Je ne peux nier que mon existence a été très heureuse en soi. Je n’ai pas eu ce que la plupart des humains s’amusent à appeler une vie de chien. Non, j’ai grandit dans le grand froid hivernal de l’Alaska, entourée de neige et d’aurores boréales. La famille qui m’avait adoptée était absolument adorable. Elle était composée d’un couple heureux et très unis, ainsi que de leur adorable petite fille, Rosie. C’est plus précisément pour celle-ci que j’avais été achetée. Cette petite famille jugeait qu’il était grand temps que la petite fille ait une amie sur laquelle compter, et de toute évidence, ils avaient jugée qu’adopter un chien serait la meilleure des solutions. Nous faisions absolument tout ensemble. Nous allions nous promener dans le village, elle me confiait des secrets et en échange, je m’endormais à ses pieds lors des froides nuits afin qu’elle ne prenne pas froid. Ma petite maîtresse était ce qui m’importait le plus au monde. J’aurais tout fait pour elle. Un beau jour, ses parents décidèrent de lui offrir un splendide traîneau en bois, digne des plus beaux attelages de l’Alaska. Il faut dire que dans la région, c’était le sport à la mode. Tout le monde surveillait de très près l’évolution des chiens de traîneaux, et nous, les chiens, nous ne faisions pas exception à la règle. À cette époque, le chien le plus à suivre était Steele, un husky pur race dont le maître était extrêmement fier. La plupart des autres chiennes de la ville le trouvaient tellement séduisant, tellement compétent. Pour ma part, je ne voyais en lui que son égo surdimensionné et son arrogance à toute épreuve. Je m’efforçais de rester tout de même respectueuse à son égard, mais au fond de moi, j’avais envie de l’étrangler. Toujours est-il que ce jour là, Rosie avait envie d’assister à la course et qu’en tant que compagne fidèle, je l’y avais accompagnée, tirant son traîneau comme si je faisais partie moi aussi de cette course. Nous arrivâmes parmi la foule à laquelle nous nous mêlons. En voyant le traîneau arriver, ma jeune maîtresse voulue le saluer en agitant son chapeau, mais, malencontreusement, elle l’échappa et il parti au vent, atterrissant tout droit dans la zone où l’attelage se dirigeait. Elle voulait aller le récupérer d’elle-même, mais je la retins de toutes mes forces par son petit manteau. Petite et fragile comme elle était, je ne voulais pas qu’elle se fasse piétiner par la bande de chiens déterminé à l’idée de gagner cette course. Finalement, c’est un allier inattendu qui alla récupérer le chapeau de ma maîtresse, le chien mi-loup Balto. Je ne le connaissais que de réputation à l’époque, mais je ne pouvais nier que le geste qu’il venait de commettre était absolument adorable. Du moins, Rosie en était absolument ravie. Elle allait l’atteler à notre traîneau à son tour mais soudainement, son père apparu, l’interdisant de parler à ce chien qu’il jugeait comme trop dangereux. Rosie en fût fort déçue et pour être honnête, moi aussi. Qui était-il pour le juger sans même le connaître ?? Qui sait, peut-être avait-il vraiment un bon fond. Du moins, il valait certainement mieux que ce crétin de Steele que je m’efforçais de repousser au mieux.

À peine quelques jours plus tard, un drame terrible frappa notre famille. Rosie, ma petite Rosie, dû se rendre chez le médecin. En effet, elle avait été gagnée par une toux creuse et par une fièvre terrible, et d’après ce qu’on disait, ça n’augurait rien de bon. D’ailleurs, plusieurs autres enfants du village étaient gagnés par le même mal. Alors que j’observais attentivement à travers la fenêtre de l’hôpital, je fus surprise par Balto qui se rendit compte que quelque chose n’allait pas. Apparemment, il connaissait un chemin qui menait sous l’hôpital et qui nous permettrait d’entendre ce que le médecin disait. Il m’entraina donc dans cet endroit que je jugeai d’abord lugubre. C’était couvert de toile d’araignées et de verres brisés. Néanmoins, le chien-loup m’affirmait qu’il s’agissait du plus bel endroit du monde, et pour prouver ses dires, il fît bouger le verre, parvenant à créer une aurore boréale. C’était absolument magnifique, plus beau que tout ce que j’avais vu jusqu’à présent. Néanmoins, les paroles du médecin concernant Rosie parvinrent rapidement à me faire perdre le sourire. Elle était atteinte de diphtérie, et comble du malheur, il n’y avait plus de sérum afin de soigner nos petits malades. Aussitôt, je fus envahie par une tristesse insoutenable. Je me sentais tellement impuissante, tellement inutile à ma chère amie. Blato s’excusa de m’avoir permit d’entendre tout ça, mais je l’assurai qu’il avait bien fait. Mieux valait que je connaisse la vérité. Nous fûmes ensuite interrompus par Steele qui vint encore une fois chercher des noises à Balto. Il parvint même à lui faire porter le chapeau comme quoi il avait fouillé dans les réserves du boucher. Mais tout ceci n’avait aucune importance. Tout ce qui importait, c’était de créer un attelage assez compétent pour pouvoir aller chercher le sérum à des kilomètres de notre village. Il va sans dire que Steele était le premier à se pavaner afin de recevoir toute la gloire. Il ne changerait donc jamais. Absolument rien ne lui importait mit à part sa propre personne. Quoi qu’il en soit, il n’était pas le seul en liste à espérer rejoindre l’attelage d’élite. Balto le souhaitait aussi. Clandestinement il s’infiltra dans la course et la gagne. Il aurait dû être le meneur de l’équipe, guider les autres chiens vers le sérum, mais les hommes du village s’y refusèrent le jugeant trop dangereux et indigne d’en faire partie. Cette idée me désola grandement. Mon maître me décevait plus que tout autre. Je l’avais toujours cru beaucoup plus indulgent que ça. La vie de sa propre fille était en jeu et il refusait un excellent membre pour l’attelage sous prétexte qu’il s’agissait d’un chien-loup ??

Toujours est-il que Balto ne renonça pas pour autant. Il décida de tout de même partir de son côté afin de rejoindre l’attelage et les aider à ramener le médicament à temps. C’est à cet instant que je commençai à le voir sous un tout nouveau jour. Je l’avais toujours plaint pour la manière dont on le traitait, pur la vie misérable qu’il avait toujours mené, mais en fin de compte, il était bien loin d’être à plaindre. Il était armé d’un courage que peu de chien possédait et il était absolument prêt à tout pour venir en aide aux enfants du village, et non pas pour s’approprier toute la gloire. Petit à petit, je commençais à l’apprécier plus que de raison, à un tel point que j’avais envie de me joindre à sa cause. Après m’être assurée que ma jeune maîtresse était dans un état stable, je partis de mon côté afin de les rejoindre, lui et son fidèle compagnon, Boris l’oie. L’état dans lequel je les trouvai me laissa sans voix. Ils étaient aux prises avec un ours gigantesque. Je ne sais pas ce qui m’a prit, mais j’ai décidée de bondir sur l’énorme bête et de m’agripper à lui comme si ma vie en dépendait. Il avait beau me lancer, me piétiner, j’Essayais au mieux de revenir à la charge. Finalement, Balto parvint à reprendre le dessus et à l’entraîner sur la glace. Malheureusement, celle-ci se brisa et en même temps que l’ourse, Balto tomba à l’eau. D’ailleurs, heureusement que les deux ours polaires Luk et Muk étaient là sans quoi il se serait certainement noyé. Nous étions enfin prêts à reprendre la route mais soudainement, une douleur vive envahie ma patte. De toute évidence, ma lutte avec l’ours ne m’avait pas laissée indemne. Qu’à cela ne tienne, je savais que Balto allait tout de même y arriver. Armé de courage, il demanda à ses trois compagnons de me raccompagner au village pendant que lui allait poursuivre sa route seule. J’avais peur pour lui mais je ne pouvais m’empêcher d’avoir foi, comme si j’étais persuadée que d’une manière ou d’une autre, il allait y arriver.

Les jours passèrent, sans qu’on ait la moindre nouvelle de qui que ce soi. La plupart des gens et des autres chiens croyaient l’attelage mort depuis longtemps mais de mon côté, je ne pouvais me résoudre à perdre espoir. Balto était en vie et il allait ramener le sérum ainsi que ses compagnons très bientôt. Puis, au bout de quelques temps, Steele finit par revenir, seul et couvert de neiges. Il nous fît le récit comme quoi il avait absolument tout fait pour sauver ses compagnons mais qu’il n’y était pas arrivé, qu’il avait voulu ramener le sérum mais que Balto l’en avait empêché, voulant le ramener lui-même, et qu’il était finalement mort en essayant. Les autres chiens buvaient ses paroles comme si elles étaient sacrées, mais encore une fois, je ne pouvais y croire. Je savais qu’il mentait. Je le sentais. Et comme je l’avais pressentie, Balto finit par arriver, tirant fièrement l’attelage ainsi que la caisse contenant le sérum. Je ne l’avais jamais trouvé plus beau qu’à cet instant et tout le village finit enfin par réaliser quel héros il était. Grâce à lui, tous les enfants allaient être soignés. Ma Rosie adorée allait être soignée. Je le comprenais alors : il avait beau être un bâtard, un métisse, ça ne l’empêchait pas davantage d’être l’être qu’il était. Un être courageux et déterminé au point de réussir ce qui était pratiquement impossible. J’étais enfin prête à partager les sentiments qu’il avait pour moi. J’étais prête à rester pour l’éternité à ses côtés.

Malheureusement, nous n’étions pas encore au bout de nos peines. J’ignore comment ça a pu arriver, mais du jour au lendemain, je me réveillais au beau milieu d’un parc, entièrement nue et sans savoir où j’étais vraiment. Oui, entièrement nue parce qu’il n’y avait pas que mon environnement qui avait changé. Mon corps aussi. En effet, mon épaisse fourrure brune et blanche c’était changée en peau. En peau humaine. J’aurais voulue crier, mais aucun son ne sortie de ma bouche lorsque cette jeune femme vint m’interpeller. Apparemment, je n’étais pas la première personne dans cette situation qu’elle rencontrait puisqu’elle semblait vraiment savoir quoi faire. Après m’avoir glissée une veste sur les épaules, elle m’emmena à l’hôpital de la ville où on me posa tout un tas de questions. Qui j’étais, d’où je venais, … Je ne pouvais me résoudre à leur dire toute la vérité. Sans savoir pourquoi, je me doutais qu’il me croirait folle si je venais à leur avouer que j’étais en réalité une chienne qui souhaitait retourner dans son Alaska natale. En même temps, qui m’aurait cru équilibrée après une telle histoire ?? Puis, le médecin m’expliqua que j’étais à Fantasia Hill, et surtout, que j’étais en sécurité. On me donna une nouvelle identité sous le nom de Jenna Gabrielle DiLaurentis puis on m’aida à me trouver un toit à me mettre au dessus de la tête, soit le Meli-Mélo House où d’autres personnes dans la même situation que moi vivaient. De toutes évidences, on nous considérait comme des personnages de contes de fées par ici, comme des êtres sortis tout droit de l’imagination des enfants. Quoi, on n’avait pas l’air assez réel à leur goût ?? Quoi qu’il en soit, c’est avec surprise que je m’adaptai assez rapidement à ce nouvel environnement. Peu de temps après mon arrivée, je me développai une passion pour la danse et à partir de là, tout s’enchaîna. Je devins danseuse de cabaret et dorénavant, j’arrivais à divertir les gens, ce qui me plaisait terriblement, je devais bien l’avouer. Autrement, je me faisais de nouvelles connaissances, dont certaines à qui je suis parvenue à parler de ma vraie vie. Comme je l’avais prévue, j’étais bien loin d’être la seule dans mon cas, ni la seule qui cherchais désespérément ses proches. En effet, j’ai beau apprécier terriblement cette nouvelle existence, il n’en demeure pas moins que ma chère Rosie et mon tendre Balto me manque terriblement, et que j’ai beau faire tous les efforts nécessaires pour rester la même Jenna qu’ils ont connus, mon tempérament d’humaine prend parfois le dessus sur ma loyauté.