« Qui ?! Qui a osé souillez mes beaux rosiers ?! Qui m’a fait l’outrage de peindre ces roses en rouge ? » d’un regard meurtrier tu scrute l’assemblée, ils se cachent tous les uns derrière les autres, craignant ta sentence. Tu ne sens plus leur amour désormais, juste leur haine et la peur qui coule dans leurs veines. Cela n’est qu’un détail, tu préfère l’ignorer, peu importe qu’ils t’aiment ou te détestent, du moment qu’ils te craignent et te respectent. Tu sens petit à petit que tu perds ton sang-froid et cela est très mauvais signe, surtout pour eux, car c’est leur sang qui coulera pour réparer les dégâts. Ils ont osés t’affliger la vue de ses rosiers blancs, tu ne les supportes pas, tu les rejettes et les méprises, ils te le rappellent trop, lui qui aimait tant ces fleurs, tu ne les supportes à présent que tintés de rouge et de rouge seulement. Tu regardes tour à tour les jardiniers responsables de ce désastre et prononce la sentence « Qu’on leur coupe la tête ! ». Ton jugement est irrévocable, ils savent désormais que tout est joué pour eux, tu ne reviens jamais sur tes propos car ta parole est d’or. Ici c’est toi qui décidés, tu es la Reine, tes sujets doivent le comprendre. C’est alors que tes yeux se posent sur cette chevelure blonde et cette robe bleue, un corps étendu au sol la remplie. Mais qu’est-ce donc que cela ? Le roi l’examine à ta place, le roi…à quoi sert-il ? Tu te le demande bien, tu as été obligé d’en prendre un le moment venu, toi, tu sais que tu peux régner seule, tu en es capable et tu le désires plus que tout, lui, il est inutile, un fardeau que tu traîne jour après jour. Il semble t’aimer, du moins il le feint à merveille, quand à toi tu es des plus exécrable avec lui, tu n’as pas envie de faire des efforts, tu n’en as pas besoin. Tu l’as choisis car il était faible et docile, manipulable, mais aujourd’hui tu n’en peux tout simplement plus de sa présence, de ses paroles compréhensives et de son enthousiasme. Sa gentillesse t’écœure te reflétant tout ce que tu n’es plus, tout ce que tu ne seras plus. Sait-il au moins tout ce que tu as fait pour en arriver là ? Tout le parcours que tu as du faire pour arriver à toi ? Tu es là, telle qu’il faut paraître. Pour des gens que tu n’aimes pas, qui te tirent vers le bas, qui se plient pour mieux te soumettre. Et ce roi, ce petit roi de pacotille n’est qu’un pantin parmi eux, tu n’as qu’une envie te débarrasser de lui.

- Non, c'est une petite fille ! T’exclames-tu en dévisageant la fillette blonde en question.
- Oui et j'espèrerais que...
- Levez la tête, parlez distinctement, et ne tortillez pas vos doigts ! La pointe des pieds en dehors ! Faîtes la révérence...ouvrez la bouche. Ouvrez la graaande et répondez toujours « Oui ! Votre majesté ! »
- Oui ! Votre majesté !
- Maintenant...veuillez nous dire d'où vous venez et où vous allez.
- Euu...j'essayais de trouver les moyens de rentrer chez moi.
- Les moyens ?! Sachez qu'ici tous les moyens sont à moi !!
- Oui oui je l'ai entendu dire, mais je croyais que pouvais...
- Faîtes la révérence au lieu de croire et sachez qu'une tête ça se coupe.
- Oh oui votre majesté, je voulais seulement demander...
- C'EST MOI QUI POSE LES QUESTIONS ICI ! Est-ce que vous savez jouer au croquet ?
- Oh oui votre majesté.
- C'est parfait ! Que la partie commence !!

Cela aurait du être une après-midi ensoleillé et absolument parfaite pour jouer, mais pour la première fois depuis longtemps les choses ne se passèrent pas du tout comme tu l’avais prévu. Cette sale gamine se mit à parler de chats invisible et puis il y eu ce loir aussi, quoi qu’il en soit elle sema la pagaille dans la partie et tu finis par te mettre en colère, vraiment en colère. Pour qui se prenait-elle à la fin ? Venir dans ton royaume en pensant y faire ce qu’elle souhaitait, c’était fort dommage car aux Pays des Merveilles les choses ne se passent pas ainsi. Toutes les choses, petites ou grandes sont régies par toi, point final. Bien évidement, tu ordonnas qu’on lui tranche la tête, mais ton insignifiant époux proposa un procès. Non mais ils entendent ça ? Un procès ! Jamais auparavant cela n’était encore arrivé, pourquoi aurait-elle droit à un traitement de faveurs ? La loi c’est toi qui l’a fait, tu es la loi, tu as tous pouvoirs ici, quand vont-ils enfin s’en rendre compte ?! Tu décidas pourtant d’être magnanime et accorda qu’elle soit juger, cependant cela n’avait aucune importance car le dénouement serait le même, sa tête finirait bien loin de son corps pour ton plus grand bonheur. Comment ça c’est horrible parce qu’elle n’est qu’une enfant ? Pas de cela avec toi, tout le monde est logé à la même enseigne. Tu te moques qu’elle soit une enfant, tu n’as aucun scrupule, homme, femme ou enfant ils ont tous des têtes à ce que tu saches non ? Donc, sous cette logique ils peuvent tous en être dépossédés, c’est la seule vérité que tu acceptes.

Quand enfin la sentence tomba la fillette trouva le moyen de s’échapper, tes gardes partir à sa poursuite mais rien n’y fit, elle avait disparu aussi rapidement qu’elle était venue, en te traitant au passage de reine « pompeuse, tyrannique, méchante, grossière et laide ». Personne, non jamais personne ne t’avais traité de la sorte. Tu n’avais même pas pu la punir de cette offense, cette sale gamine t’avait humilié et décrédibilisé devant tous tes sujets cela était inadmissible. A compter de ce jour tu décidas de bannir toutes les fillettes blondes de ton royaume, gare à celles qui oseraient passer outre et franchir la frontière. Néanmoins, les choses avaient changé depuis sa venue aux Pays des Merveilles, l’espoir dans les cœurs était revenu, ton peuple aspirait à une vie différente, à un gouvernement différent. De cela il en était hors de question. Tu dû sévir et devenir un peu plus autoritaire, coupant des têtes à tour de bras pour maintenir l’ordre, une révolution pointait le bout de son nez tu le sentais. Et puis, le roi, ce petit roi eu une phrase de trop « Ma chère, faîtes preuve de cœur je vous en prie » de cœur ? DE CŒUR ?! A qui croyait-il s’adresser bon sang ? Tu es une femme de cœur, tu les arrêtes et les retires d’un claquement de doigts, il aurait du rester dans le droit chemin, le chemin que tu avais choisis pour lui, celui du silence et de l’acceptation, mais il a fallut qu’il fasse part de ses états d’âme et c’est sa tête qui est tombée. Plus personne, jamais, ne devait s’opposer à la Reine Rouge, tu le dis, tu le proclames. Peu après tu nommas ton tendre ami le Valet de Cœur à la tête des armées qui devaient réprimer la rébellion dans tes terres.
Une autre vérité que tu savais autrefois mais que tu as oublié au fil du temps est qu’on ne prend pas de force le respect et l’amour des gens, on le gagne. Mais la folie a depuis longtemps pris le dessus, tu n’écoute plus que cette petite voix dans ta tête qui réclame plus de sang, encore plus, toujours plus. Tu es un monarque craint et hait aussi, mais peu importe, car tout cela tu l’as voulu, tu l’as recherché. Il n’y a plus de retour en arrière désormais, tu te complais à croire que tu es le centre d’un univers.

Seule
On le demeure
On vit, on meurt
Sa dernière heure on la fait
Seule
A la hauteur
De ses erreurs
De sa grandeur on se fait
Seule…

Chapitre III : Un nouveau monde, de nouvelles règles.

Tu la regardes, elle te sourit, de toutes ses dents, son regard brille, ses fossettes se dessinent, elle se met à rire, d’un rire cristallin, angélique, envouteur. Elle te répugne, te dégoûte, tu n’as qu’une envie la réduire à néant, la détruire, la saigner comme un vulgaire morceau de viande. Au lieu de cela tu lui rends son sourire, un rictus en coin apparait sur tes lèvres et tu te baisse doucement, les mains appuyées sur tes genoux à présent tu es à sa hauteur, tu peux la regarder dans les yeux et parler juste en face de son visage. « Mais que voilà une bien jolie petite fille… » dis-tu en lui souriant de plus belle « Vous avez de beaux cheveux » te répond t-elle admirative « Mais toi aussi » à ces mots tu attrape une de ses longues mèches blondes entre tes doigts avant d’ajouter « Et comment t’appelles-tu dis moi ? » « Rose » « Quel beau prénom » « Merci ! Je suis désolé mais ma maman m’a dit de ne pas parler aux inconnus » soudain une femme au loin crie le nom de la fillette blonde et cette dernière part la rejoindre en courant, faisant voler au passage les dentelles de sa jolie robe bleue. Tu continue dans lui sourire en agitant la main puis quand elle a finalement disparu de ton champs de vision ton sourire fait place à un regard haineux et tu marmonne entre tes dents avant de tourner les talons « Mais quel judicieux conseil… »

***

Une fois chez toi c’est tremblante que tu jettes ton manteau sur le canapé, tu te vois obligée de t’accrocher à cette table pour ne pas tomber à la renverse sur le plancher, tous tes membres s’agitent, tu es prise d’une frénésie soudaine, c’est avec l’impression que ta tête est sur le point d’ exploser que tu envoies le vase en face de toi contre le mur, celui-ci vient se briser d’un seul coup avant de s’éparpiller en mille morceaux sur le sol. Tu fais de même avec chaque objet qui croise ton chemin tout en criant de rage, ne comprenant pas pourquoi tu es coincée ici avec ces gens qui ne comprennent rien de ce que tu es. Tes yeux finissent par croiser ton reflet dans la glace et avec toute la force dont tu peux faire preuve tu viens fracasser le miroir avec ton poing, il se brise, tout comme ton image. Tu jettes à peine un coup d’œil à ta main en sang, tes phalanges sont douloureuses mais tu t’en fiche, cela te fais te sentir exister. Tu te diriges ensuite dans ta cuisine pour t’éclipser par la porte de derrière, traversant ton jardin un air de folie dans les yeux tu pousses ta course jusqu’au garage. Une fois là tu écartes plusieurs étagères pour accéder à une trappe que tu gardes secrète quoi qu’il advienne. D’un pas lent et assuré tu descends les marches qui mènent à la cave que tu as aménagée pour elles, tes talons aiguilles claquant sur le sol tu t’approches et la fixe la mâchoire serrée. Elle, elle semble terrifiée, complètement perdue, les larmes perlent le long de ses joues et elle te supplie du regard de la laisser s’en aller, mais cela n’est pas du tout dans tes plans, non loin de là. Ses poignets et ses chevilles sont en sang, elle a surement du s’agiter durant ton absence pour détacher ses liens, que cela est amusant, elle pense pouvoir s’échapper alors qu’elle est prise au piège comme un insecte. Tu essayes de reprendre le dessus sur ta colère, de garder ce calme olympien dont tu sais faire preuve mais rien à faire, tes crises ont resurgies et tu ne peux pas les contrôler, il n’y a qu’une façon de les faire cesser, assouvir ce désir qui monte en toi, s’insinue dans tes veines, dévore tes entrailles. Ta main effleure les couteaux accrochés au mur, glisse le long des lames aiguisées avant de se raviser. Non, non, ce n’est pas comme ça que tu veux le faire. Pourtant tu aimes les faire souffrir, voir la peur les envahir, leur souffle se couper, leur cœur s’emballer, une pure jouissance pour ton esprit torturé. Tu les bâillonne pour les faire taire, tu veux juste les contempler, s’effondrer en larmes muettes, crier en silence, hurlant dans le geste, dans le regard, personne ne viendra les sauver. Leur désespoir, tu t’en nourris. Tu aimes les blesser, quand ton couteau déchire la peau, la trace, la creuse, l’efface, l’entaille de toute part. Mais pas cette nuit, non cette nuit tu es seulement folle de rage, folle de vengeance, folle tout court, tu veux la punir, et la punir maintenant.

C’est après avoir décrocher la hache que tu te retourne vers elle, elle gigote et tu entends déjà quelques sanglots qui étouffent sa gorge. Un soupir de satisfaction à tes lèvres : tu respires. Tu sens la fureur dans tes mains, au bout de tes ongles parfait. Tu lui laisse à peine le temps de réaliser que tu crie « Qu’on lui coupe la tête ! » avant d’abaisser ton arme. Ta victime semble soudain différente…Oh c’est normal, surement à cause de sa tête détachée de son corps, elle a roulé derrière, tourné, tourné puis s’est arrêtée. La chevelure blonde traîne sur la flaque de sang, l’or s’encre au vermeille et ton visage se trouve recouvert lui aussi d’un rouge vif. Toi, tu relâche la hache sur le sol et souris, tu te sens bien mieux à présent, toute cette frustration à quitté ton être.

***

Lentement, dans un soupir, tu plonges ta main gantée dans ta poche et laisse dégringoler dans le vide une Dame de cœur d’un jeu de cartes. Celle-ci vient se déposer sur la poitrine froide du corps sans vie, sans visage. Tu attrape ta glacière et disparait, laissant le corps de la jeune femme dans cette ruelle lugubre. Les policiers la retrouveront sans doute à l’aube, tu seras déjà loin.
Arrivant chez toi il te reste encore tant de choses à faire, brûler tes vêtements, nettoyer le sous-sol, prendre une douche…cette double vie t’apporte décidément bons nombres de désagréments. Une fois dans ta petite nuisette de soie rouge tu t’avances vers ta table de chevet, tu y as laissé ta glacière, tu rangeras cela demain avec le reste de ta collection, ce soir tu es trop éreintée. Tu soulèves seulement le couvercle pour admirer le cœur à présent gelée de la jeune femme à la chevelure de blé. Quel beau spécimen…tu t’endors songeant à la grosse journée qui t’attend demain, tu travailles vraiment beaucoup trop, mais sauver des vies n’a pas de prix.

Depuis ton arrivée dans ce nouveau monde tu t’es habituée à ta vie ici. Du moins, tu le feins à merveilles, tu as un job, une jolie maison, un beau jardin. Mais rien n’a changé pour toi, tu as toujours tes obsessions, tes démons, ta démence. Tu n’as plus ton royaume, ni tes sujets, les gens ne t’appellent plus « Majesté » et tu as grand mal à le supporter. Cependant tu ne perds pas espoir, un jour viendra tu recouvriras ton pouvoir…