Vide. La maison te paraissait tellement vide depuis qu'elle avait déménagé. Tu vivais très mal la chose, mais tu lui montrais constamment le contraire. Tu ne voulais pas qu'elle s'inquiète, mais que dirait elle si elle te voyait trainer dans les bars comme tu le faisais ces temps-ci? Elle serait sans doute déçue et sentirait aussi trahie. Trahie, parce que tu lui caches en quelque sorte ton mal être. Tu t'es rendu compte au moment ou elle est partie de son importance dans cette maison et dans ton train-train quotidien. Hélas, il n'y avait pas de marche arrière à faire. Bien sûr, arriverait tôt ou tard le moment ou vous emménageriez ensemble, mais ce n'était pas pour tout de suite, à ton grand regret. Pourtant, tu continuais de la voir souvent. Tous les soirs pour être plus précis. Parfois, vous voyiez en journée, en coup de vent la plupart du temps. Vos boulots respectifs vous empêchaient de vous voir la journée en quelque sorte. Ca ne t'empêchait pas de passer à la pause de midi de temps à autre où elle travaillait, lui apportant un repas préparé par tes soins et un café. Tu restais un grand romantique après tout. Qui aurait imaginé ça du bon vieux lion que tu étais? Personne sans doute. Tu jetas un coup d'œil à ta montre, assis sur une des chaises de la cuisine, impatient. Elle n'allait pas tarder. Tu avais prévu un petit repas romantique. La table était aux couleurs rouge passion, mais aussi dans des tons virant du noir au blanc. Au centre de la table, des bougies ainsi que des roses. Dans la cuisine, le parquet était parsemé de pétales de roses aussi. Tu avais mis les petits plats dans les grands.

Tu avais même sorti le smoking. Certes, elle allait peut-être débarqué en training ou autre, mais tu t'en moquais bien. Tu étais prêt à n'importe quoi pour lui prouver l'amour que tu lui portais. Lorsque tu entendis la sonnette retentir, tu te levas d'un bond et te dirigeas vers la porte hâtivement. A peine la porte fut ouverte que tu attrapas Lucy dans tes bras, la soulevant comme une petite fille, tes lèvres capturèrent les siennes. Tu en étais raide dingue de cette fille. Tu l'as fis franchir le porche en la gardant dans tes bras, puis tu la redéposas doucement au sol, un large sourire sur les lèvres. « Re bienvenue chez toi, princesse. » Tu lui tendis la main pour qu'elle la prenne. Une fois fait, tu l'emmenas vers la cuisine, un sourire amusé se dessina sur tes lèvres. Tu lâchas sa main et te tournas vers elle pour voir sa réaction. « Je me suis un peu emporté, sans doute, mais je voulais nous faire une petite soirée romantique. » Elle allait peut-être trouvé ça nul, mais tu t'en moquais. C'était l'intention qui comptait non? Tu tiras une des chaises pour qu'elle puisse s'asseoir. Quel galant.

Avant de voir sa robe, tu avais été ensorcelé par son sourire et son visage d'ange. Tu ne pouvais jamais résisté à cela. Après l'avoir embrassé et après avoir franchi la porte en la redéposant au sol, tu te rendis compte de la robe. J'afficha un large sourire sans pour autant commenter celle-ci. Tu savais que l'occasion se présenterait bientôt. Et puis... Pourquoi complimenter une robe alors que la femme qui se trouve dedans est magnifique même sans artifice? « Ne me compare pas à un chat. C'est inoffensif un chat à côté d'un lion. » Un léger rire joyeux s'échappa de ta bouche. C'était amusant de voir à quel point tu changeais quand Lucy se trouvait dans les parages. Tu n'étais plus morose et au bord de la dépression, non. Tu étais joyeux, heureux de vivre et souriant. Une fois dans la salle à manger, elle parla enfin de sa robe et tu sautas sur l'occasion. « Elle est magnifique, mais pas autant que toi bien sûr. Mais c'est vrai que tu n'en mets pas souvent. Tu devrais d'ailleurs. » Tu affichas un moue amusé avec un large sourire. Tu restais un homme après tout et ce serait mentir si tu disais que ces longues jambes ne te faisaient pas de l'œil. Tu tiras galamment la chaise de Lucy pour qu'elle s'assoit. Tu ris à sa réflexion. Conte de fée. Oui, c'était votre histoire d'avant ça. Quand toi tu n'étais qu'un lion et elle qu'une jeune femme vaillante et courageuse.

Sa question t'arracha une moue un peu plus fade, plus triste. « Et bien pas grand chose à vrai dire... J'ai pris quelques jours de congé. Et toi? Tout se passe bien chez ton ami et au boulot? » Ta voix essaya de se faire neutre, mais tu sentais toujours de la jalousie te tirailler. Tu faisais confiance à Lucy. Elle ne te tromperait pas, mais tu avais peur qu'elle finisse par ouvrir les yeux et de se dire que votre relation ne mènera nul part parce que tu es trop vieux. Tu refuses de réfléchir à cela plus longtemps. « Un verre de vain? Au choix, rosé, blanc ou rouge. » Tu attendis s réponse avant d'aller chercher sa commande. Tu rapportas le tout et déposa son verre devant elle. Tu décidas enfin de t'installer sur la chaise d'en face, un verre de vin rouge à la main.

Le fait que Lucy quitte la maison avait laissé un immense vide. Cette maison était bien trop grande pour n'accueillir qu'une personne. C'était pourquoi tu avais songé à te trouver un colocataire, mais tu devrais en parler à Lucy d'abord. C'était sans doute mieux comme cela, pour toi surtout. Vivre seul ne te donnait pas que des idées claires. Tes idées étaient sombres, noires. Tu avais besoin de compagnie et bien que la présence de Lucy dans ta vie te rende largement heureux, tu ne supportais pas être seul. Pour un ancien lion, c'était plutôt paradoxal. Toi qui dans le temps étais plutôt solitaire. « Quelles idées ils ont ces humains. » Tu lèves les yeux légèrement au ciel. Tu as du mal encore à t'habituer à certaines choses en tant qu'humain. Heureusement pour toi, même dans ta vie de lion, tu te comportais déjà parfois comme un humain. « Me voilà rabaisser à un chat. » Bien sûr, tu rigoles. Ca ne te dérange pas du tout qu'elle t'appelle comme ça. Si c'est affectueux, ça prouve qu'elle t'aime non? Cette pensée te fit sourire un peu plus encore. Tu avais toujours du mal à te rendre compte que Lucy t'aimait, comme toi tu l'aimais. D'amour, et non d'autre chose.

Elle se met sur la pointe des pieds pour venir te déposer un baiser et tu fermas doucement les yeux. Tu ne t'habituerais jamais aux sensations que ce simple geste te procurait. Elle se détache tout doucement et tu plonges ton regard dans le sien, un sourire aux lèvres. « Presque. » Nouveau sourire, plus grand cette fois, amusé. Tu t'es éclipsé quelques secondes le temps d'aller chercher les bouteilles de vin. Tu verses du rouge dans le tien avant de lui mettre du blanc dans le sien. Tu es un peu honteux de ne pas t'être souvenu de ses préférences, mais bon. Ce n'est pas tous les jours que vous buviez du vin après tout et c'était votre premier vrai diner romantique. Tu t'installas en face d'elle et tu plongeas ton regard dans le sien. Tu stressais un peu pour son boulot, mais sa réponse te rassura. « Félicitations alors. » Tu ne relevas pas la réflexion sur son colocataire. Alors comme ça, il était gay? En quelque sorte, tu fus soulagé. « En parlant de colocataire, je réfléchissais à en prendre un. Je ne sais pas si ce serait une bonne idée. Qu'est ce que tu en penses? » Tu lui demandes toujours son avis, parce que c'est réellement important.

Qui aurait cru cela? Que le grand et beau lion que tu étais s'éprendrait à ce point de la petite Lucy -plus aussi petite-, Lucy la vaillante, Lucy, princesse de Narnia? Personne ne pouvait se douter de cela. Tu redoutais encore la rencontre avec ses frères. A l'époque, ils t'avaient appréciés en tant que lion, mais maintenant, tu craignais qu'ils te détestent. Tu étais devenu leur beau-frère et ce statut n'était pas toujours facile à vivre surtout à cause de votre différence d'âge, à toi et Lucy. Sa soeur , Susan, aussi serait là. Connaissant son caractère, elle essaierait sans doute de s'opposer à cette relation. Ce serait normal qu'ils ne t'aiment plus. Ils voudraient juste protéger leur petite soeur du grand méchant lion. Méchant? Toi? Pas vraiment. « Il faudra remédier à cela. Comme ça tu pourras me joindre si jamais un jour tu ne sais pas venir. Ca éviterait que je me tracasse pour rien. » Tu souris. Un petit message de la part de Lucy serait rassurant pour lui assurer qu'elle est toujours bien en vie. Tu ne supportais pas trop son travail. Elle mettait constamment sa vie en danger. Tu détestais cette sensation, cette peur de ne pas la voir revenir le lendemain. « Un persan. C'est sans doute les chats les plus majestueux et les plus beaux. » Pas aussi majestueux et beau qu'un lion, certes.

Tu avais abordé le sujet de son colocataire avec une crispation évidente, mais tu fus rassuré que celui-ci soit gay, bien que tu savais que les hommes pouvaient parfois changer d'avis à ce sujet. Tu connaissais des gays qui étaient redevenus hétéros au bout de quelques années. Tu prendrais soin de faire attention à cela de très près tout de même. Vaut mieux prévenir que guérir comme le dit si bien le dicton. « Oh, je prendrai un homme ne t'inquiète pas. Je ne veux pas qu'il y ait de problème entre nous. » Tu affichas un large sourire. Tu préférais de toute manière vivre avec un homme. La seule fille avec qui tu serais prêt çà vivre, c'était elle, ta Lucy. Les autres ne t'intéressaient pas. Pas du tout. « Si tu veux je peux même leur faire passer un casting.  » Tu partis dans un rire qui t'avais manqué depuis son départ de la veille. Un rire que seule elle pouvait entendre. Tu bus une gorgée de vin. Tu te tournas ensuite légèrement vers la cuisine. « Le repas est prêt je pense, je file voir. » Tu t'approchas de la cuisine et regarda ton plat, fièrement réussi. Tu revins vers la table et déposa le plat. Rien de bien spécial. Un festival de pâtes, avec des sauces différentes, mais qui se mariaient à merveille. . « J'espère qu'on ne mourra pas empoisonné. » Tu la servis, amusé par ta petite plaisanterie. Tu étais plutôt bon cuisinier; heureusement.