L'alcool coulait à flot. C'était la huitième bouteille de Champagne qu'ils ouvraient, et la troisième de whisky : tu attrapas l'une d'entre elle au vol, tirant dessus en luttant avec une demoiselle qui semblait l'avoir vu avant toi.
« Eh miss, rappelle-moi à qui est cet appart ? » Tu lui envoyas d'un ton boudeur, alors qu'elle cédait la première et te la laissait. Tu lui adressas ton plus grand sourire d'emmerdeur – en forme de croissant de lune – avant d'avaler une gorgée du liquide te brûlant la gorge, tes lèvres sur le goulot. La musique fit un bond qui éclaircit ton sourire, et tu te levais de ton épais fauteuil de cuir pour rejoindre le centre de la pièce transformé en piste de danse. On t'embarqua d'ailleurs dans quelques danses rapprochées auxquelles tu te prêtas volontiers, ton appartement n'étant plus qu'un immense terrain de jeu. Tu observais d'un œil à moitié ivre toutes ses silhouettes se déhanchant sur le rythme d'une musique électronique dont tu n'étais plus en état de comprendre les paroles mais dont tu reconnaissais certainement la voix grave de l'une de ses chanteuses à la mode, qui plaisais tant au plus jeunes. Cherchant d'ailleurs quelqu'un d'un peu plus croustillant à taquiner qu'une de ses groupies fantasmant sur les hommes plus vieux, tes yeux en forme d'amande passaient de fesses en fesses alors que mourant de chaud, de déboutonnait les premiers boutons de chemise.
« Ça ne va toujours pas mieux votre alcoolisme n'est-ce pas Joe ? » Tu gloussais à la vue d'un de tes patients accoudés au bar, que tu gratifiais d'une bonne tape dans le dos qui le fit recracher l'étrange cocktail qu'il avait en bouche. Cela eu au moins l'intérêt de te faire rire et tu lui ébouriffais les cheveux avant de repartir dans ta chasse.
« Allez mon vieux, Oscar Wilde disait que la meilleure façon de résister à la tentation, c'est d'y céder. » Et sans plus de cérémonie, ton regard passait de ses hauts le cœur aux lèvres d'un beau blond mouvant sur la piste, juste assez vieux pour être assez croustillant.
Seulement tu n'eus qu'à peine le temps de faire quelques pas vers lui que des coups puissants résonnaient contre ta porte d'entrée, et que subitement, les moins ivres cessaient de danser pour se tourner, l'air interloqués sur le visage. Et évidement comme aucune de ses couilles molles n'osaient bouger, tu levais les deux mains en l'air, mimant un cessez le feu en pleine guerre mondiale. Puis tu fis quelques pas, titubant. Évidement, tu retrouvais tes chers poulets préférés sur le seuil, l'air blasés comme jamais.
« Wouh, ça n'a pas l'air d'aller bien fort ce soir James. » L'autre se massait le front, tandis que tu t’appuyais contre la porte.
« Franchement Neo, on nous appelle à chacune de tes soirées, t'as toujours pas compris la leçon depuis le temps ? » Tu fis une petite moue, avant de glousser et de tendre tes poignets en attendant tes menottes, l'autre flic s'occupa d'aller éteindre la musique et de déclarer la ''petite'' soirée terminée, sous une huée générale. T'entendis le cliquetis des menottes contre tes poignets tendus alors que tous tes invités te passaient sous le nez, te remerciant et te priant de remettre ça à plus tard. Tu leur fis quelques petits clins d’œil avant de tourner les yeux vers James.
« Tu as pensé à mon sac à vomis ? » Tu le taquinas avec un immense sourire.
Vingt minutes plus tard les bleus saluaient leurs collègues avant de t'ouvrir la cellule, te retirant les menottes et te laissant te frotter la marque rouge creusée qu'elles t'avaient laissée, non pas pour la première fois. Tu remarquas alors que tu n'étais pas le seul derrière les barreaux, et un de tes sourires se leva en pique au dessus de tes yeux. Tu vacillas jusqu'au banc avant de t'y asseoir avec grâce – aussi étrange que cela puisse paraître, car malgré le taux d'alcool que tu avais dans le sang, tu descendais d'un chat après tout. Observant d'ailleurs individu du coin de l’œil, et n'ayant à vrai dire pas grand-chose à faire d'autre, tu remarquas alors que le visage de ce dernier ne te semblait pas si inconnu que ça. Plissant les yeux, tu passas dans son dos et fit un tour complet autour de lui, ne te gênant pas pour l'observer, avant de te rasoir.
« Mmh, on se connaît non ? » Tu fis un petit bruit qui ressemblait à ronronnement.
« Très cher, j'adore vos cheveux. » Une lune apparut sur tes lèvres.