Mon bonheur a toujours été menacé, avant même que je puisse avoir le loisir d'attiser la colère et la haine. Non, moi je suis devenu une cible alors que j'étais encore un bambin en couches culottes. Qu'est-ce que je peux dire : il y a en a qui ont moins de chance que d'autres. Toujours est-il que peu de temps après ma naissance, j'ai été tout bonnement dérobé à mes parents, les dieux de l'Olympe Zeus et Héra. Aussi puissants qu'ils sont, ils n'ont pas put me sauver, ils ne sont pas parvenus à me protéger de mon oncle, pas parvenus à me garder auprès d'eux. Au lieu de ça, je me suis retrouvé à grandir dans le mensonge. Deux démons m'ayant forcé à avaler une boisson, je suis devenu un demi-dieu. Et oui, pas tout à fait mortel, ces deux imbéciles ayant eut la maladresse de laisser tomber une goutte. J'ai donc conservé ma force.

Ma force légendaire, ma particularité, qui s'est révélée être un véritable pour moi, tout au long de mon enfance puis de mon adolescence. Je ne savais pas qui j'étais. J'avais été recueillis par deux mortels qui étaient définitivement plus des parents pour moi que mes vrais parents et j'étais juste leur fils maladroit. Ce gringalet d'Hercule, un empoté de première celui-là. Un vrai monsieur catastrophe et bon sang, qu'est-ce que ça me minait. C'est tellement difficile de se sentir différent quand tout ce à quoi on aspire c'est se fondre dans la masse. Je ne voulais pas de cette force, je ne voulais pas avoir le moindre talent qui ne s'avérait être rien d'autre qu'un handicape, je ne voulais pas détonner. Je ne savais ni qui j'étais, ni qui je voulais être. Encore à ce jour, j'ai une boule au ventre à l'idée de la peine que je ressentais à l'époque. C'est mes parents adoptifs qui finissent par m'arracher à ce terrassant sentiment de détresse. Un jour, ils me prennent à part et m'expliquent tout. Ils m'expliquent et je sais que ça leur a tellement coûté, qu'ils ne sont pas vraiment mes parents, qu'ils m'ont trouvés un jour et qu'ils m'ont vus comme un cadeau. Ils n'avaient pas réussis à avoir d'enfants et voilà que j'étais là, en recherche d'une famille, d'un foyer, de personnes pour m'aimer. Alors ils m'ont aimé et suffisamment pour me dire la vérité, en dépit du risque de me perdre pour toujours. Attention spoiler : ils ne m'ont pas perdu. Ou que je sois, quoi que je dise, quoi que je fasse, ils sont avec moi, tout le temps.

Le médaillon gravé avec lequel j'étais arrivé sur cette terre à la main, je me suis mis en quête d'informations sur mes véritables origines, après des adieux douloureux avec les deux adorables personnes m'ayant élevé. Ce voyage m'apportera effectivement des connaissances sur mes véritables origines. Néanmoins, tout n'est pas si simple et une place sur l'Olympe, ça se mérite. Je devais faire mes preuves, afin de rentrer chez moi auprès de mes véritables parents. Je devais devenir un héros. Heureusement, je ne fus pas seul. Je fus entraîné par Philoctète, un satyre ayant entraîné d'autres héros, avant moi. Au début, ce ne fut pas facile et je commençais par essuyer quelques échecs, néanmoins, on finit toujours par s'améliorer et avec le temps, l'entraînement a porté ses fruits et je suis devenu de plus en plus fort, de plus en plus apte à profiter de mon don. Tout allait très bien, j'étais bien parti pour embrassé ma vie, pour rentre à la maison et puis, il a fallut que je rencontre une fille.

Je ne vous surprendrais pas en vous affirmant que cette fille n'était absolument pas comme les autres. Je suis tombé sous le charme de Megara sans même y penser. Ca c'est fait, d'un coup, comme on presse un interrupteur. Un déclic. Le coup de foudre, le genre dont on entend parler et qui nous laisse des étoiles dans les yeux. J'ai vécu ça. Manque de chance, Megara avait vendu son âme à Hadès, ce dont j'ignorais naturellement tout. J'ignorais que ce même dieu était mon oncle et l'unique responsable de mon enlèvement. Lui en revanche savait qui j'étais et il ne fut pas franchement ravi de constater que j'avais conservé ma force. Dans l'optique de m'éliminer, il m'envoya des tonnes de monstre. Heureusement, mon entrainement me permit de les terrasser un à un. En parallèle à cet aspect bien sombre, j'étais en route pour une ville ayant des problèmes, accompagné de Philoctète et Pégase, mon meilleur ami d'enfance. Mes intentions sont alors pures, je veux aider les gens, mais ils ne parviennent pas à m'accorder leur confiance. Il me faudra battre un nouveau monstre lancé par Hadès pour gagner leur respect et leur confiance. Ce fut l'élément déclencheur : du garçon dont on se moque, dont on rit de la fameuse maladresse, je suis devenu un héros, une véritable célébrité. Je terrassais les monstres d'Hadès, tout en voyant ma notoriété grandir en Grèce. Je ne perdais pas mon objectif de vue néanmoins : retourner vivre sur l'Olympe. Je fus refroidis par un premier refus de la part de mon père. Malgré les encouragements de Philoclète, je préféra alors me concentrer sur Megara et mes sentiments naissants pour elle plutôt que sur cette quête semblant ne mener à rien. Grosse erreur. Malgré les avertissements, j'étais bien incapable de comprendre qu'Hadès tirait encore des ficelles, dans l'ombre...

Comptant bien profiter de mon amour pour Megara, Hadès décida d'utiliser mes sentiments contre moi. Il savait qu'en mettant dans la balance la liberté de Meg contre une journée passée sans ma force, je n'hésiterais pas bien longtemps. Prévisible, foncièrement amoureux, j'accepte et deviens aussi faible que n'importe quel mortel, pour le plus grand plaisir d'Hadès. J'apprend alors qu'il tiens Megara sous sa coupe et qu'elle m'a donc trahis, d'une certaine façon. Blessé et rendu faible par ma propre naïveté, je sens alors le monde s'écrouler sous mes pieds. Toutes mes convictions sont ébranlées, non, terrassées. Ne m'ayant plus en guise d'adversaire, Hadès est libre de lâcher les Titans pour anéantir mon père, Zeus. Comme si cela ne suffisait pas, il charge un Cyclope de me régler personnellement mon compte. Alors que la situation tourne à mon désavantage, Philoctète, qui était parti, reviens (il est ramené par Meg) et m'encourage. Porté par cela, j'arrive à éliminer le Cyclope, en dépit de ma faiblesse. Néanmoins, mon happy ending se montre bien en danger. Megara, blessée dans l'affrontement, se retrouve coincée sous une colonne, entre la vie et la mort. L'accord avec Hadès se rompt (ce dernier s'étant engagé à ne pas blesser Meg) et je suis à nouveau apte à le combattre. Porté par ma colère et ma soif de justice, je parviens à libérer les dieux et à détruire Hadès. Malgré tout, l'âme de Megara finit par mourir, me laissant seul. Ne pouvant pas me résoudre à la laisser partir, je décide de m'enfoncer dans les méandres de l'autre monde pour récupérer l'esprit de la femme qui fait battre mon coeur. Je parviens à m'y enfoncer suffisamment sans mourir moi et finalement tout se termine bien. Megara revient à la vie et, enfin devenu un véritable héros, je peux rentrer sur l'Olympe. Là-bas, je retrouve mes véritables parents qui me proposent de rentrer à la maison et c'est là mon objectif, c'est là tout ce que je veux. Mais non, je refuse. Vivre sur l'Olympe impliquant de vivre sans Megara, je refuse et décide de rester mortel. Et c'était mon happy ending, tout se finissait très bien, mais ce n'était pas fini...

Alors que la date de mon mariage se profilait à l'horizon, j'ai été transporté dans un autre monde, un monde inconnu ne m'inspirant rien de foncièrement positif, un nouveau monde où je me suis retrouvé seul. Je m'étais déjà senti seul, néanmoins je ne l'avais jamais été totalement et ce fut compliqué. Mais voilà, j'avais grandis et je n'étais plus cet adolescent terriblement maladroit et mal dans sa peau. Je n'étais plus vulnérable, quand bien même dans ce nouveau monde, je ne suis plus aussi fort que j'ai put l'être. J'ai refusé de me laisser abattre. Alors je suis devenu coach sportif, j'ai ouvert un pot de pâte à tartiner et j'avance. Ce n'est pas facile. Meg est absente, je crois qu'elle m'en veux ou que du moins elle ne veut pas me retrouver, ce qui se rejoins. Ca me ronge, ça me bouffe, elle me blesse, mais je serre les dents. Même si ce n'est pas évident, je ne m'autorise pas à oublier que j'ai traversé bien pire.