Samedi, Anastasie adore les samedi comme la plus part des être humains sur cette planète. Le samedi est signe de journée de détente, de soirées festives pendant le week-end. Bon bien que honnêtement, c'est tout les jours samedi pour la jeune femme. Debout à 9h30, Ana avait prit un bon petit-déjeuner à base de tartine de confiture, d'un bon café et de quelques fruits. Aujourd'hui, elle ne comptait pas faire de shopping, pour une fois. Son petit-déjeuner engloutit, la belle jeune femme alla prendre une bonne douche puis, une fois terminée, elle repartie dans sa chambre pour s'habiller, enfilant une jean simple et une chemise blanche. La vieille, avant de se coucher, elle avait proposé à sa sœur Javotte, de venir faire un tour avec elle au parc. La jeune brune avait accepté son invitation, lui proposant de se retrouver à 11h15, vu qu'elle était chez quelqu'un.

A 11h, Anastasie se retrouva dans le parc, à côté de la fontaine. Avec 15 minutes d'avance, elle se posa non loin de la fontaine, se laissant retomber dans l'herbe. Se retrouvant allongeait sur le dos, elle ramena ses avant bras derrière sa tête, afin de la reposer sur ses mains puis, elle ferma ses yeux pour profiter du soleil qui venait chauffer son visage. Pendant ces minutes de solitude, elle en profita pour se rappeler de son ancienne vie. Elle se souvenait des bons moments avec son boulanger, ou encore quand Cendrillon exécutait ses ordres. Finalement, Javotte arriva à bon port. Elles passèrent la journée ensemble, à passer un bon moment entre sœurs. Anastasie et Javotte retournèrent finalement au Manoir vers 16h20.

En fin de soirée, Anastasie décida de sortir de chez elle, mais pour cette fois-ci faire un tour en ville, afin de s'amuser un peu. Une  nouvelle fois, elle se fit conduire par son chauffeur, qui la déposa devant un bar qui avait une bonne réputation. Vêtue d'une robe rouge, de talons noir et ayant ses cheveux complètement lâchés, Anastasie entra dans le bar. Elle regarda autour d'elle, elle ne connaissait personne,  en même temps elle n'avait pas vraiment d'amis. Elle se dirigea vers le bar, où elle commanda un sex on the beach. Décidément, il n'y avait pas grand chose ici. Personne de bien intéressant, avec qui elle aurait pu s'amuser. Anastasie prit tout de même le temps de boire son verre, après tout elle l'avait payé, puis elle quitta l'endroit, se dirigeant vers le Green Park. Il devait être 00h05, mais il y avait encore du monde dans ce fameux parc. Elle en profita donc pour s'y promener.

Comme tous les soirs je me perds. Comme tous les soirs je sors afin d'aller boire allégrement dans l'unique but d'oublier les maux qui se sont abattus sur moi et sur mon couple. Je dois être bien beau à regarder, l'ivrogne du village. Le drôle à qui on s'amuse à lancer des quolibets et un tas de légumes rances qui ne sentent pas bon. Je suis le troufion et celui dont les autres s'amusent à son dépend. On parle sur moi, j'en suis persuadé, même la planète se ligue contre moi, tout tourne autour de mon corps, la terre n'est pas stable et me fait perdre l'équilibre. Cette vision psychédélique est impressionnante de plus une euphorie sans pareille s'est saisie de moi. Elle m'a capturé dans son filet comme un pêcheur le ferait à du poisson. Qu'ils me fichent tous la paix, moi je ne demande rien. Le vent il me saoule, il me gratte et m'empêche d'avancer correctement. J'attrape ma gourde remplie de whisky et en boit deux grosses rasades qui me font sourire de contentement quand elles me brûlent l’œsophage. Je finis par m'installer sur un banc et m'allumer une cigarette tout en regardant autour de moi. Il fait déjà nuit depuis au moins deux bonnes heures et cela fait autant de temps que je suis ivre mort.

Un oiseau finit par se poser non loin de moi, je le regarde avec un grand sourire niais et j'ai l'impression que nos deux regards se croisent et qu'une discussion silencieuse se déroule, puis tout d'un coup j'éclate de rire en réalisant la connerie que je viens de faire. Genre je parle avec un pigeon ? C'est quoi le problème là ? Je n'ai même plus l'impression d'être seul dans ma tête. De toute façon c'est le cas, les visions que j'ai de mon passé me prouvent qu'une sorte d'entité se bat à l'intérieur de mon être pour prendre le dessus, une version de moi-même maléfique qui veut déverser le mal sur la planète. Je ne dois pas la laisser faire. Non là ce n'est pas un discours d'homme saoul, enfin peut-être pour la forme, mais le fond c'est la vérité. C'est ce que je ressens.

J'essaye d'approcher ma fiole de whisky de ma bouche sans me brûler avec ma cigarette, mais tout ce que j'arrive à faire c'est m'en reverser dessus. Je grommelle dans ma barbe avant de réussir à boire. Oh puis. Je la finis d'une traite. Ce qui me fait plonger encore plus dans un délire totalement étrange et pourtant si réel à la fois. Maintenant c'est différent encore, en prime j'entends des bruits de pas qui résonnent non loin de moi. Je relève le visage et la personne que je vois je la connais très bien. Je ne sais pas si je suis heureux ou non qu'elle puisse me voir dans cet état-ci mais en tout cas, il y a une chose dont je suis sûr : « Anastasie ? » Quel idiot, je l'appel simplement parce que je pense à son prénom. Elle va finir par savoir que je suis un ivrogne qui boit pour oublie qu'il n'est plus avec Cendrillon. Maintenant c'est foutu, en prime je la vois s'approcher de moi. Je vais passer un mauvais quart d'heure ça je le sens d'avance, gros comme une maison.

Il n'était pas si tard que ça, enfin pas pour Anastasie en tout cas. Elle voulait faire un tour, s'amuser, penser à autre chose que son ancienne vie et son échec. Ana est fière de ce qu'elle est à présent, elle l'a toujours été dans un sens mais avant, elle n'était pas libre de faire ce qu'elle voulait. A une époque, elle voulait épouser le prince du royaume. A lieu de ça, elle avait fini avec un boulanger qui en soit, ne lui apporterait pas le pouvoir et encore moins l'argent. Mais avec l'aide de sa demi-sœur, elle avait quand même eu le courage de modifier sa perception de la vie et de laisser une chance à l'amour, au vrai. Elle était heureuse, amoureuse et ne regrettais pas le fait qu'elle ait du affronter sa mère. Mais aujourd'hui, c'était autre chose. Elle se retrouve seule, dans les rues d'une ville qui sort de nul part. Les hommes ça elle en a quand elle le souhaite, mais ce n'est pas ce qu'elle veut. Elle souhaite ressentir l'amour, se sentir aimer et protéger.

Dans ce parc, elle se sent bien. Anastasie est seule et peut-être elle-même. Celle qui aime ou presque la vie, qui aime sourire. En avançant dans ce parc, elle remarque que pour un mois froid, il fait plutôt bon. Le vent lui donne des frissons, mais ça reste supportable. Elle imagine des choses, un futur qui n'est pas prêt d'arriver quand soudain, une voix la sort de son rêve. Relevant la tête, elle regarde autour d'elle et remarque une silhouette. A première vue, elle ne voit pas qui est cette personne. Elle décide donc de s'approcher doucement, jusqu'à ce qu'elle puisse découvrir l'homme qui autre fois la faisait rêver. « Henri ? », demande-t-elle avec surprise. Mon dieu, mais qu'est-ce qu'il lui est arrivé. Elle s'avance encore afin d'arriver à sa hauteur et de voir l'état dans lequel il est. Un sourire satisfait se dessine sur son visage. Ce prince qui la faisait temps rêvait, avait l'air d'un zombie. Elle posa à ses côtés, tout en le dévisageant, remarquant sa gourde. « Est-ce que ça va ? », demande-t-elle avec un faux sourire. Oui, pour le coup elle est en mode actrice, faisant semblant de s'inquiéter de lui. Après tout pourquoi le porterait-elle dans son cœur ? Il ne l'a pas épousé, lui préférant la Souillon.

Quelle idiotie viens-je de faire ? Elle ne m'aime pas ; elle peut se servir de mon état actuel contre moi pour me faire perdre mon travail ou pour me manipuler comme elle le désire. D'autant plus que là c'est chose aisée de le faire. Je suis ivre mort, et abuser de moi n'est pas vraiment compliqué. Quel andouille je peux faire parfois, maintenant je sais que je suis cuit. Je me suis précipité la tête la première dans un piège et je ne peux plus m'en échapper. D'ailleurs je n’essayerais même pas. M'enfuir en courant une exécrable idée. Elle pourrait me rattraper en un rien de temps et je risque plus de me faire mal en tombant qu'autre chose. Non finalement je suis dans le filet du pécheur et je vais devoir en assumer les conséquences, quelles qu'elles soient. J'aurais dû réfléchir avant d'agir, j'ai été incontestablement le plus gros des idiots sur ce coup-ci. Il faudrait me décerner une médaille pour ma bêtise. Anastasie, ou l'affreuse belle sœur comme elle est surnommée dans les contes. Elle a souhaité m'épouser, comme beaucoup de jeunes filles quand j'étais encore célibataire. Mais je ne l'ai pas choisis elle, j'ai préféré pendre sa demi-sœur pour femme, une décision qu'elle a toujours gardé comme étant un refus catégorique. Je n'ai jamais rien eu contre elle, mais voilà ce que la rancœur peut provoquer.

Maintenant, elle se rapproche de moi, simplement parce que je l'ai appelé. J'aurais préféré être aphone sur le moment ou être ridicule car ce n'était pas elle. Mais cela ne se passe jamais comme on le désire n'est-ce-pas ? Sinon tout serait trop facile et bien trop beau. « Henri ? » Un sourire idiot vient rendre mon visage heureux. C'est dingue, ce prénom il me dit vaguement quelque chose, il semble sorti d'un songe, je me demande s'il a eu une consonance particulière. Il sonne comme le carillon d'une cloche à mes oreilles et cela m'engourdis jusqu'au bout de mes doigts. « Est-ce que ça va ? » Je m'approche d'elle et rigole en la regardant dans les yeux. C'est qu'elle a drôlement changé avant je n'aurais jamais osé m'approcher d'elle ainsi, elle n'était pas attirante, mais la malédiction a eu au moins un effet positif, elle a changé et en bien mieux. « A merveilleuse ! Euh merveille. » Je me mets à rire, tellement fort que j'en ai les abdominaux qui me font mal. C'est hilarant non ? Merveilleuse et merveille, c'est comme se tromper entre pois et poisson. Je finis par tirer une nouvelle latte sur ma cigarette en regardant le ciel qui est noir comme l'encre d'une pieuvre. C'est beau non ? Le pire c'est que les étoiles elles bougent et me regardent, elles forment un beau visage qui me plaît beaucoup. Je finis par regarder le sol et j'admire les cailloux, ils bougent, genre vraiment, tu vois c'est des petites bêtes qui avancent par terre avec leur pattes et tout, non sérieusement c'est dingue là, moi qui croyait qu'un caillou ça ne vivait pas. J'aime bien les regarder, y en a de toutes les sortes, des gros, des petits, des gris, des noirs, des blancs ! « La vache ils sont comme nous... » Je murmure ça pour moi même et finis par rire nerveusement comme un abruti. C'est joli, ça brille, ça fait comme si des milliards d'étoiles étaient tombées sur la terre. On en revient toujours aux étoiles, fait chier. Je finis par reprendre ma gourde et essaye de boire une gorgée en la prenant entre mes lèvres. Je la fais basculer, et... rien. « En a pu ! » Je grogne ça comme si j'allais tuer quelqu'un parce que je n'ai plus d'alcool, ça ne va plus du tout. Je finis par la jeter au loin et regarder Anastasie qui est à côté de moi. « Tu veux quoi ? » Je ris nerveusement tout en jetant un coup d’œil à ses cheveux, ils sont joulis. Je commence à dérailler, je finis même par me casser la figure du banc et m'écraser comme une loque au sol. Je me redresse comme je peux et me mets face à elle en attendant ma réponse.

En entendant son prénom retentir, Anastasie s'attendait à voir beaucoup de monde monde, mais sûrement pas Henri. Elle aurait vu Meeko ou Shin, elle aurait été heureusement, mais là, elle se demandait bien ce qu'il lui voulait. En s'avançant vers l'homme, elle remarqua qu'il avait changé. Il restait toujours un bel homme comme autre fois, mais il n'avait plus ce côté si charmant. Elle avait été attiré par ce Prince, elle se battait avec sa sœur pour lui et finalement, il les a rejetait toutes les deux. Anastasie s'était jurée de prendre sa revanche et voilà qu'une opportunité s'offre à elle. Elle s’approche doucement de lui, le regardant avec dépit, enfin du moins, elle essayait de lui faire un sourire sincère, qui n'en était pas un. Elle le regardait alors qu'il disait n'importe quoi, faisant valser sa gourde, son halène puait l'alcool. D'un coup, Henri la faisait beaucoup moins rêver. Elle se met à rire lorsqu'il se trompe de mot, finalement le voir ainsi apporte du plaisir à l'ancienne rousse. Il regarde le ciel, elle fait de même se demandant ce qu'il pouvait bien le faire rire. Il regarde le sol, disant qu'ils sont comme eux. Oula, là ça devient plutôt inquiétant. Elle finit pas se poser sur le banc, le laissant dans son délire, tout en attend qu'il répondre à sa question.

Mon dieu le pauvre, se dit-elle toujours en le regardant. Elle le dévisage, il a une barbe qu'il n'avait pas autre fois, ses vêtements laissent à désirer et son air triste sur son visage lui fait peine à voir. Wow tout douw Ana, il ne faut pas qu'elle commence à ressentir de la compassion pour cet homme. Elle n'a pas le temps de répondre à sa question, qu'il finit par s'étaler au sol. Elle lève les yeux au ciel, puis décide de se lever à son tour, afin d'être à sa hauteur. Enfin, façon de parler vu qu'il est plus grand qu'elle. Qu'est-ce que je veux ? C'est toi qui m'a interpellé je te signale !, lance-t-elle d'un ton sec. Elle finit par secouer la tête et lui sourire, lui faisant son regard de séductrice. Elle se rassoie, tapote le banc d'un main et lui dit Alors mon beau Prince, qu'est-ce qu'il ne va pas ?, demande-t-elle en prenant un faux air triste. Elle a une petite idée derrière sa tête, elle veut sa revanche et elle l'aura. Il est pourrait, autant en profiter même si c'est bien bas. En même temps, Anastasie et sa famille n'ont jamais fait de coup par devant ! Toujours tout par derrière, c'est mieux et ça fait plus mal.

Les étoiles elles tournent, elles sont belles, et elles me sourient. J'ai l'impression qu'elles sont entrain de faire la fête elles aussi. C'est beau, ça tourne, toujours plus vite, elles me font coucou et me demande si je viens, bien entendu que je vais bien. C'est quoi cette question ? Je ne me sens jamais aussi bien qu'en étant totalement ivre. La réalité est bien trop épouvantable et boire m'aide à oublier ce que j'ai pu faire et ce que je suis toujours entrain de faire à mon aimée. Ça me fait du bien de m'échapper du train train habituel, j'ai besoin de faire d'autres choses pour me changer les idées. Ces derniers temps, c'est pas la grande forme en prime, mais vous l'avez compris vu l'état dans lequel je me mets. Enfin on s'en fiche, moi si j'ai ingéré autant d'alcool, c'est simplement pour penser à des choses plus heureuses, comme discuter avec des cailloux, regarder les étoiles et rire, non pas pour ressasser des événements tristes qui m'ont poussé à être dans cet état déplorable. Que diraient les enfants qui lisent l'histoire du prince Henri ? Que c'est un alcoolique qui a fait du mal à sa princesse ? Ils auraient raison, mais me dire que je bois m'aide à ne pas y penser ou du moins à moins y penser.

Le pire c'est que Anastasie est là, à me pouponner. D'ailleurs je devrais trouver cela extrêmement étrange, mais comme je suis ivre mort, ce n'est pas le cas, bien au contraire, je suis éberlué dans le bon sens. Elle serait donc prête à changer sa nature et à devenir plus conciliante avec les autres ? Comme quoi les miracles arrivent. Elle finit par se lever et se mettre à mon niveau. « Qu'est-ce que je veux ? C'est toi qui m'a interpellé je te signale ! » Ce n'est pas faux ; un sourire apparaît sur mon visage suite à sa remarque, très perspicace l'affreuse belle-sœur dis donc. Anastasie finit par se rasseoir sur le banc et m'invite à la rejoindre chose que je fais sans presque discuter. En temps normal j'aurais refusé et j'aurais continué ma route comme si je ne l'avais pas vu, mais là, je suis saoul voyez vous alors ma réalité en est altérée. « Alors mon beau Prince, qu'est-ce qu'il ne va pas ? » Elle me trouve beau ? C'est trop mignon. Je me mets à rougir comme une tomate. Je suis trop touché par son compliment, c'est magnifique. Une petite voix dans ma tête me dit de me méfier, mais je la fais taire rapidement en la regardant droit dans les yeux d'un air un peu guimauve. « Oh... disons que tout va bien à part que je suis en break avec Cendrillon. » Mais c'est pas grave, là je suis bien, ma seule amie c'est ma gourde, elle me permet de m'échapper, de me rendre plus joyeux, d'être bien au dessus des problèmes de ma vie quotidienne. C'est mon exutoire, celle qui ne me veut que du bien. Et.. « OH PUTAIN MA GOURDE ! » Je me relève immédiatement choqué de l'avoir moi-même jeté. J'attrape mon téléphone portable et allume le flash pour en faire une lampe torche afin de la chercher par terre. Je sais que c'est inespéré de la retrouver, mais il me la faut, comment je vais pouvoir faire sans elle ? Non, pas ma gourde, c'est comme perdre un bras, c'est abominable c'est affreux. Ma gourde !

Le spectacle que lui donne Henri, la fait plutôt rire. Si un jour on lui avait dit que le Prince serait dans cet état, elle serait sûrement montée sur ses grands chevaux, à protéger cet homme si beau, charmant et riche. A présent, elle était limite entrain de prendre son pied en le voyant ainsi. Le Prince n'était plus si charmant que ça, et c'était jouissif. Anastasie préféra jouer la carte de la tendresse, de la douceur envers son beau-frère chéri. Il était complètement bleue, il se parlait à lui-même tout en regardant les étoiles, mais aussi les cailloux qui étaient sous leurs pieds. En fait, c'était limite effrayant de le voir ainsi. Elle lui fit remarqué que si elle était à ses côtés, c'était tout simplement parce qu'il avait interpellé. Elle avait d'autres choses à faire, que supporter son état. Oui mais Ana est un peu folle sur les bords et en joue. Elle s'assoie sur le banc, tout en l'invitant à la rejoindre. Elle ne se fait pas prier, puisqu'il la rejoint en moins de deux. Lui tapotant sur l'épaule, elle lui demande ce qu'il ne va pas, bien qu'elle n'en a rien à faire. A la réponse d'Henri, un large sourire se dessine sur le visage de la jeune Anastasie. Qui aurait cru qu'un jour, le Prince charmant et Souillon ne seraient plus ensemble ! Oh je suis navrée de l'apprendre, ment-elle comme un arracheur de dents. Finalement, cette nuit va être la meilleure. Un prince complètement torché, et en plus de ça, il lui avoue qu'il n'est plus avec Cendrillon. Merci mon dieu, c'est ce qu'elle aimerait crier. Retrouvant ses esprits, elle remarque que l'homme n'est plus à côté d'elle, mais debout à chercher sa gourde. Ta gourde n'a pas disparut, elle va réapparaître comme par magie, lui lance-t-elle avec un grand sourire. Elle finit par se lever et le rejoindre, regardant à terre. Tu es dans un piteux état tu le sais ça ?, demande-t-elle, bien qu'elle n'aura pas de réponse, où étant bourré, il va lui répondre à côté. Marchant sur le côté, Ana cogne la gourde avec son pied. Un sourire en coin, elle la ramasse et la cache derrière son dos, se retournant vers Henri qui est limite entrain de faire une dépression à cause de sa gourde.

Je suis pitoyable. Quelle image de moi-même suis-je entrain d'envoyer aux habitants de la ville ? Je n'ose même pas imaginer ce qu'ils doivent penser de ma personne. Ce doit être des propos méchants : Dis-donc tu as vu le Prince Henri ? Il passe son temps à boire et il paraît même qu'il a quitté la Princesse Cendrillon. Fut un temps où ce genre de racontars ne me touchaient absolument pas, parce que j'étais bien au-dessus de cela, parce que je n'étais pas dans ce monde où les informations vont à la vitesse de l'éclair grâce aux nouvelles technologies comme ils appellent cela. Personnellement, j'ai du mal à m'y faire. Les téléphones, les ordinateurs, ce n'est pas vraiment un domaine où j'excelle. D'autres personnages des contes savent bien mieux y faire que moi, parce qu'ils ont un esprit plus ouvert. Pourtant il faudrait que j'y parvienne, je ne compte pas retourner dans le pays des contes de fées, je sais très bien ce qui pourrait m'attendre sur place : un père qui souhaite plus que tout me voir souffrir parce que je n'ai pas exaucé son vœux de voir un héritier sur le trône et un peuple fort mécontent de leur souverain. Non décidément, ma place dans ce monde est largement meilleure par rapport à la vie que je pourrais mener là-bas.

Cet état déplorable où je suis n'arrange rien du tout. Au plus profond de mon être je sais que la présence et l'air amadouant d'Anastasie – ma belle sœur – cache quelque chose, mais je n'y pense pas outre mesure. Je suis bien trop ivre pour me douter un seul instant que je peux risquer gros ce soir. Quelle bêtise j'ai pu faire de l'interpeller quand je l'ai vu passé tout à l'heure. J'aurais mieux dû me taire et rester seul dans mon coin à parler aux cailloux et à discourir avec un être invisible à côté de moi des vertus des étoiles sur notre psychisme. Tout aurait été bien mieux, mais maintenant elle est là, et je ne fais rien, à part des idioties d'homme saoul. « Oh je suis navrée de l'apprendre. » Je ne sais pas vraiment dans quel sens dois-je le prendre. Ironie ou sincérité ? Mon cœur balance, mais ce n'est rien comparé à ma découverte, la perte de ma fiole qui contient mon alcool. Je ne sais pas pourquoi, mais je tiens à cet objet, peut-être autant qu'à ma bague de fiançailles. Une gourde est certes beaucoup moins symbolique qu'un anneau représentant une promesse éternelle, mais dans ma vie, elle m'a soutenu et m'a permis d'oublier. « Ta gourde n'a pas disparut, elle va réapparaître comme par magie. » Je ne sais pas si le mot magie pourrait qualifier la disparition du Graal mais c'est peut-être ce qui conviendrait le mieux. Le pire dans l'histoire, c'est que je serais bien incapable de dire la direction dans laquelle je l'ai lancé tout à l'heure. Pour dire, je doute même bien être capable de savoir compter jusqu'à dix. « Tu es dans un piteux état tu le sais ça ? » Un grognement plus bestial qu'humain s'échappe de ma gorge, simple réponse à sa question qui n'en est pas vraiment une. Oui, je suis totalement ivre, mais là je commence à perdre patience. Si je ne la retrouve pas, je ne sais pas comment je peux réagir, mais ça risque d'être mauvais, pour elle autant que pour moi.

Après une ou deux minutes de recherche, je laisse tomber. C'est finis, de toute façon dans l'état où je me trouve, il me sera impossible de la retrouver. Je finis par revenir vers elle et la regarde de façon étrange. Il y a quelque chose qui me surprend, elle est là, et que fait-elle ? « Je... Je vais... rentrer. » Je titube rien qu'en parlant, je ne pense pas être capable de retrouver mon chemin, mais je veux partir, je dois rentrer au Meli Melo, c'est une question presque de vie ou de mort. Je ne dis même pas au revoir, et m'élance après avoir rangé mon téléphone dans ma poche dans le chemin du retour. Après à peine dix mètres je commence à défaillir. Je me rattrape à un arbre, et je pense à ce qui se passe. Je suis totalement inapte à la trouvaille de la sortie. Je me retourne vers Anastasie et commence à voir le monde bouger dangereusement. « C'est par où ? » Je parle assez fort pour qu'elle m'entende alors même qu'elle n'est qu'à quelques pas de moi. J'ai besoin de son aide, je n'y arriverais pas tout seul, autant à l'idée de trouver mon chemin que de marcher correctement.

Si elle le pouvait, Anastasie exploserait de rire en voyant le Prince ainsi. Mais non, il fallait qu'elle joue la bonne carte en se faisant passer pour la gentille belle-sœur. Celle qui était si douce et tendre, lorsque Cendrillon l'avait aidé avec son boulanger. Elle jouait tellement bien, qu'elle aurait pu faire le métier d'actrice. Elle était donc entrain de jouer les grandes actrices avec Henri qui lui, était complètement mort. A tel point qu'il parlait même aux cailloux. La jeune femme faisait semblant de se soucier des sentiments de son beau-frère, surtout lorsqu'il lui avoua être en break avec Cendrillon. Là c'est sur, Anastasie passerait une très bonne et belle lui. Elle le regardait entrain de tituber à la recherche de sa pauvre gourde, alors qu'elle lui disait être en piteuse état. Le grognement de l'homme l'a fit rire, était-il sur le point de se transformer en monstre ? Il faut croire, vu l'importance de cette stupide gourde. Elle décida finalement de lever son fessier et de l'aider à la trouver. Elle ne tarda pas à tomber dessus, contrairement à lui, elle avait les idées claires. Ana décida tout de même de cacher la gourde, voulant le torturer encore un peu.

Voilà qu'à présent, il veut les abandonner, Anastasie et la gourde. Anastasie lève les yeux au ciel, le regardant partir en essayant de ne pas rire. D'un coup, la voix de l'homme se fait plus présente, il hurle alors qu'il est juste à 10 mètres. Chut, tu vas réveiller tout Fantasia Hill !, dit-elle en s'avançant vers lui. Elle le regarde, l'observe encore un peu. On dirait un petit garçon qui a perdu son chemin, voir sa mère qui dans leur cas est la gourde. Allez viens petit Prince, si tu es sage, tu aura un cadeau super génial une fois chez toi. Elle parlait bien de la gourde et rien d'autre, quoique....A la hauteur d'Henri, elle passa le bras du jeune homme autour de ses épaules et son propre bras, autour de la taille du beau prince. Elle avança vers la sortie, elle espérait juste qu'il ne se mette pas à chanter ou faire des trucs bizarres, il y avait quand même encore pas mal de monde dans les rues.

L’histoire est souvent racontée comme une chronique de bonnes personnes faisant de bonnes choses, mais pour la plus part d’entre nous, la vie n’est pas faite de grands moments mais de petits. Et avec chaque petit choix, avec chaque petite décision, nous nous définissons nous même. Ces petites choses font ce que nous sommes, nous façonnent de la façon la plus normale qui soit. Sommes-nous honnêtes ? Espérons-nous ? Sommes-nous fiers de nous même ? Ou sommes nous déçus par ce que nous sommes devenus ? La vie se passe rarement comme nous l’avions prévue. Des choses inattendues qui nous surprennent avec de nouvelles et excitantes possibilités. Mais tôt ou tard, la réalité vous rattrape. Ce ce qu'il faut se dire au plus profond de nous-même, c'est que peut-être qu'on est pas comme on le voudrait, mais que l'on est comme on est et rien que pour cela personne n'a le droit de nous juger, de nous rejeter. Oui peut-être qu'on est pas tous des standards, des gens qui ont tout ce qui se désirent en plus d'être magnifiques, mais pour d'autres, on doit se battre, garder la tête sur les épaules et faire en sorte de s'accepter, rien qu'à partir de ce moment là, quand vous dites merde à ceux qui vous oppriment, vous serez ce que vous auriez dû être, parfait.

Je ne me sens pas parfait, et j'en suis même très loin. Je doute l'avoir été un jour. Tout le monde pensait que je l'étais quand nous étions encore dans le monde des contes de fées, mais ce n'était pas la vérité, jamais ça n'a été le cas. J'étais même aux antipodes de l'homme idyllique. Vil quand je le devais, trop imbu de son propre malheur et pas assez de celui des autres et de son peuple, mon cœur a été bafoué par le sang que j'ai versé. La preuve en est actuellement, je ne suis pas dans mon état normal, il a été provoqué par l'alcool. Boisson que j'ingère afin d'oublier. Mais apparemment ça ne marche pas aussi bien que je le désire. Ou du moins j'oublie des choses que j'aurais préféré garder en mémoire, comme mon chemin par exemple. « Chut, tu vas réveiller tout Fantasia Hill ! » Quoi parce que j'ai crié ? Je ne m'en suis pas réellement rendu compte. Je regarde à droite et à gauche dans l'espoir que personne n'ait été dérangé par ma voix. Tout ce que je vois c'est une souris qui coure pour s'enfuir. Une larme roule sur ma joue en la voyant, me souvenant des petits amis à moustaches de mon aimée. Larme qui tombe au sol sans que personne ne remarque rien. « Allez viens petit Prince, si tu es sage, tu aura un cadeau super génial une fois chez toi. » Elle s'approche de moi et glisse son bras autour de ma taille afin de m'aider à tenir debout et mets mon bras autour de sa nuque afin que je ne glisse pas. Je me laisse faire, de toute manière je n'ai pas la force de le faire seul et je n'ai pas non plus envie de terminer la nuit tout seul dehors.

Elle m'aide à avancer parce que mes jambes seules n'auraient pas réussis à supporter mon poids. Encore heureux je ne suis pas très lourd avec le sport que je pratique, mais je ne suis pas un poids plume non plus. Anastasie a le courage et la gentillesse de m'aider. « Merci. » Je lui dis cela simplement dans un bout de souffle. Je n'aurais jamais cru dire cela à mon abominable belle-sœur, ni à aucun autre membre de la belle famille de Cendrillon, mais c'est chose faite maintenant. Après tout, les gens peuvent changer non ? Du moins je l'espère au plus profond de mon être. Cette pauvre fille n'a que souffert dans la vie, je comprendrais son besoin de chercher vengeance, moi-même j'ai eu un moment où j'étais dans le même cas qu'elle. « Mais pourquoi ? » Pourquoi est-elle si gentille avec moi ? Qu'est-ce qui a bien pu faire qu'elle me vienne en aide aussi spontanément ? Je ne sais pas, j'ai l'esprit trop nébuleux pour pouvoir mettre des pensées cohérentes en place à l'intérieur de ma tête. C'est le bazar et quiconque jetterais un œil dans mes pensées en sortirait totalement perturbé, peut-être autant que moi d'ailleurs.

Les vilains n'ont pas le droit aux fins heureuses, c'est ce que tout le monde raconte. Que ce soit dans les livres, dans les films, séries ou même la réalité. Anastasie est peut-être finalement destinée à faire le mal, vu qu'il semblerait qu'elle n'est pas le droit à sa fin heureuse. L'homme qu'elle a sous les yeux auraient pu être sa fin heureuse, mais non. Le boulanger aurait aussi pu être sa fin heureuse, mais une nouvelle fois le sort s'acharnait sur la jeune femme. Non au lieu de ça, elle se retrouvait dans un monde complètement différent du sien, où elle ne peut même pas devenir une vraie princesse. Autant dire qu'elle serait capable de faire une dépression nerveuse. Elle n'est pas parfaite, ne l'a jamais été et ne le sera jamais. C'est comme ça, la vie l'a faite ainsi. Elle a tout de même du bon en elle, il faut juste qu'elle soit avec les personnes qui le lui font ressortir.

En voyant son beau-frère, elle sentait une satisfaction en elle. Elle le voyait triste et complètement bourré. Elle n'avait pas tant de chose que ça à faire pour le détruire, puis-ce qu'il faisait tout le boulot par lui-même. Anastasie n'a qu'à rajouté deux, trois petits ingrédients pour pimenter la chose. Il voulait retourner chez lui, mais ne savait pas par où c'était. Après avoir ranger la gourde dans son sac, Ana se précipita vers Henri avant qu'il ne s'étale au sol. Elle ne le portait plus vraiment dans son cœur, mais elle ne pouvait pas le laisser ainsi. En plus, elle allait pouvoir le faire mariner et l'embêter. Le soutenant  pour l'aider à marcher, Anastasie lâcha un petit souffle. Un souffle qui voulait dire "bon dieu il est pas léger celui là". Il n'était pas gros, mais plutôt baraqué. Anastasie quand à elle, est plutôt mince. En avançant dans la rue, il la remercia, ce à quoi elle lui fit un sourire. De quoi pourquoi ?, lui demande-t-elle en levant son regard vers lui. Bon là il faut se l'avouer, elle était plutôt sympa avec lui, à le traîner jusqu'à chez lui. Alors beau Prince, pourquoi n'es-tu plus avec Soui...Cendrillon ?, ajoute-t-elle en se mordant la lèvre. Oui, elle a failli se faire griller, mais en même temps, il est bourré, il ne se rappellera de rien.

Une fois dans la bonne rue, Anastasie se stoppa devant l'entrée de Méli Mélo House. Elle allait pouvoir rentrer chez elle, enfin vu l'état du Prince, elle était loin d'être de retour à la maison. Tu te sens de faire le reste seul ? Tu vas retrouver ta chambre ?, demande-t-elle en le laissant s'appuyer contre un mûr, car il commence à se faire lourd le petit Prince.

À croire que la vie est conçue dans un seul but, celui d’un destin commun. Celui d’un père et de sa fille, d’un frère et de sa sœur, d’une mère et de son enfant. Les liens du sang sont inflexibles car ils sont éternels. Mais ce sont nos choix qui renforcent nos liens. Ainsi ils peuvent véritablement éclairer la route sur laquelle nous voyageons. L’amour contre la haine. La fidélité contre la trahison. Le véritable destin d’une personne ne peut être révélé qu’à la fin de son voyage, et mon histoire est loin d’être terminée. Je dois tenter de les retrouver, écrire la suite pour savoir ce qui m'arrivera demain, dans une semaine, dans un mois, voire plus longtemps. Il n'est pas l'heure pour moi de faire des adieux aux gens. Il n'est ni l'heure pour moi de jouer à celui qui fera de sa vie quelque chose de mieux que les autres. Il est temps maintenant de vivre, de faire ce que j'ai toujours su faire de mieux, c'est à dire avancer, et tenter de construire mon avenir, de le façonner. On dit qu'il ne faut pas voir devant, certes, j'admets que cet adage est véridique car pour voir ce qu'il y a devant, il faut déjà pouvoir regarder ce qu'il y a maintenant. Seulement, mon histoire passée m'en empêche, certes elle es résolue mais il y a des choses qui font que parfois, que tout s'arrête brutalement, et qui donnent une fin, pas si heureuse que ça finalement.

Bien que je sois totalement ivre, je ne suis pas idiot, il y a quelque chose qui ne va pas. Que ma belle-sœur soit aussi... agréable et serviable avec moi cache une véritable motivation. Je n'ai pas voulu d'elle pour épouse alors qu'elle était raide dingue de moi. C'est cruel, mais je n'avais pas à me forcer non plus. Elle voulait le pouvoir, je l'avais ; je voulais l'amour, elle ne l'avait pas. L'équation ne s'est pas opérée avec de tels résultats. Et là je trouve ça suspect, mais je ne m'en inquiète pas vraiment, un des effets de l'alcool que je n'aurais pas souhaité. « De quoi pourquoi ? » Je ne réponds pas, je n'en vois pas l'utilité, elle sait très bien pourquoi je pose cette question, et elle fait semblant de ne pas avoir compris. Je ne vais pas me fatiguer pour des sottises pareilles, déjà que j'ai bien du mal à marcher même en étant aidé. « Alors beau Prince, pourquoi n'es-tu plus avec Soui...Cendrillon ? » Je n'écoute même plus, les mots entrent par une oreille et ressortent par l'autre, ma tête est comme une passoire, plus rien ne peut rester pour le moment. Je suis out, la seule chose que je sais, c'est que j'ai l'impression d'avoir un pied plus grand que l'autre, ce qui n'est pas le cas en réalité ; bon sang, remet toi Henri. Nous finissons par arriver au bout de quelques minutes de marche plutôt saccadée, mais au moins on y est. Elle me dépose contre un mur. « Tu te sens de faire le reste seul ? Tu vas retrouver ta chambre ? » Euh, honnêtement, retrouver la chambre n'est pas le problème. Le soucis c'est de pouvoir l'ouvrir avec la clef, et vu mes capacités motrices, c'est bien loin d'être gagné. Je secoue la tête négativement. « Pas vraiment non. » Je commence à avancer à l'intérieur du pensionnat et me dirige vers ma chambre, fort heureusement je suis seul ce soir, enfin il y a ma chienne, mais ça ne compte pas vraiment comme une présence humaine. Je m'aide des murs afin de marcher et une fois devant ma porte, je lui tends mes clefs. « J'arriverais pas à ouvrir. » Je sais, j'ai l'air d'un enfant à qui l'on fait tout, mais dans un sens, c'est ainsi que l'on m'a élevé, alors retour au puer comme on dit, l'enfance est de retour lorsque je suis ivre apparemment. Une fois rentré, je m'avance comme un zombie sur le lit et m'écrase dessus comme une loque, ma chienne Gemma me saute dessus comme une pile électrique, ravie de me voir enfin de retour. Je soupire avant de me mettre assis et de lui faire la fête comme il se doit. « Bon... bah... » Tu parles à Anastasie là, oui je la regarde, un air un peu miséreux au visage, comme pour s'excuser de tout ça, parce que c'était pas forcément plaisant.

Anastasie aime passer des moments seules, où elle peut se détendre. Ce soir, elle comptait faire la fête et se promener un petit moment dans le Green Park. Oui sauf que son charmant beau-frère avait décidé de lui gâcher le soirée, en l'interpellant. En voyant l'était du Prince, Anastasie s'était finalement dit qu'elle allait en profité et torturer un peu l'homme. Voulant en savoir plus sur la raison de leur séparation, Anastasie faisait tout pour qu'il parle, mais même bourré, il ne voulait rien dire. Bien, elle allait donc l'aider à rentrer chez lui et l'abandonner à son triste sort. L'aidant à marcher, elle le ramena au Méli Mélo House, afin qu'il puisse dormir tranquillement sans déranger personne. Voulant vite partir, elle lui demanda toute fois si il arriverait à retrouver le chemin de sa chambre seul et bien évidemment il répondit que non. Bah voyons, ce soir Henri avait décidé de lui casser les bonbons. Anastasie le suit dans les couloirs, regardant autour d'elle la jeune femme remercie le petit seigneur de lui avoir donné un Manoir. « Je vais me faire payer si ça continue », lâche-t-elle en lui prenant les clés des mains. Elle enfonça la clé dans la petite serrure, puis elle enclencha la poignet afin d'ouvrir la porte. « Voilà petit Prince », dit-elle en le laissant passer. A son tour, la jeune femme entre dans la chambre, ferme la porte afin de pouvoir s'appuyer dessus. Elle regarde le spectacle qu'elle a sous les yeux, regardant ce chien faire la fête au Prince. Et ben, au moins il a une bête sur qui se reposer. « Tu as besoin de quelque chose ? », demande-t-elle en espérant avoir un non en réponse. Elle s'avance légèrement et regarde les détails de la chambre. Cette chambre et simple mais on s'y sens bien.

Je reste là, comme si j'étais totalement paumé. Je ne le suis pas vu que je suis dans mon « chez-moi » ; cet endroit je le connais par cœur maintenant, et je me suis familiarisé avec, tant et si bien que même entièrement ivre, je sais où aller chercher telle chose ou telle autre. Pourtant je suis vraiment perdu, je veux dire dans ma tête. C'est flou, peut-être même un peu trop. J'ai du mal à me faire à l'idée que je suis ailleurs, c'est à dire partout et nul part à la fois. Je suis ici sans être là. Bon d'accord, il faut que j'arrête l'alcool, parce que ça me fait penser des choses loufoques. Le pire c'est que ma belle-sœur m'a vit dans cet état-là. Que se passerait-il si elle racontait tout à Cendrillon ? Je n'imagine même pas le scandale que cela pourrait créer. Mon dieu, quel idiot, je n'ai pas réfléchis aux conséquences de mes actes de la soirée et voilà où tout cela me mène. Je serais prêt à m'arracher les cheveux pour me punir, sauf que je ne suis pas adapte de l'autotorture, bien au contraire. Maintenant c'est bête, mais je n'ai pas envie qu'Anastasie parte, je préfère qu'elle reste-là au cas où quelque chose se passe mal, je sais pas moi, par exemple que je tombe et je me casse quelque chose. Ce serait vraiment pas de chance. Alors c'est là que ma super – affreuse – belle-sœur interviendrait pour me sauver et m’emmener à l'hôpital. Qu'est-ce que j'ai de la chance de l'avoir quand même, que ferais-je sans elle ? Non en fait je préférerais qu'elle reste, au moins j'aurais de la compagnie pour parler, parce que j'ai l'air bien bête quand je parle à mon chien, c'est comme si je me faisais un monologue tout seul, le truc abominable de la vie. Maintenant, elle reste là et me regarde après avoir fermé la porte derrière nous deux. « Tu as besoin de quelque chose ? » Comme si, non mais vraiment, j'ai l'air d'avoir besoin d'aide moi ? Je sais pas c'est comme si j'étais né avec une cuillère en or – oui pas en argent, c'est de trop mauvais goût – dans la bouche non plus. Je la regarde avec un air de chien battu au visage pour lui demander. « Tu peux rester ? » On dirait l'âne dans le film Shrek quand il demande à l'affreux ogre s'il peut dormir chez lui le soir. Sauf que moi je veux pas qu'elle dorme ici, c'est ma belle-sœur après tout, pas ma copine ou je ne sais quoi d'autre. « Genre, j'veux dire, pour parler, enfin tu vois le truc ? » Je m'embrouille les pinceaux et finis par dire n'importe quoi. Je suis vraiment fatigué, sauf que je ne ressens pas le besoin de dormir. Encore une aberration de l'alcool ça. Je serais même prêt à courir un marathon, mais me connaissant, je préfère éviter en étant saoul, ça risquerait de mal terminer. Voire très très mal. « Je reprends. Tu peux rester qu'on parle, j'ai pas envie d'être seul. » Et là je suis tellement content d'avoir réussis à formuler ma phrase que je saute partout comme un kangourou, tant et si bien que ma chienne finit par se mettre sur les pattes arrières et sauter en même temps que moi. Je pourrais envisager de me laisser pousser la barbe et de rejoindre un cirque si je continue comme ça, je ferais un carton. Qu'est-ce que je disais ? Les ravages de l'alcool ça me fait dire, faire, penser n'importe quoi.

Cette chambre, elle est plutôt pas mal. Elle est suffisamment grande pour une personne, les couleurs et la décoration de sont pas si top que ça, mais il y a pire. Enfin du moins, c'est ce qu'espère Ana en regardant tout autour d'elle. Appuyait contre la porte, Ana regarde son beau-frère et sa chienne. Elle souriait en voyant ce petit spectacle, non pas parce qu'elle trouvait sa ridicule, bien au contraire la jeune femme les trouvait mignon. Même si elle était satisfaite de le voir dans ce triste état, de le voir au fond du trou, Anastasie avait comme une petite pointe au cœur. Il fut un temps où, elle s'entendait avec ce Prince et sa belle-sœur. Parfois elle essaye d'imaginer comment serait sa vie, si rien n'avait changé. Serait-elle encore avec son boulanger ? Serait-elle mariée ? Heureuse avec des enfants ? Elle ne le sait pas et ne le saura jamais. Avant d'essayé de quitter cette chambre, Ana demande une dernière fois si il a besoin de quelque chose. A sa question, Henri commence à débiter des phrases qui font sourire la jeune femme. Un sourcil se lève lorsqu'il lui demande si elle peur rester. Il veut qu'elle reste pour parler, pour ne pas être seul. Anastasie sourit, mais elle sait très bien qu'il demande cela à cause de l'alcool. Henri préférerait la voir au fond du trou, plutôt qu'à l'aider à être à nouveau heureuse dans la vie. Elle fronce les sourcils, mais finit par s'avancer vers lui en lui disant Moi qui pensait qu'on allé faire une partie de jambes en l'air. Elle se met à rire légèrement, puis elle s'assoie au pied du lit, tout en reposant son dos contre le mûr. Alors petit Prince, qu'est-ce qu'il ne va pas ?, demande-t-elle tout en regardant Gemma venir vers elle. Sur le coup, elle a eu envie de hurler pensant qu'elle allait se faire agresser mais non, la chienne venait tout simplement s'allonger à côté d'elle. Un petit sourire aux lèvres, Ana se laissa aller dans un moment de tendresse en caressant la chienne.

Bon certes, j'ai beau être totalement ivre, mais j'arrive quand même à discerner ce qui est bien et ce qui est mal. Je suis toujours un être rationnel malgré l'alcool. Je ne suis pas un rustre, je reste malgré tout ce que je suis. C'est à dire beaucoup et peu à la fois. Comme c'est étrange de se sentir comme étant important à l'époque et maintenant n'être quasiment plus rien à part un pion de la société actuelle. Certes je ne suis pas rien non plus, mais beaucoup moins que dans le pays des contes de fées. Avant j'étais un prince, futur héritier d'un royaume gigantesque avec des civils qui étaient là à se plier à mes quatre désirs – même si je n'en abusais pas du tout. Et maintenant, je suis un simple habitant de Fantasia Hill, une ville américaine tout à fait normale selon les critères des humains normaux. Sauf que cette ville n'est pas normale, la plupart de ses habitants sont issus des histoires que l'on raconte aux enfants le soir. Ils pensent qu'on n'est pas réels, que nous sommes de simples personnes comme eux, s'ils savaient la vérité, je ne sais pas ce que l'on risquerait, beaucoup à vrai dire. La science se pencherait sur nos cas et nous deviendrions tous des cobayes destinés au bien de l'humanité, foutaises tout cela. Nous aspirons à la même chose qu'eux, vivre une fin heureuse et tranquille, loin de tous problèmes qui puissent exister en ce monde ou un autre.

Là par exemple, je sais exactement ce que pense Anastasie, son beau prince de l'époque ivre entrain de danser avec son chien. Que de ragots croustillants à raconter à tout le monde. Que pensera-t-on de moi si jamais cela s'apprend ? Je ne donne pas cher de ma réputation à vrai dire, d'autant plus que je fais souffrir la femme que j'aime. Je suis un bel enfoiré en réalité en y pensant bien, sauf que je n'y peux rien. Ces foutus souvenirs m'empêchent d'être celui que je devrais être. « Moi qui pensait qu'on allé faire une partie de jambes en l'air. » Pardon ? Je reste là, bouche bée devant elle. J'entends déjà d'ici mon père dire, ferme ta bouche, t'as pas besoin de l'ouvrir autant pour respirer. Mais je n'y peux rien, je suis choqué par ce qu'elle vient de me dire. Je ne suis pas un homme comme ça. J'ai lutté toute ma vie pour trouver celle qui me faut et jamais je ne dévierai de cette voie que je me suis tracé à force d'effort. Le pire c'est que Anastasie rigole de sa bêtise. Je ne suis pas du tout de son avis, je ne veux pas de tout cela moi. Je veux simplement parler, c'est pas compliqué à comprendre. Si ? Elle finit par s'asseoir par terre contre le mur et le lit. « Alors petit Prince, qu'est-ce qu'il ne va pas ? » Si je lui disais tout, ça n'irait pas du tout, elle s'empresserait de le raconter à tout le monde, et je suis persuadé qu'à Fantasia Hill, il y a des familles dont j'ai tué les proches indirectement ou directement. Je ne veux pas être responsable, je le suis, mais pas à leurs yeux en tout cas. Le pire c'est que Gemma termine par aller s'allonger à côté d'elle et que je vois Anastasie enfin comme elle est, une fille en manque d'affection. « Ce qui ne va pas ? J'ai l'air d'aller mal ? » Je lui souris et finis par m'installer à côté d'elle. Je reste deux minutes et commence à caresser ma chienne tout comme elle. En fait non, rien ne va, mais ça, elle doit l'ignorer, moins elle en sait, mieux le futur sera pour moi. « Et toi ? » Je lui renvoie la balle, pour savoir si elle va bien, savoir si sa vie ici est comme elle le désire, loin de tous les problèmes d'antan. Mais là tandis que je caresse Gemma, mes doigts touchent les siens, et comme une andouille, je ne les bouge pas, je reste perdu dans des pensées profondes.

Dans son ancienne vie, Anastasie était toujours dirigée par sa mère. Elle devait faire tout ce que la femme voulait, sans pouvoir dire un mot. Dès qu'elle riait trop fort avec sa sœur, elles avaient le droit à une réflexion. De même si elles faisaient les choses de travers. Il ne faut pas être étonnait qu'Anastasie est héritée d'un caractère de cochon, même si ce terme n'est pas vraiment le plus correct. Les choses n'arrêtaient pas de changer chez le jeune femme, étant une fois mauvaise, un amour par la suite avant de sortir à nouveau les griffes. Ana n'avait pas vraiment prit le temps de connaître le prince. Elle le connaissait par ce qu'elle voyait lors de bal, où lorsqu'il était avec Cendrillon. Ce qui l'attirait chez lui à l'époque, c'était surtout son argent, son pouvoir et son royaume.

Aujourd'hui, tout cela était loin, voir très loin même. Elle se retrouvait avec lui, dans sa chambre à caresser Gemma sa chambre, pendant qu'il essayait de retrouver ses esprits, bien qu'il soit un peu trop bourré. Elle s'était amusée à lui évoquer une partie de jambes en l'air, pour rire. Bien que le Prince soit bel homme, elle n'avait pas envie de passer une nuit torride avec lui et encore moins à donner son corps à un homme complètement bourré. Assise au bout de son lit, elle porta son attention à la chienne qui était venue vers elle. Anastasie caressait la petite bête à quatre pattes, ce qui avait dont de l'apaiser et de lui faire penser à autre chose. Elle demanda tout de même à Henri ce qu'il n'allait pas. A la réponse de l'homme, elle leva les yeux au ciel. Un sourire s'afficha sur les lèvres de la jeune femme, alors qu'il lui retourna la question. Petit Prince, j'ai une vie de rêve tu le sais très bien, dit-elle en lui faisant un immense sourire, avant de l'effacer et de reposer son regard sur Gemma. Tandis qu'il se trouve à ses côtés, à caresser aussi la chienne, Ana peut sentir les doigts du Prince toucher les siens. Elle lève les yeux vers lui, le regarde un instant avant de finalement pousser sa main sur la tête de la petite bête. Tu vois, en étant ici, je pensais que les choses seraient différentes mais non...., avoue-t-elle d'une petite voix. A ne pas se méprendre, Anastasie aime sa vie et le fait d'être riche, mais elle aimerait avoir une vie plus simple. Ne plus avoir cette rancœur en elle, cette douleur qui reste continuellement en elle.

Que celui qui n’a jamais péché lui jette la première pierre. Pour être celui qui n’a jamais péché il faut être capable d’accorder son pardon absolu. Mais lorsque du fond de notre mémoire surgissent des souvenirs semblables à des plaies béantes, le pardon est la dernière chose qui nous vient à l’esprit. Je ne sais pas si un jour je serais capable de pardonner, peut-être jamais, la souffrance est peut-être le but de notre vie, un jour ou l'autre, cette souffrance prend place en notre subconscient et nous fait réagir face à tout le mal qui nous entoure, à tout ce que l'être humain est capable de faire endurer à son prochain. Le pardon n'est pas chose aisée à donner, parfois cela nous ronge tellement que l'administrer à celui qui nous a offensé est tellement dur que nous préférons rester avec à l'intérieur de nous, quitte à ce qu'il nous détruise au sens propre du terme. Pardonner c'est absoudre les péchés de celui qui demande le pardon. Je ne suis pas comme cela, il faut me prouver les choses pour que je puisse y croire réellement, il faut que les gens le pensent, le montrent et fassent en sorte de se faire pardonner réellement, le dire est une chose, le respecter en est une autre. Le pardon est plus qu'un sentiment, c'est une force qui déclenche d'admirables effets. Une fois que l'on a pardonné, tout devient plus facile, jusqu'à ce qu'un nouvel élément vienne le réclamer, c'est comme tout dans la vie, un éternel recommencement.

Je dois admettre qu'Anastasie me surprend énormément. Elle vient avec moi, me dépose alors que je suis totalement ivre, et alors que je lui propose de rester avec moi afin de discuter, elle accepte. Serait-il possible qu'elle ait vraiment changé et qu'elle devienne foncièrement bonne avec les autres ? Je voudrais pouvoir y croire, mais cela me semble trop beau pour être vrai, trop onirique pour espérer que cet espoir puisse se réaliser un jour ou l'autre. « Petit Prince, j'ai une vie de rêve tu le sais très bien. » Je soupire longuement. J'en doute fortement, si sa vie était aussi parfaite qu'elle le prétend, jamais elle ne serais sortie seule aussi tard. Vivre une vie de fête, de soirée et de nouvelles conquêtes sexuelles n'est pas une vie de rêve. Attention, je ne dis pas que c'est forcément comme ça qu'elle mène son existence ici, mais c'est une supposition. Elle retire rapidement ses doigts quand les miens les ont frôlés. Je suis soulagé qu'elle l'ait fait, je n'ai plus toute ma tête ou du moins mes capacités physiques, de plus je n'ai plus la force de rien. « Tu vois, en étant ici, je pensais que les choses seraient différentes mais non... » Je ne comprends pas. Serait-ce un aveu qu'elle est entrain de me faire ? Une façon de me dire qu'en réalité la vie qu'elle a ne lui convient pas ? Je suis légèrement atterré face à une telle déclaration. Je ferme les paupières en essayent d'intégrer ce qu'elle vient de dire, de lui dire quelque chose pour qu'elle me parle plus, qu'elle m'en dise plus. « Je... Dans ce monde c'est pas plus facile, c'est simplement différent. Il faut essayer de se faire une place. » Je dis cela en pensant à ma femme, je crois que c'est la pure vérité, le baiser que j'ai échangé avec elle l'autre soir quand elle m'a invité à dîner est une façon de me montrer une fois de plus que je suis entrain de trouver le chemin et que la voie est proche. « Tu sais, t'as le droit au bonheur toi aussi, tu l'as connu pendant un temps. » Je dis ça d'une voix sans reproche et un peu éloignée, c'est compliqué de lutter contre le sommeil, mais je ne veux pas m'endormir. Pas alors que je tiens une véritable discussion avec ma belle-sœur.

Il fut un temps où Anastasie eu le droit au pardon. Bien qu'elle ait fait de mauvaises choses, sa demi-sœur Cendrillon et son beau-frère Henri lui avaient pardonné ses erreurs et, l'avait même aidé à se rebeller contre sa mère, afin de pouvoir vivre avec l'amour de sa vie. Amour qui aujourd'hui, n'est plus là, se retrouvait on ne sait où dans ce monde ou dans l'ancien. En arrivant ici, Ana avait tout fait pour retrouver son boulanger, mais visiblement il n'était pas là. Pour elle, c'était une vengeance de la part de sa belle-sœur. Lui faire connaitre le bonheur avant de le lui arracher, en venant dans ce monde sans lui. Elle était bien décidé à ruiner officiellement et pour de bon, le bonheur de Cendrillon.

En ce moment même, elle avait tout sous la main. Henri complètement bourré, qui avait demandé à Anastasie de rester avec lui pour parler. Dans cette chambre, la jeune femme peut le mener à la baguette, faire ce qu'elle veut. Alors que juste avant elle avait un plan en tête, à présent, elle ressentait de la peine. Elle voyait ce petit Prince mal en point, qui ne demandait qu'à parler. Ou visiblement, à la faire parler elle. Vu l'état d'Henri, elle pouvait tout lui dire, le lendemain il ne s'en rappellerait même pas. Ma place est faite dans ce monde ! J'ai tout ce que je voulais : l'argent et le luxe, un Manoir qui en fait baver plus d'un...., répond-elle d'un ton froid. C'était loin d'être le bonheur, surtout quand on a que sa mère et sa sœur. Des amis, ça elle en a quelques uns. Des personnes qui font tout pour la faire revenir sur le droit chemin, tandis que d'autres font tout pour la voir du côté obscur.

Caressant Gemma, Anastasie ressentie une pointe au cœur et sa gorge se resserrer lorsqu'Henri lui parla du bonheur, tout en mentionnant celui qu'elle avait. Pourquoi lui disait-il cela ? Elle était venue pour le faire souffrir et au final, c'est lui qui la faisait souffrir en lui rappelant cela. Les vilains n'ont pas le droit aux fins heureuses Henri..., dit-elle en posant ses yeux sur lui, avant de reprendre Et je fais partie des vilains !. Oui, Anastasie était entre le bien et le mal, mais en montrant son mauvais côté, Ana était mise dans la catégorie des vilains. Bon et toi alors ! Qu'est-ce qu'il ne va pas ?, lui demande-t-elle afin de changer de sujet.

Anastasie se méprend, elle pense que tout lui est dû et que tout ce qu'elle a n'est que le fruit de la justice et du pouvoir. Ici c'est pas pareil que dans notre ancien monde, on doit se battre afin d'avoir ce que l'on désire, on ne peut pas se reposer sur nos lauriers, qu'on ait de l'argent ou non. J'ai de l'argent, à la pelle même, mais ça n'est pas infinis en cet endroit, et tous ceux qui pensent le contraire sont vraiment idiots. Le pire c'est qu'elle semble y croire vraiment. Je serais encore apte de tous mouvements, je lui foutrais une gifle pour la réveiller. Ici c'est la merde, mais là-bas, là d'où on vient c'est pas mieux dans un sens. Rien n'est pareil et se tailler une place ce n'est pas facile. Puis quand je regarde, certains se sentent beaucoup plus libres dans leurs formes humaines, par exemple ceux qui étaient des animaux et se sont transformés en humains puis qui sont tombés amoureux, ça aurait été... délicat dans le monde magique. Oh, je suis partis un peu loin dans mes pensées là, d'ailleurs Anastasie vient de finir de parler et je ne me souviens même pas de ce qu'elle a dit. Tant pis. « Les vilains n'ont pas le droit aux fins heureuses Henri.. Et je fais partie des vilains ! » Totalement exaspéré je lève les yeux au ciel et je commence à chercher les mots que je pourrais lui dire afin qu'elle arrête de faire sa crétine profonde. « Bon et toi alors ! Qu'est-ce qu'il ne va pas ? » Je ne répondrais pas à cette question, je ne l'ai pas fais tout à l'heure, je ne vois pas pourquoi je le ferais maintenant. Cela ne la regarde pas, et j'ai beau être ivre, je ne révélerais aucun des secrets de ma vie de couple avec Cendrillon à ma belle-sœur. Surtout avec ce qu'elle vient de me dire à l'instant. Je ne suis pas totalement débile non plus. « Toi faisant partis de ce que t'appelles les vilains ? T'as d'autres conneries comme ça à me sortir ? J'ai envie de rire un peu. » Je dis ça avec une voie ironique. Non mais vraiment, ridicule. Si elle est comme ça c'est à cause de son horrible mère. Cendrillon m'avait tout raconté et j'ai compris à quel point la mère Tremaine était abominable. Si quelqu'un est malfaisant c'est bien elle et pas ses deux filles. Quoi que Javotte c'est discutable, mais Anastasie est loin d'être méchante comme elle veut me le faire croire. Je finis par me relever en m'appuyant sur le mur et me mets debout avec difficulté pour me diriger vers l'armoire de ma chambre. Je l'ouvre gauchement avant d'en sortir deux verres ainsi qu'une bouteille de vodka russe. Je sers deux verres d'un geste expert que même bourré je ne loupe jamais et lui en donne un sur l'autre. « A la tienne. » Je vide le mien d'une traite et le pose sur un meuble avant de revenir m'asseoir à côté d'elle. Je suis un peu... dans les vapes, mais pourtant je suis totalement conscient de tout. C'est extrêmement étrange. C'est comme si j'étais pas là, mais qu'au fond si, je suis bien présent et je ne l'ai jamais autant été de toute ma vie. La petite Gemma finit par se blottir entre nous deux et je commence à respirer calmement car sa présence m'apaise grandement. « T'es vraiment pas possible Anastasie... » Je le pense sérieusement, elle a eu la chance de connaître l'amour, de l'avoir et... elle abandonne pour la solution de facilité. Elle ne devrait pas prendre exemple sur sa mère ou sa sœur, elle devrait plutôt croire en l'amour, en l'amitié et aux choses que ces deux sentiments peuvent apporter, car c'est extraordinaire, bien plus que la méchanceté et la cupidité.

Visiblement, même dans ce nouveau monde, le prince semble jouer les justiciers au grand cœur. Il semble connaître tout de la vie, et surtout celle d'Anastasie car tout ce qu'il sait vient de Cendrillon mais non. Si il prenait le temps de connaître toutes les versions, il verrait la vérité. Si elle avait eu le choix, Ana aurait préféré voir sa mère seule avec ses deux filles, plutôt que de la voir se remarier avec cet homme. Il était fort charmant et s'était occupé d'Ana comme sa propre fille, mais en mourant, il avait laissé à la famille ce foutu fardeau qu'est Cendrillon. Tout le monde plein la belle blonde, mais dans un sens elle a eu de la chance, car dieu sait le nombre de fois où les deux sœurs avaient prié pour la voir périr. Avec le temps, Ana avait changé. Elle ne portait toujours pas sa demi-sœur dans son cœur, mais elle ne voulait pas la voir périr dans un coin.

Pour une fois qu'Anastasie montrait son côté bon au Prince, elle se retrouvait seule avec lui, dans sa chambre à avoir le droit à une leçon de morale. Oui Anastasie était loin d'être une méchante au fond, mais elle avait fait tellement de chose horrible avec sa sœur, qu'on ne pouvait pas la mettre dans la catégorie des gentilles. Aux mots d'Henri, Ana préféra lever les yeux au ciel. Continuant à caresser Gemma, la jeune femme accepte le verre qu'il lui tend. Elle devrait lui dire que cela suffit niveau alcool mais non, après tout il se met lui-même dans cet état, c'est son problème. A la tienne, répète-t-elle avant de s'enfiler son verre, et de s'en resservir un avant de retomber sur le lit. Comment ça ?, demande-t-elle en le regardant, tout en buvant son frère. Elle finit par le poser sur la commode et se lever. Tu sais quoi, j'essaye de faire un effort, comme-t-elle à dire, sentant la colère monter en elle. Oui, fut un temps où j'étais heureuse, oui j'ai abandonné mes recherches ici, car tout semble ne sourire qu'à cette Souillon de malheur, rajoute-t-elle en levant la main, comme pour dire à Henri de la laissait finir. Oui elle m'a aidé à trouvé le bonheur, mais aujourd'hui elle me la reprit ! Je veux être heureuse mais je ne peux pas, mon passé resurgit à chaque fois ! La preuve regarde nous Henri, aurais-je fait ça avant ?, demande-t-elle en se laissant retomber sur une chaise. Anastasie avait envie de tout détruire, tout ce qu'il y avait autour d'elle. C'était la première fois, qu'elle se mettait en colère comme cela dans ce nouveau monde. Je vais te laisser maintenant, je n'ai rien à faire ici. Tout comme les autres tu me vois comme celle que j'étais avant, parce que comme tout les autres tu me fais sentir comme une moins que rien !. Elle finit par ce lever, caresser vite fait Gemma et se diriger vers la porte de la chambre.

Je n'ai pas beaucoup fréquenté Anastasie dans l'autre monde. Je n'en ai pas eu l'occasion à vrai dire. J'étais tout le temps occupé, soit en voyage avec mon père dans le royaume pour résoudre des problèmes, soit entrain de donner des réceptions avec ma femme pour les illustres personnages que l'on connaissait. Mais du temps à accorder à des « inconnus » ; je n'en avais pas. J'aurais aimé pouvoir apprendre à connaître plus de personnes, mais ce n'était pas dans mes priorités d'après mon paternel. Si j'existais, pour lui c'était simplement afin de monter sur le trône, pas pour faire ma musette avec des gens. J'avais beau lui dire que si je connaissais plus de monde, je serais plus à même de répondre aux besoins de plus de personnes, mais il était inflexible, il ne démordait jamais. Je ne sais pas trop ce qu'il avait contre moi, mais une chose était sûre, il me détestait, et s'il m'avait gardé, c'est simplement parce que je suis le fruit de ses entrailles et que je serais le futur roi. Rien que pour ça, je déteste ce statut, prince. J'aurais préféré être un roturier, ça aurait été plus simple pour moi.

Et viens le moment où Anastasie commence à me sortir que oui pendant un temps elle était heureuse avec son boulanger et qu'elle voulait faire le bien autour d'elle grâce à l'amour. Mais que ce temps là était révolu. Je ne suis pas d'accord avec elle, ce n'est jamais révolu. « Oui, fut un temps où j'étais heureuse, oui j'ai abandonné mes recherches ici, car tout semble ne sourire qu'à cette Souillon de malheur. » Je la regarde avec les yeux noirs. On n'insulte pas ma femme. Je ne suis pas d'accord. Et en quoi tout sourit à Cendrillon ces derniers temps ? J'aimerais bien le savoir, parce que je ne fais que la voir en pleurs dès que je la croise. « Oui elle m'a aidé à trouvé le bonheur, mais aujourd'hui elle me la reprit ! Je veux être heureuse mais je ne peux pas, mon passé resurgit à chaque fois ! La preuve regarde nous Henri, aurais-je fait ça avant ? » Là je suis un peu sous le choc. Je ne vois pas de quoi elle parle. Elle lui a repris son bonheur ? Je commence à douter de l'état de santé psychologique de ma belle-sœur, serait-elle dingue ? Comme si c'était Cendrillon qui nous a tous balancé dans ce monde-là. Non mais... « Je vais te laisser maintenant, je n'ai rien à faire ici. Tout comme les autres tu me vois comme celle que j'étais avant, parce que comme tout les autres tu me fais sentir comme une moins que rien ! » Cette fois-ci, elle se lève et avance vers la porte. Je vais en faire autant et me poste devant elle en lui bloquant le chemin. Je suis une bien jolie barrière, vu l'état dans lequel je suis, elle peut me pousser comme elle veut, je tomberais comme une loque. « Tu vas m'écouter attentivement Anastasie. Cendrillon n'a rien fait pour t'arracher le bonheur, je ne t'aurais pas épousé de toute manière, je ne t'aime pas en tant que femme, mais en tant qu'amie. En plus elle t'a aidé à trouver le bonheur et tu as tout gâché toi-même. » Je fais une légère pause et regarde le visage de ma belle-sœur, elle semble triste et pourtant en colère à cause de sa dernière phrase. Je ne sais que trop bien ce qu'elle ressent, mais ce n'est pas une raison pour être dans cet état-là. « C'est toi qui te considère comme une moins que rien, pas les autres. Tu abandonnes trop facilement Anastasie, c'est pas ce que ta mère t'as appris, ni ce que Cendrillon t'as conseillé. Je connais ce que tu ressens, mon père me rabaissait sans cesse et là moi, je me sentais vraiment comme un moins que rien. » Je ne sais pas si ça veut vraiment dire quelque chose, mais là je me décale de la porte, je l'ouvre et la regarde d'un regard terne et vide de vie. « Je voudrais me reposer, bonne nuit Anastasie. » Je la fais sortir et m’affale sur mon lit, le sommeil ne va pas tarder.