du magasin, ni vu, ni connu. Seulement tu t'étais alors sentis mal, tes jambes tremblantes et ta vue se troublant. Sans même t'en rendre compte tu t'étais écroulé dans la rue, contre le mur, la vue brouillée sur le coup, et un puissante envie de vomir qui te secouais l'estomac. Une baisse de tension peut être, ou une simple fatigue. T'en savais rien, t'avais l'esprit brouillé, et tes yeux qui se fermaient déjà... T'avais finis par t'évanouir, épuisé, et mal.

Lorsque tu rouvrais enfin les yeux, tu mis un certain temps à réaliser qu'on t'avais transporté. D'abord comme sortis d'un profond sommeil, t'avais inspiré, puis grelotté comme si t'avais froid, victime d'une grosse fièvre. La sueur glissant sur ton front, tu réalisas enfin que tu te trouvais dans un lieu totalement inconnu, et t'ouvris grand des yeux écarquillé, te redressant d'un seul coup. Tu te mis à hurler, paniqué, regardant autour de toi : « Q-QUE...?! » Ce fuit alors que tu remarqua la blonde à tes cotés, qui te fixait d'une mine inquiète mais bizarrement tendre. « Q-Qui êtes vous ? » Tu demandas, les yeux écarquillés et l'air effrayé. Qu'est-ce qui s'était passé ? Dieu, ce que tu avais mal à la tête... « Où suis-je ?! »

Tu te retrouvais là, dans un endroit que tu ne connaissais pas, avec une intense fièvre et la tête qui te tournais encore. Il avait fallut que tu t’évanouisses d'un seul coup en plein milieu de nulle part pour que tu ne comprennes plus rien. T'avais du mal à réfléchir à cause de ta tête qui bouillonnait mais tu tentais quand même de te remettre les idées en place. Tu regardais autour de toi, comprenant que tu te trouvais dans une chambre, sur un lit douillet et bien au chaud... Ça pouvait paraitre si banal pour certain, mais pas pour toi. Ça faisait un sacré bout de temps que tu ne t'étais pas couché, même cinq minutes, sur un bon lit bien chaud. Toi tu dormais chaque soir dans ta caisse défoncée, et même quelque fois assit contre un mur crasseux lorsque tu t'étais trop éloigné de la caisse et que t'avais pas la force de faire le trajet retour. Tu devais te passer de grands conforts, pourtant c'était tellement agréable...

« Shut... shut... shut... calme toi et repose toi. Je vais prendre soin de toi. » dit alors d'une voix douce la belle blonde qui se trouvait en face de toi. Tu fronçais les sourcils, la fixant longuement en penchant la tête sur le coté. « P-Prendre soin de moi ? » Tu répétais sans comprendre, te demandant bien pourquoi cette inconnue voulait t'offrir une telle faveur. Cependant, et bien malgré toi, sa voix parvenait à te rassurer un peu et à te détendre, chose que personne n'arrivait vraiment à faire... Un peu comme le faisait ta maman autre fois. « Je m'appelle Emily... j'en reviens toujours pas que les gens ton laissé seul dans les rues... c'est affreux. Tu n'a plus à t'inquiéter maintenant parce que je vais prendre soin de toi. Et toi ? Comment t'appelle tu ? » Tu clignais des yeux, tâchant de comprendre ce qu'elle te disait... Ah oui, la rue. Alors elle t'avais trouvé, et ramené chez elle ? Est-ce qu'il existait vraiment encore de nos jours des personnes aussi gentilles ? La rue t'avait longuement fait croire que non, que les gens étaient cruels et tous avec des arrières pensées... Mais d'autre personnes comme Elijah, ou cette fameuse Emily, te prouvaient le contraire... Tu te montrais d'abord un peu méfiant, avant de te détendre un petit peu, apaisé par sa voix et son sourire qui te rappelaient vaguement quelque chose, mais tu ne savais quoi. « Je... Luka. Je m'appelle Luka. Mais on m'appelle Patch. » Tu déglutis. « ...Vous voulez vraiment prendre soin de moi ? E-Enfin je veux dire, pourquoi ? Vous ne me connaissez pas. » Tu disais ça parce qu'au fond t'aurais très bien pu être un serial killer ou un violeur... Pourtant elle t'avais gracieusement accueillit chez elle.

Cette femme blonde avait quelque chose. T'ignorais quoi, mais elle avait ce quelque chose de chaud et rassurant dans son attitude qui te faisais penser que ce n'était pas la première fois que tu la croisais. Pourtant tu ne te souvenais pas de d'avoir croisé une telle figure. C'était étrange, c'était comme si tu la connaissais d'une autre vie, d'un autre monde... Est-ce que tu pouvais la connaître de ta vie de chien ? C'était un peu fou... Qui pouvait-elle bien être ?

« Tu as dit Patch ? Un de mes fils s'appelle Patch. Comment elle s'appelait ta maman ? » Tu ouvrais la bouche pour parler, surpris, puis tu la refermais. Un de ses fils ? Etait-il possible qu'elle puisse être...? Oh dieu, ce n'était pas vrai ! « O-Oui Patch... H-Heu... » Tu massais ton crâne endoloris, mordillant ta lèvre. Etait-il vraiment possible que ce soit vraiment ta maman qui se trouvait en face de toi ? Tu sentais quelque chose de tout chaud dans ton ventre, une joie intense, un espoir grandissant lentement en toi. Oh, tu espérais tellement que ça puisse être vrai... « ...Elle s'appelait Perdita, c'était une chienne dalmatien, et une maman aimante. » Tu dis d'un ton mi-songeur, mi-doux. Ce qu'elle te manquait ta maman, et ses câlins qui savaient calmer ton petit cœur enflammé, et t’apaiser lorsque tu doutais. Elle était parfois plus sévère que papa, et elle te grondait à l'époque toujours pour chacun de tes gros mots que t'employais, mais elle était parfaite selon toi, ta maman. Tu levais lentement les yeux vers la blonde. « ...Maman c'est toi ? » Tu demandas, d'une petite voix, mordillant ta lèvre.

Oh dieu, tu n'arrivais pas à y croire. C'était elle ? C'était ta maman ? Ta chère maman, Perdita ? Tu l'avais enfin retrouvé, c'était incroyable. T'avais tellement été désespéré ces derniers temps, que tu pensais ne jamais pouvoir retrouver celle qui t'avais donné la vie. Et pourtant elle t'avait tant manqué, t'avais regretté tant de chose. Surtout de l'avoir quitté ainsi, sans avoir pu lui dire à quel point tu l'aimais. Oui parce que toi t'étais comme ça, tu t'enfermais dans ton petit coté grognon, et tu ne profitais pas des gens. Et puis un jour t'étais séparé de ce qui te tenais à cœur, et tu te rendais compte un peu trop tard que t'avais pas fais ce qu'il fallait, que t'avais pas dit ce qui était important au moment où tu en avais eu l'occasion... Mais le destin semblait à nouveau te donner une chance de te racheter. Tu venais de retrouver ta mère.

« Mon fils... » T'écarquillais les yeux, enfonçant tes incisives supérieures dans ta lèvre, n'arrivant pas à y croire.« C-C'est pas possible... » Tu soufflas. La fièvre semblait à dix mille lieux de toi à ce moment là. La surprise avait remplacée la douleur pour quelques minutes. Ce fut alors que la blonde t'attira dans ses bras, et tu reconnus alors avec grande joie l'odeur et la présence de celle qui t'avais nourris, couvé, mais surtout aimé. « Mon fils à moi... comme tu ma manqué... » Tu déglutis, hésitant un peu avant de te serrer tout contre elle en poussant un soupir de soulagement. « Je... Tu m'as manqué aussi... » Tu profitais de sa présence rassurante, fermant un instant les yeux, soupirant un instant. « J-Je m'attendais tellement pas à te retrouver, j'avais perdu tout espoir... » Tu lui avouais alors, d'une petite voix malade, mais heureuse et surtout, soulagée.

Sur le coup, il était vrai que tu étais très surpris, mais au fond, tout ça avait quelque chose de très logique tout cette histoire. Cette femme qui se trouvait devant toi avait tout pour te rappeler ta chère maman Perdita. Elle avait ce quelque chose de doux et de maternel dans le regard, auquel tu faisais attention gamin, et qu'aujourd'hui tu retrouvais dans ses attitudes. Mais t'avais eu des doutes, comme toujours, et t'avais eu peur de faire une bêtise, de te tromper. Après tout, t'avais trop souvent espérer que cette passante fuyante dans la rue puisse être ta maman, en vain. C'était sans doute pour cela qu'a ce moment là, t'avais un peu de mal à te dire que cette fois c'était la bonne, et que tu l'avais bel et bien retrouvée, que tu pouvais mémoriser son visage humain, et ne jamais l'oublier. Et ce qui pouvais paraitre dérisoire pour certain, l'amour d'une mère, était important pour toi, parce que pendant ces mois d’errance, il t'avait manqué.

« Mon chéri... même moi... j'ignorais aussi que nous étions pour se retrouver. Je cherchais partout et même ton père vous cherche. Regarde toi... tu es devenu un homme. Tu ressemble tellement à ton père mon petit rebelle et d'ou sort ses tatouages ? » Un léger sourire t'échappa lorsqu'elle évoqua ton père, puis un soupir de soulagement lorsqu'elle parla de tes tatouages. La première fois que t'avais laissé Elijah enfoncé son aiguille dans ta peau, tu te souvenais clairement que tes pensées s'étaient dirigées vers ta mère. Étrange, mais pas tant que ça, elle qui détestait lorsque tu jurais ou te montrait un peu trop rebelle, tu t'étais demandé ce qu'elle penserait en te voyant ainsi tatoué. Cette pensée avait été rapide, et non vraiment réfléchie, mais elle t'avait bel et bien traversée. Et maintenant que t'étais devant elle, t'étais soulagé qu'elle prenne ça avec le sourire et non qu'elle se montre un peu choquée ou dégoutée par la vraie bande dessinée que t'avais sur la peau. « Oh, euhm... Les tatouages, c'est une longue histoire on va dire, je t'expliquerai. » Tu lui adressas un petit sourire désolé, pour le moment pas apte à vraiment sortir toute une tirade et à expliquer tout ce que tu avais fais en arrivant ici. T'étais trop fatigué pour cela, mais sans doute que tu lui expliquerais plus tard, on ne pouvait rien cacher bien longtemps à ta maman, tu le savais mieux que quiconque. Mais une lueur traversa alors ton esprit, et tu relevais les yeux vers elle. « En parlant de papa... Tu l'as retrouvé ?! » Tu demandas avant d'être pris d'une quinte de toux, vraiment affaiblis par le froid. Serait-il possible que tu puisses retrouver ton père aussi ?

« Tiens... tu va reprendre de la chaleur avec ce chandail et je vais préparer quelque chose de chaud pour manger... Tu as faim ? » Tu reniflas et hochas la tête, prenant le chandail et l'enfilant, frottant tes yeux. L'épais chandail fit disparaitre un peu le froid. « Un peu... Beaucoup même... Je... J'ai pas mangé de vrai repas depuis... » Tu cherchais dans ta tête, mais l'information ne venait pas. « Longtemps. » Tu finis par lâcher, t'enveloppant bien dans le chandail et poussant un petit soupir.