Il se trouvait dans une chambre, visiblement celle du blondinet absent: sobrement décorée, des tee shirt trainant un peu partout et une odeur caractéristiques de tanière de fauve. S'il ne vivait pas avec Lilas, la sienne serait sans doute un peu pareil ! Un léger bruit se faisait entendre, mais Eugène ne s'en préoccupait pas plus que cela: il y avait des voisins, c'était sans doute eux qu'il entendait. Il poussait doucement la porte, ignorant encore si Terminator, comme il aimait l'appelait, n'avait pas un animal chargé de garder la maison en son absence. Il n'y avait rien que Flynn détestait plus que les animaux de compagnie: d'abord, il y avait eut cet horrible lézard qui lui collait sa langue dans l'oreille pour un oui et pour un non ! Et puis les chiens, ça courrait vite et il ne se sentait pas vraiment d'humeur à se taper un sprint pour rentrer chez lui. Le silence l'enveloppant, il tenta une sortie et quitta la pièce d'une longue enjambée. Il allait soupirer de contentement: le plus dur était passé, il était entré ! Il regarda vaguement devant lui lorsqu'il vit une ombre. Eugène n'avait qu'une envie: hurler aussi fort qu'il le pouvait mais il ne se sentait pas une âme de princesse dans un film d'horreur. Il se contenta donc d'un basic de la survie: se retournant vivement, il sauta sur le coté pour éviter une éventuelle collision avec un objet non identifié. Perdant l'équilibre, le jeune homme se retrouva rapidement sur le sol, ses fesses ayant, tant bien que mal, absorber le choc. Devant lui, une blonde à l'air paniqué, armée d'une poêle à frire.  

S'il n'avait pas été dans une situation si délicate - se faire défoncer le crâne à coup de poêle en fonte n'avait rien d'agréable - Eugène aurait put rire de la situation. Cela n'était pas sans lui rappeler une autre scène de sa vie, bien que, pour le coup, il s'était retrouvé assumé un long moment. Il fallait croire, se disait-il, qu'il agissait comme un aimant sur toute les poêles qui peuplaient ce monde ! Néanmoins, il était bien trop occupé à regarder la jeune fille sui tenait la dite poêle pour épiloguer sur le sujet. Ses cheveux n'étaient peut être pas aussi long que dans son souvenir, mais il ne connaissait qu'une personne capable de ressembler trait pout trait à l'image de celle qui, pendant quelques minutes, avait été son bourreau. Il restait stupéfait, paralyser par ce qu'il voyait, par QUI, il voyait. Ce n'était pas possible ... Cela ne pouvait être elle. Il en était certain, il se l'était répété, le soir, quand il se réveillait après un cauchemars: Raiponce était avec ses parents. Elle était en sécurité à Corona. Elle n'était pas perdue, toute seule ici. « Oh non, non ! Baissez cette poêle à frire s'il vous plait ! » Il se redressa légèrement, se protégeant inconsciemment d'un éventuel coup en avançant son bras devant lui, il chercha à l'observer plus précisément. « Je vous jure ! C'est extrêmement douloureux et je n'ai pas envie de me retrouver plein de bosses » gromela-t-il en occultant le fait qu'il venait de pénétrer illégalement dans une maison.

Il ne parvenait pas à se remettre de cette étrange impression: si cela ne faisait pas des mois qu'il était à sa recherche, il aurait parié que c'était Elle. Mais si Fantasia Hill lui avait apprit une chose, c'était bien de se méfier des apparences ! Les gens se ressemblaient mais n'étaient pas ceux qu'on pensait. Aussi, Eugène s'efforça de ne pas penser à sa fiancée perdue: cela ne le ferait que plus souffrir. Il se sentait déjà bien lamentable, par terre, à tâtonner à la recherche du mur pour se relever, sans quitter l'arme en fonte des yeux. C'était sa marque de fabrique après tout ... A moins que toutes les jeunes filles seules ne s'arment de poêle à frire, ce dont il doutait sérieusement. « C’est pas en entrant chez les inconnus comme ça que vous allez vous évitez des coups monsieur le voleur. » rétorqua-t-elle avec justesse. C'était la seconde fois qu'il se faisait avoir ! Il fallait sérieusement qu'il songe à consulter pour cette fâcheuse tendance à s'introduire chez les gens: il allait vraiment finir par se faire défoncer le crâne à la longue ... « En même temps, je ne vous ai jamais vu ici ! Vous n'étiez pas censé être là ! » cracha-t-il d'un air mauvais tout en tentant de mettre une certaine distance entre lui et son ennemie métallique. « Quand j'ai vu que votre fiancé était parti ... Je me suis dis qu'il n'y avait personne ! » Et puis c'était quoi cette façon d'accueillir les gens ! Il présumait un peu sur le côté fiancé, lui même vivait avec Lilas sans qu'il n'y ait strictement rien entre eux - grâce au ciel ! - mais il avait la curieuse impression que ce genre de lien serait plausible. Il pâlit à cette idée, oubliant momentanément la poêle à l'idée que Terminator ne revienne et ne le découvre ici. Vu la carrure du blond, il passerait sans doute un sale quart d'heure et il tenait bien trop à son nez. Néanmoins, la blondinette ne semblait pas d'humeur à le laisser partir.

Toujours menacé par la poêle, Eugène réfléchissait à un moyen de se faire la malle sans qu'aucune idée réalisable ne lui viennent à l'esprit. C'est alors qu'elle parla de nouveau. « Maintenant, qui êtes-vous et que faites-vous chez moi ? » L'impression de déjà-vu ne fit que s'intensifier alors que déferlait en lui le souvenir de cette maudite tour, de cette maudite masse capillaire et de cette maudite aptitude qu'avait Raiponce à faire ce qu'elle voulait avec. L'avantage, cette fois, était qu'il n'était pas attaché et il fallait l'avouer, c'était bien moins oppressant ainsi ! Il hésita quelques secondes à faire sa tête de chien battu avant de se rendre compte que cela ne fonctionnait jamais. « Répondez-moi ! » lui cria-t-elle de nouveau en brandissant la poêle revancharde. Il eut un sursaut et recula brutalement, manquant de s'assumer contre un mur. « Oulala ! On se calme Barbie ! » répondit-il avec un air paniqué. « Je ne suis qu'un modeste SDF qui a vu de la lumière ? » Il se frappa mentalement. Crédibilité ? Zéro. Elle n'y croirait jamais. « Ok ! Ok ! Baissez cette poêle déjà ! Et qui me dis que VOUS n'êtes pas une cambrioleuse hein ? Vous auriez put être là avant ! » Même si cela paraissait peu plausible, Eugène tenta le tout pour le tout: dans le pire des cas, il se ferait assommé et même si l'idée ne l'enchantait guère, il fallait être honnête. « Ecoutez ... J'oublie votre présence, votre tentative de meurtre à coup de poêle et vous m'oubliez aussi d'accord ? Et en prime, si vous avez besoin ... » Il hésitait ... Donner son nom, c'était comme admettre qu'il reprenait ses activités criminelles. D'un autre côté, s'il s'agit d'une consoeur, cela prouverait sa bonne foi ! « ... Vous n'aurez qu'à chercher Flynn Rider ! » Il ne pouvait pas se permettre de donner son vrai nom, mais reprendre son pseudonyme d'autrefois lui paraissait beaucoup moins grave.

Il ne savait pas s'il devait se sentir rassuré de savoir que Terminator soit son colocataire. Si ses doutes étaient fondés et qu'il s'agissait bien de Raiponce, il serait soulagé de voir qu'elle ne l'avait pas remplacé par un autre, mais s'il s'agissait d'une autre adepte de la poêle à frire, il faudrait qu'il prenne ses jambes à son cou rapidement. « Oula ! On se détends princesse ... J'te ferais rien. Je ne suis pas intéressé et je ne tiens pas à avoir ton ... Coloc sur le dos. » En effet, un homme ne vivait pas avec une jeune fille s'il n'éprouvait un minimum d'attachement et Eugène n'avait pas très envie de subir la colère du Grand Frère spirituel de la blonde. Même s'il trouvait cela légitime, si Lilas n'était pas si garçon manqué, il réagirait de la même manière, il ne voulait vraiment pas rencontrer le dit colocataire. Malgré son monologue, Eugène ne l'a sentait pas très réceptive: s'il se trompait encore, il allait certainement finir chez les flics ! Néanmoins, elle afficha une mine surpris qu'il aperçut à peine, trop occupé à se remettre debout pour regagner en assurance. « ’A… avez-vous dit… F… Flynn Rider?’» Il releva la tête un peu surpris. Flynn Rider. Flynnigan Rider. C'était identique mais la plupart du temps, les gens ignoraient d'où venait ce pseudonyme et ne faisait pas très attention. Mais elle, elle avait immédiatement réagit et sa poêle venait sans doute d lui casser trois orteils ! « Oh mon Dieu! Eugè- euh… est-ce que ça va?» Il sautilla sur place avant de lui lancer un regard mauvais, ignorant la lapsus qu'elle avait manqué de faire. C'était peut être l'habitude mais il ne remarqua pas ce bout de prénom dans la phrase. « Ouais. Flynn Rider. Ça vous pose un problème ? » railla-t-il avant de reprendre avec un air un peu plus intéressé. « Oh ! Vous avez déjà entendu parler de moi c'est ça ? » Il lui envoya un sourire faussement enjôleur. Peu de gens connaissaient Flynn Rider à Fantasia Hill. Il eut soudain une révélation: peut être venait-elle de Corona ? Peut-être avait-elle des infos sur sa princesse ? Bien sur, il ne mettait pas de côté l'idée qu'il s'agissait d'elle, mais Eugène espérait que Raiponce soit prudente, qu'elle ne révèle pas son identité au premier venu. Il y avait tant de gens malveillants ...

« Dites moi ... Seriez vous originaire ... Hum ... D'un autre endroit ? » Il n'avait jamais ouvertement parler de Corona à quelqu'un de cette manière mais il y avait bien trop de coincidence pour qu'il les ignore. Et puis, après avoir rencontré sa colocataire, plus rien ne l'étonnerait: il avait beau s'être persuadé que Raiponce était dans son royaume, il ne pouvait s'empêcher de se languir de sa présence. Elle lui manquait tant. « Je cherche une princesse. Brune. Cheveux courts autrefois très long et blonds ... Ca vous parle ? » Dans le pire des cas, il aurait une réponse négative, se dit-il avec amertume. Il espérait sincèrement obtenir ses réponses. Boitillant jusqu'à elle, il posa la main sur son avant-bras, désormais désespéré. L'idée même qu'elle puisse avoir des informations à lui donner accentuait son impatience et sa frustration. « Je vous en pris. C'était ma fiancée. » Il sentait qu'il perdait le contrôle de ses nerfs et la relâcha rapidement, prenant sa tête entre ses mains. Il fallait qu'il se calme.