Il fait les cent pas dans la chambre. La nervosité monte de plus en plus au fur et à mesure qu'il hésite. Son téléphone, objet de son cauchemar. L'objet est sur le lit, calme et silencieux, n'attendant que les doigts du garçon pour se faire tapoter dessus. Et c'est ce qu'il se passe.
Trevor finit par craquer. Il s'en accapara d'un seul coup et tapote le dernier numéro qu'il a entré dans ses contacts. Il s'agit de celui de la fée qui lui a rendu visite il y a quelques jours de ça, dans le magasin, à la recherche de sa patronne à la toute base. Mais ce n'est pas pour le boulot qu'il lui envoi un message, non, c'est plutôt...

« Non mais, qu'est ce que je vais dire ? » dit-il à lui même, les mains tremblantes. Il tapote, efface, réécrit et prend un bon quart d'heure avant de composer quelques chose qui lui convient : ''Salut, c'est moi l'idiot que tu as vu y'a deux semaines à la boutique d'antiquité. Je me suis dit que.. serait sympa de se revoir.''
Et encore, il n'en est pas tout à fait satisfait. Pourtant, après dix autres minutes d'attente, pleine d'hésitation, il appuie sur « envoyer », avant de regretter. Mais c'est trop tard, c'est fait et il reçoit même l'accusé de réception pour lui signaler qu'elle l'a bien reçue.

Il s'allonge sur le lit en soufflant. De toute façon, qu'est ce qui peut bien lui arriver de pire ? Un rejet ? Bah, ce n'est pas la fin du monde. Il aura au moins essayé et à l'échelle de Trevor, c'est un grand pas qu'il vient d’exécuter ! Certains vont dans l'espace et en font un exploit, pour lui, c'est envoyer un texto à une fille pour lui proposer de sortir avec lui. Mine de rien, il se sent fier. De toute façon, qui ne tente rien n'a rien.

Quelques minutes après, son téléphone lui indique qu'il a reçu une réponse. Il jette un coup d’œil au nom du contact, juste pour être certain que c'était elle, et c'était effectivement elle. Il sursaute et se cache sous la couverture. Il a peur d'ouvrir pour lire le message. Il se tourne et retourne, en se sentant comme un parfait imbécile, puis il prend son courage à deux mains, une grande inspiration et finit par le lire. Son visage se métamorphose, passant de la crainte à la joie ultime quand il lit la réponse. Elle a accepté ! Et avant de répondre, il se vautre dans la salle de bain et admire son reflet.

« Heeey, c'est qui le beau gosse ? » se flatte-t-il en empruntant la voix des mannequins dans les publicités à la télévisions.
Il finit par rejoindre la chambre et tape la réponse. Puisque c'est le premier rendez-vous de sa vie, il tient à commencer par quelque chose de simple, comme ce que ferait deux bons amis et il lui propose une sortie à la fête foraine le plus tôt possible. Qu'importe la date et l'heure, tant que ça n'est pas dans ses horaires de travail, il saura être disponible.

Le jour J, il est sur place, à l'avance, devant l'entrée principale de la fête foraine, un peu sur le côté pour qu'il puisse être repéré par elle. La chance est avec eux puisque le soleil resplendit et qu'il fait même bon ! Accoutré d'un t-shirt, d'un jean et d'une casquette, il observe les manèges tourner pour patienter. Il n'y a pas trop de monde pour l'instant et il se met à réfléchir sur les attractions qu'ils pourraient bien faire ensemble. Contre toute attente, Trevor est branché sensations fortes, même si le grand enfant qu'il est se satisfait de tout, d'absolument TOUT. Il est tellement concentré qu'il ne la voit pas arriver par derrière. Et quand il s'aperçoit de sa présence, il sursaute involontairement. Son cœur se met à battre plus vite qu'à la normale en la voyant et il espère que cela n'est pas trop visible.

« Oh, salut ! » Il bafouille, encore sous l'effet de la surprise et de la nervosité. « Tu vas bien? »

La voir arriver le soulage. Même si elle lui a donné une réponse positive, il s'est imaginé qu'elle changerait d'avis au dernier moment, ou quelque chose comme ça. Ce rendez vous est si important à ses yeux qu'il imagine toute sorte de choses, jusqu'à tomber dans la paranoïa. Mais il est déterminé à l'attendre coûte que coûte.
Alors qu'elle n'est pas encore arrivé, il s'était donc mis à regarder les attractions. Ce genre de chose a le chic de le distraire tellement il aime ça. La fête forraine, c'est le meilleur plan pour s'éclater selon lui. Les attractions, la bouffe... tout était bon pour pouvoir s'amuser... selon lui. Évidement, tout le monde n'est pas de cet avis, et si l'endroit avait déplu à sa fée, il aurait proposé autre chose bien entendu. Mais elle ne lui a rien dit et cela veut sans doute dire que tout convient pour le mieux.

Alors qu'il est s'est perdu dans le visionnage de ce qui se passe devant lui, il n'entend pas Serindë arriver. Du coup, quand il sent quelque chose lui tapoter dans l'épaule, il se réveille brusquement et a même peur tellement c'est inattendu pour lui. Il échappe un soupir de surprise et son cœur va d'autant plus vite quand il reconnait celle qu'il attend depuis quelques minutes déjà. Elle est là, juste devant lui, sans qu'un comptoir ne puisse les séparer!
"Whouah!" ne peut il s'empêcher de dire juste avant qu'il ne lui demande comment elle va. Son sourire est éclatant et il ne s'aperçoit même pas que ses joues ont virées flammes.  
« Hey ! Ça va et toi ? » répond-t-elle simplement. Mais Trevor n'en a qu'à faire. Tout ce qu'elle peut dire est magnifique pour lui.
- Oh.. ça va.. très bien! Ça va toujours bien quand je te vois! dit-il avec la force de se prononcer plus ou moins correctement. Il est si préoccupé par sa présence qu'il ne sait pas trop quoi dire sur le coup, trop occupé à la regarder. D'ailleurs, il a tellement l'habitude de dire tout ce qu'il pense que pour le coup, il n'a pas réalisé la 'force' de ces paroles. Trevor n'est pas un bon dragueur, mais quand il est passionné, il peut dire peu de chose mais qui signifient énormément.
« J'espère que t'as pas trop attendu ? Le bus était un peu en retard et ... »
- Ne t'en fais pas, je suis là depuis pas trop longtemps, la coupe-t-il pour la rassurer. C'est d'ailleurs gentil de sa part de s'en inquiéter, même s'il aurait fait pareil s'il avait été à sa place et elle à la sienne.
« Tu ... Tu es déjà venu ici ? » qu'il l'entend demander.
- Ouais! Mais tout seul, c'est moins agréable... soupire-t-il.
Il n'a pas trop d'amis finalement, peut être parce qu'il est resté à l'âge de huit ans dans sa tête et que les autres sont déjà plus avancé. Sur le coup, il ne saurait pas vraiment dire pourquoi, mais il est bien, tout seul. Ca permet d'être... libre, en quelques sortes. Quoique, par moment, la solitude, ça devient quand même lourd!
"Et toi? Oh et... tu veux commencer par quoi? Calme ou sensations fortes?"
Trevor se sent soudain tout excité. Il a envie de partager ces moment avec elle, ce qui est logique sinon il ne lui aurait pas demandé de venir ici. Il n'y a pas trop de monde en plus, ça sera plus sympa pour en profiter.
Ils passent devant quelques fourgonnettes évacuant une odeur de sucreries, ce qui a le talent de faire lever le nez à l'ex dalmatiens. Il n'est pas le plus gourmand de sa fratrie, mais il reste friand de tout ce qui est nourriture.
"Si tu veux, on pourra faire une pause à un moment pour s'acheter... une barbe à papa?" suggère-t-il. Et il est très sérieux.