féline.


Eh toi, beau prince, tu sais que je n'ai d'yeux que pour toi. Tu le sais ça, n'est-ce pas beau prince ? Que lorsque je te regarde, j'ai des papillons de toutes les couleurs qui frétillent au fond de mon estomac, je me sens si forte et si faible à la fois. D'un sourire de toi, d'un bonjour où d'un regard, c'est tout ce qui m'anime. Eh beau prince, pourquoi es-tu si timide ? Ma voix et mon rire ne suffisent donc pas à te faire sourire ? Regarde moi, et aime moi je t'en pris. Sois aux aboies comme je le suis, et laissons nous porter par la beauté de la vie.

    Tu grandis dans un cadre féérique, entourée d'une immense forêt, ta vie rythmée par le passage des saisons. Tu naquis un jour d'automne où le temps était clair et chaud, et que les fleurs bourgeonnait autour de la clairière où ta mère mit bas. Il n'y avait pas plus chaud que le corps de ta maman, et tu étais certaine que jamais tu n'oublierais le goût sucré de son lait maternel, ni le son de sa voix douce et protectrice. Elle t'apprit à vivre dans ce bois qui t'étais inconnu, mais pour lequel tu ne ressentais déjà aucune crainte. Tu étais une petite biche vagabonde, qui ne parvenait pas à tenir en place, et qui à peine sortie du ventre de sa mère, voulait déjà courir à travers les hautes herbes. Le choix de ton prénom fut unanime, car tes fines jambes, et ta mine taquine e donnait l'air d'un chaton prêt à bondir, et dans ton sommeil tu poussais des cris semblables à des miaulements aigus. On apprit la naissance de l'hériter prince de la forêt en même temps que ta naissance, et ta mère parut embêtée de ne pas pouvoir aller saluer le jeune prince, tu en ressentis un petit pincement au coeur que tu ne sus expliquer. Lorsque les autres animaux de la forêt, après avoir été rendre visite au jeune Bambi, venait à leur tour te saluer, ils se regardaient tous d'un air entendu, en soufflant à ta mère à quel point tu étais belle, et que tes yeux saphirs raviraient même le plus grand prince. Tu ne compris en rien ce malentendu, mais ta mère elle sembla comprendre, et tu te dis simplement que l'explication te viendrait plus tard. Et épuisée de sommeil, comme n'importe quel jeune faon le serait, tu t'endormais d'un trait, ce premier jour de ton existence.

Comme le suggérait ton caractère de battante et ton total acharnement à essayer, tu appris le fonctionnement de tes jambes plus rapidement que la moyenne, et tes miaulements particuliers se transformèrent bientôt en des râles de petite faon femelle surexcitée. Ton plus grand bonheur résidait dans l'exploration d'endroits inconnus, les explications de ta maman quant aux choses qui t'entouraient, et la découverte de nouvelles activités. L'automne offrait à tes yeux des couleurs et des odeurs incroyables, qui te ravissaient chaque jour un peu plus. À la vue d'une fleur encore inconnue, tu t'arrêtais subitement de courir et devenais si calme, l'observant un moment en questionnant ta mère quant au nom de cette chose si belle que la terre t'exhibais. La couleur des feuilles oranges ou rouges avait quelque chose de particulier, que tu ne retrouverais à aucune autre saison. Ainsi, tu tombais en admiration totale devant la beauté des camélias sauvages, roses ou rouges, qui sentaient si bons mais que tu n'osais jamais cueillir, de peur d'être l'ignoble créature qui troublerait leur charme. Puis, tu te remettais à courir dans la prairie, poursuivant des ombres imaginaires que tu t'inventais dans un jeu contre toi même.

Bientôt tu rencontrais le fameux prince dont le nom surplombaient toutes les bouches : le jeune Bambi. Ta mère te fis la morale pendant un long moment avant de t'emmener jusqu'à lui, te répétant sans cesse comme il était important de bien se comporter, et de ne pas faire la folle devant un membre des "grands" de la forêt. Tu ne l'écoutas à vrai dire qu'à moitié, trop heureuse de rencontrer quelqu'un avec qui s'amuser, de la même espèce que toi, pour une fois. Pas que les lapins ne se montraient pas de bonne volonté, mais que leur taille ne permettait pas vraiment de jouer gentiment à se taquiner par la force. Bambi était le fils d'une biche semblable à ta mère, dont tu avais oublié le nom, mais qu'il te semblait avoir déjà vu ; quant à son père, le tien t'en avais flatté les exploits avec ce genre d'étoiles dans les yeux, que tu devinais représenter toute son admiration. Cependant, le fameux Bambi ne ressemblait à rien de ce dont on t'avais fais le portrait. Il était aussi petit que toi, et pas plus fort, pas plus courageux. Au contraire, il te fallut plusieurs fois le solliciter pour qu'il t'adresse un timide bonjour. Mais trop contente qu'il t'adresse enfin la parole, tu n'avais pas cherché à le blâmer et tu lui avais sauté dessus. En entendant les rires de vos mères, tu avais supposé qu'un tel jeu n'était pas mauvais, et ta taquinerie habituelle, tu avais lancé dans une course poursuite avec le jeune prince. Comme deux enfants, tu t'amusais énormément à le troubler, lui qui ne semblait jamais avoir rien vu, et chez lequel le moindre gloussement de ta part provoquait l'étonnement. L'automne avait eu quelque chose de superbe, cette après midi là, et tu t'étais fais un nouvel ami, timidement attachant.

L'hiver vint séparer tous les animaux de la forêt, et le froid te glaça autant qu'il te surpris. Non pas que la belle neige blanche, ne t'intriguait pas, mais elle était plus handicapante pour se déplacer, et gelait tes fines antérieures, pas faites pour supporter un grand froid. Beaucoup de tes amis hibernais en ce temps gris et glacé, et tu réapprenais à t'occuper seule. Quant à Bambi, tu supposas que de son coté aussi, il tuait le temps aux cotés de ses parents. Tu appris plus tard que sa mère n'avait pas "survécue à l'hiver", mais on n'employa jamais le noms des chasseurs devant toi.

Cette longue saison de froid avait au moins eu l'intérêt de transformer ton corps de faon en celui d'une biche adolescente. Tu découvrais de nouvelles forces et sentiments dont tu n'avais jamais entendu parler auparavant, et des sautes d'humeurs dues à ton caractère bien trempé. Tout le monde flatta ta beauté lorsque le printemps survint, et tu eu le droit à la cour de nombreux cerfs, tous plus forts les uns que les autres, à la fleur de l'âge. Seulement toi, tu ne pensais qu'à ton ami prince, et à tout le chagrin dont il avait dû souffrir à la mort de sa mère. Tu mis un certain temps avant de le retrouver, toujours aussi maladroit. Mais lui aussi avait changé, ses tâches blanches avaient été troquées contre un pelage plus masculin, et des bois encore en pleine pousse, que tu admiras un moment, car tu en serais quant à toi à jamais dépourvue. Un sentiment nouveau t'assenais lorsque tes yeux bleus croisaient ceux noisettes de Bambi, et tu découvris qu'il s'agissait d'une émotion partagée. Ensemble, vous apprirent à la maîtriser, et à la connaître, en passant du temps l'un contre l'autre.

C'était un amour encore hésitant qui chauffait vos deux coeurs, et tu te sentis pour la première fois importante pour quelqu'un d'autre que ta famille. Comme une gamine découvrant un nouveau jeu, le meilleur de tous, tu te sentais planer sur des nuages, et il n'y avait pas besoin de mot pour qu'il comprenne ce que tu voulais lui dire. Il était devenu ton prince, comme ils l'avaient tous prédis depuis ta naissance, mais ils avaient tords, car rien n'était écrit, tout était encore tracer, tous les deux ensemble.

Un incendie meurtrier éclata dans la forêt, un jour que tu pensais passer paisiblement avec ton aimé ; et tu vis sous tes yeux brûler le cadre dans lequel tu avais grandis. Echappant aux chiens des chasseurs, que tu découvrais enfin sous leur plus beau jour, tu comprenais alors la cruauté du monde des hommes, et appelait au secours. Nul doute ne faisait désarmait quant au courage de ton Bambi, lorsqu'il brava les mâchoires féroces des bêtes pour te venir en aide. Tu saisis la chance qu'il t'offrait pour t'enfuir, mal de ne pouvoir l'aider, toi qui avais le courage mais pas la force, ni les armes. Tu l'attendis toute la nuit, les jambes dans l'eau, priant pour le voir revenir, et ne pas avoir été la cause de sa mort. Quel ne fut pas ton soulagement en apercevant sa silhouette - bien que boitante - accompagnée de celle de son père. Ton tour d'agir arriva enfin, et tu dorlotas ton prince pendant des jours après ça, pour qu'il se remette de la balle reçue. Bambi survécu à sa blessure, et votre amour ne fit que grandir, bercé par l'environnement d'une nouvelle forêt, aussi belle que l'ancienne.

Devenue princesse sans même m'en apercevoir, je recevais le respect de tous les animaux de la forêt, pour être parvenue à conquérir le coeur du prince. De cette union promise, naquirent deux faons jumeaux, un mâle et une femelle, aux yeux de la même couleur que ceux de leur père, qui firent à leur tour, la fierté de toute la forêt.


camélia.

   La musique power de Kanye West à fond dans les oreilles, les écouteurs profondément enfoncés, voilà la bombe qui surgit dans les rues de Fantasia Hill. Avec ta tignasse blonde et ta taille fine, que tu ne manque jamais de souligner, tu adresses un fier doigt d'honneur à un mec qui te siffles, roulant exagérément les yeux. Tu t'appelles Camélia, Camélia King. Tu es pleine de tocs, d'acharnements et d'attentes, tu es la rebelle blonde que l'ont ne soupçonne plus, et qui surprend tout le monde. Tu es la petite conne typique qui ne se laisse pas marcher sur les pieds et qui collectionne les défauts. Tu es bavarde, tu te ronges les ongles, tu tousse lorsque tu avales du chocolat en poudre, quand tu ne sais pas sur quel bouton de l'interphone il faut appuyer, tu appuies sur les deux, tu ne sais jamais jusqu'où te déshabiller lorsque médecin te le demande, tu préfère passer dix minutes à tasser ta poubelle plutôt que la vider, tu appuies plusieurs fois sur le bouton de l'ascenseur pour le faire descendre plus vite, tu mens à ton coiffeur sur la température de l'eau, tes blagues sont toujours plus drôles dans ta tête, tu prends toujours la deuxième bouteille la moins chère au restaurant, tu parles à voix haute quand tu fais ta valise, tu aimerais savoir siffler avec les doigts, tu rachètes à chaque fois des lunettes 3D alors que tu en as huit paires à la maison et tu attends de ne plus avoir un truc propre pour faire ta vaisselle... Tu es la parfaite citadine du vingt-et-unième siècle, et pourtant... Tu viens d'un autre monde.

Il avait fallut s'habituer, à ce passage brutal dans l'autre monde, le monde des humains et des déceptions. Fini la forêt luxuriante, pleine de couleurs et d'odeurs, de gens chaleureux et d'une vie au rythme des saisons... Désormais c'était levé à sept heures du matin, pour aller ouvrir la boutique de fleurs, afin de payer ton petit appartement minable que tu avais décoré comme tu le pouvais. Fini les jeux dans les hautes herbes, les câlins avec ton cerf, les après-midi de détente à l'abri de tout... Bonjour à toutes les emmerdes, les clients mécontents, les cassos dragueurs, l'alcool, le métro, le café, encore et encore. Bonjour à une nouvelle Féline, une Féline qui a pris le nom d'une fleur, parce que malgré ses airs de grandes duduche en manque de tout, c'est une camélia délicate masquée derrière ses pétales. C'est une jeune fille à vif, qui a perdu son prince, celui qui savait la rassurer. Qui dort avec ses peluches et qui nourrit l'espoir qu'elles puissent être vivantes depuis qu'elle a vu Toys Story. Une blondasse qui tient très mal l'alcool et qui se laisse vulgairement draguer pour se sentir désirée, aimée, voulue, mais qui laisse toujours un faux numéro. C'est une fille qui est fière de son sexe, et qui lutte pour ses droits, et que seules les fleurs savent apaiser. C'est une dame en manque de sensations fortes, une princesse un peu perdue qui recherche toujours et infatigablement celui qu'elle a aimé, le seul qui a su lui faire baisser ses armes, et s'abandonner. C'est la fleuriste un peu tarée qui est toujours de bonne humeur, et qui lorsqu'elle ne l'est pas, envoie tout le monde se faire foutre - tu sais ce qu'elles te disent mes ragnagnas ? C'est la curieuse fouineuse qui ferait bonne reporter, si jamais elle trouvait la force de terminer les petites nouvelles qu'elle entreprend sur son pc. C'est la rebelle dans toute sa splendeur, drôle, taquine, aventurière, féline.