L'amour nous fait faire des choses étranges. Ridicules même. Nymeria était bien placée pour le savoir. Cette nuit, elle avait rêvé de Squiz. Il la trompait avec une autre, une sublime blonde aux jambes interminables qui lui ressemblait étrangement. Elle lui ressemblait certes, mais ce n'était pas elle et la fée les avaient surpris par hasard, alors qu'elle se rendait chez celui qu'elle considérait maintenant comme sien. Elle avait toqué à la porte du dortoir, qui était entrouverte, n'entendant pas de réponse, elle avait fini par entrer. Elle connaissait ce lieu pour y être déjà venue quelque fois et rapidement, elle se dirigea vers la chambre de Squiz. C'est là qu'elle avait tout vu. Lui et cette inconnue enlacés sur le lit. Ils s'embrassaient avec passion, embriqués l'un dans l'autre. Glacée, elle était restée sur place à les observer un instant, la tristesse et la colère s'emparant d'elle. La déception aussi... Comment avait-il pu lui faire une telle chose ? Les larmes affluaient et un creux se creusait déjà dans sa poitrine. C'est alors qu'elle s'était réveillée en sursaut, haletante, l'étau enserrant son coeur plus présent que jamais. Elle s'assit, se recroquevillant sur elle même et prenant sa tête entre ses mains. Leur relation avait été tellement complexe, tellement instable, qu'elle avait un mal fou à réaliser qu'ils étaient bel et bien ensemble, qu'il avait accepté ses conditions. Il lui avait promis qu'il ne serait plus qu'à elle, qu'il ne la tromperait pas et qu'il tenterait de s'engager, il lui avait prouvé en la rattrapant, en lui proposant de sortir avec elle à la vue de tous. Elle devait lui faire confiance, pourquoi son coeur la brûlait ainsi ? Elle se mordilla la lèvre, soupirant. Le mauvais pressentiment ne la quittait pas. Elle ne voyait qu'une solution : aller vérifier chez lui que tout allait bien, qu'il n'était pas avec une autre.

C'est là qu'elle se trouvait maintenant. Devant cette porte, sa porte, celle du lieu où il vivait. Elle se sentait ridicule d'être venue ici à cause d'un simple mauvais rêve, mais elle n'allait tout de même pas rebrousser chemin. Une surprise ne lui déplairait peut être pas ? Elle évoquerait simplement son envie dévorante de le voir, pas le reste, pour ne pas l'inquiéter. Décidée, elle toqua a la porte. Rien. Pas un bruit. Les secondes s’égrainaient et l'attente lui paraissait interminable. Elle ne pouvait croire qu'il était absent, elle voulait tant le voir et le serrer dans ses bras pour se rassurer... Alors que Nymeria commençait à s'impatienter, elle entendit des pas se rapprocher, l'espoir la gagna à nouveau quand enfin, la porte s'ouvrit devant elle, laissant place... A une sublime blonde. Elle écarquilla les yeux, son sentiment d’inquiétude la gagnant à nouveau. Qui était cette femme ? Elle baissa les yeux, la dévisageant et s'arrêta sur sa poitrine, interloquée. C'est à peine si elle entendit ses mots : « Je suis désolée, j'ai eu, enfin... » Non. Il l'avait réellement fait. Il avait réellement trahi sa confiance. Elle ne pouvait plus réfléchir, sous le choc. Rien d'autre ne pourrait expliquer cette femme à moitié nue ici. « Laissez-moi juste euh... » La jeune femme s'éloigna alors qu'elle même n'avait pas encore dit un seul mot, elle ne pouvait pas, rien ne venait. Comme hypnotisée, elle la regarda rentrer et enfiler un vêtement. Elle le reconnu immédiatement, c'était un tee-shirt qui appartenait à Squiz. A nouveau, son coeur s'incendia dans sa poitrine. Elle écumait, elle enrageait, elle ne comprenait pas, tout se passait pourtant si bien. « Bonjour! Alors, vous êtes? » Nymeria avait envie de lui faire ravaler son sourire, elle ne la connaissait pas mais déjà elle la haïssait. Elle était la preuve que son mauvais pressentiment de ce matin n'était pas qu'une illusion, que son instinct ne la trompait pas. Elle devait réagir, faire quelque chose, dire quelque chose, apprendre la vérité. C'était dur, si dur. Serrant le poing, elle rétorqua de sa voix la plus froide: « Bonjour. Nymeria. Je suis la petite amie de Squiz. Enfin j'étais, à priori il a trouvé mieux.  » Jamais elle n'avait été si odieuse avec quelqu'un, ce n'était pas du tout son caractère, en temps normal elle était plutôt gentille et sociable. Secouant la tête pour retrouver ses esprits, elle fixa son regard sur la femme face à elle, elle était vraiment sublime et... Elle lui rappelait quelqu'un. « Je... Vous êtes ? On s'est déjà rencontrées ?  » Elle n'avait pas réfléchi avant de lui poser ces questions, les mots s'étaient bousculés pour sortir. La gêne prenait le pas sur la tristesse. Pourquoi ces changements d'émotions incessants ? C'était épuisant, elle n'avait qu'une envie se détendre, se reposer, décompresser. Et apprendre la vérité.